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Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Je m'appelle Paul Boissonneault et suis chef de pompiers du comté de Brant, en Ontario, ainsi que premier vice-président de l'Association canadienne des chefs de pompiers.
Au nom de l'ACCP, des chefs de pompiers et des pompiers de partout au Canada, je voudrais remercier le comité de nous donner l'occasion, en tant que premiers intervenants, de donner notre opinion sur le transport des marchandises dangereuses et la sécurité ferroviaire.
Le déraillement tragique s'étant produit à Lac-Mégantic a cristallisé l'attention sur les répercussions d'incidents impliquant des matières dangereuses sur la sécurité publique et l'environnement. Le service d'incendie de Lac-Mégantic et les services d'incendie avec lesquels existait une entente d'entraide ont accompli un travail remarquable quand ils ont affronté un des plus gros et des plus dangereux incidents impliquant des matières dangereuses dans l'histoire récente au Canada.
Les personnes rassemblées aujourd'hui dans la salle partagent la responsabilité d'atténuer les risques liés au transport des marchandises dangereuses au Canada. À cet effet, il nous faut un système comportant des mesures préventives et des protections, y compris des mesures législatives, mais aussi un programme d'inspection et de conformité, un partage d'information, de la formation et des pratiques d'exploitation sûres afin de garantir la sécurité des communautés.
Quel est le but de notre témoignage? De mieux vous faire comprendre la composition, les capacités et les besoins des services d'incendie au Canada et de vous faire part de nos recommandations en matière d'action.
Pour commencer par les services d'incendie au Canada, ils sont nombreux à partager une caractéristique importante: le fait que des lignes de chemins de fer traversent les communautés qu'ils protègent. Lorsque se produit un accident, ils sont presque forcément les premiers intervenants sur place. Mettons les choses en contexte.
Il y a au Canada environ 3 500 services d'incendie, dans des collectivités de toutes tailles; sur ce nombre, 3 200 sont des services d'incendie de volontaires. Sur les 120 000 pompiers du Canada, 80 % sont des bénévoles, c'est-à-dire des hommes et des femmes ayant des enfants à plein temps et des obligations familiales, qui se portent volontaires pour aider à protéger leur collectivité.
Vu la diversité de tailles, de ressources et de responsabilités de ces services, une intervention liée à des matières dangereuses constitue uniquement l'une des urgences pour lesquelles un service d'incendie doit se préparer. La plupart du temps, notre formation sur les matières dangereuses repose sur la NFPA 472: normes régissant la compétence de répondants aux incidents impliquant des matières dangereuses ou des armes de destruction massive (National Fire Protection Association). Elles comportent trois niveaux de formation ou compétence.
Il y a tout d'abord le niveau du personnel qui découvre l'incident, puis celui des intervenants opérationnels et enfin celui des techniciens. Vu le coût élevé des exigences de formation, la plupart des services d'incendie ne dépassent pas le niveau de la découverte, qui leur donne essentiellement la capacité de reconnaître les matières dangereuses, de se protéger, de faire appel à du personnel qualifié et de sécuriser le secteur. Dans les régions rurales, comme de raison, les lacunes en matière de formation et de ressources sont bien plus importantes. Les services d'incendie comptent énormément sur les plans d'intervention d'urgence ou les entreprises dotées d'un tel plan pour un apport d'expertise technique spécialisée, ainsi que de ressources logistiques et tangibles nous permettant d'atténuer un incident.
La semaine dernière, l'ACCP a applaudi l'annonce faite par la ministre des Transports . Le gouvernement du Canada exigera désormais des plans d'intervention d'urgence pour l'expédition par rails de pétrole brut, d'éthanol et d'autres produits liquides inflammables spécifiés. Cela permettra aux premiers intervenants confrontés à un incident impliquant des matières dangereuses de haut risque d'avoir accès à des capacités d'intervention spécialisées.
C'était une des recommandations clés faites par les chefs de pompiers ayant participé au Comité consultatif sur la politique générale relative au transport de marchandises dangereuses ou au groupe de travail sur les plans d'intervention d'urgence. L'établissement d'un groupe de travail pour étudier les exigences en matière de plans d'intervention d'urgence figurant dans la demande est une mesure importante pour l'amélioration des systèmes d'intervention d'urgence au Canada. Dans le cadre de la planification graduelle des plans d'intervention d'urgence à laquelle nous procédons, nous estimons qu'il conviendra de discuter plus avant de certains éléments du système et des actions nécessaires pour atténuer les incidents à venir.
Pour ce qui est des exigences en matière d'interventions liées à des matières dangereuses, les planificateurs envisagent plusieurs aspects clés nécessaires pour gérer la situation: information, formation, ressources et planification. Pour le comité aujourd'hui, nous allons nous attacher à quelques programmes et idées dans ces domaines qui, selon nous, sont particulièrement importants.
Commençons par l'information et par la ressource précieuse que constitue le Centre canadien d'urgence transport, CANUTEC. CANUTEC joue un rôle essentiel en matière d'intervention d'urgence et de planification partout au Canada, surtout dans les zones rurales. CANUTEC est l'équivalent pour un premier intervenant d'un appel 911 pour un incident impliquant des matières dangereuses. Son Guide des mesures d'urgence fait autorité comme référence de base et ses chimistes professionnels expérimentés disponibles 24 heures sur 24 sont en mesure d'aider les premiers intervenants en leur fournissant des conseils et de l'information réglementaire en cas d'accident impliquant des matières dangereuses.
