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Bonjour, monsieur le président et chers membres du comité.
Je m'appelle Dan Adamus. Je suis le président du Conseil canadien de l'Air Line Pilots Association International, et je suis pilote pour Jazz Aviation.
La personne qui m'accompagne ce matin est le premier officier Mark Rogers. Il est directeur du Programme des produits dangereux de l'ALPA et président du Comité des marchandises dangereuses de la Fédération internationale des associations de pilotes de ligne, l'IFALPA. Le premier officier Rogers est pilote pour United Airlines.
Je vais vous faire part de notre point de vue sur les systèmes de gestion de la sécurité, et le premier officier Rogers abordera nos préoccupations concernant le transport des marchandises dangereuses.
L’Air Line Pilots Association International représente plus de 51 000 pilotes professionnels de 32 compagnies aériennes au Canada et aux États-Unis. L’ALPA est également la plus importante organisation non gouvernementale au monde en matière de sûreté et de sécurité aériennes. En plus d’être l’unité de négociation certifiée de ses membres, elle est aussi leur représentante pour tous les aspects touchant leur sécurité et leur bien-être professionnel. Par conséquent, l’ALPA démontre un intérêt considérable pour toute question touchant l’aviation.
L’ALPA appuie la mise en oeuvre efficace des systèmes de gestion de la sécurité dans le milieu de l’aviation. L’ALPA a accueilli les SGS comme le prochain grand bond en avant en matière de sécurité aérienne. Nous les considérons comme une approche corporative globale à la sécurité qui fait participer la direction et les employés. Mais ici, je dois faire une mise en garde: l’ALPA soutient la mise en oeuvre « efficace » d'un SGS. Maintenant qu’il a été mis en oeuvre pour les exploitations aériennes, notre expérience révèle qu’une entreprise peut devenir conforme sur le plan technique sans pour autant adopter les concepts sous-jacents. Un tel SGS n’est pas efficace.
L’ALPA appuie vigoureusement les SGS pour de nombreuses raisons: ils établissent clairement les responsabilités des hautes instances de la direction d’une entreprise; ils permettent de signaler des événements relatifs à la sécurité et des renseignements sans crainte de représailles; ils requièrent la participation des employés et un processus officiel d’évaluation des risques et de prise de décisions. Dans le cadre des SGS, une entreprise ne peut faire abstraction d’un problème lié à la sécurité en affirmant qu’elle se conforme à la réglementation applicable. Si un risque d’accident est connu ou est décelé, une entreprise doit procéder à une évaluation des risques et prendre une décision délibérée sur les mesures d’atténuation nécessaires pour régler la situation.
Les SGS établissent clairement que l’industrie de l’aviation est responsable des risques pour la sécurité. La méthode conventionnelle de surveillance de la sécurité, fondée sur des inspections techniques détaillées, peut sembler remplacer l’assurance de la sécurité opérationnelle. Cela peut permettre à l’industrie de l’aviation de penser ou de croire erronément que la sécurité est la responsabilité du gouvernement.
Nous croyons que ces dispositions sont absolument essentielles au succès du SGS d’une entreprise. Pour aborder de façon proactive les enjeux en matière de sécurité, des données sont requises. Les stratégies visant à améliorer les besoins en matière de sécurité doivent être fondées sur des données. En l’absence d’accident, des données adéquates sont nécessaires. Les facteurs humains et organisationnels créent des erreurs ou des dangers qui passent inaperçus jusqu’à ce qu’un ensemble de circonstances propices donne lieu à un fâcheux événement.
Un climat organisationnel, où le signalement d’erreurs, d’anomalies et de dangers n’entraîne pas de conséquences négatives pour les personnes, est essentiel pour obtenir toutes les données disponibles. Par conséquent, un programme de signalement doit offrir la confidentialité et l’immunité contre toute forme de sanction pour être efficace. Bien sûr, un geste volontaire ou délibéré, une négligence grave ou un acte criminel font partie des exceptions.
Selon l’expérience de l’ALPA, la plupart des entreprises qui instaurent un système de gestion de la sécurité se conforment entièrement aux concepts, en adoptant une culture fondée sur la sécurité à tous les échelons. Malheureusement, certaines n’agissent pas ainsi. Nous avons été témoins d’inquiétudes au sujet de la protection en matière de représailles et de confidentialité dans les situations de signalement. Dans certains cas, les employés qui expriment des inquiétudes en matière de sécurité ou qui signalent eux-mêmes des incidents sont encore assujettis à des sanctions. Par conséquent, les employés cessent de faire des déclarations, ce qui a pour incidence d’étouffer l’acheminement des données, ce qui va à l’encontre de l’objectif principal du système de gestion de la sécurité. Dans ces cas, l’entreprise a théoriquement mis en place un système de gestion de la sécurité sans toutefois modifier sa culture.
Même avec un SGS efficace, il incombe toujours au ministre d’assurer une surveillance complète et efficace et de prendre les mesures qui s’imposent au besoin. Lorsqu’il est évident qu’une entreprise ne s’acquitte pas de ses obligations en vertu du SGS, nous croyons que la surveillance conventionnelle doit être appliquée plutôt que le système de vérification du SGS.
