:
Merci, monsieur le président.
Bonjour, et merci de nous avoir invités à participer à vos travaux.
Je m'appelle Anne-Marie Pellerin et je suis la directrice de la gestion de cas, de la réadaptation et des services de santé mentale. Je suis accompagnée de mes collègues Lina Carrese, directrice scientifique au Centre national pour traumatismes liés au stress opérationnel; Raymond Lalonde, directeur général du Réseau national pour les traumatismes liés au stress opérationnel; et Nathalie Pham, gestionnaire d'équipe des services aux clients, à Montréal.
Nous sommes heureux d'être ici pour appuyer l'étude de ce comité relative à la transformation à Anciens Combattants Canada (ACC). Nous sommes conscients que nous n'avons pas beaucoup de temps et que nous devons traiter d'un grand nombre de sujets; je vais donc commencer immédiatement.
[Français]
Anciens Combattants Canada a récemment fait face à un virage sans précédent en ce qui concerne le profil démographique des anciens combattants et vétérans. Les anciens combattants traditionnels nous quittent malheureusement en grand nombre, tandis qu'augmente la population des vétérans de l'ère moderne.
Nous avons également constaté qu'un bon nombre de vétérans de l'ère moderne qui sont libérés des Forces canadiennes ont des besoins plus complexes en matière de santé et de réintégration à la vie civile.
[Traduction]
Ces facteurs nous ont obligés à réexaminer ce que nous faisons et la façon dont nous fournissons les services en tant que ministère, afin de répondre à ces besoins et à ces attentes en pleine évolution. Les résultats de cet examen nous ont menés dans ce processus de la transformation qui a été conçu pour améliorer la qualité, la rapidité d'exécution et l'efficacité des services et pour nous assurer de répondre en tous points aux besoins différents et évolutifs des personnes que nous servons.
Les services de gestion de cas d'ACC permettent aux vétérans et à leur famille d'établir des objectifs convenus d'un commun accord et de les atteindre grâce à un processus organisé, dynamique et de collaboration. Ce processus interactif de résolution de problèmes est coordonné par le gestionnaire de cas d'ACC et comprend six fonctions principales: l'engagement et l'établissement de liens, qui est un processus de création ou d'établissement de la confiance; l'évaluation exhaustive, qui est la collecte de renseignements et l'établissement des besoins de la personne; l'analyse, c'est-à-dire le résumé des renseignements provenant de multiples sources; la planification de cas et la consultation, c'est-à-dire l'établissement d'objectifs convenus d'un commun accord avec le vétéran et sa famille, de concert avec les professionnels de la santé et d'autres spécialistes; la surveillance et l'évaluation, qui consistent à déterminer si le plan fonctionne et à l'adapter au besoin; et enfin le désengagement, c'est-à-dire mettre fin à la gestion de cas en place lorsque les objectifs sont atteints. Il est important de noter que si la situation du vétéran devait changer dans l'avenir, celui-ci pourrait y être réadmis dans un processus de gestion de cas.
Le modèle de gestion de cas d'ACC se concentre sur une approche axée sur les besoins globaux et fondée sur les déterminants de la santé établis par l'Organisation mondiale de la Santé. Le modèle dépend de la consultation interdisciplinaire à l'appui d'une planification efficace des interventions.
Au cours des deux dernières années, nous avons réalisé d'importants progrès par rapport à nos initiatives de transformation, ce qui a permis d'améliorer nos services de gestion de cas.
Par exemple, nous avons amélioré la rapidité avec laquelle nous rendons les décisions, grâce à une réduction du temps de traitement des décisions relatives à l'admissibilité dans le cadre du Programme de réadaptation, ce qui permet aux participants du programme d'avoir accès plus rapidement aux avantages dont ils ont besoin.
Nous avons élaboré et mis en place des outils sur la gestion de l'intensité de la charge de travail, qui évaluent les risques, les besoins et la complexité des clients faisant l'objet d'une gestion de cas. Ces outils permettent d'évaluer la charge de travail en se basant non seulement sur le nombre de cas actifs, mais également sur le niveau de complexité et d'intensité lié à chaque cas.
Nous avons élaboré une stratégie nationale d'apprentissage en gestion de cas axée sur le perfectionnement des compétences et des connaissances.
Nous avons établi des lignes directrices et des protocoles à l'échelle nationale qui permettent d'assurer l'uniformité des pratiques de gestion de cas.
La mise en place de ces outils et de ces mesures de soutien permet d'améliorer la prestation de services aux clients, de renforcer les normes et les pratiques exemplaires et d'aider à déterminer les besoins de formation et l'affectation des ressources.
Les universités et d'autres organisations qui possèdent de l'expertise dans le domaine de la gestion de cas nous ont appris énormément de choses.
Plus précisément, nous avons établi un partenariat avec l'Université McMaster et le Centre canadien de lutte contre l'alcoolisme et les toxicomanies en ce qui concerne l'élaboration du profil de compétences pour les gestionnaires de cas. Ce partenariat nous a permis de tirer parti de l'expertise, des outils et des pratiques exemplaires élaborés par ces organisations.
Nous sommes également affiliés au Réseau national de gestion de cas, ce qui nous permet d'échanger des connaissances, de l'expertise et des pratiques exemplaires avec des organisations dans l'ensemble du pays. L'année dernière, ACC a été invité à présenter un exposé orienté sur son profil de compétences fondamentales lors de la conférence nationale du Réseau.
