Je remercie le comité de nous avoir invités à comparaître pour participer à son examen du régime canadien de sécurité des transports. Nous sommes vraiment très heureux d'avoir l'occasion de discuter avec vous de notre expérience dans le transport des marchandises dangereuses et dans la mise en oeuvre de systèmes de gestion de la sécurité, ou SGS, dans le domaine de l'aviation.
Comme l'a dit le président, je m'appelle Marc-André O'Rourke, et je suis le directeur exécutif du Conseil national des lignes aériennes du Canada, le CNLA.
Le Conseil est une association professionnelle qui représente les grandes compagnies aériennes du Canada: Air Canada, Air Transat, Jazz et WestJet.
[Français]
Nous nous assurons que les déplacements aériens sont sûrs, durables et compétitifs en collaborant avec le gouvernement et les intervenants de l'industrie à la mise en place de politiques, de lois et de règlements qui soutiennent un système de transport de calibre mondial qui est essentiel à la croissance économique et à la prospérité du pays.
[Traduction]
Une bonne partie du travail du conseil est effectuée par nos sous-comités, qui représentent l'expertise combinée de nos membres. Nos sous-comités, concernant la sécurité, les opérations en vol, ainsi que la maintenance et le génie, collaborent pour maintenir et rehausser des normes de sécurité de niveau mondial.
Étant donné l'approche systématique du SGS, il est très important de souligner la collaboration et le partage d'information entre tous les secteurs d'une compagnie aérienne, de l'exploitation même des appareils jusqu'à toutes les fonctions de soutien. Le SGS n'intéresse pas seulement les services de sécurité, c'est une responsabilité commune à toutes les parties de l'entreprise.
Je suis accompagné aujourd'hui de représentants de notre sous-comité de la sécurité, qui s'adresseront à vous dans quelques minutes. Ses membres sont Samuel Elfassy, directeur senior à Air Canada; David Deveau, vice-président à Jazz Aviation; le capitaine Scott Wilson, vice-président à WestJet; et le capitaine Jacques Mignault, directeur senior à Air Transat.
Les membres du CNLA emploient directement plus de 43 000 personnes et transportent plus de 50 millions de passagers par an. Ensemble, ils desservent plus de 60 collectivités canadiennes. Ils représentent 87 % du trafic intérieur, et 64 % du trafic aérien total au Canada.
Plus important encore, l'engagement délibéré et indéfectible de nos membres en matière de sécurité est inhérent à tout ce qu'ils font. Rien n'est plus important pour nos membres que d'assurer l'arrivée des passagers à destination en toute sécurité.
L'aviation est le mode de transport le plus sûr. Aujourd'hui, l'aviation moderne est plus sûre qu'elle ne l'a jamais été, et ce résultat n'est pas dû au hasard. C'est le fruit d'une démarche exhaustive et systématique entreprise par l'industrie en matière de sécurité.
Pour les compagnies aériennes du CNLA, la sécurité ne consiste pas simplement à suivre des règles. Elle consiste aussi à gérer de manière proactive les risques et les dangers, ce qui va largement au-delà des exigences minimales établies par les autorités de l'aviation civile. La sécurité est le fondement même de la gestion de compagnies aériennes.
Nos transporteurs ont adopté les principes des systèmes de gestion de la sécurité et se sont lancés dans un cheminement qui a permis d'apporter des améliorations profondes et importantes à la culture de sécurité qui existait déjà. Il importe de souligner que le SGS est reconnu mondialement par les spécialistes de la sécurité et de l'aviation comme la démarche la plus avancée pour assurer un système d'aviation adéquat et sûr.
Je crois qu'il importe de prendre une minute pour décrire ce qu'est vraiment le SGS. Un SGS est l'expression d'une démarche holistique dans laquelle les politiques, les processus et les systèmes sont employés pour identifier, atténuer et éliminer proactivement les dangers et les risques. Cela veut dire que toute activité entreprise par une compagnie aérienne, qu'il s'agisse du pilotage d'un avion, de la maintenance des moteurs ou des milliers de mesures qu'il faut littéralement prendre pour aller du point A au point B, est conçue pour éliminer ou réduire le risque d'erreur ou d'accident.
