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Monsieur le président, membres du comité, bonjour.
Je suis enchanté de me trouver devant ce comité cet après-midi afin de discuter des programmes d'immersion, une approche de l'apprentissage qui permet aux jeunes Canadiens et Canadiennes d'acquérir un sens de l'identité bilingue de notre pays.
[Traduction]
À travers tout le Canada, les programmes d'immersion connaissent encore aujourd'hui un succès sans pareil. Plus de 300 000 jeunes Canadiens ont la possibilité de faire l'acquisition de leur seconde langue tous les jours en milieu scolaire. Il en est ainsi grâce en grande partie aux efforts et au dévouement des parents et du personnel scolaire. En effet, l'énergie et le soutien que les conseils scolaires, les directeurs, les enseignants, les parents et des organismes tels que Canadian Parents for French consacrent à ces programmes favorisent la survie et même l'essor de ceux-ci.
Pour sa part, le gouvernement fédéral a alloué en moyenne au cours des quatre dernières années 86 millions de dollars par année aux provinces pour l'éducation en langue seconde. Les investissements effectués dans des programmes d'immersion partout au pays ont créé une nouvelle génération de Canadiens bilingues, dont plusieurs se trouvent maintenant dans des établissements postsecondaires. Le succès des diplômés de l'immersion, dont la , et son prédécesseur, , prouve la valeur du programme.
[Français]
Il y a quelques années, j'ai rencontré le père d'un ministre de la Couronne qui m'a raconté avec fierté comment lui et plusieurs membres de sa famille avaient dû se relayer toute la nuit pour faire la file afin que sa petite-fille puisse être inscrite à un programme d'immersion en français. Cette histoire a éveillé en moi des sentiments contradictoires.
D'un côté, il est inspirant de pouvoir constater à quel point le Canada est suffisamment égalitaire pour que même le proche d'un ministre ne se voie accorder aucun accès privilégié à l'immersion et que les membres de sa famille aient ainsi à se relayer toute la nuit.
En revanche, que l'accès à l'immersion ressemble à un concert des Rolling Stones, où chacun tente comme il peut de se procurer des billets, est une façon aberrante d'avoir accès à ce qui devrait être un droit universel, un apprentissage de qualité de la langue seconde.
Le fait qu'il faille encore une telle détermination, quatre décennies après l'expérience largement concluante au Québec du Dr Wallace Lambert, est des plus préoccupants.
[Traduction]
De telles anecdotes mettent en lumière les réalités et les difficultés de l'immersion, et nous donnent une idée de la nature des programmes d'immersion, des mesures à prendre pour assurer leur survie et des avantages que les particuliers, les familles et des collectivités entières peuvent en tirer.
Toutefois, l'immersion ne constitue pas une panacée et ce n'est pas non plus la seule façon d'apprendre le français. Elle ne doit pas épuiser les ressources qui servent à l'enseignement de base du français au Canada, comme je crains qu'elle le fasse parfois en attirant les enseignants les mieux qualifiés et les plus dévoués ainsi que les étudiants les plus motivés.
Malgré le vif intérêt que suscitent les programmes d'immersion, il existe encore certains défis à surmonter pour que nous puissions atteindre une maîtrise accrue des deux langues officielles parmi les jeunes Canadiens. Je crains que les parents unilingues considèrent les programmes de français langue seconde tels que l'immersion comme un système qui produit des diplômés parfaitement bilingues ou comme la seule et unique façon d'apprendre le français. Ces façons de voir se révèlent à la fin irréalistes et contre-productives.
Dans notre économie mondiale, l'apprentissage d'autres langues est en soi un avantage. Elle donne accès à une multitude d'opportunités partout dans le monde.
Au Canada, l'apprentissage du français peut être un point de départ non seulement vers le bilinguisme, mais également vers le multilinguisme. En fait, beaucoup de jeunes qui travaillent aujourd'hui à l'échelle internationale ont fait leurs premières armes en se frottant à leur seconde langue. L'apprentissage d'une deuxième langue renforce notre capacité à en apprendre d'autres et il est plus facile d'apprendre une troisième langue quand on en connaît déjà deux. J'ai toujours été impressionné par les jeunes Canadiens qui ont commencé par apprendre nos deux langues officielles et qui ont appris une troisième langue à l'étranger.
[Français]
Au Canada, l'immersion offre aux étudiants un programme structuré dans lequel tous les cours, ou un nombre important d'entre eux, sont donnés dans la langue seconde, en leur permettant de bénéficier d'un soutien et d'une aide propres à l'apprentissage en langue seconde. Toutefois, il y a beaucoup moins de programmes d'immersion au niveau universitaire au Canada qu'aux niveaux primaire et secondaire.
Pour moi, il est très décevant de constater que, année après année, beaucoup d'enfants veulent s'inscrire dans des programmes et des cours d'immersion française, mais doivent y renoncer, notamment à cause du manque de places dans les programmes existants ou à cause des problèmes de financement qui menacent leur survie. Plusieurs jeunes doivent renoncer à parfaire, au niveau universitaire, les connaissances linguistiques acquises au primaire et au secondaire, car peu d'établissements postsecondaires canadiens donnent à leurs étudiants la possibilité de suivre des cours dans leur champ de spécialisation dans la langue officielle de leur choix.