Nous le répétons: Il est primordial de maintenir ce service et, à vrai dire, de le renforcer, pour que les premiers intervenants continuent à protéger les Canadiens, l'environnement et à se protéger eux-mêmes.
Il a été suggéré que les compagnies de chemins de fer fournissent des données en temps réel sur les trains devant traverser leurs territoires à chaque municipalité. Nous pensons que ce n'est pas faisable et que ce serait une perte de temps, vu les milliers de déplacements ferroviaires se produisant chaque jour au Canada, à 99,9 % sans incident.
Toutefois, quand il se produit effectivement un déraillement, le service d'incendie doit avoir un accès immédiat aux renseignements figurant dans le manifeste du train, aux fiches signalétiques et aux coordonnées des agents de mesures correctrices, qui ont une connaissance spécialisée des matières dangereuses impliquées. C'est le rôle que CANUTEC peut et doit jouer pour toutes les municipalités. L'ACCP estime que c'est à ce titre que Transports Canada a une responsabilité essentielle d'aide aux premiers intervenants pour atténuer avec sécurité un incident.
En matière de formation, avant la tragédie de Lac-Mégantic et les incidents s'étant déroulés ensuite aux États-Unis et au Canada, les dangers présentés par de gros volumes de pétrole brut n'avaient pas été identifiés comme nécessitant une formation et un équipement spéciaux pour les pompiers municipaux. Mais il est impératif que nous fournissions aux pompiers la formation et l'équipement appropriés pour faire face à ce type d'incident.
L'ACCP a collaboré avec différents acteurs du secteur pour élaborer et promouvoir des programmes de formation destinés aux services d'incendie, aux responsables municipaux et aux responsables de la planification d'urgence. Citons parmi l'information: la formation sur le commandement des interventions sur le lieu d'un déraillement, fournie par le CN aux pompiers; l'Association canadienne de l'industrie de la chimie et son programme d'aide en cas d'urgence des transports; ainsi que le Conseil de la sécurité en fertilisation, qui a élaboré et distribué des programmes de formation sur l'ammoniac anhydre.
La lutte contre des incendies de liquide inflammable requiert une formation et un équipement spéciaux qui, jusqu'à présent, n'étaient pas inclus dans les programmes. Elle doit maintenant être élaborée et assurée effectivement partout au Canada grâce à un programme national standardisé. L'ACCP travaille activement avec les autres intéressés à la promotion de ces ressources auprès de nos membres, ainsi qu'à l'élaboration de nouveaux programmes. Pour assurer une formation de base aux milliers de pompiers, nous pensons que le recours à un programme axé sur le Web sera la façon la plus efficace de transmettre l'information. Il faudra une formation pratique supplémentaire; elle devrait être coordonnée par les compagnies des chemins de fer et les services d'incendie à l'échelle régionale, afin d'optimiser le nombre de pompiers pouvant être inclus en fonction des ressources de formation disponibles.
En matière de ressources et de planification, il ressort de nos discussions avec nos membres et les autres intéressés deux problèmes majeurs: l'accès à des ressources organisées et des normes de coordination et de planification. Il y a un fait qu'il ne faut surtout pas perdre de vue: une partie du processus de planification de l'évaluation des risques en cas d'urgence consiste à déterminer les capacités opérationnelles requises.
Ces capacités opérationnelles reposent sur trois éléments techniques clés: premièrement, la quantité de concentré de mousse de classe B disponible pour rabattre les vapeurs ou éteindre le feu; deuxièmement, l'approvisionnement en eau disponible pour fabriquer le produit fini, vu que la mousse anti-incendie de classe B consiste d'eau à 94 ou 97 %, en combinaison avec le concentré de mousse; troisièmement, les appareils d'injection et d'application pour diriger un jet de mousse sur le danger. Une application de mousse réussie permettant d'éteindre un feu requiert des intervenants formés, compétents, en mesure d'évaluer ces situations et d'effectuer les tâches requises.
En matière de planification, nous pensions qu'il est nécessaire de standardiser un processus de commandement des interventions sur le lieu d'un incident ferroviaire, pour coordonner la planification d'urgence et identifier les rôles et responsabilités des municipalités, des sociétés ferroviaires, des producteurs et du gouvernement fédéral. Il convient d'identifier les problèmes de domaines de compétences et les conflits de priorités à l'étape de la planification pour les urgences et non durant une urgence. Avec un système clairement articulé, reposant sur une organisation modulable et évolutive des interventions et assurant une hiérarchie commune prévisible, nous pourrons compter sur une collaboration et une intervention plus efficaces et effectives en cas d'incidents.
En ce qui concerne les ressources pour les plans d'intervention d'urgence, l'ACCP estime que le moyen le plus rentable et le plus efficient de fournir aux premiers intervenants les ressources dont ils ont besoin, est un système d'entraide mutuelle auquel participeraient tous les transporteurs et expéditeurs. On en a un exemple avec les Western Canadian Spill Services et la Corporation d'intervention d'urgence des gaz de pétrole liquéfiés.
En conclusion, nous estimons que l'approche systématique que nous venons de présenter est requise pour faire face à l'évolution des risques associés au transport de marchandises dangereuses au Canada. En tant que porte-parole des services d'incendie du Canada, l'ACCP recherche de façon proactive les occasions de collaborer à l'établissement de solutions et de pratiques exemplaires.
