[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
C'est un honneur d'être avec vous aujourd'hui et de vous présenter le Budget principal des dépenses du Commissariat aux langues officielles.
[Français]
Pour accomplir son mandat, le Commissariat aux langues officielles dispose d'un budget de 20,8 millions de dollars pour l'exercice 2014-2015. Ce montant comprend les 13 millions de dollars versés en salaires, ce qui représente 62,8 % de notre budget principal des dépenses. L'effectif de l'organisation s'élève à 170 équivalents temps plein.
Le mandat du commissariat se décline en trois activités de programme: la protection des droits linguistiques des Canadiens et des Canadiennes, la promotion de la dualité linguistique et les services internes.
Avant d'examiner ces activités plus en détail, j'aimerais vous parler de notre récent déménagement.
[Traduction]
Le 17 mars, nous avons réinstallé l'ensemble de nos effectifs de la région de la capitale nationale dans de nouveaux bureaux, situés au 30, rue Victoria, à Gatineau.
Il y a un an environ, nous avons pris la décision de quitter nos bureaux du centre-ville d'Ottawa pour les raisons suivantes: premièrement, favoriser la collaboration et partager des services communs avec d'autres agents du Parlement déjà installés au 30, rue Victoria, soit le directeur général des élections, la commissaire à la protection de la vie privée et la commissaire à l'information; deuxièmement, adopter le nouvel environnement de travail connu dans la fonction publique sous le nom de Milieu de travail 2.0, plus propice à la collaboration entre employés; et troisièmement, profiter des coûts de location moins élevés associés à une superficie occupée moindre, ce qui représente la réalisation d'une économie annuelle d'environ 800 000 $ par le commissariat pour les contribuables. Une avance sur des crédits futurs a été accordée en 2013-2014 pour défrayer les coûts associés au déménagement du commissariat.
[Français]
Pour protéger les droits linguistiques de la population canadienne, le commissariat mène des enquêtes au sujet des plaintes et donne suite à celles-ci, effectue des vérifications, évalue la performance des institutions fédérales et intervient, si nécessaire, devant les tribunaux. Les dépenses prévues en 2014-2015 pour cette activité de programme s'élèvent à 6,8 millions de dollars, ce qui représente 32,8 % du budget total.
Au cours du présent exercice, le commissariat procédera à des vérifications auprès de l'Agence des services frontaliers du Canada, de l'Administration canadienne de la sûreté du transport aérien, d'Élections Canada et du Secrétariat du Conseil du Trésor. De plus, nous amorcerons une vérification auprès de l'École de la fonction publique, nous publierons les suivis des vérifications d'Air Canada et d'Industrie Canada, et nous amorcerons également le suivi de la vérification de Parcs Canada.
[Traduction]
Je continuerai d'utiliser mon pouvoir d'intervention devant les tribunaux au nom des Canadiens et des Canadiennes. Par exemple, en ce moment, nous attendons que la Cour suprême se prononce sur l'affaire Thibodeau c. Air Canada, et la poursuite contre CBC/Radio-Canada est toujours en cours.
Au total, plus de 400 plaintes recevables sont déposées au commissariat chaque année. Nous poursuivons toujours nos efforts pour réduire la durée de nos enquêtes. Dernièrement, nous avons amélioré notre processus d'enquête en mettant en place un formulaire de plainte en ligne et un sondage sur la satisfaction des clients.
[Français]
Les dépenses liées à la promotion de la dualité linguistique sont de 6,5 millions de dollars, ce qui représente 31,5 % du budget total. Pour favoriser la dualité linguistique canadienne, le commissariat communique régulièrement avec les parlementaires, les communautés de langue officielle en situation minoritaire, les institutions fédérales et le public canadien.
Nos travaux de recherche, nos études, la distribution de produits d'information et nos échanges avec un grand nombre d'intervenants et de représentants des communautés contribuent à promouvoir la dualité linguistique auprès des Canadiens et des Canadiennes, un élément fondamental de mon mandat.
Dans le cadre de nos nombreuses activités de planification, nous continuerons de collaborer avec les institutions fédérales et les comités organisateurs pour les aider à intégrer la dualité linguistique aux différentes activités qui précéderont le 150e anniversaire de la Confédération, en 2017. Les langues officielles du Canada occupent une place importante dans l'histoire de notre pays et constituent un facteur déterminant pour l'avenir.
