:
Monsieur le président, chers membres du comité et partenaires ici présents, bonjour. Au nom du conseil d'administration de l'Association des universités de la francophonie canadienne et en mon nom personnel, je tiens à vous remercier de votre invitation. C'est avec plaisir que je vais partager avec vous les informations, les commentaires et les recommandations de l'AUFC sur les programmes d'immersion dans la seconde langue officielle au Canada.
Même si plusieurs d'entre vous connaissent déjà l'AUFC, permettez-moi de débuter en vous donnant un bref aperçu de l'association et de sa contribution au rayonnement de la francophonie canadienne et de la dualité linguistique. Je partagerai ensuite quelques informations concernant le sujet à l'étude aujourd'hui et le rôle important que l'AUFC et ses membres jouent dans ce domaine, et je terminerai par quelques recommandations.
L'AUFC regroupe 14 universités francophones ou bilingues de toutes tailles, réparties dans sept provinces à l'extérieur du Québec. Les programmes offerts dans ces établissements permettent de bonifier la qualité et le rayonnement de l'apprentissage, de l'enseignement et de la recherche universitaires en français, et contribuent ainsi à l'épanouissement des communautés canadiennes de langue française. L'AUFC s'engage ainsi à contribuer au développement humain, culturel et économique du Canada en renforçant la francophonie canadienne par des formations universitaires de qualité et accessibles dans l'ensemble du pays.
D'abord centres intellectuels névralgiques de l'enseignement postsecondaire en français hors Québec, nos universités jouent aussi un rôle de premier plan en matière de promotion des langues officielles au Canada. C'est ce double rôle qui nous distingue des universités francophones du Québec et qui permet à nos étudiants de vivre une expérience francophone unique au sein de nos communautés.
La programmation de l'association est financée en grande partie par Patrimoine canadien et par la cotisation des membres. L'association a pu également compter sur le financement de Patrimoine canadien, l'an dernier et cette année, pour certains projets en immersion, dont celui de 25 bourses d'immersion de 5 000 $ chacune qui ont été offertes aux meilleurs diplômés des écoles secondaires d'immersion qui se sont inscrits dans une des universités membres de l'AUFC.
De plus, le ministère finance, cette année, un projet réalisé avec l'Association canadienne des professeurs d'immersion. Ce projet permettra, entre autres, de compléter une étude des besoins des étudiants issus de l'immersion inscrits dans nos établissements membres, afin de repérer et de suggérer les services de soutien et d'appui qui pourraient être mis en place pour mieux accueillir et encadrer les étudiants d'immersion qui arrivent des écoles secondaires.
Cela m'amène à passer au sujet qui nous rassemble aujourd'hui, soit l'étude des programmes d'immersion au Canada.
On estime que près de 5 millions parmi les 34 millions d'habitants au Canada parlent les deux langues officielles. Actuellement, près de 340 000 jeunes sont inscrits dans des programmes d'immersion aux niveaux primaire et secondaire. Ces étudiants représentent une masse critique à recruter et à former dans nos établissements universitaires francophones ou bilingues. Les établissements membres de l'AUFC s'occupent d'ailleurs de ce recrutement puisque plus de 5 500 de leurs étudiants proviennent de l'immersion parmi les quelque 24 000 étudiants inscrits aux programmes d'études universitaires de premier cycle offerts en français ou bilingues.
Cette masse critique d'étudiants est fort importante puisqu'il s'avère impératif de bâtir une main-d'oeuvre bilingue au moment où le Canada joue un rôle de plus en plus important dans l'économie nationale et internationale. Nous sommes d'ailleurs très fiers de pouvoir dire que chaque année près de 6 000 étudiants hautement qualifiés et bilingues obtiennent un diplôme de nos universités membres.
Le forum international sur l'immersion au niveau universitaire tenu en février 2012 faisait état des défis des programmes d'enseignement universitaire bilingues et des efforts supplémentaires déployés par les étudiants inscrits dans des programmes offerts dans une langue seconde. Pour ce faire, les universités doivent mettre en place un encadrement et des services spéciaux afin d'offrir un contexte culturel et social qui peut permettre aux étudiants de continuer leur expérience d'immersion en dehors du campus et lors de leurs stages.
