Soyez toutes et tous les bienvenus à la réunion 34 du Comité permanent du commerce international de la Chambre des communes. La réunion d'aujourd'hui, qui est télévisée, se tient selon une formule hybride, conformément à l'ordre de la Chambre du 25 janvier 2021.
Le comité se réunit aujourd'hui conformément à l'article 108 du Règlement et à la motion adoptée par le comité le vendredi 28 mai 2021, afin d'examiner les droits compensateurs et antidumping sur les importations de bois d'oeuvre canadien par les États-Unis.
Nous recevons aujourd'hui l'honorable Mary Ng, ministre de la Petite Entreprise, de la Promotion des exportations et du Commerce international, et ses collaborateurs. Il s'agit d'Arun Alexander, directeur général, Bureau de la politique commerciale de l’Amérique du Nord; Rosaline Kwan, directrice générale, Secteurs commerciaux; Colin Barker, directeur, Division du bois d'oeuvre; et Michael Owen, avocat général intérimaire et directeur exécutif, Division du litige sur le bois d’oeuvre.
Madame la ministre, nous sommes ravis que vous soyez revenue et que vous ayez répondu aussi vite au comité. Je vous cède la parole. Je vous en prie.
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Je vous remercie, madame la présidente, de m'avoir invitée. C'est toujours avec plaisir que je parle avec le comité. Je suis très heureuse de faire le point avec vous sur le bois d'oeuvre canadien.
Le secteur forestier canadien représente plus de 200 000 emplois dans des collectivités de tout le pays et en 2019, il a rapporté 23,7 milliards de dollars à l'économie, soit 1 % du PIB canadien.
Permettez-moi de commencer par dire sans équivoque que les droits imposés par les États-Unis sur le bois d'oeuvre canadien sont injustifiés et injustes, et qu'ils portent préjudice aux travailleurs et à l'industrie de part et d'autre de la frontière.
[Français]
Les droits de douane imposés par les États‑Unis sur le bois d'oeuvre résineux canadien sont injustifiés.
[Traduction]
Les États-Unis ont toujours compté sur les produits du bois d'oeuvre canadiens pour répondre à leurs besoins intérieurs de matériaux de construction de qualité, ce qui, avec la demande considérable de cette année, est plus vrai que jamais.
Le mois dernier, le département du Commerce des États-Unis a fait savoir, dans son deuxième examen administratif, qu'il avait l'intention d'augmenter sensiblement les droits sur le bois d'oeuvre canadien plus tard dans l'année. Même si le rapport final n'est pas publié et que les taux de droits ne seront pas en place avant novembre, nous sommes déçus de cette décision injustifiée.
Les droits américains sur les produits du bois d'oeuvre canadiens constituent un impôt sur les Américains. Ils rendent les logements moins abordables pour eux et ils freinent la reprise économique. Une augmentation accentuerait le préjudice causé aux collectivités canadiennes, de même qu'aux constructeurs d'habitations et aux consommateurs américains qui voient s'envoler les prix du bois d'oeuvre.
Nous ne restons pas les bras croisés, cependant. Je soulève directement la question de ces droits injustes à chaque occasion qui se présente avec le président Biden, la représentante américaine au commerce, Mme Tai, et la secrétaire au Commerce, Mme Raimondo.
Comme toujours, nous continuerons de défendre vigoureusement le secteur forestier canadien et les centaines de milliers d'emplois qu'il représente. Nous adoptons une approche Équipe Canada, nous travaillons de concert avec l'industrie du bois d'oeuvre résineux, les syndicats et les partenaires provinciaux et territoriaux sur tous les fronts. Nous avons lancé une série de contestations contre les premiers droits sur le bois d'oeuvre imposés par les États-Unis à l'Organisation mondiale du commerce et dans le cadre du nouvel ALENA.
Les nombreuses victoires juridiques que nous ne cessons de remporter montrent clairement que notre industrie du bois d'oeuvre respecte pleinement les règles du commerce international et que le Canada est un partenaire commercial en bonne et due forme dans le système multilatéral fondé sur des règles.
Cette année, tout en composant avec les défis et les restrictions, le secteur forestier s'est mobilisé pour aider à faire en sorte que les Canadiens soient en sécurité. L'industrie occupe une place essentielle dans nos chaînes d'approvisionnement. Elle produit des composants de biens essentiels face à la pandémie, comme l'équipement de protection individuelle dont dépendent les Canadiens. D'autres pays, dont les États-Unis, comptent également sur les exportations canadiennes de ces composantes.
