:
Je vous remercie, monsieur le président et je remercie les membres du comité.
Premièrement, Gary Walbourne est le directeur général des opérations ainsi que l’ombudsman adjoint. Il m'accompagne partout où il y aura des questions difficiles.
Des voix: Oh, oh!
M. Guy Parent: C'est un plaisir pour moi d'être ici et de contribuer à l'important travail que réalise votre comité pour s'assurer que le Canada s'acquitte fidèlement de la dette qu'il doit à ses vétérans des Forces canadiennes et de la GRC. Eux, ils ont servi en assumant une responsabilité illimitée. Nous, nous devons les repayer avec équité.
Bien que le processus de transformation à Anciens Combattants Canada ait commencé en 2009, ce n'est que depuis quelques mois que mon bureau en a pris réellement connaissance. En effet, mon conseiller spécial, qui assiste régulièrement aux réunions du momité consultatif des opérations en région, me tient au courant des changements qui s'annoncent.
Quand on discute de la transformation du ministère, plusieurs défis se présentent. Je tiens ici à en souligner deux. D'abord, bon nombre de changements, quoique approuvés, n'ont pas encore été mis en œuvre. Cela signifie que ni le ministère ni mon bureau ne sont actuellement en mesure d'en commenter les effets. Deuxièmement, les activités liées au programme de transformation, en particulier celles touchant les ressources humaines, se déroulent en même temps que les changements liés aux compressions budgétaires récemment annoncées. Il se peut donc que le ministère ait plus de mal à établir un lien direct avec les activités de transformation.
[Français]
De façon générale, mon bureau est encouragé par les changements proposés dans le cadre du programme de transformation. Je ne saurais trop insister sur l'importance de rationaliser les processus et d'éliminer les obstacles en matière d'accès auxquels se heurtent nos vétérans. Cependant, ce qu'il faut retenir, c'est que la transformation doit être axée sur le résultat final, c'est-à-dire la rationalisation des services et des processus afin de pouvoir répondre aux besoins de nos vétérans, de leur famille et de leurs représentants. La transformation ne doit pas viser uniquement à rationaliser l'infrastructure ou à compter les ressources humaines.
J'ai lu la transcription des témoignages qui ont précédé le mien et, si vous me le permettez, j'aimerais aborder la transformation sous l'angle des cinq thèmes adoptés par Anciens Combattants Canada, soit la réduction de la complexité, le remaniement de la prestation des services, le renforcement des partenariats, le maintien de la Nouvelle Charte des anciens combattants et l'adaptation au profil démographique des anciens combattants et des vétérans.
[Traduction]
Permettez-moi maintenant d'aborder les thèmes de la transformation.
Réduction de la complexité — Comment arrivons-nous à un point où la complexité de l'accès aux programmes entraine des situations inéquitables? Le brigadier-général (retraité) Larry Gollner, qui fait partie de mon comité consultatif, le résume comme suit:
[...] « Pour répondre à cette question, il faut d'abord comprendre que, chaque fois qu'on offre des deniers publics, des avantages, ou les deux, à des fins de distribution, on met en place un système comptable. Un système qui ne cesse de prendre de l'expansion et qui devient si complexe qu'il finit par atteindre un niveau bureaucratique optimal de satisfaction. C'est à ce point-ci qu'on dépense plus d'argent à gérer le système qu'à fournir des avantages aux personnes pour lesquelles le système a été créé. »
Les vétérans sont nombreux à partager cet avis. La transformation doit par conséquent être axée sur les besoins des vétérans et de leur famille plutôt que sur les besoins administratifs du ministère. Certains des changements annoncés récemment par le ministère, tels que le versement de paiements initiaux relatifs aux services d'entretien du terrain et d'entretien ménager du Programme pour l'autonomie des anciens combattants, sont un bon début, mais la responsabilité du ministère ne se limite pas aux changements de système. En effet, un suivi et une amélioration continue doivent faire partie de la transformation.
