:
Merci, monsieur le président.
J'aimerais d'abord remercier le comité d'avoir invité Coopératives et mutuelles Canada à comparaître pour témoigner dans le cadre de votre étude sur la situation économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Avant de parler de l'étude, j'aimerais attirer votre attention sur le fait que le mouvement coopératif canadien est à l'aube d'une nouvelle ère. En effet, Coopératives et mutuelles Canada, ou CMC, entreprendra ses activités le 1er avril. Pour la première fois, les entreprises coopératives et mutuelles de tous les secteurs et de toutes les régions du Canada seront représentées par un organisme national bilingue unique.
CMC prendra en charge les activités menées au Canada par ses deux organismes fondateurs, la Canadian Co-operative Association, ou CCA, et le Conseil canadien de la coopération et de la mutualité, ou CCCM. Il s'agit donc de la fusion des activités francophones du CCCM et des activités anglophones de la CCA au sein d'une association nationale unique. Une voix, une tribune commune: voilà la façon de faire du mouvement coopératif.
[Français]
Au cours des 125 dernières années, la formule coopérative a été un outil incontournable de développement économique des francophones et des Acadiens. Elle leur a permis de vivre et de travailler dans leur langue maternelle, tout en instaurant des mesures de respect de la diversité des cultures et des façons de faire qui raffermissent l'usage de leur langue dans tous les secteurs d'activité.
Elle a également permis de conserver et d'appuyer le dynamisme des communautés acadienne et francophones hors Québec. Elle leur a permis de s'organiser dans le quotidien et de vivre sur la terre qu'elles ont choisie. Cette dynamique est la pierre angulaire de la survie et du développement durable des communautés francophones et acadienne du Canada.
[Traduction]
Quel est le rôle de la formule coopérative à l'égard de la situation économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire?
Les gens des communautés de langue officielle en situation minoritaire ont souvent de la difficulté à avoir accès aux outils et aux ressources qui ne sont pas offerts dans leur région; ils sont donc parfois obligés de parcourir de grandes distances pour recevoir des services dans la langue de leur choix. De telles situations mettent en lumière les avantages de la promotion de la formule coopérative pour améliorer la situation économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Les coopératives réunissent les gens autour d'objectifs communs, particulièrement dans les cas où les services qui répondent à leurs besoins collectifs ne sont pas offerts. La langue est l'un des facteurs qui peuvent inciter les gens à se regrouper, même en situation minoritaire, pour obtenir les services auxquels ils n'ont peut-être pas accès.
[Français]
Le modèle coopératif a été utilisé par de nombreuses communautés en situation minoritaire pour faire vivre leur culture, par exemple au moyen des radios coopératives en Atlantique, d'une coopérative de théâtre à Calgary, d'une coopérative d'artisanat acadien à Chéticamp ou encore d'une coopérative de publication francophone à Regina.
Toutefois, les coopératives ne sont pas présentes uniquement en culture. Elles sont l'épine dorsale économique de bien des communautés. Que seraient ces communautés sans les nombreuses caisses populaires, coopératives de pêcheurs, coopératives agricoles et coopératives forestières? Imaginez Embrun sans la coop d'Embrun, Caraquet sans la Coopérative de Caraquet ou encore Saint-Boniface sans la caisse. Même les assemblées générales annuelles de ces organisations deviennent littéralement des rencontres de la communauté. Les coopératives sont aussi un milieu de vie francophone, par l'entremise des coopératives d'habitation, et il est possible d'éduquer nos enfants dans leur langue maternelle dans des garderies coopératives comme à Chelsea, non loin d'ici.
Finalement, les coopératives sont l'avenir de la vie économique en français dans plusieurs communautés. En effet, le problème de la relève au sein des entreprises est une porte ouverte à la perte d'actifs économiques pour les communautés en situation linguistique minoritaire. Si les dirigeants d'une entreprise la cèdent à quelqu'un de l'extérieur de la communauté ou, pire, la ferment, les dangers que les services ne s'offrent plus dans la langue de la communauté sont beaucoup plus importants que si la communauté reprend l'entreprise par elle-même sous forme de coopérative. En formule coopérative, ce sera un actif qu'elle conservera pour toujours et qui lui rapportera.
[Traduction]
Les coopératives ont joué un rôle déterminant en offrant un haut niveau d'innovation et de services dans les régions considérées comme importantes par le gouvernement. Cette innovation aide à améliorer la productivité d'une façon qui permet de satisfaire aux besoins précis des communautés, y compris les communautés de langue officielle en situation minoritaire. Ces coopératives sont liées aux secteurs suivants: la production alimentaire, les soins de santé, les services de garde, les logements pour les personnes âgées, le transport, les magasins d'alimentation, les services funéraires et la production d'énergie. Les secteurs coopératifs qui connaissent la plus forte croissance sont ceux des nouveaux produits agricoles et de la distribution de produits alimentaires canadiens. Le modèle de propriété coopérative est souple et facile à adapter de façon à répondre aux nombreuses préoccupations des collectivités.
[Français]
L'histoire nous démontre qu'au Canada, les communautés linguistiques en situation minoritaire utilisent depuis toujours la formule coopérative pour se doter d'outils de développement économique et social et pour s'offrir des services de proximité au coeur des défis que représentent le maintien et la consolidation de leur collectivité.
La présence des coopératives dans ces communautés, et ce, dans tous les secteurs d'activité, en témoigne de façon éloquente. Le réflexe coopératif est profondément ancré dans les moeurs des citoyens de ces communautés par besoin de se consolider, de se réunir et de se développer par eux-mêmes. Les coopératives ont forgé l'histoire de notre pays et ont participé à son caractère identitaire.
C'est pourquoi nous croyons que le mouvement coopératif est un partenaire d'importance en appui au gouvernement fédéral dans son mandat consistant à promouvoir le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire. La nature même d'un projet coopératif est implicitement liée à la concertation et à la mobilisation locale. Nous croyons que ce travail de terrain exige un appui concret du gouvernement fédéral.
Comment le mouvement coopératif peut-il soutenir le développement des communautés en situation linguistique minoritaire?
[Traduction]
Le mouvement coopératif est un outil puissant qui permet de créer des occasions pour les groupes minoritaires comme les communautés de langue officielle en situation minoritaire partout au pays. Les coopératives constituent un réseau de membres bien établi qui peut faciliter le rayonnement et le développement.
