Bonjour.
Merci de nous avoir invités à témoigner devant vous aujourd'hui afin de vous exprimer les préoccupations des propriétaires et exploitants de de petites entreprises de navires à passagers du Canada. Si nos inquiétudes quant aux SGS, ou systèmes de gestion de la sécurité, sont nombreuses, le transport de marchandises dangereuses joue un rôle très minime auprès de nos membres.
Permettez-moi tout d'abord de nous présenter, mon collègue et moi-même. Je m'appelle John Chomniak, et je suis président de l'Association canadienne des bateaux-passagers. Je suis accompagné aujourd'hui du capitaine Dan Duhamel, ancien président et directeur de notre association, ainsi que propriétaire et exploitant d'une petite entreprise ici à Ottawa.
L'Association canadienne des bateaux-passagers est une association d'exploitants de navires de jour, de navires de souper-croisière, de navires de louage, de navires de croisière de nuit, ainsi que d'un petit nombre de traversiers effectuant de courtes liaisons. L'association compte actuellement 70 entreprises membres qui exploitent 368 navires et transportent chaque année environ 10 millions de passagers durant notre saison d'activité de six mois. La taille moyenne des navires de l'association ne dépasse pas 150 tonneaux de jauge brute, et leur capacité de transport ne dépasse pas 200 passagers.
Compte tenu de la réglementation, les coûts d'exploitation de ces navires deviennent prohibitifs. C'est vrai: la réglementation que vous imposez aux propriétaires de petites entreprises fait que bon nombre des propriétaires et exploitants de ces petites entreprises sont au bord de la fermeture. À ma connaissance, quatre entreprises vont fermer leurs portes et amarrer leurs navires au quai, sans espoir de les exploiter l'année prochaine.
Si la sécurité des passagers passe avant tout, nous ne pouvons pas continuer de signer des accords internationaux, de les rapatrier et de vouloir les appliquer à notre flotte. Cela ne peut tout simplement pas fonctionner.
Depuis que Transports Canada a mis en place les systèmes de gestion de la sécurité dans le secteur maritime canadien, ces systèmes ont fait ce qu'ils sont censés faire, c'est-à-dire repérer les risques avant qu'ils ne se transforment en graves problèmes. Un SGS est une protection supplémentaire qui permet de sauver des vies, d'assurer l'entretien des navires, tout en garantissant la sécurité du secteur.
Les SGS constituent une norme mondiale, et un des éléments nécessaires à son respect est la vérification des SGS à bord de chaque navire. À l'heure actuelle, Transports Canada ne dispose d'aucun inspecteur de sécurité maritime capable d'assurer la vérification d'un SGS à bord d'un navire battant pavillon canadien. Seules sont autorisées à effectuer la vérification d'un SGS à bord d'un navire canadien les personnes qualifiées et dûment autorisées par l'un des cinq organismes reconnus ou sociétés de classification. Si l'un des cinq organismes reconnus accepte que votre navire soit inspecté par leur société de classification, et non Transports Canada, ils exigeront un SGS en bonne et due forme avant de vous accepter au sein de leur organisation.
Cependant, ce programme d'inspection de rechange n'est pas favorable aux propriétaires de petites entreprises. Si votre navire ne se trouve pas dans l'une des cinq zones métropolitaines du Canada, ou qu'il n'a pas été construit au cours des 15 dernières années, ces organismes ne veulent pas de votre navire. Une fois qu'ils ont refusé votre navire, ils vous renvoient à Transports Canada et à son régime de services d'inspection. Et, comme je l'ai dit, Transports Canada n'est pas qualifié pour effectuer la vérification des SGS sur les navires canadiens.
C'est Transports Canada qui a établi différents modèles de SGS et qui a défini le cadre permettant de recourir à des SGS simplifiés, tout en garantissant que cette approche simplifiée respecte les lignes directrices du modèle de SGS. Même avec ce modèle, les entreprises doivent adopter de meilleures façons d'éviter les risques et de mettre à jour leur SGS afin d'y inclure ces risques.
