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Merci à vous, monsieur le président, ainsi qu'aux membres du comité.
Permettez-moi de faire les présentations. Je m'appelle Jamal Hematian, je suis vice-président de l'ingénierie de produits, et je suis accompagné de Max Vanderby, notre directeur de l'ingénierie de la production. Nous dirigeons le département d'ingénierie de National Steel Car.
National Steel Car est le seul fabricant de wagons au Canada. Nous existons depuis plus de 100 ans, et nous desservons les marchés nord-américains et quelques marchés internationaux. Nous employons environ 2 000 travailleurs, voire jusqu'à 2 400 à certaines périodes. Nous concevons et fabriquons des wagons pour le transport des marchandises. Nous proposons12 types de wagons et 76 modèles différents. Nos lignes de production sont flexibles, et notre capacité de production maximum se situe entre 12 000 et 15 000 wagons par an.
Nous avons la certification AAR et nous sommes le seul fabricant de wagons en Amérique du Nord à avoir la certification ISO. Nous sommes titulaires de plus de 300 brevets de conception de wagons et nous investissons chaque année de 5 à 6 millions de dollars dans des projets de R-D.
Cette diapositive vous montre les différents types de wagons, y compris les wagons-citernes, que nous concevons et fabriquons. La diapositive suivante est importante, car, comme le montre le tableau, elle couvre presque tous les types de wagons, y compris les wagons-citernes. Autrement dit, nous sommes certifiés pour concevoir, fabriquer, réparer et remettre en état différents types de wagons.
S'agissant des wagons-citernes, il faut savoir que c'est très réglementé, qu'il y a différents organismes qui imposent des règlements, et que nous devons les observer rigoureusement. Autrement dit, comparé aux autres types de wagons, on n'a pas beaucoup de marge de manoeuvre, car tout est défini dans les règlements et il faut les observer rigoureusement.
Dans la diapositive suivante, je récapitule les principaux organismes en cause et les réglementations afférentes. Il y a l'Association of American Railroads, c'est-à-dire l'AAR, avec les différents manuels que j'énumère. Il y en a deux qui sont particulièrement importants. À la troisième ligne, vous avez le CPC-1232, Requête-1577. Et il y a d'autres règlements du CFR et de la PHMSA que nous devons aussi observer.
Et par-dessus tout ça, il y a Transports Canada, la FRA, l'ASTM, l'AWS et l'API. Comme vous pouvez le constater, s'agissant de wagons-citernes, tout est bien organisé et réglementé, et tout le monde doit respecter les mêmes règles. Pour sa part, NSC a la certification voulue pour concevoir et fabriquer des wagons-citernes. Pour chaque commande, nous devons faire une série de dessins que nous devons soumettre à EEC, qui est un comité de l'AAR pour l'équipement d'ingénierie. Ce comité examine nos plans et nous délivre un certificat pour cette commande en particulier. Si nous voulons changer quoi ce soit au cours du projet, nous devons demander l'approbation du comité. Tout ça pour dire que c'est un environnement très contrôlé.
Il existe beaucoup de types différents de wagons-citernes. Au total, il y a plus de 334 000 wagons-citernes en circulation, mais ça englobe toutes les catégories, selon l'utilisation qui en est faite et les services qu'ils assurent, selon qu'ils sont pressurisés ou non, chemisés ou non, isolés ou non.
Les DOT-111 sont des wagons-citernes non pressurisés, mais dans cette catégorie, il y a plusieurs sous-catégories, que nous classons en groupes d'emballage I, II et III, selon le niveau de danger ou de risque que les marchandises transportées représentent. Le Groupe I est le risque le plus élevé, le plus dangereux. Le Groupe II est un peu moins dangereux, et le Groupe III, nettement moins.
La diapositive suivante vous montre le wagon DOT-111A100W1, qui est polyvalent et non pressurisé, et qui convient aux Groupes I, II et III. Le pétrole brut et l'éthanol appartiennent aux groupes d'emballage I et II. Le premier wagon, avec une capacité nominale de 31 800 gallons, n'est pas chemisé. Le deuxième et le troisième sont isolés et chemisés. Mais là encore, il faut faire une distinction: il y a les wagons chemisés avec isolation, et les wagons chemisés à protection thermique. Par conséquent, l'isolation et la protection thermique, ce sont deux choses différentes. La conception est à peu près la même, mais ce sont deux types de wagons différents, il faut en être bien conscients.
