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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour. Je vous remercie de m'avoir invité à vous adresser la parole aujourd'hui.
Je m'appelle Michael Bourque, et je suis président de l'Association des chemins de fer du Canada. Je suis heureux de me retrouver parmi vous en compagnie de mes confrères du CN et du CP.
Notre association représente la plupart des chemins de fer du Canada, soit les grandes lignes ferroviaires comme CN et CP, une quarantaine de chemins de fer d'intérêt local, VIA Rail, les chemins de fer de banlieue tels que GO et AMT ainsi que les chemins de fer touristiques dont le célèbre Montagnard des Rocheuses. Nous représentons aussi quelque 65 fournisseurs des chemins de fer, qui sont des partenaires importants du grand secteur ferroviaire canadien.
Les chemins de fer canadiens comprennent bien que le débat sur la sécurité ferroviaire a pris de l'ampleur et revêt une nouvelle urgence depuis la tragédie de Lac-Mégantic, qui a profondément secoué chaque entreprise et chaque travailleur du réseau ferroviaire canadien. Nous savons que nous vivons maintenant dans un univers différent, et c'est avec humilité que nous acceptons notre position et notre responsabilité.
[Français]
Permettez-moi de vous parler brièvement des mesures concrètes que nous avons prises depuis les événements de Lac-Mégantic, c'est-à-dire ce que nous avons fait jusqu'ici, ce que nous faisons à l'heure actuelle et ce que nous sommes résolus à faire.
[Traduction]
Avant la tragédie de Lac-Mégantic, le secteur ferroviaire canadien travaillait en collaboration avec les organes de réglementation, les syndicats et d'autres parties prenantes pour mener à bien les recommandations formulées par le Bureau de la sécurité des transports, le BST, et les éléments de la liste de surveillance auxquels on n'avait pas encore donné suite. Nous réussissons à mettre en oeuvre 90 % des recommandations du BST, ce qui est bon, mais nous avons toujours une certaine possibilité d'amélioration. Je tiens à signaler que, grâce aux efforts de notre secteur, le BST a pu rayer deux éléments relatifs à la sécurité ferroviaire de sa liste de surveillance de 2012: la mise en oeuvre des systèmes de gestion de la sécurité ferroviaire et l'exploitation des trains longs et lourds.
Ces efforts se sont ajoutés aux investissements considérables des chemins de fer dans les installations, le matériel, la technologie de la sécurité, la formation et l'amélioration des processus. Pourtant, la tragédie de Lac-Mégantic s'est malheureusement produite.
Comme vous le savez, dans les quelques jours qui ont suivi l'accident, le BST a émis deux avis de sécurité traitant de l'immobilisation de l'équipement et des trains laissés sans surveillance. Transports Canada a immédiatement annoncé une injonction ministérielle touchant ces questions ainsi que celles de l'exploitation des trains avec des équipes de moins de deux personnes. Les chemins de fer canadiens ont pleinement collaboré avec Transports Canada afin d'apporter immédiatement ces améliorations pour la sécurité.
De même, lorsque le BST a émis des avis de sécurité sur l'étiquetage convenable du pétrole brut, Transports Canada a tout de suite pris le relais en annonçant un ordre préventif. Encore une fois, le secteur ferroviaire a pris des mesures immédiates pour mettre en oeuvre ces nouvelles procédures.
Bref, l'industrie affichait un bilan solide en matière de sécurité collaborative avant l'accident et elle a travaillé rapidement avec le gouvernement pour mettre en oeuvre les nouvelles exigences reconnues depuis la tragédie.
En plus des investissements continuels, de la formation et des améliorations opérationnelles que je viens de mentionner, l'industrie est en train de mettre en oeuvre un certain nombre de mesures, notamment la collaboration avec la Fédération des municipalités canadiennes, pour fournir plus d'information aux services d'urgence locaux quant au mouvement des marchandises dangereuses; des efforts redoublés pour développer une culture de la sécurité, notamment en élaborant des outils pour l'évaluer et en faisant de l'engagement envers la culture de la sécurité une exigence pour devenir membre de notre association.
Nous développons des principes pour l'utilisation des systèmes d'enregistrement audio et vidéo installés à bord, en vertu de nos systèmes de gestion de la sécurité, l'une des recommandations formulées par le BST.
En collaboration avec Transports Canada et les municipalités, nous redoublons nos efforts pour améliorer la sécurité des passages à niveau, y compris la fermeture de certains passages superflus, des améliorations aux passages existants et la sensibilisation des conducteurs et des piétons à travers le programme Opération Gareautrain. Nous faisons environ 2 000 exposés par année dans le cadre de cette opération, en collaboration avec le gouvernement, la police, les syndicats, les médias, les organismes publics et le grand public lui-même afin de répandre le message.
