:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle Robert Mundie et je suis le vice-président par intérim de la Direction générale des services internes de l’Agence des services frontaliers du Canada. M. Dan Proulx, directeur de la Division de l’accès à l’information et de la protection des renseignements personnels m’accompagne aujourd’hui.
[Français]
Cette division est responsable de la surveillance de la fonction d'accès et de la protection des renseignements personnels à l'Agence, ce qui comprend ceci: l'application et le respect des exigences de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels en lien avec le traitement des demandes; les interactions avec le public, les employés de l'Agence, d'autres institutions fédérales, le Commissariat à l'information du Canada et le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada au sujet des enquêtes et des vérifications; et la mise en oeuvre de mesures pour améliorer notre capacité à traiter les demandes.
[Traduction]
Je vais décrire brièvement les fonctions d’accès à l'information et de protection des renseignements personnels de l’ASFC et le rendement de celle-ci en fonction des normes de service établies, et je vais souligner certaines des réussites et des difficultés vécues sur le plan de l’application des lois.
L’ASFC est le deuxième organisme d’exécution de la loi en importance au sein du gouvernement fédéral. Elle est responsable des fonctions frontalières relatives aux douanes, à l'exécution de la loi en matière d’immigration et à l’inspection des aliments, des végétaux et des animaux.
[Français]
L'Agence applique et exécute deux principaux textes de loi: la Loi sur les douanes, laquelle décrit les responsabilités de l'Agence en matière de perception des droits et des taxes sur les marchandises importées, d'interception des marchandises illégales et d'application des lois et des accords commerciaux; et la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, qui régit l'admissibilité des personnes au Canada, ainsi que l'identification, la détention et le renvoi des personnes jugées interdites de territoire aux termes de la Loi.
[Traduction]
L'Agence exécute aussi plus de 90 autres lois, au nom de ministères et organismes fédéraux dans bien des cas.
Monsieur le président, en raison des nombreuses communications quotidiennes entre l’Agence et des entreprises et des personnes sur diverses questions, le personnel de l’Agence connaît bien les demandes d’accès et de renseignements personnels. Environ 62 employés travaillent dans la Division de l’AIPRP, dont 44 se consacrent uniquement au traitement des demandes d’accès à l’information et de protection des renseignements personnels. De plus, l’Agence dispose d’un réseau de 16 agents de liaison à l’interne qui assurent un soutien à la Division de l’AIPRP au sein des directions générales de l’administration centrale de l’Agence, ainsi que dans les régions de l’ensemble du pays.
Les dépenses de fonctionnement totales de l’ASFC pour mener à bien son programme d’accès à l’information et de protection des renseignements personnels s’élevaient approximativement à 5,1 millions de dollars en 2016-2017, dont 4,3 millions étaient consacrés aux salaires et 800 000 $ aux dépenses non salariales. Pour ce qui est du nombre de demandes reçues en vertu de la Loi sur l’accès à l’information, l’Agence a reçu un peu plus de 6 250 demandes d’accès à l’information en 2016-2017, ce qui la place au deuxième rang au sein du gouvernement du Canada pour le nombre total de demandes. En vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels, les données sont tout aussi importantes, avec environ 11 600 demandes reçues.
[Français]
De plus, au cours du premier semestre de l'exercice en cours, le nombre de demandes reçues en vertu des deux lois a augmenté de 15 %. Le nombre élevé de demandes est largement attribuable à des personnes qui demandent une copie de leurs dates d'arrivée au Canada.
[Traduction]
Au cours de l'exercice 2016-2017, 78 % des demandes que l'Agence a reçues en vertu de la Loi sur la protection des renseignements personnels et 45 % des demandes qu'elle a reçues en vertu de la Loi sur l'accès à l'information provenaient de personnes demandant un rapport d'antécédents de voyage, un rapport que nous produisons et qui sert à prouver le respect des obligations relatives à la résidence dans le cadre des programmes d'avantages sociaux gérés par Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada et par Emploi et Développement social Canada. Les analystes de la Division de l'AIPRP ont directement accès à la base de données dans laquelle se trouvent ces rapports. En outre, l'examen de ces rapports et l'application de la loi sont normalisés, ce qui permet à nos analystes d'achever le traitement des demandes sans devoir demander à des représentants du ministère des recommandations sur la communication. Cela réduit considérablement le temps dont ont besoin les analystes pour traiter ces types de demandes.
Concernant les demandes qui ont été traitées au cours du dernier exercice, l'ASFC a été en mesure de répondre dans les délais prescrits par les deux lois dans plus de 8 cas sur 10.
Comme l'indique le rapport annuel de l'an dernier que le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada a présenté au Parlement, 70 plaintes ont été déposées contre l'ASFC auprès du commissaire à la protection de la vie privée. Étant donné le grand nombre de demandes traitées par l'Agence, il s'agit d'une très petite proportion du nombre total de demandes que nous traitons: moins de 1 %.
Un résultat similaire a été observé en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Au total, 125 plaintes ont été déposées auprès du commissaire à l'information, ce qui représente moins de 2 % des demandes traitées par l'ASFC. Cependant, nous aspirons à mieux servir les Canadiens et nous cherchons des moyens d'améliorer nos services.