Quelques établissements postsecondaires, comme l'Université d'Ottawa, l'Université Sainte-Anne et le campus Glendon de l'Université York, offrent des cours et des programmes d'immersion. En fait, Glendon a récemment créé un programme de maîtrise en affaires publiques et internationales.
La création de programmes d'immersion à l'Université Simon Fraser et à l'Université de la Colombie-Britannique est sans doute directement liée au nombre croissant d'étudiants issus de programmes d'immersion offerts dans la province. L'Université de Saint-Boniface recrute activement des étudiants des écoles d'immersion secondaires au Manitoba.
Le campus Saint-Jean de l'Université de l'Alberta est un exemple intéressant, alors que de nombreux étudiants issus de programmes d'immersion choisissent d'y poursuivre leurs études en français. Ce n'est ni par accident ni uniquement le résultat du travail exemplaire du campus et de son personnel. C'est la preuve du succès des efforts faits par le Conseil des écoles publiques d'Edmonton depuis 2000 pour améliorer son programme d'immersion et, fort de ce succès, l'enseignement d'autres langues. Je suis très content d'apprendre que vous recevrez des représentants du Conseil des écoles publiques d'Edmonton.
[Traduction]
Dans les écoles primaires et secondaires, l'objectif que tous les Canadiens aient accès aux ressources nécessaires pour bien apprendre le français et l'anglais est loin d'être atteint. Les embûches liées à l'inscription, comme le contingentement, les files d'attente nocturnes et le système de loterie, gênent toujours l'accès aux programmes d'enseignement en langue seconde dans de nombreuses régions.
Une étude publiée dans les années 1980 faisaient état d'une tendance selon laquelle il y aurait un million d'étudiants en immersion en l'an 2000. En raison des plafonds de financement, les inscriptions au programme d'immersion se sont stabilisés au nombre d'environ 300 000.
Il est important d'encourager les immigrants à envoyer leurs enfants en immersion; il ne faut pas les en décourager. Les élèves immigrants qui sont en classe d'immersion m'ont dit qu'apprendre le français les ont fait se sentir plus Canadiens. De même, beaucoup de nouveaux arrivants ont exprimé un fort sentiment d'appartenance au Canada simplement du fait que leurs enfants ont appris les deux langues officielles. J'ai aussi remarqué que, dans certains cas, des membres de groupes de minorités visibles maîtrisent mieux le français et l'anglais que les Canadiens unilingues qui sont au Canada depuis des générations.
C'est pourquoi les autorités scolaires doivent offrir un meilleur soutien aux parents allophones qui s'intéressent à ces programmes. Je crois fermement que l'enseignement par immersion devrait faire partie d'un continuum, renforcé par des programmes d'été et des programmes d'échanges ainsi que par de fortes mesures d'encouragement de la part des universités, qui saisissent l'importance des candidats étudiants qui ont fait preuve de persévérance et se sont engagés dans un programme scolaire plus difficile à l'école élémentaire et au secondaire.
[Français]
Au niveau postsecondaire, certaines universités ont augmenté leurs possibilités d'apprentissage en langue seconde, alors que d'autres ont freiné leurs efforts à ce chapitre. Cette baisse de régime s'explique par différents facteurs, notamment par le fait que le gouvernement du Canada ne manifeste pas assez clairement son besoin de travailleurs bilingues. Si c'était le cas, les autorités d'établissements d'enseignement postsecondaire seraient plus attentives aux avantages associés à l'apprentissage en langue seconde. Des étudiants sont prêts à apprendre dans leur seconde langue officielle, ils en ont le désir et ils sont capables de le faire. Pour atteindre un réel continuum d'apprentissage en langue seconde, le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership en élaborant une stratégie générale à cet effet. Il faut concevoir un continuum d'apprentissage de la langue seconde qui aille de l'école primaire jusqu'au niveau postsecondaire et qui se poursuive jusqu'au marché du travail. Je crois que ce continuum est essentiel pour préparer nos jeunes à devenir des employés productifs et des citoyens capables de s'investir pleinement dans la vie civile de leur pays.
C'est pourquoi mon étude de 2009 sur l'apprentissage en langue seconde dans les universités canadiennes recommande au gouvernement du Canada d'offrir une aide financière aux universités afin que celles-ci élaborent et mettent en oeuvre de nouvelles initiatives destinées à améliorer les possibilités d'apprentissage en langue seconde des étudiants. Je crois qu'on devrait accorder la priorité à l'augmentation du nombre d'occasions et d'échanges concrets pour permettre aux étudiants d'utiliser leur langue seconde et d'interagir avec des locuteurs de cette langue.
Cette étude lancée en 2009 sert aussi d'outil pour les étudiants et les éducateurs ciblant les établissements postsecondaires offrant des programmes de français, mais aussi pour les échanges, le soutien à l'apprentissage, la coordination interétablissements et l'organisation d'activités sociales. Nous avons décidé d'entreprendre une telle étude en raison d'un besoin inhérent de connaître les nombreuses options qui s'offrent aux étudiants. Cette étude permettra également de sensibiliser les utilisateurs aux différentes communautés majoritaires et minoritaires de l'ensemble du pays.