Nous, à l'Association canadienne des bateaux-passagers, pensons que le fait de disposer d'un SGS opérationnel est bon pour les affaires. Cependant, le problème est le suivant: lorsque vous demandez à un propriétaire-exploitant de navires d'installer un SGS, même si les inspecteurs de Transports Canada étaient capables de vérifier les SGS de ces navires, auraient-ils le temps de procéder à de telles vérifications? Alors que nous, les propriétaires et exploitants, tout comme Transports Canada, essayons de réduire la paperasserie, ce projet ne fait qu'accroître la charge de travail d'un secteur de Transports Canada qui, nous le croyons, manque cruellement de personnel.
Vous devriez examiner en quoi consiste un SGS. L'évaluation des risques devrait être examinée dans le cadre de la sécurité maritime de Transports Canada.
Nous disposons actuellement de l'un des secteurs maritimes les plus sûrs au monde. Nous, les exploitants, ne souhaitons pas mettre intentionnellement cela en péril, mais vous, les législateurs, c'est très exactement ce que vous faites. Vous augmentez les risques en permettant que le nombre des inspecteurs de la sécurité maritime de Transports Canada soit réduit. En tant qu'entrepreneurs, nous savons que c'est notre gagne-pain qui est en jeu. Nous devons nous assurer de respecter ou d'excéder les exigences, mais c'est encore pire lorsqu'il y a autant d'organismes réglementaires, provinciaux et fédéraux, qui plongent leur main dans notre poche, au point que nous, les propriétaires et exploitants, avons du mal à rester à flot.
C'est nous qui assurons l'intendance de notre économie, de notre environnement et de notre sécurité. Cependant, nous devons tous favoriser de bonnes méthodes de travail et en rendre compte. Mais être un propriétaire de petite entreprise peut vous amener à ne pas voir ce qui se trouve sous votre nez. Faute d'un regard extérieur — que ce soit de la part de Transports Canada ou d'un membre d'une société de classification —, pour vérifier et évaluer les SGS, il n'y a aucune mesure que nous puissions prendre pour les améliorer. Si nous n'avons aucune mesure préventive ou corrective à gérer, c'est comme s'il n'y avait pas de SGS. Alors, qui en est responsable?
Cela dit, le Code international de gestion de la sécurité exige un SGS uniquement sur les navires de plus de 500 tonneaux de jauge brute en voyage international. Parmi les milliers de navires à passagers au Canada, seule une poignée fait plus de 500 tonneaux; aucun de ces navires, à ma connaissance, n'effectue de voyages internationaux et n'a donc à respecter ces exigences.
Depuis quelques années, la direction de la sécurité maritime de Transports Canada collabore avec notre association pour s'assurer que les propriétaires et exploitants commencent à mettre en place des SGS opérationnels. Si la majorité des membres de l'association disposent d'un SGS, ou travaillent à en installer un, un problème reste à régler: qui va les vérifier? Quelqu'un de Transports Canada qui connaît le navire, ou bien quelqu'un de la société de classification, qui ne travaille que sur les gros navires océaniques et qui n'a jamais travaillé sur des navires de la taille de ceux que nos membres utilisent ou sur les voies navigables qu'ils empruntent?
Outre la difficulté de trouver suffisamment d'inspecteurs de la sécurité à Transports Canada pour inspecter ou vérifier les navires, il devient de plus en plus difficile pour les propriétaires et exploitants de garantir que l'inspection annuelle de leurs navires se fasse dans une certaine continuité d'année en année. Cette continuité doit être assurée tant du point de vue réglementaire que du point de vue financier de ces entreprises familiales, sans oublier les services d'inspection de Transports Canada.