J'aimerais remercier l'industrie du bois d'oeuvre et lui dire, alors que nous commençons à sortir de la pandémie, que nous continuerons d'être là pour elle.
Nous avons fait en sorte de soutenir notre industrie et ses travailleurs depuis 2017 avec le plan d'action sur le bois d'oeuvre.
Tout au long de la pandémie, nous avons soutenu notre industrie, qui compte environ 8 500 entreprises forestières, avec près de 600 millions de dollars au total versés dans le cadre du programme de Subvention salariale d'urgence.
Notre secteur forestier joue également un rôle de premier plan, tandis que nous oeuvrons à une reprise durable et inclusive. L'industrie canadienne du bois d'oeuvre est un chef de file mondial par son attachement au développement durable et aux normes environnementales, contribuant ainsi à garantir à tous les Canadiens un avenir plus sûr. Elle montre parfaitement que l'économie et l'environnement vont de pair. Ensemble, nous pourrons atteindre notre objectif de zéro émission nette d'ici 2050.
Il est évident que nous avons bien des raisons d'être fiers de notre secteur forestier et du bois d'oeuvre. Notre industrie montre l'exemple sur tellement de fronts, de la gérance de l'environnement au commerce mondial, en passant par l'innovation, tout en soutenant les travailleurs canadiens et la croissance économique.
Permettez-moi de réaffirmer mon engagement personnel à saisir toutes les occasions pour parler du bois d'oeuvre avec mes interlocuteurs américains et à défendre les intérêts du secteur forestier canadien et de ses travailleurs dans tout le pays.
[Français]
Notre gouvernement défendra toujours les intérêts de l'industrie forestière canadienne.
Je vous remercie de votre attention.
Je serai heureuse de répondre à vos questions.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la présidente, je tiens à remercier l'honorable ministre Ng. Chaque fois que nous lui demandons de comparaître devant le comité, elle se rend disponible. Chaque fois que je vais la trouver, que ce soit au sujet du bois d'oeuvre en Colombie-Britannique ou d'autres questions touchant au commerce, elle se montre toujours très professionnelle et prête à aider.
Madame la ministre, vous avez mentionné la durabilité et la conscience environnementale dans vos observations. Je vous en donnerai un parfait exemple.
Ici, en Colombie-Britannique, à Port Alberni, j'ai rencontré Kamal Sanghera du San Group, qui a annoncé cette semaine un investissement de 100 millions de dollars à Port Alberni. Ce n'est pas seulement l'investissement, mais le fait que l'entreprise réutilise la sciure et les copeaux de bois pour créer de l'énergie verte. Elle utilise également les déchets de toutes ces activités pour fabriquer des palettes.
Madame la ministre, pouvez-vous nous dire comment des entreprises canadiennes comme celle-ci peuvent se diversifier? En quoi le gouvernement peut-il les aider à se diversifier à l'échelle locale et à diversifier leurs exportations pour ne pas dépendre d'un seul marché?
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Je tiens à remercier le député de cette question très importante.
Comme il le sait, le gouvernement est déterminé à lutter contre les changements climatiques. Nous savons qu'il s'agit de la plus grande menace de notre génération à long terme. En luttant contre les changements climatiques, nous pouvons créer d'excellents débouchés autour de la croissance verte. C'est tellement important en cette période de relance économique.
Je tiens également à dire que le secteur forestier canadien est un des plus durables de la planète. Il me semble important de répéter que l'économie et l'environnement vont bel et bien de pair.
Le gouvernement entend soutenir l'industrie du bois d'oeuvre en faisant rayonner sa réputation dans le monde. Je sais qu'elle est très fière d'être un chef de file mondial de la gestion durable des forêts et de la foresterie écologiquement responsable.
Le député évoque d'autres possibilités pour le secteur. Ce que fait le secteur est incroyable. Il innove et cherche à diversifier non seulement ses produits, mais aussi ses débouchés sur les marchés internationaux. Bon nombre des entreprises qui se diversifient sont de petites et moyennes entreprises. Qu'il s'agisse de biocarburants ou de bioproduits dérivés du bois destinés à d'autres industries — automobile, produits chimiques ou produits cosmétiques, par exemple —, c'est ce que nous voyons dans le secteur forestier.
Le gouvernement investit dans la Stratégie de diversification du commerce. Nous aidons les entreprises canadiennes à saisir des possibilités sur le marché mondial. Nous pouvons dire que nous sommes le seul pays du G7 à avoir un accord de libre-échange avec les six autres pays du groupe. Nous avons 1,5 milliard de clients sur un marché qui est mondial et nous aidons nos entreprises à y nouer des contacts.
