:
Merci, monsieur le président et membres du comité.
[Français]
Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui pour discuter de trois lois que Transports Canada propose de modifier en application du projet de loi d'exécution du budget.
[Traduction]
Je suis accompagné aujourd'hui de Kash Ram, directeur général, Sécurité routière et règlements véhicules automobiles; Mme Kim Benjamin, directrice des programmes de sécurité routière, qui est là pour nous assister; et M. Michel Leclerc, le directeur de la coordination des affaires réglementaires.
[Français]
Ces propositions de modification découlent des engagements pris dans le cadre du Conseil de coopération en matière de réglementation en décembre 2011. Des 29 initiatives originales du conseil déterminées en fonction d'un plan d'action conjoint Canada—États-Unis, 11 avaient pour thème le domaine des transports.
Pour finaliser la mise en oeuvre des plans d'action visant la sécurité des véhicules automobiles, le transport des marchandises dangereuses et la sécurité ferroviaire, il fallait apporter des modifications législatives.
[Traduction]
Comme les membres du comité le savent déjà, l'objectif à long terme du Conseil de coopération en matière de réglementation est d'établir des mécanismes systémiques pour éliminer les obstacles réglementaires entre le Canada et les États-Unis.
[Français]
Les incohérences en matière de réglementation coûtent de l'argent, peu importe le côté de la frontière où l'on se trouve, car la nécessité de se conformer à deux régimes réglementaires représente une perte d'efficience pour des économies aussi intégrées que celles du Canada et des États-Unis. Les normes sont souvent identiques, mais exprimées comme s'il s'agissait de critères différents, et les coûts de fabrication et de distribution sont refilés aux consommateurs.
[Traduction]
La synchronisation des phases d'élaboration des politiques et d'adoption de nos processus réglementaires respectifs permettra d'établir des cadres réglementaires mutuellement profitables et bénéfiques pour les deux pays, en plus de promouvoir la croissance économique, la création d'emplois et des avantages pour les consommateurs et les entreprises.
Les parties intéressées du Canada et des États-Unis qui ont été consultées au cours de l'automne 2013 ont très largement appuyé l'initiative du Conseil de coopération en matière de réglementation. Elles ont particulièrement approuvé les efforts visant à institutionnaliser la coopération et à supprimer les obstacles empêchant de procéder rapidement à une harmonisation lorsqu'un important consensus existe.
En conséquence, voici les modifications législatives qui sont proposées à la Loi sur la sécurité automobile.
[Français]
Le programme canadien de la sécurité automobile repose sur la Loi sur la sécurité automobile ainsi que sur ses règlements et normes connexes. Cette réglementation régit à elle seule la fabrication et l'importation de véhicules automobiles, de nouveaux pneus et de dispositifs conçus pour protéger les enfants et les personnes handicapées à bord d'un véhicule.
Les modifications projetées à la Loi sur la sécurité automobile soutiennent directement deux éléments du plan de travail du Conseil de coopération en matière de réglementation, sans parler des objectifs globaux de l'initiative. Ces modifications ont pour objectif d'éliminer les obstacles et d'aligner les régimes réglementaires en matière de sécurité automobile, dans la mesure du possible, entre le Canada et les États-Unis. Elles ont également pour but d'alléger le fardeau administratif et d'accroître l'efficacité tout en rehaussant la sécurité des Canadiens.
[Traduction]
Ces modifications entrent dans quatre catégories: l'élaboration de règles, l'importation, la sécurité en ce qui concerne la conformité et l'application ainsi que la collecte de renseignements.
Pour ce qui est de l'élaboration de règles, les nouvelles dispositions à cet égard facilitent une meilleure harmonisation avec les normes des États-Unis et des autres pays lorsque le gouvernement du Canada estime que c'est souhaitable. Les changements proposés permettront au régime canadien de la sécurité automobile de s'adapter de façon plus efficace à la technologie émergente.
Les changements relatifs à l'importation permettront d'importer des véhicules et du matériel lorsque la norme de sécurité des États-Unis est réputée donner les résultats requis au Canada sur le plan de la sécurité. Ils élimineront également d'autres irritants relatifs à l'importation tout en continuant à protéger la sécurité du public.