L’ALPA croit comprendre que Transports Canada a retardé la mise en oeuvre du SGS pour les exploitants de types 703 et 704, et l’Association est en accord avec cette décision. Il est plutôt simple de mettre en place, par voie législative, les exigences d’un SGS, mais il est impossible de légiférer sur le changement de philosophie exigé dans le cadre d’un SGS efficace. Par conséquent, le fait de prendre le temps d’éduquer, d’encourager et de guider ces exploitants sera bénéfique à long terme, car l’ALPA croit qu’un programme de signalement volontaire, confidentiel et non punitif est un élément indispensable d’un SGS efficace.
Je vais maintenant céder la parole à Mark, qui va présenter la partie de notre exposé portant sur les marchandises dangereuses.
Je vais présenter notre point de vue sur le transport sécuritaire des marchandises dangereuses et sur les façons dont la mise en oeuvre d'un système de gestion de la sécurité efficace axé sur le transport de ces marchandises peut améliorer la sécurité aérienne.
Plus précisément, ce matin, j'aimerais me concentrer sur le transport des piles au lithium et sur ce qui doit être fait pour s'assurer qu'elles sont transportées de façon sécuritaire à bord d'un aéronef. Les piles au lithium font partie de la vie de tous les jours pour des millions de gens partout dans le monde; elles alimentent divers appareils, comme les ordinateurs portatifs, les téléphones cellulaires, les lampes de poche et les appareils photo. Ces piles sont offertes en deux grands types de composition chimique: le lithium ionique et le lithium métal. Les piles au lithium ionique sont généralement rechargeables et contiennent un électrolyte inflammable, alors que les piles au lithium métal ne sont pas rechargeables et contiennent du lithium métallique.
Même si la grande majorité des piles au lithium qui sont expédiées en tant que fret ou transportées à bord d'aéronefs par des passagers ou des membres de l'équipage arrivent à bon port sans incident, il y a eu un certain nombre d'incidents liés à des surchauffes et à des incendies à bord d'aéronefs, notamment deux accidents fatals de Boeing 747 cargo dus à des incendies à bord qui étaient liés à des piles au lithium. De plus, des essais menés par la FAA au William J. Hughes Technical Center d'Atlantic City ont démontré que les incendies liés à des piles au lithium représentent un risque important pour les aéronefs. Si, dans une cargaison, une seule pile est défectueuse, endommagée ou mal emballée, elle peut s'enflammer spontanément. Cet incendie se propagera ensuite à toutes les piles de la cargaison et donner lieu à ce qui pourrait bien être un incendie incontrôlable. Les chargements de piles au lithium peuvent également déclencher un incendie indépendant, qui serait alors plus intense et plus grave.
Comme le risque que pose une seule pile au lithium dans le cadre de son transport est faible, les instructions techniques de l'OACI et la réglementation canadienne relative aux marchandises dangereuses prévoient des exceptions en ce qui a trait à l'expédition de petites quantités de piles au lithium destinées au consommateur. Si un emballage contient moins de deux cellules au lithium ionique, ou huit piles, le fabriquant est exempté de la majorité des dispositions relatives aux marchandises dangereuses, notamment de l'exigence d'apposer sur l'emballage une étiquette indiquant qu'il s'agit d'une marchandise dangereuse, de former l'expéditeur et d'aviser les pilotes que la cargaison est à bord de l'aéronef. Toutefois, la menace pour l'aéronef vient du fait que la réglementation relative aux marchandises dangereuses s'arrête au niveau de l'emballage. Rien n'empêche un expéditeur de regrouper de nombreux emballages contenant huit cellules ou moins sur une seule palette, et rien n'empêche l'exploitant de charger des piles au lithium dans tout l'aéronef. De fait, il y avait environ de 80 000 à 90 000 piles au lithium à bord du Boeing 747 cargo qui s'est écrasé en 2010, à Dubaï, situation qui serait encore permise aujourd'hui.
Toutefois, on a fait des progrès récemment. En avril de cette année, j'ai représenté l'IFALPA à la réunion d'un groupe de travail de l'OACI qui a eu lieu à Montréal. Le groupe de travail était chargé de se pencher sur le transport des piles au lithium métal à bord d'aéronefs de passagers. Compte tenu du fait que le halon n'est pas efficace pour éteindre un incendie causé par des piles au lithium métal, le Groupe d'experts sur les marchandises dangereuses de l'OACI a recommandé que le fret de ces piles soit interdit à bord d'aéronefs de passagers. Si la recommandation est approuvée, cette décision entrera en vigueur le 1er janvier 2015. Il s'agit d'une avancée importante pour la sécurité; pourtant, elle ne règle pas le problème des piles au lithium métal à bord des aéronefs cargo, des piles au lithium métal dans l'équipement ni des piles au lithium ionique à bord de tout aéronef. L'ALPA croit donc qu'il reste encore beaucoup de travail à faire.
Du point de vue de la sécurité des systèmes, le transport de milliers de piles au lithium à un seul endroit représente un risque inacceptable pour l'aéronef et ses occupants. Un système de gestion de la sécurité efficace en ce qui concerne le transport des marchandises dangereuses tient compte du risque que posent les grandes quantités de piles au lithium à bord d'un aéronef au lieu d'axer la réglementation sur l'emballage. Les piles au lithium devraient être reconnues comme des marchandises dangereuses, être emballées de façon appropriée et être chargées dans un compartiment de fret muni d'un système d'extinction d'incendie. De plus, la quantité de piles doit être limitée à un nombre qui permettra au système d'extinction d'être efficace.