Dans mon rapport annuel de 2010-2011, j'ai également recommandé au premier ministre de prendre les mesures qui s'imposent pour doubler le nombre de jeunes Canadiens participant chaque années à des échanges linguistiques à court ou à moyen terme aux niveaux secondaire et postsecondaire.
[Traduction]
Quant au bilinguisme à l'extérieur du Québec, les données du recensement de 2011 ont révélé une baisse préoccupante. C'est pourquoi, dans mon rapport annuel lancé récemment, j'ai recommandé au d'établir des objectifs clairs afin de rehausser le niveau de bilinguisme dans la population canadienne et de renverser le déclin du bilinguisme chez les anglophones en particulier.
Aujourd'hui, je suggère aux membres de ce comité de développer et de recommander au ministre un plan qui pourrait être déployé à temps pour le 150e anniversaire de la Confédération en 2017. Je vais aussi réitérer ma recommandation au gouvernement du Canada d'offrir une aide financière aux universités afin que celles-ci élaborent et mettent en oeuvre des initiatives destinées à améliorer les possibilités d'apprentissage en langue seconde. Pour atteindre un réel continuum d'apprentissage en langue seconde, le gouvernement fédéral doit faire preuve de leadership, en élaborant une stratégie générale à cet effet.
Enfin, je recommande que le gouvernement se réfère au Protocole d'entente relatif à l'enseignement dans la langue de la minorité et à l'enseignement de la langue seconde, qui consolidera les initiatives et les sommes investies dans le cadre de la Feuille de route 2013-2018, afin que les Canadiens désireux d'apprendre les deux langues officielles disposent des outils pour le faire.
Sur ce point, monsieur le président, j'aimerais conclure ma présentation. Je me ferai maintenant un plaisir de répondre à vos questions et à celles de vos collègues.
[Français]
Merci beaucoup.
Ce qu'il faut comprendre, c'est que la question de l'accès à l'apprentissage de la langue minoritaire, que ce soit l'anglais au Québec ou le français dans les autres provinces, se situe dans le contexte du débat linguistique qui s'est déroulé au Québec dans les années 1960 et 1970. À cette époque, on s'inquiétait de plus en plus de ce que tous les immigrants qui arrivaient au Québec inscrivaient leurs enfants dans des écoles anglaises. Certains experts très respectés de la démographie craignaient que l'île de Montréal devienne majoritairement anglophone et qu'en attirant des immigrants, le Québec finançait sa propre transformation en minorité linguistique dans l'île de Montréal. Pour cette raison, le Québec a mis en place divers instruments législatifs.
Il y a d'abord eu le projet de loi 22, dans lequel on décrétait que seuls les enfants qui pouvaient réussir un examen d'anglais lors de leur entrée en première année pourraient fréquenter les écoles anglaises. Cette mesure a été fortement critiquée car elle donnait l'impression que si l'enfant réussissait, il allait à l'école anglaise, mais s'il échouait, il était envoyé dans l'enfer de l'école française.
Après l'élection du Parti québécois en 1976 et après l'élaboration de la Charte de la langue française, les critères ont été fondés sur l'éducation de l'un des parents. Si l'un des parents avait été instruit en anglais, les enfants pouvaient fréquenter l'école anglaise. Initialement, on voulait ainsi limiter l'accès à l'enseignement en anglais au Québec à la communauté anglophone traditionnelle. Avec l'arrêt de la Cour suprême dans l'affaire Blaikie puis avec l'arrivée de la Charte en 1982, ces critères ont été élargis pour comprendre un parent qui avait été instruit en anglais au Canada.
Tout cela en fait se situait dans le contexte d'une grave inquiétude quant aux menaces qui pesaient sur la langue française, comme elles étaient perçues au Québec, surtout durant cette période.
Il ne faut pas oublier non plus que le Québec est la seule province dans laquelle l'enseignement de l'autre langue officielle est obligatoire jusqu'à la fin du secondaire. Au Québec, cet enseignement commence en 3e année, et il est obligatoire. Je crois qu'il est même obligatoire maintenant en 1re année. C'est la seule province dans laquelle l'apprentissage de l'autre langue officielle est obligatoire jusqu'à la fin du secondaire.
Dans les autres provinces, il est obligatoire d'apprendre le français jusqu'à un certain niveau dans chaque province à l'est de l'Ontario. À l'ouest de l'Ontario, je ne suis pas certain de la règle qui existe au Manitoba. Je crois que ce n'est pas obligatoire, qu'il s'agit de cours optionnels. Il n'est pas obligatoire d'apprendre le français dans les provinces de l'Ouest.
Il est faux de croire que les Québécois n'apprennent pas l'anglais au Québec, si vous tenez compte de l'obligation...
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Merci, monsieur le président et mesdames et messieurs les députés.
Je suis heureuse de m'adresser à vous au nom du Conseil des écoles publiques d'Edmonton au sujet de l'étude de votre comité sur les programmes scolaires d'immersion dans la seconde langue officielle du Canada.
Durant le temps qui m'est donné, je vais vous communiquer de l'information sur le programme d'immersion en français qui est suivi dans notre district scolaire, sur les principales difficultés auxquelles nous faisons face, et vous faire part de nos recommandations et propositions.