[Traduction]
Nous souhaitons examiner de plus près la situation de l'immigration dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire, ainsi que les enjeux dans le domaine de la petite enfance. Dans les deux cas, nous travaillerons avec les institutions gouvernementales et les organismes communautaires qui oeuvrent déjà dans ces domaines.
Nous interviendrons auprès des institutions fédérales pour effectuer le suivi de la recommandation de notre étude d'août 2013 sur la capacité bilingue de la magistrature des cours supérieures. Dans le même registre, nous organiserons une conférence sur l'accès à la justice avec le Barreau de Montréal.
Grâce à notre troisième activité de programme, les services internes, le commissariat peut se prévaloir des ressources qui permettent à l'organisation dans son ensemble de fonctionner, soit la gestion de l'actif, les finances et la gestion des ressources humaines. Cette activité est dotée d'un budget de 7,4 millions de dollars, ce qui représente 35,7 % du budget total. Ces services, essentiels à toute organisation, font en sorte que l'argent des contribuables est utilisé de façon efficace et transparente.
[Français]
En plus de prendre les dernières dispositions logistiques et administratives associées à l'installation dans nos nouveaux bureaux de Gatineau, nous explorons les possibilités d'accroître la collaboration avec d'autres agents du Parlement pour la prestation des services internes du commissariat, tout en respectant notre mandat et en préservant notre indépendance.
Nous procéderons également à la migration vers le système d'information sur les ressources humaines PeopleSoft du gouvernement du Canada. Nous rendrons le programme de gestion de rendement du personnel du commissariat conforme à la nouvelle directive sur la gestion du rendement du Secrétariat du Conseil du Trésor. De plus, nous mettrons en oeuvre la solution de gestion partagée des dossiers pour les ministères et les organismes de petite taille. En dernier lieu, nous préparerons d'autres outils technologiques pour aider les employés à travailler de façon plus efficace et plus productive.
[Traduction]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie de votre attention. C'est avec plaisir que je vous fournirai plus de détails concernant les différents aspects de nos opérations.
:
Monsieur le commissaire, je vous invite à aller voir, par l'entremise de CPAC, ce qui s'est passé hier soir à la Chambre des communes. Par exemple, j'ai posé des questions sur VIA Rail à la ministre Lisa Raitt. J'ai dû lui répéter trois fois ma première question parce qu'elle n'en comprenait pas l'interprétation. J'ai alors dit « bienvenue à la Cour suprême du Canada ». J'invite tous les Canadiens à aller voir cet extrait. Ça donne une idée de ce que la communauté francophone doit endurer.
On parle ici de la plus haute cour du pays, mais notre premier ministre s'entête à ne pas y nommer de juges bilingues. On parle d'égalité des deux langues, mais jusqu'où va cette égalité? Nous avons la Loi sur les langues officielles depuis 45 ans. Si on comparaît devant la Cour fédérale ou la Cour d'appel fédérale, on peut être entendu et compris dans sa propre langue, mais ce n'est pas le cas à la Cour suprême.
Pour ma part, je suis déçu, et il est possible que mes émotions soient dues au fait que les deux langues officielles me tiennent à coeur. Il ne faudrait pas que les anglophones soient dans la même situation, c'est-à-dire qu'ils comparaissent devant la Cour suprême et que le juge ne les comprenne pas, comme dans le cas des francophones.
Ma prochaine question est importante. Il s'agit d'une situation qui me dérangeait à l'époque et qui me dérange encore, même si je vais voir à ne pas trop m'émouvoir.
Vous nous avez parlé du déménagement de vos bureaux, monsieur Fraser. Vous partagez maintenant vos bureaux avec les gens du Commissariat aux conflits d'intérêts et à l'éthique et avec les représentants d'Élections Canada, notamment. Cela me fait me poser des questions sur l'impartialité. Je ne sais pas si j'exprime bien mon idée, mais je me demande si le fait que des gens assumant des responsabilités d'agents du Parlement travaillent dans les mêmes bureaux comporte un danger. Je pense que vous allez me répondre que non, étant donné que vous avez accepté ce déménagement. Toutefois, le fait que tout ce monde travaille ensemble m'inquiète un peu, dans la mesure où il pourrait advenir que vous ayez à enquêter sur le commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique, ou inversement.