[Français]
Nos réussites illustrent l'engagement de l'Agence à veiller à ce que tous les efforts raisonnables soient déployés pour satisfaire aux obligations énoncées dans la Loi sur l'accès à l'information et la Loi sur la protection des renseignements personnels. L'Agence s'efforce de fournir aux Canadiens, de façon utile et opportune, les renseignements auxquels ils ont droit en conciliant le droit d'accès et la nécessité de protéger l'intégrité des services frontaliers qui appuient la sécurité publique et nationale.
[Traduction]
Des approches novatrices et une planification minutieuse aideront l'Agence à maintenir ces réussites dans le futur.
En terminant, nous voyons d'un bon oeil la révision de la Loi sur l'accès à l'information et de la Loi sur la protection des renseignements personnels et nous appuierons et adopterons pleinement les nouvelles mesures présentées par le Secrétariat du Conseil du Trésor après l'adoption de réformes législatives.
Je vous remercie, monsieur le président, de nous avoir donné la possibilité de formuler des commentaires et de nous avoir accueillis aujourd'hui. Nous serons ravis de répondre aux questions des membres du Comité.
:
Monsieur le président, je m'appelle Michael Olsen. Je suis directeur général des affaires corporatives et chef de la protection des renseignements personnels à Immigration, Réfugiés et Citoyenneté Canada. Je suis accompagné d'Audrey White, qui est directrice de la Division de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels à IRCC.
Je tiens à vous remercier de nous accueillir aujourd'hui et de nous donner la possibilité de discuter du projet de loi , Loi modifiant la Loi sur l'accès à l'information et la Loi sur la protection des renseignements personnels. IRCC a déjà comparu devant le Comité à deux reprises pour discuter de cet examen.
Monsieur le président, je veux tout d'abord parler du rendement du ministère et je parlerai ensuite des modifications proposées.
[Français]
En 2012-2013, le ministère a reçu 30 124 demandes d'AIPRP, soit des demandes d'accès à l'information et de protection des renseignements personnels. Depuis, le nombre de demandes a plus que doublé. Au cours de l'année 2016-2017, nous avons reçu plus de 63 000 demandes d'AIPRP, ce qui représente une augmentation de 23 % par rapport à l'année précédente. Pour l'année en cours, nous observons à nouveau une augmentation de 23 % du nombre de demandes reçues.
En 2016-2017, notre dernière année de déclaration, IRCC a reçu plus de demandes d'accès à l'information que toute autre institution fédérale. IRCC reçoit environ la moitié de toutes les demandes d'AIPRP reçues par le gouvernement du Canada.
[Traduction]
Malgré cette hausse du nombre de demandes, IRCC a été en mesure de maintenir un taux de conformité de 79 % pour les demandes d'accès à l'information et de 68 % pour les demandes de protection des renseignements personnels. La Division de l'AIPRP a été efficace dans la gestion des demandes reçues afin de respecter l'échéance législative.
IRCC a lancé un certain nombre d'initiatives en vue d'améliorer son rendement et de relever les défis actuels. Bien que ces initiatives aient permis d'accroître la productivité d'une année à l'autre, nous devons continuer de créer des stratégies visant à diminuer l'arriéré et à améliorer notre taux de conformité.
La majorité des demandes d'AIPRP reçues et traitées au sein du ministère visent des dossiers d'immigration. Le ministère détient les renseignements de millions de personnes et recueille un nombre considérable de renseignements personnels annuellement en raison des demandes de citoyenneté, de passeport et de résidence permanente et temporaire. Ceci a ensuite un effet direct sur le nombre toujours croissant de demandes d'AIPRP reçues par IRCC.
Monsieur le président, un nombre total de 165 plaintes officielles ont été déposées auprès des commissaires à l'information et à la protection de la vie privée l'année dernière, ce qui représente moins de 1 % de toutes les demandes traitées au cours de cette période. IRCC prend l'obligation de prêter assistance très au sérieux; en effet, la Division de l'AIPRP avise les auteurs de demandes dans le cas du retard possible de service. Nous agissons de façon proactive afin de réduire le plus possible le nombre de plaintes.
La Division de l'AIPRP offre aux employés d'IRCC diverses formations, en personne et en ligne, concernant l'importance de la protection de la vie privée et des renseignements personnels. Monsieur le président, en tant que chef de la protection des renseignements personnels d'IRCC, j'ai le plaisir d'annoncer que nous tiendrons une deuxième journée annuelle de la protection de la vie privée le 1er novembre. Cette journée fournira une tribune qui permettra de présenter des questions clés visant la protection de la vie privée dans un environnement technologique complexe en évolution rapide. Plus important encore, la journée de la protection de la vie privée témoigne des efforts continus que nous déployons afin d'établir une culture de protection des renseignements personnels à l'échelle de l'institution, ainsi que de notre engagement à accroître la vigilance à l'égard de la protection de la vie privée. À IRCC, la protection de la vie privée et des renseignements personnels est primordiale.
Le projet de loi comprend un nouvel alinéa aux termes du paragraphe 6.1(1), qui prévoit que les institutions gouvernementales peuvent refuser une demande dans le cas où elle est vexatoire ou entachée de mauvaise foi, ou lorsqu'il manque des détails clés. Ce nouveau pouvoir est discrétionnaire, et IRCC continuera de faire preuve du jugement adéquat dans l'esprit de la législation.
