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Madame la présidente, distingués membres du Comité, merci de m'avoir invité à participer à votre réunion d'aujourd'hui sur la réforme de l'Organisation mondiale du commerce.
Le Conseil canadien des affaires est composé de 150 chefs d'entreprise et entrepreneurs des principales entreprises du Canada. Nos membres soutiennent directement et indirectement plus de six millions d'emplois dans tout le pays et des centaines de milliers de petites entreprises. Représentant différentes industries et régions, ces hommes et ces femmes sont unis dans leur engagement à améliorer la qualité de vie de tous les Canadiens.
Nous sommes une nation commerçante. Notre prospérité et notre niveau de vie dépendent du commerce, et 65 % de notre PIB y est directement lié. Le système d'après-guerre, fondé sur des règles en vertu de l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce — et, maintenant, de son successeur, l'Organisation mondiale du commerce — a stimulé la croissance économique et favorisé l'expansion de nos entreprises sur de nouveaux marchés. Tout au long de cette période, le commerce mondial des marchandises entre les membres de l'OMC a augmenté en moyenne de 6 % par année. Aujourd'hui, les membres de l'OMC représentent 98 % du commerce mondial.
Les accords bilatéraux, comme l'ALENA — maintenant l'ACEUM —, le PTPGP et l'AECG, ont permis de grossir notre part du gâteau, mais bon nombre de nos entreprises comptent toujours sur le système mondial pour accéder aux marchés essentiels et sur la présence de règles communes, prévisibles et applicables partout dans le monde. Alors que le Canada cherche à rebâtir son économie malmenée, le système mondial sera d'autant plus important pour assurer la réussite des exportateurs canadiens après la pandémie. En effet, les exportations canadiennes de marchandises ont chuté de 12,3 % en 2020, soit une baisse de 70 milliards de dollars.
Comme c'est le cas pour toute organisation pertinente, l'OMC a besoin d'être entretenue et modernisée. Malheureusement, en raison de désaccords sur des éléments clés, comme le règlement des différends, nous n'avons pas pu améliorer cette organisation depuis un certain temps.
Compte tenu des récents défis auxquels l'OMC a fait face, certains pays ont même remis en question sa viabilité à long terme. Ce n'est toutefois pas le cas du Canada. Désireux d'agir de façon constructive et de proposer des étapes vers la modernisation, le Canada a pris les devants en créant le Groupe d'Ottawa. Composé de membres de l'Union européenne, du Japon, de l'Australie et d'autres pays, le Groupe d'Ottawa représente une masse critique de partenaires qui partagent les mêmes idées et qui sont résolus à réformer le système.
Le Canada a joué un autre rôle important, celui d'établir la procédure arbitrale d'appel provisoire multilatérale, qui comprend de nombreux membres du Groupe d'Ottawa et plusieurs pays en dehors de ce groupe. Il s'agit d'une mesure temporaire essentielle pour veiller à ce que le mécanisme de règlement des différends de l'OMC continue de fonctionner dans plusieurs économies de premier plan, mais nous savons que ce n'est pas une solution de rechange à la réforme de l'OMC.
Le Conseil canadien des affaires appuie le Groupe d'Ottawa et la procédure arbitrale d'appel provisoire multilatérale. Au cours de la dernière année, notre président et chef de la direction, Goldy Hyder, a fièrement occupé le poste de coprésident du conseil consultatif des entreprises de l'OMC pour la . À ce titre, nous avons soutenu le gouvernement dans ses efforts pour encourager un engagement accru du secteur privé au Canada et avec nos homologues internationaux dans le cadre du processus du Groupe d'Ottawa.
L'année dernière, nous avons organisé des tables rondes sur des questions telles que le commerce électronique et le règlement des différends. Ce dernier thème a attiré la participation de représentants de haut niveau du secteur privé américain, lequel est fondamental pour toute réforme valable de l'OMC.
Le règlement des différends est loin d'être la seule activité de l'OMC, mais en raison de désaccords de longue date sur sa fonction, c'est devenu un obstacle à l'avancement du reste de l'organisation. Il est essentiel que nous ramenions les États-Unis à la table des négociations. À notre avis, le Canada et le Groupe d'Ottawa sont bien placés pour le faire. Les premiers signes envoyés par l'administration Biden, comme son appui à la nouvelle directrice générale et son ouverture face au Congrès, sont encourageants. En même temps, bon nombre de mes homologues américains considèrent la réforme de l'OMC et le rétablissement de sa fonctionnalité comme une priorité.
Le conseil et ses membres ont hâte d'appuyer les efforts en vue d'inciter le gouvernement des États-Unis et le secteur privé à concrétiser la réforme. Si nous travaillons ensemble en toute bonne foi, je crois que nous pourrons surmonter nos désaccords.
En plus de réparer le mécanisme de règlement des différends, l'OMC doit s'adapter à l'évolution rapide de l'économie mondiale. À titre d'exemple, nous croyons que les progrès réalisés récemment, comme l'initiative de la déclaration commune de l'OMC sur les négociations relatives au commerce électronique, peuvent libéraliser et uniformiser les règles du jeu pour les entreprises canadiennes dans les secteurs de notre économie qui connaissent une croissance rapide, notamment le commerce numérique et le commerce électronique. D'ailleurs, nous avons été heureux de nous rallier, plus tôt cette année, à la Chambre de commerce internationale et à un grand nombre de groupes d'affaires internationaux dans le cadre d'une lettre appuyant ces négociations.
En conclusion, les chefs d'entreprise canadiens apprécient le rôle que joue l'OMC dans notre économie, et ils appuient la réforme et la modernisation de l'organisation pour qu'elle reste une institution pertinente. Nous encourageons le Canada à poursuivre son important travail au sein du Groupe d'Ottawa.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de prendre la parole aujourd'hui, et j'ai hâte de répondre à vos questions.