[Français]
Les modifications apportées aux dispositions de conformité relatives à la mise en application de la loi et des règlements permettent d'harmoniser étroitement les régimes canadien et américain tout en continuant de mieux protéger et servir les Canadiens.
[Traduction]
En permettant à Transports Canada d'obtenir et de distribuer plus facilement les renseignements relatifs à la sécurité automobile, ces changements aideront à tenir les Canadiens informés des problèmes relatifs à la sécurité automobile et permettront au gouvernement de prendre des décisions plus éclairées sur le plan de sa politique et de sa réglementation.
[Français]
Quant à la Loi sur la sécurité automobile, les modifications projetées assureront la sécurité des véhicules vendus aux Canadiens d'une manière qui tiendra compte de la nature intégrée du marché automobile nord-américain. Elles réduiront, le cas échéant, le fardeau de l'industrie en ce qui a trait à la conformité et respecteront les attentes du public à l'égard des régimes similaires en matière de surveillance de la sécurité.
Passons maintenant aux deux autres lois, soit
[Traduction]
la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi sur le transport des marchandises dangereuses de 1992.
[Français]
Les modifications relatives à la Loi sur la sécurité ferroviaire et à la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses sont identiques et visent à moderniser des dispositions législatives qui remontent au début des années 1980, soit avant l'adoption par le gouvernement canadien de la toute première politique de réglementation fédérale en 1986.
[Traduction]
Les membres du comité n'ignorent pas que la version actuelle de la politique de 1986, la directive du Cabinet sur la gestion de la réglementation, exige toujours que les règlements proposés soient annoncés dans la partie I de la Gazette du Canada, avant d'être adoptés, même lorsque la loi habilitante reste silencieuse à ce sujet. Dans les circonstances, il est logique d'appliquer les mêmes normes que celles qui s'appliquent à la plupart des autres règlements fédéraux en ce qui concerne la publication préalable.
Merci beaucoup. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
:
Bonjour, monsieur le président et membres du comité.
Je m'appelle Thao Pham. Je suis la sous-ministre adjointe des ponts fédéraux de Montréal, à Infrastructure Canada. Je suis accompagnée, ce matin, de Marc Brazeau, directeur général du nouveau pont pour le Saint-Laurent, à Infrastructure Canada et de Nicholas Wilkshire, avocat-conseil, à Justice Canada.
Nous vous remercions de nous avoir invités à vous donner un aperçu général de la Loi visant le nouveau pont pour le Saint-Laurent. Comme vous le savez sans doute, selon un rapport d'experts en ingénierie datant de 2010, le pont Champlain qui existe actuellement à Montréal est parvenu au terme de sa vie utile. Suite aux recommandations d'une étude de préfaisabilité, le gouvernement du Canada a annoncé, le 5 octobre 2011, qu'il remplacerait le pont existant. En décembre 2013, le gouvernement du Canada a annoncé que la construction du nouveau pont pour le Saint-Laurent sera accélérée et que le nouveau pont entrera en service en 2018.
Le gouvernement du Canada a aussi annoncé que le pont sera construit dans le cadre d'un partenariat public-privé. Une analyse de rentabilisation a montré qu'un partenariat public-privé permettrait aux contribuables d'en obtenir plus pour leur argent et garantirait la réalisation du projet dans les délais voulus et sans dépassement de budget.
Dans le contexte de l'accélération de la construction du nouveau pont, cette loi assurera la mise en place des autorisations nécessaires pour la mise en oeuvre de tous les aspects du pont. La Loi visant le nouveau pont pour le Saint-Laurent apportera le plus de certitude juridique possible afin d'éviter des retards attribuables à différentes interprétations juridiques ou les prix plus élevés que les soumissionnaires pourraient exiger pour tenir compte des incertitudes.
[Français]
En bref, l'objectif principal de la Loi visant le nouveau pont pour le Saint-Laurent consiste à fournir la certitude et les autorisations requises pour que le projet puisse être réalisé sans retard.
[Traduction]
Les principales dispositions législatives de ce projet de loi comprennent ce qui suit.