Nous exigeons une conception améliorée pour tous les wagons-citernes non pressurisés commandés après octobre 2011 pour le transport de marchandises dangereuses.
Nous redoublons aussi d'efforts pour la préparation aux interventions d'urgence à travers la formation du personnel de première intervention, la formation et la sensibilisation aux marchandises dangereuses par le biais du programme TransCAER et nos propres programmes de sécurité. Cette année, nous prévoyons former plus de 2 500 pompiers, environ 600 employés d'installations industrielles et plus de 200 employés ferroviaires. Au cours des cinq dernières années, nous avons formé quelque 17 000 intervenants partout au Canada.
Nous collaborons avec un certain nombre d'associations, parmi lesquelles l'Association canadienne des producteurs pétroliers et l'Association canadienne des chefs de pompiers, à la planification d'urgence, à la formation aux interventions et à l'entraide.
Nous nous attendons à ce que le gouvernement agisse dans d'autres domaines et nous sommes résolus à travailler en collaboration avec les organes de réglementation et les autres parties prenantes pour les mettre en oeuvre. Cela pourrait notamment comprendre le retrait accéléré du parc de wagons-citernes DOT-111 d'ancien modèle du service de transport des marchandises dangereuses, la bonification des régimes d'assurance et de responsabilité civile et l'amendement des règlements et des mesures découlant de la Loi de la sécurité ferroviaire.
Permettez un bref commentaire sur la prétendue déréglementation ou autoréglementation de la sécurité ferroviaire au Canada. Rien n'est plus faux.
La Loi sur la sécurité ferroviaire est une loi moderne, qui a été longuement examinée et considérablement mise à jour depuis son adoption en 1989. Elle impose un régime rigoureux d'inspections réglementaires, de surveillance et de mesures pour assurer la conformité et la mise en application, y compris des sanctions administratives judiciaires plus sévères contre les entreprises et les individus. Parallèlement à ce régime réglementaire, la loi exige que chaque société ait en place son propre système de gestion de la sécurité, axé sur l'évaluation et la gestion proactives du risque, la participation des employés, la vérification et le développement d'une culture de la sécurité.
Là-dessus, monsieur le président, je termine en vous disant que je répondrai avec plaisir aux questions du comité.
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Bonjour, monsieur le président.
Je vous remercie de l'occasion que vous nous offrez de discuter de la sécurité et des systèmes de gestion de la sécurité dans le transport ferroviaire d'aujourd'hui. Faute de temps, je ne peux pas aborder tous les éléments de la sécurité ferroviaire, particulièrement le régime réglementaire. Cependant, à ce que je sache, vous entendrez des témoins supplémentaires, particulièrement sur le régime réglementaire robuste mis en place au Canada, y compris la Loi sur la sécurité ferroviaire et les systèmes de gestion de la sécurité.
Le CP exploite un réseau de 22 000 kilomètres de longueur au Canada et aux États-Unis. En 2013, nous avons déplacé 2,6 millions de wagons complets, sur une distance moyenne de 1 400 kilomètres par wagon. Les deux tiers, environ, de ce trafic proviennent d'un port ou sont destinés à un port. Le point d'accès frontalier fait partie du commerce mondial canadien.
Le secteur ferroviaire canadien est l'un des plus sûrs du monde. Le CP reconnaît que la meilleure façon de fournir un service efficace à notre clientèle et d'accomplir les fonctions qui nous sont dévolues dans la chaîne logistique consiste à fonctionner le plus possible à l'abri des risques.
Je suis fier de dire que le CP est la société de chemin de fer nord-américaine la plus sûre. Depuis huit ans, nous avons la plus basse fréquence d'accidents dans le secteur ferroviaire. En 2013, elle était de 1,8 accident à déclarer à la Federal Railroad Administration pour chaque million de milles parcourus.
Un tel accident était à déclarer, en 2013, d'après les normes de la FRA, quand il avait causé des dommages de plus de 10 000 $ américains. Compte tenu du coût d'une locomotive, environ 2,5 millions de dollars, et de la quantité d'acier lourd déplacé par notre activité, on peut s'imaginer qu'il n'est pas très difficile de causer des dommages qui excèdent cette valeur. Nous ne l'avons fait que 1,8 fois en 2013 pour chaque million de milles parcourus par les trains.
Nous avons respecté ces normes rigoureuses de sécurité grâce à nos gens, à nos procédés, à la technologie et aux investissements. Aujourd'hui, je vais me concentrer sur les gens et la technologie.