Tout le monde souhaite que les entreprises soient exploitées de façon sécuritaire, mais, comme pour toute entreprise, il faut aussi prendre en compte le point de vue financier. Quel est le coût réel d'un navire sécuritaire?
Merci d'avoir permis à l'Association canadienne des bateaux-passagers de comparaître devant vous aujourd'hui. Nous espérons pouvoir le faire à nouveau dans l'intérêt de notre industrie et des gens qui voyagent à bord de nos bateaux.
Mais, avant que nous répondions à vos questions, je souhaiterais vous inviter, monsieur le président, ou peut-être la ministre, à la conférence annuelle de l'Association canadienne des bateaux-passagers. Nous nous réunissons le mois prochain à Toronto. C'est l'occasion pour les membres de rencontrer les représentants des organismes de réglementation et de discuter des questions réglementaires qui touchent notre secteur. Nous pouvons ainsi obtenir des renseignements de première main sur bon nombre de ces enjeux.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du comité, de nous avoir invités à vous parler aujourd'hui de ce sujet très important.
Je préside l'Association des armateurs canadiens, et je suis accompagné aujourd'hui de Mme Debbie Murray, notre directrice des politiques et des affaires réglementaires.
Nous sommes ici aujourd'hui pour vous parler principalement des systèmes de gestion de la sécurité déjà employés par nos membres, ainsi que du régime de sécurité en vigueur au sein de l'industrie, et pour répondre à vos questions. Nous souhaitons transmettre comme message que le transport maritime est doté d'un régime réglementaire solide en matière de sécurité, régime qui est plus que suffisant, et les faits sont là pour le prouver. Selon nous, le système est prêt à répondre à la croissance économique du Canada et à assurer le mouvement des marchandises en toute sécurité et fiabilité. Nous voulons nous assurer que toute mesure réglementaire ou législative future sera proportionnelle aux risques, qu'elle n'imposera pas de fardeau excessif et qu'elle sera appliquée de façon équitable à tous les modes de transport.
Les entreprises qui sont membres de notre association sont propriétaires de navires canadiens. Il s'agit de grands navires, généralement de plus de 20 000 tonnes. Ces entreprises emploient uniquement des marins canadiens et elles paient des impôts au Canada. Elles empruntent des voies d'eau canadiennes qui sont très uniques et très exigeantes, à savoir les Grands Lacs, le fleuve Saint-Laurent, la côte Est du Canada et l'Arctique canadien. Elles exploitent 86 bâtiments et, l'année dernière, elles ont transporté plus de 50 millions de tonnes de marchandises en vrac, notamment des produits pétrochimiques, des minerais de fer, du charbon, des grains, des agrégats et des marchandises générales. Nos membres assurent ce qui est communément appelé le transport maritime à courte distance au Canada et en Amérique du Nord.
S'il y a un message que je voudrais vous faire passer aujourd'hui — et je ne veux pas vous ennuyer en utilisant trop d'acronymes —, c'est que nous appuyons les systèmes de gestion de la sécurité, et nous les utilisons depuis plus d'une décennie. D'ailleurs, une des conditions préalables pour devenir membre de l'Association des armateurs canadiens, c'est justement d'avoir mis en place un SGS ou d'être en voie d'en installer un.
De toute évidence, la sécurité et la protection de l'environnement marin constituent les grandes priorités de nos membres, et cela se voit. Non seulement nos clients s'y attendent, mais ils l'exigent aussi. La sécurité, c'est bon pour les affaires. Les données révèlent que la sécurité maritime s'est améliorée et que notre bilan en la matière est tout à fait positif et défendable, surtout au cours de la dernière décennie.
Selon les données de Transports Canada, entre 2006 et 2011, on n'a déclaré aucun incident maritime mettant en cause des marchandises dangereuses en transit. Pour ce qui est des blessures et des décès à la suite d'une collision, par tonne-kilomètre, de 2002 à 2011, notre mode de transport a affiché le taux le plus faible dans les deux cas.
