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Monsieur le président, chers membres du comité, je vous remercie.
C'est la première fois que je participe à une séance de comité, et j'espère que mon propos saura vous plaire. En tant qu'entrepreneure, je vous remercie sincèrement de me donner l'occasion de vous parler d'un sujet qui me passionne, soit l'économie des communautés francophones en milieu minoritaire.
Déjà dans la vingtaine, je travaillais dans diverses organisations de la communauté francophone, dans différents secteurs d'activité, et je constatais qu'il y avait dans le milieu associatif des défis économiques. Il fallait vraiment trouver des façons de financer nos organisations. Par la suite, pendant plus de 15 ans, j'ai créé et géré deux entreprises privées citoyennes. La première, Mécén'art, était dans le domaine événementiel, et celle-ci, L'Art du développement, est dans celui du développement économique des communautés.
Je peux prétendre aujourd'hui bien connaître les étapes du développement des entreprises, privées et collectives, vu mon expérience professionnelle et les leçons que j'ai apprises, mais aussi grâce à la formation et à l'accompagnement que j'offre tous les jours, toutes les semaines, depuis des années, à des entrepreneurs de plusieurs régions canadiennes. Il s'agit de jeunes, de femmes, d'immigrants ou d'immigrantes et de groupes de personnes qui choisissent de créer ensemble leur propre entreprise et de générer de la richesse dans leur communauté.
De quoi parle-t-on quand on fait allusion à l'économie francophone? Je ne sais pas si vous connaissez le Forum pancanadien sur le développement économique en francophonie canadienne, qui a eu lieu en 2012. Je fais partie de son comité directeur. Ce forum a été le premier événement dans le cadre duquel on a reconnu que l'économie plurielle existait chez les minorités linguistiques, comme ailleurs dans la société. L'économie plurielle tient compte du fait qu'il y a l'économie privée, l'économie sociale et l'économie publique. Cependant, nous avons constaté en organisant le forum qu'il y avait vraiment toute une force dans l'économie des minorités linguistiques francophones.
Nous avons noté qu'il y avait 430 000 entreprises francophones au Canada, ce qui représente 18 % de l'ensemble des entreprises canadiennes, que 70 000 d'entre elles étaient situées à l'extérieur du Québec et qu'elles créaient des emplois un peu partout, en milieu rural et urbain.
En outre, 22 % des emplois sont pourvus par des francophones, dans tous les secteurs d'activité de l'économie. Or une chose est intéressante lorsque nous parlons à des économistes. En effet, c'est important de le faire si nous voulons nous faire reconnaître en tant qu'économie qui joue son rôle, qui a une influence sur l'économie et qui crée des retombées dans la société où nous vivons. Les économistes considèrent aussi les répercussions sur le PIB, et à cet égard, nous avons réussi à recueillir certains chiffres. Les économistes ont été surpris de l'envergure des activités économiques de la francophonie canadienne, qui représentent 230,5 milliards de dollars, soit 19 % du PIB canadien. Ça frappe. Chaque dollar du PIB qui provient de l'espace économique francophone contribue à générer 52 ¢ de plus pour le PIB canadien, tout en fournissant des recettes fiscales de 23,4 milliards de dollars aux divers paliers de gouvernement. Cette économie qui est portée par des francophones en milieu minoritaire, mais aussi par des francophones, est considérable. Elle est importante pour moi, elle l'est pour les entrepreneurs, soit les hommes et les femmes qui créent des entreprises de toutes sortes, mais elle l'est aussi pour tous les paliers de gouvernement.
Il est évident que, dans le cadre de ce forum, nous n'avons pas pu trouver toutes les données qui documentent l'ensemble des secteurs d'activité. Ça fait partie du premier défi auquel nous faisons face. C'est sans doute votre cas également. Il y a un manque flagrant de données portant sur l'espace économique francophone dans les provinces et les territoires, de même que sur le plan national. Pour pouvoir découvrir toutes les facettes des secteurs de l'économie, le dialogue est nécessaire. C'est un besoin criant.
La majorité des chiffres que nous avons pu établir touchent l'économie plus traditionnelle, plus conventionnelle, telle qu'on la connaît, soit celle des entreprises privées. Or on pourrait dire aujourd'hui que, malgré toute cette richesse, l'économie francophone en milieu minoritaire est plus riche encore.