Permettez-moi de conclure par un chiffre. Le Service des délégués commerciaux qui, selon moi, fait un travail fantastique, a fourni plus de 705 exemples d'aiguillages ou de contacts destinés à aider 260 clients du secteur de la foresterie à tisser les liens nécessaires justement pour se diversifier et prospérer et, ensuite, se placer sur les marchés internationaux.
En fait, j'ai une longue liste d'entreprises qui se diversifient. C'est formidable qu'il y en ait beaucoup en Colombie-Britannique.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Madame la présidente, avant de poser ma question à Mme la ministre, permettez-moi de dire que je trouve tout de même déplorable que cette séance ait débuté avant mon arrivée. Je participais au vote. Les comités sont généralement interrompus pendant les votes. De plus, on nous mentionne toujours que, lors d'un vote, notre présence est requise jusqu'à la fin du décompte. J'espère simplement que cela sera pris en note.
Bonjour, madame la ministre. Je vous remercie d'être des nôtres aujourd'hui.
D'après le compte rendu des conversations téléphoniques tenues entre le du Canada et le président américain, le premier ministre n'a pas soulevé la question du conflit du bois d'œuvre et n'a pas cherché à mettre fin, une fois pour toutes, à ce conflit interminable.
Est-ce qu'une conversation entre les deux chefs d'État est prévue? Est-ce que ce point est prévu à l'ordre du jour?
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Je vous remercie de la question.
[Traduction]
La question du bois d'oeuvre est importante pour le Canada. Le secteur est évidemment un employeur très important, puisqu'il emploie des centaines de milliers de Canadiens.
Nous sommes certainement déçus des conclusions du deuxième examen administratif. Dès que l'occasion s'en présente, je soulève la question du bois d'oeuvre avec les États-Unis. En fait, lors de la rencontre entre le et le président, j'ai eu l'occasion de soulever la question du bois d'oeuvre.
Elle est importante et nous continuerons de défendre les intérêts de l'industrie et de ses travailleurs, et nous continuerons de faire ce travail important.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame la ministre, de comparaître devant le Comité.
Je représente une circonscription qui a une très longue histoire forestière. Avant notre réunion, j'ai pris le temps de consulter le syndicat local des métallos qui représente de nombreux employés des scieries locales de ma circonscription. Les produits forestiers côtiers sont un sous-groupe assez spécialisé. Notre marché est plutôt diversifié, mais nous sommes aussi assurément touchés par ce qui se passe aux États-Unis.
J'aimerais poser ma question dans le contexte des prix astronomiques du bois d'oeuvre que nous observons actuellement. Dans une certaine mesure, ces prix nous aident-ils à traverser la tempête actuelle avec les États-Unis?
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Actuellement, nous cherchons tous à aider — en fait pas actuellement —, parce que nous avons commencé à aider les entreprises dès le début de la pandémie, mais à l'heure actuelle, il existe de réelles possibilités d'aider nos entreprises à trouver de nouveaux clients et des clients différents.
Le Service des délégués commerciaux du Canada fait de l'excellent travail depuis quelques années grâce à l'engagement du gouvernement dans une stratégie de diversification du commerce et à un investissement de 1,1 milliard de dollars. D'excellentes innovations ont été produites par des entreprises canadiennes.
Il y a quelques exemples de bonnes solutions de biocomposite du bois mises au point par des entreprises canadiennes qui sont exportées aux États-Unis et en Europe. Les produits de construction en bois de grande hauteur, une innovation de la Colombie-Britannique, trouvent des marchés en Australie, au Japon et aux Philippines.
Nous offrons des possibilités qui aident nos entreprises pendant cette reprise économique et leur donnent la capacité de se diversifier, en plus de défendre leurs intérêts contre les droits américains.
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Je vous remercie beaucoup, madame la présidente.
J'aimerais d'abord souligner l'importance de l'industrie forestière et du bois d'œuvre pour le Québec. Les exportations de produits forestiers du Québec représentent environ 10 milliards de dollars par an. C'est un secteur qui soutient plus de 65 000 emplois directs au Québec et bien plus encore. Ce sont des emplois bien rémunérés.
Comme la ministre l'a souligné plus tôt, il est également important de noter que le Canada et le Québec sont des leaders mondiaux en matière de gestion durable des forêts et qu'ils ont des cadres juridiques et politiques de gestion forestière parmi les plus stricts du monde.
Les différends commerciaux sur le bois d'œuvre entre le Canada et les États‑Unis ne sont pas nouveaux. C'est un problème de longue date qui remonte aux années 1980.