Nous sommes fiers de participer activement au comité consultatif sur le transport de marchandises dangereuses et de piloter le groupe de travail sur les plans d'intervention d'urgence. Nous avons retenu l'aide de l'Association canadienne des producteurs pétroliers, ainsi que de l'Association des chemins de fer du Canada, pour lancer des projets à plus long terme visant à identifier les lacunes, d'une part, et à aligner ressources et planification afin d'atténuer les risques à venir, d'autre part.
Nous travaillerons diligemment dans le cadre du Groupe de travail sur les plans d'intervention d'urgence récemment établi par Transports Canada et collaborerons avec le gouvernement du Canada, votre comité et tous les parlementaires, afin de renforcer la sécurité ferroviaire au Canada.
Au nom des premiers intervenants du Canada, je vous remercie de m'avoir donné la parole et serai heureux de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
L’Association canadienne de gestion du fret était connue sous le nom d’Association canadienne de transport industriel jusqu’à cette année. Nous représentons les intérêts de l’industrie canadienne du transport des marchandises auprès de divers ordres de gouvernement et d’organismes internationaux depuis 1916.
Les plus de 90 membres de l’ACGF dépensent environ six milliards de dollars annuellement en services de transport tous modes confondus. Nous faisons valoir les intérêts des compagnies membres en matière de transport aérien, routier, maritime et ferroviaire.
Permettez-moi d’abord de souligner que je suis membre du Conseil consultatif sur la sécurité ferroviaire de Transports Canada à titre de représentant de la communauté des expéditeurs. Le rôle du Conseil consultatif vise seulement la Loi sur la sécurité ferroviaire et ses règlements d’application, y compris les SGS; généralement, il ne touche pas directement les questions de transport de marchandises dangereuses. Si le mandat confié au comité par la ministre consiste à étudier le transport des marchandises dangereuses et les systèmes de gestion de la sécurité dans tous les modes, mes remarques porteront surtout sur le transport ferroviaire des marchandises.
Avant de traiter des sujets à l’étude, j’aimerais formuler quelques remarques générales sur la sécurité des transports. Premièrement, on peut affirmer raisonnablement que, dans le monde occidental, le transport moderne dans tous les modes est très sûr. Deuxièmement, dès lors que des déplacements sont commandés par des êtres humains, des accidents se produiront. Troisièmement, la sécurité ne peut jamais être tenue pour acquise et la vigilance ne doit jamais être relâchée. Quatrièmement, il existe toujours une possibilité d’amélioration.
Le régime canadien de sécurité des transports, constitué de politiques, de lois, de règlements, de mesures d’application, d’enquêtes sur les accidents et de pratiques, est axé sur la prévention des accidents, comme il se doit. Le récent déraillement de Lac-Mégantic a été une tragédie et le travail entrepris par l’ensemble des intervenants tant au Canada qu’aux É.-U. afin de prendre des mesures visant à réduire au minimum la possibilité d’un autre accident de cette nature a été intense et méthodique. Le Bureau de la sécurité des transports, qui poursuit son enquête, devrait formuler des recommandations en vue d’améliorations additionnelles. Si nombre des recommandations et des actions subséquentes de la ministre des Transports ont été axées sur la prévention, tant les médias que le gouvernement ont tendance à concentrer leur action sur le prochain « Lac-Mégantic ». Par là, je veux dire qu’une activité considérable s’est concentrée sur les caractéristiques des wagons citernes DOT 111 afin de rendre ces derniers plus robustes en vue du prochain gros accident.
De tels accidents sont extrêmement rares, un point qui doit être pris en considération dans toute action du gouvernement. Le dernier accident qui puisse se comparer à celui de Lac-Mégantic est le déraillement de wagons de propane et d’autres marchandises dangereuses, y compris du chlore, sur les voies du CP à Mississauga le 10 novembre 1979, il y a de cela presque 35 ans. Personne n’avait été tué ni blessé, les dommages matériels directs avaient été limités et environ 250 000 personnes avaient dû être évacuées pendant plusieurs jours. Transports Canada et les compagnies de chemin de fer ont tiré des leçons importantes de l’accident de Mississauga, avec comme résultat qu’il ne s’est pas produit d’accident aussi grave que celui de Mississauga sur les voies du CN ou du CP depuis ce temps. Bien sûr, il y a eu d’autres déraillements, parfois relativement graves, mais rien de vraiment comparable comme magnitude.
Le Bureau de la sécurité des transports « tient le compte » des accidents dans les secteurs du transport aérien, du transport maritime, du transport ferroviaire et du transport par pipeline, et la tendance statistique dans tous les modes va uniformément dans la bonne direction.
Le fait est que la loi et la réglementation sur le transport des marchandises dangereuses, ainsi que l’administration de ces dernières par la Direction du transport des marchandises dangereuses, fonctionnent généralement bien. On continue à observer une tendance à la baisse des accidents liés aux marchandises dangereuses malgré les volumes accrus.
La ministre a invité votre comité à répondre à la question suivante: « Comment le régime du TMD du Canada se compare-t-il à celui des États-Unis? ». Les actions récentes de la ministre annoncées le 23 avril fournissent un aperçu des mécanismes du régime canadien par rapport au régime américain. La capacité de la ministre d’émettre rapidement des ordres en vertu de l’article 32 de la Loi sur le transport des marchandises dangereuses lorsqu’un danger pour la population existe indique indirectement que le régime canadien se compare favorablement au régime américain, dans le cadre duquel une réponse rapide semble plus difficile.