[Français]
Mon bureau a fait du travail dans ce domaine. En février 2012, nous avons publié un rapport sur les motifs des décisions, qui renfermait des recommandations visant à aider le ministère à améliorer sa correspondance écrite. De plus, le bureau a conçu des outils, comme le navigateur d'avantages, afin d'aider à apprivoiser la complexité entourant les programmes et les avantages du ministère. Si je ne m'abuse, le navigateur d'avantages est maintenant disponible à tout le personnel d'Anciens Combattants Canada, et le ministre m'a assuré qu'il sera mis à la disposition de tous les vétérans sur le site Web du ministère d'ici à la fin de cette année.
[Traduction]
En ce qui a trait au remaniement de la prestation des services, jusqu'à présent, les témoignages présentés au comité se sont attardés aux aspects mécaniques des changements prévus par le ministère. Ce qui n'a pas encore été abordé, c'est l'impact global que ces initiatives auront sur la culture au sein du ministère. Ces changements culturels devront être communiqués clairement, non seulement à l'interne au personnel ministériel qui œuvre dans un milieu en évolution, mais aussi à la communauté des vétérans. Les employés et les clients doivent comprendre et apprécier les efforts qui sont déployés en leur nom, et le personnel doit accepter le changement et à communiquer ce changement efficacement aux vétérans.
Anciens Combattants Canada est l'agent responsable de payer la dette du Canada envers ses vétérans blessés. Le ministère n'offre pas des programmes de services sociaux. Je crois que le ministère doit partir du principe que le service militaire affecte la santé et le bien être d'un vétéran.
Renforcer les partenariats, c'est plus que d'avoir un ministère qui soi-disant travaille avec les Forces canadiennes, la GRC, les groupes de vétérans et d'autres parties prenantes. Pour que la transformation d'Anciens Combattants Canada soit pleinement réussie, les vétérans doivent ressentir et voir que leurs intérêts sont représentés à tous les niveaux.
[Français]
Beaucoup d'anciens combattants comprennent mal les avantages et les services qui leur sont offerts. Il s'agit là d'un symptôme attribuable à la tradition de plusieurs décennies selon laquelle les anciens combattants devaient s'identifier eux-mêmes avant de faire affaire avec le ministère. Anciens combattants Canada doit être plus proactif lorsqu'il prend contact avec les anciens combattants et doit veiller à ce que les outils de communication qu'il utilise répondent aux besoins variés de ses clients.
[Traduction]
La transparence est la clé d'un partenariat fructueux dans le contexte d'une transformation. Lorsqu'on donne à toutes les parties prenantes l'information dont elles ont besoin pour avoir un débat éclairé, on renforce le système. C'est une des raisons pour lesquelles le bureau a hâte que le navigateur d'avantages soit rendu public. La communication pro active avec les vétérans, c'est-à-dire avant qu'ils n'aient un besoin, permet d'établir des relations positives.
J'ai déjà parlé de la création d'une carte d'identité de vétéran qui faciliterait la communication avec les vétérans et la prestation de services.
Comme la raison d'être d'Anciens Combattants Canada est de servir les vétérans, une transformation significative ne peut se produire sans la mobilisation et l'entière participation des vétérans. La prestation d'avantages et l'administration de programmes à l'intention des vétérans blessés nécessitent la participation de nombreux organismes gouvernementaux et groupes de vétérans. Le ministère, grâce à ses initiatives de transformation, doit tout mettre en œuvre pour veiller à ce que les nombreux efforts soient harmonisés et coordonnés afin de simplifier l'accès et d'éviter les dédoublements.
[Français]
Parlons du maintien de la Nouvelle Charte des anciens combattants. Cette charte a institué un nouveau concept, abandonnant l'accent sur la dépendance aux avantages au profit d'une transition à la vie civile pendant laquelle on aplanit les obstacles physiques, psychologiques et sociaux. Avoir des options viables est le gage d'une transition réussie.
Jusqu'à présent, peu de gens comprennent bien la Nouvelle Charte des anciens combattants. Le ministère doit en faire plus pour sensibiliser proactivement la communauté des anciens combattants à la gamme complète d'avantages qui leur sont offerts afin qu'ils puissent savoir s'ils ont de meilleures options pour l'avenir que de demeurer dans leur situation actuelle.