Notre quête n'est pas encore terminée, mais l'amélioration continue de la sécurité est évidente, maintenant que nous comprenons toujours mieux comment surveiller, prévoir et prévenir les accidents alors que, avant, on ne pouvait que faire de la recherche et réagir.
Les statistiques, que les sociétés ferroviaires consultent beaucoup, disent que le nombre d'accidents causés par la défaillance du matériel et de la voie ferrée tend à diminuer. En fait, 2012 a été une année faste pour la sécurité ferroviaire. L'explication d'une grande partie de la baisse du nombre d'accidents causés par la défaillance du matériel réside dans l'amélioration continue de nos actifs. Cette année, nous consacrerons entre 1,2 et 1,4 milliard de dollars à l'amélioration de nos voies ferrées, particulièrement celles sur lesquelles nous circulons. Notre décision d'investir se fonde sur l'examen des secteurs les plus critiques.
Une autre explication est la technologie ferroviaire. Des centaines de systèmes de détection en voie examinent automatiquement l'état de l'équipement comme les paliers, les roues et le rail. Certaines de ces technologies sont éprouvées et appliquées, les autres sont encore au stade du développement.
Ces technologies changent radicalement les méthodes d'inspection des infrastructures et de l'équipement en permettant la reconnaissance, en amont, des problèmes naissants. L'effort de réparation peut se concentrer dans les secteurs à problème avant l'apparition de risques pour l'exploitation. Nous continuerons d'investir dans les technologies qui permettent d'améliorer la sécurité.
Nous prenons très au sérieux chaque incident survenant chez nous. Tous les jours, j'étudie personnellement en détail tous les rapports d'incident. Nous insistons énormément sur le respect des règles. Nous nous attendons à ce que les objectifs fixés pour le personnel de terrain qui fait preuve d'initiative soient atteints.
La formation est aussi très importante, non seulement pour les cheminots d'aujourd'hui, mais aussi ceux de demain. Nous investissons beaucoup dans la formation, le mentorat, la reconnaissance des employés et leur mobilisation pour renforcer notre culture de la sécurité. Notre entreprise est engagée, mais nous insistons particulièrement sur la responsabilisation des gestionnaires et des employés.
Mon travail est de fixer les attentes concernant les outils disponibles, y compris la formation, qui font que les employés savent ce qu'on attend d'eux. Je dis souvent qu'aucune tâche, chez nous, ne sera jamais assez importante pour qu'on ne prenne pas le temps de se soucier de la sécurité. La sécurité est la mère du rendement.
Je tiens à ce que chacun de nos employés qui se présente quotidiennement au travail accorde la priorité à la sécurité. Des vies sont en jeu. Elles doivent être la priorité constante de tous les employés, quand ils sont au travail.
Dans les graphiques statistiques, il subsiste, malgré tous les efforts, une droite horizontale, le facteur humain. Des accidents sont essentiellement causés par l'erreur humaine. Nous devons désormais y concentrer nos efforts. C'est la raison pour laquelle nous voulons installer des caméras et des enregistreurs dans les locomotives.
Aujourd'hui, la convergence des technologies de l'information à bord des locomotives permet d'en coupler un certain nombre, notamment les caméras tournées vers l'extérieur, l'enregistrement numérique en cabine de commande et divers systèmes de détection. Il est indispensable de cerner les facteurs humains pour comprendre les causes des accidents avant qu'ils ne surviennent.
Faute de pouvoir utiliser, en amont, les enregistrements vocaux et vidéo, les sociétés ferroviaires sont préalablement empêchées de réduire le risque et d'améliorer la sécurité. Je vous incite vivement à envisager de recommander des modifications aux lois pour permettre le plein déploiement de ces technologies. D'après moi, c'est la mesure la plus importante à prendre dans l'immédiat pour améliorer encore plus la sécurité.
En ce qui concerne le transport des marchandises dangereuses, les chemins de fer du Canada, d'Amérique du Nord d'ailleurs, ont ce qu'on appelle une obligation de transporteur public, c'est-à-dire de transporter ce qui leur est donné à transporter. C'est la loi. Le client peut aussi leur donner des instructions sur ses préférences en matière de transport.
En réalité, nous ne voulons probablement pas transporter certains de ces produits, mais le transport ferroviaire est le seul possible pour eux. Le problème est que, chaque fois que nous les transportons, nous prenons un risque énorme, aux conséquences peut-être tragiques non seulement pour le public, mais aussi, pour nous.
Certains producteurs prétendent que leurs produits sont indispensables. Que ce sont des moteurs de l'économie, qu'ils désinfectent l'eau, qu'on peut difficilement les remplacer. Je suis d'accord, mais jusqu'à un certain point. C'est la raison pour laquelle nous envisageons des modifications à la politique de l'État, pour une prise en considération des risques et des responsabilités conforme à l'intérêt public général.