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Bonjour à tous, et merci de m'avoir invité à participer à la discussion d'aujourd'hui. Je suis heureux d'être ici au nom des 90 000 fabricants et exportateurs du Canada et des 2 500 membres directs de notre association pour discuter de la réforme de l'Organisation mondiale du commerce.
Les membres de notre association possèdent des entreprises de toutes tailles, situées dans toutes les régions du pays et appartenant à tous les secteurs industriels. Nous représentons la majorité de la production manufacturière du Canada, ainsi que les exportations canadiennes à valeur ajoutée.
Les fabricants sont parmi les plus grands exportateurs du Canada, et le commerce mondial est l'élément vital de notre secteur. Le processus de fabrication s'appuie sur des chaînes d'approvisionnement mondiales pour assurer l'acquisition et la production de tous les biens dont la planète a besoin.
Notre secteur vend des produits aux quatre coins du monde, maintient des emplois de qualité et bien rémunérés au Canada, en plus de créer de la richesse et de la prospérité pour tous les Canadiens. Par conséquent, l'OMC et, de façon plus générale, l'uniformisation des normes en matière de commerce mondial sont d'une importance capitale pour gérer les échanges commerciaux dont dépendent notre industrie et notre économie.
Depuis sa création, l'OMC a joué un rôle déterminant dans l'établissement de règles pour le commerce mondial et le règlement des différends qui surviennent lorsqu'on fait des affaires à l'étranger. Il s'agit d'une réalisation hors pair qui a permis d'établir un cadre international pour assurer un commerce productif et pacifique à l'échelle internationale.
Cela ne veut pas dire que nous n'avons pas rencontré de problèmes en cours de route. Nos recherches montrent que la part des exportations mondiales du Canada a commencé à chuter à peu près au moment que l'accession de la Chine à l'OMC, au début du siècle. Avec l'entrée d'un gros joueur aussi négatif dans le club, le Canada et ses alliés ont été placés, du jour au lendemain, dans une position désavantageuse sur le plan des coûts.
Une fois légitimée par son adhésion à l'OMC, la Chine est devenue de plus en plus un maillon indispensable des chaînes d'approvisionnement mondiales, si bien que nous sommes aujourd'hui inextricablement liés au marché chinois. La façon dont l'OMC traitera la question de la Chine définira sans aucun doute son avenir et celui de l'ordre commercial mondial.
Quoi qu'il en soit, beaucoup de temps s'est écoulé depuis la création de l'OMC dans les années 1990. Tout comme l'ALENA a commencé à donner des signes de vieillesse avant que nous ne passions à l'ACEUM, il est clair que l'OMC se trouve maintenant dans la même situation. Pire encore, le dysfonctionnement dont nous avons été témoins ces dernières années à l'OMC menace son existence même et fait de sa réforme non pas un « atout », mais bien une « nécessité ».
Notre association appuie l'OMC et sa réforme nécessaire, et elle se réjouit tout particulièrement des efforts déployés par le gouvernement du Canada, par l'entremise du Groupe d'Ottawa, pour en assurer la modernisation. Il s'agit d'un exemple de leadership sur la scène mondiale, et nous félicitons la d'avoir dirigé une telle initiative.
Pendant trop longtemps, tout le monde, ici comme ailleurs, s'est plaint de l'OMC, mais l'impulsion actuelle constitue la seule façon concrète de faire quelque chose à ce sujet. Notre association est fière de participer à ces efforts, et c'est assurément quelque chose que nous espérons appuyer dans les années à venir.
Grâce au travail du Groupe d'Ottawa, nous croyons que le Canada est maintenant en mesure de jouer un rôle plus important dans le mouvement en faveur de la réforme. Les fabricants et les exportateurs canadiens estiment que le programme de réforme de l'OMC devrait s'articuler autour des principes et des domaines d'intérêt suivants.
Premièrement, il faudrait renforcer la fonction de surveillance de l'OMC. C'est l'une de ses responsabilités fondamentales. L'OMC est censée surveiller les acteurs et s'assurer que les pays respectent les règles et les normes prévues dans leurs accords commerciaux. La transparence est essentielle. À défaut de quoi, les acteurs peuvent être tentés de recourir à des pratiques qui faussent les échanges. En l'absence d'une surveillance appropriée et sans la production de données réelles sur les échanges commerciaux, il est plus facile de glisser en douce de telles mesures de distorsion. Par conséquent, une capacité de surveillance robuste et renforcée ferait en sorte que tout le monde se comporte de façon honnête, ce qui éliminerait probablement la nécessité de recourir aux mécanismes de règlement des différends de l'OMC et, bien franchement, on éviterait ainsi de surcharger le système.
Deuxièmement, il faudrait renforcer les mécanismes de règlement des différends. Lorsque les moyens de surveillance et d'atténuation échouent, les mécanismes de règlement des différends doivent mener à la résolution rapide et équitable des litiges entre les partenaires commerciaux, et j'insiste sur le mot « rapide ». Avant que l’organe d’appel ne s'atrophie l'année dernière, il fallait quand même des années pour que les décisions fassent leur chemin dans le système. Une telle situation incite les mauvais acteurs à exploiter et à manipuler le système et à paralyser intentionnellement le règlement des différends parce qu'il est dans leur intérêt de le faire. Plus inquiétant encore, cela crée un climat d'irrégularité et d'instabilité pour les entreprises, et l'écosystème commercial en souffre.