[Traduction]
Le Comité a demandé que les changements apportés par la Loi améliorant la Nouvelle Charte des anciens combattants soient examinés en 2013. Ainsi, mon équipe, en consultation avec les parties prenantes, prépare une analyse et un examen complets de la Nouvelle Charte des anciens combattants, dont les résultats seront présentés au gouvernement en temps voulu. Cela ne veut pas dire que j'attendrai jusque-là pour chercher le changement. La Nouvelle Charte des anciens combattants est un document évolutif. Quand je constate une pratique inéquitable, comme celle concernant le salaire minimum des réservistes au titre de l'allocation pour perte de revenus, je vais chercher activement à atteindre ce changement, tout en continuant à réaliser l'examen.
Abordons maintenant l’adaptation au profil démographique des anciens combattants et des vétérans. À l'heure actuelle, les initiatives de transformation du ministère se concentrent sur des projections démographiques selon lesquelles le nombre de clients d'Anciens Combattants Canada diminuera. Il y a présentement plus de 500 000 vétérans qui ne sont pas encore des clients d'Anciens Combattants Canada, mais qui pourraient le devenir. Les Études sur la vie après le service du ministère démontrent que deux tiers des membres de la Force régulière des Forces canadiennes libérés entre 1998 et 2007 ne reçoivent aucune prestation; par contre, 54 p. 100 ont rapporté au moins un problème de santé physique, 13 p. 100 ont rapporté au moins un problème de santé mentale et beaucoup ont des problèmes de santé chroniques qu'ils attribuent à leur service. Ces statistiques illustrent qu'il y a des responsabilités possibles inconnues visant les besoins non comblés de vétérans qui ne sont pas au courant des programmes existants.
Nous ne devons pas oublier que le nombre de vétérans n'est qu'un seul indicateur de la charge de travail. Le démographique à lui seul ne réussit pas à refléter l'étendue des exigences futures. J'estime que la complexité de gestion du dossier d'un vétéran moderne qui souffre d'un état de stress post-traumatique et de sa famille est beaucoup plus grande que la gestion d'un dossier d'un ancien combattant traditionnel aux prises avec les débuts de la maladie d'Alzheimer ou de démence. D'importantes ressources de gestion des dossiers sont nécessaires dans les deux situations pour répondre aux besoins individuels de ces vétérans. Les besoins futurs devraient être beaucoup plus exigeants, surtout lorsqu'on tient compte que les effets de trente ans de rythme opérationnel élevé au sein des Forces canadiennes commencent à peine à se manifester.
Voilà pourquoi je suis préoccupé par les besoins non comblés actuels et les besoins futurs. L'hypothèse selon laquelle le nombre de clients du ministère va diminuer est douteuse.
[Français]
Enfin, je crois qu'il est essentiel, pendant tout le processus de transformation, qu'Anciens Combattants Canada ait les moyens de mesurer si les changements ont l'impact prévu et dans quelle mesure le ministère a réussi, du point de vue du vétéran et de l'administrateur. Des outils doivent être en place pour mesurer les effets quantitatifs et qualitatifs de la transformation. Le ministère devrait prendre les devants et établir des mécanismes réfléchis pour mesurer l'efficacité. Autant que possible, le ministère doit nouer le dialogue avec les vétérans.
[Traduction]
Mon bureau s'occupe actuellement de recommander au ministère des pratiques exemplaires dans le domaine de la mesure du rendement. En ce qui nous concerne, mon bureau a mis en œuvre des mécanismes relatifs à notre propre système de suivi des plaintes pour cerner et souligner les plaintes liées à la prestation du service et les changements dans les délais de traitement et l'accès aux services. Nous continuerons de surveiller activement les reportages dans les médias et de demander les commentaires des groupes de vétérans, afin de cerner rapidement toute préoccupation.
Je termine en réitérant l'importance d'adopter un programme de transformation qui cherche à améliorer les services aux vétérans, à leur famille et à leurs représentants. La transformation ne devrait pas être un exercice conçu pour rationaliser l'infrastructure ou les ressources. La transformation doit viser les gens, non les processus administratifs, et le ministère doit veiller à ce que l'amélioration des services fournis aux vétérans reste au cœur de ces changements.
Mesdames et messieurs, je vous remercie de votre attention. Nous sommes maintenant prêts à répondre aux questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour.
[Français]
C'est un plaisir d'être ici avec vous cet après-midi.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici en compagnie de M. Parent, l'ombudsman des vétérans, afin d'appuyer l'étude du Comité permanent des anciens combattants sur la transformation du ministère.