Chez NSC, nous sommes en train de concevoir et de fabriquer les deux premiers. Nous avons reçu le feu vert. Nous avons expédié les premiers — 25 ou 30 wagons-citernes pour l'instant — et nous continuons de fabriquer les deux types de wagons en même temps.
Ce que je vais dire maintenant est très important. On discute actuellement de toutes les améliorations et modifications concernant la conception. Pour tous les wagons-citernes de la catégorie DOT-111 — je me limite à cette catégorie, car, sinon, je pourrais parler pendant des heures —, affectés au transport de pétrole brut et d'éthanol, nous avons deux générations de wagons antérieures à 2011. On les appelle les wagons traditionnels, et ils ont pour code HM-251. Contentons-nous ici de les appeler les wagons traditionnels.
En 2011, de nouvelles normes ont été adoptées pour améliorer la conception et apporter certains changements, dont 80 % concernaient la sécurité de ces wagons. Je veux parler du CPC-1232, et vous vous souviendrez que, lorsque j'ai parlé des règlements, j'ai dit que celui-ci était important. Les nouveaux wagons qui intégraient les changements du CPC-1232 ont été appelés les « wagons de bon aloi », par opposition aux wagons traditionnels. Donc, si vous entendez ce nom, vous saurez de quels wagons il s'agit.
L'une des caractéristiques qui distinguent les wagons de bon aloi des wagons traditionnels est la charge ferroviaire brute, c'est-à-dire la carrosserie, les bogies et la suspension, ce que vous chargez, et le poids de tout ça. Le poids du wagon traditionnel était de 263 000 livres, c'est ce que nous appelons la charge ferroviaire brute.
C'est donc ce qui vient avec le wagon, le poids du wagon, et ensuite ce que vous chargez. Le poids du wagon lui-même est ce qu'on appelle la tare, et ce que vous ajoutez, le chargement ou la capacité. Si vous augmentez la tare, vous perdez de la capacité, car le poids total ne doit pas dépasser 263 000. En revanche, si vous réduisez la tare, vous augmentez la capacité.
Le wagon traditionnel a donc une charge ferroviaire brute de 263 000 livres, et un wagon de bon aloi, une charge ferroviaire brute de 286 000 livres. À cause de cet écart, ils ont dû revoir la conception du wagon pour accroître l'efficacité du système. Parallèlement, ils ont étudié les autres incidents qui se sont produits avec des wagons-citernes et les ont tous rassemblés. Dans une circulaire sur le CPC-1232, l'AAR nous a annoncé que, dorénavant, il fallait observer le nouveau règlement. Autrement dit, on ne pouvait plus concevoir ou fabriquer des wagons traditionnels.
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Merci à vous, monsieur le président et membres du comité, d'avoir invité le Syndicat des Métallos à venir présenter son point de vue sur la sécurité du transport ferroviaire au Canada, en ce qui concerne les cheminots et le transport des produits dangereux.
Je m'appelle Richard Boudreault. Je viens de Montréal et je suis coordonnateur du secteur. Je suis aussi responsable de nos membres à l'échelle du Québec. Depuis 2005, je dirige l'équipe de négociation face à la Montreal, Main and Atlantic Railway. La convention collective actuellement en vigueur a été approuvée par nos membres en avril 2012.
L'USW, c'est-à-dire le Syndicat des Métallos, comme on l'appelle au Québec, regroupe 5 000 cheminots du Canada et du Québec, aussi bien des commis et des employés du transport plurimodal que des personnels de maintenance et des conducteurs de train. Je suis heureux de constater que vous avez aussi invité aujourd'hui des représentants de National Steel Car Limited, car cette entreprise emploie, dans ses installations d'Hamilton, des membres du chapitre 7135 de l'USW. En fait, nos membres travaillent aussi bien dans la fabrication du matériel roulant que dans les opérations ferroviaires, et ce, depuis plus de 70 ans. Nous sommes donc directement concernés par la sécurité des transports ferroviaires.