Troisièmement, il faudrait moderniser les règles commerciales pour éviter de prendre davantage de retard. Comme il n'y a pas eu de consensus sur la façon de mettre à jour les règles du commerce mondial, les pays ont entrepris de régler ces questions dans le cadre d'accords commerciaux bilatéraux ou multilatéraux, comme l'a fait le Canada. À défaut de pouvoir évoluer, l'OMC finira inévitablement par mordre la poussière.
Les fabricants canadiens et leurs homologues du monde entier se heurtent à de nombreux problèmes lorsqu'ils font du commerce à l'étranger: concurrence déloyale de la part d'entreprises d'État, dumping, manipulation des devises, subventions aux industries et, de façon générale, barrières commerciales. À cela s'ajoute la difficulté de concilier les règles du commerce mondial avec des questions de plus grande envergure comme le commerce numérique, le développement durable et la réglementation en matière d'environnement. Afin de s'attaquer à tous ces problèmes, le Canada devrait chercher à obtenir le consensus de pays aux vues similaires et déterminer les enjeux à traiter en priorité pour ensuite mettre à jour les règles en conséquence.
Je récapitule: les efforts de modernisation de l'OMC doivent viser, d'une part, à renforcer les mécanismes de surveillance et de règlement des différends et, d'autre part, à mettre à jour les règles en collaboration avec des pays aux vues similaires.
Toutefois, comme vous me l'avez déjà entendu dire devant le Comité, bien que le travail de réforme de l'OMC soit très important pour les fabricants et les exportateurs canadiens, nous sommes toujours aux prises avec un problème: l'incapacité croissante de l'industrie canadienne à profiter du commerce mondial. Les fabricants exportateurs canadiens sont trop petits, et ils fonctionnent à plein rendement. D'une manière générale, le Canada compte une proportion plus élevée de PME que la plupart de ses concurrents mondiaux. D'un point de structurel fondamental, nous devons amener nos entreprises à investir dans leurs activités et les aider à croître et à se développer. Les grandes entreprises sont tout simplement mieux placées pour tirer profit du commerce international.
Le gouvernement canadien est particulièrement bien placé pour offrir une telle aide non seulement en continuant d'appuyer les exportateurs par l'entremise de ses divers organismes, mais aussi en investissant dans le mentorat et la formation professionnelle en commerce. Nous devons accroître notre capacité de production et notre expertise en matière de commerce intérieur pour nous attaquer à ce problème.
En conclusion, notre association appuie fortement les efforts et le rôle de chef de file du Canada dans la réforme de l'OMC. Il ne s'agit pas d'un exercice obscur et théorique. Cela a des conséquences bien réelles, et le tout ne fera que gagner en importance si les tendances de repli, provoquées par la pandémie, se poursuivent au chapitre du commerce mondial. L'existence d'un organisme d'application solide et fondé sur des règles, comme l'OMC, sera d'autant plus nécessaire dans un tel scénario. Or, tout cela ne servira à rien si nous n'aidons pas d'abord l'industrie canadienne, chez nous. Ce n'est qu'alors que nous pourrons récolter les avantages du commerce mondial et, par le fait même, prospérer.
Je vous remercie encore de m'avoir invité. J'ai hâte de prendre part à la discussion.
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Madame la présidente, distingués membres du Comité, merci de me donner cette occasion de présenter le point de vue du Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale, ou CIGI, concernant la réforme de l'Organisation mondiale du commerce.
Comme vous l'avez entendu, l'OMC est confrontée à de nombreux problèmes. La légitimité de chacune de ses trois fonctions essentielles — la négociation, le règlement des différends et la transparence — est en effet mise à mal. Plus généralement, l'OMC peine à répondre efficacement aux défis posés par l'évolution rapide des conjonctures économique, politique, sociale et technologique.
Le multilatéralisme et la coopération commerciale fondée sur des règles sont essentiels à la prospérité du Canada et à ses relations avec le monde. En tant que puissance moyenne dont l'économie est tributaire du commerce, le Canada a à la fois la motivation et la capacité d'apporter des idées éclairées et de faire avancer de nouvelles initiatives de réforme à l'OMC. Comme nous l'avons aussi entendu, c'est précisément ce qu'il a fait en créant le Groupe d'Ottawa pour guider les efforts de réforme de l'OMC et en en assumant la direction.
Pour commencer, je présenterai des idées de réforme précises pour chacune des trois fonctions essentielles de l'OMC. J'aborderai ensuite les domaines où les règles commerciales doivent être modernisées. De plus amples détails sont fournis dans la note d'information et la série d'essais du CIGI sur la réforme de l'OMC que vous trouverez sur notre site web.
Tout d'abord, au chapitre de la négociation, rappelons que l'OMC intervient aujourd'hui sur un large éventail de questions. En effet, le programme de la gouvernance commerciale est presque entièrement axé sur le « commerce et », avec une liste impressionnante de « et ». Il s'agit de choses qui concernent notamment la main-d'oeuvre, les genres, les peuples autochtones, les changements climatiques et l'environnement, les données, les enjeux numériques, le commerce électronique, les droits de la personne, le développement et la propriété intellectuelle. Il est difficile d'imaginer que l'OMC est en mesure de traiter l'ensemble de ces questions, et encore moins qu'elle peut trancher des litiges à leur sujet.
Le Centre pour l'innovation dans la gouvernance internationale suggère aux États membres de réinventer l'OMC en lui permettant de renoncer à la gestion d'un si grand nombre d'enjeux « extra frontaliers », qui couvrent des éléments très disparates des politiques économiques et sociales. Il convient de mettre fin à l'approche de l'« engagement unique », selon laquelle on amalgamait toutes sortes de sujets afin de réaliser des progrès à grande échelle, mais non sans permettre certains compromis entre eux.