S’il est important d’imposer les spécifications pour les wagons citernes DOT 111 et d’exiger que les anciens modèles soient retirés du service, le suivi le plus important devrait être lié à la prévention. L’accident de Lac-Mégantic a été causé par un train de 72 wagons parti à la dérive qui a déraillé à une vitesse bien supérieure à la vitesse admissible. Si les wagons avaient contenu seulement du grain, des dommages considérables auraient quand même été causés au centre-ville de Lac-Mégantic. Le BST s’est concentré au départ sur les actions visant à prévenir les dérives, ce qui était la bonne chose à faire.
À ce propos, la a annoncé la semaine dernière que les wagons DOT-111 utilisés pour le transport de pétrole brut et d’éthanol qui ne sont pas conformes à la norme CPC-1232 établie par l’Association of American Railroads (AAR) en octobre 2011 doivent être éliminés graduellement ou mis à niveau d’ici trois ans.
À titre indicatif, environ 1,5 million de wagons de tous types sont actuellement en exploitation sur les voies ferrées nord-américaines et virtuellement tous peuvent passer d’un réseau à un autre au Canada et aux É.-U. Selon l’AAR, ce parc de 1,5 million de wagons inclut 228 000 wagons DOT-111. Quelque 92 000 de ces wagons servent au transport des liquides inflammables.
L’automne dernier, 14 000 des wagons transportant des matières inflammables avaient été construits conformément à la norme de 2011 et le Railway Supply Institute (RSI) signalait que 30 000 wagons conformes additionnels devraient être construits d’ici la fin de 2015. Ceci nous laissera avec un manque important de capacité pour le transport des matières inflammables, y compris le pétrole brut et l’éthanol.
On a prévu de rendre les anciens wagons conformes à la norme actuelle. La capacité existante en Amérique du Nord ne permet pas de construire ou de mettre à niveau suffisamment de wagons pour respecter l’échéance de trois ans. Comme les wagons circulent de part et d’autre de la frontière, il est impératif d’harmoniser la réglementation et les échéances entre le Canada et les États-Unis.
La Loi sur la sécurité ferroviaire (LSF) est la loi habilitante qui régit les systèmes de gestion de la sécurité, et il est utile de comprendre la théorie et le contexte qui sous-tendent la LSF. Cette loi fait partie d’une série de lois adoptées au cours du dernier tiers du XX e siècle pour mettre fin à la réglementation oppressive longtemps imposée aux compagnies de chemin de fer.
La LSF attribue la responsabilité de la sécurité à la direction des compagnies de chemin de fer, prévoit un processus d’établissement de règles relativement rapide par l’industrie afin de faciliter l’introduction de nouvelles technologies et méthodes d’exploitation, mais accorde à Transports Canada des pouvoirs très considérables pour protéger l’intérêt public. La LSF attribue en outre aux syndicats un rôle important en matière de participation au processus d’établissement de règles.
La LSF est entrée en vigueur en 1988 et le Règlement d’exploitation ferroviaire du Canada (REF) a été la première « règle » soumise et approuvée en vertu de la LSF, en 1990. Ce règlement était la première mise à jour d’importance des règles d’exploitation depuis 1962. Il s’agit des règles de base que les équipes de train et les autres employés opérationnels doivent suivre pour une exploitation sûre des trains.
J’ai participé directement à l’élaboration de ce règlement ainsi que des règles et normes techniques subséquentes soumises tout au long des années 1990, si bien que c'est un processus qui m'est familier.
L’introduction des SGS en 2001 était un prolongement logique de la culture de sécurité ferroviaire et facilite une supervision améliorée par la Direction de la sécurité ferroviaire de Transports Canada. Les SGS ont été mis en oeuvre avec succès par les grandes compagnies ferroviaires, les principales compagnies de chemin de fer de banlieue et les compagnies de chemin de fer d’intérêt local.
Les transporteurs de classe 1 ont des activités plus étendues et complexes que les compagnies de chemin de fer d’intérêt local, et disposent de plus de ressources en vue de la mise en oeuvre d’un SGS et de la fourniture des données requises à Transports Canada. Le SGS d’un chemin de fer de classe 1 sera évidemment beaucoup plus complexe que celui d’un chemin de fer d’intérêt local pour lequel la vitesse de pointe est de, disons, 30 mi/h.
En 2013, le Bureau du vérificateur général du Canada (BVG) a entrepris une vérification de la façon dont Transports Canada administre les SGS. Dans son rapport, le BVG a validé la philosophie de base tant de la LSF que des SGS, et a déclaré ce qui suit:
Les risques liés à la sécurité sont inhérents à tous les modes de transport, et le transport ferroviaire ne fait pas exception. Les compagnies de chemin de fer de compétence fédérale sont les principaux responsables de la gestion de ces risques et de la sécurité des opérations ferroviaires. Transports Canada, quant à lui, joue un rôle clé pour promouvoir la sécurité du transport ferroviaire au Canada, particulièrement en maintenant un cadre réglementaire et en surveillant les compagnies de chemin de fer de compétence fédérale.
Le rapport du BVG a précisé les points que Transports Canada devait améliorer relativement à la collecte des données, au nombre de vérifications effectuées, à l’élaboration d’outils pour aider les inspecteurs de Transports Canada et au développement des compétences. Transports Canada a répondu positivement aux recommandations du BVG et s’est fixé des échéances en vue de la mise en oeuvre des changements recommandés par le BVG.
En réponse aux trois questions sur les SGS qui vous ont été posées par la ministre, je soumets les commentaires suivants relativement à l’industrie ferroviaire.
Premièrement, la mise en oeuvre des SGS dans l’industrie ferroviaire est bien avancée et Transports Canada met en oeuvre les recommandations du BVG, en particulier en matière d’augmentation du nombre de vérifications.
