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Bonjour. Je vous remercie, monsieur le président, de l'occasion qui m'est offerte de m'adresser au comité.
Je m'appelle Laureen Kinney. Je suis sous-ministre adjointe à la Sécurité et à la Sûreté, chez Transports Canada. Je suis accompagnée de Luc Bourdon, directeur général de la Sécurité ferroviaire, de Nicole Girard, directrice générale intérimaire de Transport des marchandises dangereuses, et de Martin Eley, directeur général de l’Aviation civile.
Dans le cadre de votre étude sur le réseau de transport canadien, nous sommes heureux de comparaître devant le comité pour discuter des mesures que Transports Canada a prises pour améliorer la sécurité ferroviaire et le transport des marchandises dangereuses après la tragédie de Lac-Mégantic survenue en juillet dernier. Au cours des 11 mois écoulés depuis, la sécurité ferroviaire et du transport des marchandises dangereuses a été en tête de nos priorités. Nous avons reçu un nombre important de commentaires sur le sujet de la part du Bureau du vérificateur général et du Bureau de la sécurité des transports du Canada et nous attendons avec impatience le premier rapport de l’étude du comité.
Aujourd’hui, mes remarques porteront sur trois domaines. Tout d’abord, sur la mesure que Transports Canada a prise pour améliorer la sécurité ferroviaire et le transport des marchandises dangereuses après l'incident tragique de juillet dernier. Puis, sur le régime de réglementation et de surveillance que nous continuons d’améliorer pour renforcer la sécurité du transport ferroviaire et de tous les modes de transport. Et enfin, sur les mesures que nous envisageons de prendre pour nous assurer que toutes les sociétés ferroviaires renforceront leurs pratiques d’expédition et de sécurité au moyen des systèmes améliorés de gestion de la sécurité. Ces mesures combinées témoignent de l'engagement de Transports Canada à améliorer la sécurité ferroviaire et le transport des marchandises dangereuses en renforçant la réglementation et la surveillance de ce secteur.
Tout d'abord, à la suite de l’accident de Lac-Mégantic, Transports Canada a émis une série d’injonctions que les sociétés ferroviaires et les expéditeurs et importateurs de marchandises dangereuses doivent respecter pour assurer la sécurité et la sûreté de leur exploitation et du transport des marchandises dangereuses. La première injonction, émise le 23 juillet dernier, comportait de nombreuses exigences reliées à l’exploitation des trains qui transportent des marchandises dangereuses, à l’immobilisation des trains, aux commandes directionnelles et à l’application des freins.
Dans les mesures prises par la suite, les entreprises d’importation et de transport de pétrole brut ont été enjointes d’effectuer des essais de classification de ce pétrole, de faire part des résultats à Transports Canada et de fournir des données à jour au Centre canadien d’urgence transport du ministère, le CANUTEC.
Le ministère a également exigé des exploitants de chemin de fer qu’ils communiquent aux municipalités les données sur les marchandises dangereuses qu’ils acheminent, afin qu'elles puissent établir des plans d’urgence appropriés et recevoir une formation convenable pour intervenir en cas de déversement.
Le 23 avril, la ministre a annoncé des mesures pour donner suite aux recommandations initiales du BST. Ces mesures exigent que 5 000 des plus vieux wagons-citernes DOT-111 soient immédiatement retirés du transport de marchandises dangereuses et que certains wagons qui ne sont pas aux normes soient progressivement mis hors service ou modernisés. Transports Canada continue de collaborer avec l’industrie et les organismes de réglementation des États-Unis pour relever les exigences à l’égard des wagons-citernes DOT-111. Le Canada s’est engagé à atteindre ou à dépasser toute nouvelle exigence des États-Unis visant ces wagons-citernes.
