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Bonjour. Merci d'avoir invité Teamsters Canada à témoigner devant le comité pendant son étude sur le transport des marchandises dangereuses et les systèmes de gestion de la sécurité.
Avant de commencer, au nom de Teamsters Canada, j'offre nos condoléances aux familles et amis de Patrice Vincent et de Nathan Cirillo. Nous sommes vraiment désolés. Nos prières et souhaits de prompt rétablissement accompagnent tous ceux qui ont été blessés de quelque façon que ce soit pendant ces malheureux incidents. Je tiens notamment à remercier les employés et le personnel de sécurité sur la Colline d'assurer notre protection.
Teamsters Canada est un intervenant réglementé du Conseil canadien des administrateurs en transport motorisé, le CCATM, tout comme l'Alliance canadienne du camionnage. Le CCMTA s'occupe de tout ce qui touche à la route, et l'industrie prend des mesures proactives pour faire des changements positifs afin d'assurer la sécurité des Canadiennes et des Canadiens et de favoriser l'économie et l'industrie. Cela ne signifie pas que nous ayons toujours été d'accord avec l'ACC; nos divergences d'opinions ont cependant été rares au fil des ans. Dommage que tous les secteurs ne soient pas aussi ouverts à collaborer à l'amélioration du secteur des transports.
On associe souvent à tort le transport routier aux camions semi-remorques. Ce sous-secteur fait partie d'un secteur plus vaste. Teamsters Canada représente les travailleurs qui entrent dans la catégorie du transport routier, mais pas celle que vise l'étude du comité — il représente notamment les transporteurs de bière et de boissons gazeuses, les autobus et les autobus scolaires. Lorsqu'il est possible de le faire dans nos structures, nous représentons des divisions commerciales qui comprennent les conducteurs de véhicules blindés, de camions de lait, de camions d'épicerie et de véhicules de magasins au détail, les représentants de commerce, et les transporteurs de l'industrie du cinéma ainsi que ceux des salons professionnels. Le transport maritime peut aussi entrer dans notre catégorie « divers ». Les autres divisions commerciales de Teamsters Canada se rapportent davantage au thème de la réunion: colis et petits paquets — il s'agit des messagers du Canada — construction et gazoducs, dont les transporteurs de béton, les transporteurs de marchandises et les camions-citernes.
La division des colis et des petits paquets oeuvre au sein de l'industrie de la messagerie. Ces entreprises logistiques constituent un maillon important de la chaîne d'approvisionnement et transportent des marchandises dangereuses, correctement étiquetées, pour lesquelles elles suivent des procédures de sécurité rigoureuses. L'un des cas les plus intéressants que nous ayons traités a été la livraison de médicaments nucléaires à un hôpital de Vancouver qui se trouvait dans la zone d'exclusion créée pour les Jeux olympiques de 2010. Les petites quantités ne signifient pas nécessairement que nous ne devrions pas nous inquiéter.
Les divisions de la construction et des gazoducs transportent diverses substances qui entreraient dans la catégorie du transport des marchandises dangereuses — le carburant, par exemple. Il peut arriver que l’on ait aussi à transporter des explosifs, transport fortement réglementé. Les conducteurs sont tenus d’avoir les cotes de sécurité et les fiches de tarification de Transports Canada. Bien que nous ne croyons pas que ce soit nécessaire à ce stade, au besoin, la Loi sur le transport des marchandises dangereuses prévoit des cotes de sécurité de Transports Canada pour les transporteurs de marchandises dangereuses.
La division du transport des marchandises et des camions-citernes serait responsable de la majeure partie du transport des marchandises dangereuses. J'aimerais préciser que les produits les plus dangereux, comme le chlore, sont transportés par voie ferroviaire et non routière.
Les remorques à pleine charge portent des plaques-étiquettes et des mises en garde et sont conduites par des professionnels. Les petites quantités de produits feraient en sorte que les dommages seraient moindres en cas d’accident, fait très rare selon les dirigeants de la division des marchandises de Teamsters Canada. Ils ne se souviennent pas d’un accident impliquant un camionneur du groupe. Les remorques à charge partielle pourraient transporter des quantités moindres de marchandises dangereuses mélangées avec d’autres produits sans porter de plaques-étiquettes, ce qui poserait un risque pour les premiers répondants en cas d’accident.