Nous sommes plusieurs à soutenir le développement entrepreneurial en français en milieu minoritaire, notamment le Conseil de la coopération de l'Ontario, la Coopérative de développement régional au Nouveau-Brunswick, le RDEE, que vous connaissez sans doute, et le Centre canadien pour le renouveau communautaire, une entreprise sociale à laquelle je suis associée. Il y a aussi la Passerelle-I.D.É., qui se concentre sur l'entrepreneuriat et qui oeuvre auprès des jeunes immigrants et immigrantes, le Fonds d'emprunt économique communautaire, qui offre de l'accompagnement tout en donnant accès à du crédit, ainsi qu'une foule d'autres organismes. Ces organisations offrent du soutien, de la formation, de l'accompagnement et des conseils.
Toutes ces entités et ces personnes qui s'engagent dans le développement de l'entrepreneuriat le font pour proposer des stratégies, pour apprendre de leur expérience, pour documenter ce qui fonctionne bien et pour déterminer ce qui serait nécessaire pour que les choses fonctionnent encore mieux. Elles s'engagent pour créer dans nos communautés davantage d'entreprises, donc plus de richesse, et pour soutenir une croissance entrepreneuriale inclusive. L'inclusivité est importante. Comme je le disais plus tôt, on parle en effet d'entreprises privées et collectives, mais qui sont développées et gérées par des femmes, des hommes, des jeunes, des immigrants et des immigrantes, et ce, en milieu rural ainsi qu'en milieu urbain. Tous ces gens créent des produits et des services de proximité et soutiennent l'économie locale.
Malgré les efforts déployés et de belles avancées économiques, on constate que bien des membres des communautés de langue officielle en milieu minoritaire sont toujours marginalisés par le marché, par l'économie et parfois par les approches entrepreneuriales conventionnelles. Pour surmonter ces défis, les gens s'organisent. L'économie n'est pas singulière, elle est plurielle. C'est pour cette raison qu'on doit comprendre toutes les facettes de cette économie.
Tous et toutes connaissent l'économie privée, à laquelle participent des entreprises allant du très petit commerce à la multinationale, en passant par la petite entreprise. Tous et toutes connaissent l'économie publique, constituée des différents paliers de gouvernement, dont vous faites partie. Enfin, il existe une autre économie, qu'on appelle l'économie sociale. Il s'agit d'une économie de proximité. C'est dans cette catégorie qu'on retrouve les entreprises collectives ainsi que toutes les coopératives de tous les secteurs d'activité. On y trouve également toutes les organisations communautaires qui ont choisi d'offrir des services et de vendre des produits sur le marché pour générer des revenus et créer de la richesse.
Toutes ces entreprises comblent des niches auxquelles le marché ou les entreprises privées ne répondaient pas. Elles font aussi la promotion de l'innovation dans nos communautés, de même qu'elles améliorent la livraison de services sociaux, environnementaux et culturels dans nos communautés.
Par exemple, quand il n'y a pas de services de santé dans leur village, les gens vont se regrouper et créer une coopérative de santé. S'ils ont besoin de services de garderie, ils vont créer une entreprise sociale en garderie. S'ils veulent des services funéraires de proximité pour éviter de conduire pendant trois heures pour les obtenir, ils vont se créer une entreprise en la matière. En se donnant ces services de proximité, ils vont créer des emplois et générer de la richesse dans leur communauté.
Enfin, ces entreprises communautaires font la promotion de la croissance économique de leur milieu et contribuent à sa revitalisation. Ces projets améliorent souvent les conditions de vie dans ma communauté et dans celles où j'ai travaillé. Ils s'attaquent aux points faibles de nos communautés et au besoin de les revitaliser.
Ce qui impressionne davantage, c'est la place qu'occupent les entreprises collectives dans notre économie nationale. Présentement, les coopératives, les mutuelles et les organisations sans but lucratif en affaires représentent entre 8 et 10 % du PIB. Nous venons de calculer ce chiffre, il y a quelques années, en trouvant des données ici et là. Cet indicateur positionne ce type d'économie comme étant une économie sérieuse.