Comme je l'ai mentionné, IRCC s'est engagé envers les principes visant l'obligation de prêter assistance tel qu'inscrit dans la Loi. Nous avons déjà traité des demandes dans lesquelles il manquait des détails précis, soit parce qu'ils étaient inconnus, non nécessaires ou non indiqués. Lorsqu'il est nécessaire de le faire, la Division de l'AIPRP collabore avec les auteurs d'une demande afin d'en préciser la portée et d'obtenir les renseignements manquants. Nous envisageons le refus uniquement dans les circonstances exceptionnelles où toutes les options visant l'obligation de prêter assistance ont été épuisées; il serait impossible de traiter la demande ou le traitement que la demande imposerait un fardeau considérable à IRCC qu'il ne serait raisonnablement pas possible de gérer à l'aide de prolongations ou d'autres dispositions prévues dans la loi.
Monsieur le président, je tiens à vous remercier encore une fois de m'avoir invité à présenter le point de vue d'IRCC concernant ce sujet important et de nous avoir accueillis aujourd'hui.
C'est avec plaisir que je répondrai aux questions des membres du Comité. Merci.
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En général, nous recevons d'abord une demande. Ces demandes peuvent maintenant arriver la nuit grâce aux portails en ligne. Une fois la demande reçue, les employés de première ligne — la plupart des bureaux d'AIPRP ont un personnel administratif — enregistrent les demandes dans le système de suivi de l'AIPRP, c'est-à-dire le logiciel dont nous avons parlé plus tôt. La demande est enregistrée dans le système et elle est ensuite transférée dans un module. Toutes les nouvelles demandes reçues le jour ou la nuit précédente attendent dans ce module. Chaque jour, il y a environ 200 demandes en attente dans notre institution.
Ensuite, la gestion attribue les demandes à des analystes. Le traitement est confié à une tierce partie. Environ 40 analystes traitent ces demandes; nous leur envoyons donc les demandes. La première chose à faire lorsque vous recevez une nouvelle demande, c'est de la lire et de vous assurer de bien la comprendre. Si vous ne comprenez pas la demande, il faut immédiatement demander des éclaircissements. Nous ne demanderons pas à l'ASFC de trouver un dossier si nous ne comprenons pas la demande nous-mêmes.
Lorsque nous prenons connaissance de l'objet d'une demande, nous effectuons tout d'abord une recherche dans notre système pour vérifier si quelqu'un d'autre a déjà présenté une demande semblable. Comme vous le savez, nous publions l'objet des demandes entièrement traitées dans Internet. Si j'ai déjà traité une demande semblable, je peux offrir cette solution pour répondre à vos besoins immédiats ou je peux vous offrir quelque chose pour vous aider en attendant le traitement de votre nouvelle demande de renseignements semblables. Si nous pouvons vous satisfaire en vous offrant des renseignements que nous avons déjà communiqués à une autre personne sans avoir à traiter votre demande au complet, tout le monde épargne du temps. Nous sommes contents et vous êtes contents. Tout le monde est content.
Une fois la demande bien comprise, nous disposons de 30 jours pour prendre un grand nombre de décisions. Dans cette période de 30 jours, je dois estimer, souvent sans avoir les dossiers pertinents, ce qui me sera envoyé. Devrai-je consulter des tierces parties? Devrai-je consulter d'autres institutions gouvernementales? Quelles sont les indications sur le volume de documents qui me sera envoyé? Une grande partie de ce travail est effectué au téléphone avec la division du programme qui a les documents physiques. Nous tentons d'estimer ce qui nous sera envoyé, car si nous ne demandons pas une prolongation pendant les 30 premiers jours, nous ne pourrons pas la demander plus tard. C'est la période dont nous disposons.
Il se peut que nous soyons assez chanceux pour recevoir l'information demandée au cours des 30 premiers jours. L'ASFC les reçoit dans une zone de réception; en effet, pour accélérer le processus, nous avons créé une zone de réception en ligne. Les dossiers sont déposés électroniquement dans un portail où mes employés les saisissent. Ce processus est complètement automatisé à l'ASFC et nous n'avons donc pas de documents en papier. Si nous recevons un document en papier, nous le numérisons et nous le déchiquetons ensuite. Toutes les informations circulent dans le système.
Lorsque nous recevons les informations demandées, pour veiller à obtenir des recommandations solides et pertinentes et pour nous assurer que nous avons bien les renseignements demandés — pas plus et pas moins — et que nous savons ce qui nous sera envoyé avant de mener l'analyse de l’AIPRP, nous devons passer par un processus obligatoire dans lequel un directeur général ou un titulaire d'un poste plus élevé à l'ASFC doit signer un document qui confirme que tous les renseignements demandés sont inclus dans l'AIPRP. Il doit confirmer que la demande est complète et exacte et qu'il n'y a pas trop de renseignements ou pas assez. Il doit également confirmer les recommandations liées au matériel sensible ou la recommandation visant à faire une divulgation complète. Ces dossiers sont ensuite envoyés à un analyste de l'AIPRP.
De nombreuses personnes nous demandent si nous pouvons traiter une demande en 30 jours. Pour vous donner une idée du volume que nous traitons actuellement, de 80 à 100 dossiers sont attribués à chaque employé du service de l'AIPRP de l'ASFC. Chaque jour, lorsqu'ils arrivent au travail, ces employés doivent traiter de 80 à 100 dossiers, et on s'attend à ce qu'ils les règlent en 30 jours ou qu'ils déterminent avant 30 jours s'ils ont besoin d'une prolongation et la durée de cette prolongation. Vous pouvez constater que la charge de travail est très élevée et que tout se fait très rapidement et à temps dans mon bureau.