Premièrement, la loi désignera le ministre qui sera nommé par le gouverneur en conseil pour être le ministre chargé de l'administration de la loi. La loi déclarera aussi que le nouveau pont pour la rivière du Saint-Laurent est à l'avantage général du Canada et en fera, par le fait même, un ouvrage fédéral. Étant donné que le nouveau pont pour le Saint-Laurent sera un pont intraprovincial, ce projet pourrait être considéré comme un ouvrage provincial. Cette clause garantit donc que le gouvernement du Canada aura compétence sur le pont plutôt que la province de qui relèverait, autrement, un ouvrage provincial.
D'autre part, la loi autorisera le ministre responsable à conclure une entente relative au pont ou aux travaux qui s'y rapportent avec toute personne, le gouvernement du Québec ou une subdivision politique de ce gouvernement, par exemple, les municipalités du Québec. Des ententes de ce genre pourraient porter, par exemple, sur le déplacement des services publics, l'échange d'information et toute la collaboration nécessaire pour le travail préparatoire.
La loi conférera au ministre responsable le pouvoir de fixer et de percevoir les péages sur le nouveau pont par voie de règlements. La loi conférera au ministre des Travaux publics et Services gouvernementaux le pouvoir de conclure une entente avec un tiers, en l'occurrence un partenaire privé, pour la conception, la construction et l'exploitation du pont.
Nous avons l'intention d'obtenir toutes les approbations requises pour ce projet. Néanmoins, comme nous ne savons pas encore quels seront tous les permis requis, une clause de la loi donne au gouverneur en conseil le pouvoir d'exempter le projet de l'obligation d'obtenir certains permis fédéraux s'il est jugé dans l'intérêt public de le faire. En l'occurrence, cette exemption devra être accordée au cas par cas. Il s'agira donc d'une exemption ponctuelle.
Enfin, la loi exempte le projet de l'application de la Loi sur les frais d'utilisation et de la Loi sur les ponts. Encore une fois, ces exemptions visent à éviter les incertitudes juridiques et le double emploi à l'égard de la loi qui pourrait s'appliquer au nouveau pont.
Même si la Loi sur les ponts ne s'applique pas à ce projet, l'entente de partenariat public-privé contiendra des clauses très précises et très rigoureuses ainsi que des normes de rendement élevées à l'égard de la mise en service et de l'inspection du nouveau pont. En ce qui concerne la Loi sur les frais d'utilisation, étant donné les caractéristiques particulières du projet, il a été décidé que les droits de péage seraient établis par voie de règlements ministériels.
Voilà qui termine ma déclaration, monsieur le président. Nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions.
Merci.
Précisons-le bien, monsieur le président, pour les Canadiens qui nous regardent. Une fois de plus, le Cabinet s'arroge des pouvoirs pour être certain de contrôler ce que les Canadiens veulent voir ou ne pas voir pendant une période de 30 à 90 jours avant l'adoption d'un règlement.
Passons, si possible, à la question du pont.
Madame Pham, vous nous avez fait très rapidement un bon résumé. Vous avez dit qu'il y a eu une étude de préfaisabilité. En 2011, le gouvernement a annoncé la construction d'un nouveau pont. En 2013, la construction a été accélérée. En 2018 — vous avez répété aujourd'hui ce que le ministre a répété la dernière fois qu'il a bien voulu comparaître ici — le pont sera en service. Selon le , il sera prêt à entrer en service d'ici 2018.
C'est très, très difficile à croire pour les Canadiens. Nous n'avons même pas encore de partenaire du secteur privé pour ce pont, n'est-ce pas?
:
Comme c'est votre obligation.
J'ai de la sympathie pour vous, madame Pham, parce qu'en 2006, quand le gouvernement est arrivé au pouvoir, tous les documents d'information qui ont été transférés au Bureau du premier ministre, au Bureau du Conseil privé et chaque secteur de l'industrie signalaient que le pont posait un grave problème. D'ailleurs, en 2011, le gouvernement a reçu une note d'information secrète disant que le pont était en mauvais état et exigeait des gros travaux de renforcement et d'autres réparations pour éviter de compromettre la sécurité du public.
Vous nous dites que vous allez construire en trois ans un pont de 3 à 5 milliards de dollars lorsqu'un partenaire du secteur privé aura été choisi. Pouvez-vous nous dire si vous avez effectué une analyse ou un examen des effets distributifs? Autrement dit, une fois que le gouvernement aura imposé un péage sur ce pont, qui est le pont le plus achalandé du Canada et l'un des plus importants pour notre économie, quels effets cela aura-t-il? Quelle analyse avez-vous faite pour évaluer les effets sur les autres ponts, sur le transport en commun et sur les autres voies publiques dans la région de Montréal?