En conclusion, l'ALPA croit que Transports Canada devrait maintenant aller au-delà de ce qu'exige l'OACI afin d'assurer l'adoption de mesures qui protégeront le public, les membres d'équipage de vol et les autres personnes qui voyagent à bord d'aéronefs cargo ainsi que celles qui participent au système de transport du fret aérien contre les dangers actuellement associés à l'expédition de piles au lithium par avion. Cette mesure est nécessaire pour améliorer la sécurité globale des activités liées au fret aérien et la protection de la vie et des biens des gens lorsque des piles au lithium sont déplacées au moyen du système de transport aérien.
Au nom des membres de l'ALPA, nous aimerions remercier les membres du comité de nous avoir donné l'occasion de nous présenter devant vous aujourd'hui.
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Bonjour, monsieur le président et chers membres du comité. Merci beaucoup de me donner l'occasion de vous parler aujourd'hui. Nous allons nous concentrer sur les SGS pour les quelques courtes minutes dont nous disposons.
J'ai commencé à piloter quand j'avais 15 ans, à Terre-Neuve, en tant que jeune cadet de l'air. À 18 ans, je suis entré dans l'Aviation royale canadienne, et j'ai reçu une formation officielle au Collège militaire royal de Kingston. J'ai piloté pendant près de 20 ans dans les forces aériennes, et, depuis 1998, je travaille pour Air Canada comme pilote de ligne et commandant de bord. Si on fait le calcul, j'ai environ 38 ans d'expérience, et j'ai encore quelques bonnes années devant moi.
Le capitaine Ed Bunoza m'accompagne. Ed est le président de la Division de la sécurité des vols de l'Association des pilotes d'Air Canada. Ed a lui aussi reçu une formation officielle, et il a tout autant, sinon plus d'expérience que moi. Je suis également le président de l'Association des pilotes d'Air Canada, qui est le groupe de pilotes professionnels le plus important au Canada. Nous représentons plus de 3 100 pilotes professionnels qui transportent plus de 35 millions de passagers partout au Canada et dans le monde chaque année et en toute sécurité, à bord d'Air Canada et d'Air Canada rouge, notre nouveau transporteur loisirs.
Nos membres travaillent tous les jours sur la ligne de front de la sécurité. C'est ce qu'ils font. C'est leur vie et leur gagne-pain. Ils mangent et respirent de la sécurité chaque jour de la semaine. À partir d'eux et par notre entremise, nous pouvons vous donner une expérience concrète des SGS. Vous nous avez demandé d'examiner les SGS et de formuler certaines recommandations d'améliorations; nous allons donc vous raconter notre expérience de l'évaluation des SGS, que nous appuyons dans le domaine de l'aviation commerciale, étant donné l'avantage que nous procure notre expérience diversifiée de l'aviation de brousse et de l'aviation militaire ainsi que l'expérience de nos pilotes qui ont été aux commandes d'hélicoptères. Nous avons une diversité d'antécédents et de niveaux d'expérience. Nous allons formuler des recommandations de modifications et d'améliorations, mais, bien entendu, comme nous n'avons que 10 minutes, nous allons faire en sorte qu'elles soient brèves et axées sur quelques points clés.
La première chose que nous aimerions recommander, c'est que toute leçon tirée d'un SGS soit transmise et communiquée à l'échelle de tous les moyens de transport. Ce que nous apprenons de l'aviation doit être communiqué aux milieux ferroviaire et maritime. Je pense qu'il est très important que nous le fassions.
Comme mon ami et collègue Dan y a fait allusion plus tôt, le fondement d'un SGS doit être la création d'une culture de sécurité solide. La pierre d'assise d'un SGS, c'est la création de cette culture de sécurité au sein de votre compagnie aérienne. Évidemment, la pierre angulaire de la culture de sécurité est un système de signalement volontaire, confidentiel et non punitif. Il faut que nous puissions signaler les problèmes de sécurité ouvertement et librement. Les utilisateurs du système de sécurité doivent faire confiance aux systèmes et être convaincus qu'ils ne feront pas face à des représailles ou à une punition pour avoir signalé des problèmes liés à la sécurité. Les incidents de nature délibérée, les actes intentionnels ou la négligence professionnelle ne peuvent pas se cacher derrière la sécurité. Nous n'appuierions ou ne tolérerions jamais cela. Il doit y avoir un mécanisme qui permet de traiter ce genre d'incidents, mais c'est au-delà de la portée des SGS et de la sécurité.
Actuellement, la réglementation et le système ne prévoient rien qui protège la confidentialité des rapports sur la sécurité des vols ou sur la sécurité aérienne présentés par les pilotes ou d'autres employés à leur employeur. Il est possible d'accéder aux rapports sur la sécurité aérienne en vertu de la Loi sur la santé et la sécurité au travail, et c'est déjà arrivé. Lorsque les premiers de ces incidents se sont produits, nos pilotes ont adopté une position extrêmement défensive et étaient très réticents à continuer de signaler les incidents librement et ouvertement, car ils avaient l'impression que ce qu'ils signaleraient serait utilisé d'une autre manière. Les failles doivent être colmatées afin de prévenir l'érosion de la confiance à l'égard des SGS. D'autres personnes veulent utiliser ces rapports à des fins qui ne sont pas liées à la sécurité — dans les tribunaux pour l'indemnisation des travailleurs ou dans le cadre de poursuites en justice. Bien entendu, nous ne pouvons pas le permettre, sans quoi le fondement même de notre culture s'éroderait.