Deuxièmement, s’il est difficile de déterminer précisément dans quelle mesure les SGS ont amélioré la sécurité des transports, les statistiques du BST indiquent une amélioration continue au cours de la période de mise en oeuvre des SGS.
Troisièmement, sur la question des méthodes additionnelles en vue de l’amélioration des SGS, une éducation et une formation continues tant au sein des compagnies de chemin de fer que de Transports Canada seront nécessaires à mesure de l’évolution des SGS. La supervision assurée par Transports Canada doit être robuste, tant du point de vue des vérifications que des inspections continues, et le ministère doit prendre des mesures énergiques, y compris l’imposition de pénalités administratives pécuniaires, relativement aux aspects des opérations des transporteurs qui présentent des lacunes.
La sécurité des transports est essentielle pour l’économie canadienne, et les membres de l’ACGF sont prêts à travailler de façon constructive avec le gouvernement et les transporteurs à améliorer la sécurité des chaînes d’approvisionnement canadiennes pour le bénéfice de toutes les parties intéressées.
C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Phil Benson et je suis lobbyiste pour Teamsters Canada. Je suis accompagné de M. Rex Beatty, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, mécaniciens de locomotives.
M. Bill Brehl, président de la Conférence ferroviaire de Teamsters Canada, Entretien de la voie ferrée, ne peut pas être des nôtres aujourd'hui, et mes prières l'accompagnent.
Les chemins de fer s'autogouvernent et s'autoréglementent sans surveillance ou inspection adéquate et mènent leurs activités sous le sceau du secret. Les systèmes de gestion de la sécurité sont si secrets que les membres de la députation fédérale, le public et même nous n'avons pas le droit de les consulter.
Êtes-vous surpris de l'absence d'une culture de la sécurité dans l'industrie ferroviaire? Vous le savez, et les parlementaires ont agi en adoptant à l'unanimité par vote oral les modifications de la Loi sur la sécurité ferroviaire. Les inspecteurs et les vérificateurs sont prêts. Les travailleurs auront accès à une ligne directe de Transports Canada qu'ils pourront composer pour rapporter des infractions aux règles de sécurité. Les syndicats participeront à l'élaboration de tous les composants des systèmes de gestion de la sécurité et devront autoriser ces composants. Les travailleurs ne sont pas inattentifs. Ils sont fatigués et réclament des mesures de gestion de la fatigue fondées sur des données scientifiques probantes.
Nous recommandons de changer l'actuel processus de fixation des règles. Le secteur ferroviaire doit utiliser le même processus de fixation des règles que l'ensemble des autres secteurs. Les règles doivent être passées au crible et recommandées par le Conseil consultatif sur la sécurité ferroviaire qui relève de la ministre. Des exemptions devraient être accordées rarement, voire jamais.
Nous recommandons de rendre publics les systèmes de gestion de la sécurité, les conclusions d'audits, les infractions aux règles de sécurité et les correctifs apportés, car le public a le droit de savoir.
Après les événements tragiques survenus à Lac-Mégantic le processus repoussé de règlement en vertu de la Loi sur la sécurité ferroviaire va de l'avant. Le processus d'approbation pourrait être approuvé l'an prochain, mais des années pourraient passer avant de mettre en place des systèmes de gestion de la sécurité et des mesures de gestion de la fatigue. C'est inacceptable et nous recommandons fortement que le processus soit accéléré et qu'à la fois les entreprises et les syndicats entament immédiatement des pourparlers sur ces deux points. Quant à la ligne directe pour communiquer avec Transports Canada en matière de sécurité ferroviaire, il y a longtemps qu'elle aurait dû être mise en place.
Après Mississauga, le transport de marchandises dangereuses est une activité que tous les secteurs mènent bien. La question des PIU et de la divulgation des matières dangereuses qui transitent par les collectivités demeure entière. Sans connaître les matières dangereuses en transit, les premiers répondants ne peuvent être préparés aux éventualités. Même en toute connaissance de cause, de longs délais de réponse demeurent possibles. Un problème flagrant est celui de nos Premières Nations. Elles ont besoin de savoir et de participer à toutes les discussions. Nombre de plus petites municipalités vivent le même problème, notamment sur le plan des ressources.
Nous recommandons un élargissement de la portée des discussions sur les PIU. De plus, les villes, les municipalités et le public doivent avoir accès à l'information sur les matières dangereuses qui transitent par les collectivités, les réserves et le pays tout entier.
Le pétrole brut a une dénomination de l'ONU, mais le bitume dilué et le pétrole de Bakken ne sont pas du pétrole brut. Le bitume dilué peut soulever des problèmes environnementaux, mais il reste à voir si l'explosion du produit est un risque fondé. Le pétrole de Bakken peut contenir plus de 30 psi de gaz et son transport par oléoduc ne serait pas possible. Si le pétrole de Bakken est comme un gaz, il doit être considéré comme un gaz et transporté comme un gaz.
Les nouveaux wagons-citernes DOT-111 ne sont peut-être pas adéquats selon le BST et l'acquisition de wagons-citernes DOT-111 inadéquats est rejetée du revers de la main en raison d'arguments de coût. L'industrie refuse de régler ces questions.