Ce partage des bureaux permet peut-être d'économiser 800 000 $, mais cela ne menace-t-il pas l'impartialité des agents du Parlement?
:
Je ne le crois pas. Si j'avais cru que c'était un danger, je n'aurais pas pris la décision de faire cette transition.
Comme agents du Parlement, il y a toujours des éléments dont nous discutons. Nous sommes solidaires sur certains points. Par exemple, nous avons été interpellés, il y a quelques années, par le président du Conseil du Trésor. Nous nous sommes alors réunis et nous avons signé une lettre commune à propos du projet de loi .
Il y a des éléments qui nous touchent tous, comme agents du Parlement, mais cela n'empêche aucunement un agent du Parlement de mener une enquête sur un autre agent. Le vérificateur général fait des vérifications chaque année sur nous tous. Ce n'est pas parce que nous sommes des agents du Parlement que ça prend moins de temps ou d'efforts et que le vérificateur général est moins rigoureux dans l'examen de nos livres. C'est exactement la même chose pour nous, quand nous sommes appelés à faire enquête sur un cas mettant en cause d'autres agents du Parlement.
Tous les agents du Parlement ont maintenant l'obligation, en vertu de la loi, d'être bilingues au moment de leur nomination. Selon moi, c'est rassurant vis-à-vis du leadership des organisations. Cela permet de nous assurer que, dès leur nomination, les agents du Parlement comprennent les enjeux de la dualité linguistique.
:
C'est dommage qu'il n'en soit pas ainsi à la Cour suprême, mais ça viendra. Je suis certain que d'ici un certain temps, ça va être adopté.
Vous avez parlé du projet de loi , et je suis sûr que certains de mes collègues vont vous poser une question à ce sujet. Ce projet de loi, qui porte sur l'impartialité des agents du Parlement, est très important.
De mon côté, j'aimerais revenir sur les compressions à Radio-Canada. La semaine dernière, M. Hubert Lacroix a comparu devant notre comité. Nous ne pouvons pas comprendre pourquoi le gouvernement fédéral a fait des compressions de 115 millions de dollars à Radio-Canada. La ministre responsable nous a dit que cette fois-ci, ce n'était pas le gouvernement le responsable. Cependant, la suppression de l'indexation des salaires des employés et des dépenses de Radio-Canada représente des millions de dollars.
N'y a-t-il pas un risque que le mandat de Radio-Canada, qui est un télédiffuseur public, ne soit pas adéquatement rempli dans les communautés de langue officielle en situation minoritaire? À Moncton, par exemple, si un des deux postes de journaliste au Réseau de l'information est aboli, c'est 50 % du budget qui vient de s'envoler. Comment cela pourrait-il ne pas toucher le mandat qu'a Radio-Canada à l'endroit des communautés de langue officielle en situation minoritaire au pays?
J'aimerais connaître votre opinion là-dessus, monsieur le commissaire.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, monsieur Fraser, madame Saikaley et madame Lagacé.
Monsieur Fraser, vous avez toujours fait la promotion des échanges auxquels participent des personnes provenant de différentes communautés au Canada, c'est-à-dire des gens qui vont d'une région à l'autre afin de vivre des expériences linguistiques.
Actuellement, le Programme des travailleurs étrangers temporaires pose certains problèmes. Nous savons qu'il existe des pénuries d'employés à certains endroits et que des entreprises canadiennes consacrent beaucoup d'énergie à recruter des travailleurs dans d'autres pays pour occuper ces emplois temporaires. C'est souvent le cas l'été. Ne serait-il pas plus avantageux d'utiliser cette même énergie à engager des jeunes Canadiens de 18 à 25 ans de l'Est du pays pour occuper ces emplois temporaires de trois ou quatre mois et à veiller à ce qu'ils aient un logement? Par la même occasion, ils pourraient avoir cette expérience linguistique dont vous faites la promotion.
Pour ma part, je suis persuadé que nous pouvons trouver, au Québec et dans les Maritimes, 100 000 jeunes qui sont prêts à travailler. S'ils étaient bien encadrés, comme les travailleurs étrangers qui viennent au pays, ils seraient tentés de faire cette expérience qui pourrait durer trois mois, une ou deux fois dans leur vie. Ce serait profitable au bilinguisme du Canada.