Nous sommes fiers de ce que le Conseil des écoles publiques d'Edmonton a une réputation nationale et internationale bien établie pour sa grande réussite dans ses programmes d'enseignement de la langue seconde et pour ses mesures de soutien innovatrices à ces programmes. Notre district scolaire dessert environ 85 000 élèves. Nous sommes l'autorité scolaire canadienne qui offre les programmes linguistiques les plus diversifiés au pays. Nous avons des programmes d'immersion partielle en sept langues, un programme d'immersion en français étendu et global, ainsi que des cours de langue seconde en 12 langues.
Nous offrons diverses mesures de soutien aux élèves qui étudient une deuxième langue, ainsi qu'à nos enseignants en langue seconde, entre autres: des possibilités d'accréditation internationales; l'établissement de l'Institute for Innovation in Second Language Education, connu sous l'acronyme IISLE; des partenariats avec les gouvernements et organisations locaux, nationaux et internationaux; de même que des politiques et des règlements globaux à l'appui de programmes linguistiques de qualité. Nous en sommes très fiers et nous nous estimons très fortunés, même si ce ne sont là que quelques exemples du cadre solide dans lequel nos programmes d'immersion en français sont florissants.
Le commissaire des langues officielles, M. Graham Fraser, a fait la déclaration suivante: « Edmonton a sans conteste mis au point le meilleur système d'immersion au pays ». Toutefois, notre district vise à s'améliorer constamment. En 2001, nous avons fait un examen approfondi de nos programmes en français et à partir de ces résultats, nous avons lancé un projet de renouvellement de l'enseignement du français dans lequel nous nous fixions de nombreux objectifs. À peine une décennie plus tard, nous avons atteint bon nombre de ces objectifs, doublé le nombre des élèves qui apprennent le français et augmenté de 69 % le nombre des inscriptions.
Le financement que nous avons reçu au cours des deux derniers cycles a facilité la réalisation de plusieurs initiatives clés à l'appui de la mise en place et de l'expansion du programme de français, entre autres: la création d'un programme d'immersion tardive en français, de nouveaux programmes d'immersion en français dans les écoles élémentaires, deux endroits où les élèves en immersion française reçoivent un soutien supplémentaire dans des classes spécialisées, la création d'un centre de ressources exemplaire pour le français et un centre d'examen international pour le français où plus de 3 500 élèves peuvent obtenir un diplôme international pour leurs compétences en français, des compétences très élevées dans de nombreux cas. Nous sommes particulièrement fiers de signaler qu'à l'heure actuelle, près de 41 % de nos élèves apprennent le français.
L'un des défis que nous avons dû relever en ce qui a trait au programme d'immersion française découle directement de notre vision voulant que tous les enfants devraient avoir la possibilité de devenir bilingues, ou peut-être même multilingues. Une telle vision entraîne de nombreuses conséquences. Tout d'abord, nous devons faire l'effort conscient d'accueillir tous les élèves dans nos programmes et de les aider à réussir. Deuxièmement, nos programmes doivent être largement accessibles. Troisièmement, les parents, les communautés et les enseignants doivent comprendre le programme d'immersion française et en apprécier la valeur.
Par le passé, on estimait généralement que seuls les élèves qui avaient de bons résultats scolaires devraient être en immersion française. Cependant, les recherches et l'expérience ont démontré que des élèves ayant divers besoins d'apprentissage peuvent réussir dans ce programme et parfois même s'y épanouir, et qu'ils retirent de nombreux avantages de l'apprentissage d'une langue seconde.
Nous savons également que les élèves, les parents, les administrateurs et plus particulièrement les enseignants ont besoin d'un plus grand soutien pour avoir le sentiment de bien répondre à toute la gamme des besoins d'apprentissage des classes d'immersion française. Dans notre district, nous travaillons avec ardeur et sans relâche à mettre au point et à fournir toute une gamme de mécanismes d'aide, dont des interventions en littératie précoce en français, une formation améliorée en littératie en immersion française pour les enseignants et l'accès à des stratégies d'enseignement inclusives.
Notre deuxième défi vient de l'accès et de la disponibilité des programmes. Edmonton compte un vaste étalement urbain, une population en hausse et de nombreux choix de programmes pour les parents. Il est difficile d'offrir à toutes les familles un accès facile local aux écoles d'immersion française. Le coût et la durée du transport posent aussi des problèmes importants.
Notre troisième défi est de veiller à ce que les parents de la communauté dans son ensemble apprécient la valeur de l'apprentissage de la langue française. Les programmes d'immersion française prennent beaucoup de temps, d'énergie et d'argent. Nous continuons de faire des progrès, comme en témoigne l'augmentation de nos inscriptions.
Nous venons de lancer le mois dernier une nouvelle vidéo pour promouvoir les programmes d'immersion française et offrir aux parents des renseignements essentiels sur ses avantages.
Nous avons toutefois besoin d'un soutien à plus vaste échelle. Il est nécessaire de faire un travail ciblé dans ce domaine, et le protocole fournit un moyen possible de transmettre ce message.
Je vous ai décrit trois de nos principaux défis. Mais il y en a d'autres, dont la transition sans heurts de nos élèves à l'enseignement postsecondaire et la disponibilité d'un bassin suffisant d'enseignants qualifiés.
Vous nous avez invités aujourd'hui à formuler des recommandations sur la façon dont le gouvernement fédéral pourrait accroître sa contribution à l'enseignement de l'autre langue officielle. En général, le protocole et son contenu demeurent valides. Cependant, je voudrais partager avec vous quelques idées dans l'esprit d'une amélioration constante.