Au 31 mars 2012, il y avait quelque 250 gestionnaires de cas d'ACC dans l'ensemble du Canada. Notre norme nationale impose qu'il y ait un gestionnaire de cas pour 40 vétérans, et à l'heure actuelle nous avons largement atteint cet objectif.
[Français]
Nos gestionnaires de cas possèdent une formation universitaire variée. Leurs qualifications exigent qu'ils détiennent un diplôme d'une université reconnue avec une spécialisation en service social, en soins infirmiers, en psychologie, en gérontologie, en sociologie ou dans un autre domaine lié au poste.
Près des deux tiers des gestionnaires de cas d'ACC possèdent au moins cinq années d'expérience dans le domaine de la gestion de cas. Ces critères sont la preuve d'une main-d'oeuvre variée et chevronnée, dont nous sommes très fiers.
[Traduction]
Avant que mon collègue poursuive la présentation, j'aimerais vous parler brièvement de certaines des initiatives de réadaptation d'ACC qui constituent un élément important pour les vétérans et les gestionnaires de cas. En effet, plus de 70 p. 100 de nos clients qui font appel à la gestion de cas ont recours à notre programme de services de réadaptation et d'assistance professionnelle.
Ce programme vise à s'assurer que les vétérans malades, blessés ou souffrant d'une invalidité et leur famille aient accès à des services de réadaptation professionnelle conçus pour faciliter leur retour à la maison, dans la collectivité et dans les milieux de travail civils. Du financement est offert pour des services qui ne sont généralement pas offerts par l'entremise d'autres systèmes de soins de santé.
Divers services sont offerts pour satisfaire les besoins de réadaptation en matière de santé mentale et physique, notamment des traitements psychiatriques ou psychologiques et des services de counselling, de la physiothérapie, de l'ergothérapie, des services interdisciplinaires de soulagement de la douleur et des consultations en matière de toxicomanie.
Finalement, le processus de la transformation que je viens tout juste de vous décrire est considéré comme un investissement dans la gestion de cas, et cet investissement rapporte déjà. Nous sommes maintenant en mesure de déterminer les risques que présentent nos clients et de réaffecter les ressources appropriées afin d'atténuer rapidement ces risques. Nous avons renforcé la prestation de services aux clients et, au bout du compte, nous avons amélioré leur situation.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, madame Pellerin.
Merci, monsieur le président.
La santé mentale et le bien-être des vétérans et de leur famille constituent sans conteste l'une des priorités de notre ministère. Nous reconnaissons la gravité des répercussions des blessures de stress opérationnel sur les membres des Forces canadiennes, les vétérans et leur famille. À cette fin précise, nous nous efforçons d'avoir en place des services reposant sur les preuves scientifiques visant à aider les vétérans atteints de problèmes de santé mentale et leur famille, tant pour leur rétablissement que pour leur réintégration à la vie civile.
Nos initiatives se fondent sur la Stratégie en matière de santé mentale d'Anciens Combattants Canada, une stratégie offrant un continuum de programmes et de services axés sur les facteurs déterminants de la santé, notamment les circonstances économiques, sociales et physiques, les pratiques de santé personnelles, les capacités d'adaptation, etc., tout cela dans le but de répondre aux besoins globaux des vétérans et de leur famille.
La Stratégie en matière de santé mentale vise également à sensibiliser les collectivités aux besoins des vétérans et de leur famille, ainsi qu'à développer la capacité des programmes d'Anciens Combattants Canada, des organismes provinciaux et communautaires, et des fournisseurs de soins de manière à traiter adéquatement les vétérans et à assurer des services sans faille.
[Traduction]
Au fil des années, les services de santé mentale d'Anciens Combattants Canada ont considérablement pris de l'expansion. En 2006, la Nouvelle Charte des anciens combattants a inauguré une gamme complète de programmes et de services de transition qui ont renforcé la capacité du ministère à offrir du soutien aux vétérans aux prises avec des problèmes de santé mentale, ainsi qu'à leur famille.
Depuis, nous avons également doublé le nombre de cliniques pour traumatismes liés au stress opérationnel (TSO) et intégré avec succès les services de télésanté mentale dans toutes nos cliniques. Ce faisant, nous nous sommes assurés que tous les vétérans ayant besoin de services de santé mentale, y compris ceux qui vivent dans des régions éloignées et ceux qui ne peuvent pas se rendre facilement à une clinique de TSO, parviennent à recevoir ces services en temps opportun. À l'heure actuelle, si l'on compte celles d'ACC et du MDN, on retrouve dix-sept cliniques spécialisées partout au pays où les membres des Forces canadiennes et les vétérans souffrant de traumatismes liés au stress opérationnel peuvent recevoir des services d'évaluation et des traitements.
De plus, on compte au pays environ 4 000 professionnels autorisés en santé mentale, y compris 200 gestionnaires de soins cliniques, qui offrent du soutien intensif quotidien aux vétérans ayant des besoins de santé mentale complexes. Pour les vétérans aux prises avec des problèmes de toxicomanie et de stress opérationnel, il existe au Canada plusieurs programmes hospitaliers spécialisés dans le traitement de l'état de stress post-traumatique, aggravé par une ou plusieurs toxicomanies.
