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Monsieur le président Chong, monsieur le vice-président Godin, que je salue puisqu'il est le député d'Acadie—Bathurst, madame la vice-présidente St-Denis et membres du comité, bonjour.
Je tiens tout d'abord à vous remercier de l'invitation à comparaître aujourd'hui devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes. C'est d'autant plus un plaisir pour moi de le faire à titre de président du Conseil des gouverneurs du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick, ou CCNB. De plus, le thème de la situation économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire nous interpelle tout particulièrement.
Je n'ai pas à vous convaincre de l'importance des actions touchant les langues officielles au Canada par rapport aux objectifs d'épanouissement des communautés minoritaires. Dans le domaine de l'éducation au Nouveau-Brunswick, cela contribue à diverses initiatives à tous les niveaux, visant ainsi la vitalité et le développement économique de nos communautés.
Je vais donc vous parler brièvement de notre institution de formation, des données que nous avons sur sa contribution économique sur le plan provincial, des défis auxquels elle fait face dans l'exécution de son mandat, pour terminer avec quelques pistes de solutions et des recommandations afin de pouvoir relever ces défis avec nos partenaires.
En tant qu'institution de formation technique et professionnelle, le CCNB contribue depuis 40 ans à l'épanouissement de la société acadienne et francophone de la seule province officiellement bilingue au pays.
Notre communauté constitue un tiers des quelque 750 000 habitants de la province. Pourtant, ni la Loi sur les langues officielles du Nouveau-Brunswick, ni la Loi reconnaissant l’égalité des deux communautés linguistiques officielles au Nouveau-Brunswick, ni l'inscription dans la Charte canadienne des droits et libertés du principe de l'égalité des deux communautés linguistiques du Nouveau-Brunswick n'ont su apporter, dans les faits, l'égalité et le niveau de développement économique tant souhaités.
Récemment, en 2010, la Loi sur les collèges communautaires du Nouveau-Brunswick nous a finalement dotés de notre société collégiale autonome en français, remplaçant ainsi une structure bilingue telle qu'elle était préconisée jusqu'alors.
La mission du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick est de contribuer à l'épanouissement des personnes et de la société acadienne et francophone en offrant des programmes de formation axés sur les compétences qui correspondent aux besoins du marché de l'emploi, en soutenant des activités de recherche appliquée qui stimulent les processus d'innovation et en nous engageant activement au sein de nos communautés. Cela se traduit par plus de 92 programmes de formation technique et professionnelle offerts dans nos cinq campus, qui sont en adéquation avec les besoins du marché.
En 2012-2013, le CCNB a accueilli plus de 8 560 étudiants dans sa programmation régulière et en formation continue, et affichait un taux de placement de 86 % durant l'année suivant l'obtention du diplôme.
Une étude récente menée par l'Economic Modeling Specialists International sur l'impact de la présence du CCNB dans la province démontrait qu'en 2012-2013, le CCNB comptant plus de 700 employés et un budget de 60 millions de dollars, l'effet global du CCNB et de la productivité de ses étudiants dans l'économie du Nouveau-Brunswick était de 400,5 millions de dollars, un montant équivalant à environ 1,4 % du produit intérieur brut de la province. La masse salariale était de 44 millions de dollars. Le taux de rendement des investissements des contribuables de la province dans le CCNB était de 3,6 %. Chaque dollar dépensé a eu les résultats suivants: 4,50 $ de rendement pour les étudiants grâce aux revenus perçus pendant toute leur vie, et 5,40 $ de rendement pour la société grâce aux revenus provinciaux additionnels et aux économies sociales.
Le contexte socioéconomique est préoccupant. Une étude a été menée en 2012 par le professeur Maurice Beaudin, économiste à l'Université de Moncton, portant sur les besoins et les tendances du marché de l'emploi et de la formation de la main-d'oeuvre dans le Nord du Nouveau-Brunswick. Selon les résultats, on retrouve plus de 70 % de la population acadienne et francophone dans cette partie essentiellement rurale de la province. Il en ressort que présentement, l'économie du Nord du Nouveau-Brunswick est confrontée à un déclin démographique, à un taux de chômage élevé et à un faible taux d'alphabétisme et d'éducation de sa population. Bien que de bons emplois soient disponibles, les entrepreneurs peinent parfois à les pourvoir.
À part notre campus de Dieppe, qui bénéficie d'un meilleur climat économique dans le sud-est de la province, les quatre autres campus du CCNB sont situés dans le Nord du Nouveau-Brunswick, soit à Bathurst, à Campbellton, à Edmundston et dans la Péninsule acadienne, au sein d'une région dite de ressources où l'économie est basée sur les mines, la forêt, la tourbe et la pêche. Or, les changements structurels économiques importants qui se sont produits au cours des 20 dernières années font en sorte que la région est en voie de transition sur le plan économique.
Il en résulte des tendances lourdes qui nous préoccupent, dont l'exode des jeunes des régions du Nord du Nouveau-Brunswick vers l'Ouest canadien et vers les corridors urbains du Sud du Nouveau-Brunswick, ainsi que le vieillissement de la population, qui est un effet principal de l'érosion de jeunes cohortes qui compromet l'offre de travailleurs qualifiés. Une troisième tendance liée à l'éducation fait en sorte que nous avons un faible taux de littératie et de diplomation ainsi qu'un pourcentage élevé de personnes inactives et sans diplôme ou certificat.
Dans ce contexte, le Conseil économique du Nouveau-Brunswick signale depuis plusieurs années que les employeurs de la région font face, parmi les plus grands défis de leur développement, à une pénurie de main-d'oeuvre qualifiée en ce qui a trait non seulement aux connaissances spécialisées, mais également aux compétences comme l'adaptabilité et la capacité de travailler en équipe.
Maintenant, je vais vous signaler des recommandations pour des pistes d'action.