Les camions-citernes transportent une vaste gamme de produits, dont du carburant, de l’essence, du diesel, de l’huile de chauffage, du carburant aviation, du propane et du butane, qui pourraient poser problème. Ces produits sont surtout transportés dans des citernes cloisonnées avec freins ABS antiroulis en quantités relativement modestes. Nous pourrions penser à des scénarios dans lesquels de grands dommages ont été causés, et ces citernes présentent aussi des risques, mais comme je l’ai mentionné, les dirigeants de Teamsters Canada ne se souviennent pas que des cas semblables se soient produits. Il est clair que c'est une bonne chose.
Dans l’industrie du camionnage, les systèmes de gestion de la sécurité, les SMS, n’existent pas. Les SMS sont vraiment une déréglementation sans fondement. Nul n’est besoin d’une réglementation pour que les entreprises aient des SMS; c’est une pratique exemplaire en affaires. L’industrie du camionnage s’en remet plutôt à de la formation créée et offerte par elle-même. Les expéditeurs veillent à ce que les conducteurs aient les connaissances requises avant de quitter l'installation avec le carburant. D’autres programmes portant, entre autres, sur la sécurité, le réglage et les freins sont des composantes de ce qu’on pourrait associer aux SMS, mais ne sont pas comparables. Les SMS ne fonctionneraient tout simplement pas dans le secteur du camionnage et, franchement, ils ne sont pas nécessaires, car les systèmes mis en place par le secteur fonctionnent. On ne peut pas en dire autant des SMS dans d’autres secteurs.
Sont-ils parfaits? Pas du tout, mais la semaine prochaine, l’ACC et Teamsters Canada assisteront aux réunions du CCATM pour tenter de faire progresser le secteur. C’est ainsi que l'on procède dans le secteur du camionnage.
Merci.
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Merci, monsieur le président, et merci aussi aux membres du comité. Au nom de notre industrie, j’aimerais aussi dire que nos pensées accompagnent toutes les personnes touchées par les événements de la semaine dernière mais, comme toujours, les Canadiennes et les Canadiens ont su se rassembler.
Nous avons envoyé une présentation détaillée plus tôt cette année. Je ne sais pas si vous l’avez tous lue en détail, mais quoi qu’il en soit, j’aimerais prononcer quelques remarques, au sujet, d'abord, de l’ACC.
Nous sommes une fédération d'associations provinciales de camionnage au Canada, la Manitoba Trucking Association en fait notamment partie — vous entendrez le témoignage de Terry dans un moment — et, à ce titre, nous représentons plus de 4 500 entreprises de camionnage au pays.
Geoff Wood, qui m’accompagne, est notre VP aux opérations et à la sécurité. Il est aussi membre du comité consultatif ministériel sur la politique générale relative au transport des marchandises dangereuses.
Rod Bantle est le VP principal au transport par camion chez Gibson Energy. Gibson est en affaires depuis plus de 60 ans. Chaque année, cette entreprise transporte plus de 150 millions de barils d’équivalent pétrole au Canada et aux États-Unis. Il est l’un des plus grands transporteurs d’huile brute dans l’Ouest canadien et le plus grand transporteur indépendant d’huile brute pour le compte d’autrui aux États-Unis.
Selon Statistique Canada, 70 % de toutes les marchandises dangereuses par tonnage sont transportées par voie routière, alors que 24 % le sont par voie ferroviaire, 6 % par voie maritime et moins de 1 % par voie aérienne.
Il y a littéralement des milliers de marchandises classées dangereuses. Le règlement même en dénombre plus de 2 200. Nombre d’entre elles sont des produits ménagers communs, mais quoi qu’il en soit, elles ont toutes des propriétés différentes et posent aussi des risques différents. Elles sont transportées en diverses quantités, par chargement complet ou partiel, et par divers moyens de transports allant des camions semi-remorques aux camions-citernes.
Le pétrole brut, le pétrole, l’essence et le mazout représentent 77 % de toutes les marchandises dangereuses transportées par voie routière au Canada. Le transport sur une longue distance du pétrole brut aux raffineries, sujet auquel le comité s’est attaché, se fait par gazoduc et par voie ferroviaire. Les camions ne sont simplement pas une option abordable pour ces types de livraisons.
Les camions servent à transporter le pétrole brut au milieu du processus de développement des produits, étape à laquelle les livraisons se font généralement sur une courte distance et où les taux entre le transport routier et ferroviaire sont comparables, mais le premier est habituellement plus rapide. Dans cette industrie, les camions ne remplaceront jamais les gazoducs ou le transport ferroviaire. Même si nous le souhaitions, il n'y a pas suffisamment de camions, de conducteurs ou de routes en Amérique du Nord pour répondre à la demande.