Deux cents professionnels travaillent au quotidien avec les nouvelles coopératives et les coopératives émergentes de partout au pays. Le Canada compte 9 000 coopératives et mutuelles ayant des actifs de 370 milliards de dollars et des revenus annuels de plus de 50 milliards. Il existe des coopératives dans tous les secteurs économiques, y compris les soins de santé, les services sociaux, l'énergie renouvelable, les finances, les soins à domicile et le secteur du détail, pour n'en nommer que quelques-uns. Les coopératives mutuelles versent chaque année plus de 1,2 milliard de dollars en ristournes et en dons.
[Français]
Il s'agit de grandes entreprises avec de petites entreprises; d'entreprises de tous les secteurs et souvent en concurrence les unes avec les autres sur le marché; d'anglophones avec des francophones et des gens de toutes les cultures; de gens de communautés minoritaires et de communautés majoritaires: tous sont réunis par la coopération.
Nous croyons que l'avenir de la société canadienne va de pair avec cette capacité d'utiliser le potentiel de chacun pour répondre aux besoins communs de nos communautés. C'est pourquoi de grandes coopératives telles que Co-operators, Agropur ou UFA sont solidaires et soutiennent désormais les petites organisations coopératives qui oeuvrent auprès de communautés linguistiques en situation minoritaire.
CMC est heureux de soutenir les efforts du Comité permanent des langues officielles, qui participe maintenant à cette étude. Nous espérons grandement que, par votre apport, le mouvement coopératif sera enfin considéré comme un acteur économique incontournable dans le maintien et le développement des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Merci.
:
Monsieur le président et membres du comité, je tiens d'abord à vous remercier d'avoir invité la FCFA à s'adresser à vous aujourd'hui.
En tant que chef de file des réseaux de concertation des communautés francophones et acadienne chargé de voir au développement global de celles-ci, la FCFA s'intéresse de près aux enjeux de nature économique.
Comme vous le savez peut-être, la fédération coordonne le Forum des leaders, un regroupement de 43 organismes et institutions francophones qui travaillent ensemble à la mise en oeuvre d'un plan stratégique communautaire national. D'ailleurs, nos amis de CMC en sont membres.
Ce plan comporte cinq chantiers, dont l'un est consacré au développement socioéconomique des communautés francophones et acadienne. Les communautés s'y donnent pour objectifs de palier le vieillissement de la population et l'exode rural, de même que de stimuler l'emploi et la croissance économique. Elles veulent le faire en misant sur le dynamisme de leurs réseaux et leur entrepreneuriat privé et collectif. Elles veulent aussi mettre en oeuvre des stratégies novatrices de développement local sur le renforcement du capital humain, l'acquisition des compétences nécessaires à la réussite de tous, ainsi que la reconnaissance des titres de compétence étrangers.
C'est avec ces objectifs en tête que la fédération a interpellé, en 2010, le gouvernement du Canada et la Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne à propos de l'importance du développement économique communautaire comme facteur de la pérennité de nos communautés. La conférence et les gouvernements qui en font partie ont appuyé financièrement la tenue du Forum pancanadien sur le développement économique en francophonie canadienne à l'automne 2012.
Le plan d'action intégré issu de ce forum tient surtout compte de la vision du développement économique qu'ont les gouvernements, le secteur privé et le milieu associatif des communautés. Ce plan comporte six axes principaux, soit le marché et la commercialisation, l'entrepreneuriat, l'intégration économique, les partenariats durables, le financement et l'investissement ainsi que les politiques publiques et la réglementation.
Ce dernier élément me mène à formuler le principe de base suivant: nos communautés doivent absolument être parties prenantes de leur propre développement économique.
Souvent, on sent chez certains intervenants en développement économique une tendance à voir les communautés non pas comme des partenaires, mais plutôt comme des objets passifs d'initiatives de développement. Or, les meilleures solutions aux défis d'ordre social et économique se trouvent le plus souvent dans les collectivités rurales et locales elles-mêmes, comme le gouvernement l'a d'ailleurs reconnu, notamment dans son discours du Trône de 2011.
Comme deuxième principe, nous disons qu'il existe une grande variété d'intervenants communautaires qui font du développement économique. Très souvent, on fait une adéquation entre le développement économique et l'entrepreneuriat. Sans minimiser la contribution des gens d'affaires à la création de la richesse de nos communautés, il faut aussi souligner le rôle très important du mouvement coopératif dans plusieurs secteurs de développement. En 2006, les coopératives francophones à l'extérieur du Québec représentaient un chiffre d'affaires de plus de 7 milliards de dollars.
Par ailleurs, qui dit développement économique dit également employabilité. On ne peut donc véritablement envisager une stratégie globale de développement économique sans y associer les collèges et les universités, les réseaux en alphabétisation et en acquisition des compétences essentielles et tous les autres intervenants qui contribuent à renforcer le capital humain dans nos communautés. Il ne faut pas perdre de vue, en effet, l'importance d'appuyer l'employabilité des immigrants ainsi que de ceux et celles dans nos communautés qui sont sans emploi ou sous-employés.
Enfin, n'oublions pas le tourisme et la culture.
En bref, pour nous, le développement économique communautaire s'articule autour de quatre dimensions. D'abord, il y a l'aspect entrepreneurial, soit le déploiement d'un ensemble d'activités de production et de vente de biens et de services. Ensuite, il y a la mise en valeur des ressources locales sur un territoire donné dans le cadre d'une démarche de partenariat dans laquelle s'engagent tant les secteurs communautaire et privé que les institutions publiques. La troisième dimension est la revitalisation économique et sociale d'un territoire dans le domaine de l'emploi, du logement, de la formation, de la santé et des services sociaux et la prise en charge par la population locale de son devenir économique et social. Enfin, la dernière dimension est la communauté comme point de départ et point d'arrivée.
Dans la réalité, les choses se passent-elles de cette façon?
J'aimerais prendre les quelques minutes qu'il me reste pour vous brosser un portrait des défis tels que la FCFA les perçoit.
Comme je l'ai indiqué précédemment, il y a une grande variété d'intervenants en matière de développement économique. Outre les acteurs communautaires et le secteur privé, il y a les différents paliers de gouvernement et les relations interministérielles. Or les lignes de communication et de concertation entre ces intervenants sont peu nombreuses et les joueurs ne sont pas tous à la même table. Il se fait beaucoup de travail en vase clos et souvent sans planification arrimée aux besoins de la communauté.