Il est clair qu'à l'heure actuelle, la région du Nord du Nouveau-Brunswick est mal préparée pour faire face aux changements structurels de l'économie. Le CCNB y voit toutefois des occasions de positionnement à l'égard de la formation, du développement institutionnel et de l'innovation.
Considérant la place et le rôle important du CCNB dans le cadre du Plan d'action de développement économique du Nouveau-Brunswick et de la Stratégie de perfectionnement des compétences de la main-d'oeuvre du Nouveau-Brunswick 2013-2016, le CCNB est en mesure de présenter des recommandations pour des pistes d'action à approfondir.
Il apparaît donc essentiel pour le CCNB de rehausser les compétences des personnes sans formation ou peu formées ainsi que celles des personnes sans emploi ou sous-employées. Le CCNB est prêt à jouer son rôle en concertation avec les principaux acteurs de l'industrie, de la communauté, des gouvernements et des autres établissements de formation.
Pour leur part, les intervenants de l'industrie souhaitent qu'il y ait création de valeur ajoutée dans le secteur des ressources naturelles. Les projets qui s'intéressent à la deuxième et à la troisième transformation des ressources naturelles sont perçus comme étant très porteurs, de même que ceux du secteur de la fabrication industrielle, particulièrement dans le cadre des mégaprojets et des grands chantiers industriels.
De concert avec la province, le gouvernement fédéral peut contribuer directement au rehaussement de l'économie locale grâce à des investissements dans plusieurs secteurs. D'abord, il faudrait accroître le financement de la recherche appliquée et de l'innovation au postsecondaire, et plus particulièrement au collégial. Ensuite, il faudrait investir dans les projets d'infrastructure dans le cadre de Chantiers Canada 2014. Pour le CCNB, cela signifie le maintien des infrastructures actuelles et l'ajout d'espaces de façon à répondre adéquatement aux besoins de formation et de recherche. Troisièmement, il faudrait soutenir le recrutement étudiant à l'échelle internationale et la mobilité des étudiants et du personnel. Quatrièmement, il faudrait financer adéquatement les études par un système de prêts et bourses adapté aux besoins des étudiants. Cinquièmement, il faudrait financer les stages en entreprise. Sixièmement, il faudrait financer la formation en santé en français. Nous recevons déjà des sommes du Consortium national de formation en santé, le CNFS. Nous comptons également sur le financement du Programme des langues officielles dans l'enseignement, de Patrimoine canadien. Enfin, nous souhaitons l'établissement d'institutions fédérales dans les régions.
En conclusion, il nous paraît évident que, n'eussent été le faible taux d'alphabétisme et le taux élevé de décrochage scolaire dans une province comme la nôtre, le CCNB aurait pu apporter une plus grande contribution à l'essor de la province, car le bassin pour le recrutement au postsecondaire aurait été plus grand aujourd'hui.
En raison de la dénatalité, ces défis face au recrutement vont s'intensifier dans les prochaines années si rien n'est fait pour, d'une part, garder les jeunes à l'école et, d'autre part, pouvoir rejoindre une grande partie de notre population sous-scolarisée.
Cela sera possible en précisant et en contrôlant mieux toute la notion d'accessibilité aux études, de façon à en réduire les obstacles financiers. Il est essentiel de travailler en synergie avec tous les partenaires pour répondre aux besoins des communautés acadiennes et francophones. Il faut absolument que le gouvernement provincial, responsable de l'éducation, fasse de la culture de l'apprentissage et de la formation continue une priorité interministérielle, avec l'appui du gouvernement fédéral grâce aux différents programmes s'adressant aux minorités de langue officielle dans l'ensemble du pays.
Je vous remercie de m'avoir invité à prendre la parole. Je souhaite bon succès au processus de consultation entamé par le Comité permanent des langues officielles.
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Merci, monsieur le président.
Merci à vous tous.
[Traduction]
À mon avis, servir en tant qu'élu est l'une des vocations les plus nobles. J'aimerais vous remercier tous de servir le Canada ainsi que les Canadiens d'un bout à l'autre du pays.
De plus, j'aimerais plus particulièrement saluer mes deux bons amis, John Williamson et Yvon Godin, qui viennent du Nouveau-Brunswick. Au cours de ma carrière, j'ai eu l'occasion de travailler de près avec eux. Je suis toujours ravi de les voir, comme vous tous d'ailleurs.
Merci beaucoup.
[Français]
Merci de cette occasion.
La Ville de Moncton est fière d'être devenue, en 2002, la première municipalité officiellement bilingue au Canada. Cet atout constitue une distinction qui nous permet de vivre un essor économique remarquable, après le krach important que nous avons connu dans les années 1980, à la suite du départ du CN, un de nos plus grands employeurs.
[Traduction]
Monsieur le président, lorsque les ateliers du CN ont fermé, un programme audacieux de développement économique a été mis en oeuvre, sous la direction de dirigeants politiques et communautaires extrêmement motivés et engagés. Nous nous sommes pris en main et nous nous sommes mis au travail, à commencer par l'organisation d'un sommet économique local qui a rassemblé ses dirigeants et a établi les fondations pour l'avenir de Moncton. D'ailleurs, une des personnes participant à l'époque m'a récemment confié que le bilinguisme était « le tout premier attribut commercialisable à avoir été défini et pouvant servir à la reconstruction ».
Au cours des trois dernières décennies, les succès économiques enregistrés par le Nouveau-Brunswick et Moncton peuvent souvent être attribués à une main-d'oeuvre disponible, qualifiée et bilingue. Évidemment, d'autres facteurs entrent en jeu, mais ce que nous avons plutôt bien réussi à faire est de créer des perspectives grâce à la promotion des talents de nos résidants bilingues.
