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Merci de me donner l'occasion de participer à cette importante étude que le Comité a entreprise.
Je m'appelle Tim McMillan. Je représente les producteurs de pétrole et de gaz du Canada. Je vais vous dire quelques mots de l'Association. Nous représentons de petites et de grandes entreprises qui prospectent et mettent en valeur des ressources énergétiques partout au Canada et produisent du gaz naturel et du pétrole. Nos sociétés membres assurent environ 80 % de ces deux productions. Avec eux et nos membres associés, qui s'occupent des services dans notre secteur d'activité, nous générons des revenus d'environ 116 milliards de dollars par année, et nos exportations constituent la composante la plus importante de toutes les exportations du Canada.
Je sais qu'il sera aujourd'hui question expressément d'exportations de technologies propres. J'y viendrai dans un instant, mais nous croyons que l'exploitation responsable du pétrole et du gaz, appuyée par la technologie et l'innovation, est essentielle à la santé de l'économie canadienne.
Notre industrie reconnaît qu'il est important de fournir une énergie fiable, abordable et produite de façon responsable en tenant compte d'importants enjeux sociaux et environnementaux, dont les changements climatiques. Nous croyons que le secteur pétrolier et gazier du Canada a un rôle essentiel à jouer dans un système énergétique intégré et qu'il fait partie de la solution mondiale nécessaire dans la lutte contre les changements climatiques. La CAPP croit que le Canada est bien placé pour devenir un fournisseur mondial de choix. La demande mondiale d'énergie est en croissance, et nos réserves sont parmi les plus abondantes au monde.
Le Canada est évidemment un chef de file en matière d'environnement en général, et nous prenons très au sérieux nos responsabilités quant aux exigences ESG. Le Canada se démarque nettement des autres producteurs de pétrole et de gaz à l'échelle mondiale. Parmi les 10 principaux producteurs mondiaux de ces deux formes d'énergie, nous sommes uniques. Les neuf autres pays comprennent l'Arabie saoudite, l'Iran, l'Irak, le Nigeria, le Venezuela, autant de pays qui n'ont tout simplement pas la même capacité que nous d'innover, de mobiliser les technologies ou de les mettre en oeuvre sur le terrain, ce qui nous donne un rôle d'exception à jouer. J'y reviendrai plus tard.
Sur le plan de l'innovation et de la technologie, près de 40 % de tous les investissements dans les technologies propres et vertes effectués au Canada sont faits par l'industrie pétrolière et gazière. Des études récentes révèlent qu'une proportion pouvant aller jusqu'à 70 % des dépenses en innovation verte et propre provient du secteur pétrolier et gazier. Nous utilisons des chiffres d'un peu moins de 40 %, et ces dépenses ont un effet considérable.
Au cours de la dernière décennie, il y a eu dans l'exploitation des sables bitumineux, par exemple, une réduction de plus de 20 % des émissions de gaz à effet de serre par baril. Selon le groupe de recherche IHS CERA, l'innovation et la technologie permettront au cours des 10 prochaines années de les réduire encore dans une proportion de 20 à 25 %.
Comme je l'ai déjà dit, d'autres pays qui produisent de grandes quantités d'énergie à l'échelle mondiale n'ont pas cette capacité. Le Canada a la responsabilité de développer ces technologies et ces innovations et, ultimement, de les faire adopter à l'échelle mondiale. C'est certainement ce qui va se produire.
Voici d'autres facteurs qui, à mon avis, seront importants. La demande mondiale d'énergie est en croissance. Et cela vaut pour toutes les sources d'énergie, y compris le pétrole et le gaz. Selon le meilleur scénario de l'Agence internationale de l'énergie, la demande de pétrole et de gaz atteindra un niveau record dès 2023. La consommation de ces deux produits affichera une croissance dynamique jusqu'en 2040, dernière année de la période des prévisions. La croissance sera vigoureuse pour le gaz et plus lente pour le pétrole.
D'ici 2040, l'Agence internationale de l'énergie s'attend à ce que le pétrole et le gaz comblent plus de la moitié des besoins énergétiques mondiaux. Pour la première fois, le gaz dépassera le charbon. C'est là pour le Canada la plus grande occasion à saisir pour faire diminuer les émissions mondiales de gaz à effet de serre.
Aujourd'hui, près de 300 centrales au charbon sont en cours de développement et de construction. Le Canada aura le GNL le moins polluant de la planète une fois que notre première grande installation de GNL sera terminée. Nous avons étudié la question. Si le gaz naturel canadien était utilisé pour remplacer le charbon des nouvelles centrales thermiques en Asie et ailleurs dans le monde, nous n'aurions en fait besoin que de quatre installations de la taille de celle qui est actuellement en construction pour respecter entièrement l'engagement pris par le Canada à Paris.
Nous avons examiné les chiffres sous un autre angle: si le charbon des quelque 300 centrales au charbon en cours de développement et de construction était remplacé par le gaz naturel canadien, les économies de gaz à effet de serre à l'échelle mondiale seraient supérieures aux émissions actuelles totales du Canada. Nos émissions nettes seraient nulles si nous nous contentions de remplacer le charbon que consommeront les nouvelles centrales thermiques.
Le Canada a quelques défis à relever pour atteindre cet objectif. Je voudrais l'expliquer au Comité.
La première est la capacité de prendre en compte ces réductions, qui ont été mises de côté dans l'article 6 de l'Accord de Paris, de façon à prendre acte des crédits compensatoires internationaux. C'est le seul article de l'accord qui n'a pas été finalisé. Tant qu'il ne l'aura pas été, les efforts vigoureux déployés par le Canada pour continuer à réduire ses émissions par baril et par gigajoule de gaz ne pourront être reconnus et rien ne l'incitera, ou aucune mesure supplémentaire ne l'incitera à annuler ces émissions attribuables à la consommation de charbon de ces centrales thermiques, rien n'encouragera la Chine, l'Inde ou quelque autre pays à utiliser du gaz canadien pour réduire leurs émissions.
Il y a d'autres difficultés à signaler au Comité, des problèmes simples comme l'infrastructure nécessaire à l'acheminement de nos produits vers les marchés. Les investisseurs étrangers trouvent ardu le régime de réglementation canadien. Des projets de grands pipelines ont été annulés. Tandis que nous construisons l'installation de GNL, il reste difficile jusqu'à maintenant d'obtenir le gazoduc nécessaire entre le lieu de production et la côte pour l'exportation. Je suis convaincu que ce pipeline se justifie bien et qu'il sera construit.