Soulignons aussi qu'Anciens Combattants Canada et les Forces canadiennes ont mis au point un programme de soutien par les pairs reconnu à l'échelle internationale, qui comprend des pairs spécialement formés mais aussi des coordonnateurs qui ont une expérience personnelle du stress opérationnel et qui sont en mesure d'aider les familles. Ces gens offrent un soutien vital aux membres des Forces canadiennes, aux vétérans et à leur famille. Le ministère permet aux vétérans et à leur famille d'accéder jour et nuit à des services de consultation et d'aiguillage en matière de santé mentale, grâce à la ligne d'écoute téléphonique d'ACC. Enfin, Anciens Combattants Canada offre des services de pastorale, avec un réseau de plus de 200 aumôniers qui fournissent des conseils d'ordre spirituel et du soutien aux vétérans et à leur famille qui en expriment le besoin.
Notre approche est axée sur les clients et sur les familles. Elle repose sur les toutes dernières données probantes scientifiques ainsi que les facteurs sociaux déterminants de la santé, en plus de s'appuyer sur plusieurs partenariats. Nous travaillons en étroite collaboration avec nos partenaires des collectivités et du gouvernement, dont le ministère de la Défense nationale, afin de favoriser une transition réussie à la vie civile pour les membres des Forces canadiennes et de rester au courant des tendances dans le domaine de la santé mentale des militaires et des vétérans.
Pour résumer, les vétérans qui ont des besoins de santé mentale ont accès à des services spécialisés à la grandeur du pays, y compris pour l'évaluation, les interventions précoces, le traitement, la réadaptation et les soins continus, tout cela par l'entremise d'ACC, des fournisseurs de services communautaires et du réseau de cliniques d'ACC et du MDN pour le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel.
[Français]
Nous croyons que notre approche fonctionne. Aujourd'hui, Anciens Combattants Canada vient en aide à plus de 15 300 vétérans et membres de leur famille qui connaissent des problèmes de santé mentale. Au fur et à mesure qu'évoluent les besoins des vétérans et de leur famille, nous revoyons notre Stratégie en matière de santé mentale, de sorte que nous puissions toujours apporter notre aide suivant un processus de rétablissement fondé sur les déterminants de la santé.
La stratégie continuera à: favoriser une transition réussie à la vie civile; accroître la sensibilisation aux besoins des vétérans et de leur famille dans leur collectivité; faciliter la réadaptation des vétérans; améliorer le plus possible leur bien-être personnel et familial; établir d'importants partenariats avec des organismes et des fournisseurs provinciaux et communautaires, pour assurer un soutien sans faille aux vétérans et à leur famille.
Je vous remercie de votre temps, monsieur le président, et je serai ravie de répondre à vos questions, si vous en avez.
:
Monsieur le président, mesdames et messieurs, je suis le colonel Jean-Robert Bernier, médecin-chef adjoint des Forces canadiennes. Je suis accompagné du colonel Gerry Blais, commandant de l'Unité interarmées de soutien du personnel et directeur de la Gestion du soutien aux blessés.
Cela me fait grand plaisir d'être ici aujourd'hui et d'avoir l'occasion de vous présenter le programme de gestion des cas des Forces canadiennes.
[Traduction]
Le Programme national de gestion de cas des Services de santé des Forces canadiennes a été mis en oeuvre lorsqu'on a constaté des lacunes dans le système des soins de santé, touchant particulièrement les membres des FC effectuant une transition de la vie militaire à la vie civile. Depuis le début du programme, des infirmières et des infirmiers autorisés sont employés à titre de gestionnaires de cas en vue d'aider des milliers de membres des FC à coordonner la multitude de services avec lesquels ils doivent composer, malgré des difficultés physiques et mentales.
Même si de nombreux obstacles ont eu un effet sur l'évolution du programme au cours de la dernière décennie, les infirmiers dévoués continuent de donner des services professionnels de grande qualité aux militaires. Les commentaires reçus dans le cadre des sondages sur la satisfaction à l'égard de la gestion de cas révèlent que le programme est extrêmement utile, tant aux membres des FC qu'à leurs familles.
[Français]
Le programme compte présentement 57 gestionnaires de cas qui continuent de relever les nombreux défis découlant de la complexité médicale des besoins de leur clientèle. Quoique l'environnement de travail et les demandes soient en constante transformation, le mandat du programme demeure le même, à savoir aider nos membres à réintégrer le service ou à effectuer une transition vers la vie civile.
[Traduction]
Les infirmiers gestionnaires de cas des Services de santé des FC sont responsables de la coordination des soins de santé et du soutien offerts aux militaires en service, en partenariat avec l'Unité interarmées de soutien du personnel (UISP) et ses centres intégrés de soutien du personnel (CISP) dont est responsable le colonel Blais. Membres de l'équipe des soins de santé des FC, ces infirmiers sont chargés d'élaborer un plan d'action intégré de concert avec leurs patients, des membres des FC, le personnel des CISP, des partenaires, tels que les gestionnaires de cas d'Anciens Combattants Canada (ACC), et des organismes externes.
Le plan favorise le rétablissement des militaires en assurant la continuité dans la surveillance et la coordination des soins dispensés à l'hôpital et à domicile. Les gestionnaires de cas des Services de santé des FC continuent d'apporter un soutien et des conseils même lorsque le militaire a repris du service. Si ce dernier quitte les FC, ils facilitent son accès aux services d'ACC, au besoin, et sa transition de la vie militaire à la vie civile. Le programme privilégie le client et la famille et offre des traitements fondés sur l'expérience clinique et les pratiques exemplaires. Parce qu'il fait partie intégrante de notre système de soins de santé, le programme assure la continuité des soins et sert de passerelle entre les services de santé et les autres éléments et services des FC.