Aujourd'hui, je peux affirmer sans aucune hésitation que la transformation vers une culture de la sécurité améliorée s'est produite à tous les niveaux de nos compagnies aériennes membres. Des employés de première ligne jusqu'aux niveaux de direction les plus élevés, nos membres sont totalement engagés en matière de sécurité. Cet engagement de toutes les compagnies — et j'insiste, c'est un engagement de toutes les personnes de chaque compagnie — en faveur de la sécurité et de la responsabilité est l'une des caractéristiques fondamentales de tout SGS.
Permettez-moi de souligner très clairement que la mise en oeuvre d'un SGS ne signifie pas du tout que les compagnies aériennes font leur propre police, sans aucune inspection ni supervision du gouvernement. Le SGS est un partenariat dans lequel les compagnies aériennes sont tenues de mettre en oeuvre des systèmes de supervision beaucoup plus pointus que jamais.
Personne dans notre secteur ne vous dira que les fonctions de supervision et de surveillance sont devenues redondantes. Au contraire, les activités de certification et de supervision de Transports Canada sont plus importantes que jamais et sont des composantes essentielles du rôle du ministère.
De fait, dans une démarche de SGS, la supervision de Transports Canada est beaucoup plus rigoureuse et approfondie. Le SGS ajoute une couche de sécurité supplémentaire à ce qui était déjà le système de transport le plus sûr au monde.
Le SGS rehausse la supervision en utilisant des techniques encore plus pointues de gestion du risque, notamment des techniques renforcées de communication bidirectionnelle et des techniques d'analyse des tendances. Le SGS s'ajoute aux outils existants de sécurité et de qualité.
Le SGS n'est pas seulement un système de révision générale des procédures et des données, comme d'aucuns l'affirment. Le SGS suppose qu'on va creuser profondément dans des domaines précis de la sécurité pour trouver la preuve de ce qui a été fait pour assurer la sécurité.
Les compagnies aériennes doivent démontrer à Transports Canada: premièrement, qu'elles ont identifié la cause profonde d'un problème potentiel; deuxièmement, qu'elles ont pris des mesures correctrices et préventives; et, troisièmement, qu'elles ont vérifié l'efficacité de ces mesures. Le SGS s'efforce de trouver des risques inconnus d’une manière qui va largement au-delà de ce que ne pourrait jamais faire un inspecteur sur place.
Toutefois, pour que la supervision reste efficace, elle doit aussi évoluer. Le but du SGS est de passer d'un état proactif de la sécurité à un rôle plus assertif dans lequel le transporteur aérien recueille et analyse des données pour comprendre les dangers ainsi que les mesures à prendre pour éviter des résultats potentiellement négatifs.
Prétendre que les voyageurs aériens sont exposés à un risque plus élevé à cause du SGS est totalement irresponsable et injustifié. Il vaut la peine de répéter que la sécurité revêt une importance absolue pour nos membres, et que leurs résultats individuels et collectifs le démontrent amplement.
J'aimerais passer maintenant brièvement à la question des marchandises dangereuses, car je sais que c'est également l'un des thèmes d'étude de votre comité.
Comme dans les autres modes de transport, le transport de marchandises dangereuses par avion est régi par un règlement. Ce règlement intègre par référence les instructions techniques de l'Organisation internationale de l'aviation civile, lesquels établissent les règles de transport sécuritaire des marchandises dangereuses par avion, à la fois au Canada et internationalement.
Il importe de souligner que le transport des marchandises dangereuses est rigoureusement réglementé par un dispositif international robuste et très pointu. L'industrie de l'aviation et nos membres sont déterminés à contribuer à l'amélioration proactive et continue des normes, des processus et des exigences de formation professionnelle à cet égard. Les membres du CNLA participent activement à la révision et à la mise à jour continues des normes internationales.
[Français]
En terminant, je tiens à réaffirmer que la sécurité est une priorité absolue pour le conseil et ses membres. Nos transporteurs continuent de s'engager fermement à améliorer le système de gestion de la sécurité, parce que nous savons que la sécurité aérienne ne peut être assurée que grâce à une vigilance permanente.
Bien entendu, nous sommes prêts à collaborer avec Transports Canada, ce comité et les autres intervenants pour assurer une excellence continue au chapitre de la sécurité aérienne au Canada.
[Traduction]
J'aimerais maintenant donner l'occasion aux membres de notre comité de la sécurité de se présenter brièvement. Comme vous pouvez le voir, nous sommes accompagnés aujourd'hui de représentants qui sont idéalement placés pour discuter avec vous de toutes les questions concernant la mise en oeuvre du SGS et le transport des marchandises dangereuses.