Je tiens à remercier monsieur l'ombudsman de son témoignage. Si le bureau de l'ombudsman des vétérans et Anciens Combattants Canada revêtent des fonctions très différentes, les deux organismes sont là avant tout pour servir les vétérans, les anciens combattants canadiens et leurs familles. Nous avons eu l'occasion de voir que l'ombudsman joue un rôle important au service des vétérans et des anciens combattants.
En cette période de transformation ministérielle, M. Parent et son équipe continueront de nous être une source de précieux conseils. Je me réjouis à la perspective du travail de collaboration qui attend nos deux organismes au cours des prochaines années. Je commence par vous donner un aperçu de ce que nous avons pu accomplir depuis le début du processus de transformation en 2011. Nous nous employons à simplifier les processus ministériels en réduisant les formalités administratives. L'un des exemples dont mes collègues ont discuté concerne la restructuration du Programme des avantages médicaux. Aujourd’hui, environ 77 p. 100 des exigences d'autorisation préalable subséquentes ont été supprimées. Ainsi, les vétérans et les anciens combattants n'auront plus à communiquer avec le ministère à plusieurs reprises pour obtenir une préautorisation pour des soins qui auront été autorisés précédemment.
Nous avons également entrepris la refonte de notre modèle de prestation des services. La délégation de pouvoirs additionnels au personnel de première ligne qui traitent directement avec les anciens combattants et les vétérans en est un parfait exemple. En réduisant le nombre de décisions qui doivent être approuvées dans les bureaux régionaux ou à l'Administration centrale, nous accélérons et facilitons l'accès aux services de réadaptation, aux avantages médicaux et aux soins de santé.
Nous avons également mis au point d'excellents outils de gestion de cas grâce auxquels les membres de notre personnel sont en mesure de mieux gérer leur charge de travail. Nos gestionnaires de cas peuvent désormais privilégier une approche holistique en matière de planification des interventions, et on leur a délégué des pouvoirs décisionnels additionnels, ce qui accélère d'autant la prestation de nos services.
Il ne s'agit là que de quelques exemples de ce que nous avons accompli, et je suis fier d'annoncer que nos efforts sont déjà en train de produire des résultats concrets. Le Réseau national des centres d'appels d'ACC rapporte une réduction des périodes d'attente pour les clients, une réduction du taux de raccrochage et une amélioration générale en matière d'uniformité des services.
En plus des outils qui ont été fournis au personnel, nous avons pris des mesures afin de perfectionner nos programmes. Comme je suis ici aujourd'hui en compagnie de l'ombudsman, je m'en voudrais de ne pas parler de l'initiative du ministère concernant l'adoption d'un langage clair dans les lettres de décision. Cette résolution vise à combler une lacune en matière de service que monsieur Parent et son équipe ont très justement soulignée.
Toujours au chapitre de l'amélioration des programmes, je tiens aussi à attirer votre attention sur les changements apportés au Programme pour l'autonomie des anciens combattants. En remplaçant la contribution par un paiement à l'avance, le ministère réduit le nombre de documents que les vétérans, les anciens combattants et leurs familles ont à remplir. Voilà le genre de formalités administratives que nous nous sommes engagés à éliminer.
Je termine en disant quelques mots sur les vétérans et les anciens combattants que nous servons.
Bien entendu, la transformation est un processus continu, motivé par un important changement démographique au sein de la population des vétérans et des anciens combattants. Au cours des prochaines années, nous nous attendons malheureusement à voir diminuer le nombre total des clients d'ACC et à voir augmenter la complexité des besoins et des attentes des vétérans de l'ère moderne.
C'est cette transition qui nous a poussés à améliorer nos modes de prestation de services. Notre objectif est d'être en mesure d'offrir des services par Internet, au téléphone et en personne. Nous nous sommes engagés à l'égard de l'excellence en matière de prestation des services et d'administration des avantages pour les vétérans, les anciens combattants et leurs familles. Nous honorerons cet engagement et mènerons à bien notre travail en nous assurant de placer les bonnes personnes ayant les compétences requises aux bons endroits. Naturellement, la taille de certains bureaux sera réduite alors que les effectifs d'autres bureaux augmenteront. En fin de compte, notre personnel de première ligne sera en poste là où les besoins sont les plus criants selon le profil démographique de la clientèle.