Maintenir un tel niveau de croissance au fil des années n'est pas chose aisée. Si certains sont susceptibles d'attribuer cela à de la chance, ce n'est, le plus souvent, pas le fruit de la magie ou de la chance. La ville de Moncton, en tant que collectivité, a misé sur le bilinguisme et il existe un constat fondamental voulant que l'apprentissage de deux langues constitue un avantage. Cela élargit les horizons, ouvre des portes, et encourage la collaboration et les échanges culturels.
L'inscription même de centaines d'enfants aux programmes d'immersion en français offerts par notre district scolaire anglophone local, ainsi que les nombreux enfants issus de familles exogames qui sont inscrits dans notre district scolaire francophone, démontre que les parents adhèrent à la valeur du bilinguisme dans notre région.
[Français]
Plus de 50 % de notre population parle le français et l'anglais, mais le bilinguisme n'est jamais en soi un fait accompli. Il ne faut surtout pas nous reposer sur nos lauriers.
À Moncton, nous avons un pourcentage important de francophones: environ 35 % des citoyens indiquent le français comme langue maternelle et à peu près 50 % parlent les deux langues. Leur situation en tant que groupe linguistique minoritaire est très réelle. La municipalité est très consciente des efforts continus qu'il faut investir pour veiller à l'épanouissement du français chez nous.
Depuis le Congrès mondial acadien tenu à Moncton en 1994, on remarque l'engagement des francophones du coin. Leur fierté est évidente. Moncton a accueilli avec grand succès le Sommet de la Francophonie en 1999, et d'autres événements de renommée prennent de l'ampleur, comme le Festival Frye, le seul festival littéraire international bilingue au Canada et le plus important au Canada atlantique.
La communauté francophone fait donc maints efforts pour veiller à sa vitalité culturelle et économique, mais que dire de nous en tant que municipalité?
Certains affirment que le bilinguisme ou la dualité linguistique représente des coûts importants dans cette ère de déficits et de compressions budgétaires. La question qu'il faut plutôt se poser est la suivante: pouvons-nous nous permettre d'abandonner l'atout qui nous distingue dans un monde de plus en plus concurrentiel? Pour la Ville de Moncton, les dépenses liées au bilinguisme sont, au contraire, perçues comme des investissements.
Bien sûr, nous avons certaines obligations légales, mais nous ne sommes pas obligés d'embaucher des artistes francophones pour de grandes célébrations communautaires comme la fête du Canada. Nous visons, avec plaisir, un équilibre culturel qui rend hommage à nos deux principaux groupes linguistiques, afin de continuer à offrir à nos résidants l'occasion de vivre des expériences hautes en couleur.
La création, en 1963, de l'Université de Moncton a sans doute contribué au succès des francophones dans ce milieu minoritaire. Des générations d'Acadiens ont obtenu une formation postsecondaire de qualité. Des francophiles provenant d'ailleurs au Canada et du monde entier sont attirés à Moncton pour y faire leurs études et s'y installer à long terme, grâce à la coexistence harmonieuse des deux groupes linguistiques.
[Traduction]
Aujourd'hui, monsieur le président, notre économie régionale profite très certainement des grands établissements ou employeurs francophones, tels que Radio-Canada, le Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont, et le groupe Imvescor coté en bourse.
La compagnie Assomption Vie, qui se spécialise dans les services financiers et d'assurance, emploie quelque 200 personnes ainsi que plus de 7 000 courtiers, et elle a récemment étendu ses activités à l'Ouest canadien et aux États-Unis. Et c'est sans compter qu'elle a bâti le seul gratte-ciel de notre ville. Nous en sommes fiers, puisque nous n'en avons qu'un.
Des voix: Oh, oh!
M. Jacques Dubé: Un autre exemple intéressant est celui de ShiftCentral, une agence spécialisée dans les technologies et l'information commerciale sur Internet, fondée en 2000 par un promoteur acadien francophone. Située à Moncton, l'agence a depuis pris de l'expansion. Elle a ainsi ouvert un bureau à Boston pour servir un nombre sans cesse croissant de clients américains.
En fin de compte, la langue n'est pas le facteur déterminant en ce qui concerne les investissements. En effet, la rentabilité et un plan d'affaires solide sont des gages de réussite.
Moncton occupe une place de choix grâce à son emplacement et à son caractère bilingue, pour appuyer la centralisation des tâches administratives gouvernementales — en administration, par exemple — et devenir un acteur clé dans le cadre du lancement de l'Accord de libre-échange Canada-Europe, ou AECG. Nous avons également la chance d'avoir un sous-secteur prospère, celui des services de traduction.
Pour conclure, en tant que municipalité, nous sommes conscients qu'il y a toujours des moyens de faire mieux, et notre comité Bilinguisme à Moncton, récemment mis sur pied, cherche des façons d'améliorer l'expérience des résidants dans son ensemble. Si vous souhaitez en savoir plus, j'ai donné à votre greffière une brochure qui explique ce qui a été mis en place pour faire la promotion de l'affichage bilingue dans notre collectivité.
Monsieur le président, les citoyens de Moncton bénéficient généralement d'un bon service dans les deux langues officielles, qu'ils se rendent dans une entreprise publique ou privée. En effet, notre environnement peut être davantage défini comme étant un environnement bilingue qu'une force dynamique clairement établie avec l'anglais d'un côté et le français de l'autre. Certains de nos entrepreneurs les plus prospères ont instauré le changement culturel, à l'appui du bilinguisme. Je cite l'exemple de Larry Nelson de Lounsbury, un anglophone qui a pris les devants pour veiller à ce que Moncton soit une ville bilingue et que les services soient offerts en français et en anglais.
En outre, le secteur privé apprécie notre démarche de collaboration axée sur le bilinguisme, notamment dans le cadre de la sensibilisation des investisseurs à la composition linguistique de notre ville et de notre région. La ville a pour philosophie de montrer l'exemple. Cela signifie que nous encourageons et valorisons le bilinguisme et, par extension, l'utilisation du français dans le milieu culturel et le secteur des affaires.