Les Teamsters, moi y compris, avons mis de nombreuses années à surmonter la crise qui a suivi le 11 septembre. Le gouvernement, l'industrie et les syndicats ont travaillé ensemble. Nous savions que nous devions rétablir la confiance du public. Ce n'était pas pratique, c'était coûteux et on a dû sortir des sentiers battus. Lac-Mégantic est le 11 septembre du rail. Je ne constate aucune volonté au sein de l'industrie ferroviaire de travailler concrètement à rétablir la confiance du public. Pas question d'engager des coûts supplémentaires, c'est le maintien du statu quo.
Teamsters Canada est le syndicat canadien des transports. Le transport du pétrole par rails ou par oléoduc est dans notre intérêt pourvu que la sécurité du public, de l'environnement et de nos membres ne soit pas compromise. Nos recommandations visent à faire en sorte que le pétrole soit transporté conformément à la politique gouvernementale.
Nous avons confiance en la . Elle connaît ses dossiers et fonce. Nous vous demandons de l'aider à bouger plus rapidement afin que nous puissions travailler avec elle et vous pour rendre le transport ferroviaire le plus sécuritaire possible.
Ce que je vais vous lire maintenant, ce sont des observations de M. Bill Brehl, président de la Conférence ferroviaire Teamsters Canada, Entretien de la voie. C'est son groupe qui s'occupe des voies ferrées, de l'infrastructure au CP, et de la plupart des chemins de fer d'intérêt local.
Il dit qu'ils manquent de personnel, qu'ils travaillent trop et son fatigués, puisque bon nombre d'entre eux travaillent 10 à 12 heures par jour cinq jours par semaine et doivent ensuite voyager des centaines de kilomètres, en dehors des heures de travail, pour rentrer chez eux. À la maison, ils ont quelques heures à passer avec leur famille avant de devoir conduire des centaines de kilomètres pour retourner au travail. Leur quart de travail change régulièrement du matin, à l'après-midi et au soir, parfois à l'intérieur d'un même cycle de cinq jours.
Personnellement, je considère que c'est totalement contraire à la science sur la gestion de la fatigue.
Cela dure depuis des mois. Cette année, on nous a dit que cela allait durer pour le reste de la saison. Il y a d'autres cycles, des cycles plus humains, que nous pourrions travailler. Cependant, la direction a décidé de faire l'expérience de ce nouveau cycle, qui élimine pratiquement tout repos véritable.
Nos surveillants immédiats, qui semblent ne se soucier aucunement de notre fatigue, de notre capacité de nous concentrer, ni de la sécurité, nous répètent constamment que la seule chose qui compte c'est la production. Les humains ne sont pas faits pour cela. Nous ne pouvons pas tenir le coup. Nous devenons fatigués. Parce que rien n'est fait pour gérer notre fatigue, nous pouvons perdre notre concentration. Nous pouvons perdre des vies.
Puisque la vaste majorité des déraillements sur les lignes principales sont causés par des défaillances de l'infrastructure de l'équipement, ne pensez-vous pas que les hommes et les femmes qui entretiennent ces voies devraient être bien reposés?
Les compagnies de chemin de fer ne nous informent pas de leurs systèmes de gestion de la sécurité. Nous n'avons aucune formation sur ce que sont ces systèmes, encore moins sur la manière dont ils gèrent la sécurité. Il faut que les comités de santé et de sécurité au travail aient cette information. Demandez-vous, qui est mieux placé pour veiller à la sécurité des voies que les gens qui y travaillent?
Le moyen de rehausser la sécurité des chemins de fer passe par la réglementation, l'éducation et la communication et par la pleine participation de tous les intervenants. Nous sommes de fiers Canadiens. Nous sommes des employés loyaux qui travaillons fort, bon nombre d'entre nous appartenons à la deuxième, la troisième et même parfois la quatrième génération dans le métier. Nous voulons et le Canada doit avoir un réseau ferroviaire sûr, productif et durable.
Monsieur Beatty.
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Merci, monsieur le président, madame et messieurs.
Je n'ai pas de notes à distribuer. Je vais improviser. Je voudrais juste vous dire un peu ce que c'est de travailler pour un chemin de fer au Canada ces jours-ci.
Tout d'abord, permettez-moi de vous dire que je représente 99 % des équipes opérationnelles au Canada: mécaniciens de locomotives, chefs de train, agents de triage, etc. Nous représentons les principaux transporteurs: Canadien National, CP, VIA Rail, Bombardier, les trains GO de Toronto, etc. La sécurité et le transport des marchandises nous intéressent directement.
Bien des gens ne comprennent pas ce qu'est un chemin de fer. Je vais vous raconter un voyage afin que vous ayez une idée de ce que nous faisons.
Tout d'abord, nous quittons ce que nous appelons notre gare de résidence, près d'où nous habitons, et la plupart du temps ces trains sont prévus. En d'autres mots, nous avons une fenêtre de huit heures pour nous reposer lorsque nous savons que nous allons travailler. Ensuite, nous sommes dans la cabine du train qui mesure 12 pieds sur 6 pour un minimum de 10 heures et, dans la plupart des cas, pour 12 heures d'affilée sans pause. Nous n'avons pas le droit d'arrêter pour manger; le train doit rouler.
Lorsqu'on arrive à l'autre bout de la ligne, à la gare, qui dans certains cas peut être à 300 milles de distance, nous sommes en service, mais sans affectation. Nous ne savons pas à quel moment nous allons faire le voyage de retour. Par exemple, si on finit à 8 heures du matin après avoir travaillé toute la nuit, on n'est pas rappelé tout de suite.