[Français]
Toujours soucieux d'améliorer le programme de gestion de cas, nous évaluons présentement un nouvel outil de travail, l'Intermed, qui sert à déterminer la complexité de la transition des clients. De plus, nos gestionnaires de cas sont en communication continuelle avec nos partenaires du ministère des Anciens Combattants, que ce soit dans le cadre de groupes de travail bilatéraux ou, au jour le jour, dans les Unités interarmées de soutien du personnel. Le but est d'assurer la mise en commun des outils de travail et la meilleure communication possible entre nos organisations.
[Traduction]
Anciens Combattants Canada et nous-mêmes collaborons à de nombreuses initiatives afin de faciliter la transition entre la vie militaire et la vie civile. Mentionnons notamment les formulaires d'aiguillage, un outil d'évaluation des essais, des outils électroniques et informatiques communs ainsi qu'un nouveau processus de communication des renseignements sur la santé à ACC qui comporte un suivi et un transfert électroniques. Lorsque le projet pilote en cours à Edmonton, à VaIcartier et à Trenton sera terminé, le processus sera mis en oeuvre à l'échelle nationale.
Voici d'autres initiatives: l'échange d'information sur les processus et les structures du programme dans le cadre de séances communes de formation du personnel, des ateliers et colloques conjoints visant à renforcer les partenariats, l'harmonisation du programme et des politiques afin d'améliorer la continuité des soins tout au long de la transition, la formation en ligne sur des sujets communs à l'intention des gestionnaires de cas, des groupes de travail et des comités conjoints, et la mise au point d'un processus commun d'examen de la gestion de la qualité en vue d'évaluer le processus de transition et de renforcer la continuité des soins.
Dans le but de l'améliorer encore, nous demanderons l'agrément du Programme de gestion de cas, au cours de notre prochain cycle d'examen, à Agrément Canada, autorité nationale d'évaluation des soins de santé. De plus, en collaboration avec ACC, nous entendons être à l'affût des occasions permettant d'accroître le bagage de connaissances des dirigeants du programme; d'étendre le réseautage au moyen d'une formation commune sur la prestation de soins destinée aux gestionnaires du programme; de faire appel au comité national d'intervenants; d'augmenter les activités de sensibilisation; d'établir des liens avec d'autres organismes, notamment les réseaux et organismes d'apprentissage en gestion de cas provinciaux et internationaux comme le Réseau national de gestion de cas; et enfin de trouver des modèles de prestation de services plus novateurs. Nous comptons également mettre à la disposition de nos partenaires notre information et notre formation sur l'amélioration de la qualité, définir les indicateurs de résultats et examiner notre prestation de services pour en améliorer l'efficacité et l'efficience.
[Français]
Les problèmes de santé mentale représentent une grande part de la charge de travail de nos gestionnaires de cas et contribuent de façon très importante à la complexité des cas.
Cependant, comme elle est intégrée à notre système de santé, l'équipe de santé mentale a accès au programme de gestion de cas. De cette façon, nos militaires profitent d'un accès et d'une intervention rapides, ce qui permet une prise en charge complète et un accès à un maximum de services, le plus rapidement possible.
[Traduction]
En plus d'aider quotidiennement les membres des FC, les responsables du Programme national de gestion de cas des Services de santé des Forces canadiennes travaillent depuis longtemps en collaboration avec la Direction de la gestion du soutien aux blessés et avec ACC, en vue d'offrir les meilleurs services et avantages qui soient pour répondre aux besoins des militaires.
Le plus grand défi que pose la transition de la vie militaire à la vie civile est d'aider les militaires à trouver un médecin de famille et des fournisseurs de soins de santé mentale dans les systèmes de santé civils des provinces. Même si elles ne nous refusent jamais leur appui, les autorités médicales civiles, locales et régionales, dont l'Association médicale canadienne, les directeurs d'études des facultés de médecine familiale et le Collège royal des médecins et chirurgiens du Canada, ont très peu d'influence à cet égard étant donné que ces professionnels de la santé sont très peu nombreux à l'échelle nationale et qu'il est difficile d'accéder à leurs services.
[Français]
En résumé, malgré l'augmentation de la demande et de la complexité des cas liés aux missions opérationnelles des Forces canadiennes et l'avènement de nouvelles politiques ainsi que de nouveaux partenariats, les gestionnaires de cas des Services de santé des Forces canadiennes continuent à faire preuve d'engagement en relevant les défis quotidiens. Ils contribuent ainsi à perpétuer le succès du programme de gestion de cas.
[Traduction]
Je vous remercie de votre attention, et c'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous de comparaître devant notre comité aujourd'hui.
Colonel Bernier, vous venez de nous expliquer combien il est difficile, pour les militaires qui quittent l'armée, de trouver de l'aide dans le civil. Comme vous le savez, vingt militaires se sont suicidés l'an dernier, deux fois plus que l'année précédente. Malgré tous les efforts que le MDN et ACC déploient pour les aider, ces hommes et ces femmes pleins de courage décident, pour une raison ou pour une autre, de mettre fin à leurs jours, et c'est vraiment une tragédie.