Parlons du taux de survie de ces entreprises. Étant donné que de trois, quatre, cinq ou six personnes s'associent pour réaliser leur projet d'entreprise dans leur milieu, elles s'assurent que l'entreprise répond à un réel besoin, c'est-à-dire qu'il y a un vrai marché. Elles s'assurent aussi de tisser des liens dans leur communauté. Elles établissent ainsi un lien d'usage. Cela dit, il y a plus que ça. Toutes sortes de compétences sont mises à contribution pour réussir leur projet d'entreprise. De 66 à 67 % des nouvelles coopératives sont encore actives cinq ans après leur constitution. À titre comparatif, ce chiffre est d'environ 30 % pour les entreprises privées.
Cette forme entrepreneuriale, qui souvent est démunie et n'a pas accès à toutes les ressources disponibles pour se développer sous diverses formes, a quand même énormément de répercussions dans la communauté.
Je sais que des gens du mouvement coopératif vous ont déjà parlé des coopératives, alors je n'en parlerai pas. Ces gens vous ont parlé d'Alphonse Desjardins, de la première caisse, des coopératives agroalimentaires et de tout ça. Vous savez que cela représente plus de 18 millions de membres, des milliers d'emplois, des millions de dollars en ristournes et des milliards de dollars d'actifs. Ce sont souvent ces entreprises qui, à un moment donné, vont décider de réinvestir dans la communauté, puisque c'est l'un de leurs principes. Elles vont soutenir d'autres formes d'entrepreneuriat dans la communauté.
Je vous donne quelques exemples. Parlons du Groupe Convex, dans les Comtés unis de Prescott et Russell, dans l'Est ontarien. Qui va embaucher les personnes ayant un handicap? Peu d'entreprises vont se taper tout le boulot d'embaucher, de former et d'encadrer ces personnes. Le Groupe Convex a décidé de relever le défi. Un groupe de travailleurs sociaux a appris ce qu'était une entreprise sociale. Aujourd'hui, le Groupe Convex célèbre ses 10 ans. Il a créé 9 entreprises sociales et 120 emplois. Ainsi, il touche tous les villages de l'Est de l'Ontario. Cette coopérative a réussi à utiliser des fonds destinés aux personnes handicapées et à les investir dans des entreprises qui embauchent des personnes handicapées et répondent à des besoins de la communauté. Ces entreprises offrent des services d'imprimerie, de menuiserie et de recyclage au profit des villes et villages de l'Est ontarien.
Prenons le cas de l'épicerie coopérative de Moonbeam. L'épicerie du village était sur le point de fermer. Les gens se sont mobilisés. En quelques semaines, ils ont amassé 300 000 $, racheté l'épicerie et maintenu le commerce ouvert. Quand ça ne leur appartenait pas, ils se sont organisés pour aller ailleurs, mais là, ils ont pris ce commerce en main.
Les communautés francophones entreprennent, agissent et mobilisent des capitaux. Elles créent des entreprises en énergie renouvelable. Elles créent des stratégies pour la succession des petites entreprises. Saviez-vous que 65 % des petites entreprises dans la ruralité canadienne n'ont pas de successeurs?
Il importe de mettre les points sur les i à propos de toutes les formes entrepreneuriales et de reconnaître que chacune d'entre elles a sa spécificité, contribue à l'économie et crée de la richesse, des emplois, des services et des produits de qualité dans notre communauté. Il faut établir des stratégies et politiques publiques ainsi que des approches distinctes en vue de les aider.
Dans le document que j'ai déposé, j'ai soumis 41 recommandations, que je ne lirai pas toutes. Ces recommandations ne sont pas lancées en l'air; elles sont bien ancrées dans la pratique. Elles ont trait, notamment, au renforcement des compétences, à la diversification du financement, au développement de marchés, au réseautage et à la planification stratégique, et à la recherche et à la documentation. En effet, il faut raconter nos histoires en milieu minoritaire. Certaines recommandations présentent des pistes de mise sur pied conjointe de politiques publiques afin de créer un environnement aidant. Elles touchent également l'intégration socioéconomique des immigrants et la participation des jeunes à l'économie.
Merci.
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Bonjour. Je vous remercie de nous avoir invités à témoigner devant votre comité.