J'attirerai l'attention sur d'autres technologies en préparation. Le dernier budget prévoit un crédit d'impôt relatif au captage du carbone. Nous avons 90 jours de consultations pour nous assurer que ce sera un modèle viable qui aidera le Canada à continuer de réduire ses émissions.
Je tiens à souligner que la récupération assistée du pétrole a été expressément exclue de ce crédit d'impôt. Il faudrait revenir sur cette décision si nous voulons atteindre l'objectif que nous visons tous.
Une partie du financement de l'IIDD pour permettre la construction d'infrastructures aura d'excellentes retombées.
Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions, mais en fin de compte, le dernier message que je voudrais transmettre au Comité avant de conclure, c'est que le Canada doit être concurrentiel. Nous devons attirer des investissements dans la mise en valeur de nos ressources énergétiques si nous voulons mettre au point les technologies qui seront utilisées ici et exportées partout dans le monde.
Depuis cinq ou six ans, les investissements dans le secteur de l'énergie au Canada ont été ramenés de plus de 80 milliards de dollars à environ 27 milliards de dollars cette année. C'est un recul considérable. Il y a beaucoup de place pour la croissance, beaucoup de possibilités. J'ai hâte de répondre à vos questions sur la façon dont nous pouvons contribuer à bâtir l'avenir.
Merci, madame la présidente.
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Merci, madame la présidente.
[Français]
J'aimerais remercier les membres du Comité permanent du commerce international d'avoir entrepris une étude sur les exportations canadiennes des biens et services liés à l'environnement et aux technologies propres.
Notre présentation portera sur l'exportation des batteries, plus précisément les batteries pour les véhicules électriques, et sur la position unique du Canada, qui lui permet de jouer un rôle dominant dans ce secteur.
[Traduction]
En tant que fier Canadien et PDG d'une entreprise cotée en bourse dans le domaine des technologies propres, j'accueille avec enthousiasme les possibilités qui s'offrent à la prochaine génération de réduire l'empreinte industrielle du Canada. Après avoir parlé de notre entreprise, First Cobalt, je me concentrerai sur les débouchés pour le Canada dans le contexte de ce qui se passe aux États-Unis sous la nouvelle administration Biden en ce qui concerne les véhicules électriques et plus précisément le marché des batteries.
Dans le contexte de la révolution des véhicules électriques, la présidence de M. Biden représente pour le Canada une occasion comme il n'y en a qu'une par génération, plus particulièrement pour le secteur automobile, l'industrie minière et l'industrie chimique. Il y a là un créneau favorable pour produire des milliards de dollars d'activité économique, littéralement, dont les Canadiens profiteraient pendant des générations grâce à la réinvention de notre chaîne d'approvisionnement axée sur l'exportation dans le secteur automobile.
Les technologies propres sont arrivées à maturité, et les décideurs de notre pays tiennent l'occasion d'en profiter, car le Canada est particulièrement bien placé pour jouer un rôle de premier plan non seulement par rapport aux États-Unis, mais aussi dans le reste du monde. Une importante mise en garde s'impose néanmoins: des investissements massifs se font déjà partout dans le monde. Je constate déjà une érosion graduelle de notre avantage concurrentiel et il est important que nous envisagions de prendre des décisions audacieuses dès maintenant.
Un mot de First Cobalt, une entreprise qui exploite le cobalt. Son siège social est au Canada et elle est dirigée par des Canadiens. Nous sommes propriétaires de la seule raffinerie de cobalt primaire autorisée sur le continent, et nous sommes en train de remettre en état et d'agrandir une raffinerie dans le Nord de l'Ontario. Au départ, nous allons produire 25 000 tonnes de sulfate de cobalt par année — c'est un produit qui entre dans la fabrication de batteries de véhicules électriques — et par la suite, nous cherchons à prendre encore de l'expansion pour traiter les matériaux provenant du marché croissant du recyclage des batteries. Notre production initiale représente environ 5 % du marché mondial du cobalt et 100 % de la production sur le continent nord-américain. En revanche, 80 % de l'approvisionnement provient de la Chine et environ 14 % de l'Europe. Il n'y a aucune production aux États-Unis. Nous avons également un projet de prospection en Idaho et un territoire de prospection dans le Nord de l'Ontario, avec 50 anciennes mines de production, dans ce qu'on appelle le « camp de cobalt ».
Notre équipe est dirigée par des Canadiens. Nous nous appuyons sur plus de 250 ans d'expertise combinée dans notre entreprise en démarrage, tant dans le secteur minier que dans le raffinage.
En décembre dernier, nous avons reçu 10 millions de dollars de fonds publics, ce dont nous sommes reconnaissants, pour appuyer un investissement de 80 millions de dollars visant à redémarrer notre raffinerie, soit 5 millions de dollars du gouvernement du Canada sous forme de prêt et 5 millions de dollars du gouvernement de l'Ontario sous forme de subvention. Ce financement ne représente qu'une petite partie des 80 millions de dollars, mais il a été un catalyseur important. Il nous a permis de réunir des capitaux supplémentaires et d'accélérer nos plans stratégiques pour jouer un rôle dans la transformation de notre chaîne d'approvisionnement.
Le cobalt, il faut le signaler, est l'un des 35 éléments identifiés par le département de l'Intérieur des États-Unis comme minéraux essentiels. Ce sont les minéraux jugés indispensables à la sécurité économique et nationale des États-Unis, dont les chaînes d'approvisionnement sont vulnérables aux perturbations.
Lorsqu'il a été élu, le président Biden a annoncé un examen d'une durée de 100 jours de la chaîne d'approvisionnement en minéraux essentiels afin de trouver comment le gouvernement des États-Unis pouvait réduire sa vulnérabilité à ces perturbations. Tout le cobalt présent dans les véhicules électriques américains d'aujourd'hui est importé. First Cobalt sera donc dès l'an prochain un élément important de la solution.
L'appui du gouvernement du Canada à la transformation de notre chaîne d'approvisionnement dans le secteur automobile de façon plus générale donnera à notre industrie un avantage, au sens large, non seulement parmi les fabricants de véhicules électriques, mais aussi dans les secteurs des produits chimiques et des mines. Cela nous donnera également un avantage sur le marché interconnecté en pleine croissance. Des pays du monde entier se disputent aujourd'hui des investissements d'environ 300 milliards de dollars américains dans la chaîne d'approvisionnement des véhicules électriques. Je tiens à souligner que la pièce la plus coûteuse d'un véhicule électrique est la batterie et qu'elle est faite de matières premières que le Canada possède presque toutes.