Merci de votre attention. Merci beaucoup.
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Merci, mesdames et messieurs.
Comme l'a dit Marc-André, comparaître devant le comité n'est pas seulement un privilège, c'est aussi une excellente occasion pour nous d'approfondir ce dialogue.
Comme on l'a dit, je m'appelle David Deveau et je suis vice-président, Sécurité, qualité et environnement, chez Jazz. J'ai aussi le privilège de présider le sous-comité de la sécurité du CNLA avec ces personnes éminentes et dévouées qui sont à côté de moi. J'ajoute que je préside aussi le conseil de la sécurité d'une association américaine de compagnies aériennes régionales. Je l'indique parce que cela me permet de voir le SGS d'un point de vue particulier, c'est-à-dire de l'extérieur du Canada, ce qui me donne une idée de la manière dont on le perçoit dans les autres pays.
L'une des choses que vous constaterez au sujet des professionnels de la sécurité de l'aviation est qu'ils sont incroyablement passionnés par le sujet, et j'espère que nous pourrons vous donner des informations utiles.
En ce qui concerne ma déclaration liminaire, permettez-moi d'être absolument franc au sujet du SGS et de la manière dont il est perçu par de nombreux collègues de ce secteur. Le SGS est essentiellement un ensemble de principes fondamentaux et de concepts qui ne sont pas nouveaux et qui sont en fait fondés sur les sciences de gestion de la qualité et de gestion de l'organisation. En termes d'efficacité, je dois dire, aussi respectueusement que brutalement, que remettre en question la valeur d'un système d'entreprise comme le SGS n'est pas vraiment un argument rationnel de la part de ceux qui savent ce qu'est réellement le SGS. Si vous me permettez de tracer un parallèle avec un système de gestion financière ou un système de gestion des ressources humaines, le SGS est un programme sophistiqué et structuré, qui repose sur des principes très sains. En réalité, il n'y a pas d'autre manière de voir son impact sur l'aviation que comme une évolution de ce qui était déjà un système de sécurité très solide, en tout cas au Canada.
Comme je l'ai dit, pour ce qui est de ce qu'on peut penser ailleurs du SGS, je tiens à être très clair: quand je parle à mes collègues des États-Unis, en particulier, et même d'outre-mer, le système de sécurité de l'aviation du Canada est considéré comme le meilleur et le plus sûr de la planète. De fait, je sais que ces collègues collaborent et discutent du SGS et de ce qui se fait au Canada à la fois avec les exploitants et avec Transports Canada.
Pour nous, et je parle ici de Jazz, ce qu'a fait le SGS, c'est qu'il nous a donné un système pour accroître la sophistication de ce que nous avons toujours fait en aviation, mais avec des outils supplémentaires et en créant une manière beaucoup plus intégrée de gérer le risque au sein de l'organisation. Il y a beaucoup de sujets sur lesquels le SGS a permis aux compagnies aériennes de se focaliser, notamment en mettant un accent très important sur la culture de l'organisation, une culture de la sécurité, de façon telle que chaque personne de l'organisation partage la responsabilité d'assurer une bonne identification et une bonne gestion du risque.
Le système permet aussi de mettre très soigneusement l'accent sur des facteurs organisationnels. Si vous voulez bien faire un retour en arrière, vous constaterez que le souci de la sécurité, de manière générale, mais aussi dans l'aviation, dans une certaine mesure, était fortement axé sur l'individu, et peut-être sur ce que l'individu n'avait pas fait ou sur l'erreur qu'il avait pu commettre. Le SGS nous oblige à scruter attentivement ce que fait l'organisation, et ce, du point de vue de questions systémiques, de causes profondes. J'ai parlé de « sophistication », et c'est parce que le système a vraiment apporté un nouveau degré de sophistication à ce que nous faisons. J'en ai la ferme conviction. Je le répète — je m'exprime au nom de Jazz —, il nous a donné une feuille de route nous permettant d'améliorer encore un système qui était déjà très fortement axé sur la sécurité.
En ce qui concerne notre interaction avec l'organisme de réglementation, elle a aussi changé de manière très positive. Certes, l'activité directe de surveillance et d'inspection continue, mais notre interaction et notre travail avec l'organisme de réglementation sont franchement beaucoup plus approfondis que par le passé. Dans un programme de SGS, la compagnie aérienne est beaucoup plus fortement obligée de démontrer à l'organisme de réglementation ce qu'elle fait pour la sécurité. Si les membres du comité veulent quelques exemples à ce sujet, je les leur donnerai avec plaisir.