Cela dit, l'OMC doit continuer à surveiller ces divers domaines. Ainsi, tous les pays membres de l'OMC pourraient être mandatés et incités à présenter des évaluations concernant l'impact commercial que les politiques auraient sur les enjeux « et » que je viens d'énumérer afin de permettre à l'organisation de constituer une meilleure base de données pour mesurer les conséquences distributives des mesures commerciales. L'OMC doit également mettre davantage l'accent sur la facilitation des négociations et l'augmentation des échanges sans entrave.
Bien que le multilatéralisme soit la meilleure solution, dans les circonstances actuelles, une approche plurilatérale serait plus facile à mettre en œuvre et elle pourrait aider à établir un consensus entre les pays qui sont sur la même longueur d'onde. Un exemple d'une telle approche est l'accord conclu entre le Canada, le Chili et la Nouvelle-Zélande sur la question du commerce et des peuples autochtones.
L'OMC pourrait également mieux travailler avec d'autres organisations internationales — d'autres parties prenantes — et pourrait créer des groupes d'experts pour forger un consensus sur des questions techniques. La participation du Groupe des Vingt, le G20, pourrait être utile pour faciliter le choix des options et fixer un cap réaliste pour la modernisation de l'OMC. Le G20 pourrait également être utilisé pour parvenir à un consensus et à un compromis à propos des grandes questions sur lesquelles l'OMC négocie, et pour aider à élaborer un nouveau programme de travail pour l'organisation.
J'en viens maintenant au système de règlement des différends qui a, à juste titre, attiré beaucoup d'attention. L'impasse concernant l'Organe d'appel de l'OMC menace l'ensemble du système et détourne l'attention des discussions concernant les autres améliorations susceptibles de rendre le système de règlement des différends plus inclusif et plus efficace pour de nombreux membres. En fait, pour de nombreux membres, l'OMC fonctionne bien.
Le problème du système de règlement des différends découle de la relation qui existe entre la première étape du règlement, à savoir celle des groupes spéciaux de l'OMC, et l'étape suivante, à savoir celle de l'Organe d'appel. La norme d'examen de l'Organe d'appel devrait être remaniée dans le sens d'une plus grande déférence, de sorte que le raisonnement et les conclusions des groupes spéciaux soient respectés lorsqu'ils sont de nature bilatérale — c'est-à-dire n'impliquant pas les intérêts de tiers — et lorsqu'ils concernent des questions techniques.
Bien qu'il y ait espoir que la question de l'Organe d'appel puisse être résolue avec la nomination d'un nouveau directeur général, il existe entretemps d'autres solutions. Nous avons appris que le Canada, tout comme l'UE et d'autres pays, a approuvé la Procédure provisoire multipartite d'appel et d'arbitrage. En outre, les membres pourraient suivre les accords « sans appel » et utiliser les mécanismes de règlement des différends prévus dans d'autres accords commerciaux.
En ce qui concerne la troisième fonction essentielle, la surveillance, une coopération commerciale efficace dépend de l'échange d'information et des discussions sur les mesures nationales susceptibles de nuire au commerce. La paralysie actuelle de l'OMC est due en partie au manque d'informations probantes susceptibles d'appuyer la poursuite de négociations et de délibérations éclairées.
Les avis des gouvernements demeurent la source la plus importante de renseignements, mais bon nombre d'entre eux éprouvent des difficultés à se conformer aux exigences en la matière. Les avis peuvent être améliorés en veillant à ce que l'information requise soit adaptée aux objectifs et en augmentant le soutien offert aux gouvernements pour leur permettre de renforcer leur capacité à colliger et à échanger de l'information. La Chine constitue un cas particulier, notamment en ce qui concerne la notification des subventions, mais elle pourrait être encouragée à centraliser ses notifications, à les faire dans la langue d'origine et à demander aux autres membres de « contre-notifier » ses mesures à partir de leurs propres sources.
Ensuite, les examens des politiques commerciales de l'OMC pourraient être améliorés en assouplissant les délais, en faisant en sorte que leur contenu soit mieux ciblé et plus explicite, et que leurs discussions soient plus approfondies.
Permettez-moi maintenant d'aborder trois domaines où les règles de commerce doivent être modernisées.
Le premier est celui du développement et du commerce. Pour réussir la réforme de l'OMC, il sera important de tenir compte des problèmes de développement, notamment en trouvant des moyens d'inclure aux termes des règles destinées aux pays en développement une marge de manœuvre qui soit proportionnelle à leur niveau de développement et qui leur permette de renforcer leur capacité à prendre de nouveaux engagements. Il est nécessaire d'encourager les efforts visant à trouver des approches axées sur les solutions au problème controversé de l'état de pays en développement et à l'admissibilité à un traitement spécial et différencié.
Vient ensuite le commerce numérique. La transformation numérique et l'économie fondée sur les données remettent en question de nombreux aspects du système de l'OMC. Le commerce numérique va bien au-delà du commerce électronique. Il inclut la circulation transfrontalière de données, qui se répercute sur la gouvernance des données et l'intelligence artificielle, la concurrence, la protection des renseignements personnels et dans d'autres domaines. Une grande partie de la réglementation technique dans ces domaines devra être élaborée dans le cadre de processus parallèles extérieurs à l'OMC, puis incorporée aux négociations de l'organisation.
Nous devons également utiliser avec prudence les accords commerciaux régionaux qui peuvent servir de tremplins vers d'autres espaces de politiques et devenir une norme multilatérale. Plus généralement, l'OMC ne devrait pas être l'organisation qui détermine la division des loyers dans l'économie intangible. À ce chapitre, je renvoie les membres du Comité aux propos que j'ai tenus ici sur l'ACEUM, en février 2020, relativement à cette question.
Enfin, j'aborderai ce que l'on appelle les ADPIC, c'est-à-dire les aspects des droits de propriété intellectuelle qui touchent au commerce.