Lorsqu'on nous renvoie tous ces dossiers, nous devons effectuer un examen phrase par phrase pour terminer le processus. Je suis sérieux, il s'agit réellement d'un examen phrase par phrase. Comme je vous l'ai dit, la plupart des exemptions dépendent de l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire, et il faut donc se demander s'il s'agit d'un renseignement qui peut être divulgué au public. Nous devons également nous demander s'il s'agit d'un renseignement qui doit bénéficier d'une exemption. De plus, si je lui attribue une exemption fondée sur un pouvoir discrétionnaire, comment dois-je exercer ce pouvoir discrétionnaire? Comment puis-je documenter cette décision? Pourquoi ai-je choisi de diffuser l'information ou de ne pas la diffuser? Nous documentons l'exercice du pouvoir discrétionnaire dans les deux cas, c'est-à-dire que si nous faisons une divulgation, nous documentons les raisons pour lesquelles nous faisons cette divulgation, et si nous ne divulguons pas le renseignement, nous documentons les raisons qui expliquent notre décision.
Une fois toutes ces démarches terminées, le dossier est envoyé à une personne déléguée. En effet, le a délégué certaines personnes pour approuver les demandes d'AIPRP. Au sein de l'ASFC, le plus faible niveau de délégation est celui de chef d'équipe; ces personnes signent donc la plupart des approbations. Les chefs d'équipe effectuent ensuite un examen sommaire de l'examen phrase par phrase qui a été mené dans le cadre de l'analyse pour veiller à ce que tout ait été fait de façon appropriée et que tout est défendable en droit. Ensuite, ils signent l'approbation.
Enfin, à l'ASFC, toutes les demandes d'accès réelles — c'est-à-dire les demandes d'accès non personnelles — me sont envoyées par les chefs d'équipe délégués, afin que je puisse m'assurer que tout est bien fait par l'entremise d'un bref examen. Ensuite, je leur donne le feu vert et l'information est divulguée.
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Le rapport sur les antécédents de voyage n'est pas un document que les personnes peuvent conserver lors de leur entrée au pays. Ce document indique tous les points d'entrée à savoir à quel endroit et à quelle heure elles sont entrées au Canada. Il indique aussi combien de fois elles l'ont fait.
Je pourrais demander à mes collègues de vous parler du besoin qu'ils ont de conserver ce rapport, si vous le désirez.
En fait, ce document aide à déterminer depuis quand les personnes sont au pays. Étant donné que nous sommes aux points d'entrée, nous avons cette information qui est conservée dans nos répertoires et, ensuite, le rapport est généré.
Pour aider les gens à avoir accès à l'information nécessaire, nous avons travaillé étroitement avec IRCC, qui a accès à notre système qui produit le rapport. Depuis 2012, date à laquelle le ministère a obtenu accès au système, il a publié environ 500 000 rapports, ce qui nous soulage d'une charge potentielle de 500 000 demandes. Il y a quand même un résidu de 12 000 demandes par année pour lesquelles j'aimerais trouver une solution. Pour faciliter la tâche, nous avons retiré du rapport toutes les informations sensibles qui obligeraient un individu à subir un examen secondaire, puisque ce sont les dates qui sont recherchées.
Cela nous permet donc de répondre à la demande sans délai et sans qu'on ait à prélever quoi que ce soit. Mes gens ont accès directement au système et envoient les réponses. Cependant, nous recevons des centaines de demandes par jour, et il faut une dizaine d'employés pour y travailler au cours d'une année financière. En ce moment, nous travaillons activement à nous doter d'un système auquel les gens peuvent recourir. Cela ressemblerait au renouvellement d'un permis, alors qu'on peut se rendre à un stand dans un emplacement public et communiquer ses données personnelles pour obtenir le renouvellement d'un permis.
Comme dans le cas de Mon dossier, à l'ARC, nous aimerions avoir un portail où les gens pourraient aller chercher leur propre rapport. Nous y travaillons activement. Si nous réussissons à mettre ce portail sur pied, cela pourrait aider à diminuer les demandes, surtout en ce qui a trait à la disposition dans le projet de loi qui fait en sorte que l'information serait disponible d'une autre façon. Il ne serait pas nécessaire de la traiter en vertu de la Loi sur l'accès à l'information. Si nous pouvions rendre l'information disponible dans un domaine public, ce serait bien parce que les gens pourraient aller la chercher à cet endroit et l'obtenir plus rapidement.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs les membres du Comité...
Merci d'avoir invité l'Association canadienne des juges des cours supérieures à vous faire part de ses points de vue concernant le projet de loi . Je m'appelle Pierre Bienvenu et je suis avocat en pratique privée au sein du cabinet Norton Rose Fulbright. Il y a longtemps déjà que je représente l'association pour toutes les questions liées à la rémunération et aux avantages sociaux des juges ainsi qu'au droit constitutionnel.
L'Association est composée de juges nommés par le gouvernement fédéral dans des tribunaux de différents paliers un peu partout au Canada. Elle compte un millier de membres, ce qui représente à peu près 95 % de l'ensemble des juges nommés à l'échelon fédéral, y compris les juges des cours supérieures, des cours d'appel, de la Cour canadienne de l'impôt et des cours fédérales.