Par exemple, la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018 indique que le Fonds d'habilitation pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire reposera sur un dialogue continu avec les communautés. Or à l'échelle régionale, ce dialogue n'est pas systématique et varie grandement d'un endroit à l'autre. À l'échelle nationale, les joueurs clés en employabilité que sont les collèges francophones, les réseaux d'alphabétisation et d'acquisition des compétences essentielles et les organismes porte-parole de nos communautés ne participent pas au dialogue.
Des ministères fédéraux actifs dans le développement économique comme Industrie Canada et Emploi et Développement social Canada organisent régulièrement des rencontres pour dialoguer avec les intervenants de nos communautés. Ces rencontres permettent de recueillir une foule d'informations provenant du terrain. Or on ne fait pas grand-chose de ces informations, alors qu'on pourrait s'en servir pour mieux concevoir et planifier les programmes et les politiques. À notre connaissance, ces informations ne sont pas utilisées ou le sont peu.
Les membres de ce comité qui connaissent bien la FCFA savent à quel point notre organisme privilégie une approche basée sur la concertation et la collaboration. Notre propos aujourd'hui montre clairement à quelle enseigne nous logeons. Nous tenons à cette approche parce qu'elle donne des résultats. Nos communautés ont le mieux réussi à mettre sur pied des services et des infrastructures en français lorsqu'elles se sont organisées et concertées, et qu'elles ont coordonné leurs activités autour de priorités et d'enjeux précis.
L'argent investi par le gouvernement fédéral dans le développement économique de nos communautés provient des contribuables. Uniquement dans le cadre de la feuille de route, il s'agit d'une somme de près de 100 millions de dollars sur cinq ans. Pouvons-nous vraiment nous permettre de continuer à fonctionner de façon isolée, sans nous concerter et sans faire participer la communauté à son propre développement de manière à produire des résultats tangibles et durables?
En ce qui concerne la feuille de route, nous arrivons au terme d'une première année blanche. L'exercice financier 2014-2015 qui débutera dans quelques jours verra se concrétiser les investissements dans le développement économique. Il est donc encore temps de corriger le tir en réorientant ces investissements dans une perspective de développement endogène, c'est-à-dire un développement par et pour la communauté, et en instaurant de nouvelles façons de faire qui reposent sur la collaboration et la concertation.
Je vais terminer en vous livrant ces quelques recommandations concrètes en matière de développement économique de nos communautés.
Tout d'abord, de façon générale, il faut que les ministères fédéraux misent davantage sur le développement économique endogène et travaillent avec leurs partenaires provinciaux, territoriaux, municipaux, privés et communautaires selon une approche globale et intégrée. Ces partenaires doivent travaillent ensemble pour planifier des programmes par région et par collectivité en tenant compte de tous les intervenants qui doivent y être associés.
Ensuite, nous recommandons que les programmes d'appui gérés par les ministères fédéraux et les agences de développement économique régional soient flexibles, afin de tenir compte des réalités et des défis particuliers des communautés francophones et acadienne.
Enfin, il faut que les institutions fédérales, lorsqu'elles commandent des études ou des enquêtes en matière de développement économique ou d'employabilité, incluent des questions linguistiques qui permettent d'avoir un portrait juste de la situation et des enjeux propres aux communautés de langue officielle en situation minoritaire.
Ce sera pour moi un plaisir de répondre à vos questions plus tard.
:
Bonjour. Je vais commencer par vous parler un peu plus de nous et de nos activités, ce qui fournira un cadre pour notre analyse et nos recommandations.
Youth Employment Services est un organisme de bienfaisance à but non lucratif qui a pour mission d’enrichir la communauté en offrant des services de langue anglaise pour aider les gens à trouver un emploi et à démarrer de petites entreprises. YES a été fondé en 1995 par un groupe de gens d’affaires, d’éducateurs et de leaders communautaires préoccupés par l’exode des jeunes et conscients que la clé de la rétention des jeunes est l’emploi.
La rétention et le renouvellement sont toujours au coeur de notre mission. Chaque programme ou activité que nous entreprenons vise à appuyer, retenir et attirer les gens au Québec. Au sens large, nous le faisons par le développement communautaire, l’établissement de partenariats, l’obtention et le maintien de groupes de bénévoles et la création de réseaux. Concrètement, nous le faisons en fournissant des services de soutien.
Nos services répondent aux besoins actuels de nos clients et de notre communauté. Nous aidons les gens à démarrer des entreprises et à les faire croître, à trouver un emploi. Nous aidons les artistes qui ont besoin de compétences en affaires pour atteindre la réussite économique grâce à leur art. Nous modifions et adaptons nos programmes pour assurer la pertinence de nos services.
Nous offrons plus de 1 200 ateliers, soit à nos bureaux du centre-ville, soit en ligne. Nous tenons des événements et des conférences. Nous offrons de l’encadrement, du counseling — plus de 5 000 séances l’an dernier —, du mentorat et des stages. Nous avons plus de 400 bénévoles, de même que de nombreux partenaires et bailleurs de fonds.
Nous sommes fiers de notre capacité d’établir des partenariats solides avec le milieu des affaires, dont les sociétés Broccolini, Aldo, BeaverTails et Bombardier; le milieu artistique, avec David Usher, Lorraine Klaasen et Jennifer Gasoi; le milieu universitaire, soit les universités et les collèges; le milieu communautaire avec les membres du QCGN; les organismes communautaires francophones et les médias.
Nous faisons régulièrement de la publicité sur le réseau Global. Nous sommes présents sur CTV, CBC et dans le quotidien The Gazette, entre autres.
L’objectif est d’établir des liens entre les réseaux et nos clients. Nous avons divers bailleurs de fonds: les gouvernements fédéral et provinciaux, des fondations et des sociétés. Nous organisons nos propres campagnes et activités de financement.
En 1993, nous avons aidé plus de 120 clients. Aujourd’hui, nous aidons plus de 4 600 personnes à nos bureaux du centre-ville, ce qui représente environ 15 000 visites par année. De plus, la technologie nous permet maintenant d’offrir des services aux gens de l’extérieur de Montréal qui ont besoin de services de langue anglaise. Nous collaborons étroitement avec nos partenaires régionaux, dont Voice of English-speaking Québec, l'ACAE et d’autres, pour veiller à ce que des services en anglais sont offerts dans les diverses régions du Québec.