:
Je remercie les fonctionnaires de comparaître aujourd'hui pour notre étude des clauses de la loi d'exécution du budget, le projet de loi , qui s'appliquent à des questions importantes pour notre comité, le Comité permanent des transports, de l'infrastructure et des collectivités.
Le Conseil Canada-États-Unis de coopération en matière de réglementation est une initiative découlant de l'entente Par-delà la frontière conclue entre notre premier ministre et le président Obama en 2011. Bien entendu, le but de ce conseil de qui relèvent, je crois, 29 initiatives différentes de coopération sur le plan de la réglementation, est d'inciter non seulement le gouvernement, mais aussi les entreprises et les autres parties intéressées à trouver des moyens d'améliorer l'harmonisation pour les questions à caractère largement administratif et parfois réglementaire de façon à améliorer la coopération économique et la compétitivité sans sacrifier la sécurité. Le public doit comprendre, je pense, qu'il s'agit aussi d'un objectif important.
Du point de vue de l'industrie — car je viens du secteur automobile; j'ai travaillé dans la chaîne de montage de Chrysler avant d'être élu au Parlement — je crois que le Canada représente environ 9 % du marché automobile nord-américain. Les différences sur le plan de la réglementation ou les normes uniques, que ce soit sur le plan des économies de carburant ou dans d'autres domaines, forcent les entreprises à voir si elles peuvent offrir des produits dans un marché, si elles pourront ou non absorber le coût des changements dans différents segments du marché nord-américain ou si elles disposeront ou non de la totalité du marché nord-américain pour absorber le coût des améliorations que la réglementation les oblige à apporter dans leur production.
Premièrement, en ce qui concerne le gouvernement, pourquoi devrions-nous nous soucier de l'harmonisation des normes de sécurité? Deuxièmement, s'agit-il seulement d'harmoniser nos normes avec celles des États-Unis ou y a-t-il des cas où ce sont les États-Unis qui devraient harmoniser leurs normes avec les nôtres? Troisièmement, les États-Unis envisagent-ils d'apporter des changements similaires à leur réglementation pour assouplir leur système, dans le même but que nous?
:
Monsieur le président, je vais parler dans les grandes lignes de l'harmonisation des règles et des défis à relever.
Dans tous les domaines — pas seulement le transport des marchandises dangereuses par rail; mais aussi le transport par bateau et par avion — nous essayons d'avoir les normes les plus élevées possible. Dans les domaines de la marine et de l'aviation, nous traitons avec des organismes internationaux soit l'Organisation maritime internationale et l'OACI qui se trouve à Montréal. Avec ces organismes, nous avons la possibilité d'élaborer des normes internationales qui sont adoptées dans de nombreux pays. L'OMI compte 169 membres.
En ce qui concerne le transport des marchandises dangereuses et les chemins de fer, nous sommes dans le contexte de normes nord-américaines, ce qui exige beaucoup de dialogue, surtout avec les États-Unis. Nous essayons continuellement d'influencer les organismes de réglementation américains, mais n'oubliez pas que nous traitons avec un géant et que nous avons besoin de beaucoup d'appui au niveau le plus élevé. Le CCR fait ce travail pour nous.
Le travail que nous faisons avec nos homologues des deux côtés de la frontière sur le plan de l'harmonisation nous aide à niveler nos exigences et à tenir compte des pratiques exemplaires en place des deux côtés de la frontière. Cela a été assez bénéfique jusqu'ici et nous continuerons dans cette voie.
:
Monsieur le président, nous avons fait une évaluation comparant la méthode traditionnelle et la méthodologie PPP. Il ressort des études et des analyses qu'un partenariat public-privé serait plus avantageux pour les contribuables canadiens. Nous nous attendons à réduire nos coûts d'environ 5 % ce qui représente, je pense, 18 % des coûts du projet.
Le premier avantage du PPP est qu'étant donné que le partenaire privé conclura une entente contractuelle avec le gouvernement, il sera soumis à des clauses et conditions très strictes et rigoureuses pour respecter le délai fixé ainsi que le budget. Autrement, le partenaire privé s'expose à des pénalités. Par conséquent, cela l'incite à respecter les délais.