La tragédie de Lac-Mégantic, qui s'est produite le 7 juillet dernier, a mis en cause une société de chemin de fer qui employait un certain nombre de nos membres, y compris le conducteur, M. Tom Harding, dont la vie a été complètement bouleversée par cet accident, tout comme celle des familles concernées. Tous sont victimes de décisions tout à fait insensées du gouvernement et de la société de chemin de fer. Pour notre syndicat, qui a le mandat de protéger ses membres et leurs collectivités, la tragédie de Lac-Mégantic est en partie l'illustration de notre expérience en matière de conventions collectives.
Les dernières négociations ont duré 15 mois, et j'aimerais m'attarder quelques instants là-dessus. Une nouvelle proposition est arrivée sur la table, qui permettait à la société d'affecter un seul conducteur par train. Comme nous n'étions pas d'accord, nous nous sommes adressés à un médiateur fédéral, et l'entente a bloqué là-dessus. Le médiateur fédéral nous a dit que ce n'était pas au syndicat de décider, que ce n'était pas de sa responsabilité. Et qu'il appartenait à Transports Canada de trancher et de décider si MMA pouvait ou non affecter un seul conducteur par train.
Il faut savoir que la société Montreal, Maine and Atlantic Railway a obtenu la permission d'affecter un seul conducteur par train en mai 2012, soit exactement un mois après la signature de notre convention collective, qui est toujours en vigueur. MMA a été la deuxième société au Canada à obtenir cette permission de Transports Canada, la première étant QNS&L, le Chemin de fer du littoral nord et du Labrador.
Nous savons tous qu'au Canada, les quantités de produits dangereux transportées par voie ferrée ont augmenté de 30 % au cours des dernières années. Les expéditions de pétrole brut et de produits pétrochimiques ont enregistré une hausse vertigineuse, ce qui soulève de nouvelles difficultés qui n'ont manifestement pas été totalement réglées. Sinon, nous ne serions pas ici aujourd'hui. Au cours des dernières années, nous sommes intervenus plusieurs fois sur toute cette question de la sécurité, notamment à propos des dispositions de la Loi sur la sécurité ferroviaire portant sur la construction et la modification d'installations ferroviaires. Cela comprend les voies de chemin de fer, les structures, la signalisation, et les ouvrages de franchissement. L'article de la loi dispose que le ministre ou le gouverneur en conseil peut prendre des règlements enjoignant les sociétés ferroviaires de prendre certaines mesures, comme la modification de normes d'ingénierie.
Ceux de nos membres qui s'occupent de la maintenance des voies nous ont dit que la vitesse était souvent pour eux une menace. Ils sont appelés à travailler dans des régions éloignées où les trains, y compris ceux qui transportent des produits dangereux, continuent de rouler à la vitesse maximale même dans les zones de maintenance, alors que les travailleurs ne sont qu'à quelques mètres de la voie.
La loi donne aussi apparemment au ministre le pouvoir d'obliger une société ferroviaire à adopter ou à modifier des règles sur pratiquement tous les aspects de ses opérations. Pour ce faire, la société doit consulter, dans un délai de 60 jours, chaque association ou organisation susceptible d'être affectée par le changement. Mais ça n'a pas été mis à exécution de façon assez rigoureuse. Donner aux sociétés toute latitude pour informer qui bon lui semble en cas de transport de quantités accrues de produits dangereux revient, dans notre industrie, à donner au loup le soin de protéger la bergerie.
Comme je l'ai dit tout à l'heure, nos membres travaillent et résident dans des collectivités traversées quotidiennement par des trains transportant des produits dangereux. Il est inadmissible que les systèmes de gestion de la sécurité ne prévoient pas une divulgation totale aux diverses parties prenantes, y compris les employés, leurs syndicats et les municipalités. Il est injustifié de brandir le spectre de la sécurité nationale ou celui de la menace terroriste. Demandez aux habitants de Lac-Mégantic, et ils vous diront qu'ils sont victimes d'un acte terroriste perpétré par une entreprise.