Nous exigeons également que les expéditeurs par chemin de fer élaborent des plans d’intervention en cas d’urgence relativement aux cargaisons de liquides inflammables à risque élevé et nous avons émis une injonction ministérielle exigeant que les compagnies de chemin de fer diminuent la vitesse des trains qui transportent des marchandises dangereuses et mettent en application d'autres pratiques d’exploitation clés.
La ministre a également annoncé la mise sur pied d’un groupe de travail sur la planification des interventions en cas d’urgence, qui examinera les questions relatives aux rôles et responsabilités de tous les intervenants dans le cadre d’un système de gestion des incidents, et d’autres liquides inflammables afin de déterminer s’il y en a qui nécessiteraient la mise en place d’un plan d’intervention d’urgence.
Deuxièmement, il faut renforcer les régimes de réglementation et de surveillance. Transports Canada accélère en ce moment l’élaboration de plusieurs règlements visant à renforcer le régime fédéral de réglementation de la sécurité ferroviaire et du transport des marchandises dangereuses, en partie pour donner suite aux recommandations du Bureau de la sécurité des transports et du vérificateur général, et pour répondre à l’examen de la Loi sur la sécurité ferroviaire et aux recommandations de votre comité.
Cette année, nous avons déjà procédé à la publication préalable de quatre propositions de réglementation dans la partie 1 de la Gazette du Canada.
La nouvelle norme proposée exige que les wagons-citernes DOT-111 soient construits avec de l’acier plus épais, et munis d’un dispositif de protection des raccords supérieurs et d’un bouclier protecteur. L’industrie construit déjà des wagons-citernes en tenant compte de cette norme améliorée. Le Règlement sur les passages à niveau améliore la sécurité en aidant à réduire la fréquence et la gravité des accidents aux passages à niveau assujettis à la réglementation fédérale. Le Règlement sur les certificats d’exploitation de chemin de fer s’assure que les compagnies de chemin de fer maintiennent le plus haut niveau de sécurité. Le Règlement sur les sanctions administratives pécuniaires relatives à la sécurité ferroviaire prévoit des amendes pouvant aller jusqu’à 250 000 $, pour renforcer notre capacité d'appliquer les exigences en matière de sécurité à l’égard des compagnies qui enfreignent la Loi sur la sécurité ferroviaire.
Nous travaillons aussi à la prépublication d’autres règlements connexes qui paraîtront prochainement dans la Gazette du Canada.
De concert avec le votre comité, le Bureau de la sécurité des transports et le Bureau du vérificateur général, le ministère continue de travailler avec les intervenants clés, comme le Conseil consultatif sur la sécurité ferroviaire, le Comité consultatif sur la politique générale relative au transport des marchandises dangereuses et la Fédération canadienne des municipalités, entre autres, afin d’obtenir des informations utiles pour documenter les mesures que nous prenons. Par exemple, nous acceptons entièrement les recommandations contenues dans le rapport 2013 du vérificateur général concernant la sécurité ferroviaire et nous mettons en oeuvre un plan d’action détaillé pour réagir aux problèmes qui ont été soulevés.
Je voudrais également profiter de l’occasion pour mentionner le progrès important que nous avons réalisé en appliquant les recommandations du Bureau du vérificateur général dans le secteur de l’aviation civile, recommandations qui découlaient de ses vérifications de 2008 et de 2012. Grâce à la mise en oeuvre d’un plan de gestion énergique, nous avons été en mesure d’appliquer 18 des 19 recommandations comprises dans le rapport de ces vérifications et nous en sommes à l’étape finale de la dernière.
La mise en place d’un processus pour traiter les questions de sécurité complexes plus rapidement, la normalisation des outils, la documentation et la supervision de la gestion utilisées pour soutenir les inspections et élaborer une solide stratégie en matière de ressources humaines constituent les points marquants de nos plans d’action relativement à ces vérifications.