Je voudrais maintenant parler de la présidence de M. Biden, si vous me le permettez, et de ce que je considère comme une occasion en or pour nous et nos propres ambitions en matière de véhicules électriques.
Comme le taux d'adoption des véhicules électriques est à la hausse dans le monde entier, la présidence de M. Biden offre au secteur privé, non seulement aux États-Unis, mais aussi chez nous, l'occasion de collaborer avec les gouvernements. Les initiatives les plus importantes au cours des quatre prochaines années de cette administration pourraient bien être les politiques de lutte contre les changements climatiques. Pour que les États-Unis soient à la hauteur de leurs ambitions définies dans l'Accord de Paris, il faudra prendre des mesures énergiques pour influencer les comportements de l'industrie et ceux des consommateurs, dont le mode de vie évoluera.
L'engagement du président d'installer des bornes de recharge dont le nombre pourrait atteindre le demi-million envoie un message très clair: l'administration va appuyer la transition vers les véhicules électriques. Elle entend également augmenter les mesures incitatives et les allégements fiscaux pour l'achat de ces véhicules. Peu de temps après son investiture, le président Biden a réitéré son engagement électoral proposant de remplacer le parc du gouvernement par des véhicules zéro émission.
Cette évolution observée à Washington constitue une occasion vraiment intéressante pour le Canada, le voisin du Nord. Nous avons l'empreinte industrielle, les matières premières et le talent en génie qu'il faut. Nous pouvons jouer un rôle important et devenir un protagoniste de premier plan dans la chaîne d'approvisionnement mondiale en batteries de véhicules électriques, surtout sur le plus grand marché de consommation du monde, juste au sud de notre frontière.
Le plan du président Biden en matière d'énergie propre, d'une valeur de 2 billions de dollars, comprend des propositions de grande envergure visant à créer des possibilités économiques tout en luttant contre les changements climatiques, notamment en s'attaquant à la plus grande source d'émissions ou l'une des plus grandes, les moteurs à combustion interne.
Les véhicules électriques s'inscrivent dans une mégatendance. Je ne tiens pas à utiliser un mot à la mode, mais celui-là est important pour notre industrie. C'est une mégatendance qui va changer à tout jamais notre façon de nous déplacer. La révolution des véhicules électriques a été décrite comme une course aux armements. Ce n'est pas un secret que les Nord-Américains sont en retard. Nous accusons un retard par rapport à l'Asie et aussi, désormais, par rapport à l'Europe. Ne vous y trompez pas, le changement s'en vient chez nous aussi, et assez rapidement. L'accent mis par le président Biden sur les changements climatiques et la multitude d'annonces d'investissements dans les véhicules électriques, c'est une façon d'attiser un marché qui est déjà l'une des tendances les plus importantes d'aujourd'hui.
L'an dernier, seulement 16 modèles de véhicules électriques étaient disponibles sur le marché américain. Cette année, il y en aura 39, soit plus du double. D'ici 2025, 120 modèles seront proposés. C'est le signe que le changement s'en vient. À la faveur de l'évolution de la technologie des batteries, l'industrie offrira des camionnettes, des VUS et des véhicules multisegments, les gros véhicules que les Nord-Américains et les Canadiens aiment et veulent conduire. À mesure que la demande des consommateurs se déplace vers les véhicules électriques, nos investissements dans l'industrie doivent aussi évoluer.
Pour en revenir au Canada, la transformation de notre chaîne d'approvisionnement dans le secteur automobile lui conférera un avantage lorsqu'il s'agira de disputer à la concurrence les milliards de dollars d'investissements qui se font dans le monde entier, non seulement dans les usines de véhicules électriques, mais aussi dans la fabrication des batteries qui les propulsent. C'est là-dessus que nous devons nous concentrer.
Les gouvernements fédéral et provincial injectent déjà 500 millions de dollars dans l'usine de montage et de batteries de Ford à Oakville. Pendant ce temps, GM investit 1 milliard de dollars dans son usine CAMI à Ingersoll pour produire des véhicules électriques commerciaux. Les investissements de cette nature créent d'énormes débouchés. C'est maintenant à nous de prendre notre place dans la chaîne d'approvisionnement et d'essayer de combler certaines des lacunes qui apparaissent dans notre chaîne d'approvisionnement, lacunes que je préfère considérer comme des occasions à saisir.
Le Canada peut en faire plus pour transformer le secteur de l'automobile. La production de batteries doit être au coeur des prochaines mesures prises par le gouvernement dans ce domaine. C'est là que se trouveront les emplois de l'avenir, et c'est là que se font déjà les investissements.
Les décideurs au Canada, si je peux me permettre, doivent continuer de choisir les gagnants et de les appuyer au moyen de mesures financières et réglementaires. Ils doivent favoriser les investissements pour attirer les capitaux chez nous.
À titre d'exemple, en décembre 2019, l'Union européenne a approuvé des subventions de 3,2 milliards de dollars pour aider à résorber son retard sur le plan de la compétitivité par rapport à l'Asie dans le secteur des batteries. Les résultats ont été presque immédiats. En dépit de la COVID et de la baisse des ventes de véhicules de tourisme en général, les ventes de véhicules électriques ont augmenté de 137 % l'an dernier par rapport à 2020. Il s'agit maintenant d'un marché plus important que celui de la Chine.
L'Union européenne a commencé 2021 en trombe, annonçant un autre investissement de 2,9 milliards d'euros pour soutenir les investissements du secteur des batteries: R-D, production et installations. Cela a permis de débloquer environ 12 milliards de dollars d'investissements du secteur privé. Ce pari a été payant pour l'Europe. Nous le voyons dans les matériaux de pointe, les cellules et les modules, les systèmes de batterie et le recyclage. Tout cela se déploie maintenant en Europe. L'objectif déclaré de l'Europe était de produire ses propres cellules de batteries d'ici le milieu de la décennie. C'est un projet ambitieux, dans un secteur dominé par l'Asie, mais il semble que l'Europe va y arriver.
Le Canada a quelque chose que les Européens n'ont pas: de vastes gisements minéraux. C'est là que tout commence. Avec ces gisements, nos gouvernements devraient se concentrer sur la mise en place de la chaîne de valeur, depuis les mines jusqu'aux usines d'assemblage, en mettant l'accent sur la production de batteries au Canada. Il faut non seulement extraire les ressources, mais aussi assurer le traitement chimique, fabriquer les cellules, assembler les batteries et aussi, bien sûr, les recycler lorsqu'elles sont en fin de vie.
