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Merci, monsieur le président.
Premièrement, je veux saluer mes amis ici présents. Je me sens un peu comme en famille. Je suis ravie d'être à nouveau parmi vous aujourd'hui.
Je tiens d'abord à saluer également le travail que vous faites en comité. Je sais que vous travaillez fort et nous l'apprécions énormément.
Notre gouvernement contribue de multiples façons à l'essor des communautés de langue officielle. Votre étude sur leur situation économique alimentera nos discussions sur les moyens à prendre pour continuer d'appuyer le développement de ces communautés. Je sais que chez moi, au Manitoba, le Conseil de développement économique des municipalités bilingues du Manitoba fait un travail extraordinaire. J'ai donc hâte de voir votre rapport et vos recommandations.
Parlons, premièrement, de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018: éducation, immigration, communautés.
Nous terminerons bientôt la deuxième année de mise en oeuvre de notre Feuille de route. Cet investissement de 1,1 milliard de dollars pour cinq ans porte ses fruits partout au pays dans les domaines ciblés. Les domaines sont l'éducation, l'immigration et l'appui aux communautés.
[Traduction]
Nos actions se font en collaboration avec nos partenaires, y compris en éducation, la priorité numéro un des communautés.
Lorsque je vous ai rencontrés l'an dernier, j'ai confirmé le renouvellement de notre collaboration avec le Conseil des ministres de l'Éducation, Canada. Le protocole d'entente conclu avec le conseil prévoit des investissements fédéraux de près de 1,3 milliard de dollars sur cinq ans. Des ententes bilatérales avec les provinces et les territoires ont depuis été signées en application de ce protocole. Ces ententes permettent d'appuyer le fonctionnement et le développement des réseaux d'enseignement des communautés minoritaires et de l'enseignement de la langue seconde.
[Français]
Concrètement, cela signifie que plus de 240 000 élèves des communautés de langue officielle reçoivent aujourd'hui une éducation dans leur langue. Le parcours scolaire de ces élèves se fait de plus en plus dans leur langue, et ce, de la petite enfance à l'âge adulte.
En janvier, nous avons annoncé un appui de 4 millions de dollars à un centre de formation professionnelle dans le domaine du bâtiment à Saint-Eustache, au Québec. Ce centre sera construit grâce à la collaboration entre deux commissions scolaires, l'une anglophone et l'autre francophone.
[Traduction]
Voilà un partenariat gagnant! Nous travaillons ensemble et nos jeunes, anglophones et francophones, en bénéficient. L'été dernier, notre gouvernement a annoncé un appui de 1,2 million de dollars au
[Français]
Réseau des cégeps et des collèges francophones du Canada.
[Traduction]
C'est un autre exemple de notre soutien à la formation postsecondaire dans nos communautés. Notre gouvernement fournit les outils nécessaires pour former une relève solide. Cette relève contribue à son tour à l'avenir des communautés de langue officielle.
[Français]
Notre dualité linguistique s'enrichit aussi de l'apprentissage de la langue seconde. Au Canada, près de 2,4 millions de jeunes apprennent l'anglais ou le français comme langue seconde.
J'ai moi-même appris le français dans une classe d'immersion, tout comme mes enfants, d'ailleurs. C'est aussi le cas de bon nombre de nos collègues. En fait, je pense que c'est la première fois dans notre histoire que le Parlement compte autant de ministres de l'Ouest qui sont bilingues. Ceux-ci sont de purs produits de l'immersion.
Connaître nos deux langues nationales est un avantage majeur sur le marché de l'emploi. Le fait d'être bilingues nous permet aussi de s'ouvrir à l'autre culture, en plus d'élargir nos horizons.
[Traduction]
Un nombre croissant de Canadiens sont de cet avis. Cette année, nous avons atteint un nombre record d'inscriptions dans les classes d'immersion française. Ce sont plus de 370 000 jeunes qui sont en classe d'immersion au Canada, une hausse de 18 % en moins de 10 ans.
Ceci étant dit, je demeure néanmoins préoccupée du manque d'occasions offertes dans nos écoles pour que les élèves conversent dans leur langue seconde. Je vais donc continuer à encourager mes collègues des provinces et des territoires à faire en sorte que de telles occasions soient offertes au quotidien dans les écoles. Dans le nouveau protocole d'entente en matière d'éducation, j'ai proposé que les provinces et les territoires accordent une attention toute particulière à la mesure de l'acquisition de compétences langagières et qu'ils favorisent l'échange de pratiques exemplaires dans ce domaine. J'ai bon espoir que l'on pourra ainsi en arriver à une meilleure maîtrise des langues par nos étudiants.