Je vous remercie, vous, les membres du comité et monsieur l'ombudsman, de votre temps et de votre écoute attentive. Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions si vous en avez.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci d'être ici. C'est toujours un plaisir de vous voir, et nous sommes heureux d'avoir le point de vue de l'ombudsman des vétérans. C'est très utile pour nos travaux.
Monsieur Parent, vous avez dit dans votre déclaration et je vais simplement en citer un bref passage, qu'entre 1998 et 2007, 54 p. 100 des membres libérés ont rapporté des problèmes de santé physique, 13 p. 100 des problèmes de santé mentale et beaucoup ont des problèmes de santé chroniques et pourtant, ces personnes ne reçoivent pas forcément l'aide d'ACC. Vous avez aussi dit que la réalité est que des besoins ne sont pas satisfaits et vous avez exprimé votre préoccupation à l'égard de la capacité du Ministère de combler non seulement les besoins actuels mais les besoins futurs, étant donné le nombre si élevé de membres des Forces qui ont pris leur retraite ou qui n'ont pas encore été libérés et qui ne se sont pas encore adressés au système.
Je me demandais si la perte de personnel à Anciens Combattants vous inquiète? Bien évidemment, comme vous l'avez dit, nous ne connaissons pas les répercussions que les compressions budgétaires et les coupures de personnel vont avoir.
Deuxièmement, croyez-vous que le sans-abrisme des vétérans, le genre de sans-abrisme que nous voyons dans tant d'autres collectivités, est peut-être un symptôme de ce groupe non déclaré ou non rejoint de vétérans retraités ou libérés?
Enfin, quelles mesures ACC peut-il prendre pour anticiper ces besoins? Vous avez clairement lancé un signal d'alarme ici. Qu'est-ce qu'AAC doit faire pour se prémunir contre ce qui semble un problème considérable et assez effrayant auquel notre pays et nos vétérans vont faire face?
C'est une très bonne question. Je vais essayer de bien répondre à tous les points, mais évidemment, je pense que je vais commencer en disant que notre préoccupation — dont je vous ai déjà fait part ici, je crois — concerne le fait que beaucoup de gens souffrent en silence. Certains d'entre eux le font parce qu'ils sont fiers. D'autres le font parce qu'ils ne connaissent pas les services à leur disposition. Essentiellement, je crois que je soulevais ce problème dans cette partie de ma déclaration. Il y a beaucoup de vétérans dans la société et les statistiques proviennent de l'étude qui avait été exécutée par Anciens Combattants Canada et le MDN, une étude sur la vie après le service.
Essentiellement, je crois que c'est le point important.
Dans le passé, les vétérans devaient s'autoidentifier et les programmes d'ACC ne bénéficiaient d'aucune publicité. Les vétérans souffraient donc en silence, ne sachant pas que quelque chose leur arrivait. En outre, comme je l'ai déjà mentionné ici, nous avons actuellement des gens en uniforme, dans les FC et à la GRC, qui souffrent en silence parce qu'ils ne veulent pas perdre leur carrière. Il y aura là également des besoins non comblés qui déborderont vers Anciens Combattants Canada lorsque ces personnes prendront leur retraite.
Par ailleurs, pour répondre à votre question sur le sans-abrisme, bien entendu, ce n'est qu'un facteur. D'autres facteurs y sont associés, comme les dépendances et les choses du genre. Le fait est qu'une fois encore, ce qui importe, ce sont les communications et la stratégie à Anciens Combattants Canada. Nous faisons pression en faveur d'une stratégie nationale sur le sans-abrisme et je crois qu'il est important de le faire, et nous exerçons certainement des pressions sur Anciens Combattants Canada pour que le Ministère établisse une telle stratégie.
Essentiellement, je crois que cela couvre assez bien les éléments que vous avez soulevés. Une fois encore, je crois que la communication est de loin l'un des principaux éléments dans tout ce dossier. Les vétérans doivent sortir de l'ombre et communiquer avec le Ministère, mais le Ministère doit aussi jouer franc jeu avec la communauté des vétérans et annoncer les services qu'il met à leur disposition.