Le Canada tout entier et les Canadiens doivent miser sur le secteur minier. C'est la solution au problème du réchauffement de la planète. Sans minéraux, il n'y a pas d'avenir énergétique propre. L'étape suivante doit être l'adoption d'une politique industrielle visant à tirer parti des ressources canadiennes chez nous au lieu de les expédier directement à l'étranger sans aucune transformation, comme nous le faisons trop souvent.
Cela signifie que le Canada pourrait devenir une puissance mondiale sur le marché des batteries. L'industrie ne peut pas y arriver seule. Tout comme en Europe, il faudra une coopération entre les secteurs public et privé sous forme de politiques et d'incitatifs financiers.
Je conclus en proposant une certaine perspective: il n'y a aucune raison pour que LG Chem, SK Innovation, Panasonic et tous les fabricants de batteries du monde entier ne se tournent pas vers le Canada pour leurs prochains investissements dans la fabrication de batteries. Des milliards de dollars ont été investis aux États-Unis. C'est notre tour.
Pour en arriver là, nous avons besoin d'une approche de type Équipe Canada pour attirer cet investissement de la même façon que les gouvernements fédéral et provinciaux courtisent les investissements dans le secteur automobile. Les programmes de financement du gouvernement doivent être jumelés avec ceux du secteur privé, quoique pas nécessairement à parité, mais nous devons être à la table ensemble. Le Canada peut gagner la bataille pour créer une chaîne nord-américaine d'approvisionnement en batteries, compte tenu de ses abondantes ressources naturelles, sans parler de la proximité d'une source d'énergie propre. En effet, l'hydroélectricité et le nucléaire ont un énorme avantage concurrentiel dans un monde qui applique les critères ESG.
Nous avons les marchés, tout proches, et nous avons un bassin important de talents en génie. Nous avons tout ce qu'il faut.
Pour conclure, je vais vous laisser sur trois idées. Premièrement, tous les ordres de gouvernement doivent travailler en partenariat avec l'industrie. Nous devons saisir l'occasion sans tarder. Le temps file. L'année prochaine, il sera trop tard.
Deuxièmement, la meilleure façon pour nous d'établir des partenariats, c'est de faire comme les Américains et les Européens, c'est-à-dire choisir les gagnants et ouvrir pour l'industrie de larges possibilités originales d'incitatifs financiers et de subventions.
Troisièmement, et je l'ai déjà dit, il est vraiment temps d'agir. De nombreux pays occidentaux nous devancent, notamment les pays d'Europe et les États-Unis, faut-il le répéter, sans parler de la Chine, du Japon et de la Corée, qui étaient déjà en avance sur le Canada.
La révolution verte est vraiment là pour rester. Il n'y a pas de retour en arrière possible. C'est à nous tous de travailler ensemble pour faire en sorte que le Canada soit un chef de file dans ce nouveau monde.
Je tiens à vous remercier du temps que vous m'avez accordé. Je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Merci, monsieur le président. Vous remarquerez que notre exposé, sans que cela ait été aucunement prévu, s'harmonise à celui de M. Mell, de Cobalt.
Bonjour aux membres du Comité, aux autres témoins et aux invités. Je tiens à vous remercier de nous permettre de comparaître devant le Comité permanent du commerce international dans le cadre de son étude des exportations canadiennes de biens et services liés à l’environnement et aux technologies propres.
Je m'appelle Matt Wayland. Je suis l'assistant exécutif du vice-président international et directeur canadien des relations gouvernementales de la Fraternité internationale des ouvriers en électricité, la FIOE. Je suis accompagné aujourd'hui de Ross Galbraith, représentant international de la Fédération pour le Canada atlantique.
La FIOE représente 70 000 membres au Canada et 775 000 en Amérique du Nord, qui travaillent dans divers secteurs de l'industrie de l'électricité. Elle est le plus ancien et le plus important syndicat de travailleurs en électricité au monde. Le travail dans ce secteur d'activité est extrêmement complexe, et la majorité de nos membres travaillent dans des métiers hautement spécialisés, des emplois techniques et professionnels, dont bon nombre ont des antécédents professionnels en sciences, technologie, génie et mathématiques, ou STIM, comme divers types de techniciens et de technologues, des travailleurs spécialisés, des ingénieurs, des spécialistes des technologies de l'information et des communications.
Au gré de l'évolution de la technologie dans le secteur de l'électricité, ces 130 dernières années, nous avons aussi changé. Nous sommes heureux que le Comité entreprenne une étude sur les exportations canadiennes liées aux technologies vertes, propres et à faibles émissions de carbone.
Nous croyons fermement qu'il y a de nombreux débouchés, comme les autres témoins l'ont dit, pour la technologie canadienne sur divers marchés mondiaux, que ce soit chez nos voisins, les États-Unis, ou dans d'autres pays et régions en croissance qui cherchent à tout prix à acquérir des technologies propres comme l'Europe, l'Asie-Pacifique, la Chine et l'Inde, pour n'en nommer que quelques-uns.
En rédigeant notre exposé, nous avons voulu nous concentrer sur la motion dont le Comité est saisi et nous demander ce que sont les technologies propres.
Une publication récente d'Exportation et développement Canada définit les technologies propres comme « tout processus, produit ou service qui réduit l’impact environnemental, favorise la durabilité et fournit des biens qui utilisent moins d’énergie et de ressources que la norme de l’industrie ».
L'article poursuit en quantifiant la croissance du secteur des technologies propres. Les exportations de ce secteur augmentent à un taux annuel composé de 4 % depuis 2008. En 2015, cette valeur avait atteint 1,2 billion de dollars par année et elle devrait maintenant dépasser 2,5 billions de dollars. La croissance dans ce secteur ne fera que s'accélérer, comme les autres témoins l'ont déjà expliqué. Du simple fait que le monde a reconnu la menace existentielle que représentent les changements climatiques, les technologies propres deviennent une composante essentielle de tous les secteurs de l'économie mondiale, et pas seulement de l'économie canadienne.
Bien qu'il existe d'importantes possibilités d'exportation dans le secteur des technologies propres dans divers domaines comme les procédés industriels et extractifs, le transport, le recyclage, l'efficacité énergétique, la gestion de l'eau et l'agriculture, notre exposé portera sur notre domaine d'expertise, l'électricité.
Nous savons tous qu'aucune société moderne ne saurait se passer d'une source d'électricité sûre, fiable et de grande qualité. L'électricité chauffe et éclaire nos maisons, alimente nos réseaux de communication et de divertissement, et rend possibles les nombreuses réunions Zoom qui se multiplient depuis plus d'un an. Elle permet la technologie de l'information et sera de plus en plus utilisée dans les transports.