Dans ces conditions, et vu les graves difficultés que connaissent ceux qui souffrent d'ESPT et de problèmes mentaux, ainsi que leur famille, ne serait-il pas souhaitable que, même après leur départ, ils continuent d'avoir accès aux services du MDN jusqu'à ce qu'un organisme privé ou provincial prenne la relève? Je parle de ceux qui obtiennent une libération 3B ou de ceux qui quittent l'armée pour raison médicale, même si ce ne sont pas des anciens combattants. À l'heure actuelle, quand ils quittent le MDN, ils rompent tous les liens. Il leur faut alors trouver de l'aide et un autre médecin. Mais cinq millions et demi de Canadiens n'ont pas de médecin, alors c'est aussi très difficile pour le MDN de leur en trouver un. Ne pensez-vous pas qu'on pourrait faire ça, pour mieux les aider?
Je m'adresse maintenant à Anne-Marie Pellerin. Vous avez parlé d'un ratio de 40 pour 1. Avez-vous atteint cet objectif?
:
Merci de votre question.
J'aimerais simplement répondre au sujet du taux de suicide.
Chaque suicide est une véritable tragédie pour nous parce que ce sont des membres de notre famille militaire. Vous savez, l'armée est une société très différente, avec des liens très étroits entre les membres, qui se considèrent comme des frères et soeurs. Et ça touche les personnels soignants tout autant que les autres membres. C'est un très grave problème pour nous.
Cela dit, nous continuons, malgré ces années de guerre... Nous nous attendions à une augmentation du taux de suicide, à cause du stress opérationnel, mais cela ne s'est pas encore produit. Nous sommes toujours à peu près 20 p. 100 en dessous de la moyenne nationale établie selon l'âge et le sexe.
L'an dernier, 19 hommes se sont suicidés. Même si, chaque fois, c'est une véritable tragédie, les cas de suicide sont, heureusement, relativement rares, il n'en faut pas moins chercher à éviter tout risque d'augmentation. Nous suivons donc de très près l'évolution des taux de suicide depuis 1995.
Nous les analysons par périodes de cinq ans, afin d'avoir des résultats statistiquement significatifs. Les 19 de l'an dernier se sont produits pendant la première année d'une nouvelle période de cinq ans. Il se peut que ça annonce une tendance à la hausse, à la suite des opérations en Afghanistan. Toutefois, même si nous avions eu 19 suicides chaque année pendant cinq ans, ou même 20, nous serions encore en dessous de la moyenne nationale.
Depuis 1995, le taux a baissé, en fait, mais il se situe au même niveau. Nous avons soigneusement analysé chaque cas de suicide survenu depuis l'an dernier, pour déterminer s'il y avait un lien avec le déploiement. Nous avons fait appel à des spécialistes en psychiatrie, pour faire un audit psychologique de chaque individu. Jusqu'à présent, aucune tendance particulière ne semble se dessiner, et il n'y a pas de lien direct avec le déploiement. Jusqu'à l'an dernier, la majorité des suicides concernaient des personnes n'ayant jamais été déployées.
Nous ne sommes pas absolument certains, mais nous sommes prudents, car nous avions anticipé cette hausse. Nous ne pouvons pas encore affirmer qu'il s'agit d'une hausse. Statistiquement, ce serait irresponsable de notre part de l'affirmer, car les chiffres sont très faibles.
Pour ce qui est de la transition à la vie civile des militaires qui ont besoin de soins permanents, l'an dernier, le ministre de la Défense nationale a annoncé qu'un plan de transition intégré serait préparé pour chaque soldat libéré pour raison médicale. Ce plan prévoit jusqu'à trois années de transition, le temps, pour le militaire, de trouver non seulement les soins appropriés dans le système provincial et les autres avantages offerts par le ministère des Anciens Combattants, mais aussi la formation professionnelle, les services sociaux et diverses aides qui lui permettront de réussir sa transition vers la vie civile.
Ce ne sera jamais parfait parce qu'il y a une pénurie de professionnels de la santé au niveau national, surtout dans certaines spécialités. La Constitution prévoit que les Forces canadiennes ont pour mandat d'entreprendre des opérations militaires, et que les autres institutions — les provinces et les systèmes de santé provinciaux, complétés par les services du ministère des Anciens Combattants — ont pour mandat de fournir des soins aux soldats une fois qu'ils sont libérés.
Mais, par exemple, ils continuent d'avoir accès à nos cliniques spécialisées en santé mentale et à nos centres de soutien pour trauma et stress opérationnels, et aux 10 cliniques du ministère des Anciens Combattants qui sont spécialisées dans le traitement des traumatismes liés au stress opérationnel. Selon un protocole d'entente, nous pouvons continuer de nous occuper de nos patients respectifs même après qu'ils ont été libérés. Autrement dit, nous pouvons nous occuper des anciens combattants et eux, des soldats en service, si cela est plus commode d'un point de vue logistique ou autre. Nous le faisons dans toute la mesure du possible, mais nous nous heurtons quand même à des difficultés qui ne sont pas propres aux membres des Forces canadiennes puisqu'elles se posent à l'ensemble de la population canadienne.
:
Merci, monsieur le président.
Je vais poser ma première question au colonel Bernier.
Je m'intéresse tout particulièrement aux grandes difficultés que vous rencontrez pour aider les membres des Forces canadiennes à réintégrer la vie civile et à se trouver un médecin de famille.