Pour les métallos, le rôle de Transports Canada devrait être le suivant: premièrement, promouvoir et assurer la sécurité du public et de l'environnement, en ce qui concerne les opérations ferroviaires; deuxièmement, promouvoir et encourager la participation des parties intéressées au renforcement de la sécurité ferroviaire; troisièmement, surveiller les sociétés de chemin de fer afin de s'assurer qu'elles respectent la Loi sur la sécurité ferroviaire ainsi que ses règles, ses règlements et ses normes, et veiller à la sécurité générale des opérations ferroviaires au moyen d'audits, d'inspections et de collectes de données; quatrièmement, promouvoir la transparence de leurs opérations et de leurs évaluations, ainsi que des données collectées; et cinquièmement, faire enquête sur les accidents ferroviaires avec l'entière participation des comités de santé et sécurité au travail.
Les deux premières recommandations découlent des objectifs mentionnés aux alinéas 3a) et b) de la Loi sur la sécurité ferroviaire. Les troisième et quatrième recommandations proviennent du site de Transports Canada.
La collecte rigoureuse de données devrait faire partie de la surveillance constante que le gouvernement fédéral doit exercer sur les sociétés de chemin de fer, afin de s'assurer qu'elles gèrent adéquatement les risques et garantissent un maximum de sécurité. S'agissant des travailleurs, Transports Canada devrait obliger les sociétés ferroviaires à prendre des engagements plus fermes et à mettre en place des systèmes de gestion de la sécurité, en collaboration avec les syndicats qui font, au final, ce que les entreprises leur disent de faire. C'est particulièrement important lorsque les sociétés de chemin de fer demandent des exemptions aux règlements ou à la loi.
Le Syndicat des Métallos a toujours pris très au sérieux les responsabilités qui lui incombent en matière de santé et sécurité et de protection de l'environnement. Mais il est évident que la sécurité de nos membres et de leurs collectivités est mise en danger lorsqu'un ministre des Transports accorde des exemptions aux sociétés ferroviaires comme s'il distribuait des bonbons à Halloween.
De l'avis du syndicat, l'objectif de sécurité ferroviaire portait avant tout sur la mise au point de systèmes de gestion de la sécurité, sur la diminution de la participation des travailleurs, sur la réglementation et sur la mise en oeuvre d'une partie de ces systèmes de gestion de la sécurité. Nous estimons que la participation des travailleurs, appuyés par leur syndicat, est une composante indépendante de la sécurité au travail, et qu'elle permet un contrôle et une évaluation supplémentaires du système de sécurité, ce qui est très utile. Notre position n'a rien de nouveau, puisqu’elle faisait déjà partie du mémoire que nous avons présenté en 2007 sur la sécurité ferroviaire.
C'est le minimum que nous puissions faire pour protéger les travailleurs, les familles et leurs collectivités contre de telles catastrophes. Faute d'adopter des changements qui garantiront une plus grande transparence et un meilleur partage des informations, la menace ne fera que croître, vu que le transport de produits dangereux est en constante augmentation. Si vous ne me croyez pas, aller faire un tour à Lac-Mégantic.
Merci beaucoup.
Je suis prêt à répondre aux questions que vous voudrez bien me poser.
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En fait, il y a eu beaucoup de choses. À notre avis, il y a un mur entre le Bureau de la sécurité des transports et Transports Canada parce qu'en 1996, simplement pour vous donner un exemple, il y a eu un accident au Québec avec le Chemin de fer du littoral nord et du Labrador, parce qu'il n'y avait qu'un conducteur. Le rapport est public, il est sur Internet.
Nous avons aussi un rapport de 2009, qui porte le numéro R09T0057, au sujet d'un accident qui s'est produit dans le sud de l'Ontario, à Hagersville. Dans le rapport du Bureau de la sécurité des transports Canada, publié le 11 février 2009, on peut lire, à la page 17:
[Français]
Avec un seul membre de l’équipe pour accomplir les tâches d’immobilisation du train à la fin de la journée de travail, le risque de dérive du matériel est accru puisqu’il est impossible pour un autre membre de l’équipe de repérer et de corriger toute erreur.
