:
Je déclare la séance ouverte.
Bienvenue à la neuvième réunion du Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes.
La réunion d’aujourd’hui se déroule dans un format hybride, conformément à l’ordre adopté à la Chambre le 23 septembre 2020. Les délibérations sont disponibles sur le site Web de la Chambre des communes.
Afin d’assurer le bon déroulement de la réunion, je voudrais vous exposer quelques règles à suivre. Les membres et les témoins peuvent s’exprimer dans la langue officielle de leur choix. Des services d’interprétation sont offerts pour cette réunion. Vous avez le choix, en bas de votre écran, entre le parquet, l’anglais ou le français.
Pour les membres qui y participent en personne, procédez comme vous le feriez habituellement lorsque le Comité entier se réunit en personne dans une salle de réunion. Gardez à l’esprit les directives du Bureau de régie interne relatives aux protocoles sur le port du masque et la santé.
Avant de parler, veuillez attendre que je dise votre nom. Si vous participez à la vidéoconférence, veuillez cliquer sur l’icône du microphone pour l’activer. Pour les personnes présentes dans la salle, votre micro sera contrôlé comme d’habitude par l’agent des délibérations et de la vérification. Lorsque vous ne parlez pas, votre micro doit être en sourdine.
Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, le Comité va maintenant procéder à l’étude sur les échanges commerciaux entre le Canada et le Royaume-Uni et un éventuel accord commercial de transition.
J’aimerais souhaiter la bienvenue à nos témoins aujourd’hui. Nous accueillons l'honorable Mary Ng, députée, ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, de même que Steve Verheul, négociateur en chef et sous-ministre adjoint, Politique et négociations commerciales, et Doug Forsyth, négociateur en chef pour l'Accord commercial transitoire entre le Canada et le Royaume-Uni.
Je vous souhaite à tous la bienvenue.
Je souhaite spécialement la bienvenue à la ministre Ng. Je vous cède la parole, madame la ministre.
:
Madame la présidente, honorables députés, je vous remercie de m'avoir invitée à comparaître devant le Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes pour faire le point sur le dialogue commercial entre le Canada et le Royaume-Uni, lequel est basé sur l'Accord économique et commercial global (AECG) entre le Canada et l'Union européenne.
[Français]
Notre gouvernement reste déterminé à soutenir les entreprises canadiennes dans le cadre de la reprise économique et par la suite.
[Traduction]
C'est pourquoi j'étais heureuse, le 21 novembre dernier, d'annoncer aux côtés du , de concert avec nos collègues du Royaume-Uni, la conclusion fructueuse des négociations sur l'Accord de continuité commerciale entre le Canada et le Royaume-Uni.
Le commerce bilatéral de marchandises entre le Canada et le Royaume-Uni s'est élevé à 29 milliards de dollars en 2019, ce qui en fait le cinquième partenaire commercial du Canada. Il présente beaucoup d'occasions d'affaires pour nos entreprises en plus de générer des milliers de bons emplois dans les deux pays.
[Français]
Cet accord garantit que le Canada et le Royaume-Uni peuvent maintenir et développer cette relation en préservant les principaux avantages de l'AECG.
[Traduction]
Plus important encore, comme il est basé sur l'AECG, un accord que les Canadiens connaissent déjà, il assure la continuité, la prévisibilité et la stabilité pour les entreprises, les exportateurs, les travailleurs et les consommateurs canadiens, ce qui est plus important que jamais alors que nous sommes aux prises avec la COVID-19.
Une fois pleinement mis en œuvre, cet accord va intégrer l'élimination des droits de douane de l'AECG sur 98 % des produits canadiens exportés vers le Royaume-Uni;
[Français]
protéger pleinement les producteurs canadiens de tous les produits soumis à la gestion de l'offre;
[Traduction]
maintenir l'accès prioritaire aux marchés pour les fournisseurs de services canadiens, y compris l'accès au marché d’approvisionnement du gouvernement britannique, dont la valeur est estimée à environ 118 milliards de dollars par an; maintenir l’équilibre entre la protection des investisseurs et le droit de réglementer dans l'intérêt public qui prévaut au Canada; et enfin, maintenir et préserver les dispositions de haut niveau de l'AECG en matière de travail et de protection de l'environnement, des femmes et des petites entreprises.
[Français]
Les entreprises canadiennes nous ont dit que ce qu'elles souhaitent le plus en ce moment, c'est la stabilité. C'est exactement ce que prévoit le nouvel accord.