D'autre part, pour un ouvrage de cette envergure, le PPP nous permet aussi de nous assurer qu'à la fin de la période de concession et pendant toute cette période, l'entretien et l'exploitation de l'infrastructure répondront à des normes élevées; autrement, il y aura des pénalités. Le gouvernement du Canada peut également cesser ses paiements. Par conséquent, il est certainement avantageux d'avoir un partenaire privé pour construire, entretenir et exploiter une infrastructure de cette envergure pour s'assurer qu'à la fin de la période contractuelle, elle sera restituée au gouvernement en excellent état.
:
Certainement. Je vais vous donner une explication générale et je demanderai ensuite à mes collègues Marc Brazeau et Nicholas Wilkshire de compléter ma réponse.
Le premier exemple est que, normalement, les ministres ont le pouvoir de conclure des ententes dans le domaine de leur ressort. Dans ce cas-ci, nous avons inclus des dispositions pour garantir que le ministre responsable du pont a, sans aucun doute, le pouvoir de conclure des accords avec diverses parties telles que la province, les municipalités et d'autres organismes afin que nous ayons toutes les ententes en place pour préparer tout le travail nécessaire pour la construction du pont. Comme je l'ai dit, cela fournit une certitude.
Il y a aussi d'autres exemples concernant le pouvoir du ministre des Travaux publics et des Services gouvernementaux d'octroyer des contrats. Étant donné que ce ministre a ce pouvoir en vertu de la Loi sur le ministère des Travaux publics et des Services gouvernementaux, mais que le projet en question est la construction d'un pont, on pourrait considérer que cela ne constitue pas un ouvrage public comme tel en vertu de l'autre loi.
Tels sont les domaines dans lesquels ce projet de loi clarifiera les choses.
Marc.
:
Merci, monsieur le président.
Ce qui m'intéresse particulièrement, c'est la Loi sur la sécurité ferroviaire et la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses.
Monsieur Roussel, à l'heure actuelle, le paragraphe 50(1) de la Loi sur la sécurité ferroviaire prévoit un délai d'au moins 90 jours avant d'envisager l'entrée en vigueur d'un nouveau règlement. Je précise, à l'intention des citoyens de ma circonscription, que les règlements concernent les normes applicables à la construction d'installations ferroviaires, les franchises routières, les exemptions pour travaux ferroviaires, la sûreté, la sécurité, les franchissements, les activités autres que ferroviaires pouvant compromettre la sécurité ferroviaire, la garde et la conservation des renseignements, ainsi que les systèmes de gestion de la sécurité.
Le projet de loi d'exécution du budget vise à retirer ce délai de 90 jours du paragraphe 50(1). Je dirai au passage qu'il est assez étrange qu'une telle disposition se retrouve dans un projet de loi d'exécution du budget.
Tout à l'heure, mon collègue libéral a réussi à vous faire dire que la loi donnait plus de pouvoir discrétionnaire au ministre. Vous avez dit que c'était par mesure d'urgence, un peu comme ce fut le cas lors de la tragédie de Lac-Mégantic. Or actuellement, le ministre des Transports a le pouvoir d'imposer des mesures d'urgence en vertu de la Loi sur la sécurité ferroviaire et de prendre des mesures de protection en vertu de la Loi de 1992 sur le transport des marchandises dangereuses.
Qu'est-ce que cela va changer? Pourquoi faut-il donner encore plus de pouvoir discrétionnaire à un ministre alors qu'il existe déjà des dispositions lui permettant d'appliquer des mesures d'urgence?
:
Dans le cadre du processus de réglementation fédéral, lorsque les ministères sont prêts à prendre un règlement, ils procèdent à ce qu'on appelle un triage de la proposition. Au cours de cette évaluation, ils examinent les répercussions environnementales, économiques et sociales. Cela permet au ministère de voir, à partir des critères préétablis, dans quelle mesure il y a lieu de faire une analyse coûts-avantages. Par exemple, cela met en lumière les principaux domaines de risques.