[Traduction]
Vous voyez donc que, déjà en 2009, l'affectation d'un seul conducteur par train préoccupait Transports Canada. À notre avis, ce n'est pas sécuritaire étant donné que, lorsque vous transportez des produits dangereux, il faut au moins une autre personne qui puisse vérifier ce que fait le conducteur et, s'il commet une erreur, prendre les mesures nécessaires.
MMA a pris cette décision après avoir fait énormément de lobbying et sans avoir consulté les collectivités, les syndicats et les travailleurs. La société n'a dit à personne comment la décision allait être mise en oeuvre, comment exactement les gens allaient devoir l'appliquer. Sans parler de l'historique de cette société, je ne sais pas si on s’est renseigné avant…? À vrai dire, je n'arrive pas à comprendre comment MMA a obtenu la permission de Transports Canada de n’affecter qu'un conducteur par train. Les antécédents de cette société sont tellement mauvais qu'elle n'aurait jamais dû obtenir cette autorisation.
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Il y a deux différences. Je vais vous les expliquer en revenant sur les dispositives que j'avais au début.
Les deux différences concernent les options que nous ajoutons au wagon et le wagon lui-même. La diapositive vous montre ici les options du CPC-1232. Je vais en mentionner rapidement quelques-unes.
Sur la partie inférieure du wagon, vous avez une plaque de protection supplémentaire d'un demi-pouce d'épaisseur. Cette plaque est soudée à des barres de renforcement placées sur toute la longueur du wagon. Elle est en fait rattachée mécaniquement à la vanne. La vanne est protégée à l'intérieur de la plaque, et une bride est boulonnée à l'extérieur. En cas de renversement ou de cisaillement, la bride saute, mais cela n'affecte pas la vanne à bille qui retient le produit dans le wagon.
Au sommet du wagon, vous avez une soupape de décompression auto-refermable. Les nouveaux règlements exigent 27 psi, à 27 000 PCM minimum,ce qui correspond en gros au débit d'air à l'extérieur du wagon, ou de votre produit ou des gaz.
S'agissant des soupapes de sûreté à dépression, dans le passé, on pouvait en fait les activer en marchant dessus. C'est déréglementé maintenant. Nous avons une soupape de sûreté à dépression qui fonctionne entre -0,75 psi et environ 5 psi, selon le type de produit et les préférences du client.
Pour ce qui est des deux vannes à bille qui sont ici, nous avons une vanne de deux pouces et une vanne de trois pouces, qui peut aller jusqu'à quatre pouces. C'est pour le chargement et le déchargement, selon le système utilisé. La vanne de deux pouces sert principalement pour la vapeur, au moment du chargement et du déchargement.
Ces vannes étaient jadis vissées dans la plaque de raccords. Aujourd'hui, elles sont fixées au moyen de boulons et de joints, de sorte qu'elles ne peuvent pas se relâcher, même quand vous changez les embouts ou que vous connectez votre équipement au moment du chargement et du déchargement.
À l'extrémité du wagon de 31 800 gallons, nous avons un demi-bouclier de tête, qui est ajouté depuis 2011. D'un demi-pouce d'épaisseur, il est boulonné jusqu'à l'autre extrémité du wagon pour éviter des impacts d'attelages sur la tête du wagon.
Pour ce qui est des attelages, vous avez un attelage à double-plateau, qui empêche les attelages de se découpler. Ainsi maintenu, l'attelage ne risque pas de glisser et de heurter la tête du wagon ou d'un wagon voisin.
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Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs.
Il y a vraiment beaucoup de questions que j'aimerais vous poser, mais je vais d'abord vous transmettre un message de la part de collègues de la région de Hamilton. Ils m'ont dit être très heureux de voir qu'une compagnie locale fabriquait des produits d'une aussi grande qualité, que les employés étaient syndiqués et qu'il s'agissait de bons emplois bien payés. Cela démontre que des compagnies canadiennes sont capables de produire les wagons-citernes qui devraient remplacer les DOT-111. Cela pourrait générer de bons emplois bien rémunérés. Je vous félicite de tout cela, de même que les collègues qui vous font dire bonjour.