Au bout du compte, les résidants nés à Moncton et les nouveaux arrivants ne sont pas seulement fiers du caractère bilingue de la collectivité; ils en reconnaissent les nombreux avantages.
[Français]
Je vous remercie. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
La Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick, la FTTNB, se réjouit de cette occasion qui lui est offerte de présenter au Comité permanent des langues officielles son point de vue sur la situation économique des communautés linguistiques du Canada en situation minoritaire.
Créée en 1913, la FTTNB est devenue la principale organisation centrale de travailleurs. Elle représente aujourd'hui 40 000 membres, 18 syndicats distincts, 378 sections locales et 7 conseils du travail de district disséminés dans toute la province. Presque tous les syndicats des secteurs industriels et publics ayant des membres dans la province ont des sections affiliées à la fédération. Cette vaste diversité de membres oblige la FTTNB à traiter des enjeux et des problèmes qui ont une incidence sur les travailleurs, leurs familles et leurs communautés.
Je suis très fier de dire que la FTTNB est une organisation bilingue, comme le garantissent ses statuts. Tous nos documents sont publiés dans les deux langues officielles et nous offrons un service de traduction simultanée à toutes les séances du conseil exécutif, aux conférences et aux congrès. Nous croyons que cela est essentiel pour assurer la pleine participation des deux groupes linguistiques afin que nous puissions remplir pleinement notre mandat et améliorer le bien-être économique et social des travailleurs du Nouveau-Brunswick.
Je suis aussi un membre actif de la Coalition de l'alphabétisation du Nouveau-Brunswick. L'analphabétisme est un problème dans notre province, puisque 60 % de nos concitoyens âgés de 16 ans et plus ne possèdent pas les capacités de lecture et d'écriture dont ils ont besoin pour fonctionner au quotidien. Ces lacunes ont évidemment une incidence directe sur l'employabilité de ces personnes et sur la croissance économique de la province.
Les données de Statistique Canada démontrent que les francophones sont particulièrement touchés, puisque 66 % d'entre eux ont de la difficulté à comprendre un texte élémentaire comparativement à 50 % chez les anglophones. La coalition d'alphabétisation a été informée verbalement qu'à compter de juillet, le financement que nous verse le gouvernement fédéral sera entièrement coupé, mais nous n'en avons pas encore eu la confirmation par écrit. Cela veut dire que le budget de la coalition sera amputé de 90 % de ses fonds.
Comme l'ont souligné d'autres témoins entendus par le comité, les francophones du nord du Nouveau-Brunswick sont aux prises avec des problèmes socioéconomiques particuliers. La FTTNB craint que la réforme de l'assurance-emploi annoncée en 2012 ne fasse qu'exacerber ces problèmes. Au Nouveau-Brunswick, la nature saisonnière de l'emploi, en particulier dans le nord, est inhérente à l'économie, tout simplement. Il est très important de préciser que les travailleurs, eux, ne sont pas saisonniers; seul le travail l'est.
Chaque année, les travailleurs des secteurs des ressources naturelles et du tourisme, de certains ministères du gouvernement ou d'autres entreprises sont mis à pied par leurs employeurs pour une certaine période parce qu'il n'y a carrément plus de travail pour eux. Ces travailleurs préféreraient évidemment travailler toute l'année, mais à cause de la nature saisonnière de leur travail, ils dépendent de l'assurance-emploi durant la saison d'inactivité. Depuis la réforme de 2012, ils sont classés dans la catégorie des « prestataires fréquents » et ils ont beaucoup plus de difficulté à être admissibles aux prestations.
Comme d'autres témoins l'ont fait remarquer, même si les francophones ne représentent que 32 % de la population du Nouveau-Brunswick, ils constituent néanmoins 40 % de la main-d'oeuvre dans les secteurs primaires de l'agriculture, des forêts et de la pêche — des secteurs qui offrent des emplois saisonniers indispensables à la croissance économie de la province. Si ces travailleurs saisonniers ne peuvent être admissibles aux prestations d'assurance-emploi, ils iront chercher du travail ailleurs.
Selon les données du dernier recensement, le Nouveau-Brunswick comptait 751 000 habitants en 2011, une hausse par rapport aux 730 000 en 2006. Les données publiées en septembre 2013 par Statistique Canada indiquent toutefois que la population de la province a chuté à 750 000 habitants, tandis que la population de l'Alberta gagnait plus de 200 000 habitants.
Compte tenu de ces données, il est fort probable que les nouvelles règles de l'assurance-emploi aient favorisé le déclin démographique et que cette tendance se poursuive. Le groupe consultatif mis sur pied par les premiers ministres de l'Atlantique étudie actuellement les répercussions de la réforme de 2012 sur le régime d'assurance-emploi, et nous attendons son rapport avec impatience.
Un autre sujet de préoccupation pour la Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick est l'écart salarial entre les hommes et les femmes dans la province. Cette question est liée autant aux droits de la personne qu'au principe de l'égalité entre les hommes et les femmes. L'écart du salaire horaire entre les femmes et les hommes est de 11,7 %. Autrement dit, les femmes du Nouveau-Brunswick gagnent 11,7 % de moins que les hommes. De plus, 67 % des femmes qui font partie de la population active travaillent dans le secteur privé où il n'existe pas de réglementation en matière d'équité salariale.
Nous ne disposons pas de statistiques sur le pourcentage de femmes francophones touchées, mais ce que nous savons, en revanche, c'est qu'au Nouveau-Brunswick, 35 % des femmes francophones n'ont pas terminé leur cours secondaire, comparativement à 25 % chez les anglophones, et que 23 % des femmes francophones détiennent un diplôme d'études secondaires, comparativement à 30 % chez les anglophones.