Les dispositions du projet de loi qui s'appliquent aux juges inquiètent vivement notre association. Comme les membres de la magistrature n'ont pas été consultés avant le dépôt de ce projet de loi au Parlement, nous sommes heureux d'avoir l'occasion d'attirer l'attention de votre comité sur certains aspects que nous considérons fondamentaux. Je dois vous dire que le mémoire que nous vous présentons aujourd'hui a été soumis au Conseil canadien de la magistrature qui s'est dit totalement d'accord.
Permettez-moi de préciser une chose d'entrée de jeu. Les juges reconnaissent que le projet de loi vise des objectifs de transparence et de reddition de comptes qui sont tout à fait louables. Il existe toutefois des raisons impérieuses qui devraient nous amener à utiliser des moyens différents pour atteindre ces objectifs dans le cas des juges, par rapport à ceux que l'on emploie pour les élus et les fonctionnaires.
Les dispositions applicables de ce projet de loi exigeraient la publication de renseignements personnalisés concernant les dépenses d'un juge, y compris son nom, la description de la dépense, la date à laquelle elle a été encourue et le montant total dépensé. Les dépenses en question sont celles qui sont remboursables à titre d'indemnités en vertu de la Loi sur les juges. Le projet de loi renferme des dispositions qui permettraient au registraire de la Cour suprême du Canada et au Commissaire à la magistrature fédérale de refuser la publication de renseignements lorsque celle-ci peut aller à l'encontre du principe de l'indépendance judiciaire, mettre en péril la sécurité ou viser des informations protégées par le secret professionnel ou par le privilège de confidentialité.
Il y a trois éléments fondamentaux que je souhaite faire valoir aujourd'hui.
Premièrement, le projet de loi C-58 propose l'instauration d'un régime de reddition de comptes qui ferait double emploi avec les mécanismes de contrôle déjà en place relativement aux dépenses judiciaires remboursables.
Deuxièmement, le régime proposé pour la publication des dépenses ne convient pas aux dépenses judiciaires, ce qui inquiète fortement tous les juges, et surtout ceux des tribunaux nationaux qui doivent beaucoup voyager.
Troisièmement, les objectifs importants visés par le projet de loi pourraient être atteints par d'autres moyens qui ne porteraient pas atteinte à l'indépendance judiciaire.
J'ai remis au greffier du Comité une copie de notre mémoire renfermant notre argumentation détaillée à l'égard de ces trois points. J'invite les membres du Comité à en prendre connaissance, car le temps à ma disposition me permettra de vous dire seulement quelques mots au sujet de chacun de ces points.
Le projet de loi fait double emploi pour les juges de nomination fédérale, car des mesures efficaces sont déjà en place pour s'assurer que leurs dépenses judiciaires sont légitimes, raisonnables et assujetties à une vérification indépendante. La Loi sur les juges précise les catégories de dépenses que les juges peuvent engager dans le cadre de leurs fonctions. Les juges ne peuvent pas demander le remboursement de dépenses ne s'inscrivant pas dans ces catégories bien définies.
Il y a en outre un fonctionnaire fédéral qui est chargé de vérifier, avec l'aide de son personnel, toutes les demandes de remboursement de dépenses judiciaires sans exception pour s'assurer qu'elles s'inscrivent dans l'une des catégories prévues dans la Loi sur les juges et qu'il s'agit de dépenses raisonnables qui ont été engagées de façon appropriée. Cette responsabilité incombe au Commissaire à la magistrature, sauf pour les juges de la Cour suprême du Canada qui relèvent du registraire de la Cour.
J'en arrive au deuxième point que j'ai soulevé. Il y a deux problèmes fondamentaux associés aux dispositions du régime proposé qui s'appliqueraient aux juges. Il y a d'abord le niveau de détails visé dans l'information à publier qui permet de relier les différents juges à des dépenses judiciaires identifiables. Il y a aussi le fait que l'on désigne un membre de l'exécutif pour prendre la décision définitive à savoir si la publication requise par le projet de loi pourrait aller à l'encontre du principe de l'indépendance judiciaire.
Permettez-moi de vous en dire plus long au sujet de la première préoccupation soulevée relativement aux dépenses engagées par les juges des tribunaux nationaux du Canada, comme la Cour fédérale, la Cour d'appel fédérale et la Cour canadienne de l'impôt. Véritable service offert aux Canadiens, les tribunaux nationaux sont l'expression de notre engagement envers notre pays. Les juges de ces tribunaux sont tenus de résider dans la région de la capitale nationale, mais doivent beaucoup voyager, car ils peuvent entendre des causes dans les différentes régions du pays. En conséquence, leurs dépenses sont considérablement plus élevées que celles de leurs collègues des tribunaux n'exigeant pas autant de déplacements. Même parmi les juges des tribunaux nationaux, certains vont voyager davantage que d'autres en raison des décisions d'affectation prises par leurs juges en chef respectifs.
Les dépenses totales d'un juge peuvent donc sembler très élevées pour les raisons que je viens de donner, mais le fait est qu'elles n'ont pas été engagées par choix personnel, mais bien pour les besoins d'un tribunal national et en raison des décisions d'affectation prises par le juge en chef concerné. Il est tout à fait inéquitable, et carrément inacceptable, que l'on mette ainsi sur la sellette un juge dont les dépenses sont nettement plus élevées, plutôt que d'en faire porter le fardeau au tribunal auquel il appartient.