Je voulais simplement ouvrir le débat en présentant le point de vue d'une compagnie aérienne.
:
Merci, monsieur le président.
C'est un privilège de comparaître devant le comité ce matin.
Je vais d'abord vous donner un bref aperçu de mon rôle à Air Canada, dont je suis un employé depuis près de 27 ans. J'ai eu le privilège d'occuper le poste de directeur principal de la Sécurité, de l'environnement et de la qualité. J'ai aussi eu l'occasion de travailler dans le secteur des opérations en vol et dans d'autres domaines. J'ai aussi eu la chance de participer à un grand nombre de sessions et de réunions de travail avec Transports Canada à l'occasion de l'élaboration puis de la promulgation continue des règles associées au SGS. J'ai donc l'avantage et le luxe de bien savoir et de bien comprendre quels sont l'esprit et l'intention de ce nouveau système de réglementation.
Mes responsabilités au sein de la Société portent essentiellement sur la supervision que notre service doit exercer. Sur le plan opérationnel, nous sommes indépendants et relevons directement de Calin Rovinescu, notre président et PDG, ainsi que de notre conseil d'administration pour toutes les questions de supervision de la sécurité et de supervision environnementale. Cette indépendance opérationnelle est très importante, car elle nous permet d'analyser en toute indépendance l'ensemble de l'organisation du point de vue de l'efficacité et de la gestion continue non seulement de notre système de gestion de la sécurité, mais aussi de notre système de gestion environnementale ainsi que de notre système de gestion de la santé et de la sécurité au travail.
Ce rôle consiste à vérifier l'efficacité de notre SGS par le truchement des diverses procédures de rapport, et à intervenir lorsque l'organisation est confrontée à un danger quelconque du point de vue de la sécurité.
Je me fais aussi l'écho de David en ce qui concerne la manière dont nous sommes perçus par l'industrie au niveau international. J'ai le luxe de faire partie de divers comités de plusieurs associations, à la fois à l’IATA et à Airlines for America, en qualité de membre associé. Notre système de gestion de la sécurité est considéré comme l'un des plus robustes et des plus rigoureux de ceux qui sont fondés sur le rendement. D'ailleurs, comme certains théâtres internationaux n'exigent pas de SGS dans leur réglementation, on fait souvent appel à nous pour notre expertise.
En dehors de ma vie professionnelle, je préside le conseil d'administration d'un hôpital de Toronto. Je me permets de le mentionner parce que, grâce à notre expertise dans la mise en oeuvre du SGS, nous constatons que nous pouvons sortir de notre domaine et aider d'autres secteurs soucieux de sécurité à appliquer les principes des systèmes de gestion de la sécurité à leurs propres organisations pour réduire les résultats indésirables. Nous sommes donc en plein milieu d'un phénomène enthousiasmant puisque nous permettons à d'autres organisations de profiter de nos connaissances et de notre expérience, et qu'elles viennent précisément nous voir pour ça.
Pour revenir sur ce que disait David, nos rapports avec les inspecteurs de Transports Canada ont évolué. Je ne dirais pas que c’est régulier, mais je peux dire qu'il arrive assez souvent durant le trimestre que nous invitions des inspecteurs à s'asseoir avec nous durant notre processus de revue de la gestion, qui est très rigoureux. Il comprend de nombreuses étapes. Des inspecteurs ont assisté à des séances de notre conseil de sécurité corporative, qui rend compte à notre PDG. Nous les invitons à participer à ces réunions durant lesquelles nous essayons de découvrir les dangers auxquels nous pouvons être exposés et de communiquer nos risques et notre profil de sécurité à notre équipe de direction.
J'en reste là, monsieur le président, et je répondrai avec plaisir à toutes les questions que vous pourriez avoir au sujet de notre activité.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Je remercie le comité de nous accueillir aujourd'hui. C'est un grand honneur et un privilège de pouvoir partager avec vous l'expérience que nous avons acquise dans la mise en oeuvre de systèmes de gestion de la sécurité au Canada.
Je vais vous donner quelques informations sur moi-même. Je travaille chez WestJet depuis 13 ans, et dans le secteur du transport aérien, depuis un peu plus de 20 ans. J'ai essentiellement exercé des fonctions touchant les opérations en vol avant d'arriver à mon poste actuel, il y a trois ans, concernant la sûreté, la sécurité et la qualité.