[Traduction]
Bien sûr, nous sommes aussi emballés à l'idée de négocier un nouvel accord de libre-échange bilatéral global avec le Royaume-Uni qui servira au mieux les intérêts du Canada à long terme et comprendra des dispositions robustes sur les femmes, l'environnement, les petites entreprises et l'importance du commerce numérique.
[Français]
Nous continuerons de demander l'avis des Canadiens afin de nous assurer que les négociations et les accords post-Brexit avec le Royaume-Uni continuent de refléter les intérêts du Canada.
[Traduction]
Mais avant d'aller plus loin, permettez-moi de vous expliquer comment cet accord de continuité entre le Canada et le Royaume-Uni a pris forme et pourquoi la préservation de l'accès préférentiel au Royaume-Uni est une priorité essentielle pour notre gouvernement.
Lorsque le Royaume-Uni a décidé de quitter le marché unique, l'union douanière et la zone de libre-échange de l'Union européenne, cette décision a eu des répercussions considérables sur les relations commerciales et économiques du Royaume-Uni avec son principal partenaire commercial, l'Union européenne, ainsi qu'avec le Canada, bien sûr.
[Français]
Je n'ai pas besoin de vous rappeler qu'une fois la période de transition de Brexit terminée, le 31 décembre, le pays ne sera plus partie à l'AECG.
[Traduction]
Ainsi, tout en continuant à suivre de près l'évolution du processus Brexit pour voir comment les intérêts canadiens pourraient être affectés, nous réalisons qu'il est dans l'intérêt du Canada de conclure avec le Royaume-Uni un accord de continuité solide, stable et mutuellement avantageux qui servira à atténuer l'incertitude liée à Brexit.
[Français]
C'est pourquoi nous avons travaillé à une transition sans problème et à une voie à suivre pour l'avenir entre nos deux pays.
Je sais que beaucoup d'entre vous se demandent pourquoi nous n'avons pas conclu cet accord plus tôt. Permettez-moi de vous expliquer comment nous en sommes arrivés là.
[Traduction]
Lorsque le et la première ministre britannique de l'époque, Mme May, se sont rencontrés en septembre 2017 pour discuter des moyens de renforcer nos relations bilatérales à la suite de la décision du Royaume-Uni de quitter l'Union européenne, tous deux se sont engagés à rendre la transition aussi transparente que possible et à préserver les accords commerciaux préférentiels de l'AECG. Même si le Royaume-Uni était toujours lié à l'AECG et qu'il n’était donc pas en mesure d'entreprendre de nouvelles négociations commerciales internationales, des discussions préliminaires ont commencé afin de transformer les modalités de l'AECG en accord bilatéral.
Les députés se souviendront qu'à l'époque, il y avait encore beaucoup d'incertitude quant à savoir si le Royaume-Uni et l'Union européenne parviendraient à un accord sur le retrait du Royaume-Uni ou si le parlement britannique pourrait inverser le cours du Brexit. Par moments, nous nous sentions tout près de la conclusion d'un accord, mais les circonstances entourant le retrait du Royaume-Uni de l'Union européenne changeant constamment, il était pratiquement impossible de conclure un accord dans l'intérêt du Canada avant maintenant. Le Canada a même dû interrompre les négociations quand le Royaume-Uni a brusquement annoncé de nouveaux contingents tarifaires qui auraient totalement annulé tout avantage que le Canada tirerait d'un accord commercial avec le Royaume-Uni.
[Français]
En juin de cette année, le Royaume-Uni a annoncé sa décision de ne pas demander de prolongation de la période de transition du Brexit.
[Traduction]
C'est donc dans cet esprit que la secrétaire d’État Liz Truss et moi-même avons rouvert les négociations et nous nous sommes engagées à conclure un accord sur la continuité des échanges afin d’offrir cette stabilité à nos entreprises.
À l'approche de la fin de la participation du Royaume-Uni à l'AECG, la conclusion de cet accord contribue grandement à réduire les perturbations pour les entreprises canadiennes durant cette période critique.
[Français]
C'est pourquoi les négociateurs travaillent avec minutie pour finaliser les textes juridiques dans les deux langues officielles.
[Traduction]
C'est aussi la raison pour laquelle des préparatifs sont en cours afin d’obtenir l'approbation du gouvernement pour signer l'Accord de continuité commerciale sur une base accélérée et permettre au Parlement d’examiner le projet de loi.
Enfin, c'est la raison pour laquelle nous nous préparons à toutes les éventualités, notamment par l'adoption de mesures d'atténuation pour que les échanges commerciaux ne soient pas temporairement interrompus pour une raison ou une autre si le Parlement n'était pas en mesure d'adopter le projet de loi de mise en œuvre de l'Accord avant la fin de 2020.