Il faut également considérer qu'il y a toujours dans une procédure judiciaire au moins une des parties en cause qui n'est pas satisfaite du résultat. Il y a donc un grand risque qu'une personne mal intentionnée puisse se servir à mauvais escient des renseignements publiquement accessibles sur les dépenses des différents juges. De plus, contrairement aux intervenants des autres secteurs du gouvernement, les juges ne peuvent pas se défendre publiquement lorsqu'on les attaque. Il y aurait également tout lieu de s'inquiéter de la sécurité des juges si l'on divulguait les hôtels où ils descendent et les restaurants qu'ils fréquentent lorsqu'ils se déplacent dans le cadre de leurs fonctions ou encore l'endroit où ils se réunissent pour des activités de formation.
La disposition de protection prévue à l'article 90.22 du projet de loi présente une lacune flagrante du point de vue constitutionnel. De pair avec l'article 90.24, cette disposition ferait en sorte que la décision du commissaire ou du registraire serait définitive quant à savoir si la publication des renseignements porterait atteinte à l'indépendance judiciaire. Le registraire et le commissaire font partie de l'exécutif. Du point de vue constitutionnel, il n'est donc pas acceptable de leur conférer la responsabilité de prendre une décision définitive sur une question semblable.
Je vous ai exposé les problèmes, et je vais maintenant vous parler des solutions possibles. Ce sera mon troisième et dernier point.
Il y a des façons de trouver le juste équilibre entre la quête des objectifs importants visés par le projet de loi et le respect des exigences constitutionnelles associées à l'indépendance judiciaire. Le commissaire pourrait publier des renseignements sur les dépenses en fonction des catégories d'indemnités remboursables selon la Loi sur les juges, ainsi que sur les dépenses pour chaque tribunal. À titre d'exemple, le commissaire pourrait divulguer des données indiquant que les juges de la Cour supérieure de l'Ontario ont dépensé au total tel montant d'argent pour participer à des congrès et à des activités de formation pendant la période visée, alors que les juges de la Cour fédérale ont dépensé pour leur part tel autre montant total pour leurs déplacements. Il serait facile pour les gens de partir de ces chiffres cumulatifs pour établir une moyenne des dépenses par juge, par tribunal et par catégorie, ce qui permettrait d'atteindre les objectifs du projet de loi en matière de transparence sans nuire à l'indépendance judiciaire ni mettre en péril la sécurité des différents juges.
Pour ce qui est de la disposition de protection, on pourrait confier au juge en chef de chaque tribunal la tâche de décider si la publication de renseignements risque de porter atteinte à l'indépendance judiciaire.
Je vous remercie de votre attention et je demeure à votre disposition pour répondre à toutes vos questions.
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Bonjour à tous. Je m'appelle Robert Ramsay. Je suis agent de recherche principal au bureau national du Syndicat canadien de la fonction publique (SCFP) ici même à Ottawa.
Je tiens d'abord à remercier le Comité de nous donner l'occasion de présenter nos points de vue concernant le projet de loi . Nous avons grand hâte de prendre connaissance de vos recommandations en espérant que vous tiendrez bien compte des sérieuses réserves exprimées par les témoins qui nous ont précédés.
Le SCFP est le plus important syndicat au Canada. Nous représentons 650 000 travailleurs des différentes régions du pays dans des secteurs aussi diversifiés que la santé, les services sociaux, la garde d'enfants, les services municipaux, les écoles, les universités et les transports, pour n'en citer que quelques-uns. Nos membres offrent un large éventail de services publics essentiels à des milliers de collectivités canadiennes dont ils deviennent de véritables partenaires engagés au sein de leurs sections locales respectives.
Depuis sa création en 1963, notre syndicat s'inscrit parmi les voix qui se portent systématiquement et vigoureusement à la défense des services publics au Canada. Nous savons que des services publics solides et financés adéquatement vont dans le sens des meilleurs intérêts des Canadiens et que la privatisation de ces services entraîne un accroissement des coûts, comme l'ont indiqué les différents vérificateurs généraux qui ont eu accès à tous les renseignements pertinents au sujet de projets semblables. La privatisation, qu'elle se fasse via la vente d'actifs, des partenariats public-privé, l'externalisation ou des investissements obligataires à impact social, met vraiment en péril l'accès des Canadiens à des services publics de qualité. Le syndicat a donc de sérieuses réserves au sujet du projet de loi , aussi bien pour ce qui est des dispositions de la Loi sur l'accès à l'information que l'on se propose de modifier qu'en raison des lacunes existantes que l'on néglige de corriger.
Disons tout d'abord que ce projet de loi ne modifie d'aucune façon les articles 18 et 20 qui exemptent le gouvernement ou une tierce partie de divulguer tout document ou renseignement entrant dans la catégorie plutôt vague des secrets industriels. Le libellé actuel permet de ne pas communiquer publiquement des renseignements financiers, commerciaux, scientifiques ou techniques ayant une « valeur importante » ou pouvant vraisemblablement en avoir une dans un avenir indéterminé.