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Nous avons prévu que le nombre de nouveaux vétérans continuera d'augmenter.
Je veux m'assurer de vous donner les bons chiffres. À mon avis, un certain mythe entoure ce qui s'est passé en Afghanistan. D'autres peuvent penser le contraire, monsieur le président. En général, environ 35 000 hommes et femmes ont servi en Afghanistan et cela représenterait environ 55 000 à 56 000 déploiements, je dirais.
Il y a ce mythe, et il est peut-être alimenté un peu par les médias, que si vous avez servi en Afghanistan, vous devez avoir quelque chose qui cloche. La grande majorité des hommes et des femmes qui reviennent d'Afghanistan n'ont pas été blessés et ne sont pas blessés. Je veux vous donner quelques chiffres.
Je me réfère à notre rapport trimestriel de décembre. Sur les 35 000 hommes et femmes qui ont servi, 4 181 sont des clients d'Anciens combattants par suite de leur service en Afghanistan. Cela ne veut pas dire qu'il n'y aura pas de problèmes de TSPT à retardement et comme mon collègue M. Parent l'a souligné, certains vétérans peuvent souffrir en silence, mais je veux simplement relativiser les choses. Quand on examine les chiffres, comme lorsqu'on fait des projections, oui, des centaines de milliers ont servi. Cependant, quand on fait le lien seulement avec la Deuxième Guerre mondiale, un million de Canadiens ont servi dans la Deuxième Guerre mondiale et l'héritage que cela a laissé en fait de besoins à combler s'est étalé sur plusieurs générations, je dirais.
Je veux relativiser les choses pour vous par rapport aux chiffres parce qu'on a l'impression... Des vétérans de l'Afghanistan m'ont dit qu'ils sont un peu préoccupés du fait que les gens les regardent et leur demandent s'ils sont corrects parce qu'ils ont servi en Afghanistan. Il y a une certaine stigmatisation et je crois que nous devons être très prudents de ne pas en exagérer l'importance.
L'autre point qui m'apparaît important est que bon nombre des dossiers que nous avons sont difficiles, mais je veux vous donner une autre statistique, simplement pour relativiser les choses. Si vous prenez les personnes grièvement blessées, qui sont à 78 p. 100 ou plus d'incapacité, le nombre de celles qui sont actuellement dans le système qui touchent une prestation pour perte de revenu ou qui y sont admissibles se situe à environ 800. Si j'examine l'Afghanistan selon les mêmes critères, le nombre de personnes grièvement blessées se situe à environ 450. Je ne dis pas que ces personnes ne sont pas importantes. Elles sont extrêmement importantes et manifestement, plus votre incapacité, votre maladie ou votre blessure est grave, plus vous avez besoin de l'aide d'Anciens Combattants Canada et plus vous en obtenez. Toutes ces personnes sont blessées et la plupart des primes d'invalidité que nous versons sont pour un degré d'incapacité inférieur à 25 p. 100. Cela ne veut pas dire que ce n'est pas important.
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Merci, monsieur le président.
Messieurs, je veux vous remercier d'être venus témoigner aujourd'hui. Nous apprécions vraiment vos commentaires.
C'est malheureux que des membres de notre comité autour de notre table semblent croire que le mot « rationalisation » est d'une quelconque façon un mot grossier. Je crois même que certains de mes collègues admettraient que plus les bureaucraties durent — je parle des ministères, pas du personnel mais des ministères — plus elles sont susceptibles d'acquérir des symptômes d'hémorragies d'argent, comme le gaspillage, le double emploi et la redondance. Comme une entreprise qui traverse une période difficile et qui doit rationaliser ses activités pour survivre, chaque ministère fédéral fait face au même défi.
Je dirais que lorsque le ministère des Anciens Combattants a dû trouver des réductions de 1,1 p. 100 dans son budget, il y est facilement parvenu en éliminant le gaspillage, le double emploi et la redondance. Ils ont jumelé ces mesures à des façons nouvelles, plus efficaces et efficientes d'offrir des services. De fait, il est possible d'obtenir ces réductions sans toucher un seul des services offerts à la clientèle.
Monsieur Parent, vous avez donné une très bonne conclusion. Vous avez dit: « La transformation doit viser les gens, non les processus administratifs, et le Ministère doit veiller à ce que l'amélioration des services fournis aux vétérans reste au coeur de ces changements ».