La perte de confiance entraînera une réduction du nombre de rapports et nous rendra incapables de trouver et de corriger les problèmes. L'établissement de rapports complets, ouverts et honnêtes est la meilleure façon de repérer, puis de corriger les préoccupations et les problèmes liés à la sécurité.
Un système de surveillance des données de vol et d'analyse des données de vol — parfois appelé FOQA — est une autre source fiable de données sur la sécurité. Les SGS sont également censés inclure un programme de surveillance des données de vol. Les systèmes de suivi des données de vol permettent de surveiller et d'enregistrer des données de vol qu'on examinera dans le but de cerner les risques systémiques. Cette surveillance permet aux programmes de sécurité d'établir les tendances relatives aux vols et de régler les problèmes avant qu'ils deviennent de vrais incidents.
Nous pouvons vous donner beaucoup d'exemples de façons dont les systèmes de surveillance des données de vol permettent de surveiller tous les paramètres d'un vol. Par exemple, on peut surveiller l'atterrissage d'un vol réglementaire sur une piste précise à, disons, Halifax; cerner un problème potentiel; donner à nos membres une formation concernant le problème auquel ils font face; et donner une formation dans le simulateur pour empêcher ce problème de se reproduire, tout cela sans jamais avoir d'incident, en ayant recours à l'analyse des données de vol.
Actuellement, en vertu des lois, en vertu des règlements, il n'y a aucune protection à cet égard non plus, un peu comme dans le cas des rapports sur la sécurité aérienne. Il devrait y avoir un programme, et il devrait y avoir des lignes directrices. Le système fonctionne à Air Canada. Le système fonctionne pour l'Association des pilotes d'Air Canada grâce à la formidable relation axée sur la sécurité des vols qui a été établie avec notre employeur. Nous pouvons rédiger nos propres règlements et établir nos propres mesures de protection pour ce genre de système, de sorte que nous pouvons améliorer la sécurité à Air Canada.
Il va sans dire qu'un autre élément clé du succès des SGS est la surveillance, mais pas de la même manière qu'auparavant, pas dans une culture d'application. Nous avons besoin d'un système qui corrige les problèmes lorsqu'ils sont repérés. Bien entendu, nous savons que le rapport de 2012 du vérificateur général a conclu que Transports Canada ne gérait pas suffisamment les risques relativement à l'aviation civile. Nous allons vous donner très rapidement un exemple: le règlement visant à régler le problème de la fatigue des pilotes est resté bloqué à Transports Canada. Nous entretenons une excellente relation avec le ministère, et des responsables travaillent sur ce règlement, mais il est encore bloqué un peu à cause de la bureaucratie. Il s'est écoulé 18 mois depuis qu'un groupe d'experts a rédigé un rapport et formulé des recommandations. Mon ami Dan a coprésidé ce groupe et corédigé ce rapport, et nous attendons toujours qu'un certain type de règlement soit adopté concernant les vols et les temps de service, car la fatigue est un problème que nous avons cerné. Entretemps, les Américains et l'Union européenne ont progressé et créé un nouveau règlement, et nous accusons encore un retard par rapport au reste du monde.
La surveillance des SGS par Transports Canada ne répond pas toujours aux normes de l'OACI. L'OACI exige qu'une autorité d'État fixe des niveaux de sécurité acceptables. Elle exige que les exploitants aient des indicateurs de rendement particuliers en matière de sécurité et des valeurs cibles. Elle exige que des vérifications ou des inspections soient effectuées au moins une fois tous les 12 mois.
Transports Canada — même s'il est encore là et qu'il assure encore une certaine surveillance — a réussi, on ne sait trop comment, à remplacer ou modifier la plupart de ces choses pour en faire une autre sorte de normes qui est acceptable pour lui. Pourtant, à Air Canada, nous avons un très bon SGS. Il fonctionne. Il fonctionne grâce à la bonne relation entre les pilotes et la direction, et entre nos employés, la direction et l'employeur.
J'ai entendu une explication selon laquelle les SGS, c'était « les gestionnaires qui gèrent la sécurité, et les employés qui assurent la sécurité ». Eh bien, je me plais à penser que les SGS sont comme un tabouret à trois pattes. Il y a l'organisme de réglementation; et il y a l'exploitant; et il faut des intervenants. Dans notre cas, les pilotes sont les employés. L'apport des intervenants de première ligne — dans notre cas, les pilotes — est essentiel à la réussite d'un bon SGS. Lorsque les intervenants et l'exploitant travaillent ensemble pour élaborer un bon programme de sécurité, nous pouvons souvent établir nos propres normes. Nous pouvons souvent faire le suivi de nos propres lignes directrices, de sorte que l'organisme de réglementation n'a pas toujours besoin d'être là. Mais il doit y avoir un mécanisme de règlement pour les situations où nous ne nous entendons pas sur la solution à un problème de sécurité. Encore une fois, c'est dans ces situations que la surveillance de l'organisme de réglementation et de Transports Canada est essentielle, mais les méthodes doivent être plus perfectionnées que le modèle habituel d'inspections et d'application. Ce modèle n'a pas fonctionné dans le passé, et il ne fonctionnera jamais.
J'ai trois éléments principaux avec lesquels je vais conclure et sur lesquels je vais vous laisser, si vous me le permettez, monsieur le président.