De plus, je dois dire que le passage d'un programme d'immersion du niveau secondaire à un programme d'immersion au niveau universitaire crée beaucoup d'insécurité chez les étudiants, qui étudient désormais dans des classes avec des étudiants francophones, alors qu'ils ont été habitués à étudier avec des pairs anglophones au secondaire. Ainsi, l'étudiant décide de ne pas poursuivre ses études universitaires en français ou en immersion, et ce, très souvent parce qu'il ne connaît pas bien la qualité et l'éventail des programmes offerts par les universités de la francophonie canadienne hors Québec.
À cet égard, Statistique Canada note que le taux de bilinguisme atteint un sommet au sein du groupe d'âge de 15 à 19 ans, au moment où les jeunes terminent leurs études secondaires, et que le taux s'effrite par la suite. En 2001, par exemple, 14,7 % des jeunes anglophones dans cette catégorie d'âge étaient bilingues. En 2006, soit cinq ans plus tard, seulement 12,2 % de ceux-ci, qui étaient alors âgés de 20 à 24 ans, se déclaraient bilingues. La connaissance du français en tant que langue seconde semble donc diminuer avec le temps si elle n'est pas accompagnée d'une expérience postsecondaire. Cette dernière est pourtant accessible dans l'ensemble du pays.
Ce constat confirme l'importance de promouvoir davantage les programmes postsecondaires offerts en français partout au Canada ainsi que de mettre sur pied les infrastructures nécessaires pour encourager les étudiants à poursuivre leurs études postsecondaires dans un programme d'immersion ou en français afin d'enraciner leur bilinguisme.
Voici nos recommandations pour améliorer la situation actuelle en matière d'immersion et d'apprentissage dans une seconde langue officielle.
Premièrement, nous souhaitons que votre comité recommande dans son rapport que le gouvernement canadien appuie la mise en oeuvre d'une campagne de promotion, de sensibilisation et de connaissance pour informer la population canadienne, y compris la population immigrante, de l'existence du continuum du système d'éducation en langue française et des programmes d'immersion, du primaire au postsecondaire. Conséquemment, les Canadiennes et les Canadiens seront en mesure de choisir l'école d'immersion en français langue seconde ou l'école de langue française langue première avec l'assurance de pouvoir poursuivre leurs études dans cette langue au postsecondaire.
Deuxièmement, afin d'améliorer les programmes existants en matière d'apprentissage d'une seconde langue officielle, nous croyons essentiel d'accroître la collaboration et d'établir des partenariats entre les instances gouvernementales provinciales, territoriales et fédérales, d'une part, et, d'autre part, les organismes nationaux concernés par l'immersion ayant une portée et une présence dans les communautés partout au pays. Nous parlons ici de l'AUFC, de Canadian Parents for French, de l'Association canadienne des professeurs de langues secondes, et ainsi de suite. Avec l'appui du gouvernement fédéral, l'AUFC offre de travailler de concert avec le Conseil des ministres de l'Éducation du Canada pour renforcer les liens entre les divers acteurs du milieu.
Finalement, nous espérons que le nouveau Protocole d'entente relatif à l'enseignement dans la langue de la minorité et à l'enseignement de la langue seconde permettra d'améliorer l'appui du gouvernement fédéral à l'enseignement de la langue seconde au Canada au niveau postsecondaire. À cet égard, nous souhaitons que votre comité recommande que le gouvernement fédéral accroisse le financement pour renforcer la capacité et les infrastructures des petites universités francophones hors Québec, ce qui, conséquemment, permettrait d'améliorer l'accès à leurs programmes d'immersion, leur maintien et leur élaboration.
Encore une fois, je vous remercie de m'avoir invitée aujourd'hui. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
:
Merci, monsieur le président.
Bon après-midi. Au nom de notre directeur, Tony Pontes, et de la présidente de notre conseil scolaire, Janet McDougald, nous sommes heureux d'accepter votre invitation à comparaître devant le Comité permanent des langues officielles de la Chambre des communes.