:
Oui, et c'est d'ailleurs l'explication fondamentale qui sous-tendait la création de la Commission royale d'enquête sur le bilinguisme et le biculturalisme pendant les années 1960. La Loi sur les langues officielles constitue en quelque sorte la recommandation majeure de cette commission. Également, la Charte canadienne des droits et libertés a établi clairement des droits linguistiques, et toute une série de décisions de la Cour suprême ont clairement établi qu'il était nécessaire de réparer les dégâts causés par une série de lois pendant un siècle.
Il y a une volonté réparatrice qui se manifeste dans la création de la loi et de la Charte et dans des décisions de la Cour suprême. Après la disparition du français comme langue d'instruction dans le système d'éducation, grâce aux politiques, à la Charte et à des décisions de la Cour suprême, non seulement des écoles françaises ont été rétablies dans chaque province, mais il y a également eu des commissions scolaires.
Personnellement, je suis convaincu que depuis 1982, la création de ces écoles et également des commissions scolaires, qui sont des institutions importantes, a un effet manifeste sur la vitalité de ces communautés. Par ailleurs, l'appui de certains programmes du gouvernement fédéral, notamment, a contribué à l'existence d'autres institutions de la communauté, comme les associations de juristes d'expression française, dans presque toutes les provinces. Malheureusement, certaines provinces n'en ont pas, comme l'Île-du-Prince-Édouard. Néanmoins, tout cela constitue une reconnaissance de la nécessité de réparer une situation déplorable qui est le résultat d'une situation historique.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie tous nos témoins, et je souhaite tout particulièrement la bienvenue à Mme Lagacé.
[Français]
Il s'agit de sa première comparution devant ce comité, je crois,
[Traduction]
du moins, depuis que je siège au comité.
Je vais poser des questions très précises, simplement parce que je souhaite comprendre ce qui se trouve dans les documents. Grâce à notre merveilleuse analyste, Lucie Lecomte, nous avons ici de petits tableaux super, qui nous présentent les trois piliers clés, soit la protection des droits linguistiques, la promotion de la dualité linguistique et ensuite, bien sûr, les services internes.
Dans votre rapport sur les plans et les priorités, de même qu'au dos, je vois — peut-être que vous pourriez m'aider à ce sujet — l'analyse des équivalents à temps plein relativement à chacun de ces trois piliers. Il me vient à l'esprit que vous fournissez des services professionnels très importants non seulement au Parlement, mais aussi à l'ensemble du Canada. Les services professionnels exigent toujours un nombre important d'employés, et vous avez 63, 59, et 48 équivalents temps plein, dans cet ordre. Les services internes ont les dépenses les plus élevées, mais le plus petit nombre d'ETP, ce qui, en général, n'est pas logique du fait que vous avez toujours comme mandat de fournir des services professionnels. J'aimerais comprendre cela. À quoi cette différence est-elle attribuable?
Voici ma deuxième question.
[Traduction]
Dans l'analyse qui nous a été fournie par Lucie Lecomte, de la Bibliothèque du Parlement — l'information est tirée du Budget principal des dépenses et aussi de vos rapports, monsieur le commissaire —, on peut voir les équivalents temps plein par exercice financier, et les chiffres sont très précis. Les données commencent en 2008 et vont jusqu'en 2012-2013, exercice pendant lequel il y avait 159 équivalents temps plein. Pourtant, si on additionne les chiffres dans le rapport sur les plans et les priorités, cela donne un total de170 équivalents temps plein. En fait, dans le résumé, vous avez indiqué, que si on additionne les chiffres qui figurent dans la section II, Analyse des programmes par résultat stratégique, le total s'élève à 170. De plus, vous donnez plus de détails à ce sujet à la page 9 du rapport sur les plans et les priorités.
Je suis donc curieuse. Vous faites état de 11 postes à temps plein — évidemment peut-être que vous ne dites pas tout —, mais encore une fois, il s'agit d'une différence importante. À quoi cette différence est-elle attribuable?
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci beaucoup, monsieur Fraser, madame Saikaley et madame Lagacé d'être parmi nous. Merci beaucoup pour votre exposé.
J'aimerais commencer par vous poser une toute petite question. Dans votre exposé, vous avez expliqué que le bureau du commissaire disposait d'un budget de 20,8 millions de dollars pour accomplir son mandat. Ce montant comprend 13 millions de dollars en salaires, soit 62 % de votre budget.