Pour transporter ces marchandises dangereuses, il y a aussi un besoin urgent de wagons sûrs, que nous, au CP, nous réclamons avec force depuis quelque temps.
L'immense majorité des wagons de transport du brut et d'autres marchandises dangereuses sont à paroi simple, dits DOT 111. Il me déplaît souverainement qu'ils servent au transport de marchandises dangereuses.
Aux États-Unis, au Canada aussi, on a commencé à examiner les normes s'appliquant aux nouveaux wagons-citernes et à la possibilité de retirer du service les vieux wagons. J'ai hâte que cela aboutisse, par la mise en service anticipée d'un plus grand nombre de wagons neufs.
La collaboration de tous, le relèvement de la sécurité et de la responsabilisation nous permettront de rassurer nos voisins et les communautés où nous sommes implantés ou que nous traversons, pour que, la nuit, ils puissent dormir sur leurs deux oreilles.
Les trains qui traversent nos villes en inquiètent beaucoup parmi vous. Je comprends. Les images obsédantes de la tragédie de Lac-Mégantic nous ont tous fait passer des nuits blanches.
Je tiens à vous réaffirmer que nous utilisons des méthodes d'exploitation sûres. Nous continuons d'améliorer nos performances en matière de sécurité. Le CP est le chef de file nord-américain de la sécurité ferroviaire. J'en suis non seulement fier, mais je continue, quotidiennement, à y penser.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, bonjour.
Je vous remercie de nous accorder l'occasion de faire un exposé devant vous. Je m'appelle Jim Vena, en fait, Vincenzo Vena, de Jasper, en Alberta. Je suis le vice-président exécutif et chef de l'exploitation de la Compagnie des chemins de fer nationaux du Canada. Je suis accompagné de Michael Farkouh, notre vice-président à la sécurité et au développement durable.
Nous comprenons qu'il soit demandé au comité d'examiner le transport sûr des marchandises dangereuses et le rôle des systèmes de gestion de la sécurité. Je me propose justement de parler de ces sujets et d'expliquer les règlements qui régissent le transport ferroviaire dans notre secteur et les mesures supplémentaires que notre compagnie a mises en place et à l'application desquelles elle continue de travailler.
Fermement engagé à l'égard de la sécurité ferroviaire, le CN elle érige sans cesse des lignes multiples de défense entre les gens, dans les processus, les technologies et l'investissement. Son bilan de sécurité continue de s'améliorer. De 2003 à 2013, le nombre d'accidents sur les voies principales a diminué d'environ 50 %, malgré l'activité accrue. Sans remonter jusqu'en 2003, l'activité a augmenté de 30 %, rien que depuis 2009. Nous sommes déterminés à faire toujours mieux et à continuer de chercher à mettre en oeuvre des lignes supplémentaires de défense, pour continuer d'améliorer un bilan déjà sans tache.
On entend beaucoup parler de l'autoréglementation du secteur ferroviaire. Rien ne saurait être plus éloigné de la vérité, comme Michael l'a dit tout à l'heure. Le secteur ferroviaire est extrêmement réglementé dans toutes les facettes de son exploitation. Cela se voit par le nombre de règles régissant son exploitation au Canada, qui sont examinées, scrutées et dont le respect est contrôlé par Transports Canada. Il en va de même de l'inspection des infrastructures et du matériel roulant. Nous sommes assujettis à des normes rigoureuses pour la fréquence des inspections et les tolérances permises pour les rails, les signaux, les wagons de transport et les locomotives, entre autres choses.
Le comité doit reconnaître que, au CN, nous comprenons très bien que les règlements en vigueur constituent un minimum. Nous faisons mieux sur de nombreux points. Par exemple, ils exigent quatre vérifications seulement par année des défauts du rail, alors que, en certains endroits, nous en faisons 18.
Permettez-moi de parler d'un domaine que le comité a examiné: les systèmes de gestion de la sécurité mieux connu par nous sous l'appellation de plan du SGS. Comme on l'a déjà dit, des règlements exigent que nous le mettions en place. Il nous guide sur tout ce qui concerne la sécurité. Cet ensemble explicite de processus vise à intégrer la sécurité dans toutes les décisions, toutes les planifications et toutes les activités opérationnelles. Le CN a traduit les exigences du SGS en un plan de mesures continuellement applicables avec notre personnel des opérations et la direction. Les mesures englobent les exigences relatives à la gestion de la sécurité et à l'éclosion d'une culture de la sécurité et une participation représentative à cette gestion et à cette éclosion, l'évaluation des risques, la vérification et l'évaluation de la sécurité, les rapports d'accidents et d'incidents, l'analyse des enquêtes et les mesures correctives. Autrement dit, elles ratissent large.