Tout au long du processus, le Canada a soutenu et continuera de soutenir les entreprises canadiennes qui font des affaires avec le Royaume-Uni et au sein de l'Union européenne par ce que j'appelle l'approche « Équipe Canada » à l’égard du commerce.
[Français]
Cela est essentiel pour la reprise économique et la prospérité future du Canada.
[Traduction]
C'est le message que je porterai avec moi plus tard cette semaine quand j'entamerai une série d'événements pour marquer le troisième anniversaire de l'AECG et que je m'entretiendrai avec les entreprises canadiennes pour en savoir davantage sur leurs préoccupations, leurs intérêts, leurs priorités et leur potentiel de croissance.
[Français]
Madame la présidente, permettez-moi de conclure en disant que l'accord de continuité commerciale avec le Royaume-Uni est bon pour les Canadiens et la population du Royaume-Uni.
[Traduction]
Il est bon pour les relations solides et mutuellement bénéfiques que nos nations ont établies depuis plus de 150 ans. Bien que l'AECG continue de régir le commerce entre le Canada et l'Union européenne, cet accord de continuité continuera d'offrir une certaine prévisibilité et de lever l'incertitude pour les entreprises canadiennes qui font des affaires avec le Royaume-Uni et au Royaume-Uni.
Je souligne que c'est avec plaisir que j'ai pu m'entretenir de ce sujet important avec les porte-parole de tous les partis cette semaine. Je me réjouis à l'idée de travailler avec eux, avec mes collègues des deux côtés de la Chambre pour assurer une transition en douceur dans les relations commerciales entre le Canada et le Royaume-Uni au cours des prochaines semaines et un meilleur résultat pour les Canadiens dans les mois et les années à venir.
[Français]
Merci à toutes et à tous.
[Traduction]
J'attends avec impatience vos questions et notre discussion.
Merci, madame la présidente.
:
Je vous remercie, madame la ministre, mais je vous demandais combien de pages le texte contiendra. S'agira-t-il de 10 pages, de 300 pages ou de 1 000 pages? Cela influera sur le temps qui devra être consacré à l'étude du document qui sera présenté.
Je comprends que c'est un document inspiré de quelque chose qui existe déjà. Toutefois, si nous avions une idée de l'ampleur du contenu, cela pourrait aussi nous aider à planifier notre temps et à savoir si nous aurons un congé des Fêtes ou non.
J'ai une autre question qui pourrait être intéressante pour vous.
Tout à l'heure, vous avez parlé beaucoup de la question de la prévisibilité. Pour les entreprises, c'est important d'avoir une certitude quant au futur et une stabilité. Quand on investit, on veut le faire en sachant qu'il y aura un retour sur l'investissement et en connaissant le niveau de taxation ainsi que le cadre réglementaire. Je comprends, parce que souvent, on n'investit pas pour deux jours, mais pour des années.
La date butoir est le 31 décembre. Actuellement, je pense à ces entrepreneurs, justement. En ne connaissant pas le texte de cet accord, si j'avais une décision importante à prendre au sujet d'investissements avec le Royaume-Uni, est-ce que je déciderais de prendre un engagement ou d'attendre?
Cette question est importante aussi.
:
Merci, madame la présidente.
Merci, madame la ministre. Je sais que deux dossiers importants dans les affaires étrangères vous ont amenée à conclure des accords commerciaux, que l'on parle du président américain, qui a demandé une révision de l'ALENA, ou du Brexit en Europe. Ce sont des choses qui ont presque pris le Canada au dépourvu, mais vous avez réussi à conclure l'ACEUM et, maintenant, l'accord provisoire avec la Grande-Bretagne.
Concernant les entreprises, les PME en particulier, dans mon comté de Surrey-Centre et dans la région, et les exportateurs et les industries canadiennes que nous avons entendus, la plupart sont très heureux de l'accord que nous avons conclu et ils sont confiants. Il y a quelques obstacles et quelques défis, particulièrement pour le secteur agricole — qui a toujours été un dossier difficile dans les négociations sur des accords internationaux —, mais dans l'ensemble, ils sont plutôt ravis.
Jusqu'à présent, ils veulent que je vous en remercie. Toutefois, après avoir posé plusieurs questions à de nombreux membres et dirigeants de l'industrie, je crains que certaines des industries canadiennes tardent à tirer profit de certains de ces accords internationaux, en particulier de l'AECG, le prédécesseur de cet accord, en ce qui concerne le Royaume-Uni. Ils disent que c'est un défi national, et non international, de faire en sorte que l'industrie soit informée, apporte des changements et se concentre là-dessus.