En 2006, le gouvernement fédéral a réduit le budget de Condition féminine Canada et modifié le mandat de l'organisme afin de l'empêcher de financer des projets de recherche et de défense des droits. En avril 2010, la Coalition pour l'équité salariale du Nouveau-Brunswick a appris que Condition féminine Canada ne financerait plus ses projets.
Malheureusement, de nombreux groupes de défense des droits des femmes partout au Canada ont également été victimes des coupes budgétaires décrétées par le gouvernement fédéral. En raison de ces compressions budgétaires, il est beaucoup plus difficile pour la Coalition pour l'équité salariale de faire son travail de promotion d'une loi qui réduirait l'écart salarial et qui rendrait justice à toutes les femmes du Nouveau-Brunswick dans leur milieu de travail.
En terminant, je remercie à nouveau le comité d'avoir invité la Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick à faire ce bref exposé. J'espère que vous tiendrez compte de nos préoccupations dans les recommandations que vous présenterez au gouvernement.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais souhaiter la bienvenue à nos amis du Nouveau-Brunswick qui sont parmi nous aujourd'hui. Mes collègues m'ont demandé plus tôt si je voulais poser toutes les questions, étant donné que les témoins étaient tous du Nouveau-Brunswick. Je leur ai répondu que c'était un travail d'équipe et qu'ils ne s'en tireraient pas aussi facilement.
C'est un plaisir de vous recevoir dans le cadre de cette étude, qui est importante. Nous étions bien d'accord pour la faire.
Je vais commencer par vous, monsieur Caron. Vous avez beaucoup d'expérience dans le domaine de l'éducation. Vous avez été directeur du campus de Shippagan de l'Université de Moncton. Vous connaissez très bien le Nord-Est du Nouveau-Brunswick.
Mes questions vont s'adresser à l'un et à l'autre. C'est un beau groupe de témoins qui a été réuni aujourd'hui. On touche aux domaines collégial, universitaire, municipal ainsi qu'à celui des travailleurs.
Sans en dire plus, j'avoue être très jaloux de la ville de Moncton. En effet, les gens partent du Nord du Nouveau-Brunswick pour aller y travailler, ce qui a pour effet de vider nos régions rurales.
À l'intention de ceux qui ne le connaissent pas, je dois dire que M. Dubé vient de la région de Beresford. Il a fait la traversée à la nage entre Grande-Anse et Paspébiac dans le cadre d'une compétition internationale. C'est donc un bon nageur. Ça fait longtemps que je le connais. Il représentait les municipalités chez nous.
Je vais maintenant passer aux questions importantes. Qu'est-ce que le collège pourrait faire de plus? Comment le gouvernement pourrait-il aider les collèges à former nos étudiants?
La mobilité des travailleurs fait partie du monde dans lequel nous vivons aujourd'hui. Je n'aime pas parler de cela, dans un sens, mais même si nous ne voulons pas que nos travailleurs partent, la réalité est ce qu'elle est. Certains jeunes suivent une formation et vont ensuite travailler dans l'Ouest. Ils suivent un horaire selon lequel ils travaillent pendant 14 jours, puis ils reviennent chez nous pendant 10 jours. Nos jeunes reçoivent un apprentissage chez nous, mais l'économie de notre région ne permet pas de leur offrir un emploi.
Qu'est-ce que le gouvernement pourrait faire de plus?
Cette question s'adresse également au représentant de la Fédération des travailleurs et travailleuses du Nouveau-Brunswick. Auparavant, le gouvernement offrait de bons programmes de formation, par exemple dans le cadre de l'assurance-emploi. Les gens pouvaient suivre un programme d'alphabétisation, par exemple, pendant la période où ils recevaient des prestations. Ils ne payaient pas pour suivre le programme.
Comment le gouvernement pourrait-il contribuer à la formation de nos jeunes afin que ceux-ci puissent accéder au marché du travail?
Je vais commencer par vous, monsieur Caron. J'aimerais ensuite entendre les commentaires de M. Colford.
Il y a quand même une forte proportion de jeunes qui poursuivent leurs études après avoir terminé leur secondaire, que ce soit au niveau collégial ou universitaire. Comme vous venez de le mentionner, notre défi concerne davantage le fait que les gens en milieu rural n'atteignent pas souvent le niveau du secondaire. Ils n'ont pas reçu une formation de base. Le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick souhaiterait offrir des programmes d'aide à tous ces gens afin de leur permettre de parfaire leur éducation. Je suis d'accord avec vous là-dessus.
Une étude effectuée par le professeur Beaudin a révélé que, dans les 10 dernières années, plus de 142 000 emplois créés en Atlantique nécessitaient une formation postsecondaire, alors que seulement 4 000 autres emplois créés nécessitaient moins que le secondaire. Cela nous dit qu'il faut continuer à éduquer et à instruire notre population.
Vous avez parlé de programmes en ce sens. Depuis deux ans, nous intervenons assez intensivement auprès du gouvernement du Nouveau-Brunswick pour recevoir de l'aide afin de rejoindre la population là où elle est, car elle ne viendra pas nécessairement cogner à notre porte. Notre institution aimerait recevoir de l'aide pour orienter cette population. Parfois, les gens n'ont pas un niveau d'instruction suffisant et ils ont besoin d'accompagnement afin de savoir vers quelle carrière ils pourraient se diriger ou se réorienter. Vous savez comme moi que la base économique du Nord du Nouveau-Brunswick a vraiment changé dans les dernières années. Par conséquent, il y a beaucoup de gens qui doivent se réorienter. C'est là que le gouvernement provincial et le gouvernement fédéral pourraient venir appuyer une institution comme la nôtre.
Ça, c'est pour la population qui a besoin d'éducation.