Le Peel District School Board offre trois programmes de français langue seconde, qui connaissent beaucoup de succès. Il y a celui d'immersion en français, qui commence en première année; de français intensif, qui commence en septième année, et de français de base, qui débute en quatrième année.
Comme dans l'invitation que nous avons reçue, on nous demandait de traiter des cours d'immersion en français « en regard de l’accès, de leur capacité, des listes d’attente, des meilleures pratiques et de l’efficience », nous ne parlerons que de ces aspects de notre programme d'immersion en français.
La demande à l'égard du programme d'immersion en français a augmenté très rapidement au cours des 10 dernières années au sein de notre conseil scolaire. En 2001, 9,4 % des élèves de première année étaient en immersion en français. En 2011, ce pourcentage avait augmenté d'environ 25 %. Cette croissance témoigne de l'attachement de notre conseil scolaire à la croyance que l'immersion en français est une option pour tous les élèves et au principe selon lequel « la participation aux programmes de français langue seconde devrait rendre compte de la diversité de la population étudiante, y compris les élèves ayant des besoins particuliers sur le plan de l'éducation et ceux qui apprennent l'anglais ». Ce passage figure à la page 10 du document du ministère intitulé Cadre stratégique pour l’apprentissage du français langue seconde dans les écoles de l’Ontario de la maternelle à la 12e année.
Cependant, la croissance rapide du programme d'immersion en français a incité certains intervenants à exprimer leur inquiétude à l'égard de la capacité du conseil scolaire de maintenir la qualité des programmes d'immersion en français offerts aux élèves. Réagissant à ces préoccupations, le Peel District School Board a réalisé en 2011-2012 un examen exhaustif de son programme d'immersion au niveau élémentaire.
Cet examen, confié à un comité, comportait plusieurs volets, dont un examen approfondi de la documentation. On a également interrogé les parents d'élèves en immersion en français dans le cadre d'un sondage auquel 4 342 familles ont répondu. On leur a demandé pourquoi ils avaient inscrit leur enfant à l'immersion en français et s'ils l'auraient fait si le transport par autobus scolaire n'était pas offert. Quand le programme d'immersion en français était offert à l'école du quartier, on leur demandait s'ils auraient inscrit leur enfant au programme s'il avait été proposé dans une autre école. On voulait également savoir s'ils comptaient laisser leur enfant continuer de suivre le programme d'immersion en français au secondaire. On leur a enfin demandé s'ils souhaitent formuler d'autres observations.
On a aussi demandé à d'autres parties prenantes, comme les sections du conseil, de fournir de l'information quand des problèmes surgissent. Par exemple, des pressions énormes s'exercent sur le plan des inscriptions dans certaines régions, ce qui a des répercussions sur l'espace pour des programmes d'immersion en français potentiels.
Le principal constat qui découle de l'examen est qu'il est difficile d'assurer la qualité des enseignants dans les programmes d'immersion en français. Le comité d'examen considère que la qualité d'un enseignant se traduit par ses qualifications, sa maîtrise de la langue et son dévouement. Le comité a découvert que même si les directeurs peinent à embaucher des professeurs qualifiés pour enseigner dans un programme d'immersion française, les qualifications ne suffisent pas à elles seules à assurer la qualité du programme.
Le comité d'examen a entendu dire à maintes reprises, de la part de divers intervenants, qu'il arrive que certains enseignants, même s'ils possèdent les qualifications requises sur papier, ne parlent pas couramment français. En outre, le comité a appris que des enseignants qualifiés et maîtrisant bien la langue française décident parfois d'abandonner le programme d'immersion en français pour enseigner dans le programme d'anglais. Il a entendu dire que même s'il est très ardu pour les directeurs de trouver des professeurs pour enseigner dans le programme d'immersion en français aux termes d'un contrat de durée indéterminée, il est encore plus difficile d'y parvenir pour les affectations occasionnelles à long terme.
Même si l'Ordre des enseignantes et des enseignants de l'Ontario a indiqué qu'il n'y avait pas de pénurie d'enseignants en immersion en français, ce n'est pas ce que nous avons constaté dans le district de Peel.