Pendant des décennies de négociation, toutes les parties ont reconnu que le système commercial mondial ne pourrait fonctionner sans intégrer la propriété intellectuelle. L'avènement de l'intelligence artificielle et la circulation transfrontalière des données modifient l'économie de l'innovation et la nature du commerce, et nécessitent de repenser les ADPIC. Une telle refonte pourrait se faire en collaboration avec l'Organisation mondiale de la propriété intellectuelle et d'autres organismes internationaux, puis être intégrée par l'OMC afin qu'elle puisse tenir compte des répercussions subséquentes sur le commerce.
En conclusion, de nombreux choix stratégiques attendent l'OMC. En même temps, il est important de garder à l'esprit que la force durable de l'OMC est une forme de compromis, et que les résultats issus de consensus ne sont pas toujours optimaux sur le plan économique ou politique.
Je vous remercie de votre attention. Je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
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Je remercie les témoins, M. Kennedy, M. Poirier et M. Fay.
En ce qui concerne l'OMC, bien sûr, nous entendons parler de problèmes. Nous entendons parler du règlement des différends, de la fonction de négociation, de la transparence et de la responsabilité ou des notifications. Le Canada est intervenu à l'instar de nombreux autres pays. Bien que les motivations puissent différer de l'un à l'autre, tous ont les mêmes préoccupations. On cherche d'une manière ou d'une autre à contrecarrer le système ou à faire pression pour que le système soit amélioré ou réparé, et pour que quelque chose soit fait pour régler les problèmes actuels de l'OMC.
Bien entendu, la Chine est maintenant un acteur important, et il y a aussi les États-Unis. Il semble que les grandes économies essaient par différents moyens de taxer les autres. Cela se manifeste ici et là, sous différentes formes. Le Canada a pris l'initiative avec le Groupe d'Ottawa, et il travaille sur une Procédure provisoire multipartite d’appel et d’arbitrage pour améliorer le système d'une quelconque façon.
Ma question aux trois témoins est la suivante: quelles autres options les pays comme le Canada ont-ils? Avons-nous la possibilité, par le biais d'une législation spécifique, de changer de cap? Cela mènera, bien sûr, à la prénégociation de tout accord commercial ou de toute relation commerciale future.
Pourrions-nous changer quelque chose aux lois du pays afin d'être en mesure de modifier le cours des choses au sein de l'OMC?
Je serai tout à fait heureux d'entendre n'importe lequel d'entre vous commencer, mais comme je peux choisir, j'inviterais M. Kennedy à répondre en premier.
Plus tôt, dans vos observations, vous avez précisé toute l'importance que l'OMC revêt pour le Canada. En raison de notre population tout de même assez petite, nos entreprises doivent miser sur l'exportation pour croître. Évidemment, vous avez mentionné que d'autres puissances intermédiaires, comme le Canada, bénéficient de façon disproportionnée de l'OMC.
Je me demande si, parmi nos témoins, certains souhaitent commenter la perception que le milieu des affaires a de l'intérêt renouvelé des États-Unis pour cette question. Évidemment, grâce au changement d'administration aux États-Unis, il y a une nouvelle directrice générale de l'OMC, originaire du Nigeria. Il s'agit de la première femme, qui plus est originaire d'Afrique, à occuper ce poste.
Peut-être que MM. Fay, Kennedy et Poirier pourraient nous dire comment le milieu des affaires perçoit ce changement d'attitude et d'orientation.
Ma prochaine question s'adresse à l'ensemble des témoins.
On comprend l'importance de l'Organe de règlement des différends, qui est basé sur un principe de justice, c'est-à-dire que tous les pays, les petits comme les gros, ont le même statut dans un conflit où il faut trancher. Il y a des exemples où de petits pays ont su gagner contre de plus grands, ce qui est très bien à l'échelle mondiale.
Y aurait-il toutefois un problème dans les orientations?
En effet, nous avons vu des exemples qui nous amènent à nous questionner sur la façon dont l'Organe de règlement des différends a tranché. Je pense, par exemple, au programme énergétique que l'Ontario avait mis en place et qui contenait des exigences visant à favoriser les entreprises locales et les travailleurs locaux. Il s'agissait d'un projet qui tombait sous le sens, en cette ère où nous redécouvrions l'achat local et l'importance de générer des retombées chez nous. Or, le Japon et l'Union européenne ont gagné contre le Canada devant l'Organe de règlement des différends de l'OMC.
Ainsi, au-delà de l'outil, est-ce que les orientations sont à revoir?
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Absolument. Je faisais référence aux grands organismes canadiens de soutien au commerce, par exemple le Service des délégués commerciaux d'Exportation et développement Canada, ou EDC, et d'autres entités du genre. Nous avons constaté que nos membres et les exportateurs qui utilisent ces services les apprécient beaucoup. Ils sont vraiment utiles et font du bon travail. Le problème, c'est que lorsque nous interrogeons nos membres, la majorité d'entre eux ne savent pas que ces organismes existent, et savent encore moins qu'ils ont accès aux programmes précis que vous venez de citer, et qui sont très utiles.
Au cours des dernières années, il y a eu au sein de ces organismes un repli des activités d'intégration de représentants soit chez nous, dans les associations manufacturières, ou sur le terrain, et de la présence de bureaux où les gens peuvent se rendre et parler à quelqu'un. Cette approche a été considérablement réduite.
Nous pourrions retracer assez facilement l'origine de cette inutilité, et ce n'est pas au début de ce repli. Certes, le fait d'avoir plus de personnes sur le terrain serait bénéfique, mais il faut aussi que le gouvernement tire profit de nous, dans le milieu des associations manufacturières, pour établir des liens avec ces personnes.