Notre plan du SGS est également expliqué dans notre brochure intitulée Leadership en sécurité. Pour les curieux, nous en avons posté une nouvelle mouture sur notre site Web. Elle est offerte au grand public, et tous nos employés la reçoivent chez eux. Notre travail d'atténuation des risques effectué grâce à nos évaluations du risque posé par les corridors de transport serait particulièrement susceptible d'intéresser le comité. Il consiste à examiner le trafic de marchandises dangereuses, la densité de la population, la topographie et la proximité des cours d'eau et de l'environnement, pour discerner les mesures à prévoir, leurs modalités et les mesures secondaires nécessaires.
Les vérifications et la surveillance sont d'autres éléments clés de notre plan du SGS. Nous effectuons des vérifications avec nos 106 comités mixtes d'hygiène et de sécurité, constitués de représentants des employés syndiqués et de la direction. Nous effectuons des vérifications intégrées détaillées avec la direction pour assurer le respect des politiques, des directives et des règles d'exploitation. Nous effectuons des vérifications quotidiennes des tâches de nos employés au moyen de notre test d'efficacité. Nous avons effectué plus de 400 000 de ces tests en 2013, soit bien plus de 1 000 par jour — j'ignore pourquoi nous avons fait cette division; vous, vous êtes forts en maths, mais nous avons dû faire ce calcul. Cette vérification s'ajoute à la surveillance et aux inspections que Transports Canada effectue sur notre réseau ferroviaire au Canada.
Il faut parler de la culture de la sécurité, très importante pour nous et un domaine où nous nous efforçons de toujours nous améliorer. C'est un facteur de réussite dans l'univers de la sécurité. Le CN se dote de moyens puissants pour la favoriser. La culture de la sécurité consiste à instiller la croyance et le désir réels d'être en sécurité. C'est en interaction avec le comité d'hygiène et de sécurité de notre réseau, dont je fais partie, avec les représentants de nos employés, que nous discutons de moyens pour tirer parti de cette culture et que nous développons ces moyens.
Nous avons créé des groupes de mobilisation entre pairs et organisé des sommets sur la sécurité et des programmes d'intégration de nos nouveaux employés. Nous sommes des chefs de file de l'industrie, pour ce qui est de mesurer la culture de la sécurité, qui est mise en vedette sur le site Web de Transports Canada.
Nous avons collaboré étroitement avec l'Université Saint Mary à la mise sur pied de notre centre d'hygiène et de sécurité au travail. En fait, nous organisons un colloque sur la culture de la sécurité en octobre, à l'université, où nous nous attendons, avec le concours des organismes gouvernementaux intéressés, du secteur ferroviaire et des universitaires, à approfondir la question de la culture de la sécurité. Nous sommes déterminés à mettre en place le bon environnement de sécurité pour nos employés et la direction.
Un mot sur les marchandises dangereuses, particulièrement après la tragédie de Lac-Mégantic.
Pour vous donner un aperçu de mes antécédents, je travaille dans le secteur depuis 1975. En fait, mon premier travail consistait à jeter des traverses de chemin de fer depuis un wagon. En 1977, alors que je fréquentais l'Université de l'Alberta, on m'a embauché comme serre-freins, à l'époque où les trains transportaient quatre ou cinq employés. J'ai ensuite été chef de train, puis mécanicien avant d'obtenir mon diplôme.
J'ai eu connaissance d'un certain nombre d'accidents ferroviaires. Nous devons toujours nous efforcer d'en tirer des leçons, parce, malgré notre conviction d'avoir fait tout notre possible, quand l'accident arrive, il faut s'assurer de n'avoir négligé aucun protocole, puis tourner la page.
La sécurité ferroviaire consiste à cerner le risque dans tout notre réseau, à l'analyser et à l'atténuer. Le transport ferroviaire des marchandises dangereuses a soulevé beaucoup d'intérêt dans le public. Dans les faits, c'est, en Amérique du Nord, une activité très peu dangereuse. Nous transportons sans incident 99,997 % des marchandises dangereuses, en toute sécurité, du point de départ jusqu'à leurs destinations respectives.
Cependant, cette statistique n'a rien de réconfortant quand survient un accident comme celui de Lac-Mégantic. On ne pourra pas oublier cette tragédie, qui a fauché 47 vies. Elle nous a permis d'évaluer notre plan robuste du SGS et d'examiner les possibilités de le renforcer. Nous croyons que plusieurs lignes de défense se sont effondrées pour qu'un tel accident arrive à ce train fou à Lac-Mégantic. Cependant, nous attendons le rapport et les recommandations consécutifs à l'analyse et à aux constatations du BST sur cet accident.