Au début de l'année scolaire 2012-2013, le comité d'examen a fait part de ses conclusions et de ses recommandations au conseil d'administration. Ce dernier a examiné le rapport et a apporté quelques changements au programme d'immersion en français. Ces changements seront revus en 2017.
Tout d'abord, les inscriptions au programme d'immersion en français offert en première année seront limitées au niveau de septembre 2012, c'est-à-dire environ 25 %. De plus, si les inscriptions excèdent la capacité d'une école, on recourra à un processus de loterie. Enfin, certains élèves seraient exemptés de ce processus s'il faut y recourir.
Nous voudrions maintenant expliquer notre processus d'accès au programme d'immersion en français en première année. Tout d'abord — et c'est le plus important —, nous fournissons de l'information aux parents pour qu'ils prennent une décision éclairée au sujet de la participation de leurs enfants au programme d'immersion en français. Nous organisons des soirées d'information dans toutes les écoles qui offrent le programme et à des endroits centraux. Le conseil fournit des documents d'information dans un éventail de formats et de langues. Il collabore en outre avec Canadian Parents for French afin de produire deux vidéos d'information à l'intention des parents.
Le deuxième aspect important de notre processus d'accès, c'est que le délai d'inscription au programme d'immersion en français est établi longtemps d'avance et est communiqué aux parents dans un éventail de formats et de langues.
De plus, si le nombre d'élèves inscrits dépasse le nombre de places disponibles dans l'école, on procède à une loterie. Pour l'année scolaire 2013-2014, toutefois, seulement 4 de nos 34 écoles ont eu recours à ce processus. Ainsi, 97,5 % des élèves se sont inscrits sans loterie.
Enfin, nous gardons une liste d'attente d'élèves, que nous continuons de suivre jusqu'à la fin de leur première semaine d'école, en septembre. À ce moment, les élèves qui ne peuvent suivre le programme d'immersion à leur école de quartier se voient offrir une place dans l'école d'immersion en français la plus proche. À la fin de notre processus d'inscription, toutes les familles inscrites au programme d'immersion en français en première année se sont fait offrir une place soit à leur école de quartier, soit dans l'école ayant de la place la plus près.
Nous considérons que notre processus d'inscription est un succès. Nous avons assuré la qualité du programme et avons pu offrir une place à tous les élèves inscrits au programme d'immersion en français en première année. Nous sommes fiers de notre programme d'immersion en français, de nos élèves et de notre personnel, et nous considérons que toutes les formes de diversité, y compris la diversité linguistique, sont précieuses. Nous sommes heureux de donner aux élèves l'occasion d'apprendre ce qui est pour nombre d'entre eux une troisième langue.
Merci, monsieur le président.
:
Merci, monsieur le président.
Je tiens à m'excuser, car si je connais trois ou quatre autres langues, le français n'en fait malheureusement pas partie. C'est une langue que je m'efforce d'étudier, même si je dois admettre que quand on possède une deuxième, une troisième ou une quatrième langue, l'apprentissage devient plus aisé... mais pas après 60 ans.
Je veux revenir au Peel District School Board. Vous avez indiqué que si les étudiants veulent étudier en immersion en français, c'est notamment parce que les perspectives d'emploi sont meilleures, particulièrement au Canada, où les emplois se trouvent au gouvernement, dans l'armée et peut-être dans des organisations bien connues, comme Air Canada ou certaines sociétés minières.
L'expérience que j'ai acquise en parlant trois ou quatre langues m'a montré qu'il faut évoluer dans un environnement où on peut parler du commerce et expérimenter les arts, la culture et la vie au quotidien. Quels genres d'installations ou d'environnement s'offrent aux étudiants, dans la région de Peel, par exemple, pour rendre la langue française vivante dans le cadre du programme d'immersion? Peut-être pouvez-vous nous donner un exemple de ce qu'ils peuvent faire ou de ce que votre programme leur propose pour leur faire comprendre que l'apprentissage du français peut être vivant, contrairement à celui d'une langue comme le latin.