Or quand je fais le total des dépenses des activités — soit la protection des droits linguistiques, la promotion de la dualité linguistique et les services internes —, et que j'en retire les services, je ne comprends pas le résultat, parce qu'il ne correspond pas aux chiffres indiqués. Est-ce que les salaires font partie des dépenses de la protection de la dualité linguistique? Quel pourcentage des salaires font partie des dépenses de ces trois grands programmes que vous élaborez; d'une part, on dit que 62 % représentent tous les salaires et que vous avez certains programmes à mettre au point. Comment faites-vous? Quand on additionne les chiffres, cela ne donne pas le même total.
:
Monsieur le président et honorables membres du comité, je vous remercie de me donner l'occasion de témoigner devant vous sur l'importante question du développement économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire.
[Traduction]
C'est un sujet complexe et diversifié, mais peu étudié. Comme les représentants des communautés qui se sont présentés devant vous l'ont mentionné, le manque de recherche et de données constitue une sérieuse lacune pour ce qui est de bien comprendre cet enjeu et de cibler des pistes d'action prometteuses. Je suis donc heureux que le comité se penche sur cette question et j'espère que d'autres lui emboîteront le pas.
Comme certains témoins l'ont mentionné au cours des dernières semaines, des possibilités se dessinent à l'horizon en matière de développement économique pour les communautés de langue officielle en situation minoritaire, que ce soit sur le plan du commerce international, de l'immigration économique ou d'autres domaines pour les entrepreneurs, de même que pour les petites et moyennes entreprises. Lors de mes rencontres un peu partout au pays, j'ai remarqué qu'il y avait un potentiel considérable au sein des communautés de langue officielle de plusieurs régions en ce qui concerne l'entrepreneuriat, le développement économique et la créativité. Pour exploiter ce potentiel et saisir les occasions qui se présentent, les communautés francophones et anglophones en situation minoritaire doivent cependant disposer d'outils et de ressources.
[Français]
Au début de mon mandat, j'ai amorcé une série d'études portant sur la vitalité des communautés de langue officielle en situation minoritaire dans plusieurs régions du Canada. Ces études, qui ont permis la mobilisation de divers partenaires, ont montré que, malgré des similarités, chaque communauté avait une réalité qui lui était propre. J'ai observé qu'au-delà des enjeux, chacune d'elles avait aussi des aspirations qui lui permettaient de se mobiliser.
Bien que la situation économique des francophones et des anglophones de différentes régions du pays soit aujourd'hui comparable à celle de la majorité, cette situation varie beaucoup d'une région à l'autre, et les communautés continuent de faire face à de grands défis. Les témoins l'ont dit: chaque région, chaque communauté est unique, et bien que des pratiques exemplaires s'appliquent à plusieurs communautés, il n'y a pas qu'une seule recette du succès.
[Traduction]
Dans l'Ouest, par exemple, l'économie est solide, les besoins en main-d'oeuvre sont nombreux, et cela entraîne une forte mobilité de travailleurs des régions du Canada et de l'étranger. Les communautés francophones de ces régions doivent d'ailleurs disposer de plus de ressources afin de satisfaire à une demande croissante en matière de services et de soutien à la communauté.
Dans certaines régions de l'Atlantique et du nord et du sud-ouest de l'Ontario, on connaît au contraire une situation économique difficile et un exode des jeunes vers les grands centres urbains, ce qui menace la pérennité de la communauté et la relève entrepreneuriale.
Au Québec, de jeunes anglophones ont de la difficulté à accéder au marché du travail ou sont sous-employés. Ils quittent la province pour s'établir ailleurs, ce qui fragilise la revitalisation de la communauté.
Il faut donc que les institutions fédérales demeurent à l'écoute et qu'elles tiennent compte de ces différences lorsqu'elles créent des programmes et des politiques d'appui au développement économique et à l'intégration du marché du travail. Il est également nécessaire que ces institutions fassent preuve de flexibilité.
En contexte minoritaire, la mise en oeuvre de mesures positives ne comporte pas toujours une action de grande envergure. Parfois, de petites actions font une différence considérable dans la mobilisation et le développement d'une communauté.