Je vais vous parler un peu de la culture de la sécurité chez WestJet, et peut-être aussi, d'un point de vue plus général, au CNLA, mais je n'aborderai pas les détails techniques dont David et Sam viennent de vous parler avec tant d'éloquence.
Évidemment, quand on représente une organisation dotée d'une culture aussi profonde que Westjet, le grand facteur de différenciation que nous avons constaté avec les systèmes de gestion de la sécurité est la manière dont ils embrassent cette enveloppe culturelle et la diffusent dans tout le système. Nous avons peut-être le mot « sécurité » dans les titres de nos postes, dans nos quatre compagnies aériennes, mais la réalité est que ce sont les 43 000 employés de première ligne de nos quatre sociétés qui sont quotidiennement les garants de la sécurité de nos compagnies aériennes. Le système de gestion de la sécurité est là pour leur permettre de s'exprimer et leur donner l'occasion d'être un élément très capable et actif du dispositif de sécurité du système de transport aérien du Canada.
J’en reste là, monsieur le président, et je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Parfait. Voyons donc maintenant ce que nous ont dit les propres inspecteurs du transport aérien de Transports Canada.
Les inspecteurs de l'aviation qui travaillent pour Transports Canada ont mené une enquête très détaillée. Voici certaines des choses qu'ils nous ont dites.
Ils disent que la manière dont le système de gestion de la sécurité de Transports Canada est structuré empêche de corriger les problèmes de sécurité de manière opportune, et le pourcentage de ceux qui craignent que ce soit le cas, depuis les débuts du système de gestion de la sécurité, est de 80 %. Les deux tiers des propres inspecteurs de la ministre affirment que les systèmes de gestion de la sécurité de Transports Canada accroissent en réalité les risques d'un grave accident d'aviation.
Les inspecteurs interrogés disent aussi que la pénurie d'inspecteurs signifie que les compagnies aériennes peuvent maintenant passer jusqu'à cinq ans avant de faire l'objet d'une inspection par Transports Canada. Or, nous croyons savoir que cela est censé se faire annuellement. C'est peut-être le cas pour les grandes compagnies, mais il y a un très grand nombre de petites compagnies qui passent à travers les mailles du filet.
Des représentants de ce ministère avaient promis aux membres de ce comité que 30 % des inspections d'aviation de Transports Canada seraient des inspections opérationnelles directes, c'est-à-dire des inspections sur place des aéronefs et d'opérations, des contrôles aléatoires, des inspections-surprises, etc. Cela est totalement contredit par l'enquête menée auprès des inspecteurs, dont la conclusion est que les inspecteurs ne font quasiment aucune inspection directe.
J'ai posé une question similaire à des représentants de l'industrie du chemin de fer, des grandes compagnies ferroviaires. Je leur ai demandé s'ils pensaient qu'il leur incombe de s'assurer que leur partenaire dans le système de gestion de la sécurité, le SGS, joue le rôle qui lui revient et assume sa responsabilité.
Considérant ce que nous ont dit les inspecteurs qui inspectent vos compagnies, quelle est votre réaction?
:
Puis-je répondre aux questions du député? Je pense qu'elles sont pertinentes.
La question suppose qu'il y a, du point de vue et selon l'expérience de l'exploitant, un problème de supervision. Je ne peux rien dire des motifs ou des conclusions de l'enquête. Par contre, je peux parler des faits et de l'expérience que nous avons comme exploitants.
Très franchement, j'ai parlé de passion au début de ma déclaration, dans ce domaine de la sécurité, et il est frustrant pour nous d'entendre dire que la motivation de Transports Canada c'est d'une certaine manière dissoute dans l'éther durant cette transition alors que c'est en réalité, ironiquement, tout à fait le contraire. Nous voyons toujours des inspecteurs de Transports Canada à intervalles réguliers, qui exécutent précisément ce que vous considérez comme des activités traditionnelles de surveillance, qu'il s'agisse de vols de contrôle ou de visites dans nos centres de régulation des vols.
Ce qu'on a ajouté en plus de cette activité — et je dis bien en plus, pas en remplacement —, c'est une interaction avec nous qui nous oblige, si je peux dire, à peler l'oignon de notre organisation pour démontrer à Transports Canada, en matière de non-conformité, par exemple, quelles étaient exactement les causes, comment nous avons découvert les problèmes, et comment nous y remédions, de façon à démontrer à l'organisme de réglementation que nous comprenons pourquoi quelque chose a pu se produire, ce que nous avons fait pour nous assurer que ça ne se reproduira pas, et démontrer en fait l'efficacité de nos solutions. Et tout ça s'ajoute à l'activité de surveillance traditionnelle.