Il est évident que le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick a également besoin d'aide relativement aux entreprises qui veulent innover. On sait que la clé, à l'avenir, sera l'innovation. De ce point de vue, comme je l'ai mentionné dans ma présentation, nous fondons de grands espoirs sur le financement de la recherche appliquée. C'est une nouvelle mission que s'est donnée le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick pour accompagner nos entrepreneurs.
Il reste qu'à la base, une grande partie de notre population a besoin de retourner sur les bancs d'école.
Nous parlons beaucoup de la formation de nos gens afin qu'ils puissent décrocher un emploi. Pourtant, ce qui est un peu curieux, c'est qu'il y a tout de même beaucoup d'emplois. Je lisais ce matin un article de L'Acadie Nouvelle, journal francophone du Nouveau-Brunswick, où il était question d'un sommet sur l'emploi qui se tient actuellement au Nouveau-Brunswick. On pouvait y lire que dans les 10 prochaines années, il était possible que 40 000 emplois nécessitant certaines qualifications ne puissent pas être pourvus. Ce n'est donc pas uniquement le manque de formation qui est en cause. Il faut également songer à offrir la formation qui sera nécessaire pour pourvoir les emplois qui auront été créés par le départ à la retraite de plusieurs personnes.
Pour répondre à votre question, je dirais que les gens réalisent que l'économie du Nouveau-Brunswick change, particulièrement dans le nord de la province, qui dépend beaucoup des ressources naturelles. Maintenant, les entreprises ne sont plus en compétition uniquement entre elles, mais également avec celles du monde entier. Elles doivent innover davantage et acquérir davantage de compétences, entre autres choses.
Il faut aussi changer la culture au sein de notre population. Je m'explique. Auparavant, quand nos jeunes terminaient leur secondaire, s'ils réussissaient bien, ils devaient aller à l'université; s'ils réussissaient moins bien, ils allaient au collègue. Aujourd'hui, les gens réalisent qu'à l'échelle nationale — et ce n'est pas différent dans notre région —, une société équilibrée comme la nôtre a autant besoin de gens de métier et de technologues que d'universitaires. Même dans les écoles secondaires, il faudra faire évoluer cette culture.
M. Godin a demandé tout à l'heure comment on pouvait aider les gens qui n'avaient pas une formation suffisante pour aller plus loin. Je pense que ces gens auront besoin d'être appuyés en ce sens. On ne peut pas simplement leur dire d'aller s'instruire et que ça débouchera sur quelque chose. Il faut que quelqu'un les accompagne. C'est là que le collège communautaire peut jouer un rôle d'accompagnement dans la formation. Aujourd'hui les gens, surtout les jeunes, réalisent qu'ils ne pourront pas faire leur vie ni réussir leur carrière s'ils ne poursuivent pas leurs études au-delà du secondaire.
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C'est parce que nous sommes très diversifiés. Nous pouvons offrir des services dans les deux langues. Nous allons au-delà de ça, dans la mesure où nous essayons de promouvoir aussi le multiculturalisme. L'aspect multiculturel est très important à Moncton. Par exemple, l'Université de Moncton accueille des gens qui viennent de l'Afrique et qui parlent français. Des gens de pays de la francophonie africaine viennent suivre des cours à l'Université de Moncton. Il faut garder ces personnes. Ce sont toutes de bonnes personnes qu'il importe absolument de garder chez nous.
Il existe tout de même un défi à Moncton. Même si nous sommes le meilleur endroit au Canada où faire des affaires, même si nous sommes le moteur économique du Nouveau-Brunswick, selon nos chiffres, il y aura 3 000 postes à pourvoir à Moncton en 2015. En d'autres mots, même si nous avons vidé le nord de la province — de fait, tous ses habitants sont rendus chez nous, moi y inclus —, il manquera 3 000 personnes pour pourvoir des emplois à Moncton. Pourquoi? La réalité est que l'économie va plus vite que la croissance de la main-d'oeuvre. La bulle du baby-boom est en train d'éclater et les autres générations qui suivent ne sont pas aussi fortes en nombre.
Alors, même si nous connaissons de grands succès, nous faisons face à de grands défis. Il faut maintenir ce rythme, maintenir l'économie. C'est un défi de taille.
Plus tôt, M. Colford a mentionné le phénomène de Fort McMurray, dans l'Ouest. On dit aux gens qu'ils doivent aller là-bas. Dans ma carrière, j'ai été sous-ministre du Développement économique du Nouveau-Brunswick pendant six ans. Je suis allé vérifier dans l'Ouest. J'ai invité 50 personnes qui venaient du Nouveau-Brunswick et qui s'étaient installées à Calgary. J'ai fait le même exercice à Toronto, à Ottawa, à Montréal et à Vancouver. J'ai découvert qu'une fois que les gens avaient déménagé là-bas, s'ils ne revenaient pas chez nous dans un délai de cinq ans, c'en était fait, ils ne revenaient pas. S'ils sont restés là pendant cinq ans, il y a fort à parier qu'ils ont trouvé l'amour, qu'ils ont acheté une maison et qu'ils se sont fait des amis. Ce n'est pas compliqué. Leurs amis ne sont plus à Shippagan ou à Moncton, mais bien à Calgary ou à Fort McMurray. Alors, ils ne reviennent pas.
Si nous voulons ramener chez nous les gens originaires du Nouveau-Brunswick, il faut le faire rapidement. Autrement, si nous leur donnons la chance de rester là, ils vont y rester pour le reste de leur vie.
Voilà un peu le défi auquel nous faisons face à Moncton.
En revanche, le grand succès de Moncton, c'est l'entrepreneurship. C'est le secteur privé qui donne l'élan à l'économie.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux témoins pour leurs exposés.
Je m'intéresse surtout à l'exposé de M. Colford. Le taux d'analphabétisme de 60 % est un problème énorme, un constat que je trouve accablant pour un pays faisant partie du G7. M. Caron me dit que le Collège communautaire du Nouveau-Brunswick offre de la formation technique en français, y compris de la formation dans les métiers spécialisés.