Nous avons aussi des programmes qui permettent à nos formateurs d’offrir des services dans les bureaux de nos partenaires régionaux. Chaque année, YES organise quatre importants colloques, parmi lesquels on compte le plus important colloque d’entreprises anglophones et le seul colloque d’artistes.
En 2008, YES a présenté un rapport sur les obstacles à l’emploi et au travail autonome pour nouveaux arrivants et les gens des minorités visibles dans les CLOSM, intitulé Self-Employment and Employment in Quebec’s English-speaking Cultural Communities and Visible Minorities: Prospects and Problems.
Entre 2011 et 2012, YES a fait appel à ses partenaires des CLOSM pour étudier les enjeux liés au développement économique des CLOSM. L’étude et les discussions connexes se sont déroulées sur deux ans et ont mené à la préparation d’un rapport intitulé Regional Development of English Language Entrepreneurial Services, dont nous vous avons fourni un exemplaire aujourd’hui. Cela découle d’un rapport préparé par le QCGN en 2008.
En 2013, nous avons constaté une augmentation des problèmes de santé mentale au sein de notre clientèle et nous avons réalisé une étude avec l’appui du RCSSS pour obtenir des données sur ce problème, étude dont le rapport s’intitule Building Youth Resiliency and Community Vitality within Montreal’s English Language Population.
La même année, avec l’appui du ministère de la Condition féminine, YES fait une analyse comparative entre les sexes afin de mieux comprendre les besoins des femmes dans le domaine de la technologie au Québec. Cela a mené à l’établissement de nouveaux partenariats intéressants avec des entreprises du secteur des technologies, notamment Google et Ubisoft. Cette semaine, nous organisons le jumelage de 20 femmes avec autant d'entreprises de haute technologie à l’occasion d’une séance d’entrevues éclair qui se tiendra dans les bureaux de Google.
Dans la foulée de ces rapports, YES a créé divers programmes fondés sur une approche globale. Certains de ces programmes sont décrits dans les documents que nous avons distribués. La recherche, un outil précieux, permet à notre communauté de quantifier les problèmes.
YES dirige également la table ronde sur les services d'emploi, la seule coalition d'organismes d'emploi communautaires offrant des services d'emploi en anglais. La coalition a été créée en 1998, lorsque le gouvernement fédéral a transféré les fonds et les responsabilités au gouvernement provincial, pour assurer la continuité et la vitalité des services d'emploi de langue anglaise. La coalition tient régulièrement des réunions.
Je cède maintenant la parole à Mme Iris Unger.
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Quelle est la situation actuelle?
De toute évidence, la situation politique actuelle a une incidence sur ce que nous observons et entendons, mais je voudrais aborder la question d'un angle plus global.
Tant au Canada qu'au Québec, on évalue le chômage et le sous-emploi chez les jeunes à environ 13 %, mais je crois que ce chiffre n'est pas très précis, car il ne comprend pas les gens qui sont sous-employés ou qui ont quitté le marché du travail. Je dirais que ce chiffre devrait être beaucoup plus élevé. Les membres des CLOSM sont confrontés à des problèmes encore plus importants du fait qu'ils sont membres d'une communauté minoritaire. Beaucoup de nos clients ont des diplômes universitaires, mais vivent néanmoins sous le seuil de la pauvreté. Le rapport de Services économiques TD sur le chômage des jeunes indique que les répercussions financières pour les 18 prochaines années, en salaires perdus, seront de 23,1 milliards de dollars. La question est maintenant de savoir quelle incidence cela aura sur notre communauté.
Le chômage et le sous-emploi entraînent chez de nombreux jeunes des problèmes de santé mentale. Beaucoup d’entre eux se sentent isolés et n'ont pas un réseau sur lequel s’appuyer, comme en témoignent les études que nous venons d'entreprendre. Je tiens également à préciser que notre organisme a grandi et la plupart de nos clients ont entre 22 et 40 ans, mais des personnes plus âgées viennent aussi nous voir pour obtenir des services d’aide aux entreprises. Pour ce qui est de notre clientèle d’artistes, nous voyons des gens de tous âges.
Beaucoup de jeunes anglophones viennent au Québec, pour diverses raisons, et ils ont un important rôle à jouer dans le renouvellement de nos communautés. Beaucoup sont attirés par l'économie créative et, souvent, ils ont été recrutés par ce que l’on appelle les entreprises créatives. Souvent, ils sont accompagnés de leur famille, et ils viennent au Québec dans l'espoir de prendre leur place dans cette économie créative.
Nous avons travaillé avec des conjoints, des gens qui viennent dans l'espoir de trouver un emploi; beaucoup d'entre eux sont sous-employés, occupent des emplois de courte durée ou sous-payés. De plus, beaucoup de jeunes fréquentent les universités anglophones du Québec et veulent rester au Québec. Ils viennent aussi à nos bureaux. De nouvelles politiques gouvernementales ont quelque peu facilité la tâche de ceux qui veulent demeurer au Québec. Encore une fois, il faut aider ces gens, car ils représentent le renouvellement de la communauté anglophone.
Les nouveaux arrivants ont beaucoup de difficulté à obtenir de l’aide en anglais. Par conséquent, soit ils s'intègrent à la majorité, soit ils quittent le Québec, qui devient alors leur point d'entrée au Canada. Dans les CLOSM, beaucoup de gens s'intéressent à l'entrepreneuriat, pour diverses raisons, dont l’une est la difficulté de trouver un emploi. Ils veulent donc créer leur propre entreprise. L'an dernier, nous avons contribué au lancement ou au maintien de plus de 700 entreprises.
Les membres de minorités visibles forment un grand pourcentage de la CLOSM. Ces gens sont confrontés à une série de problèmes importants et systémiques. Ils sont une minorité au sein d’une minorité.
Les jeunes de la CLOSM hésitent à se diriger vers des métiers ou des emplois dans la fonction publique. Ce phénomène découle de plusieurs facteurs: le manque de formation pour de nombreux métiers, l’influence prépondérante des syndicats au Québec, les tracasseries administratives et le fait que les formulaires sont offerts en français seulement. Souvent, lorsqu’ils trouvent un emploi, ils ressentent un sentiment d’exclusion. Il y a aussi une perception liée à la compétence linguistique et à la complexité du français par rapport aux postes dans la fonction publique provinciale.