Monsieur Hillier, peu de temps après, vous avez dit: « Nous nous sommes engagés à l'égard de l'excellence en matière de prestation des services et d'administration des avantages pour les vétérans, les anciens combattants et leurs familles ».
Monsieur Parent, c'est complémentaire à vos propos.
Monsieur Hillier, vous avez aussi dit: « Nous honorerons cet engagement et mènerons à bien notre travail en nous assurant de placer les bonnes personnes ayant les compétences requises aux bons endroits ». C'est la définition exacte de la rationalisation.
Je dois vous demander de me l'expliquer une fois de plus pour que ce soit très clair. Quand vous vous êtes attaqué à la rationalisation dans votre ministère, vous avez dû garder à l'esprit que votre mandat et votre objectif étaient d'offrir des services de meilleure qualité à tous ceux qui en avaient besoin à Anciens Combattants Canada. Vous pourriez peut-être élaborer un peu sur le sujet pour que nous soyons sûrs que le message passe.
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Monsieur le président, tout au long de la transformation, nous avons examiné les mesures que nous prenions du point de vue d'un vétéran. Qu'est-ce que cette mesure signifiera pour un vétéran? Comme je l'ai dit plus tôt dans mon témoignage, si cela ne change rien pour un vétéran ou pour sa famille, pourquoi le faisons-nous? C'est simplement l'équivalent bureaucratique de tourner en rond.
Nous avons examiné certains processus de réingénierie des activités. Nous avons utilisé la méthodologie Hammer, une méthodologie de réingénierie des activités bien reconnue. Elle n'est pas appliquée par des personnes comme moi, parce que bien honnêtement, je ne connais pas le travail. Elle est appliquée par les travailleurs, ceux qui travaillent quotidiennement avec les vétérans — les gestionnaires de cas, les médecins, le personnel infirmier et les commis au classement. Nous utilisons cette technologie qui a été employée avec beaucoup de succès dans d'autres ministères et dans le secteur privé.
Voici comment cela fonctionne: nous exposons notre processus administratif et nous nous demandons ce que nous faisons vivre aux vétérans. Combien de fois demandons-nous au vétéran de produire le même document? Combien de formulaires lui demandons-nous de remplir? Avons-nous besoin de tous ces formulaires? Pouvons-nous plutôt obtenir les renseignements une seule fois? Le vétéran peut-il utiliser son numéro de service militaire plutôt qu'un quelconque numéro attribué par Anciens Combattants?
Au terme de l'exercice, vous constatez, comme on l'a dit, que de nombreux processus intéressants s'accumulent dans un système qui existe depuis de nombreuses années. Vous supprimez donc les doubles emplois, les chevauchements et le gaspillage.
De mon point de vue, la transformation ne vise pas à réduire les emplois. Elle vise à améliorer les services aux vétérans. Par suite de toute cette démarche, il y aura certaines pertes d'emplois, parce que des systèmes informatiques peuvent accomplir certaines tâches que des gens avaient l'habitude d'accomplir à Anciens Combattants Canada. Dans certains bureaux, nous passions beaucoup de temps à imprimer des lettres, à les signer et à les expédier. Nous ne procédons plus ainsi. Nous transmettons plutôt un fichier de données à TPSGC, Travaux publics, et ils impriment en masse des dizaines de milliers de lettres pour nous en quelques minutes.
Malheureusement, il y a des conséquences pour les ressources humaines. Dans les faits, au cours de cette période où nous couperons 800 postes, plus de 1 000 membres du personnel du Ministère seront admissibles à la retraite avec une pleine pension ou avec une pension réduite. Grâce à une saine gestion des ressources humaines, nous croyons que nous pourrons les faire de la façon la moins douloureuse possible.
En plus de ceux qui prennent leur retraite, nous perdons probablement environ 100 personnes par an au Ministère. Nous cherchons l'efficience, l'équilibre. Évidemment, les Canadiens s'attendent à ce que nous prenions bien soin des vétérans, mais ils s'attendent aussi à obtenir de la valeur pour leurs impôts. Nous avons une responsabilité envers les membres de notre personnel de les traiter de façon équitable et humaine au cours de ce processus.