Par conséquent, il y a dans le monde une forte demande dans ce secteur: production plus propre, solutions et capacité de stockage, meilleure utilisation du réseau pour assurer une utilisation efficace de l'électricité et son acheminement sûr vers le consommateur final.
Comme le temps nous est compté, nous allons nous concentrer sur la production d'électricité et le développement de réseaux intelligents, stockage compris.
Nous sommes un chef de file mondial en matière de production propre d'électricité, puisque 80 % de l'électricité du Canada provient de sources à faibles émissions de carbone comme l'hydroélectricité, l'énergie nucléaire, l'énergie éolienne et l'énergie solaire. Nous avons mis au point une technologie de captage et de stockage du carbone à l'échelle commerciale en Saskatchewan, à la troisième unité de Boundary Dam, pour le secteur de la production thermique.
Ces investissements et notre expertise dans ce domaine nous donnent une occasion en or d'exporter de l'électricité propre produite au Canada vers nos amis des États-Unis, et du matériel de production conçu et fabriqué au Canada peut s'exporter dans le monde entier.
Une occasion particulièrement importante existe dans l'industrie nucléaire canadienne, aussi respectée que bien établie. Il y a une demande mondiale pour de grandes quantités d'énergie de base à faibles émissions de carbone comme relais pour les formes de production intermittente d'énergie renouvelable et pour la cogénération de l'hydrogène gazeux par électrolyse de la vapeur à haute température.
Le Canada est non seulement un chef de file bien établi en matière de conception de réacteurs nucléaires, avec la filière CANDU, mais aussi un pays à l'avant-garde du développement de la prochaine génération de petits réacteurs modulaires, les PRM, comme en témoigne la feuille de route des PRM du Canada qui a été annoncée récemment. Ces réacteurs seront construits dans des installations centralisées, puis transportés en modules jusqu'à leur emplacement et assemblés sur place, plutôt que d'être construits intégralement sur place.
Cela représente un énorme marché mondial pour le pays qui peut construire et exploiter des unités de démonstration inédites. Non seulement les PRM peuvent être produits en masse au Canada, puis exportés partout dans le monde, mais l'énergie à faibles émissions de carbone produite par les PRM installés au Canada peut aussi y contribuer à décarboniser son réseau électrique et à électrifier son secteur des transports. Il y a aussi la possibilité d'exporter le produit final de cette technologie pour vendre aux États-Unis l'énergie excédentaire produite au Canada.
Passons maintenant au stockage et à la gestion du réseau. Vous serez peut-être intéressés d'apprendre que le réseau électrique nord-américain est la plus grande machine interconnectée au monde. Aussi complexe que soit notre réseau électrique actuel, celui de l'avenir sera très différent de ce que vous et moi connaissons aujourd'hui, et encore plus complexe pour répondre aux demandes et aux besoins changeants des clients. Les modalités et les lieux de production, le moment où l'électricité est produite, tout cela évolue pour intégrer l'apport de sources d'énergie renouvelable, comme celle du vent et du soleil, et accroître l'efficacité de la consommation d'énergie. Les réseaux intelligents deviendront plus fiables et autoréparateurs, fournissant une électricité durable, sûre et de qualité à tous les consommateurs.
C'est dire que le réseau lui-même est en train de devenir non plus un simple conduit qui transporte les électrons d'un point à un autre, mais un super ordinateur, avec des millions de contrôleurs et de capteurs que les services publics pourront utiliser pour intégrer les ressources énergétiques distribuées et l'énergie stockée, accroître la fiabilité, réduire le gaspillage et améliorer l'efficacité énergétique dans l'ensemble du réseau.
De nombreuses entreprises de technologie cherchent des solutions pour répondre à ces besoins et cherchent à établir des partenariats avec des entreprises d'électricité de partout au Canada afin de mettre au point ces nouvelles technologies de gestion de réseau et d'en faire la démonstration. Dans bien des cas, la nature intégrée de notre réseau électrique réglementé pourrait être un banc d'essai parfait pour illustrer les nouvelles technologies que les entreprises de technologies propres pourront ensuite reprendre à une échelle plus importante et déployer partout au Canada et à l'étranger.
Comme nous l'avons expliqué, il existe une demande mondiale d'électricité à faibles émissions de carbone et de réseaux électriques qui sont le moteur de la société moderne. Le Canada a une occasion en or d'exporter ses connaissances et son expertise dans ces domaines, mais pour tirer parti des débouchés que j'ai décrits, il faudrait que nous favorisions un contexte dans lequel il est possible de faire la démonstration et la mise en marché de ces technologies coûteuses et hautement réglementées avant que d'autres concurrents mondiaux ne le fassent.
Dans tous les cas évoqués à l'instant, nos services d'électricité existants ont un rôle à jouer. Mais souvent, ils ont des contraintes qui les empêchent d'utiliser les revenus provenant des consommateurs pour investir dans l'innovation ou les nouvelles idées. De plus, de nombreuses entreprises du secteur des technologies propres, dans les domaines du nucléaire et des réseaux intelligents, ont des lacunes dans le financement du développement de produits et de la mise à l'échelle.
L'une des meilleures façons dont les organismes de tous les ordres de gouvernement peuvent aider les entreprises canadiennes de technologies propres à passer à un niveau supérieur et à exporter vers de nouveaux marchés est de prendre des mesures pour appuyer à la fois les entreprises de technologies propres et, bien sûr, les services publics d'électricité existants qui sont prêts à tester et à déployer ces nouvelles technologies. Bon nombre de ces entreprises ont des employés qui sont membres de la FIOE.
Qu'il s'agisse d'un soutien financier direct pour des produits à l'échelle commerciale uniques en leur genre ou d'autres mécanismes qui peuvent aider à surmonter les risques financiers pour les deux parties dans le développement et la démonstration de technologies novatrices et leur mise en marché, il y a une occasion pour le Canada non seulement de s'emparer d'une part de ces marchés mondiaux, mais aussi d'être considéré comme un chef de file dans le domaine des technologies propres.
Si nous pouvons favoriser un écosystème qui soutient et favorise ces types de partenariats, les entreprises de technologies propres peuvent à la fois faire la démonstration de leurs nouveaux produits et services, et aussi tirer parti de l'expérience en matière d'infrastructure et d'exploitation, ainsi que de la main-d'œuvre hautement qualifiée de la FIOE qui existent dans les entreprises d'électricité et de construction canadiennes de renommée mondiale.