L'accès aux services en langue anglaise pose aussi problème. Au Québec, le financement est surtout versé à des organismes gouvernementaux ou paragouvernementaux qui ne répondent pas nécessairement aux besoins ou qui ne sont pas perçus comme des organismes qui répondent aux besoins de la communauté.
Toutes nos études ont révélé que de nombreuses personnes, en particulier les nouveaux arrivants de la CLOSM, ne peuvent compter sur l’appui d’un réseau. Il y a un déséquilibre des compétences entre la formation offerte dans les universités et les besoins des employeurs. C'est un problème universel qui, encore une fois, touche directement notre communauté.
Les stages sont un outil essentiel pour aider les CLOSM à retenir les jeunes adultes qui souhaitent faire carrière au Québec. De toute évidence, leur succès est fortement lié à la participation du secteur communautaire. La Stratégie emploi jeunesse nous a permis de faire des stages une grande réussite.
Je cède la parole à John pour la conclusion et les recommandations.
:
Grâce à leur action par rapport à la rétention et au renouvellement de la population, à Montréal ou en région, les organismes communautaires ont joué un rôle crucial dans la vitalité des CLOSM. Ils offrent des services, un réseau, un point d'entrée dans une communauté et un lieu qui crée chez les gens un sentiment d’appartenance à cette communauté. Pour faire leur travail, les groupes ont besoin d’un appui financier et de stabilité. Le financement des projets n'est pas durable.
Les organismes communautaires ont un travail important à faire, mais ils consacrent énormément de temps à essayer d'obtenir du financement plutôt que de se concentrer sur leur mission. Pour le gouvernement, c’est un investissement important, mais les entreprises doivent aussi participer aux discussions. Le gouvernement pourrait trouver des façons d’encourager les entreprises à le faire. Bon nombre des enjeux liés au renouvellement et à la rétention — l'emploi et l'immigration, pour n’en nommer que deux — sont de compétence provinciale, ce qui rend encore plus difficile la recherche de solutions à ces problèmes déjà complexes. Le gouvernement fédéral pourrait avoir un rôle à cet égard en aidant la communauté à établir ces liens.
Les organismes communautaires, les gouvernements et les entreprises doivent tous collaborer pour veiller à ce que les organismes communautaires aient les ressources nécessaires pour trouver des solutions aux enjeux essentiels à la vitalité et l'avenir des CLOSM. Ce sont des enjeux d’ordre intergouvernemental, interdisciplinaire, interministériel et intersectoriel. Il faut des solutions novatrices et à volets multiples. On ne peut traiter les problèmes à la pièce ou en fonction des ordres de gouvernement.
Comme les problèmes sont plus complexes, évoluent rapidement et ne correspondent pas à des modèles établis et connus, les jeunes et beaucoup de dirigeants d'entreprises diraient maintenant que cette situation ne peut être réglée que par une intervention souple. Nous devons tous faire preuve d’ouverture d’esprit par rapport à la question du renouvellement et du maintien des CLOSM au Québec, parce que cela aura en fin de compte une incidence importante sur notre jeunesse, notre économie, notre province et notre pays.
Merci.
:
Tout à fait. Il existe des tables nationales dans différents ministères et dans plusieurs de nos organismes. Je ne veux pas mentionner uniquement les ministères, car il y a également des tables nationales et locales. On a l'impression que ce ne sont pas tous les joueurs qui y participent. Il y a plein d'intervenants économiques, dont les coopératives, bien sûr. Il y a le Réseau de développement économique et d'employabilité des provinces, de même que le RDEE Canada à l'échelle nationale. Il y a les collèges et universités, ainsi que les communautés.
Pour des parents, il serait facile de dire à leur enfant qu'ils vont planifier le reste de ses jours sans le faire participer à cette planification, en se contentant de lui dire ce qu'il a à faire. Or ce n'est pas ainsi que ça fonctionne.
On devrait prendre le temps de se parler. Les communautés ont chacune un plan de développement global. On s'est donné collectivement un plan stratégique communautaire à l'échelle nationale. La Conférence ministérielle sur la francophonie canadienne vient de tenir un forum de développement économique où l'on a établi un plan intégré. On est en train de faire un autre plan stratégique. Combien de plans stratégiques va-t-on faire? Peut-on, tous ensemble, discuter de la façon dont on va s'y prendre?
Souvent, les ministères nous disent ne pas avoir réfléchi aux objectifs visés. C'est une discussion qu'on a tenue ici même, quand on a fait des consultations au sujet de la dernière feuille de route. On veut obtenir des résultats mesurables et concrets. Avant de mettre sur pied un programme, peut-on s'asseoir avec les communautés pour connaître leurs besoins?
Si l'on veut seulement faire du développement économique pur et dur, alors ce ne sera plus du développement économique pour les communautés francophones en situation minoritaire. Je suis une entrepreneure. Je pourrais aussi bien me joindre à la majorité et laisser tomber, mais je me fais une fierté d'exploiter mes deux entreprises en français et en anglais dans un contexte minoritaire.
Quand on pense à mettre sur pied un programme, peut-on s'assurer que tous les intervenants du développement économiques participent à la table nationale ou locale? Je parle des coopératives, s'il y en a, ainsi que des collèges et universités, mais la communauté doit aussi y participer. Si on met sur pied des programmes de développement économique pour les communautés sans les faire participer au processus, on créera un sérieux problème.
:
En effet, auparavant il y avait deux réseaux coopératifs au Canada, soit un francophone et un anglophone, dont l'existence s'expliquait depuis à peu près toujours par des raisons historiques. En gros, les francophones représentaient environ 45 % des coopératives, 60 % des actifs, 60 % des emplois et 50 % du chiffre d'affaires. C'était donc vraiment divisé en deux.
On s'est demandé pourquoi on ne se regrouperait pas, pourquoi on ne se donnerait pas une voix plus forte pour faire connaître le modèle coopératif autant ici, à la Chambre, qu'auprès du public. On s'est dit que cela permettrait aussi d'échanger sur les meilleures pratiques d'affaires. Certains modèles existent dans le milieu francophone des coopératives, mais pas dans le milieu anglophone, et vice-versa. On a donc décidé de coopérer et de voir comment on pourrait se soutenir davantage. Il est très important de souligner que des coopératives anglophones aident maintenant des francophones hors Québec et vice-versa. C'est l'esprit coopératif, pour le bien de la société canadienne.