Nous demeurons préoccupés par le fait que Transports Canada ne vérifie pas adéquatement la conformité réglementaire avec les SGS, surtout dans le cas des transporteurs ou des exploitants dont les employés ne sont pas syndiqués, dont les pilotes ne sont pas syndiqués ou dont les employés n'ont pas de moyen de fournir une rétroaction à l'employeur. Nous croyons que les leçons tirées des SGS du milieu de l'aviation devraient être communiquées à l'ensemble des moyens de transport, et que les leçons tirées par les transporteurs aériens et les exploitants dotés d'un SGS plus perfectionné devraient être anonymisées et communiquées à ceux dont le système n'est pas aussi perfectionné afin qu'ils puissent tirer un apprentissage, eux aussi. Enfin, l'élément le plus important est une culture de sécurité très solide. Nous croyons que toutes les failles doivent être colmatées pour assurer la confidentialité et l'intégrité des données déclarées au moyen du SGS. C'est essentiel, et, sans ces mesures de protection, les signalements vont cesser, et notre culture de sécurité va s'éroder.
Merci beaucoup, monsieur le président.
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Mesdames, messieurs, membres du comité, bonjour. Je me nomme John McKenna et je suis président et chef de la direction de l’Association du transport aérien du Canada. Je suis aujourd’hui accompagné de M. Mike Skrobica, vice-président senior et chef de la direction financière.
L’Association du transport aérien du Canada représente l’industrie canadienne du transport aérien commercial depuis 80 ans. Nous regroupons environ 180 membres oeuvrant dans l’industrie de l’aviation commerciale à l’échelle de tout le Canada et desservant la majorité des quelque 600 aéroports du pays.
[Français]
Parmi nos membres figurent des grandes compagnies aériennes, des transporteurs régionaux, des exploitants de service de navette et de taxi aériens, des établissements d'enseignement offrant des programmes en aviation et des centres de formation au pilotage. Nous comptons également des membres provenant de toutes les sphères du secteur de soutien de l'industrie du transport aérien. Ces derniers sont désignés sous l'appellation de partenaires de l'industrie.
Nous vous remercions de nous accorder cette occasion de nous exprimer sur ces importants enjeux qui touchent notre industrie et que vous avez entrepris d'étudier. Le transport des matières dangereuses, en raison du danger évident qu'il pose pour les opérations aériennes, représente un domaine où l'industrie de l'aviation se distingue par ses avancées depuis de nombreuses années.
[Traduction]
Mes propos porteront aujourd’hui plus particulièrement sur les systèmes de gestion de la sécurité (SGS). Toutefois, je serai heureux de répondre à toutes vos questions, tant en matière de transport de matières dangereuses que de SGS.
La mise en place de SGS devait être facilitée par des modifications à la Loi sur l’aéronautique. Les projets de loi et ont été déposés en 2006 et 2007 respectivement. Parmi les principales modifications à la Loi sur l’aéronautique proposées, il y avait des dispositions visant à encourager les employés de transporteurs aériens canadiens à faire part volontairement de leurs inquiétudes sur le plan de la sécurité sans crainte de poursuites ou de mesures disciplinaires; des dispositions permettant une plus grande autoréglementation dans les domaines à faible risque du secteur aéronautique, permettant un meilleur usage des ressources limitées de Transports Canada dans les secteurs à plus haut risque; et de nouveaux moyens d’application de la loi pour le ministre des Transports et l’imposition de peines plus sévères aux contrevenants.
[Français]
La Chambre des communes a ajourné ses travaux ou a été prorogée avant que l'un ou l'autre de ces projets de loi n'ait pu être adopté en dernière lecture. Ces modifications étaient à l'étude au moment où les grandes compagnies aériennes ont participé au développement collaboratif de systèmes de gestion de la sécurité et devaient aider à leur mise en oeuvre, tant chez Transports Canada que chez les transporteurs.
[Traduction]
L’ATAC est convaincue que la mise en oeuvre de SGS offre des avantages de nature sécuritaire aussi bien que financière. Ces systèmes demandent toutefois des investissements considérables, peu importe l’envergure des opérations de l’organisation. Les plus grands transporteurs, désignés comme exploitants de catégorie 705 par le Règlement de l’aviation canadien, affirment qu’ils ne se passeraient plus des SGS, mais s’entendent toutefois tous pour dire qu’ils ont sous-estimé la tâche que représente l’instauration de tels systèmes.
Dans sa Liste de surveillance 2012, le Bureau de la sécurité des transports du Canada a énoncé le fait que, entre 2001 et 2010, le groupe composé d’exploitants appartenant à la catégorie 703 — services de taxis aériens — a enregistré beaucoup plus d’accidents et de pertes de vie que les exploitants de service aérien de navette — 704 — et les transporteurs aériens réunis. Pendant cette période, les chiffres du BST indiquent pour la catégorie 703 un total de 359 accidents ayant causé 132 décès, alors que les exploitants de service aérien de navette et les transporteurs aériens ont déclaré 44 accidents sans aucune perte de vie.
Depuis 2006, la réglementation canadienne exige la mise en oeuvre de SGS. Toutefois, seuls les transporteurs appartenant à la catégorie 705, les compagnies aériennes et les organismes de maintenance agréés qui les soutiennent ont jusqu’ici été tenus de se doter d’un SGS pleinement conforme. L’ATAC désire encourager et faciliter l’adoption de SGS par tous les exploitants commerciaux. Nous sommes bien conscients que le modèle de SGS approuvé par Transports Canada pour la catégorie 705 ne se prête pas aux exploitants de plus petite taille. Par ailleurs, notre industrie a également reçu des messages contradictoires de la part de Transports Canada en ce qui a trait à l'avenir d’une pleine instauration des SGS.