[Traduction]
En fait, madame la ministre, je me souviens d'avoir entendu parler des différends entourant le bois d'oeuvre lorsque j'étais à la faculté de droit et que nous étudiions le règlement des différends commerciaux internationaux. Il est vraiment important de se rappeler qu'il s'agit d'un désaccord qui a existé sous de nombreux gouvernements canadiens et de nombreuses administrations américaines.
Pourriez-vous nous parler un peu plus précisément de l'approche adoptée par le gouvernement depuis son arrivée au pouvoir pour défendre l'industrie canadienne du bois d'oeuvre?
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Je remercie ma formidable secrétaire parlementaire de sa question.
Ma collègue a tout à fait raison. C'est un enjeu qui dure depuis très longtemps. Nous avons toujours dit très clairement que les droits imposés par les États-Unis sur le bois d'oeuvre canadien sont injustifiés et injustes et qu'ils nuisent aux travailleurs et à l'industrie des deux côtés de la frontière. Je ne pense pas pouvoir suffisamment insister sur le fait que nous continuerons de défendre vigoureusement leurs intérêts.
Nous avons entrepris une série de contestations contre les droits imposés par les États-Unis, tant dans le cadre de l'OMC et du nouvel ALENA qui est maintenant l'ACEUM, que dans le cadre de l'ALENA original.
Comme je l'ai déjà dit, le Canada a toujours remporté des victoires juridiques qui démontrent clairement que son industrie du bois d'oeuvre respecte pleinement les règles du commerce international. Autrement dit, le Canada ne subventionne pas l'industrie du bois d'oeuvre.
Nous adoptons l'approche d'Équipe Canada. Nous travaillons de concert avec l'industrie, les syndicats et nos partenaires provinciaux et territoriaux sur tous les fronts. Nous allons poursuivre nos efforts. Le travail ne s'arrêtera pas.
Nous parlons d'un secteur qui assure des centaines de milliers de bons emplois pour les Canadiens de la classe moyenne, et certainement dans votre province, le Québec. Il est donc très important.
Je mentionne souvent à quel point ce secteur est innovateur et à quel point il est un chef de file, surtout pour l'environnement et la croissance économique. C'est exactement ce que nous sommes heureux d'appuyer grâce à la stratégie de diversification du commerce, en veillant à ce que nos ressources au sein du Service des délégués commerciaux collaborent étroitement avec le secteur pour l'aider à analyser les différents marchés internationaux et aider les entreprises à trouver à la fois des investissements et des débouchés pour leurs produits.
En fait, ce sont les produits écologiques qui intéressent les acheteurs. Ce sont les biocarburants. Ce sont les intrants dans l'EPI et les intrants dans les nouvelles fibres utilisées dans les véhicules automobiles. Le secteur a élaboré une véritable gamme d'innovations et nous l'appuyons par nos efforts et nos investissements.
Deux projets de loi ont été déposés, l'un dans l'État de New York et l'autre en Californie. Ce que l'on souhaite, c'est que l'État cesse de s'approvisionner en bois à même les forêts boréales qui ont subi de la dégradation. Ce sont les termes utilisés.
On ne peut pas s'opposer à la protection des forêts, loin de là. Cependant, le terme « dégradation » peut être large, et ces projets de loi pourraient créer de nouvelles barrières à l'exportation de bois. Cela pourrait toucher particulièrement la Colombie‑Britannique et le Québec.
Avez-vous plus de détails sur ce qui serait considéré comme une forêt ayant subi de la dégradation?
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Je vous remercie d'avoir posé cette question.
Le Canada, bien sûr, et moi-même en tant que ministre du Commerce, dirigeons le groupe d'Ottawa avec plusieurs de nos partenaires internationaux en vue de collaborer à la réforme de l'OMC. Nous avons clairement énoncé que l'un des domaines à réformer est la mise en place d'un organe d'appel pleinement fonctionnel à l'OMC, car il s'agit d'un aspect très important pour un système commercial multilatéral fondé sur des règles. C'est le travail auquel le Canada a contribué. Bien entendu, l'OMC est une organisation qui fonctionne par consensus, mais je suis très heureuse de diriger les efforts déployés par plusieurs pays dans le cadre des travaux du groupe d'Ottawa.
Nous avons clairement énoncé qu'un système exécutoire, un système de règlement des différends en deux étapes à l'OMC, est essentiel. Nous poursuivrons ce travail très important avec nos collègues internationaux.
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Merci, madame la présidente.
Merci, madame la ministre, de revenir devant nous.