Notre comité a entendu au moins deux témoins sur le sujet — la Dre Heather MacKinnnon, à cette fameuse réunion du 27 février à Halifax, et aussi la Dre Alice Aitken. Comme vous le savez, elle est directrice de l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, et elle a comparu devant notre comité le 14 février dernier. Voici ce que nous a dit, entre autres, cette spécialiste de la question:
Le plus difficile pour moi a été de faire la transition vers le régime provincial de soins de santé où on m'a indiqué que j'aurais droit au même traitement que celui réservé aux détenus. Mon époux a ensuite été réformé pour des raisons médicales après avoir servi en Bosnie et en Afghanistan. Les incidences sur notre famille ont été atténuées du fait que nous étions tous deux militaires et savions à quoi nous en tenir.
Pour lui, le plus difficile a aussi été le passage au régime civil de soins de santé où l'on ne comprenait pas ses besoins... Il y a également le fait que les services de première ligne offerts par Anciens Combattants Canada... sont souvent assortis d'importantes tracasseries administratives qui compliquent la vie de l'ancien combattant.
Voilà ce que nous a dit une ancienne militaire qui fait maintenant de la recherche à plein temps sur la santé des militaires et des anciens combattants. C'est ce qu'elle a vécu personnellement.
Je comprends qu'il y ait des difficultés, étant donné ce qui se passe dans les systèmes de santé provinciaux. Pouvez-vous me dire ce que vous pensez de la suggestion suivante, si elle est réalisable et ce qu'il faudrait faire pour qu'elle le soit: un membre des Forces canadiennes serait chargé de veiller à ce que l'individu continue d'être soigné par le personnel des Forces canadiennes jusqu'à ce qu'un médecin civil accepte de le prendre comme patient. C'est vrai que cela augmente la charge de travail des employés du MDN, mais il me semble que c'est une priorité qui vaut la peine qu'on investisse davantage.
Qu'en pensez-vous?
:
Je vous remercie de votre question. Je connais très bien Alice Aitken. Elle était physiothérapeute dans les services médicaux des Forces canadiennes. Elle est actuellement professeure agrégée en réadaptation, à l'Université Queen's, et elle nous aide à coordonner les recherches sur la santé des militaires et des anciens combattants.
Les choses ont beaucoup changé depuis qu'elle a pris sa retraite des Forces canadiennes, ainsi que son mari, que je connais très bien aussi.
Obliger le personnel médical des Forces canadiennes à continuer de soigner les militaires même après leur libération serait une solution idéale. Mais ça exigerait soit une augmentation considérable de nos ressources, car ça s'ajouterait à la mission principale de nos services médicaux, qui est de servir au sein de missions et d'opérations militaires, soit une nouvelle répartition des responsabilités constitutionnelles, afin de renforcer la capacité des services de santé provinciaux de traiter des patients civils et afin d'augmenter les ressources du ministère des Anciens Combattants. Les provinces sont en train de prendre toutes sortes de mesures pour accroître l'accès aux soins de santé primaires, notamment en créant de nouvelles catégories de personnel soignant comme les auxiliaires médicaux, en développant les écoles de médecine et en faisant davantage appel à des infirmières et infirmiers praticiens. Ce sont là des exemples de ce que font les provinces pour mieux s'acquitter de leur responsabilité constitutionnelle à l'égard des anciens militaires.
J'ai dit tout à l'heure que le ministre avait annoncé, il y a quelque temps, la mise en oeuvre d'un plan de transition intégré, qui prévoit jusqu'à trois ans de transition pour faciliter la réinsertion des soldats.
Nous nous adressons également à d'autres instances, comme l'Association médicale canadienne ou les doyens des facultés de médecine, pour essayer d'obtenir de l'aide. Des projets pilotes ont été mis en place, avec succès, et des équipes médicales civiles se sont engagées à réserver un certain nombre de places dans leurs cliniques à des anciens militaires et à leur famille.
Tout récemment, le chef d'état-major de la défense a rencontré, à la Conférence canadienne sur l'éducation médicale, à Banff, les doyens des facultés de médecine familiale qui sont en train mettre en oeuvre ce genre d'initiative.
J'ai parlé du système américain, et j'ajouterai que le Congrès américain a donné le mandat aux forces armées américaines de fournir des soins aux soldats et à leur famille, même après leur libération, jusqu'à ce qu'ils soient pris en charge par le système Medicare. Aux États-Unis, l'énorme budget que le département de la Défense consacre aux soins de santé, lequel dépasse le budget total de l'Ontario... il y a quelques années, plus de 70 p. 100 du budget que la Défense alloue aux soins de santé a servi à financer des soins médicaux à des soldats non opérationnels. Autrement dit, seulement 30 p. 100 de ce budget a été dépensé dans le cadre du mandat premier des forces armées, qui est de faire la guerre et de mener des opérations militaires. Bref, votre suggestion se traduirait par une facture importante.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie de comparaître devant nous aujourd'hui.
Madame Pellerin, vous avez dit dans votre déclaration liminaire, et cela a piqué ma curiosité, qu'un grand nombre d'anciens combattants de l'ère moderne qui sont libérés des Forces canadiennes ont des besoins plus complexes en matière de santé et de réintégration à la vie civile. Pourriez-vous nous donner des précisions?
Cela m'amène à la question que je veux poser au colonel Bernier, au sujet des services de santé des Forces canadiennes, et plus précisément le programme national de gestion de cas. Dans votre déclaration liminaire, vous avez dit que vous aviez 57 gestionnaires de cas, et que le programme de santé mentale représente une grande part de la charge de travail des gestionnaires de cas et augmente beaucoup la complexité des cas.