Imaginez, si vous le voulez bien, que vous dirigez une PME exportatrice et que vous vous dites: « Humm, je me demande comment je pourrais accroître ma part de marché dans le pays X? » Vous allez vous adresser à votre comptable et à votre conseiller juridique, puis discuter avec votre personnel. D'emblée, vous n'allez pas vous dire: « Humm, je me demande ce que le gouvernement a à m'offrir? » C'est là que vous pouvez tirer profit des associations manufacturières et d'autres intervenants connexes.
L'autre aspect qui pose problème est celui de la formation, de la formation en compétences commerciales. Il y a différents programmes, dont ceux du Forum pour la formation en commerce international ou FITT, auxquels nous nous sommes associés dans le passé. Ils créent au Canada la capacité commerciale nécessaire dans une profession précise. La majorité des entreprises canadiennes sont des PME et n'ont qu'une marge précise réservée à la formation. Ce sont des programmes du genre, adéquatement financés et promus, qui peuvent s'avérer très bénéfiques.
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Je suis d'accord avec vous en ce qui a trait au processus.
Même l'administration Trump a fait ressortir de nombreuses lacunes, des aspects qui ont été négligés et dont on a fait fi, et auxquels il faut remédier. Je présume que l'administration Biden y verra toujours les mêmes lacunes et que nous devrons y remédier. Je crois que c'est nécessaire.
Puisque nous sommes sur ce sujet, je me demande si nous devrions aussi parler d'autres questions, par exemple l'application des décisions, comme je l'ai mentionné. Ce qui me dérangeait avec l'EPO, c'est que toute riposte de notre part nuisait aussi aux secteurs canadiens, qui faisaient les frais d'une riposte. J'aimerais presque être en mesure de riposter en exportant au Japon ou ailleurs, de sorte à ne pas nous nuire, mais bien à nuire à quelqu'un d'autre. Mais bon, nous sommes loin d'en être là.
Monsieur Kennedy, j'aillais vous poser une question. Actuellement, vu la pandémie, l'une des choses que me disent les PDG des PME de ma circonscription, c'est qu'ils essaient de planifier en fonction de l'été. Ils essaient de voir ce qu'ils vont faire. Quand on voit d'autres pays, comme Israël et les États-Unis, avoir tant d'avance sur nous en matière de vaccination, je crains fort que leur économie rebondisse avant la nôtre, ce qui leur permettrait de nous subtiliser des clients.
À quel point cette menace est-elle grave?
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Merci, madame la présidente.
Bon après-midi à tous. Je suis heureux d'être ici aujourd'hui pour vous donner un aperçu de l'engagement du gouvernement à l'égard de la réforme de l'OMC, y compris le leadership du Canada au sein du Groupe d'Ottawa. En particulier, j'aimerais souligner certains développements importants qui sont survenus au sein du Groupe d'Ottawa depuis le début de la pandémie de COVID-19.
Je suis accompagné aujourd'hui par ma collègue d'Affaires mondiales Canada, Kendal Hembroff, qui est directrice générale du bureau des négociations commerciales.
Comme vous l'avez indiqué, la dernière fois que Mme Hembroff vous a parlé de la réforme de l'OMC, c'était en mars de l'année dernière, quelques jours avant que les choses basculent vers les nouvelles réalités que nous affrontons aujourd'hui. Toutefois, l'important travail se poursuit et, en fait, il s'est intensifié.
Permettez-moi d'abord de mettre les choses un peu en contexte. Le Canada est un membre fondateur de l'OMC, qui a été créée en 1995. L'OMC est essentielle pour le Canada, car elle régit le commerce entre ses 164 membres. Son cadre de règles offre la stabilité et la prévisibilité nécessaires à la prospérité d'une économie canadienne ouverte. C'est également la pierre angulaire sur laquelle reposent tous nos accords de libre-échange.
Même avant la pandémie, le système commercial multilatéral était aux prises avec un environnement de plus en plus difficile, caractérisé par la montée du protectionnisme et le recours à des mesures commerciales unilatérales. Cela a entraîné des difficultés dans un certain nombre de secteurs. Premièrement, une impasse est survenue dans les négociations; deuxièmement, il y a eu une absence de consensus sur la manière de traiter les pays en développement; et, troisièmement, une impasse est survenue dans le processus de nomination des membres du mécanisme d'appel de l'OMC.
La pandémie a eu pour effet d'intensifier bon nombre de ces difficultés. Dans ce contexte, il est devenu évident que nous devons, de nouveau, prendre collectivement un engagement envers un système commercial fondé sur des règles et, en particulier, trouver des approches multilatérales pour gérer les répercussions économiques mondiales de la pandémie de COVID-19.
Le Groupe d'Ottawa a été un instrument clé qui a permis au Canada d'exercer son leadership en matière de réforme de l'OMC. En tant que petit groupe de membres de l'OMC partageant les mêmes idées, un petit groupe créé en 2018 dans le seul but de soutenir les efforts de réforme de l'OMC, le Groupe d'Ottawa a joué un rôle de groupe efficace de rétroaction sur les questions de réforme de l'OMC et a permis au Canada d'assumer un rôle de premier plan dans la défense des intérêts canadiens.
Plus récemment, le Groupe d'Ottawa a obtenu d'excellents résultats dans sa réponse à la pandémie. Depuis le début de la pandémie, le Groupe d'Ottawa s'est réuni deux fois à l'échelon ministériel et quatre fois à l'échelon vice-ministériel. L'une des principales réalisations de l'année écoulée a été l'approbation de la déclaration conjointe de juin 2020, intitulée « Concentrer l'action sur la Covid-19 », dans laquelle les membres du Groupe d'Ottawa se sont engagés à mettre en œuvre un plan de travail en six points assorti de mesures concrètes.