Parlons de quelques-unes de ces lignes de défense. Il y a d'abord, entre autres, l'immobilisation. Le CN a collaboré étroitement avec tous les joueurs pour répondre aux préoccupations découlant de l'immobilisation du matériel ferroviaire. Transports Canada a publié une injonction ministérielle sur les moyens à employer, et le CN avait déjà mis en place beaucoup de modifications proposées. L'immobilisation des locomotives et l'application des freins à main ont été un exemple de certaines précautions que le CN avait déjà mises en place. Nous estimions qu'elles étaient efficaces. Nous avons ajouté quelques-unes des modifications qui nous été communiquées et nous avons collaboré avec Transports Canada pour les mettre en oeuvre.
Un mot sur la circulaire OT-55. Permettez-moi de l'expliquer. Le CN ne s'est pas arrêté à ce seul élément, dans cette opération. Nous avons commencé par examiner d'autres secteurs qui, à notre avis, renforceraient nos lignes de défense. Ç'a été, entre autres, l'adoption, au Canada, d'une limite de vitesse pour le transport des marchandises dangereuses, dans un train de plus de 20 wagons ou d'un wagon de matières toxiques ou de poison par inhalation dans les axes de transport à grand débit de matières dangereuses, qui était de 50 milles à l'heure. Cette mesure adoptée par le secteur, aux États-Unis, a été importée dans notre réseau ferroviaire canadien. Par exemple, un train transportant au moins 20 matières dangereuses entre Toronto et Montréal ne peut plus circuler à plus de 50 milles à l'heure. L'adoption de la politique OT-55 est en vigueur dans notre réseau depuis le 13 août 2013.
Plus tôt cette année, le secrétaire américain aux transports a invité tous les chemins de fer de classe I à contribuer au renforcement des lignes de défense du transport ferroviaire. L'industrie a élaboré de concert plusieurs engagements que nous appliquerons pour le transport du pétrole brut.
Il s'agissait, notamment, de réduire la vitesse à 40 milles à l'heure dans une zone urbaine à haut risque, pour les trains d'au moins 20 wagons de pétrole brut comportant au moins un wagon DOT 111 d'ancien modèle. Si un de ces wagons se trouve dans un train, la vitesse de circulation est limitée à 40 milles à l'heure.
Il y a aussi l'examen des trajets du transport du pétrole brut. Si on a le choix des trajets, l'évaluation des risques entre en jeu pour chacun d'eux, et on examine les modes opératoires permis dans chaque cas.
Également la détection en voie permet l'inspection des trains en déplacement, séparés par un intervalle de pas plus de 40 milles. Même si, dans la plupart de nos trajets, l'intervalle était moindre, nous nous sommes assurés qu'il n'y avait aucun endroit où nous ne respections pas la règle.
D'autres mesures sont prévues, mais j'ai pris le temps de mentionner les engagements du CN, que nous importerons dans notre réseau canadien. Tout ce à quoi nous avons donné notre accord aux États-Unis (limite de vitesse, intervalle de 40 milles, nous allons l'appliquer dans notre réseau canadien.
Un mot aussi sur l'intervention d'urgence dans les communautés.
Le CN a entrepris un certain nombre d'initiatives pour renforcer l'intervention d'urgence et pour mobiliser les communautés. En raison du trafic important de marchandises dangereuses sur les voies, nous avons renforcé les ressources et les processus pour améliorer l'intervention. Nous avons mis en place des protocoles d'entraide avec d'autres sociétés ferroviaires pour démultiplier l'efficacité de l'intervention. Le CP et le CN ont beau être des rivaux, ils collaborent néanmoins quand il s'agit de localiser l'équipement et de connaître les mesures en place. En cas d'accident, ils sont en mesure d'intervenir.
Nous incitons nos clients et d'autres joueurs, comme l'Association canadienne des producteurs pétroliers, à une collaboration en bloc. Nous démultiplions l'efficacité du programme TransCAER pour former un personnel d'intervention de l'extérieur afin d'être mieux préparés.
Le CN croit aussi que le secteur ferroviaire peut augmenter la sécurité en collaborant étroitement avec les communautés, par le truchement du programme structuré de participation de la collectivité, que nous avons lancé en octobre dernier. Le CN mobilise les municipalités en prenant contact avec les fonctionnaires municipaux et le personnel d'intervention d'urgence pour s'assurer qu'ils possèdent les coordonnées des porte-parole du CN ainsi qu'une information ciblée. Nous avons ainsi rejoint 1 098 communautés du Canada et organisé 100 réunions de prise de contact avec nos bureaux chargés des marchandises dangereuses.