Monsieur Boudreault, vous avez dit que les communautés, les travailleurs et les premiers répondants avaient besoin de connaître le contenu des wagons-citernes. Le gouvernement dit pour sa part qu'ils le connaissent. Or le problème est qu'ils le connaissent, mais plus tard.
Habituellement, on informe les gens de ce qui va traverser leur communauté, soit les produits en général, mais dans le cas d'un produit spécifique, on ne les avise pas. C'est pourquoi les premiers répondants ne savent pas comment répondre à l'urgence.
Pensez-vous que cet argument tient la route, ou les rails, dans ce cas-ci?
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Comme je le disais plus tôt, les premiers répondants ne sont pas nécessairement membres de notre syndicat. Il faut faire attention. Les gens qui travaillent sur les rails ou dans les trains qui transportent des matières dangereuses doivent aussi être au courant de ce qu'un train contient. Cela m'apparaît nécessaire. Dans n'importe quelle situation, un employé qui n'est pas informé peut causer un incident ou un accident majeur. De plus, pour que la communauté agisse de façon sécuritaire et appropriée lors de divers incidents, les premiers répondants doivent à tout le moins savoir quelles matières dangereuses passent dans leur communauté.
Je vais vous donner un exemple. Les gens sont terrorisés. Je pense que vous tous ici vous vous tenez informés de l'actualité. Pas plus tard qu'hier, différentes communautés des régions voisines de Lac-Mégantic ont manifesté dans cette ville pour exiger du gouvernement que les rails contournent leur communauté.
Les gens ont peur, et avec raison. On ne doit plus voir des situations comme celles qu'on a vécues. Pourquoi ont-ils peur? Parce qu'ils ne savent pas ce que contiennent les trains qui passent dans leur ville. Imaginez! Vous vivez dans une communauté et je suis convaincu que vous voudriez avoir les mêmes informations pour la vôtre, d'une façon ou d'une autre.
Les gens vont parler de terrorisme et diront que, si l'on divulgue ces informations, cela laissera la place à toutes sortes de fous qui pourraient agir un jour. Ce n'est pas ce qu'on demande. On ne demande pas de divulguer au public ce que le train contient et le moment où il arrive. Ce n'est pas le cas. On demande qu'au moins les premiers répondants soient informés du moment où le train arrive et des produits qu'il contient. Ces gens sont formés et sauront donc comment réagir s'il se produit un incident ou un accident.
Il ne faut pas oublier que les citoyens de Lac-Mégantic ont arrosé les lieux de l'accident pendant plus d'une journée avec de l'eau. Or, cela a eu des conséquences environnementales. Le pétrole a pénétré le sol et a abouti dans les rivières avant de se propager partout. Il aurait plutôt fallu se servir d'un fumigène et intervenir de façon adéquate, mais on n'avait pas un tel équipement sous la main. On a vécu une situation dramatique et catastrophique, mais on aurait pu espérer ne pas avoir en plus de catastrophe environnementale.
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C'est une bonne question, à laquelle je vais répondre ni oui ni non, mais je vais vous dire pourquoi.
Comme dans toute conception d'ingénierie, il faut voir le système dans son ensemble. Un système contient plusieurs éléments. Il faut tenir compte de tous ces éléments, les concevoir, les faire fonctionner et en assurer la maintenance pour atteindre un certain but. Dans ce système, si vous consacrez tout votre argent à un seul élément, vous n'aurez pas un système efficient qui répondra à vos besoins. S'agissant des wagons-citernes, il y a la conception des wagons. Voilà pour un élément. On a dit tout à l'heure que leur fonctionnement en était un autre. Le produit que vous utilisez en est certainement un autre. L'éducation en est un également. Bref, vous ne pouvez pas privilégier un élément et faire fi des autres.
Je vais me placer dans un contexte différent. Nous conduisons tous une voiture, et quand nous avons un accident de la route, que faisons-nous? Est-ce que nous sautons tout de suite à la conclusion qu'il faudrait éliminer les petites voitures, parce que seuls les VUS sont suffisamment sûrs? Non, nous examinons les données disponibles pour essayer d'identifier la cause du problème. On prépare un plan d'expérience, un DOE, et on entre tous ces paramètres à partir des données réelles. On en arrive à 10 facteurs, et à tels et tels résultats. Il existe un programme Six Sigma qui mesure l'effet de chaque élément sur le système, l'effet de deux éléments sur le système, et ainsi de suite.