L'élaboration de protocoles à plus long terme permet aux provinces et aux autorités scolaires de maximiser leurs efforts afin que les districts scolaires soient en mesure de planifier et de se concentrer sur la mise en oeuvre. La priorité et la stabilité à long terme du financement ont fortement influé sur la qualité et les résultats. Cela dit, les retards ou les délais entre la fin d'un protocole et le début de la mise en oeuvre d'un nouveau, surtout durant les périodes d'austérité financière, peuvent avoir un effet dévastateur sur le maintien ou la mise en oeuvre d'initiatives. Toute réduction apportée à ce délai constituerait une amélioration considérable qui aiderait grandement les autorités scolaires.
Pour ce qui est du contenu du protocole lui-même, je souhaite attirer votre attention sur le domaine de résultat pour la « Langue seconde, primaire et secondaire, 3.2.2.1, Participation des élèves ». Le résultat visé est le recrutement et la rétention d'élèves dans les programmes d'apprentissage de la langue seconde jusqu'à la fin du secondaire. Comme on l'a dit précédemment, nous croyons que tous les enfants canadiens devraient avoir accès à des programmes d'immersion française et devraient recevoir des services de qualité dans ces programmes pour les aider à réussir.
À cette fin, nous recommandons que l'énoncé soit modifié pour se lire comme suit: « Recrutement et rétention d'élèves dotés d'aptitudes, de capacités et de besoins d'apprentissage divers dans des programmes d'apprentissage de la langue seconde, jusqu'à la fin du secondaire. » Alternativement, nous recommandons l'ajout d'un nouveau résultat qui exprimerait la nécessité d'accroître l'accès et l'offre de services de soutien à un vaste éventail d'élèves dotés de besoins d'apprentissage divers pour l'apprentissage de la langue seconde. À notre avis, cette modification exprimerait de façon plus vigoureuse l'objectif que tous les élèves puissent devenir bilingues.
Deuxièmement, j'attire de nouveau votre attention sur l'importance de renforcer la promotion de l'apprentissage du français et des programmes d'immersion française. À cette fin, il faut communiquer les nombreux avantages qu'offre l'apprentissage d'une deuxième langue. De nos jours, les parents ont de nombreux choix, et il est essentiel de faire des efforts concertés à l'échelle locale et nationale pour renforcer ces avantages. On pourrait renforcer les domaines de résultat au moyen de mesures ciblées dans ce domaine.
Nous souhaitons en outre exprimer notre encouragement à la poursuite de programmes comme Explore, Échanges Canada, SEVEC, Emplois d'été Échanges d'Étudiants, etc. Nous estimons que ces programmes sont essentiels pour offrir à nos élèves des possibilités intéressantes d'apprentissage hors classe.
Nous avons des propositions à l'égard de nouveaux programmes qui pourraient relever du gouvernement fédéral. Nous croyons que le gouvernement fédéral devrait être un chef de file pour ce qui est d'encourager et d'appuyer la mise en place d'un cadre de référence commun pour l'apprentissage des langues de la maternelle jusqu'au postsecondaire, et même au-delà. Nous avons travaillé à la mise en oeuvre de plusieurs cadres pour plusieurs langues pendant bien des années, et nous estimons que le cadre européen commun de référence pour les langues, le CECRL, est de loin le meilleur pour l'enseignement de la maternelle jusqu'au postsecondaire.
Nous avons largement utilisé ce cadre de référence dans nos classes, de même que pour l'enseignement d'autres langues, avec beaucoup de succès. Nous croyons qu'il a également été un facteur essentiel à l'amélioration de l'enseignement de la langue seconde par nos enseignants, ainsi qu'à l'apprentissage fait par les élèves, et qu'il nous a grandement aidés à accroître le degré de compétence linguistique de nos élèves.
La mise en oeuvre nationale de ce cadre renforcerait les programmes d'enseignement du français partout au Canada et ce de bien des façons, entre autres en améliorant l'uniformité et la transparence quant aux attentes en matière de compétences linguistiques, en favorisant la compréhension chez les autorités scolaires, les élus, les parents, les établissements d'enseignement postsecondaire et les employeurs sur ce que l'on peut attendre des diplômés de ces programmes à différents niveaux et en facilitant une transition plus facile des élèves vers les cours de langue seconde de niveau postsecondaire.
Le programme fédéral pourrait aussi répondre à un autre besoin au moyen de la création de fonds distincts au soutien de nouveaux besoins et de solutions innovatrices à ces besoins. À notre avis, il pourrait s'agir de fonds d'initiatives spéciales qui encourageraient ouvertement les initiatives interprovinciales ou pancanadiennes ou des initiatives innovatrices ou réactives de nature, et accorderaient la priorité à de telles initiatives.
D'après nous, ces initiatives pourraient être gérées directement par l'entremise du gouvernement fédéral et ne devraient pas nécessairement être limitées par des exigences et les protocoles des provinces.