Cette évaluation établit également le niveau d'importance du règlement. Si vous avez un règlement qui aura de très faibles répercussions, et pour reprendre l'exemple que nous avons déjà entendu, si le Comité permanent d'examen de la réglementation, par exemple, constate un désaccord entre l'anglais et le français, pour ce genre de modification, sa publication préalable pendant 90 jours présente peu d'intérêt étant donné qu'il s'agit seulement d'une correction. Par contre, nous avons mentionné l'exemple des wagons DOT-111; en pareil cas, ce serait sans aucun doute un règlement important exigeant une publication préalable.
La durée de la publication préalable en vertu de la directive du Cabinet dépendra de l'importance du projet de règlement. En réalité, le Cabinet pourrait décider de le publier pendant plus de 90 jours. Il pourrait vouloir le faire pendant six mois afin que les gens puissent s'informer comme il faut.
Tous les règlements ne sont pas égaux. Bon nombre d'entre eux ont un caractère purement administratif. Les gens n'y porteraient même pas attention dans la partie I de laGazette du Canada, mais le processus de réglementation prévoit des critères pour prendre ce genre de décisions.
Monsieur le président, si on fait abstraction de cette disposition, un détail qu'on oublie, c'est que la ministre des Transports, par exemple, peut recommander deux choses au gouverneur en conseil. Elle peut recommander qu'un règlement ne fasse pas l'objet d'une publication préalable, mais elle peut aussi recommander qu'un avis soit publié. Si elle juge la mesure importante du point de vue de la sécurité ou pour toute autre raison, elle a la possibilité de faire cette recommandation, mais en fin de compte, c'est au Cabinet qu'il revient de décider s'il y a lieu de faire la publication préalable. Plus c'est important, plus la publication est probable.
Je voulais seulement ajouter autre chose, monsieur le président. La majorité des lois fédérales habilitantes n'ont pas de disposition prévoyant une publication préalable obligatoire. La publication préalable a quand même lieu lorsque les circonstances le justifient.
:
Merci, monsieur le président.
Je veux parler du pont Champlain, bien sûr, étant donné que ma circonscription longe l'autoroute 10. Il s'agit de l'une des artères principales. Compte tenu de l'accroissement de la population et de l'étalement urbain dans la grande région de Montréal, les problèmes de circulation ne vont pas diminuer au cours des prochaines années. C'est un problème sérieux sur lequel il faut se pencher.
On a dit que les députés de l'opposition faisaient preuve d'un manque d'optimisme. Or ce dernier provient malheureusement des gens, de la population. En effet, le ministre Lebel et le gouvernement fédéral arrivent chez eux et veulent leur imposer un projet au sujet duquel ils sentent qu'on ne les consulte pas adéquatement. On peut penser ici aux élus municipaux, au gouvernement du Québec et au milieu des affaires.
Pour ce qui est de la consultation auprès du gouvernement du Québec, aussi bien pour le nouveau que pour le précédent, la situation ne semble pas s'être améliorée. Elle est très difficile, apparemment. Une étude publiée la semaine dernière parlait des répercussions sur la circulation dans la région, sur les autres ponts, qui ne relèvent pas tous du fédéral. On parle de conséquences assez sérieuses, à plus forte raison si on tient compte des facteurs que j'ai mentionnés plus tôt. Je pense ici à la croissance de la population chez nous, dans le bassin de Chambly, notamment.
Ce rapport est assez concret; il fait état de vrais chiffres. En réponse à une question de l'un de mes collègues, vous avez dit en être encore aux résultats préliminaires, en quelque sorte.
Avez-vous pris connaissance de ce rapport du gouvernement du Québec? Le cas échéant, avez-vous discuté avec les gens concernés de la façon de mieux gérer la situation à l'échelle régionale?
Les enjeux relatifs au pont ne devraient pas être traités en vase clos, mais plutôt selon une dynamique régionale. Or cette dernière ne semble malheureusement pas être prise en considération à l'heure actuelle.
:
En fait, il y a deux parties à votre question.
En ce qui a trait à la première, j'aimerais préciser qu'il y a eu à ce jour 200 rencontres et réunions avec divers partenaires, notamment des représentants du gouvernement du Québec, les municipalités, les Villes de Brossard, Longueuil et Montréal, de même qu'avec des partenaires privés comme les chambres de commerce. Nous continuons à tenir ces réunions chaque semaine. En ce qui concerne le gouvernement du Québec, nous avons tenu près d'une centaine de réunions au cours desquelles nos collègues du ministère des Transports du Québec, l'Agence métropolitaine de transport et la Société québécoise des infrastructures étaient présents. Il y a donc eu un échange d'information depuis le début, et nous allons poursuivre en ce sens.