Les dispositions en vigueur permettent en outre au gouvernement de refuser de divulguer des renseignements provenant d'une tierce partie lorsque ces renseignements ont été traités par elle comme étant de nature confidentielle. On s'appuie par ailleurs sur un critère ridiculement vague pour exclure de la divulgation tout renseignement dont la communication « risquerait vraisemblablement de porter un préjudice appréciable... à la capacité du gouvernement du Canada de gérer l'économie du pays ». L'étendue des renseignements pouvant être exemptés de la divulgation en vertu de ce libellé est à peu près infinie: contrats avec des entreprises privées de sécurité ou de comptabilité; travaux de recherche pharmacologique; rapports d'experts-conseils sur des mesures gouvernementales proposées; dossiers sur des investissements étrangers; données sur le rendement en santé-sécurité d'une tierce partie offrant des services publics. Voilà autant d'exemples d'exclusions possibles en application des articles 18 et 20, et autant d'exemples également de documents et de renseignements qui doivent être rendus accessibles aux Canadiens pour qu'une loi sur l'accès à l'information ait vraiment du sens.
Nous comprenons certes qu'il y a des motifs légitimes de refuser la divulgation dans certains cas, par exemple pour des considérations liées à la sécurité nationale et à la protection de la vie privée, et que les fonctionnaires gouvernementaux doivent parfois exercer leur jugement pour traiter une demande d'accès à l'information. Cependant, ces exemptions, comme celles d'autres articles qui mettent à l'abri des regards les actions et les décisions du Bureau du premier ministre, du Cabinet et des bureaux des ministres, sont d'application trop vague, n'exigent pas qu'un préjudice véritable soit clairement démontré, et ne sont pas assorties d'exigences concrètes quant au respect du principe de la primauté de l'intérêt public.
Nous devons par ailleurs souligner l'effet combiné que pourraient avoir ces exemptions et d'autres mesures législatives proposées par ce gouvernement dans le cadre de manoeuvres que des observateurs plus cyniques que nous le sommes pourraient assimiler à une guerre contre la transparence. À titre d'exemple, le projet de loi permet au personnel du ministère de la Défense nationale de déterminer, à l'abri de tout examen indépendant, qui peut être exclu de l'obligation de divulguer. Pour sa part, le projet de loi modifie l'article 28 de la Loi sur la Banque de l'infrastructure du Canada de telle sorte que les exemptions s'appliquent également aux renseignements au sujet des promoteurs de projets d'infrastructures, des investisseurs du secteur privé et des investisseurs institutionnels, sans qu'un examen indépendant ne soit prévu encore là.
L'exemple de la Loi sur la Banque d'infrastructure du Canada illustre d'ailleurs fort bien la nature régressive de la trajectoire législative actuelle. Non seulement cette loi prévoit-elle des exemptions additionnelles beaucoup trop larges, mais elle confère aussi au Cabinet le pouvoir de prendre les décisions définitives, ce qui revient essentiellement à tenir en secret l'ensemble du processus sans que le commissaire à l'information, le vérificateur général et même les tribunaux fédéraux puissent intervenir.
Permettez-moi de vous donner un exemple bien concret. Le Syndicat canadien de la fonction publique a présenté récemment une demande d'accès à l'information afin d'obtenir des renseignements et des documents relatifs au projet privé de transport léger sur rail à Montréal. Nous souhaitions plus précisément obtenir les rapports et les analyses préparés par Blair Franklin Capital Partners, un cabinet de consultants externes. Le gouvernement s'est engagé à investir 1,3 milliard de dollars en fonds publics dans ce projet en indiquant qu'il pourrait faire partie des premiers réalisés par la Banque de l'infrastructure du Canada.
Est-ce que c'est un bon investissement? Sur quelles informations le gouvernement s'est-il basé pour prendre cette décision? Est-ce que les considérations relatives à l'environnement, à la santé et sécurité et à l'accessibilité ont été prises en compte? Que révèle l'analyse de rentabilisation et quel est le modèle d'affaires? Quelle est la structure tarifaire prévue? Sera-t-elle régressive ou aura-t-elle pour effet de limiter l'accès?
Il est essentiel de pouvoir répondre à ces questions pour que les gens puissent bien saisir la pertinence d'un investissement public de cet ordre. Autrement dit, c'est l'intérêt public qui doit primer. Lorsque nous avons finalement obtenu une réponse — qui a tardé, bien évidemment — Infrastructure Canada a invoqué l'article 18 pour caviarder presque en totalité les 613 pages de documents divulguées qui devenaient ainsi incompréhensibles et inutiles.
Plutôt que d'appliquer les exemptions avec circonspection en tenant compte de l'intérêt public, il est devenu pratique courante pour le gouvernement de caviarder par défaut, d'exclure par défaut. C'est une application des mesures législatives qui va à l'encontre de la loi et du projet de loi à l'étude ainsi que des normes internationales en faveur d'un gouvernement ouvert.
Bien qu'il puisse exister des motifs légitimes de refuser la divulgation de renseignements appartenant à un tiers, il faudrait appliquer dans chaque cas le critère du préjudice véritable. Le gouvernement ne peut pas légitimement refuser de divulguer des renseignements simplement parce qu'ils concernent les intérêts d'une tierce partie.