[Français]
Par conséquent, l'ATAC a conçu son propre guide SGS. Cet outil innovateur, dont le but est d'aider les petits et moyens exploitants à élaborer, mettre en oeuvre et maintenir un SGS conforme, a été distribué gratuitement à tous nos membres.
Nous avons passé plus d'un an à rechercher le type de SGS approprié, puis à concevoir les outils et les services nécessaires pour appuyer les petits et moyens exploitants.
Notre défi était double. Le premier était de concevoir un modèle de SGS qui respecte les exigences de Transports Canada. Le second était de proposer un modèle qui convient aux utilisateurs ciblés et à la taille et à la complexité de leurs opérations, tout en permettant des améliorations sur le plan des opérations et de l'efficacité.
[Traduction]
Les grandes sociétés accumulent et produisent un grand volume de données complexes. L’ampleur et la complexité de leurs activités, ainsi que les défis reliés aux changements culturels, rendent difficile la mise en oeuvre simultanée de processus SGS réactifs et proactifs. Les organisations de plus petite taille doivent efficacement identifier et respecter les exigences réglementaires, en distinguant clairement l’information « essentielle » de l’information « bonne à savoir ». Cette méthode simplifie un grand nombre des processus, procédures et sous-systèmes inhérents aux SGS. De plus, ne pas séparer les objectifs d’affaires des objectifs de sécurité simplifie et appuie le changement culturel essentiel à la mise en place réussie d’un SGS.
Le système de gestion de risques est au coeur du fonctionnement des SGS. Le système de surveillance de la sécurité d’une organisation constitue son système de gestion des risques, lequel est composé de quatre étapes distinctes: le signalement; l’enquête et l’analyse; l’élaboration et l’application de mesures correctives; et le contrôle de l’efficacité.
Il est important de faire la distinction entre la responsabilité de Transports Canada en matière de surveillance de la sécurité et l’obligation pour une organisation de satisfaire les exigences de contrôle de la sécurité des SGS. Bien que l’absence d’erreurs soit impossible à tous les niveaux, elle est encore plus difficile à atteindre pour les organisations de plus petite taille. Au Canada, ces organisations emploient généralement des ressources possédant un degré d’expérience variée (de l’apprenti à l’expert), exploitent l’équipement souvent le plus ancien et le moins sophistiqué et mènent leurs activités dans des environnements techniquement moins perfectionnés et donc à risque potentiellement plus élevé. Face à cette réalité et devant l’obligation imposée par TC de créer un SGS correspondant à la taille et la complexité de l’organisation, l’objectif consiste à fournir l’assurance vérifiable que les opérations sont sécuritaires.
J’aimerais terminer en réitérant notre conviction que les systèmes de gestion de la sécurité permettent des avantages de nature sécuritaire et financière, mais que ces SGS doivent absolument faire partie de la culture d’entreprise du transporteur pour être fonctionnels et générer les bénéfices attendus. Enfin, il serait très important que Transports Canada clarifie ses intentions en ce qui concerne la mise en place de SGS dans tous les secteurs de l’industrie du transport aérien. L’ATAC désire aider les exploitants à intégrer cet élément crucial dans leur culture organisationnelle et leurs activités quotidiennes.
Je vous remercie.
Un système de gestion de la sécurité n'est pas qu'un document stratégique. C'est la mise en oeuvre d'une culture de sécurité encore plus grande. Le plan — et les processus qui le soutiennent — est la façon dont une organisation s'organise et mène ses activités quotidiennes.
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Je m'excuse de répondre en anglais, mais je suis né et j'ai grandi à Terre-Neuve, alors pardonnez-moi.
Il y a deux choses. Il s'agit des rapports comme tels et de la culture associée aux rapports sur la sécurité aérienne et au signalement des incidents et du fait qu'il faut les utiliser, et les utiliser à des fins de sécurité seulement. Comme je l'ai souligné, c'est la pierre d'assise et la culture de... Lorsque j'étais un tout jeune pilote de la Force aérienne, la toute première chose que j'ai apprise était que, si je voyais un problème, je devais le signaler pleinement. Tant que je ne fais rien de mal, de délibéré ou qui constitue de la négligence professionnelle, le rapport sera utilisé à des fins de sécurité et pour rien d'autre.
Par conséquent, nous devons nous assurer qu'il y a des règlements. Vous êtes mieux placés que moi pour savoir où doivent être ces règlements afin de prévenir la mauvaise utilisation de ces rapports. Nous ne disons pas qu'il faut les cacher. Nous ne disons pas que les gens ne peuvent pas les consulter. Mais nous ferions valoir que seules les personnes qui sont qualifiées et qui comprennent ce qu'elles ont sous les yeux devraient avoir la permission de consulter les rapports qui ont été rédigés, en toute honnêteté, afin de mieux protéger la sécurité.
La deuxième partie de ce problème est liée à la gestion des données de vol. Actuellement, la quantité de données que nous pouvons recueillir d'un aéronef est incroyable. Je vais demander à Ed de vous en parler dans une seconde. Nous pouvons créer et produire beaucoup de données sur les vols — en vol, au moment de l'atterrissage et en tout temps. Il n'y a rien; il n'y a aucun règlement ni aucune mesure de protection qui s'applique à ces données. Ainsi, lorsque je pilote un avion, si vous voulez recueillir des données sur la façon dont j'ai exercé mes fonctions à bord d'un avion, surtout en cas d'incident, ces données ne sont pas du tout protégées. La seule protection dont nous bénéficions est une entente prévue dans notre contrat avec notre employeur selon laquelle il ne les utilisera qu'à des fins de sécurité. Et je pourrais ajouter...