Je crois savoir que les protocoles prévoient une marge de manoeuvre qui pourrait permettre de telles initiatives. Dans l'accord actuel, les mentions à cette possibilité semblent assujetties à des exigences bureaucratiques très lourdes et, par conséquent, les organisations qui auraient des projets nouveaux et innovateurs à proposer s'abstiennent de le faire de crainte des contraintes qui pourraient leur être imposées selon les niveaux exigés de l'accord. Il ne semble pas exister de processus qui permettrait aux organisations sur le terrain, par exemple les autorités scolaires, d'identifier de tels besoins et de proposer de nouvelles initiatives de ce genre.
Pour conclure, je répète que le Conseil des écoles publiques d'Edmonton est passionné par l'enseignement des langues et par l'immersion française, et qu'il essaie constamment de s'améliorer. Nous vous remercions sincèrement de nous avoir donné la possibilité de vous faire part de notre passion, de nos réussites, de nos défis et de nos idées.
[Français]
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
Je présente ce rapport du point de vue d'un professeur universitaire impliqué quotidiennement dans l'enseignement et la recherche en immersion française. Cependant, ce point de vue est influencé par mes expériences antérieures comme enseignant d'immersion dans le système public, comme parent de deux enfants qui ont étudié en immersion dans trois provinces canadiennes et comme apprenant du français langue seconde moi-même.
Les programmes d'immersion française continuent à connaître beaucoup de succès à l'échelle nationale et internationale. Je suis en train d'écrire un article avec une collègue pour une revue internationale sur l'épanouissement de l'immersion en Amérique du Nord et dans les pays de la ceinture pacifique. Cette innovation canadienne dans le monde de l'apprentissage des langues secondes continue d'être l'une des exportations les plus importantes de notre pays et nous a mis au premier plan de la didactique des langues secondes à l'échelle mondiale. Ces réussites sont vraiment impressionnantes. Le but de ce rapport, cependant, est de commenter l'immersion française telle qu'elle existe chez nous en 2013.
[Traduction]
Je vais commencer par parler du passé proche et des décisions prises récemment au Nouveau-Brunswick, ainsi que des leçons à en tirer.
En juillet 2007, le ministère de l'Éducation du Nouveau-Brunswick a commandé un examen de la programmation du français langue seconde. Le ministre de l'Éducation à l'époque, Kelly Lamrock, a nommé deux commissaires, James Croll et Patricia Lee, ni l'un ni l'autre expert dans le domaine de l'éducation dans la langue seconde.
Le 27 février 2008, les commissaires on publié leur rapport. Il a été reçu avec incrédulité par le public averti, car il dressait un bilan partial et résolument négatif de l'immersion française précoce au Nouveau-Brunswick.
Le rapport ne présentait pas les points de vue d'experts en langue seconde ni d'autres intervenants clés, comme le commissaire aux langues officielles, qui parlait des avantages de l'immersion française, ainsi que des problèmes qu'il convenait de résoudre. Il faisait fi aussi d'années de recherche sur l'immersion française précoce prouvant ses résultats probants pour la compétence en français et la littératie dans son ensemble. Le ministre a pourtant décidé de mettre en oeuvre toutes les recommandations principales du rapport, dont l'élimination de l'immersion française précoce.
De ce fait, le Nouveau-Brunswick, seule province officiellement bilingue du Canada, est maintenant la seule province à ne pas avoir de programme d'immersion française précoce. En fait, il n'y a pas de programmation pour le français langue seconde du jardin d'enfants à la 3e année.
La décision radicale d'éliminer le programme d'immersion française précoce en 1re année n'était ni nécessaire ni judicieuse. D'après les propres statistiques d'évaluation du gouvernement provincial du Nouveau-Brunswick, l'immersion française précoce est le seul programme où une grande majorité des élèves atteint systématiquement une compétence orale de niveau intermédiaire-plus: 82 % d'entre eux. De plus, 33 % d'entre eux atteignent une compétence supérieure. À titre de comparaison, ce sont seulement 44 % des élèves d'immersion française tardive et 4 % des élèves de français de base qui atteignent une compétence de niveau intermédiaire-plus.
Rien ne prouve que les élèves d'autres programmes parviennent à une compétence intermédiaire avant la fin de l'école secondaire.
Je recommanderais donc que le gouvernement fédéral, tout en appuyant d'autres points d'accès à l'immersion, s'attache à l'immersion française précoce comme niveau d'entrée normal pour l'immersion française partout au Canada.
Laissez-moi parler maintenant de l'immersion française comme programme universel.
Certains décrivent l'immersion française comme un programme élitiste contribuant à la ségrégation. Toutefois, au Nouveau-Brunswick comme dans le reste du Canada, l'immersion française fait partie intégrante du système d'éducation publique. C'est un choix qui, en principe, est ouvert à tous les parents. Il est difficile, dans ce cas, de voir comment le terme de ségrégation pourrait s'appliquer.
Ceci dit, il est indéniable qu'il se crée des filières dans les écoles qui proposent l'immersion française. Il semblerait que les politiques publiques contribuent à ces filières, ainsi que les contraintes économiques et sociales.
Les enfants ayant des besoins spéciaux ont des problèmes ayant trait à leur capacité ou leur comportement, mais souvent aux deux, l'un affectant l'autre. Il est également vrai qu'une plus grande part des étudiants connaissant des difficultés viennent de milieux sociaux et économiques désavantagés. Comprendre ces interactions complexes et donner aux professeurs les ressources voulues pour y faire face est essentiel pour la réussite des élèves, quelle que soit la classe ou l'établissement.