Un récent rapport de l'Institut Columbia de Vancouver intitulé Canada Infrastructure Bank and the Public's Right to Know fait état de l'unanimité parmi les commissaires à l'information canadiens quant au fait que les entités privées qui reçoivent des fonds publics, offrent un service public ou s'acquittent d'une fonction d'intérêt public doivent être assujetties aux lois sur l'accès à l'information. Il y a un consensus qui se dégage à ce sujet à l'échelle internationale également.
Notre gouvernement a toutefois pris la direction opposée en établissant un régime qui permet d'invoquer le droit à la confidentialité pour les tierces parties pour éviter de divulguer de l'information sur la manière dont les services et les infrastructures publics sont mis en place, leur mode de financement, les processus décisionnels utilisés et même les participants aux travaux. Selon notre syndicat, le gouvernement devrait plutôt veiller à ce que l'accès à l'information soit assorti, en vertu des articles 18 et 20, d'exemptions beaucoup plus limitées qui seraient assujetties à un critère du préjudice véritable, au respect d'un principe bien établi de la prépondérance de l'intérêt public, et à un examen par le commissaire à l'information. Il faudrait en outre que cette loi ait préséance sur toutes les autres lois, comme la Loi sur la banque de l'infrastructure du Canada, qui cherchent à restreindre de façon déraisonnable le droit des citoyens d'être informés.
Nous voudrions aussi prendre un moment pour faire écho aux préoccupations importantes soulevées par les témoins qui nous ont précédés. Dans son libellé actuel, l'article 6 proposé crée de nouveaux obstacles à l'accès à l'information en établissant des exigences quant au contenu des demandes et à la façon dont elles sont rédigées de telle sorte que le gouvernement ne soit plus tenu d'y donner suite, ce qui va à l'encontre de l'objectif même visé par la loi. Cet article 6 permettrait en outre au gouvernement de dresser unilatéralement une liste d'exclusion de Canadiens dérangeants qui semblent toujours vouloir savoir quelque chose et posent beaucoup trop de questions embêtantes. On ne devrait pas permettre au gouvernement au pouvoir, celui-là même auquel la demande d'accès à l'information est adressée, de déterminer si celle-ci est futile, triviale, vexatoire ou entachée de mauvaise foi. Cela exige une évaluation subjective qui ouvre nécessairement la voie à un conflit d'intérêts.
Le coût est un autre obstacle à l'accès à l'information. Le projet de loi laisse le champ libre au gouvernement s'il souhaite imposer de nouveaux frais plus élevés à cet égard. Qu'en est-il de la promesse d'un tarif nominal de 5 $ qui engloberait tous les autres coûts et qui serait remboursable si les délais ne sont pas respectés?
Nous partageons aussi l'avis d'autres témoins qui voient dans le projet de loi une occasion manquée. La loi en vigueur présente des problèmes graves que le gouvernement actuel avait bien relevés lorsqu'il était sur les banquettes de l'opposition, mais que les mesures qu'il propose maintenant ne permettent pas du tout de régler. Malgré le leadership dont il peut faire montre dans d'autres domaines, le Canada est très loin de donner l'exemple à l'échelle planétaire avec la loi en vigueur. Selon l'indice mondial du droit à l'information établi notamment par le Centre for Law and Democracy à partir de 61 indicateurs, le Canada se situe au 49e rang parmi 111 pays pour ce qui est de la qualité de ses lois en matière d'accès à l'information.
Médias d'Info Canada a critiqué l'approche du gouvernement au chapitre de l'accès à l'information en indiquant qu'elle était même pire que celle du gouvernement précédent. Votre propre commissaire sortante à l'information a fait valoir que le projet de loi entraînait une régression des droits existants, comme cela a été mentionné à maintes reprises devant votre comité. Nous vous exhortons de donner suite à ses 28 recommandations bien réfléchies.
Pour résumer, nous sommes d'avis que la loi doit s'appliquer aux tiers privés qui reçoivent des fonds publics ou offrent un service public. Dans la pratique, toutes les exclusions devraient être assujetties à l'exercice d'un pouvoir discrétionnaire. Le Commissariat à l'information devrait bénéficier d'une gamme complète de pouvoirs d'ordonnance et être autorisé à imposer des pénalités. Nous convenons avec Démocratie en surveillance que des changements doivent être apportés au processus de nomination du commissaire à l'information de telle sorte qu'il soit ouvert et fondé sur le mérite, et qu'il ne soit pas contrôlé par les mêmes ministres dont le commissaire va examiner le travail.
En conclusion, nous ne pouvons pas recommander que l'on aille de l'avant avec le projet de loi dans sa forme actuelle. C'est tout simplement un projet de loi déficient. Il rend l'accès à l'information plus difficile, plutôt que de l'améliorer.
Le Syndicat canadien de la fonction publique souhaiterait plutôt voir le gouvernement se pencher sur les problèmes relevés pendant les présentes audiences et lors d'observations formulées précédemment, explorer les pratiques les plus efficaces en usage au sein des gouvernements provinciaux ou étrangers, et rédiger des amendements s'inspirant du principe de l'accès intrinsèque énoncé par M. McArthur, commissaire par intérim de la Colombie-Britannique. Suivant ce principe, la loi devrait faciliter l'accès à l'information, plutôt que de l'entraver, et mener à un gouvernement véritablement ouvert par défaut, sauf dans des circonstances très précisément définies qui suffisent à justifier un refus de communication.
Merci encore pour le temps que vous m'avez consacré. Je serai ravi de répondre à toutes vos questions.