Il est aussi peu probable qu’un incident de l’ampleur de celui qui s’est produit à Lac-Mégantic puisse se produire dans l’industrie du camionnage. La quantité de produits que nous expédions dans une seule cargaison est infime comparativement à celle que transporte un train de wagons-citernes.
On ne connaît pas le nombre réel de cargaisons de marchandises dangereuses transportées par camion. C’est un peu problématique, je suppose, de ne pas avoir ce type de données. Nous estimons que l'on transporte au moins deux millions, et probablement beaucoup plus, de cargaisons de marchandises dangereuses au Canada chaque année.
En nous fondant sur ce nombre, deux millions, nous avons examiné les incidents impliquant des camions transportant des marchandises dangereuses en 2012. Les statistiques montrent que la fréquence et la gravité de la plupart des incidents impliquant des camions sont relativement peu élevées.
Il y a environ 1,64 incident sur 10 000 cargaisons. La plupart d’entre eux sont très mineurs — les fuites causées ne dépassant pas les 500 litres, elles ne représentent pas un risque particulier pour l’environnement et la sécurité. La plupart des incidents, environ 71 % d’entre eux, se produisent au stade du chargement ou du déchargement, surtout des camions-citernes.
Enfin, je pense que le public se préoccupe davantage des accidents qui surviennent sur la route. La fréquence des incidents causés par des accidents de la route est extrêmement basse 0,27 par 10 000 cargaisons.
Ces données appuient ce que Phil a dit, c’est-à-dire que l’industrie gère elle-même le transport des marchandises dangereuses de manière proactive et efficace. Si votre entreprise vous tient à cœur, la sécurité est votre affaire.
Elles laissent aussi entendre que la réglementation est, en général, efficace pour prévenir des incidents impliquant des camions. Quoi qu’il en soit, les camionneurs, plus que quiconque dans l’industrie du transport, partagent leur espace de travail avec le public. Voilà pourquoi ils ont la responsabilité supplémentaire de devoir constamment améliorer leurs pratiques, qu’ils transportent ou non des marchandises dangereuses.
Nos membres croient que la concurrence devrait être fondée sur le service et le prix, et que ce prix devrait englober le coût véritable de la conformité pour tous les transporteurs. Nous n’avons aucune tolérance pour les transporteurs qui cherchent à obtenir un avantage concurrentiel en transgressant ou en contournant les règles et en essayant ensuite de passer inaperçus. Fort heureusement, ils sont minoritaires. Nous croyons en une réglementation et une application efficaces.
Les transporteurs de passagers et les camionneurs doivent se conformer à un ensemble exhaustif de règlements en matière d’environnement et de sécurité routière. La plupart des transporteurs, certainement tous ceux qui transportent des matières dangereuses, ont des systèmes internes de gestion de la sécurité, bien que — comme Phil l'a mentionné — ce ne soit pas une exigence réglementaire. À la place, le système réglementaire qui gouverne le camionnage, qui est administré par les provinces, s’attache au rendement et aux résultats, peut-être plus que pour tout autre moyen de transport.
Tous les transporteurs de passagers sont sujets à l’application de la réglementation sur la route comme les conducteurs d’automobiles. Ils sont sujets à des amendes pour infractions, et les conducteurs et les véhicules peuvent être arrêtés en tout temps au bord de la route s’ils ne respectent pas les normes. Ils sont aussi sujets à des inspections des installations. Les gouvernements provinciaux gardent les profils de toutes les entreprises de camionnage et de tous les conducteurs. Ils cumulent les infractions; divers seuils sont atteints, et ils imposent des sanctions plus sévères et plus progressives, qui peuvent aller de la déclassification de la cote de sécurité à la perte des privilèges d'exploitation.
Pour ce qui est de savoir s’il existe des questions d’harmonisation, la réponse est oui, bien que le niveau d’harmonisation soit peut-être à son plus élevé en ce qui touche la réglementation du transport des marchandises dangereuses. Quant à la question de savoir si l’application se fait de façon inégale, la réponse est aussi oui, tout comme à celle de savoir s’il y a moyen d’améliorer les choses. Cependant, lorsque l’on compare les résultats avec ce qui se fait dans le reste de l’Amérique du Nord, il semblerait que le système réglementaire canadien fonctionne très très bien.
Encore une fois, si la fréquence des incidents impliquant des marchandises dangereuses causés par des accidents de la route est extrêmement basse, les produits dangereux sont la cause de la plupart des incidents importants, soit environ 57 % d'entre eux. On entend par incident important toute fuite, habituellement de liquides inflammables, supérieure à 5 000 litres.