Il s'agit d'éducation postsecondaire. Seuls 40 % des habitants de la province possèdent les connaissances nécessaires pour entreprendre des études postsecondaires. Que pouvez-vous faire pour augmenter le taux de littératie? Dans les métiers, on a besoin de connaissances de base en mathématiques, pas seulement des connaissances de langue, afin de pouvoir travailler dans la province.
Monsieur Caron, que faites-vous? Sur quels genres de métiers vos cinq campus mettent-ils l'accent? De quelle façon travaillez-vous avec M. Colford pour répondre aux besoins de la province?
Il est inacceptable qu'une province riche comme le Nouveau-Brunswick, où se trouve une statue de homard, je crois — j'y suis déjà allé — se retrouve dans une telle situation. Il est inacceptable que vous ne puissiez pas travailler ensemble pour établir un plan économique et un plan industriel. Il y a aussi des technologues dans la province. Vous avez une centrale nucléaire, pour laquelle vous avez besoin d'employés formés et qualifiés.
Est-ce que vous valorisez les métiers? Quelle formation offrez-vous en anglais et en français? De quelle façon collaborez-vous avec M. Colford? J'aimerais aussi vous entendre sur les trois paliers de gouvernement à cet égard, c'est-à-dire le fédéral, le provincial et l'administration municipale. Comment peuvent-ils travailler ensemble pour sortir la province de cette situation?
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Merci beaucoup de votre question.
Premièrement, en ce qui concerne l'immigration, la réalité canadienne fait que des régions comme celle de Moncton ou d'autres à l'extérieur des grands centres ne bénéficient pas de l'immigration autant que nous l'aimerions. Je dirais que Montréal connaît un problème de réfugiés, et non un problème d'immigration. Moncton, au Nouveau-Brunswick, est confronté à un défi en matière d'immigration. La fermeture du bureau de l'immigration à Moncton — et son déménagement à Fredericton — a été sans nul doute décevante. Il est certain que cela n'a pas aidé. Cependant, nous continuons à mettre l'accent sur l'immigration.
Nous venons tout juste d'organiser un sommet sur l'immigration avec l'aide du gouvernement fédéral. Le gouvernement fédéral, ainsi que la province, nous ont donné du financement pour organiser un sommet sur l'immigration afin de mettre sur pied une stratégie en matière d'immigration pour le Grand Moncton. Cette stratégie va être adoptée par les municipalités de la région. En fait, la ville de Moncton dispose de deux membres du personnel à temps plein qui s'attellent exclusivement à la tâche d'attirer des immigrants. Lorsqu'ils se lèvent le matin, leur travail consiste à s'assurer que les immigrants qui viennent à Moncton, par l'entremise de divers consulats ou programmes de la province du Nouveau-Brunswick, soient bien accueillis. Nous leur donnons des arguments de vente. Nous les orientons vers différents endroits.
Nous avons des organisations comme MAGMA, une organisation multiculturelle, et CAFi, son pendant francophone. Ces agences sont bien financées par le gouvernement fédéral. Nous ne connaissons pas de difficulté dans ce domaine.
Pour être honnête, là où le bât blesse en matière d'immigration, c'est qu'il n'y a pas, dans les ambassades un peu partout dans le monde, de culture qui incite les immigrants à se rendre dans les zones rurales du Canada. Le Nouveau-Brunswick est une province rurale et Moncton, bien qu'étant une ville, ne compte que 130 000 habitants. C'est une petite ville canadienne. Il faut que les ambassades nous aident davantage en incitant les immigrants à choisir d'autres destinations que Vancouver, Toronto et Montréal.
L'un des aspects de notre stratégie d'immigration consiste actuellement à aller à Toronto et à rencontrer des immigrants qui sont déjà arrivés au Canada afin de les inciter à venir à Moncton. Cela fonctionne. Nous participons à des salons professionnels et à des salons de l'emploi; nous nous rendons à Toronto, Montréal et ailleurs avec notre personnel et nos partenaires afin de dire: « À Moncton, nous avons de vrais emplois à offrir. »
Un autre domaine où le bât blesse en matière d'immigration est sa réalité culturelle. Il y a toujours des employeurs qui sont réticents à se lancer dans un processus qui prend neuf mois, par exemple, pour faire venir un immigrant d'Irlande au Canada et lui offrir un véritable emploi. La réalité, comme je l'ai mentionné plus tôt, c'est que nous avons 3000 postes à combler à Moncton. Il est difficile d'y parvenir lorsqu'il faut attendre neuf mois pour que le candidat sélectionné suive tout le processus du début jusqu'à la fin. Cela ne fonctionne pas très bien. Si l'on pouvait faire quelque chose pour accélérer le processus... Je sais que le gouvernement du Canada y travaille. Le ministre Kenney tente d'accélérer les processus et tout cela, mais il y a encore beaucoup de tracasseries administratives à éliminer dans ce domaine.
Une autre démarche qui pourrait être utile consisterait à mieux informer les ambassades de ce qui est disponible et de collaborer plus étroitement avec les entrepreneurs afin de changer la mentalité selon laquelle les immigrants sont de mauvais employés, que cela va prendre trop de temps et que cela va coûter trop d'argent. Nous devons mettre en place un système plus efficace pour faire venir les immigrants que ce que nous avons actuellement, selon moi.
Je pense que nous avons déjà abordé la question de la fermeture du bureau de CIC en matière d'immigration. Vous avez soulevé quelque chose d'autre, mais j'ai oublié de quoi il s'agissait.
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Ce n'est pas un problème.