Et il est important de s'attaquer au problème de la création de filières, pour faire de l'immersion française précoce le programme inclusif qu'il devrait être. Les parents d'enfants plus susceptibles d'avoir des difficultés d'apprentissage devraient voir dans l'immersion française précoce une véritable option. En effet, l'immersion française précoce constitue pour des enfants ayant toute une gamme de capacités d'apprentissage la meilleure chance de devenir bilingues. Pourquoi? Parce qu'elle s'attache essentiellement au développement du langage lors des premières années et le fait de façon très naturelle, similaire à la façon dont les élèves apprennent leur première langue.
En corollaire à la recommandation un, je recommande donc que le gouvernement fédéral appuie l'immersion française précoce comme étant l'option de programme la plus inclusive et qu'il veille à ce qu'on appuie systématiquement enseignants et apprenants, afin que des apprenants de tout niveau de compétence s'inscrivent en immersion française précoce et y restent.
[Français]
L'immersion précoce, est-ce une réussite? Nous avons vu que le niveau de compétence orale des diplômés de l'immersion précoce était nettement supérieur à celui des étudiants dans d'autres programmes. En plus, maintes études scientifiques effectuées partout au Canada confirment le succès de ce programme.
Malgré ces résultats positifs, il y a un problème d'abandon du programme d'immersion au niveau secondaire. Cela ne reflète pas, cependant, un manque de volonté de la part des étudiants de poursuivre leurs études en français. Dans beaucoup de cas, les cours que les étudiants aimeraient suivre ne sont pas offerts en français. C'est particulièrement le cas pour les cours avancés en maths et en sciences. Si nous désirons un plus grand pourcentage de diplômés issus de nos programmes d'immersion et un plus haut niveau de compétence, il faut en faire plus au niveau secondaire. Autrement, tous nos efforts aux niveaux élémentaire et intermédiaire risquent d'avoir été faits en vain.
Je recommande donc que le gouvernement fédéral encourage les provinces à augmenter les ressources disponibles au niveau secondaire pour l'élaboration et la prestation d'un plus grand éventail de cours en français. Des initiatives qui ciblent la formation et le recrutement d'enseignants bilingues dans les domaines des maths et des sciences sont critiques à cet égard.
[Traduction]
La question de la formation des maîtres est reliée au sujet précédent. En tant que professeur dans une faculté d'éducation, je suis particulièrement intéressé par ce domaine.
Notre expérience le montre, systématiquement: Il y a beaucoup d'étudiants qui souhaitent entreprendre des études d'éducation pour enseigner en immersion mais qui n'ont pas le niveau voulu d'un point de vue linguistique. Bon nombre d'entre eux sortent de l'immersion française et une partie d'entre eux ont également en poche un diplôme d'une université canadienne avec une majeure en français. Manifestement, il faut plus que cela avant d'avoir le niveau linguistique français voulu pour enseigner. Pour créer un bassin de candidats ayant les qualifications linguistiques requises et pouvant ensuite être formés sur le plan pédagogique, il faut des formules de rechange en français dans les universités anglophones canadiennes, ainsi que des échanges ou des stages de moyenne ou longue durée dans des milieux francophones.
Je recommande donc que le gouvernement fédéral augmente son soutien au programme de stage de moyenne et longue durée pour les professeurs de français en herbe et qu'il appuie les universités anglophones souhaitant offrir à leurs étudiants un apprentissage alternatif du français.
[Français]
Je vais maintenant parler de l'avenir de l'immersion.
Le programme d'immersion a énormément grandi depuis sa mise sur pied, il y a 45 ans. Il a eu un impact considérable sur l'apprentissage des langues secondes au Canada et partout dans le monde. Toutefois, il y a encore du progrès à faire. Il y a deux questions importantes. Comment pouvons-nous profiter des connaissances existantes des étudiants dans leur première ou deuxième langue dans l'apprentissage du français en immersion? Comment les étudiants qui éprouvent des difficultés d'apprentissage peuvent-ils réussir à atteindre leur potentiel en immersion?
Présentement, trois de mes étudiants au doctorat ici, à l'Université du Nouveau-Brunswick, explorent ces questions dans les salles de classe d'immersion française. Ces étudiants au doctorat représentent l'avenir et joueront un rôle critique dans la prestation de nos programmes à une clientèle de plus en plus diversifiée. Ils bénéficient de l'appui financier du gouvernement fédéral grâce à des programmes de bourses du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada et de Patrimoine canadien, dans le cadre du Programme des langues officielles en éducation. Ils ne pourraient pas poursuivre leurs recherches et leur carrière sans cet appui.
Je recommande donc que le gouvernement fédéral maintienne, voire améliore son appui à la recherche en didactique des langues secondes et, en particulier, son appui aux étudiants de deuxième et de troisième cycle et aux nouveaux chercheurs.