Bien que ces incidents importants ne représentent que 6,5 % environ de tous les incidents, ils se produisent encore sur notre lieu de travail — que nous partageons avec le public. L’ACC serait donc très favorable à l’instauration de deux principales mesures de sécurité pour les camions lourds, qu’ils transportent ou non des marchandises dangereuses; et elle serait, à cette fin, disposée à collaborer avec le gouvernement fédéral.
La première mesure serait un mandat universel exigeant de tous les camionneurs qu’ils remplacent par un journal de bord électronique le journal de bord version papier qu’ils doivent transporter en application de la réglementation fédérale actuelle sur les heures de service.
Deuxièmement, nous aimerions que le gouvernement exige que tous les camions lourds soient équipés de systèmes de stabilité en roulis, comme c’est le cas aux États-Unis. Cette norme de fabrication est simplement une police d’assurance bon marché.
En outre, l’ACC invite les provinces à exiger l’activation obligatoire de limiteurs de vitesse dans tous les camions, comme l’ont fait l’Ontario et le Québec. L’on s’attend à ce que les États-Unis adoptent une règle semblable l’an prochain. Un nombre croissant de transporteurs de matières dangereuses responsables investissent déjà volontairement dans cette technologie. Nous avons besoin de rallier le reste de l’industrie à notre cause.
Nous appuyons aussi une formation de base obligatoire pour les camionneurs, qui soit conforme aux normes de l’industrie nationale. Il s’agit encore une fois d’une responsabilité provinciale.
Quoi qu’il en soit, l’industrie a un bilan de sécurité enviable. Les camions sont les véhicules les plus sécuritaires sur les routes, et la catégorie de conducteurs les plus sûrs est celle des camionneurs, mais en travaillant ensemble, nous pouvons encore améliorer les choses.
Nous aimerions jeter l'éclairage sur deux aspects de la réglementation du transport des marchandises dangereuses que l'on pourrait améliorer, sans tenir compte de son efficacité globale en ce qui touche le camionnage.
Premièrement, il y aurait lieu d’exiger de l’expéditeur qu’il assume mieux ses responsabilités. Les transporteurs se plaignent souvent que les expéditeurs ne leur fournissent pas la documentation nécessaire et ne connaissent pas bien la réglementation ou parfois même les caractéristiques de leurs propres produits. Nos conducteurs sont autant des spécialistes des produits que des conducteurs en tant que tels. C’est le transporteur et le conducteur qui portent le poids de l’application de la réglementation au bord de la route, pas l’expéditeur. Selon nous, c’est une question sur laquelle Transports Canada et les provinces doivent se pencher.
Deuxièmement, la réglementation en matière de transport des marchandises dangereuses oblige les transporteurs à veiller à ce que les conducteurs reçoivent la formation et la certification nécessaires pour transporter ce type de marchandises. Nous y sommes entièrement favorables, mais nous croyons qu’il y aurait lieu d’envisager d’exiger des personnes qui offrent la formation en tant que telle, que ce soit en entreprise ou par l’intermédiaire d’un tiers, qu’elles soient certifiées pour le faire. L’ACC et les associations provinciales offrent déjà beaucoup d’aide à la formation des formateurs. Nous serions heureux de vous aider.
Je termine sur cette note. Je serai ravi de répondre à vos questions. Merci de nous avoir permis de témoigner aujourd’hui.
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Nous vous savons gré de nous avoir invités aujourd’hui.
Pour ceux d’entre vous qui ne nous connaissent pas, la Manitoba Trucking Association a été fondée en 1932. Elle représente environ 300 entreprises membres, qui elles-mêmes représentent plus de 25 % des entreprises de camionnage pour le compte d’autrui au Manitoba, qui elles-mêmes possèdent plus des trois quarts des camions immatriculés dans la province.
Comme M. Bradley l’a mentionné, la MTA est membre de l’Alliance canadienne du camionnage.
Je dirais que les personnes qui ont examiné des rapports sur le sujet acceptent en général que l’industrie du camionnage est sécuritaire et qu’elle a constamment amélioré sa sécurité.
Avant d’aborder les points se rapportant directement au transport des marchandises dangereuses, j’aimerais donner un bref aperçu de certaines initiatives de l’industrie manitobaine attribuables à la MTA afin de mettre en contexte l’attitude des camionneurs manitobains face à la sécurité. Bien que je sois ici aujourd’hui pour parler du point de vue du Manitoba, je confirme que toutes les associations membres de l’ACC prennent des démarches très semblables dans leurs provinces.