Il y a enfin les SGS, les systèmes de gestion de la sécurité ferroviaire et du transport des marchandises dangereuses. La sécurité dépendra des diverses compagnies de chemin de fer qui transportent ces marchandises et des personnes qui travaillent pour ces compagnies. Et le système de gestion de la sécurité, ou le SGS, constitue l’outil par excellence que nous avons pour instaurer une culture de la sécurité dans ces sociétés.
Un système de gestion de la sécurité est un cadre officiel établi pour aider les sociétés à intégrer la sécurité à leurs activités quotidiennes. En termes simples, c’est une série de règles, de responsabilités et de procédures visant à atteindre certains objectifs et un rendement ciblé, et qui peuvent être contrôlées et évaluées.
Le système de gestion de la sécurité n’est cependant pas synonyme de déréglementation ni d’autoréglementation. Les compagnies qui ont recours à un tel système doivent déterminer comment elles se conformeront aux règlements spécifiques et doivent satisfaire à ces normes. Étant donné que les SGS joueront un rôle important à l’avenir dans la sécurité ferroviaire et du transport des marchandises dangereuses, cette année, Transports Canada prévoit faire une mise à jour et préciser comment les SGS aideront à effectuer ces opérations des compagnies de chemin de fer. Étant donné aussi que l’industrie ferroviaire, le vérificateur général et le BST ont tous avalisé le Règlement sur les SGS, nous prévoyons également élaborer des dispositions plus rigoureuses pour l’application de la loi afin d’accroître l’utilisation des SGS pour assurer la sécurité ferroviaire.
Pour conclure, monsieur le président, je dirai que Transports Canada reconnaît qu’il doit continuer à améliorer ses programmes de sécurité ferroviaire et du transport des marchandises dangereuses. Comme la ministre Raitt a annoncé des mesures pour donner suite aux recommandations initiales du BST en réponse à l’incident de Lac-Mégantic, nous attendons avec intérêt les commentaires du comité. J’ai bon espoir que de telles informations serviront au programme de sécurité ferroviaire fondé sur le risque et à nos efforts constants visant à faire du réseau de transport ferroviaire du Canada un des plus sécuritaires au monde.
Merci, monsieur le président, et merci aux membres du comité. C'est avec plaisir que nous répondrons à vos questions.
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Mais il n'a pas diminué. Entre 2010-2011 et 2012-2013, il a augmenté, et vous prévoyez que la hausse se poursuivra.
Vous ne me donnez pas une réponse directe.
Pour ce qui est de la déclaration des incidents, le Système de compte rendu quotidien des événements de l'Aviation civile montre une augmentation constante du nombre d'incidents entre 2003-2004, année où le SGS a été implanté, et 2013. Ils sont passés de quelque 8 000 à environ 17 000.
Chez Transports Canada, le nombre de renvois à des inspecteurs est passé de 15 % à environ 5 %. Les activités d'exécution ont nettement diminué. On ne s'occupe pas, ou alors très peu, de faire respecter les règlements de Transports Canada. Après l'écrasement d'un hélicoptère d'Ornge, par exemple, seul le ministère du Travail a veillé au respect de sa réglementation. Transports Canada ne fait pas respecter ses règlements. En ce qui concerne les parties de la loi qui exigent que les hélicoptères d'Ornge soient exploités de façon sécuritaire, Transports Canada pourrait intenter des poursuites et faire respecter ses règlements. Il ne le fait pas. On s'en remet à Travail Canada.
Je voudrais savoir pourquoi Transports Canada ne se donne pas la peine de faire respecter ses propres règlements.
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En ce qui concerne les statistiques, j'ai en main le rapport du Bureau de la sécurité des transports du Canada.
On y lit qu'il y a eu une tendance à la baisse notable dans les taux d'accidents, le nombre d'accidents par 100 000 heures de vol étant passé de 7,0 à 5,7 en une décennie, de 2002 à 2011. C'est la dernière période de 10 ans dont il est fait état. Nous attendrons les mises à jour.