On n'est pas rappelé tout de suite car c'est ainsi que fonctionnent les trains. Nous n'avons pas le droit de demander du temps de repos, sauf au début, et même lorsqu'on en a demandé, on a droit à un maximum de huit heures et après cela on peut être rappelé. Alors il se peut qu'on ne soit pas appelé pendant huit heures. En d'autres mots, juste au moment où on est prêt à reprendre le travail, s'il n'y a pas de trains, on reste là à attendre encore huit heures. Puis on nous rappelle. On ne peut pas refuser. Il faut y aller. La fatigue s'installe. Les équipes qui font le trajet de retour doivent alors travailler 10, 11 ou 12 heures, sans pauses, parce que le train doit avancer.
Lorsque j'ai été embauché en 1973, ces trains pouvaient atteindre environ un mille de longueur. Il y en avait même de deux et de trois milles de long. Il y avait quatre membres dans l'équipe. Maintenant nous ne sommes plus que deux. Le style de gestion des principales compagnies de transport ferroviaire à l'heure actuelle est tout à fait machiavélien. Elles appliquent le système disciplinaire de Brown. Lorsqu'on a accumulé 60 points de démérite, on est congédié. C'est ainsi que cela se passe.
Si vous jetez un coup d'oeil dans les règles de fonctionnement des chemins de fer canadiens, vous verrez qu'il y a très peu de choses qui peuvent se produire pour lesquelles on ne peut pas blâmer un employé. C'est ainsi que cela fonctionne. Le problème est que les compagnies... Ils ne veulent pas que les employés accumulent assez de points de démérite pour être congédiés. Ils préfèrent nous garder vers 50 à 55 points. Pourquoi? Il y a plus de chance qu'on fasse ce qu'on nous dit de faire si on risque 5 ou 10 autres points de démérite ce qui nous ferait dépasser le cap des 60 et entraînerait notre renvoi. Les compagnies sont très machiavéliques.
Puis, voyez le stress des équipes. Je ne sais pas si vous savez qu'en droit du travail il y a une règle qui dit « travailler d'abord, se plaindre ensuite ». On ne peut pas refuser. Sauf pour des raisons de sécurité, on ne peut pas refuser. Il faut travailler.
À l'heure actuelle, il y a des milliers et des milliers de griefs contre la compagnie qui font leur chemin dans le processus d'arbitrage. Pour que vous sachiez, il y a deux arbitres qui siègent trois jours par mois, 11 mois par année. Trois jours par mois, c'est tout, et ils entendent pratiquement tous les cas de tous les syndicats et de toutes les compagnies de chemin de fer au pays. Si vous faites un grief et que vous pensez qu'il se rendra à l'arbitrage et sera réglé de votre vivant, détrompez-vous. Ce n'est pas possible. Cela ne fait qu'ajouter au stress.
Les compagnies de chemin de fer ont fait une étude sur le moyen de garder leurs employés. Si elles peuvent retenir un employé pendant cinq ans, elles savent qu'il va rester, car il aura des droits acquis. Il a une hypothèque, une famille, etc., et il n'est pas en mesure de quitter son emploi. Mais à l'heure actuelle, avec ce système, il est très difficile de garder les employés. Prenez, par exemple, le problème du transport des céréales. L'un des problèmes c'est qu'il n'y a pas assez d'employés pour faire le travail.
C'est le milieu dans lequel nous vivons. Lorsque je vois ce genre de comité où nous pouvons venir nous faire entendre, j'en profite pour dire que les premiers répondants ce sont les équipes. Ils sont les premiers répondants car lorsqu'un train déraille — et j'en ai fait l'expérience — c'est eux qui doivent aller évaluer les dommages.
Je ne connais rien du SGS, et je n'ai pas mon mot à dire. Lorsque je retourne à pied à l'endroit où le déraillement s'est produit le long de ce train de deux milles, je ne sais pas ce que je vais trouver. Je ne sais pas si le vent va transporter des gaz dans ma direction. Je n'ai aucune idée de ce que le train transporte. La formation que nous recevons en matière de produits dangereux est superficielle. On nous dit où placer ces wagons dans un train.
Tout le système est fatigué, pas juste les wagons. J'aimerais bien qu'on l'examine très attentivement.
Merci beaucoup.
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Nous représentons 65 % des employés des chemins de fer. Vous avez entendu tous les autres syndicats. Nous avons dit très clairement aujourd'hui que le système de gestion de la sécurité n'existe pas. Il n'y a aucune culture de sécurité. Les chemins de fer ne sont pas sûrs.
Cependant, en toute justice, vous le savez déjà. Le Parlement a agi. Il a adopté des modifications à la Loi sur la sécurité ferroviaire. Il a modifié la loi pour que nous donnions notre approbation à toutes les composantes. J'espère que toutes ces modifications seront mises en vigueur.
Encore une fois, comme après le 11 septembre, ça dépendra en grande partie de la volonté des compagnies d'aller de l'avant. Nous sommes certainement disposés à aller de l'avant avec elles, mais pour plus de sûreté, le ministre inspectera... Soyons francs, c'est pourquoi la ligne directe à Transports Canada a été créée. Si l'un d'entre nous s'adresse à la compagnie, il y a fort à parier qu'il sera discipliné, comme frère Beatty le disait, et ça ne fera pas avancer sa carrière.
À l'heure actuelle, ça n'existe pas. Cela existera. Nous vous demandons d'accélérer le processus. Nous avons essayé d'aller de l'avant mais les compagnies ont fait traîner les choses.