La MTA a pour mandat de créer et de maintenir un contexte opérationnel sain et sécuritaire pour les membres de l’industrie. Ce n'est pas le fruit du hasard si l'on emploie le mot « sécuritaire » et si l'on parle de la sécurité comme de l'une des principales préoccupations de nos entreprises membres. Cet énoncé souligne une valeur fondamentale de nos membres et guide le travail du personnel de la MTA.
En juin 2012, le conseil d’administration de la MTA a pris position en faveur de la création d’un programme de certificat de reconnaissance pour l’industrie du camionnage. Ce programme vise à créer des outils et formations propres à l’industrie pour aider les entreprises de camionnage à prendre des mesures de prévention et de sécurité. Le mois dernier, SAFE Work Manitoba a approuvé cette initiative, et nous collaborons actuellement avec eux à la mettre en place.
J’aimerais faire remarquer que les éléments recherchés dans le cadre d’un programme de certificat de reconnaissance propre à l’industrie s’alignent très étroitement avec les principaux éléments d’un SMS, comme l’a indiqué Transports Canada; on pense notamment à l’engagement que prend la haute direction de l’organisme à l’égard de la sécurité, comme en témoignent, entre autres, les politiques en matière de sécurité, les objectifs mesurables en matière de sécurité, et les responsabilités organisationnelles et les obligations de rendre compte clairement définies en matière de sécurité.
Pendant des années, la MTA a participé activement à la création et à l’offre d’outils d’éducation et de formation propres à l’industrie, comme la collaboration avec Apprenticeship Manitoba à la reconnaissance du métier de camionneur commercial comme métier désigné. Nous travaillons en partenariat avec Manitoba Public Insurance au programme de formation des camionneurs débutants et avec la province du Manitoba à un programme d’anglais au travail adapté à l’industrie du camionnage. De plus, nous offrons constamment de la formation réglementaire applicable à l’industrie, notamment en ce qui concerne le transport des marchandises dangereuses.
Bien que tous ces outils ne soient pas axés sur la sécurité, encore moins sur la sécurité du transport des marchandises dangereuses, nous les mentionnons pour montrer l’importance que l’industrie accorde à l’éducation et à la formation. Bien que je ne puisse pas vous donner de preuves tangibles de l’incidence positive directe de l’éducation et de la formation permanentes sur la sécurité de l’industrie, nous croyons que le fait de rehausser l’éducation et la formation a pour conséquence directe d’améliorer la sécurité.
En réponse à certaines des questions à l’étude aujourd’hui, par exemple concernant les mesures supplémentaires potentielles pour rehausser la sécurité du transport des marchandises dangereuses quel que soit le mode de transport, je vais conclure en vous faisant des suggestions précises, mais avant cela, je voudrais porter à votre attention le rapport annuel de 2009 de Transports Canada intitulé « Sécurité des véhicules commerciaux au Canada », car c’est le plus récent.
Le rapport fait notamment mention du contrôle routier, programme annuel d’inspections de sécurité appliqué partout en Amérique du Nord, donc au Canada, aux États-Unis et au Mexique. Le rapport confirme que le taux d’exclusion du service dont il a été question dans le contrôle routier de 2009 est légèrement meilleur que celui de l’année précédente et qu’il poursuit la tendance à la baisse des 12 dernières années. En outre, les résultats canadiens étaient meilleurs que ceux qui ont été rapportés aux États-Unis.
Le rapport indique aussi que les résultats concernant les véhicules commerciaux dans toutes les catégories, y compris les inspections et les incidents comme les blessures ayant causé la mort et les dommages à la propriété, sont aussi à la baisse; ils s’en vont donc dans la bonne direction. Ils faisaient abstraction du fait que le kilométrage des véhicules augmente aussi régulièrement. Selon le rapport, les statistiques sur les collisions et les victimes entre 1990 et 2009 montrent que le bilan de sécurité routière du Canada ne cesse de s’améliorer.
Un survol rapide des statistiques annuelles du CANUTEC montre aussi un nombre infime d’incidents de camionnage, surtout par véhicule-kilomètre. Comme M. Bradley l’a mentionné, on ignore le nombre précis de véhicules-kilomètres parcourus par des transporteurs de marchandises dangereuses, mais l’on croit qu’il est considérable, puisque la majorité des marchandises dangereuses sont transportées par camion. Le survol du CANUTEC montre aussi que le nombre d’incidents relatifs au transport des matières dangereuses diminue au fil du temps. Bien que le rapport ne s’attache pas à l’ampleur des incidents, les possibilités d’incidents majeurs pendant le transport routier sont très limitées.