Donc, si vous me demandez d'augmenter l'épaisseur, je vais vous demander pour quelle raison. Pensez-vous que si vous ajoutez 10 000 livres au wagon, vous allez accroître la sécurité dans les mêmes proportions? Non. Compte tenu de la résistance à la fatigue, de l'analyse statique et de l'analyse dynamique, vous obtiendrez un gain de 5 % au grand maximum.
L'autre facteur que j'aimerais mentionner est celui-ci. Pour les automobiles que nous conduisons tous les jours, sur les routes et ailleurs, pensez-vous que les concepteurs vont augmenter la tare des voitures de 500 livres simplement parce qu'il y a eu des accidents et que cela va les rendre plus sûres? Non, ils essayent plutôt de calculer combien il en coûtera pour résoudre le problème.
Il faut donc faire très attention. Ce que je vous dis, c'est un ingénieur qui vous le dit.
Le parc de nouveaux wagons, les CPC-1232, qui s'est constitué depuis 2011 n'est que de 14 000 wagons, en comparaison de 90 000 DOT-111. Il faut examiner les données. Combien d'accidents se sont produits avec les wagons traditionnels? Combien d'accidents avec les wagons de bon aloi? À partir de là, on voit ce qu'il faut faire. La nouvelle épaisseur du matériau est-elle suffisante ou pas? Faut-il ajouter 16 ou bien un demi-pouce? Il faut savoir ce qu'on veut.
Vous savez, je viens du secteur de l'ingénierie pure.
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Tantôt, je mettais l'accent sur la déréglementation en disant que, dans certains cas, les entreprises font des modifications substantielles aux règlements, aux SMS, sans consulter qui que ce soit et sans qu'on n'ait un mot à dire. À titre d'exemples, on a octroyé à MMA la permission d'avoir un équipage d'un seul homme.
Dans ce cas-là, il a été clair dès le début que ça ne nous regardait pas et que ce n'était pas nous qui allions décider à cet égard. Pourtant, on était en négociations dans le cadre d'une convention collective. C'est nul autre que le médiateur fédéral qui m'a dit, après un an et demi de négociations, qu'il ne savait pas pourquoi j'en faisais un enjeu majeur, ou un deal breaker, puisque ce n'était pas moi qui allait prendre cette décision, mais Transports Canada. Il était clair, aux yeux d'un représentant de la négociation, qu'on n'avait aucun mot à dire.
Vous dites qu'il y a de bonnes expériences et je suis convaincu que c'est le cas, mais là, je ne vous parle pas de bonnes expériences, mais plutôt de mes inquiétudes. Des entreprises comme MMA reçoivent des bonbons d'Halloween. Elles font ce qu'elles veulent des règlements. Elles les appliquent et les modifient de façon unilatérale sans consulter personne.
En 2014, après les événements qui se sont produits à Lac-Mégantic, je pense qu'il est important que je vous le dise. Ainsi, le comité pourra faire les recommandations nécessaires au gouvernement afin que ça ne se reproduise plus, quitte à pénaliser les entreprises délinquantes de façon assez claire. S'il faut leur retirer leur permis, qu'on le fasse. La situation actuelle n'a aucun sens.
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Merci, monsieur Boudreault.
On peut voir toute votre passion s'exprimer concernant ce dossier. Je peux comprendre. Vous représentez les gens qui sont sur le terrain, pour qui c'est une réalité quotidienne et qui ressentent carrément de la frustration face à l'inaction du gouvernement.