L'un des résultats directs de cette déclaration a été l'approbation d'un communiqué sur le commerce et la santé au cours de la réunion ministérielle du Groupe d'Ottawa du 23 novembre. Ce communiqué exhorte les membres de l'OMC à éviter de créer de nouvelles perturbations dans les chaînes d'approvisionnement en biens essentiels et propose le lancement d'une initiative multilatérale de l'OMC sur le commerce et la santé. Ce communiqué a été présenté au Conseil général de l'OMC le 16 décembre et a préparé le terrain pour l'établissement d'un plan de travail chargé à exécuter au cours de l'année 2021 en vue de la 12e conférence ministérielle de l'OMC, qui devrait maintenant avoir lieu à Genève, en novembre prochain.
Les membres du Groupe d'Ottawa ont également collaboré à une initiative menée par Singapour pour lutter contre les restrictions à l'exportation dont font l'objet les achats d'aide alimentaire et humanitaire par le Programme alimentaire mondial.
Le Canada n'a pas non plus perdu de vue le travail de réforme de l'OMC qui est en cours, et nous faisons progresser les discussions au sein du Groupe d'Ottawa. L'une des priorités absolues du Canada et des autres membres consiste à sortir de l'impasse actuelle en ce qui concerne la nomination des membres du mécanisme d'appel de l'OMC, également connu sous le nom d'Organe d'appel. Poussés par des préoccupations concernant le fonctionnement de ce mécanisme, les États-Unis bloquent les nouvelles nominations au sein de l'Organe d'appel depuis 2017. Le mandat du dernier membre de l'Organe d'appel a expiré en décembre 2020, ce qui signifie que la procédure est simplement bloquée si une partie dépose un appel.
Pour un pays de taille moyenne, comme le Canada, cette perte du recours à un processus de règlement des différends ayant force exécutoire a de graves conséquences. Nous sommes parmi les principaux utilisateurs du système de règlement des différends de l'OMC, et le Canada a été partie au différend dans 63 cas au total — 40 fois en tant que plaignant, et 23 fois en tant que défendeur — depuis 1995. Par exemple, notre victoire écrasante au sein de l'OMC dans le domaine du bois d'œuvre demeure en suspens depuis 2019, en raison de l'absence d'un organe d'appel. Néanmoins, nous pouvons faire valoir les arguments juridiques solides approuvés par le rapport de l'OMC — et nous continuons de le faire — dans notre plaidoyer continu et notre travail juridique au nom de notre industrie du bois d'œuvre et de nos travailleurs.
Le Canada et l'Union européenne ont pallié la situation de l'organe d'appel d'une façon originale. En effet, en juillet 2019, ils ont mis en place une procédure arbitrale d'appel provisoire bilatérale qui maintient l'applicabilité des décisions de l'OMC et permet la révision de celles-ci par des arbitres d'expérience.
Cette mesure a servi d'inspiration pour l'établissement de la procédure arbitrale d'appel provisoire multilatérale. Cette instance, qui compte 25 participants représentant 51 pays et dont font partie l'Union européenne et la Chine, aura compétence entre les membres participants jusqu'à ce que l'organe d'appel reprenne ses travaux. Dans l'intervalle, la priorité du Canada demeure la recherche d'une solution permanente à l'impasse qui affecte l'organe d'appel. Entretemps, cette procédure provisoire préserve le droit du Canada à un mécanisme de règlement des différends en deux étapes qui soit contraignant pour tous les membres de l'OMC disposés à une telle procédure.
Le Canada joue également un rôle actif dans un certain nombre de négociations en cours à l'OMC, notamment les négociations visant à restreindre les subventions nuisibles aux pêches. Fondamentalement, le but de ces négociations est d'aider à préserver la durabilité des stocks mondiaux de poissons pour les générations futures. Les membres s'étaient engagés à conclure les négociations d'ici la fin de 2020 afin d'atteindre la cible des Nations unies en matière de développement durable. Malheureusement, puisque les membres ont campé sur leurs positions divergentes et que la COVID-19 a entraîné des problèmes logistiques, les négociations sont toujours en cours. Le Canada a fait un certain nombre d'importantes contributions à ces négociations, entre autres une proposition visant à créer de nouvelles disciplines applicables aux subventions contribuant à la surpêche et à la surcapacité.
Des difficultés quant à l'approche de négociation multilatérale ont aussi poussé des membres à adopter des approches plurilatérales avec des sous-groupes plutôt qu'avec tous les membres. Par exemple, certains membres ont, de leur plein gré, lancé des initiatives plurilatérales, également appelées initiatives de déclaration conjointe, dans certains domaines comme le commerce électronique, la facilitation des investissements pour le développement, la réglementation intérieure des services et les micro, petites et moyennes entreprises. Ces négociations constituent une occasion d'avantager considérablement les entreprises canadiennes de toutes tailles, et c'est pourquoi le Canada participe activement à chacune d'entre elles.
Le Canada se réjouit de voir que des initiatives sont lancées dans des domaines nouveaux mais importants, par exemple à propos des subventions environnementales et industrielles et du commerce. Nous sommes aussi heureux de poursuivre les intérêts du Canada en ce qui concerne l'élimination des subventions agricoles qui faussent le commerce et la production.
Pour ce qui est de l'aspect organisationnel, récemment, nous avons accueilli la nomination de Mme Ngozi Okonjo-Iweala au poste de directrice générale. Nous sommes heureux de voir que, pour la première fois, ce sera une femme d'origine africaine qui assumera la direction de l'OMC. Nous sommes impatients de discuter avec la nouvelle directrice de la réforme de l'OMC et du travail important que nous devrons accomplir pour lutter contre la pandémie de COVID-19 et pour relancer l'économie mondiale. Nous l'avons d'ailleurs invitée, à cette fin, à assister à la prochaine réunion ministérielle du Groupe d'Ottawa le 22 mars.