Je m’appelle Darcy Griffith, et je suis président de la Temiskaming Shores and Area Chamber of Commerce. Je suis accompagné aujourd’hui par Joline Rivard, qui est directrice à la chambre de commerce; James Franks, qui est coordinateur du développement économique et du financement au sein du service de la croissance et de l’urbanisme de la Ville de Temiskaming Shores; et Lois Weston-Bernstein, qui est aussi directrice à la chambre de commerce.
La Temiskaming Shores and Area Chamber of Commerce est un organisme sans but lucratif composé de propriétaires d’entreprises, de professionnels, de résidants et de groupes communautaires qui collaborent en vue d’assurer un contexte économique et socio-économique sain qui profitera à l’ensemble de la collectivité. Nous nous occupons de la région qui s’étend d’Earlton à Latchford et de Temiskaming Shores à Elk Lake, y compris Cobalt, Coleman et le Témiscaming Sud.
Nous avons actuellement 385 entreprises membres, ce qui représente près de la moitié des entreprises et des organismes admissibles dans notre territoire. Nos entreprises membres comprennent des organismes nationaux qui emploient des gens partout au Canada, des entreprises locales de fabrication et de services qui ont une poignée d’employés, ainsi que des travailleurs autonomes. Voilà une véritable vue d’ensemble du Témiscaming Sud.
Les cotisations des membres représentent la majorité de notre budget de fonctionnement, mais la ville nous donne aussi du financement pour le centre d’information touristique intégré, et les gouvernements fédéral et provincial nous accordent des fonds pour engager du personnel l’été en vue de nous prêter main-forte dans nos initiatives touristiques locales. Le plus grand centre urbain de la région est la Ville de Temiskaming Shores, qui a vu le jour à la suite de la fusion de New Liskeard, d’Haileybury et de Dymond en 2004. Il s’agit de la plaque tournante de la région pour les services aux entreprises, les emplettes, le divertissement et la restauration.
En effet, la disponibilité, la diversité et le nombre d’entreprises à Temiskaming Shores et dans les villes environnantes dépassent largement ce à quoi nous serions en droit de nous attendre pour la population de la région; c’est la taille du territoire d’où proviennent les clients de ces entreprises qui rend le tout possible. Ce territoire s’étend jusqu’au Québec, et la quasi-invisibilité de la frontière interprovinciale permet aux clients des deux provinces de se rendre dans la province voisine pour acheter des biens et des services. La Temiskaming Shores and Area Chamber of Commerce a des membres situés non seulement en Ontario, mais aussi dans des collectivités québécoises.
Pour ce qui est de la langue parlée dans la région, le plus récent recensement fédéral montre que, même si l’anglais est la principale langue parlée dans le Témiscaming Sud, une grande proportion des résidants, soit environ 30 %, ont le français comme langue maternelle. Si l’on ajoute à cela que la ville de Temiskaming Shores n’est qu’à 25 kilomètres de la frontière québécoise, il est facile de comprendre pourquoi nos entreprises membres offrent quotidiennement des produits et des services dans les deux langues officielles.
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J'ai travaillé avec beaucoup de groupes. J'ai pu remarquer certaines caractéristiques dans certains projets entrepreneuriaux et pas dans d'autres.
Tout d'abord, les leaders qui créent des entreprises, qu'elles soient privées ou collectives, doivent avoir une vision claire. Ils se projettent dans le temps, ils voient où ils veulent être dans 5 ans et dans 10 ans. Ils n'improvisent pas lorsqu'ils créent l'entreprise.
Ils ont aussi un lien direct avec le marché. En effet, il faut qu'il y ait un besoin réel. Si une imprimerie veut s'établir dans un village où il y en a déjà deux, on manque le coche. Pour éviter cela, ces gens font leurs devoirs et vérifient s'il y a un marché réel.
Ils confirment l'existence de leur marché par une étude de faisabilité et un plan d'affaires. Si on n'est pas assez méthodique, si on est incapable d'aller chercher de l'aide pour préparer ces documents, ou encore si on confie carrément cette tâche à un consultant sans pour autant qu'on soit capable de comprendre les documents qu'il nous fournira, on n'arrivera jamais à gérer ces entreprises. Il faut avoir la capacité de reconnaître ses forces et ses faiblesses sur le plan personnel, et il faut suivre la formation nécessaire ou trouver l'accompagnement qu'il nous faut.