Je tenais simplement à ce que ce soit clair. Nous ne pouvons parler que des faits réels et de l'expérience que nous avons comme exploitants, et je peux vous dire que nous avons aujourd'hui une expérience de supervision plus profonde et plus significative avec Transports Canada que dans le passé.
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Il y a deux choses à dire à ce sujet.
WestJet fonctionne actuellement avec une exemption de 1 pour 50 au Canada. En fait, la proportion de 1 pour 50 est appliquée au Canada sous exemption depuis de nombreuses années dans les aéronefs de 50 places. Les aéronefs certifiés par réglementation au Canada sont certifiés pour 1 pour 50. C'est la norme internationale.
En ce qui concerne l'Australie, nous avons examiné de très près toutes les instances de réglementation. Bien que l'Australie puisse avoir officiellement des règlements prévoyant 1 pour 36, c'est elle, comme environnement de réglementation, qui a jeté les bases des exemptions. La plupart des transporteurs en Australie fonctionnent sous une exemption de 1 pour 50, ce qui est la norme internationale.
Pour revenir aux systèmes de gestion de la sécurité, l'objectif ultime, avant d'apporter un changement… Nous avons un slogan à WestJet, disant que « nous travaillons avec nos gens, pas contre nos gens ». En ce qui concerne l'intégration des employés de première ligne et la prise en compte de leurs opinions, nos agents de bord ont participé activement à cette adoption du changement chez WestJet.
Quand nous avons creusé un peu la question, les systèmes de sécurité requis pour prendre des décisions basées sur de grandes quantités de données, il n'y a dans le monde que deux instances de réglementation qui ne fonctionnent pas selon le système de 1 pour 50. C'étaient, pour revenir à votre question, le Canada et l'Australie. Nous avions des tonnes et des tonnes de données et beaucoup d'exemples de compagnies aériennes pour valider la sécurité du changement. Cela a été prouvé, puisque nous fonctionnons au Canada avec un niveau de sécurité équivalent, depuis octobre 2013, de 1 pour 50.
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Je vous laisserai aussi la possibilité de… Oh, il est sorti de la salle. M. Sullivan avait posé une question et je n'ai pas eu la chance de le réfuter. J'aimerais en avoir la possibilité.
Tout d'abord, si vous prenez une norme internationale, 1 pour 50 c'est vraiment une norme équivalant à 1 pour 40.
En ce qui concerne la discussion sur les portes, en particulier, je prendrai l'exemple du Boeing 737-600. Il n'accepte que 119 invités, ou passagers — invités, c'est ce qu'on dit à WestJet. Que ce soit 1 pour 40 ou 1 pour 50, ça fera toujours trois agents de bord. Bien sûr, il y aura une porte sans agent de bord mais, comme c'est un avion à fuselage étroit, on a trouvé à maintes reprises que ça n'est pas un problème.
À bien des égards, nous constatons que nous avons en réalité un meilleur système de personnel à bord de l'avion car 1 pour 40 nous donne un facteur de flexibilité. Vous pourriez avoir un avion à quatre portes et, si vous ne vouliez que 80 passagers à bord, vous ne seriez obligé d'avoir, avec 1 pour 40, que deux agents de bord. Un pour 50 élimine cette flexibilité opérationnelle et oblige à toujours envoyer un avion adéquat, avec le nombre voulu d'agents de bord en permanence. S'il manque un agent de bord, l'avion ne peut pas partir. Voilà pourquoi nous pouvons affirmer en toute confiance que c'est un niveau de sécurité équivalent.
Ça peut paraître un peu différent, mais ça ne réduit en rien les barrières ou marges de sécurité, sinon WestJet ne l'aurait jamais accepté. Au nom de nos 2 600 agents de bord qui travaillent dur, je peux vous dire qu'ils auraient leur mot à dire à ce sujet, et c'est ce qui nous met totalement à l'aise.
Je suis désolé, je me suis un peu écarté du sujet. Si je n'ai pas bien répondu, ou si vous voulez que je reprenne quelque chose, je suis tout à fait prêt à le faire.