C'est pourquoi nous demandons que le processus commence maintenant. Nous ne voulons pas attendre jusqu'en septembre ou octobre de l'an prochain. Il a fallu sept ans pour obtenir la gestion de la fatigue, ou huit ans, je me suis occupé de ce dossier. Il a fallu 18 mois juste pour les projets pilotes, auxquels j'ai travaillé aussi. Ils sont entre les mains de la ministre. J'espère qu'elle les signera bientôt.
Il faudra beaucoup de temps pour refaire leur système de gestion de la sécurité avec la participation de tous. C'est pourquoi nous vous demandons de recommander que le processus débute maintenant ou en septembre, pas en avril, mai ou juin prochain lorsque le règlement entrera en vigueur.
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Merci pour cette question.
D'abord, les règles actuelles relatives au temps de travail et de repos découlent de l'incident Hinton. Dans le secteur ferroviaire, les changements se font toujours à l'issue d'une catastrophe. Les règles étaient, comment dire, inadéquates. Les autres changements ont été apportés aux termes de conventions collectives permettant aux compagnies d'avoir certaines différences. Bien sûr, comme vous le savez, la façon dont la compagnie négocie les conventions collectives, c'est d'avoir recours aux lois de retour au travail — et peu importe s'il s'agit d'un gouvernement conservateur ou libéral — c'est ce qui se produit. C'est un problème qui survient pendant toutes les négociations collectives et on n'y fait jamais face.
Mais le Parlement s'y est penché. Dans les amendements à la Loi sur la sécurité ferroviaire, les compagnies ferroviaires doivent mettre en place un régime de gestion de la fatigue fondé sur la science. Je félicite le gouvernement d'avoir appuyé et adopté ces modifications qui constituent l'une des meilleures déclarations que j'ai vues au Canada sur la gestion de la fatigue. C'est pour cette raison que nous insistons pour que les amendements soient adoptés plus rapidement.
En deuxième lieu, nous travaillons maintenant avec le ministère. Une équipe a été mise sur pied à la demande de la ministre pour essayer d'éliminer les pires composantes des règles actuelles sur les périodes de travail et de repos. J'ose espérer qu'ils n'élimineront pas ces journées de 18 à 20 heures pour adopter quelque chose de tout à fait déraisonnable comme des journées de 16 heures, qui vont à l'encontre des données scientifiques sur la fatigue, mais la ministre cherche à faire avancer ce dossier et nous espérons qu'il pourra être mis en oeuvre.
Bizarrement, le Parlement a agi. Vous avez compris. Vous avez fait votre travail et nous vous en remercions. Les retards sont inacceptables. Le comité devrait donc tout d'abord recommander l'adoption des changements. Ensuite, j'ai moi-même présenté un amendement qui a été appuyé par tous les partis et visait à permettre au comité d'examiner, de son propre chef, toute la réglementation entourant la sécurité et que cela fasse aussi partie de son examen de la sécurité des transports.
Je propose aussi que d'ici un ou deux ans ou 18 mois vous nous réinvitiez pour nous demander comment vont les choses. En fait, vous avez ce pouvoir de vous tenir au courant de ce qui se passe.
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Merci, monsieur le président
J'aimerais éclaircir un point au sujet de l'injonction ministérielle émise en vertu de l'article 33 de la Loi sur la sécurité ferroviaire. M. Sullivan y a fait allusion plus tôt, en laissant entendre en quelque sorte que le BST avait formulé une recommandation selon laquelle les trains devraient éviter de traverser les municipalités. En fait, ce n'est pas le cas. On n'a qu'à consulter le site Web pour constater en quoi consiste effectivement la recommandation. Pour mémoire, je tiens à la citer:
Le ministère des Transports établit des critères rigoureux pour l'exploitation des trains qui transportent des marchandises dangereuses et exige que les compagnies ferroviaires procèdent à la planification ainsi qu'à l'analyse des itinéraires et effectue des évaluations périodiques des risques pour veiller à ce que les mesures de contrôle des risques soient efficaces.
Par conséquent, la recommandation du BST visait à ce que les sociétés ferroviaires soient forcées d'effectuer des analyses des itinéraires et des évaluations du risque. De plus, on recommandait que des restrictions opérationnelles similaires à celles employées aux États-Unis, et énoncées dans la circulaire OT-55, soient considérées comme nécessaires pour atténuer bon nombre de lacunes. J'invite tout le monde à consulter cette injonction ministérielle émise en vertu de l'article 33 qui va dans le sens de la circulaire OT-55, car le gouvernement a atteint ses objectifs à cet égard.
De plus, je tiens à déclarer officiellement que je ne suis pas certain du point soulevé par le NPD selon lequel le public a le droit de savoir, et que les localités devraient avoir un droit de veto sur le type de marchandises transportées par les trains qui les traversent. Je crois que c'est là l'objectif réel, et si c'était le cas, rien ne serait transporté dans ce pays.
J'aimerais poser une question à M. Ballantyne. Certains témoins ont abordé la question de la responsabilité. Par responsabilité, on entend la nécessité d'effectuer un nettoyage, par exemple. Je ne crois pas vous avoir entendu en parler, mais j'aimerais savoir ce que vous en pensez. Des expéditeurs sont venus se faire entendre devant notre comité, je pense particulièrement à l'Association canadienne des producteurs pétroliers, et ils ont laissé entendre que les sociétés ferroviaires devraient assumer l'entière responsabilité. Votre groupe partage-t-il cette opinion? Ou croyez-vous que les expéditeurs devraient également assumer une part de la responsabilité pour que ce ne soit pas les contribuables qui finissent par payer la note?