J'aimerais vous poser des questions au sujet de la lutte contre la toxicomanie au sein des Forces canadiennes. Quand j'ai été déployé en Afghanistan, plus de cent militaires n'ont pas pu y aller parce qu'ils étaient toxicomanes. Ça a posé de graves problèmes aux responsables.
Voilà les deux questions que je voulais poser, pour l'instant.
:
Merci, monsieur le président.
Depuis quelques années, nous constatons que les anciens combattants de l'ère moderne qui sont libérés ont des problèmes de santé et des difficultés de réinsertion plus complexeour ls que les anciens combattants traditionnels, ceux dont le ministère avait à s'occuper dans le passé. Ce que nous observons chez les anciens combattants de l'ère moderne, c'est une combinaison de troubles physiques et mentaux.
Par exemple, à l'heure actuelle, 55 p. 100 des participants à notre programme de réadaptation souffrent à la fois d'un problème physique et d'un problème mental. Vous pouvez imaginer les défis particuliers qu'une telle combinaison peut engendrer, non seulement pour l'ancien combattant mais aussi pour sa famille et pour sa réinsertion dans la vie civile. La complexité de leurs problèmes physiques, qui s'accompagnent souvent de douleurs, de troubles mentaux et d'une toxicomanie accrue, ne facilite pas la tâche, au contraire, des gestionnaires de cas du ministère des Anciens combattants.
La relation qui s'établit entre le gestionnaire de cas et l'ancien combattant revêt donc une importance cruciale pour faciliter l'accès de ce dernier aux services de la collectivité où il réside et pour soutenir la famille dans cette période de transition. Si l'ancien combattant est en bonne santé et qu'il a besoin d'aide pour se recycler, le gestionnaire de cas l'aiguille vers les services dont il a besoin pour trouver un emploi convenable dans le civil.
Dans certains cas, le rôle du gestionnaire de cas peut durer pas mal de temps.
C'est pour ces raisons que nous disons que les anciens combattants de l'ère moderne sont différents des anciens combattants traditionnels.
:
Puis-je faire quelques commentaires au sujet de nos efforts de prévention des maladies mentales?
M. Corneliu Chisu: Et de la toxicomanie?
Col Jean-Robert Bernier: Et de la toxicomanie.
Dans les années 1990, la situation n'était guère reluisante. Depuis, nous l'avons considérablement améliorée. Aujourd'hui notre budget pour la santé mentale s'élève à près de 40 millions de dollars, chaque année — plus exactement 38 millions et des poussières —, et nous avons investi, depuis 2006, plus de 100 millions de dollars dans nos services de santé.
Nous faisons beaucoup de dépistage et d'éducation, et nous encourageons le soutien des pairs. Nous faisons le dépistage des maladies mentales dès l'enrôlement, des examens médicaux réguliers avant et après le déploiement, des examens médicaux approfondis trois et six mois après le déploiement, la décompression dans un lieu tiers, avec accès à des professionnels en santé mentale et à des ateliers d'information, des contrôles médicaux exhaustifs après le déploiement et avant la libération, et la poursuite incessante de recherches sur le sujet, à un niveau général, pour essayer de mieux cerner le problème.
Pour ce qui est des ateliers d'information, nous avons mis en place le programme de promotion de la santé des Forces canadiennes, Énergiser les forces, qui couvre pratiquement tous les symptômes et les causes de la maladie mentale. Nous avons notamment des programmes sur la sensibilisation à la toxicomanie, pour aider les gens à reconnaître non seulement leurs propres symptômes mais aussi les difficultés que peuvent avoir leurs superviseurs et leurs collègues. Nous avons également des programmes de traitement en établissement, ainsi que des programmes civils où nous pouvons envoyer nos militaires.
Nous avons également le programme En route vers la préparation mentale, qui s'inspire d'un modèle international. C'est un programme très complet, qui permet d'offrir des séances d'information ainsi qu'une formation en résilience, et qui entraîne les soldats à repérer les symptômes de troubles mentaux sur leur propre personne, chez leurs collègues et chez leurs superviseurs. Cette formation commence pendant l'instruction de base et se poursuit pendant toute la carrière, avant, pendant et après une mission opérationnelle.
Enfin, nous avons mis en place un réseau de soutien des pairs très solide, composé de personnes qui ont souffert de troubles mentaux dans le passé et qui sont prêtes à aider ceux qui hésitent à parler de leurs propres problèmes ou qui ne veulent pas en reconnaître les symptômes, pour les encourager à se faire soigner, car c'est la meilleure chose que nous puissions faire pour qu'ils s'en sortent et qu'ils ne mettent pas fin à leurs jours.
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Je vous remercie de votre question.
Le ministère des Anciens combattants a adopté une stratégie de communication tout à fait adaptée aux études qui ont été faites sur le sujet et qui indiquent qu’un certain nombre d’anciens combattants n’ont pas accès aux services du ministère
Par cette stratégie de communication, le ministère essaie de sensibiliser les gens et de les encourager à prendre contact avec ceux de ses services qui sont susceptibles de les aider; ensuite, le ministère s'emploie à déterminer leur admissibilité et, le cas échéant, à leur offrir ces services.
Nous poursuivons cette stratégie de communication, qui s'est traduite par une légère augmentation du nombre d'anciens combattants qui s'adressent à nos services.
L'autre aspect du problème, que nous surveillons de très près avec nos collègues de la Défense nationale, concerne les soldats qui vont être libérés. Le colonel Blais a dit qu'on pouvait les maintenir en poste dans les Forces canadiennes pendant un maximum de trois ans jusqu'à leur libération. Ce délai permet au ministère des Anciens combattants de se montrer proactif et de prendre les mesures nécessaires pour se préparer à servir ceux qui sont libérés par les Forces canadiennes.