La plupart des cargaisons transportées par nos membres n'entreraient pas dans la catégorie des marchandises dangereuses, au sens du Code maritime international des marchandises dangereuses. Toutefois, nous transportons certains produits pétrochimiques. Étant donné le potentiel de croissance future dans ce secteur, il est dans l'intérêt de nos membres de s'assurer que votre comité et d'autres décideurs sont au courant du régime et des pratiques en vigueur, ainsi que de leur efficacité.
Nos membres sont convaincus que les régimes de sécurité actuels et les systèmes volontaires de gestion de la sécurité correspondent aux risques qui se présentent. Compte tenu de nos résultats, nous ne croyons pas qu'il soit nécessaire d'accroître la réglementation ou de la rendre plus rigoureuse. À notre avis, nous faisons du bon travail et nous examinons continuellement nos pratiques.
Les navires battant pavillon canadien tombent sous le coup du régime réglementaire national administré par Transports Canada. Ce régime repose sur 33 protocoles et conventions de l'Organisation maritime internationale. Il s'agit d'un cadre réglementaire très exhaustif en matière de sécurité, qui couvre tout, de la construction des navires à la formation de personnel hautement qualifié. Nos membres sont également tenus d'élaborer des procédures d'urgence et des ententes avec des organismes d'intervention agréés, de répondre de leurs actes à tous les paliers de gestion, et d'avoir la couverture d'assurance responsabilité requise pour accéder aux fonds d'indemnisation nationaux et internationaux.
Tous les gens de mer doivent être titulaires de certificats ou de permis, en plus de posséder des notions générales en matelotage, et ils doivent se soumettre régulièrement à des examens médicaux. C'est Transports Canada qui établit les normes pour l'effectif minimal de sécurité, et nos navires adhèrent à ces normes, voire les dépassent. Il importe aussi de souligner les liens étroits entre les armateurs, Transports Canada, les sociétés de classification, la Garde côtière canadienne, la Corporation de gestion de la Voie maritime du Saint-Laurent et les ports. Cela fait partie intégrante de notre culture de la sécurité maritime, et l'industrie canadienne se débrouille très bien.
Enfin, il y a les personnes que nous employons, et je dirais que c'est peut-être l'aspect le plus important, au-delà de ce vaste système de sécurité. Il s'agit de marins canadiens qui ont reçu une formation dans des collèges canadiens et qui connaissent en détail les courants et les contours des voies navigables intérieures, côtières et de l'Arctique. En plus de leurs tâches à bord des navires, certains marins travaillent aussi à terre, que ce soit dans les sièges sociaux ou même pour Transports Canada et la Garde côtière canadienne.
Les systèmes de gestion de la sécurité permettent de renforcer le régime réglementaire de notre industrie, comme je viens de l'expliquer. En 2002, la flotte commerciale canadienne a été exemptée de l'obligation de mettre en oeuvre des SGS. Je le répète, une bonne partie de nos navires commerciaux canadiens disposent déjà d'un SGS, et les autres sont en voie d'en obtenir un.
Transports Canada s'apprête à réviser ces règlements afin de rendre les SGS obligatoires pour les navires canadiens, et nous croyons comprendre que les règlements révisés devraient être publiés dans la Gazette du Canada dès 2015.
Pour nos membres, les SGS ne sont pas des documents statiques; ce sont plutôt des documents dynamiques qui évoluent, s'améliorent et se développent constamment, grâce aux efforts déployés à l'interne et par des tiers. Les SGS permettent d'être à l'affût des pratiques exemplaires de l'industrie, tout en appliquant les leçons tirées d'autres modes de transport et des industries terrestres. Il s'agit de documents évolutifs que nos équipages utilisent tous les jours.