Au cours de ces réunions, nous discutons du plan global de sécurité de CN, de ses performances sans faille en matière de sécurité et du volume et de l'importance économique des marchandises dangereuses que nous transportons via les communautés et nous examinons la planification des mesures d'intervention d'urgence. Nous organisons aussi des centres de formation pour les intervenants, au besoin.
Sur la technologie et l'atténuation des risques, le CN a continué de démultiplier un secteur clé, ses technologies. Après l'accident de Lac-Mégantic, nous avons pris le temps d'examiner notre réseau global de technologies. Ce réseau consiste en technologies d'inspection du bon état d'un train en déplacement, particulièrement l'état des roues, la température des paliers et l'appareillage traînant. C'est l'un des réseaux les plus denses en Amérique du Nord.
Nous avons aussi examiné nos technologies d'inspection des infrastructures, qui consistaient en appareils de détection des défauts du rail par ultrasons, c'est-à-dire des interruptions dans le rail. Nous utilisons des techniques de contrôle de l'état géométrique de la voie par la mesure de l'écartement, du nivellement transversal et du profil.
En novembre 2013, nous avons annoncé des immobilisations d'encore 10 millions de dollars qui s'ajoutaient à ceux, déjà importants, de 2 milliards de dollars en 2013. Sur ces 2 milliards, nous en avons consacré 1,2 aux infrastructures ferroviaires et de signalisation sur notre propre emprise.
L'investissement supplémentaire dans les technologies porte sur le matériel supplémentaire de contrôle en voie, les systèmes d'inspection, un nouveau test de l'état géométrique de la voie, un système d'inspection optique de la voie, des détecteurs à barre fragile de matériel traînant, pour réduire au minimum les bris, et des signaux de contrôle sur certaines voies d'évitement importantes. Ces investissements supplémentaires continueront de garnir nos lignes de défense et à atténuer les risques auxquels nous sommes exposés.
Une parenthèse, rapidement, sur les wagons DOT 111. Je pense que vous en avez déjà entendu parler par deux témoins et nous avons été très francs sur la nécessité, maintenant, de les remplacer. En fait, plutôt que de répéter ce qui a déjà été dit, pour ne pas prendre trop de votre temps, je dirai que nous en utilisons une quarantaine, qui nous appartiennent. Nous n'avons pas beaucoup de wagons-citernes, une quarantaine seulement. Nous les employons pour le transport du carburant diesel, qui n'appartient pas à la même catégorie et au même groupe de conditionnement que les autres marchandises. Mais nous pensons que l'importance de la question exige du leadership de notre part. D'ici la fin de l'année, nous aurons remplacé ces 40 wagons par autant de wagons neufs du modèle le plus récent.
Pour conclure, le CN estime que la sécurité est une quête, mais non une destination. Notre bilan continue de s'améliorer, grâce à la diminution du nombre d'accidents; cependant, nous reconnaissons qu'il reste beaucoup de travail à faire. Un cadre réglementaire robuste est en place, et notre plan du SGS est indispensable à la poursuite la plus sûre possible de notre activité.
Grâce à notre personnel, à nos processus, à notre technologie et à nos investissements, nous continuerons de mieux atténuer nos risques pendant notre quête de sécurité.
Sur ce, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, je vous remercie.
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Si vous me permettez de répondre à une question posée plus tôt sur la transparence et les produits qui traversent les municipalités.
Je pense que beaucoup d'incompréhension entoure toute cette question. D'abord, dans chaque train, un chef de train doit notamment s'assurer de posséder la liste de toutes les marchandises transportées. Cette liste accompagne toujours le train. De plus, pour nous assurer que nous savons ce que transporte le train, notre système informatique suit chaque train, chaque wagon de chaque train. Nous surveillons de ce qui se trouve sur la voie d'évitement du client. Nous surveillons nos dépôts et tous les endroits où il s'en trouve. Nous connaissons exactement chaque marchandise dans le train. Des systèmes automatisés « lisent » les trains, sur leur passage, tout comme, à l'épicerie, la caissière lit le code à barres des produits. Nos systèmes permettent de prévenir une éventuelle erreur humaine. Aujourd'hui, au Canada, aucun train ne circule, du CN ou du CP, dont nous n'avons pas la liste complète de ce qui s'y trouve.