Nous avons aussi hâte de discuter avec les États-Unis de la réforme de l'OMC. Même si la nouvelle administration Biden a montré jusqu'ici des signaux positifs quant à sa volonté de travailler de façon plus constructive avec l'OMC, nous ne devrions pas nous attendre nécessairement à ce que les positions des Américains sur certaines questions changent du tout au tout. Le Canada, bilatéralement et grâce au leadership du Groupe d'Ottawa, va chercher à trouver des terrains d'entente avec les États-Unis afin de poursuivre certaines des priorités clés de la réforme de l'OMC.
Sur ce, madame la présidente, je vous redonne la parole pour que je puisse répondre à vos questions.
Merci beaucoup.
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Merci beaucoup, monsieur Lobb.
Oui, le temps est écoulé. Nous devons nous pencher sur certains travaux du Comité.
Je tiens à remercier Mme Hembroff et M. Verheul. Je suis sûre qu'il ne faudra pas attendre très longtemps avant que vous reveniez nous voir, pour nous faire part de vos connaissances et de vos renseignements.
Vous pouvez partir. Merci beaucoup. Vous pouvez vous déconnecter, et nous passerons brièvement à certains travaux du Comité.
Sur cette question particulière de l'OMC, les analystes s'attelleront maintenant à la préparation d'un rapport préliminaire sur les témoignages entendus et les observations reçues par le Comité sur la réforme de l'OMC.
J'aimerais demander à tous les membres qui ont des instructions spéciales pour les analystes de bien vouloir les leur faire parvenir par l'entremise de notre greffière d'ici le mercredi 17 mars. Si les membres n'y voient pas d'inconvénient, nous pouvons mettre fin aux présentations de mémoires ce mercredi 17 mars également. Si cela convient à tous, c'est à ce moment que nous proposerons de le faire.
Nous avons deux motions. J'ai une motion de M. Blaikie, mais avant de m'en occuper, je vois que la main de M. Savard-Tremblay est levée.
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Merci, madame la présidente.
C'est une bonne motion, une motion très importante, sur l'énergie propre, mais je vois qu'il lui manque une chose essentielle. Dans les énergies propres aujourd'hui, le facteur de viabilité qui connaît une croissance pour l'énergie propre, c'est le stockage de l'énergie, c'est-à-dire les batteries — pas juste pour les véhicules électriques, mais en tant que système de stockage énergétique.
La motion traite de l'exportation, mais nous devons nous concentrer également sur l'importation de ces technologies, pour que nous puissions les utiliser pour le développement de l'industrie, des mines jusqu'à la fabrication en passant par les technologies. Aux États-Unis, l'an dernier seulement, quatre ou cinq projets majeurs — totalisant près de 10 milliards de dollars —ont été annoncés pour le développement de batteries, et ils se concentraient tant sur les véhicules électriques que sur les systèmes d'entreposage énergétiques.
Lorsque nous traitons de l'énergie propre, nous devrions aussi reconnaître l'importance de plus en plus grande des technologies de batteries comme stockage énergétique, ce qui rend l'énergie propre plus viable. Nous devrions aussi miser sur les délégués commerciaux qui nous aident à obtenir la technologie, pour que la fabrication puisse se faire au Canada. S'il est possible de fabriquer de façon durable aux États-Unis, nous pouvons aussi le faire au Canada.
Merci, madame la présidente.
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Je vais m'occuper de ces trois commentaires maintenant.
Oui, telle qu'elle est libellée, elle dit: « examen de la façon dont les technologies propres canadiennes comme l'hydroélectricité, l'énergie éolienne, l'énergie solaire, la séquestration du carbone » — le captage du carbone — « la gestion des réseaux et le recyclage des plastiques ». On dit « comme », mais je serais tout à fait disposé à ajouter, tout particulièrement en ce qui concerne la gestion des réseaux, parce qu'il y a beaucoup de choses concernant les batteries également... Nous pourrions juste insérer le mot « batteries » dans la phrase.
En ce qui concerne les commentaires du député Lobb, ajoutons aussi une virgule et le mot « nucléaire » pour parler de toutes les bonnes choses qu'il propose également.
Oui, je vais accepter tout cela.
Monsieur Blaikie, oui, lors de la dernière réunion, j'ai dit que ce serait une étude sur environ trois ou quatre réunions — peut-être quatre maintenant avec les deux choses qui viennent d'être introduites — et j'ai dit que nous pourrions l'insérer au besoin, tandis que nous poursuivions cette étude importante. Évidemment, je viens de voter en faveur de la motion de M. Blaikie, donc je n'ai pas de problème avec cela.
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Merci, madame la présidente.
D'abord, en ce qui concerne la priorité des études, je conviens que celle de M. Blaikie est probablement plus opportune en raison de ce à quoi nous avons affaire.
Monsieur Sheehan, si vous êtes d'accord, une autre chose que j'ajouterais ici, c'est GNL. Nous pourrions probablement ajouter 10, 20 ou 30 éléments de plus à la liste.
Peut-être que la meilleure façon de régler le problème, plutôt que d'être prescriptif et d'énumérer tout ce à quoi nous pouvons penser, c'est de rien énumérer et de laisser les choses plus générales. Appelez cela « technologie propre », puis passez à autre chose. Cela laisse plus d'options, parce que si cette étude ne se fait pas très bientôt, au cours de la prochaine semaine environ, nous pourrions avoir de nouvelles idées. Plutôt que d'être aussi prescriptifs, je proposerais que nous gardions les choses générales. Chacun d'entre nous, à mesure que nous avons des idées et des témoins différents, pourra les présenter à ce moment-là.