Je n'irais pas jusqu'à dire que les SGS ont contribué, à eux seuls, à la sécurité du transport maritime. La sécurité est attribuable aux cadres juridiques et réglementaires internationaux et nationaux dont je viens de parler, ainsi qu'à l'innovation de l'industrie, à la formation et à l'adoption d'une culture de la sécurité. En fait, si on devait choisir un facteur susceptible d'accroître la sécurité, ce serait la réduction du double emploi dans les formalités administratives. Je sais que le gouvernement travaille à l'atteinte de cet objectif. Remplir des formulaires à maintes reprises, souvent avec les mêmes données, ne sert pas à réduire les risques. Voilà un aspect que nous pouvons tous chercher à améliorer.
Nous comprenons que le comité étudie d'autres mesures pour améliorer davantage l'adoption et l'intégration des SGS dans tous les modes de transport. Étant donné que nous faisons concurrence principalement aux autres modes de transport sur le marché des marchandises en vrac et des produits pétrochimiques, nous estimons que l'adoption et l'intégration des SGS et de tout autre régime de sécurité doivent être équitables, c'est-à-dire appliquées de façon égale à tous les modes de transport. Le fardeau lié aux rapports de conformité et le degré de rigueur doivent être justes et fondés sur des niveaux de risque adéquats. Nous recommandons également au comité de reconnaître qu'il existe déjà un cadre très évolué et une culture de la sécurité sur lesquels il faut s'appuyer pour continuer sur cette lancée.
Je vous remercie, une fois de plus, de nous avoir donné l'occasion de témoigner devant vous aujourd'hui.
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais remercier les témoins d'être ici parmi nous aujourd'hui. Malheureusement, je vais devoir parler de questions procédurales.
Monsieur le président, vous savez que le comité a annulé trois réunions où on devait étudier l'enjeu du transport des matières dangereuses par voie maritime. On sait que cet enjeu touche présentement beaucoup de personnes. Les gens sont inquiets et la population veut avoir de l'information. C'est le temps idéal pour avoir plus d'informations et entendre des témoins à ce sujet. On sait toutefois que trois réunions ont été annulées.
Monsieur le président, pourquoi n'a-t-on pas des réunions du sous-comité pour étudier ces questions plutôt que d'en parler ici et faire perdre leur temps aux témoins?
Je voudrais savoir ce qui va se passer. Va-t-on pouvoir reprendre ces réunions? Qu'il s'agisse de la question de Cacouna, avec tout le transport de matières dangereuses sur le Saint-Laurent, ou de ce qui se passe sur la côte Ouest, beaucoup de personnes sont inquiètes. On veut avoir de l'information.
Monsieur le président, pouvez-vous nous expliquer ce qui se passe?
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J'ai un SGS à bord de mes navires.
On nous a parlé d'un modèle utilisé en Australie; nous l'avons donc examiné et modifié pour l'appliquer à nos propres activités sur nos navires ici, à Ottawa. Mais avant d'avoir un SGS ou même d'en entendre parler, nous avions ce que nous appelons un « règlement intérieur », qui était très similaire. Chaque exploitant avait son propre règlement intérieur pour son navire, pour son équipage.
Nous nous conformons à la réglementation. Nous sommes tenus d'exécuter des exercices toutes les deux semaines: des exercices en cas d'incendie, d'homme à la mer, d'évacuation. Tout cela doit être consigné et inscrit dans les journaux de bord.
Le modèle australien de SGS que nous avons adopté, un SGS approuvé pour les exploitants de petites flottes intérieures comme nous, était très bon, mais il plaçait au fond tout ce que nous avions toujours fait dans un autre dossier. Il y avait beaucoup de chevauchements.
Je représente la plus vieille entreprise familiale de bateaux d'excursion au Canada. Nous nous y consacrons depuis fort longtemps. Nous avons évolué comme nous le devions dans les différents marchés, et il s'agit encore d'un autre document, d'une autre exigence qui était déjà en place, mais sous un autre nom. Nous avons encore notre règlement intérieur.