Que faites-vous, vous et votre ministère, qui avez également le dossier des petites entreprises et des entreprises au Canada, pour que les industries sachent comment tirer profit de ces accords et augmenter les exportations nettes du Canada?
:
Merci, madame la présidente.
Madame la ministre, je ne fais que résumer l'histoire à voix haute. Vous avez entamé les négociations avec le Royaume-Uni pendant qu'il faisait encore partie de l'Union européenne, dès 2017-2018. À la vue des barèmes des tarifs qui ne vous faisaient escompter aucun avantage, vous les avez rompues sans consultations préalables. Vous avez simplement tranché, sans songer au numérique, aux barrières non tarifaires, à l'harmonisation des règlements, à la paperasserie. Vous avez tout bonnement prétendu que ce n'était pas un besoin.
Puis, tout d'un coup, les nouveaux tarifs, essentiellement téléphonés par le Royaume-Uni, vous ont fait lâcher un cri d'horreur. Nous sommes retournés aux négociations, mais comme nous les avions rompues, à la différence de tous les autres pays qui avaient compris qu'il y avait encore plus à gagner, nous nous sommes retrouvés parmi les derniers quémandeurs.
Puis, nous vous avons encore questionnée en janvier, puis en décembre... ou... pardon. Eh bien, l'année dernière, nous en avons parlé, puis en février et mars. Nous vous avons posé une série de questions à la Chambre. Ensuite, nous avons découvert que les ponts n'ont été rétablis qu'en août.
Ce qui me déconcerte encore plus, c'est que, quand nous le lui avons demandé, on aurait fixé à M. Forsyth le délai du 31 décembre, ce qui ne laissait pas au Parlement le temps d'examiner l'accord.
Vous avez prétendu avoir protégé la gestion de l'offre. Je suis heureux de l'entendre, parce que les gouvernements conservateurs antérieurs l'ont protégée, et excellemment. Nous avions offert des indemnisations, et il est réconfortant de constater que, enfin, vous en avez terminé pour la volaille et les œufs et certains des autres secteurs assujettis à la gestion de l'offre dont vous ne vous êtes pas occupés avant, mais à quel coût? Que se trouvait-il sur le tapis qui vous a amenée à promettre que vous défendriez à tout prix la gestion de l'offre? Avions-nous perdu l'accès pour le bœuf? Pour les produits manufacturés? Pour tout le reste? Aurions-nous négocié l'autorisation d'un certain accès contre indemnisation? Est-ce que ça s'est seulement discuté...?
Un instant! Vous n'avez consulté personne. Il nous est donc difficile de comprendre ce dans quoi nous nous engageons. Nous sommes censés tenir un accord négocié. L'examen juridique est à venir. Ce n'est pas signé. Ça n'a pas été déposé à la Chambre. Les leaders, à la Chambre, n'ont pas réservé de temps. Le Sénat n'est même pas au courant. Comment faites-vous pour faire croire à nos entreprises que vous étudiez sérieusement ce dossier et que tout va bien?
:
Je vous remercie, madame la présidente. S'il est temps de passer aux travaux du Comité, avant que mon temps de parole soit écoulé, vous pourrez m'interrompre. J'ai une question à poser à la ministre.
Nous avons entendu Mme Claire Citeau, qui s'est adressée à nous au nom des producteurs agricoles. Elle a expliqué — et nous pouvons nous reporter au compte rendu — que le problème n'a jamais été le texte de l'AECG en tant que tel, mais plutôt la façon dont les pays de l'Union européenne l'ont interprété depuis sa ratification. Comme tous les membres du Comité le savent, la façon dont les pays de l'Union européenne ont choisi d'interpréter le texte de cet accord commercial multilatéral a donné lieu à d'importantes barrières non tarifaires et à des obstacles techniques aux échanges commerciaux.
D'après les conversations que nous avons eues avec Mme Citeau et d'autres représentants de l'industrie, je crois comprendre que ces obstacles techniques au commerce font l'objet de négociations et de discussions constantes avec vous, madame la ministre, et votre équipe.
Pouvez-vous en dire un peu plus long à ce sujet, car je pense qu'il y a une certaine confusion relativement à la façon dont les membres de l'opposition décrivent les problèmes relatifs à l'AECG, qui, selon eux, vont se transposer dans cet accord de transition? En fait, le texte en soi ne pose aucun problème. Le problème, c'est le fait que les États membres l'interprètent incorrectement et, bien entendu, le fait que l'OMC soit actuellement dans une impasse.
Madame la ministre, je vous cède la parole.