Nous représentons les pilotes de neuf transporteurs aériens du Canada, et il y a eu un certain nombre de cas où des pilotes ont fait l'objet de mesures disciplinaires après qu'ils ont signalé leur propre erreur. Pour nous, c'est un problème culturel au sein de la compagnie aérienne en question. Nous travaillons avec ces transporteurs aériens et, dans la plupart des cas, cela se produit deux ou trois fois. Après, cela ne se reproduit plus. Dans les cas extrêmes, nous avons organisé des réunions avec Transports Canada. Nous n'avons pas peur de nous adresser à Transports, et le ministère va prêter une attention particulière à ces exploitants précis, procéder à une vérification de leur SGS et poser certaines questions, si les procédures ont bien été suivies.
Ces mesures, en soi, ont aidé à changer la culture au sein de certaines de ces compagnies aériennes, car, comme l'a dit Craig, si on ne peut pas signaler les problèmes en toute confiance, en sachant qu'on ne fera pas l'objet de mesures disciplinaires, la circulation de l'information s'arrête.
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Je comprends ce que vous voulez dire par « interne », mais je voulais simplement faire inscrire au compte rendu qu'il existe des limites. Il y a des limites pour un chef syndical qui parle ouvertement de ses préoccupations liées à la sécurité d'Air Canada.
J'aimerais passer à autre chose, si vous le permettez. Vous faites valoir à juste titre, monsieur Blandford, dans votre présentation, que le rapport du vérificateur général de 2012 a révélé que Transports Canada n'effectuait pas une gestion du risque adéquate dans le domaine de l'aviation civile. Ensuite, vous dites au public canadien aujourd'hui que Transports Canada, après 18 mois, n'a toujours pas de normes sur la fatigue des pilotes. Vous dites que les États-Unis et l'Union européenne l'ont déjà fait. Ensuite, vous ajoutez que la surveillance du SGS assurée par Transports Canada ne respecte pas les normes internationales, qui exigent que le gouvernement du Canada fixe des niveaux de sécurité acceptables, mais que Transports Canada et les conservateurs permettent aux transporteurs aériens de déterminer leurs propres niveaux de sécurité. Ensuite, vous dites que, à l'échelle internationale, les transporteurs aériens doivent avoir des indicateurs — des valeurs cibles — précis touchant le rendement en matière de sécurité. Sous le régime du gouvernement conservateur, Transports Canada ne répond pas à cette exigence non plus. Ensuite, vous dites que, à l'échelle internationale, il doit y avoir des vérifications et des inspections au moins tous les 12 mois. Sous le gouvernement conservateur, Transports Canada mène une évaluation tous les 36 mois.
Nous avons un problème de taille ici, en ce qui a trait à une des trois pattes du tabouret qui se rattache aux SGS, n'est-ce pas?
Les normes et les pratiques recommandées sont prises en compte au moment de la création du règlement, pour s'assurer qu'on respecte les normes de l'OACI. En fait, le Canada est un chef de file mondial à ce chapitre; il a un bilan exceptionnel en matière de sécurité, et il était l'un des chefs de file au début des SGS.
J'aimerais parler un peu de la question de l'inspection, si vous le permettez.
Lorsque je parle d'inspection « classique », il s'agit de faire le tour et, si on aperçoit une fuite dans le moteur, on demande pourquoi. Ensuite, on rédige un rapport. Vous auriez probablement une amende ou un délai de quelques jours pour régler le problème. Maintenant, avec les SGS, on a instauré une culture qui permet aux travailleurs et aux exploitants de cerner les risques et les problèmes, de les évaluer et de trouver les meilleures solutions. Comme ce processus est en place, Transports Canada croit qu'il n'est probablement pas nécessaire de faire le tour des avions autant que par le passé. On le fait quand même à l'occasion, pour s'assurer que les gens demeurent honnêtes, tout comme l'ARC. Nous déposons notre déclaration de revenus, et, de temps à autre, l'ARC mène une vérification.
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Merci, monsieur le président.
J'apprécie cette discussion plus serrée à propos du véritable enjeu. Nous avons accueilli des témoins du secteur des chemins de fer qui éprouvent des problèmes semblables. Le Bureau de la sécurité des transports recommande depuis huit ou neuf ans d'installer des enregistreurs audio-vidéo à bord. Les compagnies de chemin de fer ont dit: « Nous allons les installer demain si vous nous laissez les utiliser à des fins disciplinaires ».
De toute évidence, vous ne le faites pas dans l'industrie aérienne, et vous ne l'avez jamais fait. Cependant, ces dispositifs sont là, ils sont utiles et on les utilise en cas d'incident. C'est toujours la même vieille querelle.
Mais, dans votre cas, si j'ai bien compris, les projets de loi C-6 et C-7 auraient réglé le problème. Cela remonte à il y a huit ans. Alors, qu'est-ce qui vous retient? Quelqu'un vous en a-t-il parlé? Non? S'agit-il d'une question qui trotte dans la tête du gouvernement actuel?