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D'accord, eh bien, vous pourrez peut-être aider les Canadiens à comprendre.
Permettez-moi simplement de poser ma question, et j'aimerais que M. Lewis-Manning y réponde également.
Voici mon court préambule. Les Canadiens ne comprennent pas toute la complexité entourant le SGS. Ils veulent savoir que vos navires sont sécuritaires et que le gouvernement contribue à garder ces navires sécuritaires, tout comme ils veulent être sûrs que les trains, les camions et le transport en général sont sécuritaires. Ils estiment que les gouvernements ont l'obligation de prendre des mesures judicieuses pour les choses importantes, et l'une de ces choses, c'est la sécurité des transports.
Cela dit, aidez-nous à comprendre quelle approche nous devrions adopter en ce qui concerne le SGS. Vous n'avez pas de SGS obligatoire. Vous n'avez aucune mesure de vérification en place, à moins que vos activités soient de nature internationale. Vous nous dites qu'aucune des cinq organisations reconnues...
Monsieur Chomniak, je veux parler en particulier de votre flotte ou de vos navires, car soit vos navires sont trop petits, soit vous n'êtes pas dans un milieu urbain, et ainsi de suite. Je comprends tout cela.
Que devons-nous faire à ce chapitre? Nous sommes tous des législateurs. Nous tentons d'améliorer les choses. Que devons-nous faire?
Je pense que vous me demandez quel est le rôle de Transports Canada dans le domaine de la réglementation des sociétés de classification…
M. David Yurdiga: Oui.
M. Robert Lewis-Manning: … dans une certaine mesure. Je le mentionne pour simplifier davantage la question. Le personnel de Transports Canada doit soumettre les sociétés de classification à des vérifications afin de s’assurer que ces sociétés gèrent adéquatement leur régime d’inspection, en conformité avec la réglementation du gouvernement. Je dirais que les sociétés de classification et Transports Canada travaillent main dans la main presque quotidiennement parce que, par exemple, les sociétés de classification sont les clients de Transports Canada, et non ceux des propriétaires de navires.
Cela a engendré un régime d’inspection bien informé et très expérimenté que, selon moi, Transports Canada ne pourrait pas mettre en oeuvre par lui-même. Le ministère n’aurait jamais la capacité de se livrer aussi souvent à des inspections, et ses inspections ne seraient jamais aussi informées que celles effectuées par les sociétés de classification. En effet, ces sociétés ne s’occupent pas seulement de flottes canadiennes; elles ont acquis de l’expérience à l’échelle mondiale parce que la plupart d’entre elles sont des sociétés internationales. Par conséquent, elles ajoutent de nombreuses connaissances au processus. Je sais pertinemment que Transports Canada et les sociétés de classification travaillent étroitement à l’élaboration de nouveaux règlements ou à la modification de règlements déjà en vigueur. Je crois donc que le ministère tire de ces connaissances sur le quai, disons, et de ce travail quotidien avec les armateurs de bons conseils et le meilleur parti des ressources dont il dispose.
Comme vous pouvez l’imaginer, dans le cadre d’un régime national d’inspection, les navires sont à quai presque quotidiennement, car ils font de courtes traversées. Par conséquent, leurs relations avec l’organisme de réglementation sont beaucoup plus proches que celles qu’entretiennent les navires marchands océaniques, des navires qui se déplacent une ou deux semaines à la fois. Les relations entretenues à l’échelle nationale sont très différentes de celles entretenues à l’échelle internationale.
Ce matin — ou je suppose que c’est l’après-midi pour vous à Ottawa —, j’ai l’intention de me concentrer sur la question des systèmes de gestion de la sécurité des transports maritimes.