Il est question d'un chiffre d'affaires de 50 milliards de dollars et de 370 milliards de dollars d'actifs, qui appartiennent aux Canadiens. Il est important de souligner que ce ne sont pas des intérêts privés, mais des intérêts de M. et Mme Tout-le-Monde. Nous tous autour de la table, par exemple, détenons ces coopératives.
Notre taux de croissance, autant sur le plan des actifs que sur celui de l'emploi, a été plus élevé que celui des entreprises privées au cours des dernières années. Notre taux de survie est le double de celui des entreprises privées. Cela veut dire que de cinq à dix ans après la mise sur pied d'une entreprise, celle-ci a deux fois plus de chances de continuer si elle a été constituée en coopérative. C'est un moteur réel.
Il est aussi important de savoir que pendant la reprise, il a été démontré, au Canada et ailleurs dans le monde, que les institutions financières coopératives étaient plus solides que les entreprises et les institutions financières privées. Cela s'explique par le fait que l'objectif d'une coopérative est que l'entreprise existe de façon durable, à long terme. Le profit n'est pas la chose la plus importante; la priorité est plutôt de garder les emplois et les services dans la communauté.
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Merci, monsieur le président.
Je remercie tous les témoins qui comparaissent aujourd'hui. C'est très apprécié. Vous êtes, il me semble, un groupe très diversifié.
Vous savez probablement que notre gouvernement cible avant tout la création d'emplois, même pour les jeunes, ainsi que la croissance économique et la prospérité à long terme. C'est très important pour notre génération, mais également pour toutes les générations à venir.
Ce matin, j'ai participé à une réunion à laquelle assistaient des comptables agréés professionnels du Canada. Il s'agissait d'un lancement de livres. Il faut dire que les comptables agréés — je suis moi-même comptable — sont aussi centrés sur la littératie en matière financière. J'ai ici une citation qui provient de la présentation de ce matin. Malheureusement, elle n'est qu'en anglais.
[Traduction]
Le rapport désigne l’éducation financière à titre d’élément essentiel de la prospérité du Canada, et souligne que: « En améliorant leurs connaissances, leurs compétences et la confiance en eux pour prendre des décisions financières responsables, les Canadiens pourront atteindre leurs objectifs personnels, accroître leur qualité de vie et faire du Canada un pays plus compétitif. »
[Français]
Ce matin, c'était le lancement de la publication Votre argent et vous: Comment vous protéger contre la fraude et l'usurpation d'identité. On a aussi lancé deux autres livres dont le sujet est, je pense, la littératie financière des jeunes ainsi que celle de la population en général.
L'objectif du gouvernement et des comptables agréés est d'éduquer les gens en matière financière partout au Canada. Je pense qu'il y a un lien étroit entre ce que nous visons et ce que votre fédération recherche.
Madame Bossé, voulez-vous faire des commentaires là-dessus?
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Je vous remercie de poser cette question, qui est si importante. Il y a divers éléments de réponse.
Des enquêtes internationales de l'OCDE, par exemple, vérifient les niveaux de littératie et de numératie, que ce soit en informatique, en mathématiques, en sciences ou dans un autre domaine. Les données de ces enquêtes menées en vertu du PEICA de l'OCDE ont été publiées l'automne dernier. Patrimoine canadien, Statistique Canada et d'autres ministères se sont associés à nos organismes communautaires, dont le Réseau pour le développement de l'alphabétisme et des connaissances, ainsi qu'à la FCFA pour voir comment ces données pourraient nous aider à mieux comprendre les besoins particuliers de nos communautés, afin de développer des programmes de formation d'appoint, de rattrapage et d'équivalence.
Il y a des données linguistiques, mais l'analyse qui s'ensuivra ne comportera pas un échantillonnage suffisant de nos communautés francophones en situation minoritaire pour bien connaître les besoins qui diffèrent selon qu'il s'agit de communautés rurales ou urbaines.
Le même problème s'est manifesté, il y a deux ou trois ans, quand Emploi et Développement social Canada, Industrie Canada, Patrimoine canadien et Statistique Canada se sont regroupés pour mener une étude sur les entreprises francophones en vue de savoir comment se portait le milieu des affaires francophones. Malheureusement, il n'a pas été possible de mettre en commun les bases de données, parce que toutes les enquêtes effectuées ne comportaient pas de données linguistiques. Encore une fois, on n'a pas accès à des informations portant précisément sur les communautés.
Il est important d'inclure des éléments de recherche qui nous permettent de comprendre nos enjeux et nos contextes particuliers. C'est seulement de cette façon que les gouvernements fédéral, provinciaux et territoriaux pourront bien les comprendre aussi. On fait face à un sérieux défi.
J'espère que cela répond à votre question.
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Cette question n'est pas de moi — je tiens à le préciser —, mais je l'aurais posée si j'avais pu.
Merci, Jamie, de votre question et de vos compliments. Nous travaillons tous très fort dans la communauté. Les compliments sont fort appréciés, je vous en remercie.
Comme je l'ai dit, toutes les organisations communautaires passent beaucoup de temps à préparer les propositions de subventions et les rapports connexes. Si vous pouviez nous faciliter la tâche...
Malheureusement, les organisations communautaires doivent respecter les mêmes normes que les entreprises, et on s'attend à ce qu'elles produisent des évaluations. Or, nous n'avons pas les ressources nécessaires pour réaliser de telles évaluations, assurer un suivi et veiller à la reddition de comptes. Nous prenons ces activités très au sérieux — et oui, nous investissons l'argent nécessaire — mais nous n'avons pas de reconnaissance à cet égard.
La plupart des activités de financement visent à payer les gens qui peuvent réaliser ces activités au sein de notre organisation, car nous reconnaissons l'importance des comptables, des évaluateurs ou des rédacteurs de demandes de subvention. Nous avons besoin de ces gens pour fonctionner, et savoir si nous faisons du bon travail et obtenons des résultats. Mais nous ne recevons pas de financement dans ce domaine.
Si les organisations communautaires recevaient plus de fonds pour accroître leur capacité dans ces domaines...