Nos jeunes peuvent aussi tirer parti de 7 800 bourses et de 700 emplois d'été que nous finançons. Ces expériences sur le terrain viennent compléter l'apprentissage fait en classe, tout en leur permettant de mieux connaître notre pays.
Et nous ne visons pas que les jeunes. Notre gouvernement mise aussi sur la formation linguistique pour les nouveaux arrivants. Plus de 29 000 immigrants économiques sont inscrits à des cours de langue.
[Français]
C'est un résultat direct de la Feuille de route, dont l'un des piliers est l'immigration.
La grande majorité des 250 000 immigrants que reçoit le Canada chaque année n'a ni le français ou l'anglais comme langue maternelle.
Bon nombre de ces immigrants s'intègrent à notre société grâce à nos deux langues nationales. Même si 20 % des Canadiens ont une autre langue maternelle, plus de 98 % de notre population parle le français, l'anglais ou les deux.
[Traduction]
Nos langues nationales sont donc un outil d'intégration précieux. Pour faciliter cette intégration, nous appuyons plus 40 organismes qui aident à l'installation des nouveaux arrivants dans des communautés francophones hors Québec. Nous recrutons aussi des travailleurs francophones qualifiés à l'étranger. À ce titre, Destination Canada — Forum emploi, qui permet un jumelage avec des employeurs canadiens, connaît un succès croissant. Le nombre de requêtes est passé de 16 000 en 2011 à plus de 20 000 en 2013.
Nos actions touchent également l'appui aux communautés de langue officielle, dont les services directs aux citoyens. Afin d'aider les gouvernements provinciaux et territoriaux à offrir des services aux Canadiens dans la langue de leur choix, nous avons renouvelé nos ententes bilatérales. On parle ici de 16,3 millions de dollars octroyés chaque année aux provinces et aux territoires.
Mais nous ne sommes pas le seul ministère à mettre les bouchées doubles. À titre d'exemple, des activités de réseautage, de formation et d'accès aux soins de santé sont aussi mises en oeuvre par Santé Canada dans le cadre de la Feuille de route.
[Français]
Industrie Canada travaille à mieux comprendre les défis propres aux communautés dans le domaine du tourisme.
Des entreprises établies dans les communautés francophones de l'Ouest du pays peuvent bénéficier de l'aide du Programme de diversification de l'économie de l'Ouest canadien pour leurs projets sur la scène internationale.
Parlons maintenant des arts et de la culture. Je sais que plusieurs d'entre vous adorent ce sujet. Notre gouvernement soutient un grand nombre d'organismes culturels et d'artistes issus des communautés minoritaires.
Dans mon rôle de , je vois régulièrement de jeunes artistes francophones et francophiles qui sont fiers de leurs origines, de leur accent et de leur attachement à la langue française.
[Traduction]
Ils marchent dans les pas de Lisa LeBlanc, des Hay Babies, de Damien Robitaille, de Caroline Savoie ainsi que de Chic Gamine. Ces derniers figurent parmi les artistes qui ont reçu un appui du Conseil des arts du Canada ou qui ont pris part à l'une des 750 vitrines musicales financées par Patrimoine canadien en 2014.
Je veux aussi vous parler de célébrations. Je tiens à réitérer mon accord avec le commissaire Fraser en ce qui concerne l'importance de promouvoir nos deux langues officielles dans le cadre d'événements d'envergure. Dans quelques mois, la grande région de Toronto recevra les Jeux panaméricains et parapanaméricains. Ce sera l'occasion de faire valoir notre dualité linguistique. Une entente a été signée avec les organisateurs des Jeux de Toronto pour assurer des services bilingues.
Les célébrations qui nous mènent vers le 150e anniversaire du Canada en 2017 se font aussi en gardant en tête notre engagement à promouvoir nos langues officielles. Elles sont l'occasion de rappeler que la coexistence de l'anglais et du français fait partie de ce qui nous définit en tant que Canadiens. En cette année où nous célébrons 400 ans de présence francophone ici même en Ontario, il importe de l'affirmer haut et fort.