Maintenant, comment mobiliser les communautés que nous traversons? Je pense que la meilleure façon de communiquer... Ça ne change pas tant que ça. Chaque jour, il n'apparaît pas de produits nouveaux. Nous manutentionnons un certain nombre de produits. Le débit peut différer, mais, en fin de compte, le nombre en circulation est fixe, et, s'il s'en trouve un nouveau, nous devons nous assurer de connaître le mode d'intervention à utiliser, tout comme les communautés. C'est pourquoi nous avons rendu officiel un programme par lequel nous entrons en contact avec les communautés et nous nous concertons avec le personnel d'intervention pour comprendre toutes les données du problème.
Je pense qu'il faut veiller à ne pas tomber dans l'excès contraire, faire connaître en temps réel la nature du chargement des trains, même si nous, nous possédons cette information. On ne veut pas que les gens sachent ce que nous transportons dans toute l'Amérique du Nord... En fait, aux États-Unis, pour des raisons de sécurité, les autorités ne veulent pas que nous divulguions la nature des chargements sur tel train, à tel moment, au public, pour que n'importe qui puisse être au courant.
Nous travaillons en étroite collaboration avec municipalités. C'est la raison pour laquelle nous avons dit que nous allions cibler plus de 1 000 communications avec elles. Et si elles veulent d'autres renseignements, nous sommes plus que désireux de les leur fournir, les chiffres quotidiens, hebdomadaires, les différents types de produits, les modes d'intervention, nos obligations et nos modes opératoires locaux.
En ce qui concerne les infrastructures, des règlements fixent pour nous des fréquences, et nous faisons amplement plus que ce qu'ils exigent, parce que nous pensons que c'est la chose sensée à faire, en certains endroits, uniquement en raison de la diversité des produits transportés et de nos évaluations du risque. Quelqu'un nous a peut-être appelés et nous a demandé d'inspecter la voie à Saint-Lambert. En premier lieu, notre premier conseiller juridique vit à Saint-Lambert. Il sera le premier à nous appeler s'il peut entendre un son de cloche différent. Ensuite, nous tenons à la sécurité de nos infrastructures et nous réagissons comme tout le monde.
J'espère que j'ai répondu aux questions.
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Je vais vous parler brièvement des vérifications et des mesures.
La question qui se pose est la suivante. Pourquoi conservons-nous des données? Pour tout dire, c'est pour nous assurer de faire des progrès, d'être sur la bonne voie, et d'avoir un système efficace en place.
Nos données vont jusqu'au niveau le plus bas, jusqu'à une gare ou un terminal précis, afin que nous puissions vérifier si ces terminaux, ces emplacements, ces opérations géographiques, ces divers services continuent de s'améliorer, et s'ils sont — sans vouloir faire de jeu de mots — sur la bonne voie.
Quand nous établissons des objectifs ambitieux relativement à tous les niveaux de nos opérations, c'est pour veiller à ce que tout le monde progresse, et nous avons ce processus graduel en ce qui concerne notre sécurité.
Sur le plan des vérifications, il a été question de Transports Canada. J'ai bien hâte qu'une tierce partie vienne faire une vérification. On fait beaucoup de vérifications au CN, mais nous avons un plan très solide et très dynamique à ce chapitre.
Jim Vena a parlé des 400 000 tests et plus que nous effectuons auprès de nos employés. M. Creel a parlé plus tôt des questions liées au comportement humain. Ce sont des choses que nous surveillons toujours: si nos règles, nos politiques et nos directives sont respectées, etc. Cela permet de fournir beaucoup de rétroaction aux employés. Nous parlons de cet apport. Cela suscite beaucoup de discussions entre la direction et les employés, et ces discussions sont très importantes pour nous. Nous apprenons beaucoup grâce à nos tests et à la rétroaction des employés, quand nous leur fournissons de la rétroaction durant l'encadrement.
En ce qui concerne la vérification des terminaux, quand je parle de veiller à ce que les terminaux soient sur la bonne voie, si je vois un signe que quelqu'un a des difficultés, je ferai intervenir des équipes afin de comprendre ce qui se passe, de déterminer comment apporter des ajustements afin d'assurer l'efficacité de nos mesures.
Au début de l'année, nous élaborons des plans de sécurité. Tout le monde élabore ses plans de sécurité dans les terminaux. Je les examine personnellement, mais ils doivent être suffisamment dynamiques. S'il y a eu des changements, nous devons nous assurer de les consolider. Pour nous, c'est une forme de vérification.
Nous avons de nombreux niveaux. Par exemple, pour les matières dangereuses, nous avons des agents des matières dangereuses. Nous vérifions aussi certains de nos sites de chargement. Nous procédons à des inspections approfondies aux sites de chargement. Nous sommes très actifs à ce chapitre.