Un entrepreneur est aussi quelqu'un qui bouge. On peut être un entrepreneur dans la fonction publique ou dans la communauté, mais on prend des risques. Ce sont souvent des risques calculés si on y a investi son argent.
Il faut aussi pouvoir investir temps et énergie, et faire preuve de patience. Il ne faut pas s'attendre à ce que l'entreprise démarre immédiatement après qu'on a travaillé sur une bonne idée, qu'on a saisi une bonne occasion d'affaires et qu'on a rédigé un plan d'affaires. Cela demande du temps.
Il y a aussi des moments stratégiques. Les entreprises les plus sérieuses avec lesquelles j'ai travaillé prennent des décisions judicieuses. Continue-t-on à avancer? Change-t-on de plan de match?
Il y a 25 caractéristiques entrepreneuriales. Je les ai trouvées chez les champions, c'est-à-dire ceux dont, individuellement ou collectivement, l'entreprise a réussi.
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Les francophones vivant en milieu minoritaire et qui tiennent un commerce finiront par offrir leurs produits et services en anglais, mais souvent, ils font leurs plans d'affaires en français, et ils doivent pouvoir présenter ces plans à différents bailleurs de fonds ou investisseurs.
Il y a quelques mois, j'ai fait une recherche pour savoir qui, en Ontario, avait de l'argent à investir dans des petites entreprises qui peuvent être viables, tant francophones qu'anglophones, qu'il s'agisse d'entreprises sociales ou de coopératives; bref, des entreprises de tout genre. On a trouvé 60 différentes sources de financement, que ce soit dans le Nord, dans le Moyen-Nord, dans le Centre-Sud-Ouest ou dans l'Est de la province. Dans la plupart des cas, il faut soumettre les documents en anglais, sauf si l'on adresse au gouvernement fédéral ou provincial.
Maintenant que nous connaissons l'existence de ces sources de financement, nous leur demandons d'embaucher une personne bilingue la prochaine fois et nous leur offrons notre aide pour la traduction des outils. Au cours des derniers mois, trois organismes ont déjà commencé à constituer un comité de révision des plans d'affaires en français et en anglais.
Il y a aussi des comités d'accompagnement pour pouvoir prêter de l'argent. Une des conditions gagnantes, c'est que lorsqu'il y a de l'argent à investir dans des entreprises, qu'elles soient privées ou sociales, on devrait trouver une façon de rendre cet argent accessible tant aux francophones qu'aux anglophones partout au pays. Il faut avoir accès au capital.
Une autre condition gagnante est la formation. Il y a des régions canadiennes où il n'y a pas de formation en français. Certes, on peut peut-être apprendre son métier ou sa profession dans une autre langue pour gérer son entreprise, mais il y a des choses qu'on fait mieux dans sa langue maternelle. Il y a de plus en plus d'infrastructures, mais il nous manque de ressources et d'accompagnement en français.
Une autre condition essentielle est d'avoir un accompagnement sur mesure. En effet, chaque entreprise est unique, tout comme le contexte. Le contexte sera différent selon qu'on ouvre une librairie à Vancouver, à New Liskeard ou à Rockland. Il faut que les gens soient accompagnés dans le processus. Je ne veux pas dire qu'il faille faire les choses à la place des gens, mais simplement les accompagner quand ils ont besoin d'un petit coup de pouce pour réaliser leur projet d'entreprise.
Pourquoi est-ce que ça bouillonne dans toutes les régions du Québec, par exemple? C'est parce qu'il y a une variété de pratiques, d'organisations et d'intermédiaires qui fournissent un accompagnement sur mesure. Une entreprise privée s'adressera au CLD; une coopérative, à la Coopérative de développement régional; une entreprise d'économie sociale, à la Corporation de développement communautaire.
Je peux compter sur les doigts de ma main les organisations de mon territoire, en Ontario, qui accompagnent les entreprises en français. En Alberta et en Colombie-Britannique, elles sont encore moins nombreuses. Pourtant, aux rencontres communautaires auxquelles nous participons, les gens qui rêvent de démarrer une entreprise sont toujours nombreux.
Il faut qu'il y ait un accès aux capitaux, quel que soit l'organisme qui les gère, ainsi qu'un accès à un accompagnement en français. Il y a de belles pratiques au Québec, mais il y en a également en dehors du Québec. Il s'agit simplement d'adapter les outils au contexte régional.