:
Parfait. Merci, monsieur le président.
Simplement pour répondre à M. Komarnicki au sujet de l'enquête, elle a été réalisée avec des inspecteurs, des employés de Transports Canada, qui sont réellement chargés d'appliquer les règlements du Canada sur la sécurité du transport aérien. Donc, quand ces gens, quand 85 % d'entre eux, disent que les voyageurs aériens sont exposés à un plus grand risque…
Nous voici donc ici comme agents de réglementation essayant de nous assurer que le système en place est le plus sûr. Je pense que nous sommes tous d'accord à ce sujet, et je suis sûr que les compagnies aériennes le sont aussi. Voilà pourquoi nous posons ces questions, surtout après avoir vu ce qui est arrivé dans le secteur des chemins de fer. Vous avez évidemment suivi ce qui s'est passé à Lac-Mégantic. Il y avait des failles dans le système. Le SGS, c'est la même chose. Nous avons entendu des compagnies de chemin de fer nous dire que leur système était le plus sûr au monde mais, quand nous l'avons examiné, nous avons réalisé qu'il était censé y avoir une autre couche. Je pense que vous l'avez tous indiqué. Il était censé y avoir une couche supplémentaire de protection mais, d'après ce que nous avons vu sur le terrain, il y a des problèmes en ce qui concerne les inspections.
J'ai parlé de faits. Il y a le fait qu'il y a moins d'inspecteurs à Transports Canada pour faire les inspections. Je ne considère pas nécessairement que Transports Canada a fait tout son possible ou même plus que ce qu'il était censé faire. Même le vérificateur général l'a dit.
Si nous retournons au SGS, par exemple, et que nous examinons le changement de ratio — on a parlé aujourd'hui du ratio des agents de bord —, est-ce que les agents de bord sont impliqués dans le SGS qui viendrait après ça? Vous dites que oui mais, quand j'étais là-bas et quand Mike Sullivan était là-bas au CCRAC, je ne crois pas que nous ayons entendu un seul agent de bord dire que ça rehausserait la sécurité. Voilà mon problème.
Vous dites que vous travaillez avec les employés mais, ensuite, nous entendons dire que les employés ne sont pas satisfaits et que le risque est plus élevé. Voilà pourquoi nous posons nos questions.
Par exemple, en ce qui concerne la réduction du ratio d'agents de bord, quelle est l'implication des agents de bord dans…
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À WestJet, les agents de bord participent très étroitement à tout changement opérationnel. C'est l'un des principes fondamentaux d'un solide système de gestion de la sécurité, à savoir que l'un des éléments ou l'une des attentes est qu'il y ait de solides procédures pour une gestion sécuritaire du changement. La gestion du changement est toujours difficile pour tout le monde, autant pour les inspecteurs que pour les employés, dans les compagnies aériennes et dans n'importe quel système de transport.
Quand nous avons réfléchi à la mise en oeuvre de 1 pour 50, nous avons évidemment été rassurés par la disponibilité de données… en parlant des agents de bord du monde entier, et on nous suggérait de traverser la frontière. Dans le pays de la FAA et en Europe, on fonctionne exclusivement avec 1 pour 50 et ce, depuis des années. Je pense que ça concorde tout à fait avec ce que nous faisons. Ces pays-là ne considèrent pas nécessairement que c'est relié à la sécurité, le fait d'avoir un ratio de 1 pour 40 plutôt que 1 pour 50. Avec notre équivalence, nous sommes tout à fait à l'aise avec ça du point de vue de la sécurité.
Chaque fois que nous apportons un changement organisationnel à WestJet, nous employons un processus à valeur ajoutée, quelque chose qu'on trouve dans la culture japonaise. Nos employés participent au changement. Comme ce sont en fin de compte eux qui sont chargés du travail en première ligne, nous veillons à ce qu'ils soient encouragés à exprimer leur point de vue sur les procédures et les processus qu'ils doivent appliquer jour après jour. Comme ça constitue un point de départ, nous nous assurons qu'ils ont cette occasion. Ensuite, bien sûr, une fois que le processus est identifié, nous sommes tenus de faire le suivi du point de vue de l'efficience, au moyen de nos audits, entre autres, et nous nous assurons donc que leur point de vue est pris en compte. Et c'est seulement ensuite que les processus sont modifiés.
Ce sont eux qui assument vraiment la responsabilité première de la sécurité, en première ligne, et du processus dont ils sont responsables.