En conclusion, je veux vous encourager, vous tous à titre de parlementaires, à promouvoir l'usage de nos deux langues nationales chaque fois que cela est possible. Il importe de donner l'exemple, et vos actions pourraient inspirer de jeunes Canadiens ambitieux qui rêvent de devenir bilingues.
Je rêve que le français soit aussi présent dans les communautés linguistiques minoritaires qu'il l'est chez moi, à Saint-Boniface. Les Canadiens ne seraient alors plus surpris d'entendre les gens parler français. Ce serait la façon tout à fait normale et authentique de vivre au Canada.
[Français]
Je vous remercie de votre attention.
Monsieur le président, je suis prête à répondre aux questions des membres du comité.
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue à la ministre dans sa grande famille de la francophonie et du bilinguisme. Je sais que cela lui fait plaisir de comparaître devant nous.
En ce qui concerne la mise en oeuvre de la Feuille de route, il y a un problème. C'est comme si le gouvernement ne reconnaissait pas le fait que les anglophones du Québec et les francophones hors Québec étaient deux groupes différents.
Madame la ministre, je me rappelle ce qui s'est passé en Acadie, au Nouveau-Brunswick, qui est la seule province au Canada qui a été reconnue comme étant officiellement bilingue par la Constitution de 1982.
Nous avons été obligés de préserver nous-mêmes nos institutions afin que les francophones puissent s'occuper de leurs écoles et que les anglophones aient leurs propres commissions scolaires et ainsi de suite. Il fallait le faire.
Supposons qu'il y ait 10 personnes autour d'une table. La réalité est la suivante. Si une seule personne parle anglais, tout le monde va s'exprimer dans cette langue. Dans les écoles ou dans les groupes, dans les corridors ou dans la cour d'école, c'est la même chose. C'est ce qui arrive. C'est triste, mais c'est la réalité. Il a donc fallu se battre à ce sujet.
Aujourd'hui, on dirait qu'une tendance se dessine. C'est comme si le gouvernement voulait, quand il y a des réunions, que les deux groupes soient ensemble dans le cas de consultations.
Prenons l'exemple des RDÉE et des CEDEC, qui sont obligés de travailler ensemble. Dans votre présentation, vous indiquez que le fait que les gens travaillent ensemble est une bonne chose, mais cela crée un problème. Quand les deux groupes linguistiques travaillent ensemble sur les programmes, les francophones se voient parfois obligés de parler anglais.
Ne croyez-vous pas, madame la ministre, que vous devriez éprouver une inquiétude à ce sujet? Qu'avez-vous l'intention de faire pour que le gouvernement arrête de suivre cette route? Je ne vous parle pas de la Feuille de route, mais de la mauvaise route, celle de mettre ces communautés ensemble dans de tels contextes.
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Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, j'aimerais vous remercier de votre témoignage et vous féliciter de votre travail. Je voudrais aussi parler de l'autre langue officielle, soit l'anglais, et vous poser une question à ce sujet.
[Traduction]
J'ai une question concernant le protocole d'entente en matière d'éducation dans lequel vous avez proposé, comme vous l'indiquiez dans votre déclaration, que les provinces et les territoires accordent une attention toute particulière à la mesure de l'acquisition de compétences linguistiques et qu'ils favorisent la mise en commun de pratiques exemplaires dans ce domaine. Je sais que l'éducation n'est pas de notre ressort et qu'il y a des écoles où le bilinguisme est un fait bien établi — nous avons des écoles d'immersion française, des écoles françaises — mais qu'en est-il des universités?
Je me souviens que dans ma vie antérieure, en Transylvanie — et n'ayez crainte, je ne suis pas un vampire — nous devions, alors que j'étudiais à la faculté de génie de l'université, apprendre une langue étrangère et réussir un examen dans cette langue. J'avais choisi pour ma part l'allemand, mais c'est une autre histoire.
Nous pourrions donc inciter les universités à encourager l'acquisition de l'autre langue officielle du Canada, car dans les différents domaines où l'on peut étudier — biologie, génie, etc. — la terminologie spécialisée diffère un peu du langage de tous les jours. Ce serait un atout de plus pour nos étudiants de pouvoir ainsi mieux communiquer dans nos deux langues officielles.
J'aimerais simplement savoir si vous avez déjà abordé la question.