En ce qui a trait à votre question sur l'étude qui a été publiée dans les journaux cette semaine, nous n'avons jamais eu connaissance du fait qu'un rapport officiel avait été émis par le ministère des Transports du Québec à ce sujet. Par contre, je peux vous assurer que nous travaillons étroitement avec le ministère des Transports du Québec et l'Agence métropolitaine de transport pour ce qui est de l'échange de données relatives aux projections.
Comme je l'ai indiqué plus tôt, selon des données qui existaient à ce moment-là, on estimait que la circulation sur le pont Champlain variait entre 40 000 et 60 000 véhicules par jour. Par contre, il ne s'agissait pas de données précises. Ce que nous avons fait était basé sur ces données. Nous avons installé des compteurs, des stations, pour vraiment évaluer le niveau actuel de circulation sur le pont. Ça nous permet de raffiner les projections sur la circulation régionale avec nos partenaires...
:
Excusez-moi de vous interrompre, mais mon temps de parole est limité.
C'est bien beau d'évaluer la circulation actuelle sur le pont Champlain, cependant il s'agit ici avant tout de comprendre les répercussions régionales. Voilà ce qui préoccupe les gens. Certains de mes concitoyens travaillent à Montréal. Si le fédéral arrive chez nous et chambarde toute la dynamique régionale, compte tenu de l'effet sur les autres ponts, ça va créer un grave problème de circulation.
En plus d'évaluer la circulation sur le pont Champlain, avez-vous l'intention de déterminer à quel point l'imposition d'un péage va avoir des répercussions sur les autres ponts, qui ne sont pas nécessairement sous votre autorité? Est-ce que ça va faire partie des discussions?
Par ailleurs, j'entends beaucoup parler des rencontres qui ont eu lieu. À ce sujet, je crois ce que vous nous dites, bien sûr, mais s'il y a eu autant de rencontres, comment expliquez-vous l'insatisfaction qui semble régner chez les intervenants? En effet, ni le milieu des affaires ni les élus ne semblent satisfaits de l'ouverture de votre ministère, malheureusement.
:
Le Conseil de coopération en matière de réglementation a été constitué par les deux chefs d'État, M. Harper et M. Obama, comme vous le savez, au début de 2011. Il a produit beaucoup de résultats bénéfiques. Ils ont été mentionnés dans le budget de 2014, surtout en ce qui concerne l'harmonisation des normes automobiles entre le Canada et les États-Unis. C'est une bonne validation, je pense, du travail que nous avons réalisé de concert avec nos collègues des États-Unis.
L'idée est de travailler à des projets communs lorsque c'est logique, lorsque nos intentions sont les mêmes, pour élaborer ensemble de nouvelles normes et les mettre en pratique. Dans d'autres domaines, lorsqu'une des parties voit chez l'autre une disposition dont elle aimerait s'inspirer, elle peut essayer, unilatéralement, de faire la même chose.
Un bon exemple est celui des systèmes d'immobilisation en cas de vol d'automobile, une norme qui existe au Canada depuis 2007. Les États-Unis ont examiné notre norme, ont estimé qu'il était souhaitable de nous imiter et, il y a un an environ, ils ont proposé un règlement pour harmoniser leur norme avec la norme canadienne. Ils ont également manifesté un intérêt pour la norme canadienne relative à la barre anti-encastrement située à l'arrière des remorques de véhicules routiers. Ils se sont montrés très intéressés à examiner nos dispositions pour suivre peut-être notre exemple. Ils ont mentionné également quelques autres domaines.
Je dirais qu'il n'y a pas de répercussions sur la sécurité. Chaque pays a, dans le cadre du CCR, le pouvoir de décider ou non d'harmoniser ses normes, comme le premier ministre et le président l'ont annoncé il y a quelques années. Néanmoins, dans les domaines où il a des exigences qui lui sont propres, chaque pays continuera d'établir des normes répondant à ses besoins nationaux.
:
J'aurais une ou deux choses à dire, monsieur le président. Les témoins ont fait, en réponse aux questions des conservateurs, un certain nombre d'affirmations assez étonnantes.