Nous avons demandé un moratoire surtout parce que la réglementation en matière de santé est insuffisante et que nous ne savons pas quels effets les nouvelles méthodes de fracturation hydraulique auront sur la santé. Certains diront que la fracturation est pratiquée depuis un siècle, et c'est vrai. Mais ces nouvelles méthodes nous préoccupent. On les utilise seulement depuis 10 à 12 ans. Tant qu'on n'aura pas la preuve que c'est sans danger, nous, au Nouveau-Brunswick, ne voulons pas découvrir dans 30 ans qu'il y a un problème, comme pour le DDT ou l'amiante. C'est la principale raison pour laquelle nous nous y opposons.
À l'heure actuelle, il y a environ 23 puits en exploitation à Penobsquis. Il y a six employés. Lorsque j'ai demandé à une représentante de l'Association canadienne des producteurs pétroliers combien d'entre eux étaient des gens de la place, elle m'a répondu qu'ils l'étaient maintenant. J'avoue que je lui ai ri en pleine face, car je lui ai dit que si je déménageais demain à Fort McMurray, deux semaines plus tard, je pourrais dire que je fais partie de la population locale. Pour le moment, il n'y a pas d'emploi.
Je ne sais pas si vous suivez les nouvelles, mais il y a eu des manifestations à Elsipogtog.
Lorsqu'on nous parle de ces emplois, je me demande comment un gouvernement peut obliger une entreprise à embaucher des gens de la place, car les gens qui sont sur le terrain pour faire les essais sismiques ne sont pas des Néo-Brunswickois. Ils viennent d'ailleurs. Comme vous l'avez dit, j'ai des amis qui font des essais sismiques dans l'Ouest.
Si c'est le cas et que cela va faire revenir les gens d'ici, pourquoi ne sont-ils pas déjà là?
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie les témoins d'être ici.
Monsieur Dubé, j'ai trouvé votre présentation très intéressante, surtout quand vous avez dit que le bilinguisme était un atout économique et que ce n'était pas une dépense, mais un véritable investissement. C'est un message très fort que vous avez passé.
Concernant les investissements et les perspectives économiques, je ne vous cacherai pas que nous avons de la difficulté à attirer l'attention du gouvernement sur les véritables enjeux. Le gouvernement pourrait, par exemple, investir dans notre avenir en améliorant le Régime de pensions du Canada, mais dans ses discours, il a l'habitude d'assimiler de telles mesures à une taxe. Cela montre à quel point il est égaré loin dans le champ.
Je reviens sur votre présentation. La situation de Moncton est assez intéressante, car elle se compare à ce qui s'est produit dans la ville de Québec. Notre ville est passée d'un marasme économique, au milieu des années 1990 — je sortais de l'université à cette époque —, à une vitalité assez extraordinaire avec une situation de plein emploi.
Compte tenu des efforts qui ont été faits dans les 30 dernières années, de quelle façon le gouvernement fédéral vous a-t-il appuyés? A-t-il raté des occasions de vous aider ou pourrait-il en faire plus pour soutenir cette croissance?
Je crois que le gouvernement fédéral pourrait jouer un rôle beaucoup plus pointu à l'égard des entrepreneurs. Nous avons des agences de développement économique en région; chez nous, il s'agit de l'APECA. Plus tôt, on a parlé de la transformation secondaire et tertiaire. Il y a des organismes fédéraux, notamment Exportation et développement Canada ainsi que la Banque de développement du Canada, mais certains d'entre eux pourraient travailler beaucoup plus étroitement avec les entrepreneurs. Les emplois sont créés par les entrepreneurs, et non par les gouvernements. Il faut qu'il y ait plus de contacts avec les entrepreneurs individuellement et que ce soit ciblé selon les secteurs, d'après moi.
L'APECA fait déjà du développement de l'exportation auprès des entrepreneurs. Est-ce qu'elle pourrait faire plus, offrir davantage de soutien? Oui, elle pourrait intervenir davantage à Moncton que dans le nord de la province. On a parlé plus tôt du défi auquel font face les régions, au Nouveau-Brunswick. Les entrepreneurs ne recherchent pas la bureaucratie. Ils ne souhaitent pas qu'il y ait davantage d'interventions de la part du gouvernement. Ils désirent des interventions pointues, qui sont reliées précisément aux besoins d'aujourd'hui. C'est ce genre de chose qui pourrait aider.
Il y a aussi la formation pour les métiers. Aujourd'hui, trouver un mécanicien, un plombier ou un électricien n'est pas facile. À Moncton, nous avons le même problème. Je viens d'embaucher deux plombiers à la Ville de Moncton. J'ai eu beaucoup de difficulté à les trouver. Il faudrait encourager plus de jeunes, ou même des gens qui ont perdu leur emploi, à opter pour un métier. Il faudrait aussi leur donner directement les subventions, précisément pour qu'ils suivent cette formation. Pour les encourager à le faire, il s'agit de leur tenir un peu plus la main.
L'infrastructure, par ailleurs, est un élément important. La municipalité de Moncton n'est pas différente des autres municipalités canadiennes: elle a aussi des problèmes d'infrastructure. Notre déficit en matière d'infrastructure se chiffre maintenant à environ 150 millions de dollars. C'est une petite municipalité, mais son déficit d'infrastructure est tout de même élevé. Nous sommes heureux que le gouvernement fédéral investisse dans les infrastructures, mais nous voudrions certainement recevoir plus d'appui.
Au Nouveau-Brunswick, le problème est que le gouvernement provincial a des difficultés financières. Sa dette atteint presque 12 milliards de dollars. Pour les petites provinces qui ont une capacité financière moins élevée, verser immédiatement les mêmes sommes que celles versées par des programmes fédéraux est un défi. Nous ne sommes pas tous aussi choyés que l'Alberta, qui bénéficie de revenus, de royautés et de ressources naturelles. C'est pourquoi nous aurions besoin d'appui en matière d'infrastructure également.