[Français]
N'oublions pas que l'emploi, l'éducation et l'immigration sont des domaines de compétence partagée avec les gouvernements provinciaux et territoriaux. Le gouvernement fédéral, dans le transfert de programmes et de fonds vers les provinces et les territoires, doit s'assurer que ces derniers sont sensibilisés aux besoins des communautés de langue officielle et à la nécessité de consulter ces communautés pour bien comprendre les enjeux qui leur sont propres. À cet effet, il faudrait veiller à ce que les ententes fédérales-provinciales-territoriales comprennent des clauses linguistiques solides et des mécanismes de reddition de comptes pour faire en sorte que les besoins des communautés soient pris en considération.
Une économie en santé, des possibilités d'emplois, la présence d'entrepreneurs et d'employeurs et des occasions de développement peuvent avoir une influence positive sur la capacité d'une communauté à maintenir son dynamisme, à inciter ses jeunes à y rester et à amener de nouveaux travailleurs et de nouveaux arrivants à s'y établir. Rappelons-nous que lorsqu'une communauté élabore un projet touristique, crée un événement ou un produit culturel, ou développe une coopérative, ces actions se répercuteront bien au-delà de cette dernière.
[Traduction]
Au fil des ans, des communautés francophones et acadiennes ont ciblé l'immigration comme une piste d'avenir, une voie pour assurer leur épanouissement. Ces dernières années, le gouvernement fédéral a travaillé à la modernisation du système d'immigration canadien qui met l'accent sur l'économie, une intégration plus rapide du marché du travail et le recrutement d'immigrants qui possèdent des compétences recherchées au Canada.
Le nouveau système donne priorité à l'économie et au rôle des employeurs. Dans ce contexte, il importe de promouvoir les communautés francophones en situation minoritaire comme des partenaires de choix et une valeur ajoutée dans l'attraction et la rétention des nouveaux arrivants.
Que ce soit par les services et les ressources en français qu'elles offrent, les infrastructures dont elles disposent ou leur expertise, ces communautés sont en bonne position pour appuyer les employeurs, les immigrants et leurs familles.
Il est donc essentiel qu'elles disposent des outils nécessaires pour bâtir des ponts avec les employeurs francophones et anglophones et avec les provinces en vue de tirer profit du nouveau système d'immigration.
[Français]
De près ou de loin, plusieurs secteurs touchent au développement économique, tels que les arts et la culture, l'éducation, l'immigration, etc. La collaboration des différents secteurs et des intervenants et la mise en valeur des domaines d'expertise de chacun deviennent donc la clé de la réalisation et du succès de nombreux projets communautaires. Les représentants des secteurs, tout comme ceux des institutions fédérales, doivent travailler en commun à l'épanouissement des communautés en y apportant leurs compétences propres.
Sur cette note, monsieur le président, je voudrais conclure en vous remerciant, de même que les membres du comité, du travail que vous avez entrepris pour réaliser cette étude, que je lirai avec attention.
:
D'autres témoins nous ont dit la même chose, ils nous ont parlé de programmes de cartes routières qui ne recevaient pas de financement à temps. Cela nuit vraiment à l'aptitude de ces organisations d'offrir les services et d'assurer la sécurité de l'organisation elle-même.
J'aimerais également aborder la question des arts et de la culture et de leur importance pour les communautés des deux langues officielles en situation minoritaire. Nous avons assisté à des compressions à la CBC dernièrement, au Canada anglais. Linden MacIntyre, par exemple, vient de démissionner pour sauver les postes de jeunes employés de la CBC. J'ai entendu Linden parler à la Storyfest, à Hudson, dans ma circonscription, de son livre intitulé The Bishop's Man. Nous sommes en train de perdre des gens extraordinaires dans le secteur des arts et de la culture ainsi qu'à la CBC à cause du manque de vision du gouvernement actuel, qui réduit le financement de la CBC et de Radio-Canada.
Nous commençons à entendre parler des services français de Radio-Canada. Ceux et celles qui offrent ces services commencent à se faire entendre, et je vous le mentionne parce qu'on a entendu dire que les gens qui travaillent pour les services anglophones sont réticents à parler et à en faire un enjeu politique.
Je peux toutefois témoigner, en tant qu'anglo-québécois, du fait que tous les services produits au Canada anglais sont consommés au Québec à la CBC anglophone. La même chose est vraie au Canada francophone. Les communautés francophones minoritaires au Canada consomment les services produits pour eux au Québec.