Monsieur Ram, vous avez dit que la sécurité est votre première priorité. Je vous crois. L'ennui est que lorsque les Canadiens regardent les chiffres, dans les comptes publics, en 2012-2013, le budget de la sécurité routière a été réduit de 5,5 p. 100; celui de la sécurité maritime, de 25 p. 100; celui de l'aviation, de 11 p. 100; celui de VIA Rail, de 15 p. 100. C'est une déclaration étonnante. Quoi que vous disiez, le gouvernement ne joint pas le geste à la parole.
Monsieur Leclerc, vous ne cessez de répéter qu'il s'agit d'un amendement purement technique, que la majorité des règlements n'exigent pas une publication préalable. Si j'allais dire aux dirigeants municipaux ou aux conseillers municipaux d'une municipalité traversée par des trains tirant des dizaines, sinon des centaines de wagons transportant des marchandises dangereuses, que nous adoptons des modifications parce que c'est seulement un amendement de forme qui répond à un souci d'harmonisation, pour répondre à votre argument selon lequel la plupart des règlements n'exigent pas une publication préalable, je dirais que la plupart des gens ne seraient pas de cet avis.
Nous avons assisté à une augmentation de 31 000 p. 100 du transport de pétrole par chemin de fer. Nous pourrions avoir un million de barils par jour de capacité excédentaire d'ici 2024 si chaque pipeline du Canada est utilisé à pleine capacité. Tout cela sera transporté par chemin de fer ou peut-être même par camion.
Madame Pham, pour revenir sur votre dernier témoignage au sujet du pont, quel sera le péage par automobile, pour utiliser ce pont quotidiennement?
:
Ça va. Ou bien vous avez la réponse ou bien vous ne l'avez pas. Je comprends; vous êtes en train de faire cette évaluation.
Un des députés conservateurs a demandé comment nous avons réussi à raccourcir le délai. Examinons un peu le délai.
Vous avez constitué une équipe en janvier 2014. Le gouvernement sait, depuis son élection en 2006, qu'un sérieux problème se pose. Il lui a fallu cinq ans pour annoncer la construction d'un nouveau pont. Dans l'intervalle, il a trouvé le temps d'installer au Sénat un ancien joueur de football de la LCF, de l'amener jusqu'au pont, de lui faire annoncer sa candidature pour un siège local, la promesse de 120 millions de dollars pour réparer le pont et quand il a perdu son siège, de le renvoyer au Sénat.
Cela fait maintenant cinq, six ou sept ans que l'on s'amuse avec ce pont.
Vous êtes dans une situation difficile. Je le comprends. Vous avez constitué une équipe le 1er janvier. Vous ne pouvez vraiment pas nous dire quelle sera la circulation sur le pont, le nombre de véhicules, les effets distributifs sur les autres ponts, sur le transport en commun, sur le réseau routier? Vous n'êtes pas en mesure de nous le dire, mais vous êtes quand même en train de rechercher sur le marché un partenariat public-privé d'une valeur de 3 à 5 milliards de dollars.
N'est-ce pas mettre la charrue avant les boeufs? Pourquoi n'établissons-nous pas d'abord ces chiffres?
:
Je remercie mon collègue.
Merci, monsieur le président.
Ma question concerne justement le pont. J'espère avoir mal compris ce que vous avez répondu plus tôt à mon collègue. Pouvez-vous confirmer que vous réalisez une étude pour déterminer quelles seront les répercussions sur la circulation dans l'Ouest-de-l'Île de l'imposition d'un péage, lequel, de surcroît, se fera sur un pont seulement?
Le pont Honoré-Mercier est problématique pour ce qui est de la circulation. Aux abords de l'échangeur Saint-Pierre, il y a tous les jours des heures et des heures de trafic. Aller au centre-ville à partir de l'Ouest-de-l'Île prend 20 minutes, mais quand il y a du trafic, ça prend une heure et demie. Pour les résidants de l'Ouest-de-l'Île, l'imposition d'un péage sur un pont uniquement va créer une situation terrible.
Pouvez-vous me dire si vous avez un plan concernant cette situation et, le cas échéant, en quoi il consiste? Pourriez-vous, s'il vous plaît, me fournir des informations concrètes et précises à ce sujet?