Nous estimons que c'est l'un des meilleurs moyens de créer des partenariats et de mettre au point des produits de technologies propres qui profiteront au Canada, qui fourniront des emplois bien rémunérés et qui seront concurrentiels sur le marché mondial.
Je remercie la présidente et les membres du Comité. M. Galbraith et moi avons hâte d'entendre vos observations et vos questions.
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Je vous remercie, madame la présidente, ainsi que les membres du Comité, de m'avoir invité à comparaître.
Je m'appelle Jocelyn Doucet. Je suis ingénieur chimiste et PDG de Pyrowave. Nous sommes un pionnier et un chef de file dans l'électrification des procédés chimiques.
Qu'est-ce que cela signifie? Je suis sûr que vous avez entendu parler de l'électrification des véhicules, mais probablement moins de l'électrification des procédés industriels. Nous avons mis au point la technologie de micro-ondes la plus avancée qui utilise l'électricité pour fabriquer des produits chimiques à faible teneur en carbone.
Notre première application transforme les déchets de polystyrène en leur composant de base, le monomère de styrène, utilisé dans le monde entier pour fabriquer divers produits et dont le marché est de plus de 30 millions de tonnes par année. Ce que nous faisons en décomposant les plastiques en leurs constituants présente beaucoup d'avantages. Il augmente la valeur en transformant des déchets sans valeur sur le marché en un produit utile d'une grande valeur marchande et qui a un vaste marché.
Par exemple, le monomère de styrène peut être utilisé pour fabriquer du polystyrène, un plastique très populaire, mais aussi l'ABS qu'on trouve dans les ordinateurs et le SBR utilisé dans les pneus. Nous avons récemment annoncé un partenariat mondial avec Michelin, qui a investi dans Pyrowave et qui adopte également notre technologie en Europe.
Michelin utilisera notre technologie pour passer au XXIe siècle et fabriquera, au moyen de cette technologie plus efficace et propre, des monomères de styrène renouvelables à partir de déchets. Les produits obtenus sont identiques aux produits vierges et ils remplaceront le styrène issu de ressources fossiles dans la production du caoutchouc synthétique qui entre dans la fabrication des pneus. L'objectif est d'atteindre une durabilité de 40 % d'ici 2030 et de 100 % d'ici 2050.
Nous avons aussi de nombreux projets qui commencent en Asie. C'est certainement là une occasion exceptionnelle et on peut y voir une preuve qu'il existe une demande mondiale pour les technologies canadiennes.
[Français]
Le Canada est un chef de file dans le domaine du développement des technologies propres. J'ai moi-même cofondé l'entreprise Pyrowave, il y a dix ans, qui se spécialise dans ce que nous appelons aujourd'hui l'économie circulaire des plastiques. Il y a cependant beaucoup à faire pour devenir un chef de file dans la mise à l'échelle et l'exportation des technologies dans le monde entier. Ayant moi-même parcouru le chemin, je suis conscient que mon expérience est unique.
Aujourd'hui, j'aimerais vous faire part de ma vision concernant les lacunes qui vont nécessiter une attention particulière si le Canada choisit d'accélérer l'exportation des technologies propres canadiennes alors que nous reconstruisons l'économie post-COVID-19.
[Traduction]
Voici les trois points que je veux aborder et que j'expliquerai plus en détail ensuite.
Premièrement, nous devons aider les entreprises canadiennes qui proposent des technologies propres à accéder aux grands marchés de capitaux; deuxièmement, nous devons adopter une tarification du carbone pour que les solutions à faibles émissions de carbone se démarquent vraiment des solutions à base de ressources fossiles; troisièmement, nous devons adopter des politiques et des règles commerciales qui permettront de faire respecter plus rigoureusement la différenciation selon la teneur carbone des technologies propres canadiennes et de créer une demande pour ces technologies à l'étranger.
En ce qui concerne les possibilités d'investissement, le Canada a déjà un portefeuille impressionnant de technologies propres rendues possibles grâce à d'excellents programmes comme Technologies du développement durable Canada, dont nous avons bénéficié très tôt.
Au-delà de l'étape de la démonstration, il y a la commercialisation, qui exige des capitaux énormes et l'accès à divers réseaux d'investissement. Si nous voulons que les entreprises canadiennes puissent exporter et conquérir les marchés mondiaux, il est essentiel d'assurer leur solidité financière. À cette fin, j'invite le gouvernement à élaborer des programmes pour investir dans les technologies propres afin de stimuler et d'attirer des investissements et d'intéresser des intervenants clés à l'écosystème canadien de l'innovation.
En Europe, par exemple, les entreprises de technologies propres bénéficient d'un solide soutien de l'UE par le biais de subventions et de divers mécanismes de financement qui attirent les investissements privés. Si le Canada veut être un chef de file dans ce nouveau secteur et être en mesure d'affronter ces concurrents, nous devons proposer des mesures pour attirer des capitaux et des partenaires stratégiques pour les entreprises canadiennes.
En ce qui concerne la tarification du carbone, un autre élément consiste à mettre en place des règles du jeu équitables, afin que les technologies propres à faible émission de carbone puissent vraiment se démarquer au niveau financier. Par exemple, en 2015, le FMI a publié un rapport qui quantifiait les subventions totales consenties à l'industrie des combustibles fossiles. Sa méthodologie consistait à faire état des subventions après impôt. Il faut tenir compte des subventions avant impôt qu'on accorde en faisant en sorte que les particuliers et les entreprises paient l'énergie moins cher qu'elle ne coûte. À cela s'ajoutent d'autres montants qui correspondent aux dommages causés à l'environnement et à la santé par l'utilisation de cette énergie. Autrement dit, ces montants représentent la valeur qui est détruite ou qui n'est pas obtenue parce qu'on utilise cette forme d'énergie.
Selon cette étude, si on divise le montant total des subventions par le volume des émissions mondiales, on obtient un prix d'environ 150 $ la tonne. Si je prends l'exemple de Pyrowave, la différence entre les émissions de carbone des monomères de styrène issus des ressources fossiles et des déchets recyclés se situe entre deux et quatre tonnes de CO2 par tonne de styrène. Autrement dit, en passant au styrène recyclé, nous réduisons les émissions de 2 à 4 tonnes de CO2 par tonne. En appliquant une telle tarification du carbone, le passage des combustibles fossiles au recyclage des déchets créerait une différence de coût se situant entre 300 $ et 600 $ la tonne.