En guise de brève introduction, je vous précise que je suis capitaine au long cours. Pendant environ 17 ans, j’ai piloté des navires de haute mer, dont la majorité était des pétroliers, des vraquiers, des remorqueurs et des traversiers. Ensuite, j’ai travaillé à Transports Canada à titre de directeur régional de la sécurité maritime pendant environ 16 ans, tant ici, sur la côte Ouest, qu’en Ontario. Depuis 11 ans, je suis président du Council of Marine Carriers ici, à Vancouver.
Le Council of Marine Carriers est une association d’armateurs qui représente l’industrie des remorqueurs de la côte Ouest. Nos navires longent la côte Ouest de l’Amérique du Nord de haut en bas, jusque dans l’Arctique. Notre association compte 40 membres, dont 30 sont propriétaires de navires. Les autres sont des membres associés qui comprennent des avocats, des compagnies d’assurances et des assureurs maritimes. Comme je l’ai indiqué, le Council of Marine Carriers représente les armateurs et, en conséquence, nous nous soucions généralement du bien-être des navires, des entreprises et des gens qui travaillent sur leurs navires.
Je vais maintenant revenir sur la question des systèmes de gestion de la sécurité. Le Council of Marine Carriers croit fermement que la mise en oeuvre d’un système de gestion de la sécurité efficace est probablement la mesure de sécurité la plus efficace qu’une entreprise peut prendre, pourvu que le système en question soit compatible avec la taille et l’exploitation du navire.
Il existe un système international de gestion de la sécurité. Je suis sûr que les autres témoins qui ont comparu ce matin vous ont déjà parlé de la plupart de ces questions. J’ai bien peur d’avoir manqué leur témoignage. Par conséquent, vous allez devoir faire preuve de patience si je répète certains des renseignements qu’ils vous ont communiqués. Le Système international de gestion de la sécurité, ou le SIGS, a été conçu pour être utilisé sur les grands navires océaniques et a démontré son efficacité. Toutefois, sa mise en oeuvre peut être lourde ou, parfois, presque impossible sur les plus petits navires, surtout en raison de la quantité de renseignements qui doit être accessible à bord du navire.
En 2009, le Council of Marine Carriers a entrepris un projet pilote en collaboration avec Transports Canada afin de mettre en oeuvre ce que nous appelions à l’époque le SNGS. Nous avions remplacé le mot « international » par le mot « national ». Donc, il s’appelait le système national de gestion de la sécurité.
Pendant toute l’année 2008, nous avons travaillé avec Transports Canada à la mise au point du projet pilote lié au SNGS. En 2009, cinq des sociétés membres de mon association ont chacune fait participer au projet pilote deux de leurs navires. Deux de ces entreprises avaient déjà mis en oeuvre le SIGS — c’étaient de grandes entreprises qui possédaient d’assez grands navires. Deux autres de ces entreprises n’utilisaient aucun système de gestion de la sécurité, et la dernière avait recours à un système naissant. La taille de ces entreprises variait, allant d’une grande entreprise comme Seaspan Marine, l’une des plus importantes sociétés de remorqueurs de l’Amérique du Nord, à une entreprise familiale de la côte Ouest de l’île de Vancouver.
Dans le cadre du projet pilote, nous avons élaboré un système de gestion de la sécurité à l’intention de chaque entreprise. Nous l’avons adapté à chaque entreprise. Ainsi, les sept ou huit classeurs de deux pouces d’épaisseur qu’utilisent les grands navires océaniques ont été réduits pour les remorqueurs à un classeur d’un pouce d’épaisseur, contenant à peu près 80 pages au total. Le projet s’est poursuivi pendant deux ans et, à notre avis, il a été couronné de succès.
À la fin du projet pilote, Transports Canada a décidé de ne pas mettre en oeuvre un tel système au sein de notre industrie. Nous espérions que le système serait appliqué à tous les navires de la flotte nationale du Canada.