En ce qui concerne le SGS lui-même, l'autre chose dont nous avons entendu parler dans le cadre de nos discussions avec le secteur des chemins de fer, en particulier, c'est que les SGS contiennent des renseignements confidentiels et exclusifs sur le plan de la concurrence.
Pour quelle raison un SGS ne pourrait-il pas être communiqué publiquement afin qu'on puisse savoir exactement de quoi il est question et peut-être participer à son amélioration?
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Il y a 30 ans, nous n'avions pas un système comme celui-ci. Puis, quelqu'un est arrivé et a dit: « Pourquoi ne créons-nous pas un système permettant aux pilotes et aux représentants des transporteurs aériens de présenter ouvertement des rapports sans qu'on puisse les utiliser contre eux? » Et maintenant, j'entends des gens qui veulent changer le système. Ils veulent que tout le monde puisse savoir ce qui se passe. Vous allez à l'encontre du but recherché, qui était la confidentialité et le fait que l'information n'était pas divulguée.
Le transporteur aérien obtiendra ces rapports, qu'on appelle des rapports sur la sécurité aérienne. Lorsque les inspecteurs arrivent et qu'ils réalisent leurs inspections de validation du rendement, les IVR, ils peuvent examiner de quelle façon le transporteur a géré ces rapports.
Je reçois les rapports sur la sécurité aérienne chaque jour, alors je suis une des pattes du tabouret dont vous avez parlé. Si je n'aime pas de quelle façon le transporteur a géré ces rapports, je le rencontre avec les statistiques et je lui demande ce qu'il en fait. Il y a d'autres mécanismes que nous pouvons utiliser pour aller plus loin.
Lorsque Transports Canada procède à une vérification d'Air Canada ou peu importe ce qu'il fait, il a accès à ces rapports et il nous demande ce que nous faisons avec eux. « Eh bien, nous avons examiné le rapport et nous avons atténué le risque ». On utilise le HFACS pour les classifier. On met donc un niveau de — je ne devrais pas parler de blâme —, mais ils disent: « Eh bien, le problème, ce n'est peut-être pas le pilote. Peut-être que c'est plus haut dans la hiérarchie ».
Alors le système se gère lui-même. Qu'allez-vous tirer du fait que j'ai écrit dans mon rapport que quand j'ai décollé, il y a eu une défectuosité hydraulique et j'ai dû atterrir. Pourquoi voulez-vous le savoir?
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Je vais vous donner un exemple de situation où le SGS fonctionne.
Un pilote est en vol, et on l'autorise à monter du niveau de vol 340 au niveau de vol 350. Il répond « 360 », et il monte au niveau de vol 360. Tout de suite après, il se rend compte qu'il est à la mauvaise altitude. Que doit-il faire à ce moment-là?
Avant, il n'aurait jamais parlé, parce qu'il aurait reçu une amende de Transports Canada. Il aurait été puni pour cette erreur. Par conséquent, il rédige un rapport du SGS et indique: « Je pensais avoir répondu 350. Le contrôleur n'a rien dit, alors j'ai cru que c'était la bonne chose à faire. »
L'entreprise obtient son rapport. Sur une période d'un mois, elle obtient quatre ou cinq rapports qui portent sur la même chose, alors elle se dit que quelque chose ne va pas.
On a finalement compris, dans ce cas précis — je crois que c'était dans le Nord du Manitoba —, que le répétiteur pour le système de communication air-sol était mal positionné. Ce n'était pas clair. Ils avaient toujours de la difficulté à s'entendre. On a installé une nouvelle tour, et, maintenant, la communication est beaucoup plus claire. Ces problèmes ne surviennent plus.
Après coup, j'imagine que nous pourrions anonymiser tous ces renseignements et dire qu'il y avait un mauvais transmetteur quelque part, mais que le problème est maintenant réglé et que le système fonctionne. Mais je ne crois pas que ce soit utile — disons que j'avais été le pilote — que les médias découvrent que je suis monté à une mauvaise altitude. Pourquoi devraient-ils le savoir?
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Merci, monsieur le président.
Merci encore une fois à nos témoins d'être ici.
Nous avons entendu dire, par opposition au témoignage de l'UCET, que Transports Canada effectue bel et bien des inspections. Il ne s'agit pas seulement de pratiques administratives effectuées dans les bureaux, et nous entendons dire que les inspecteurs de Transports Canada se présentent sans préavis à la porte. Ce sont des points importants à comprendre, aujourd'hui.
J'ai en main le rapport sur les événements et les accidents aéronautiques du Bureau de la sécurité des transports du Canada, il s'agit de son sommaire statistique pour 2013. Ce rapport indique que, en 2011, les vols de l'aviation civile, au Canada, ce qui ne comprenait pas les ultralégers, les planeurs, les montgolfières, etc., représentaient environ 3 966 000 heures de vol. Il y a eu, au cours de la dernière décennie, une importante tendance à la baisse des taux d'accidents, qui sont passés de 7 en 2002 à 5,7 en 2011. En fait, ces statistiques en matière de sécurité sont les meilleures depuis 10 ans, au Canada, et elles s'améliorent.
M. Chalmers, qui a comparu devant le comité à la dernière réunion, a laissé entendre que les améliorations apportées à la conception des avions expliquent en grande partie l'amélioration de la sécurité. Est-ce une évaluation juste? N'est-il pas intéressant de noter que la mise en oeuvre et l'amélioration des systèmes de gestion de la sécurité coïncident très précisément, en fait, avec l'amélioration des données en matière de sécurité?