L'entreprise mondiale du secteur de l'emballage qui achète 100 000 tonnes de styrène par année économise entre 30 et 60 millions de dollars par année simplement en passant des ressources fossiles au recyclage. L'élément de différenciation en fonction des faibles émissions de carbone est donc pris en compte dans les données financières et justifie le passage à des produits à faible émission de carbone et contribue donc à accélérer l'adoption des technologies propres.
Ce qui est important ici, c'est que la tarification du carbone ne devrait pas être utilisée pour financer les technologies propres, car cela signifierait qu'on a besoin de combustibles fossiles pour pouvoir utiliser les technologies propres. Nous ferions donc tout cela pour rien. La tarification du carbone permet aux technologies propres de se démarquer vraiment au niveau financier et d'infléchir les décisions des entreprises vers des solutions à faibles émissions de carbone. En d'autres termes, elle montre à quel point on sacrifie une valeur en n'adoptant pas les solutions à faibles émissions de carbone.
Mon troisième point porte sur les politiques et les tarifs. Ils peuvent aider le déploiement des technologies propres canadiennes à l'échelle internationale. Les gouvernements peuvent utiliser les tarifs à l'avantage d'industries particulières. Il arrive souvent que des pays importateurs recourent à des droits tarifaires lorsqu'ils estiment que certaines industries sont injustement subventionnées. Si nous reconnaissons que les produits issus de ressources fossiles sont subventionnés et que leur prix ne représente pas leur véritable coût, nous pouvons faire valoir que leur importation apporte un avantage injuste par rapport aux produits fabriqués au moyen de technologies à faibles émissions de carbone.
Cette idée, la « taxe carbone aux frontières », fait actuellement l'objet de discussions en Europe et aux États-Unis. Il s'agit essentiellement d'imposer des coûts supplémentaires aux importations à forte teneur en carbone provenant de pays dont les règles climatiques sont inadéquates. En même temps, les fournisseurs intérieurs peuvent obtenir des remises liées au carbone pour stimuler leurs exportations. Selon moi, des politiques comme l'imposition de droits tarifaires et l'exigence d'un contenu de matières recyclées minimum, par exemple, pourraient aider les entreprises qui utilisent ou développent actuellement des technologies propres en créant des possibilités pour elles à l'étranger et chez nous.
Pour conclure, je dirai que ma conception du problème est influencée par l'expérience que nous avons acquise en naviguant dans l'écosystème des technologies propres et par leurs effets positifs sur notre croissance économique et la création d'emplois. Les technologies propres sont un progrès. Elles sont le prolongement de technologies centenaires. Elles sont à ces technologies ce que le train à grande vitesse est au bon vieux train à vapeur. De nos jours, qui n'opterait pas pour le train à grande vitesse?
Il y a eu des progrès considérables dans les domaines de l'électronique, des transports, des ordinateurs et des logiciels, mais il y a beaucoup à faire dans le secteur manufacturier, qui produit 45 % des émissions mondiales. Comme je l'ai dit, nous devons aider les technologies propres à accéder à un vaste marché financier. Nous devons adopter la tarification du carbone. Nous devons adopter des politiques et des règles commerciales qui aideront les technologies propres canadiennes à faibles émissions de carbone à se démarquer davantage chez nous et à l'étranger. Cela donnera des assises à une économie solide et durable en créant des emplois de grande qualité ici et en conservant une valeur à long terme.
Nous avons vu à quelle vitesse le gouvernement a investi pour résoudre des problèmes importants comme celui de la COVID-19. Le Canada peut certainement appuyer le déploiement de technologies propres partout dans le monde et devenir un chef de file dans cette nouvelle économie propre.
Merci de m'avoir accordé du temps. Nous sommes prêts à répondre à vos questions.
Concernant d'abord les subventions, je crois que, au cours des dernières années, on a pris de très bonnes mesures, mais aussi beaucoup de mesures très contestables. Des coûts connexes et non connexes ont été largement regroupés sous la notion de « subvention ». Il y a des subventions très légitimes pour les combustibles fossiles dans les pays qui subventionnent la consommation. Au Venezuela, par exemple, l'essence est subventionnée par le gouvernement pour ses citoyens.
Au Canada, traditionnellement, nous versons entre 16 et 20 milliards de dollars par an à tous les paliers de gouvernement, et les arguments invoqués au Canada vont de la politique fiscale à la politique sur les redevances. J'ai même vu des études où le coût de construction et d'entretien des routes était considéré comme une subvention à l'industrie de l'énergie.
Nous avons un bilan très solide. Cela dit, certaines des politiques actuellement proposées placeraient toutes les industries très différemment de ce qui se passe dans les pays concurrents. Il y a, dans certaines de nos politiques climatiques, des mesures de protection très énergivores et exposées à la concurrence étrangère, mais, dans le dernier budget, on prévoit un financement très délibéré et des crédits d'impôt pour le captage et le stockage du carbone. Cela n'arrivera pas au Venezuela, au Nigeria ou en Arabie saoudite. Cela n'arrivera qu'au Canada.
Pour mettre l'industrie canadienne sur un pied d'égalité avec les huit autres— je ne vais pas inclure les États-Unis, parce qu'ils sont en train d'évoluer —, il faut reconnaître soit que nous allons importer notre pétrole et notre gaz naturel de pays comme le Nigeria et l'Arabie saoudite, soit que nous allons uniformiser les règles du jeu grâce aux fonds fédéraux de stimulation et d'innovation.
Il y a deux côtés à la médaille. Nous contribuons beaucoup à l'économie nationale et aux recettes gouvernementales. Pour ce qui est des subventions, nous sommes des contributeurs, pas des bénéficiaires. Cela dit, la politique du gouvernement place maintenant le Canada dans une position très différente de la situation du marché mondial, et le gouvernement fédéral devra trouver un équilibre valable.
Quant aux investissements, en effet, nous sommes habituellement, traditionnellement, le plus important investisseur dans l'économie canadienne. Entre 80 milliards telle année et 27 milliards cette année, c'est généralement entre ces deux bornes que se chiffre notre contribution depuis des décennies. Ces investissements devraient augmenter rapidement à mesure que la demande mondiale s'amplifiera sensiblement, mais je crois que nous devons nous concentrer sur la question de savoir si ces investissements seront faits au Canada ou ailleurs.
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Merci, madame la présidente.