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Nous sommes très contents que le gouvernement fédéral ait donné beaucoup plus de flexibilité aux gouvernements provinciaux et territoriaux par l'entremise de la Subvention canadienne pour l'emploi. C'est très important. Toute cette subvention va s'appliquer à partir du 1
er juillet prochain et le niveau de participation des gouvernements provinciaux et territoriaux ira en croissant.
Ce qui nous inquiète, c'est la façon dont les gouvernements provinciaux et territoriaux vont s'organiser et coordonner, avec les employeurs, le recours aux fournisseurs de formation. Par exemple, en Nouvelle-Écosse, l'Université Sainte-Anne offre présentement de la formation d'appoint aux immigrants ou aux personnes sans emploi. Comment le gouvernement provincial va-t-il continuer de travailler avec les mêmes fournisseurs? Comment nos fournisseurs vont-ils connaître les besoins des employeurs?
Cela revient un peu à ce que disait monsieur, il y a quelques minutes. On a besoin d'une très forte concertation et coordination de tous les niveaux d'intervenants, autant des gouvernements provinciaux que des fournisseurs de services et des employeurs. Sinon, il y aura des conséquences négatives. Tout d'abord, les candidats, les employés ou les travailleurs risquent de ne pas avoir accès à une formation en français. Ensuite, nos collèges risquent de ne pas être sélectionnés par les gouvernements provinciaux et territoriaux pour offrir ces formations.
Pour nous, le fonctionnement de ce système demeure une zone nébuleuse. Comment s'assurer de l'accès aux services en français et du bon arrimage entre les employeurs et les travailleurs dans ce nouveau système?
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Un autre plan stratégique est en train d'être mis sur pied par la communauté anglophone du Québec et les communautés francophones et acadienne, en collaboration avec les organismes de développement économique, soit la CEDEC et le RDEE Canada.
Vous comprendrez que nous sommes très préoccupés par le fait que la situation économique au Québec anglophone n'est pas la même que celle des communautés francophones et acadienne. Je n'irai pas jusqu'à dire que tout est rose au Québec, mais disons que le Québec compte plus d'employeurs anglophones ou d'employeurs à la recherche de gens qui parlent nécessairement anglais que nos communautés ne comptent d'employeurs à la recherche de gens qui parlent nécessairement français.
Un plan stratégique est en train de prendre forme, mais ce que je crains le plus, c'est qu'on se retrouve avec un plan qui va mêler les besoins des anglophones avec ceux des francophones.
Il n'y a pas eu non plus énormément de consultations sur la façon d'aborder le plan stratégique qu'on est en train de préparer en collaboration avec la CEDEC, le RDEE et Air Canada. Ni le QCGN ni la FCFA n'ont vraiment été consultés avant d'être mis devant le fait accompli. Cela nous amène à nous poser beaucoup de questions.
À l'heure actuelle, les questions du sondage sorti des cartons du RDEE Canada et de la CEDEC portent davantage sur l'entrepreneuriat. Donc, par ses questions, le sondage s'adresse davantage aux entrepreneurs qu'aux communautés.
Tout à l'heure, je faisais état du besoin des communautés d'être là, d'être consultées. Si vous voulez parler de mon développement économique, ce serait important que je sois là et que je puisse vous parler de ma réalité, chez moi, c'est-à-dire l'exode rural, le manque d'emplois pour les jeunes, la formation en entrepreneuriat.
Par contre, le questionnaire qui circule, et auquel nous encourageons nos membres à répondre, porte davantage sur mes besoins et mes priorités comme entrepreneure. Je trouve ça bien, parce que c'est la première fois qu'on me le demande, mais il ne faudrait pas oublier les autres organismes de développement économique dont je suis membre. Bien sûr, je trouve important qu'on me questionne à titre d'entrepreneure, mais le développement économique ne se limite pas aux entrepreneurs. Quand on prépare une stratégie, il est important d'inclure des organismes comme le QCGN, YES et CMC, plutôt que de travailler en vase clos.
Plus tôt, je montrais du doigt le gouvernement, mais je suis également prête à montrer du doigt certains de nos organismes francophones et anglophones qui décident de travailler en vase clos. Cela ne sert personne. On ne fait pas bon usage de l'argent des contribuables et on ne répond pas aux besoins des communautés. Essayons de décloisonner.
Mon rôle n'est pas de défendre les intérêts d'un organisme, d'un secrétariat ou d'un bureau, ni de défendre un budget ou des employés. Désolée, Suzanne, mais mon rôle est de défendre les intérêts des communautés francophones et acadienne. Si nous ne travaillons pas tous dans ce sens, mieux vaut fermer les portes et nous en aller chez nous. Je ne suis pas prête à en arriver là, même si notre organisme a du chemin à faire. Le gouvernement se doit d'encourager tout le monde à s'asseoir autour de la même table et de favoriser les occasions de le faire.
Le concept de l'école citoyenne communautaire sous-entend que toute la communauté est là. En matière d'immigration, je dis toujours que ça prend toute une communauté pour accueillir un immigrant. C'est la même chose pour le développement économique, la culture et d'autres domaines. Il faut que toute la communauté participe et qu'elle soit partie prenante.
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En fait, la majorité des organismes travaillent bien.
Vous savez, notre financement n'a pas augmenté depuis des années. Nous avons donc la même tarte pour le même nombre d'organismes, mais parfois il faut la partager avec des organismes émergents. Il s'ensuit que la pointe de tarte de chacun est plus petite, alors qu'il y a toujours plus de travail à faire.
Malheureusement, certains organismes ou groupes d'intérêts se sont mis dans la tête qu'ils devaient s'assurer d'avoir leur budget. Or, le but n'est pas de s'assurer que chacun a son budget, mais plutôt de s'assurer que, au bout du compte, tout le travail des organismes répond aux besoins des citoyens de nos communautés. Ne protégeons pas à tout prix nos budgets ou nos cours.
Comme je le disais tout à l'heure, la feuille de route prévoit un investissement de 100 millions de dollars sur cinq ans dans le développement économique. Par contre, il faudrait absolument s'assurer, avant de distribuer ces 100 millions de dollars, de préciser à quels résultats on s'attend. Il faut préciser qu'on s'attend à ce que tout le monde travaille ensemble pour atteindre les résultats x, y ou z en matière d'employabilité, par exemple, ou lorsqu'il s'agit d'intégrer en emploi des jeunes, des aînés et des femmes, de contrer l'exode rural, de créer des entreprises ou d'encourager l'entrepreneuriat.