Cependant, à titre de témoignage de la réussite du projet pilote, dont, soit dit en passant, la mise en œuvre dans cinq entreprises a coûté, au total, environ 1 million de dollars, nous avons constaté que les faits démontraient une grande amélioration de la culture de sécurité au sein de ces entreprises. Par exemple, sur un remorqueur, j’ai parlé à l’un des employés de ces entreprises. La personne a mentionné qu’elle avait quitté l’entreprise avant la mise en œuvre du SNGS. Un an plus tard, elle est entrée de nouveau au service de l’entreprise. Elle a déclaré à cet égard que le contraste était saisissant. La culture de sécurité, l’approche de l’entreprise à l’égard de cette sécurité et l’exploitation du navire en entier étaient complètement différentes. Cet employé était désolé d’avoir été absent...
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Je vais tenter d’améliorer les choses en soulevant le combiné.
Je viens de décrire l’expérience de l’un des employés qui travaillaient à bord d’un des navires participants au projet pilote. Une autre entreprise, soit la North Arm Transportation, a complètement changé son approche à l’égard de sa culture de sécurité. C’est une décision de sa part des plus remarquables, car elle faisait partie des entreprises qui mettaient en oeuvre le SIGS auparavant.
Une troisième entreprise m’a confié qu’au début du projet, de nombreux incidents survenaient à bord de ses navires. Ses assureurs l’avaient mise en garde qu’elle risquait de ne pas être en mesure d’obtenir une couverture d’assurance dans les années à venir. Deux ans plus tard, ses assureurs lui offraient de réduire ses cotisations.
Une autre preuve de la validité du projet est qu’à ce jour, les cinq entreprises continuent [Note de la rédaction: inaudible] et améliorent leurs systèmes de gestion de la sécurité, même si la loi ne les oblige pas à le faire. Elles ont toutes remarqué qu’elles réalisaient des gains sur le plan de la sécurité, de l’efficacité et des finances, des gains qui découlaient de ces systèmes.
À la fin du projet, nous nous sommes réunis avec Transports Canada et nous avons discuté du projet et des résultats observés dans toutes les entreprises. Au terme de la réunion, nous avons suggéré que tous les navires commerciaux du Canada, quelle que soit leur taille ou la région où ils exercent leurs activités, aient un programme de gestion de la sécurité approprié.
J’insiste sur le mot « approprié ». Il ne sert à rien d’essayer de résoudre la quadrature du cercle. En fait, je pense que c’est une situation qui ressemble davantage à une tentative de résoudre la quadrature du triangle, ce qui est encore plus difficile. J’entends par là une tentative de mettre en oeuvre le système international, par exemple, sur un petit remorqueur doté d’un équipage de deux personnes, qui parcoure la côte Ouest de l’île de Vancouver. Il faut que le système convienne à la taille de l’entreprise et du navire, ainsi qu’aux activités de ce navire.
J’aimerais signaler que le Bureau de la sécurité des transports du Canada et le bureau national de la sécurité des transports des États-Unis appuient entièrement l’établissement et la mise en oeuvre de systèmes de gestion de la sécurité. Ces deux bureaux les considèrent comme des mesures de sécurité essentielles.
Malheureusement, Transports Canada a décidé de ne pas obliger tous les navires commerciaux à mettre en oeuvre un système de gestion de la sécurité. En revanche, le ministère a adopté une approche à trois volets dans le cadre de laquelle la mise en oeuvre d’un système de gestion de la sécurité est volontaire pour les petits navires et n’est pas surveillée par Transports Canada. Je pense qu’un système volontaire ne sera pas aussi efficace qu’un système soumis à des vérifications. Nous avons proposé à Transports Canada un programme d’observation pour les petits navires reposant sur notre projet pilote. Cependant, Transports Canada n’a pas jugé bon de le mettre en oeuvre. Depuis, le ministère a toutefois mis sur pied un autre programme de prestation de services dans le cadre duquel les sociétés de classification sont chargées à la fois d’approuver et d’inspecter les systèmes des navires, au nom du gouvernement, en plus d’être autorisées par Transports Canada à faire…