Nous estimons être relativement bien préparés pour répondre aux besoins d'un plus grand nombre d'anciens combattants, ne serait-ce que parce que nous dépassons la norme pour l'instant, et pour mettre en place les services nécessaires, par l'intermédiaire de nos gestionnaires de cas, de nos professionnels de la santé et des personnels externes que nous utilisons.
[Traduction]
Les services de gestion de cas sont accessibles aux anciens combattants chaque fois qu'ils en ont besoin et aussi longtemps qu'ils en ont besoin.
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, la relation qui s'instaure entre le gestionnaire de cas et l'ancien combattant vise à fixer des objectifs réalistes, que l'ancien combattant est susceptible d'atteindre compte tenu de sa santé physique et mentale et de sa capacité à occuper un emploi. Une fois que l'ancien combattant a atteint ses objectifs, l'intervention du gestionnaire de cas n’est généralement plus nécessaire. Les objectifs ont été atteints et l’ancien combattant réintègre la vie civile avec succès.
Si, par la suite, l'ancien combattant a des problèmes de santé ou des problèmes d'emploi, il peut reprendre contact avec le ministère des Anciens combattants. Et si on estime, à ce moment-là, que l'intervention d'un gestionnaire de cas serait utile, on rouvre alors le dossier.
Il y a désengagement, c'est le terme que nous employons, lorsque l'ancien combattant a atteint ses objectifs et qu'il ou elle est capable de vivre en parfaite autonomie. Mais comme je l'ai dit, il a la possibilité, si sa situation change, de reprendre contact avec le ministère. Nous l'encourageons même à le faire. Nous informons d'ailleurs les anciens combattants et leurs familles de cette possibilité.
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Nous avons parlé tout à l'heure des grosses difficultés que nous avons, par exemple, pour obtenir des rendez-vous auprès des médecins de la collectivité. Nous multiplions nos efforts dans ce sens ainsi que les possibilités de réseautage avec les professions médicales. Nous avons eu l'occasion de collaborer avec l'Association des psychiatres du Canada et avec l'Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, pour organiser, dans cinq grandes villes du Canada, lors de la conférence annuelle de l’APC, des modules consacrés spécifiquement au traitement du traumatisme lié au stress opérationnel chez les anciens combattants, condition qui, chez eux, peut avoir ses propres particularités.
Il est très important que les professionnels de la santé sachent que nous sommes là pour les aider. Nous avons 200 gestionnaires de soins cliniques dans tout le pays, et il faudrait que tous ces professionnels très occupés dans leurs bureaux privés sachent que le ministère des Anciens combattants a beaucoup à leur offrir... nous aimerions bien pouvoir faire quelque chose pour désengorger le système de soins de santé. C'est un exemple.
Nous collaborons avec l'Association canadienne pour la santé mentale. Elle gère beaucoup de programmes, et ce n'est pas la peine que nous réinventions la roue. Bien sûr, nous devons les adapter aux besoins de nos anciens combattants. Mais c'est une association qui rassemble beaucoup d'expertise, et nous estimons que nous pouvons être plus efficaces et plus déficients en nouant des partenariats avec les différentes associations comme la Société pour les troubles de l'humeur du Canada, l'Association canadienne pour la santé mentale, etc. Cela nous permet vraiment de donner de meilleurs services.
Il en va de même au niveau international. Nous avons participé à des symposiums, avec l’International Society for Traumatic Stress Studies, où nous avons fait venir d'éminents experts du traumatisme lié au stress opérationnel, notamment des centres ACC du Canada, de façon à tirer des leçons des expériences des autres et à être ainsi en mesure d'améliorer les services que nous offrons.
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Merci beaucoup, monsieur le président. Je remercie tous les témoins qui comparaissent aujourd'hui, car ils font un travail formidable.
Je vais commencer par poser des questions, car on me dit toujours que mon temps de parole est écoulé. S'il n'en reste pas suffisamment pour que vous puissiez répondre aujourd'hui, nous ferons comme tout à l'heure, nous vous demanderons d'y répondre par écrit.
Ma première question s'adresse à Mme Pellerin, et la seconde, au colonel Bernier.
Madame Pellerin, au début de votre déclaration liminaire, vous avez décrit le processus de gestion de cas et vous avez énoncé six tâches importantes. Il y en a deux qui m'intéressent plus particulièrement: l'engagement et l'établissement de liens, d'une part, et la surveillance et l'évaluation, d'autre part.
Pour ce qui est de la première, des témoins nous ont dit, au cours des déplacements du comité, qu'il était parfois difficile d'établir un climat de confiance car certains anciens combattants ne voulaient parler à personne d'autre qu'à un militaire, en service ou à la retraite. Dans ce genre de situation, qu'est-ce que l'initiative de transformation vous permet de faire aujourd'hui que vous faisiez différemment auparavant?
Colonel Bernier, au cours de votre témoignage de la semaine dernière, vous avez parlé, entre autres, du projet pilote de suivi et de transfert électroniques des dossiers au ministère des Anciens combattants. Ma question est la suivante: ce suivi va-t-il concerner tous ceux qui sont libérés par les Forces canadiennes, et est-ce que vous allez le faire en collaboration avec AAC, afin de garder le contact avec les anciens combattants?