À l'heure actuelle, on n'a rien de tout ça. Au bout du compte, c'est votre argent, c'est l'argent de nous tous qu'on nous donne. Cet argent va-t-il servir à formuler 35 000 stratégies sans rien faire de concret? Nos communautés ont réellement besoin de développement économique. Travaillons-y. Toutefois, assurons-nous au préalable que l'argent distribué sera associé à des résultats désirables et souhaitables au bout du compte.
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En fait, il ne s'agit pas seulement de développement économique. Je parle de l'ensemble des dossiers du monde communautaire.
Pour le développement économique, il y a bien sûr CMC, mais aussi les collèges, les universités et les RDEE. Plusieurs organismes travaillent au développement économique. Par exemple, un organisme de femmes au Manitoba s'occupe aussi de l'employabilité des immigrants et travaille auprès des employeurs. Il y en a beaucoup.
Il est important que tout ce monde travaille ensemble, main dans la main, et s'entende sur des stratégies communes. Cependant, avant que tous ces intervenants s'entendent sur une stratégie commune, il faut parler à la communauté pour savoir quels sont ses besoins réels. Cela diffère d'une province à l'autre. Comme je le disais, cela diffère autant chez nos francophones que chez nos amis anglophones. Les besoins, les réalités et les enjeux ne sont pas les mêmes.
Je ne dis pas que l'on doit éliminer des intervenants économiques, pas du tout. Je dis plutôt que nous devons travailler ensemble. Il existe des choses sur le terrain qui fonctionnent très bien. En effet, des coopératives vont très bien, des RDEE dans certaines communautés vont très bien. Il faut seulement que l'on travaille mieux ensemble.
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Comme je l'ai dit plus tôt, je suis moi-même entrepreneure. En ce qui concerne la paperasserie, comme j'avais déjà été gestionnaire avant de décider de lancer mon entreprise, j'avais une assez bonne connaissance du marché et du domaine en question. Je suis tout de même entrée en contact avec l'organisme communautaire de chez nous qui s'occupe de développement économique. J'ai précisé que je voulais faire un plan d'affaires et j'ai demandé ce dont j'avais besoin.
On m'a donné un gabarit de la BDC à remplir. Je suis donc revenue avec cette grosse brique. J'avais besoin de l'aide de quelqu'un. Quoi qu'il en soit, j'ai fait mon plan d'affaires. À ce moment-là, on m'a dit qu'aucun financement n'était disponible pour m'aider à faire mon plan d'affaires et que je devais par conséquent faire appel à un consultant. Pour ce faire, j'ai dû débourser 5 000 $. J'avais déjà tout fait ça. Mon plan était très volumineux.
Mettez-vous à la place d'un jeune qui sort de l'université et qui veut démarrer sa propre entreprise parce qu'il n'y a pas vraiment d'emploi là où il habite. Personne ne va l'aider à établir son plan d'affaires. En plus, ça va lui coûter 5 000 $. D'abord, il faut se demander où il va aller chercher ce montant, et ensuite, il faut prendre en compte qu'il n'a pas nécessairement l'expérience que j'avais et qui m'a permis de réaliser moi-même la majeure partie de mon plan d'affaires.
En matière d'entrepreneuriat, les besoins varient. De plus, si vous êtes francophone, que vous vivez en Saskatchewan et que vous voulez fonctionner en français, c'est plus difficile encore.
Vous parliez de paperasserie. Je crois que l'accès non seulement au financement, mais aussi à l'apprentissage, à la gestion, au soutien et à l'expertise dont les communautés ont besoin est un élément très important qui fait cependant défaut à l'heure actuelle.
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C'est une excellente question.
[Français]
Qu'est-ce qu'un entrepreneur francophone?
[Traduction]
Nous n'avons même pas encore décidé ce que c'est.
[Français]
Qu'est-ce qui fait de moi une entrepreneure francophone?
[Traduction]
Est-ce ma langue maternelle? La première langue officielle que j'ai apprise? S'agit-il de la façon dont je dirige mon entreprise, avec deux langues ou une seule? Est-ce que cela concerne la manière dont je laisse mes employés parler français ou anglais? Qu'est-ce qu'une entreprise francophone?
À mon avis, j'ai une entreprise bilingue francophone. Nous parlons français, et je la dirige donc avec cette langue. Il faut dire que c'est une entreprise de traduction, qui est donc également bilingue.
Cela dit, nous n'avons pas déterminé ce que c'est. Des groupes associés aux services d'emplois vous diront qu'il y a tant d'entreprises anglophones et d'entreprises francophones au Québec. En gros, je ne sais pas sur quoi reposent leurs chiffres, car nous n'avons pas établi ce qu'est...
[Français]
une entreprise francophone.
Qu'est-ce qui définit une entreprise francophone? Est-ce la langue de travail, est-ce la langue du propriétaire? En fait, je pourrais être une propriétaire francophone et faire des affaires en anglais, mais parce que je m'appelle Marie-France et que je suis francophone, on pourrait dire que mon entreprise est francophone.
Premièrement, il serait important de définir cela.
Deuxièmement, on vient dire qu'on a créé 30 000 entreprises dans nos communautés, mais sur quoi ces chiffres sont-ils basés? Est-ce sur la langue maternelle du propriétaire?
Quoi qu'il en soit, il y a bel et bien un espace francophone. Je peux vous confirmer qu'il y a au moins un employeur francophone en situation minoritaire, c'est-à-dire moi-même, mais je sais qu'il y en a plusieurs autres.
Un peu plus tôt, j'ai cité des chiffres sur les coopératives francophones à l'extérieur du Québec. Leur chiffres d'affaires est de plus de 7 milliards de dollars. Il y a donc un espace francophone très important.
Par ailleurs, je dirais que l'espace francophone chez nous, au sein d'une autre entreprise que je possède et qui n'est pas une entreprise de traduction, est également bilingue. Évidemment, si je veux faire des affaires ou aller chercher de l'argent chez moi, en Saskatchewan, il faut que j'aille voir les anglophones. Mon espace francophone est donc aussi bilingue.
L'apport économique de mes entreprises à ma province et au gouvernement fédéral est quand même assez remarquable, même s'il s'agit de petites entreprises.