[Traduction]
En conclusion, l'immersion française, et plus particulièrement l'immersion française précoce, est une réussite sur le plan national et international. Il reste toutefois du pain sur la planche afin de rendre le programme accessible à un plus grand public ici au pays. À l'heure actuelle, on constate une grande variation des taux d'inscription: 36 %, 23 % et 21 % d'étudiants inscrits en immersion au Québec, au Nouveau-Brunswick et à l'Île-du-Prince Édouard; mais de 8 % à 10 % dans les autres provinces et territoires. Le taux d'inscriptions va en augmentant, ce qui est positif, mais nous devons faire mieux. Nous devons éliminer les obstacles. On ne devrait pas avoir besoin de tirages au sort pour décider qui s'inscrit et on ne devrait pas aboutir à la création d'un système ou seuls quelques élèves persistent, faute de soutien pour les apprenants en difficulté.
Nous pouvons faire mieux et, pour créer une société plus véritablement bilingue, nous devons faire mieux.
[Français]
Merci beaucoup.
:
Je suis mieux placée pour parler du succès que nous avons connu dans nos propres commissions scolaires. Comme je l'ai dit, en 2001, la commissaire aux langues officielles, un membre de l'Assemblée législative et le surintendant des écoles de l'Alberta se sont réunis pour discuter du déclin des inscriptions en immersion française dans notre district scolaire. La situation devenait critique. Notre surintendant s'est alors engagé à ce que nous doublions les chiffres en l'espace de 10 ans, ce à quoi nous sommes parvenus. À la suite de cette discussion, en 2001, nous avons effectué un sondage auprès des parents et des employés: enseignants, directeurs d'école, assistants en éducation, élèves et experts-conseils. Le sondage s'efforçait d'identifier les problèmes auxquels nous étions susceptibles de nous heurter dans nos tentatives pour augmenter le nombre d'inscriptions et avoir un programme vraiment couronné de succès.
En 2002, nous avons élaboré un projet de renouvellement de la langue française. Il a servi de point de départ à des recommandations sur l'aspect général d'un programme linguistique réussi. Après trois ans, munis des recommandations en question, nous avons commencé à les mettre en oeuvre pour améliorer nos programmes. Je pourrais évoquer certaines de ces recommandations, si vous le souhaitez.
Nous avons d'abord constaté que nous avions la chance de pouvoir compter sur des conseillers scolaires particulièrement déterminés. Nous avions un surintendant et un personnel de la direction centrale particulièrement solides et convaincus de l'importance des programmes de langue française dans notre district. Comme le suggéraient les recommandations, nous avons également mis sur pied un groupe d'experts-conseils vraiment fiable. Nous avions un noyau d'environ six experts-conseils, soit le plus important au Canada, voire en Amérique du Nord à cette date. Nous avons travaillé en équipe à la mise en oeuvre des recommandations figurant dans le rapport.
Qu'avons-nous constaté? Qu'il fallait aligner les objectifs du programme d'immersion française avec les lignes directrices nationales et internationales. Nous nous sommes efforcés de fournir un niveau de compétence cible que les étudiants devaient atteindre en 6e année, en 9e année ou en 12e année: ce qu'on devait voir et entendre dans tous les domaines de la communication.
Nous estimions aussi qu'il fallait fournir des ressources supplémentaires: non seulement de la documentation, mais un accès à des experts-conseils qui collaboreraient au perfectionnement professionnel, ainsi qu'au développement des capacités de leadership au sein des écoles et du district. Nous nous sommes penchés sur diverses technologies utilisables en classe et dans les écoles.
Nous nous sommes aussi penchés sur la possibilité de fournir aux élèves l'occasion d'adopter le français hors de la salle de classe. Les élèves nous disent souvent: « Le français? Sorti de la classe, cela n'a aucune importance, il n'y a rien. » Ayant conscience d'une énorme lacune de ce point de vue, nous avons beaucoup travaillé avec les commissions scolaires francophones d'Edmonton. Nous avons également conclu des partenariats avec l'Alliance française d'Edmonton. Nous avons ainsi participé à toute une série d'activités ayant lieu dans notre petite collectivité francophone: des pièces de l'UniThéâtre, qui présente des productions françaises; des sorties dans un restaurant français; des visites aux cabanes à sucre. Les élèves étaient toujours les bienvenus, dans ces situations et il était intéressant de voir comment ils réagissaient.
Plus tard, nous nous sommes impliqués dans Le français pour l'avenir et son forum des jeunes ambassadeurs, auquel nos élèves ont participé. L'an dernier, nous avons envoyé un élève en France, grâce à un programme offert par l'ambassade de France au Canada, intitulé Génération bilingue, qui a permis à cet étudiant de passer un mois en France à visiter différents sites historiques, en tant que membre d'un groupe de jeunes venus de partout au monde.
J'ai déjà parlé d'un autre domaine: les partenariats locaux, nationaux et internationaux. On a des musiciens qui sont venus, des auteurs locaux — tout ceci sans frais pour le district, car cela relevait de nos partenariats.
L'un de nos atouts majeurs est en fait d'avoir élaboré un ensemble de politiques et de règlements exhaustifs. Dès le départ, nous avons imposé comme politique et règlement à nos écoles les recommandations qui figuraient dans le rapport. Cela s'accompagnait d'un mandat pour que nos élèves commencent le français de base en 4e année et poursuivent l'étude jusqu'à la 9e année. Cela s'est avéré très utile aussi.
En outre, nous avons envisagé une homologation provinciale et des évaluations de rendement linguistique du personnel.
Je pourrais continuer mais vous souhaitez probablement poser d'autres questions.