Pour répondre à la question de savoir si la mise en oeuvre des systèmes de gestion de la sécurité devrait être ajustée pour être davantage axée sur le transport des marchandises dangereuses, nous croyons que les améliorations annuelles constantes en matière de sécurité routière témoignent de l’effet du régime réglementaire actuel.
Bien que nous ne suggérions pas qu’il faille rehausser le régime réglementaire en place ou qu’il n’y ait pas lieu de cibler les résultats actuels de l’industrie, nous sommes d’avis que le fait de se concentrer sur ce régime et de discuter de la façon d'accroître son incidence serait ce qu'il y a de mieux pour le gouvernement et l’industrie.
Cela étant dit, en plus de toutes les mesures prévues dans le Code canadien du travail ou de toute mesure législative provinciale en matière de santé et de sécurité au travail, 71 % des entreprises de camionnage ont déjà instauré un système de gestion de la sécurité selon le rapport de 2011 du CCATM intitulé « Évaluation des facteurs humains dans l’industrie du transport routier au Canada ».
La mise en place de systèmes de gestion de la sécurité a-t-elle rehaussé la sécurité de notre régime de transport? Encore une fois, nous ne pouvons pas nous prononcer sur d’autres moyens de transport, mais les renseignements fournis par Transports Canada sur la sécurité routière révèlent que l’industrie du camionnage améliore constamment ses résultats en matière de sécurité routière. Même si je n’avancerais pas qu’il soit possible de les attribuer directement aux systèmes de gestion de la sécurité, je dirais que ces résultats suggèrent que les pratiques actuelles de l’industrie dans le cadre des régimes réglementaires en vigueur ont une incidence positive.
La sécurité n’est pas qu’une fonction réglementaire pour l’industrie du camionnage. Nous comprenons bien les conséquences du manque de sécurité et nous croyons que les résultats montrent que l’industrie du camionnage en est consciente et qu’elle prend les mesures qui s’imposent.
S’agissant des mesures supplémentaires pour rehausser la sécurité du transport des marchandises dangereuses, bien que j’aie parlé très brièvement des tendances positives en matière de sécurité routière, je dirais qu’il y a quand même place à l’amélioration et que le système et les résultats actuels de l’industrie pourraient être rehaussés par des efforts continus en ce sens. Un engagement accru à l’égard de la sécurité routière de la part de tous les maillons de la chaîne d’approvisionnement et l’utilisation stratégique de la technologie pour rehausser la sécurité routière sont deux points sur lesquels j’aimerais que vous vous penchiez.
L’article 1.5 de la partie 1 du Règlement sur le transport des marchandises dangereuses du Canada énonce clairement que « la manutention, la demande de transport et le transport des marchandises dangereuses doivent être conformes au présent règlement ». Cela signifie que tous maillons de la chaîne d’approvisionnement sont responsables du mouvement sécuritaire de ces marchandises, de l’emballage et du chargement du produit à l’entreprise de transport, en passant par les clients de ce type d'entreprise.
Nous sommes d’avis qu’en trouvant des façons de limiter la capacité de certains maillons de la chaîne d’approvisionnement de laisser les responsabilités et les risques aux autres, l'on rehausserait la qualité du système dans son ensemble. Encore une fois, bien que ce ne soit pas une considération primordiale, surtout en ce qui touche le transport des marchandises dangereuses, elle est suffisamment répandue pour que nous la jugions digne de mention comme possibilité d’amélioration.
À titre de membres de l’ACC, nous sommes aussi favorables aux positions prises à l’échelle nationale en ce qui concerne les journaux de bord électroniques et les systèmes de stabilité antiroulis. Nous recommanderions notamment que les conducteurs qui gardent un journal de bord en version papier conformément à la réglementation nationale sur les heures de service soient équipés de journaux de bord électroniques. En outre, nous recommanderions que tous les camions lourds neufs soient équipés de systèmes de stabilité antiroulis, norme de fabrication déjà adoptée aux États-Unis. Ces deux méthodes rehausseraient la conformité à la réglementation et la sécurité routière. Si elles ne concernent pas directement le transport des marchandises dangereuses, elles auraient toutefois le mérite de rehausser la sécurité routière générale dans le cadre du mouvement de ces marchandises.
Merci du temps que vous m'avez accordé.