Comme vous l'avez dit — et je pense qu'il faut être très clair à ce sujet —, la déréglementation existe; c'est concret. Je sais que les gens de l'autre côté vont nous parler du projet de loi S-4. Il y a des pénalités qui sont prévus et on va retirer les permis. Toutefois, le vérificateur général du Canada a fait remarquer que pour 70 % des problèmes, il n'y a pas de suivi parce que Transports Canada n'a pas les ressources nécessaires. On nous dit qu'il y a de la réglementation et que ça va bien, mais on sait que, dans les faits, Transports Canada ne fait rien. Les DOT-11 sont un exemple concret. Depuis l'accident de Lac-Mégantic, entre autres, le BST a fait des recommandations. Vous dites que Transports Canada écoute plus ou moins le BST. Le ministère entend ce que dit le BST, mais il ne l'applique pas.
Depuis au moins 20 ans, le BST dit que les wagons DOT-111 sont problématiques. Or dans le cas de l'accident de Lac-Mégantic, on sait très bien que les vieux wagons DOT-111 sont mis en cause. Aujourd'hui, encore une fois, les compagnies ferroviaires et pétrolières vont de l'avant avec des échéanciers, alors que le gouvernement n'est même pas en mesure d'en établir. Nous comprenons votre frustration et nous continuons à insister sur cette question. En effet, il semble que la sécurité des personnes dans les communautés ne soit pas une priorité. Le gouvernement n'agit pas. Dans le dernier budget, pas un sou n'a été alloué à la sécurité ferroviaire, ce qui est inacceptable et incompréhensible.
[Traduction]
J'aimerais m'adresser à nouveau aux représentants de National Steel Car Limited. Vous avez dit qu'à l'heure actuelle, la capacité de production était d'environ 20 000 wagons-citernes par an pour toute l'Amérique du Nord, et je parle des nouveaux wagons DOT-111. Il s'agit là de la demande régulière, des sociétés ferroviaires qui demandent… Elles prennent sans doute leur temps pour se débarrasser des vieux wagons DOT-111 puisqu'elles ne sont pas obligées de le faire.
Si la sécurité publique était vraiment la priorité du gouvernement, il obligerait les sociétés ferroviaires à se débarrasser des vieux wagons DOT-111 et à en acheter des nouveaux. Pensez-vous que, dans ce cas, ça augmenterait la capacité de production? Pensez-vous que ça obligerait les fabricants à augmenter leur capacité de production de nouveaux wagons DOT-111?
:
Merci, monsieur le président.
Quand on parle d'éliminer progressivement les vieux wagons, il faut savoir par quoi on va les remplacer, ça me paraît évident.
Les députés de l'opposition parlent « d'éliminer progressivement » les vieux DOT-111, mais ils ne disent pas clairement s'ils veulent les remplacer par les nouveaux DOT-111, ou bien, comme l'a laissé entendre le BST, s'il y aura une nouvelle norme. Auquel cas, il faudra bien attendre de connaître cette nouvelle norme.
Ce que je constate en vous écoutant, monsieur Hematian, c'est que, même du point de vue de la conception, l'élaboration d'une nouvelle norme pour les wagons est une question infiniment complexe en soi, sans parler de la décision... Cela signifierait que, dans les deux pays, un grand nombre de sociétés ferroviaires seraient obligées de remplacer ces wagons, si on veut vraiment régler le problème. Il ne suffit pas de dire: « éliminons progressivement ces wagons ».
Il faut savoir par quoi on va les remplacer.
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Permettez-moi de vous répondre.
Oublions les accidents pendant un instant; je ne dis pas qu'ils sont sans importance, mais parlons exclusivement de la dimension ingénierie.
Quand on veut apporter des changements, il faut avoir une raison de le faire. Quelles sont ces raisons, compte tenu de l'expérience et des données accumulées? Il ne faut pas décider en fonction de ce que vous pensez ou de ce que, moi, je pense.
On collecte des données pendant disons cinq ans. On les enregistre, on fait une analyse des causes fondamentales, on essaie de comprendre ce qui se passe, et ensuite on investit dans la solution la plus prometteuse.
Nous avions des wagons traditionnels et maintenant nous avons des wagons de bon aloi. Comme vous l'avez dit, que fait-on maintenant?
Si nous ne fondons pas nos décisions sur des données réelles, personne ne sait quand de nouvelles normes vont être adoptées, combien de temps il va falloir attendre. Il se peut que dans deux ans, vous vouliez à nouveau changer les choses.