Le secteur des transports, qui vaut des billions de dollars, se tourne vers les véhicules électriques à batterie. Je suis très heureux que M. Trent Mell soit ici. Le coût des batteries a diminué. Je crois que, en 2010, il était d'environ 1 100 $ le kilowattheure et que, sauf erreur de ma part, il est passé à environ 137 $ en 2020. Dans deux ans, il sera d'environ 100 $ le kilowattheure. Grâce à cela, le coût des véhicules électriques sera très comparable à celui des véhicules à essence. Cette tendance est irréversible. Cela évolue très rapidement ailleurs dans le monde, en Chine et en Europe. Le Canada et les États-Unis ont pris du retard, mais nous nous sommes réveillés.
Madame la présidente, vous ne savez peut-être pas que le département du Commerce des États-Unis a organisé une réunion à huis clos avec des mineurs et des fabricants de batteries il y a environ six ou huit semaines pour discuter des moyens de stimuler la production canadienne de matériel de véhicule électrique. J'espère que M. Trent Mell a participé à cette réunion très importante.
C'est aussi une question de sécurité nationale. Environ 13 des 35 minéraux jugés essentiels à la défense nationale se trouvent au Canada, je dis bien 13 des 35 minéraux essentiels. Récemment, le Canada et les États-Unis ont décidé de signer un plan d'action commun en vue d'une collaboration concernant les minéraux essentiels. Dans le budget, des investissements sont prévus pour créer, au ministère des Ressources naturelles du Canada, un centre d'excellence sur les minéraux essentiels nécessaires aux batteries, et nous finançons également la recherche et le développement en matière de traitement et de raffinage des minéraux.
Monsieur Mell, je suis très heureux que vous soyez ici. Je sais que le cobalt est très important pour les batteries. Je sais qu'il se fait beaucoup de recherche et d'innovation sur les batteries pour éliminer le cobalt en raison de son coût élevé. Des batteries au lithium-ion sans cobalt sont testées et mises au point. Il y a aussi les batteries à semi-conducteurs. Malgré tout cela, nous savons que le cobalt est un élément essentiel, que 70 % du cobalt est fabriqué au Congo et que nous avons besoin de producteurs nord-américains comme First Cobalt. Nous sommes les seuls raffineurs du continent qui soient très actifs.
Monsieur Mell, je suis tout à fait d'accord avec vous sur la nécessité de conclure des partenariats avec le secteur privé, de choisir des gagnants et d'agir maintenant. Depuis un certain temps, je réclame une stratégie exhaustive pour pouvoir envisager le développement minier et technologique pour la fabrication de batteries, et ce dans le cadre d'une approche pancanadienne.
Vous avez souligné à juste titre, même si vous n'avez pas insisté, le caractère problématique du système actuel d'attribution des permis. Cela doit changer. Nous devons aborder ces questions de fabrication de batteries. C'est une urgence. Si l'Amérique du Nord doit s'occuper de son stockage d'énergie et de la sécurité de ses systèmes de transport, nous devons aborder cette question comme une urgence en nous chargeant de l'extraction des minéraux, de la fabrication des produits chimiques et de la fabrication des batteries.
Monsieur Mell, pouvez-vous me dire ce que le gouvernement fédéral ou le gouvernement provincial devrait faire en premier pour permettre à des promoteurs comme vous de réduire le délai entre l'étape de la conceptualisation et l'étape de l'exploitation?
En ce qui concerne le GNL et le rôle qu'il jouera dans un avenir à faibles émissions de carbone, je suppose que la Colombie-Britannique occupe une position unique à l'échelle mondiale. Si nous commençons par le produit brut, le gaz naturel, et la façon dont il est produit en Colombie-Britannique et dans le Nord-Est de l'Alberta, il est extrêmement faible en carbone et en méthane. Ajoutez à cela les réductions substantielles, les réductions de 45 %, que nous réaliserons dans les émissions de méthane d'ici 2023. Cela n'existe nulle part ailleurs dans le monde.
Le fait que nous puissions électrifier nos installations en amont et que nous ayons déjà commencé à le faire... Certaines des principales infrastructures intermédiaires qui ont été construites en Colombie-Britannique, dans le Nord-Est de la Colombie-Britannique, au cours des dernières années, ont été électrifiées. Par conséquent, plutôt que d'utiliser le gaz naturel afin d'actionner les turbines pour comprimer les produits et les transporter par pipeline, on utilise de l'électricité. Avec la construction des barrages hydroélectriques en Colombie-Britannique à l'heure actuelle, les possibilités deviennent encore plus grandes.
Le terminal de GNL en construction n'est pas entièrement électrifié, mais il utilise des quantités importantes d'électricité. Il est possible d'en faire plus, mais au bout du compte, et compte tenu de la proximité du transport maritime entre le Nord-Ouest de la Colombie-Britannique et les principaux marchés de l'Inde, de Taïwan, de la Chine et du Japon, encore une fois, ce produit a une empreinte carbone plus faible que tout autre GNL dans le monde.
Vous pouvez faire la comparaison entre n'importe quelle centrale au gaz naturel et les centrales au charbon en Asie, où plusieurs centaines de centrales au charbon sont en construction. Nous devons remplacer cela. C'est la réduction de carbone la plus simple et la plus facile que nous puissions faire à l'échelle mondiale. Le plus grand impact que le Canada puisse avoir, c'est de permettre à plus de gaz naturel canadien de compenser la construction de centrales au charbon. Ce n'est pas pour des gens qui veulent des maisons plus grandes et deux réfrigérateurs. Il s'agit de gens qui veulent leur premier petit réfrigérateur. C'est la première fois qu'ils peuvent allumer une lumière le soir pour que leur enfant puisse faire ses devoirs. Il s'agit là de besoins fondamentaux auxquels le charbon répond beaucoup trop souvent aujourd'hui.
Pour répondre à votre deuxième question, à quoi ressemble ce marché? C'est formidable. L'Agence internationale de l'énergie prévoit que la demande de pétrole et de gaz reviendra à des niveaux records d'ici 2023 et que le gaz naturel augmentera de 30 % entre 2023 et 2040, je crois. Il y a un milliard de personnes aujourd'hui qui n'ont pas d'ampoule électrique, et au cours de la dernière décennie, nous avons fait le meilleur travail que nous ayons jamais fait dans l'histoire pour sortir les gens de la pauvreté, et nous sommes prêts à faire un travail encore meilleur dans les décennies à venir, mais cela demande de l'énergie.
Je pense que plus cette énergie viendra du Canada, plus nous aurons un meilleur environnement à l'échelle mondiale. L'élimination des obstacles sera un énorme avantage pour nous si nous pouvons y arriver.
Excusez-moi, pourriez-vous répéter votre troisième question?