Bref, leurs budgets sont réduits: croyez-vous que ces compressions vont faire en sorte qu'il va devenir de plus en plus difficile de recevoir des services de qualité dans les communautés minoritaires?
:
Je pense que vous décrivez bien l'effet du hockey. Je vous concède même que la CBC/Radio-Canada fait du bon travail pour ce qui est de transmettre les nouvelles et les idées d'une partie du pays à l'autre, particulièrement Radio-Canada, qui relaie les nouvelles d'autres parties du pays au Québec. Si mes collègues de l'autre côté veulent proposer que la CBC ou Radio-Canada commence par supprimer des emplois dans la capitale nationale d'Ottawa plutôt que dans les régions, je vais les appuyer sans hésitation.
Par exemple, quand les libéraux ont réduit les dépenses du programme au milieu des années 1990, ils ont réduit le budget des régions avant de réduire celui d'Ottawa. M. Godin n'est pas ici aujourd'hui, mais si cela signifiait de déplacer des fonctions d'Ottawa à Moncton, par exemple, je l'appuierais.
J'aimerais toutefois revenir à une autre question dont vous m'avez déjà parlé, comme d'autres d'ailleurs. Je sais qu'elle vous tient à coeur, beaucoup même. M. Godin l'a déjà soulevée, c'est la question du bilinguisme des juges de la Cour suprême, une idée que vous appuyez, je le sais. Ce n'est pas mon cas, mais n'entrons pas dans cette discussion.
Je serais curieux de savoir une chose: à la lumière de la décision récente de la Cour suprême sur le Sénat et la réforme du Sénat, les changements à y apporter, la Cour suprême a statué que le Parlement fédéral ne pouvait pas unilatéralement changer la composition du Sénat. Seriez-vous prêt à concéder, compte tenu de cette position sur le Sénat, qu'il faudrait le consentement des provinces pour modifier les critères de bilinguisme imposés aux juges de la Cour suprême, une institution fédérale? Nous n'avons pas besoin d'entrer dans le débat — il faudrait l'accord de sept provinces sur dix ou d'un nombre unanime de provinces —, mais il faudrait le consentement des provinces pour changer la constitution des tribunaux et rendre obligatoire le bilinguisme pour la nomination des juges.
:
Je n'ai pas reçu d'opinion juridique sur l'incidence du renvoi par le gouvernement à l'affaire du Sénat, mais je pense, et c'est ce que je dégage de la couverture du dossier dans la
La Presse de ce matin, qu'il y a un grand débat juridique pour ce qui est de savoir si cela représenterait un changement important au processus de nomination. Si je regarde les principes fondamentaux — et je vous rappelle que je ne suis pas avocat, donc je préférerais attendre des décisions juridiques claires ou des avis juridiques clairs avant de prendre...
Mais si l'on regarde la Loi sur les langues officielles et la Charte des droits et libertés, elles énoncent clairement que le français et l'anglais jouissent du même statut au pays. Si on tient compte aussi de toutes les décisions que la Cour suprême a rendues afin de réparer des dommages du passé et de leur assurer un statut égal, je pense qu'il serait fondé de dire qu'on a l'obligation de protéger cette égalité. Je suis certain que vous avez entendu, comme nous, toutes sortes de plaintes comme quoi la Cour suprême ne respecterait pas ce principe d'égalité en ce moment. Je vous ai donné divers exemples de la façon dont l'égalité...
Quand la Loi sur les langues officielles a été modifiée, en 1988, le ministre de la Justice de l'époque, Ramon Hnatyshyn, a dû répondre à des questions sur l'exception spéciale qui s'appliquait à la Cour suprême. Il a dit qu'il ne croyait pas qu'il y avait à ce moment-là un bassin de juges suffisamment important pour éliminer cette exception, mais qu'elle pourrait être réexaminée à l'avenir, ce qui montre à mon avis que l'intention du législateur au moment de modifier la Loi sur les langues officielles n'était certainement pas d'exclure l'idée de créer cette obligation plus tard.
Le Parlement a voté hier soir en faveur d'une façon de faire, mais je pense qu'il y en a d'autres qui pourraient être envisagées et qui n'exigeraient pas nécessairement de modifications à la Loi constitutionnelle.