C'est une chose d'isoler quelques statistiques choisies, mais même les taux d'accidents de 2013 sont inférieurs à ceux de 2004, 2005, 2006, 2007, 2008, 2009, 2010 et je pourrais poursuivre, monsieur le président.
Revenons-en aux témoins et au sujet à l'étude aujourd'hui. Si nous avons rappelé les fonctionnaires des Transports, c'est notamment parce que, en réponse à plusieurs rapports du vérificateur général, Transports Canada a pris des engagements très précis, avec un échéancier précis, pour donner suite à ces recommandations. Ces engagements répondent aux rapports du vérificateur général en 2008 et 2012 sur l'aviation, au rapport de 2011 du commissaire à l'environnement et au développement durable et, tout récemment, au rapport du vérificateur général sur le secteur ferroviaire en 2013. Le comité adhère au consensus selon lequel il doit être une tribune de reddition des comptes pour s'assurer que Transports Canada s'acquitte des obligations prises dans le rapport et que les fonctionnaires du ministère ne prennent pas de retard.
Venons-en aux rapports. Dans le chapitre 3 du rapport de la vérificatrice générale, en 2008, « La surveillance de la sécurité du transport aérien », je vois neuf recommandations dans l'annexe. Combien les fonctionnaires de Transports Canada en ont-ils mis en oeuvre?
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En général, dans les modes de transport où des systèmes de gestion de la sécurité s'appliquent, il y a une série supplémentaire de règlements qui portent sur la gestion de la société et exigent certaines dispositions sur la tenue des documents, la prestation de la formation et une série d'exigences très similaires pour tous les modes.
Ce sont donc des règlements. Ils s'appliquent à un secteur donné et nous faisons une évaluation de la conformité et de l'efficacité par rapport à la réglementation.
Nous avons aussi toute une série de règlements pour tous les modes. Ils existent depuis longtemps et ils on été modifiés avec le temps. Ils portent sur des questions particulières de sécurité qui ont surgi à cause de divers facteurs par le passé. Transports Canada continue de les appliquer, de les contrôler, d'en surveiller l'application.
Il y a plusieurs séries de règlements, mais les systèmes de gestion de la sécurité sont une série de règlements différents et ils sont appliqués comme les autres.
Dans le système de gestion de la sécurité et les exigences réglementaires d'une société, celle-ci doit élaborer un plan pour répondre à ces exigences, et comme il s'agit de la façon de faire des affaires et d'assurer la documentation, on lui laisse de la souplesse quant aux modalités. Il y a parfois confusion chez certains, qui se demandent si ce n'est pas de l'autoréglementation. Le règlement est clairement énoncé. Les sociétés doivent s'y conformer, mais pour ce qui est de leur plan opérationnel, de leur plan de gestion pour faire certaines choses, on leur laisse une certaine latitude. Les inspecteurs examinent la situation et, s'il y a un problème, il y a différentes façons de s'en occuper.
Je salue tous les témoins.
J'aimerais aborder deux sujets aujourd'hui.
Premièrement, j'aimerais parler du ratio d'agents de bord. J'ai en ma possession un communiqué de presse envoyé hier par le Syndicat canadien de la fonction publique. Il s'agit d'une lettre que le président national, Paul Moist, a adressée au ministre pour lui demander qu'une étude soit entamée.
Je vais citer une partie de la lettre:
[Traduction]
Nous nous en tenons à la position, défendue par le passé par le Comité des transports de la Chambre des communes, que toute modification du ratio d'agents de bord doit être soumise à un contrôle du plus haut niveau et ne doit pas se faire sans une étude parlementaire.
[Français]
Je suis d'accord avec lui.
Il y a eu une seule journée de consultation sur cet enjeu, soit le 22 mai. Je me demande quels arguments on peut évoquer pour qu'on ne fasse pas cette étude en comité. Une journée de consultation, ce n'est pas la même chose qu'une étude parlementaire, une étude par le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités. Ce qu'on voudrait, c'est véritablement étudier...