Comme vous avez pu l'entendre, pour les britanno-colombiens, le bois d'œuvre revêt une grande importance. Il représente un apport de 12 milliards de dollars à notre économie et est responsable de un emploi sur 16. Mon père a travaillé dans ce secteur. Tous les oncles de ma famille ont travaillé dans ce secteur, plus particulièrement, ceux de la première génération à avoir immigré dans cette région. Je pense que ma circonscription compte le plus grand nombre d'employés du secteur du bois d'œuvre de tout le pays. Par ailleurs, tout le long du fleuve Fraser, d'innombrables scieries sont disséminées.
Le Canada est aux prises avec ces différends commerciaux depuis des décennies. Ce n'est pas un problème nouveau. On signe des ententes sur le bois d'œuvre résineux. Et elles nous assurent une brève période de stabilité, puis, elles sont rompues et les tarifs grimpent. Cela peut durer pendant des années, et puis la situation est réglée encore une fois. Mais cette fois-ci nous avons gagné, récemment, en août de l'année dernière. Pourquoi les États-Unis après avoir perdu devant l'OMC reviennent-ils à la charge et augmentent-ils leurs tarifs, les faisant passer de 10 % à 19 %, autrement dit, presque du simple au double? Quel est leur argument? J'essaie de réfléchir au raisonnement qu'ils tiennent pour justifier leur décision.
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Merci beaucoup pour cette question.
En réponse à ce dernier examen, nous avons bien entendu répliqué aux États-Unis qu'une hausse serait l'équivalent d'une taxe pour les consommateurs et les constructeurs domiciliaires américains. Nous allons continuer d'avancer cet argument, tout en défendant l'industrie par les voies administratives appropriées.
Il est aussi vraiment important de souligner que, pendant que nous défendons ces actions, nous travaillons aussi de concert avec l'industrie, comme depuis le tout début, lorsque nous sommes arrivés au gouvernement. Lorsque les premiers droits ont été imposés par les États-Unis en 2017, nous avons investi 867 millions de dollars dans un plan d'action pour le bois d'œuvre résineux, et dans le budget de 2019, nous avons ajouté un autre montant de 250 millions de dollars sur trois ans. Pendant la pandémie de COVID-19, 8 500 entreprises du secteur forestier ont bénéficié de la Subvention salariale d'urgence du Canada afin de pouvoir maintenir leurs travailleurs sur la liste de paie. Cette subvention a représenté une contribution financière d'environ 600 millions de dollars.
Nous contribuons aussi à accélérer l'adoption de produits et de technologies transformatives sur lesquels le secteur lui-même travaille aussi. Cela représente un investissement de 82 millions de dollars pour aider le secteur dans le cadre du programme Investissements dans la transformation de l'industrie forestière. Un autre montant de 12 millions de dollars a été réservé pour les possibilités économiques qui s'offrent aux communautés autochtones dans le secteur forestier.
Nous avons retenu une approche de l'ensemble du gouvernement dans nos efforts, et assurément avec le secteur...
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Madame la ministre, j'essaie de voir si c'est le ministère qui est responsable ou si c'est l'industrie aux États-Unis qui exerce des pressions.
Il y a eu un changement de régime, un changement de gouvernement, et pourtant, nous voici repartis pour un nouveau litige. Est-ce que c'est l'industrie qui exerce cette pression?
Cela étant dit, j'aimerais poser une question de suivi.
Est-ce que nous envisageons l'adoption de tarifs ou de mesures de représailles si la situation perdure? Est-ce une option envisageable, ou un mécanisme dont on pourrait faire usage?
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Si vous me permettez d'ajouter quelque chose. Je pense qu'il est important de reconnaître que les marchés pour le bois debout ou le bois sur pied sont essentiellement locaux. La valeur du bois sur pied, à l'instar d'un grand nombre de ressources naturelles, est calculée essentiellement en fonction de sa valeur résiduelle. Pour vous donner un exemple très pratique, un arbre se trouvant à 200 kilomètres d'une scierie aura une valeur moindre que le même arbre s'il se trouve à 50 kilomètres d'une scierie. Cela s'explique par le coût du transport des billes qui sera moins élevé si la distance est plus courte.
D'autres dynamiques entrent en jeu, comme l'a indiqué mon collègue, M. Barker. En effet, certaines essences ont une plus grande valeur que d'autres. Par exemple, si vous avez un peuplement qui compte beaucoup de cèdres rouges de l'Ouest, qui est un produit de grande valeur, ce peuplement aura beaucoup plus de valeur que des peuplements d'arbres d'autres essences, et la demande locale...
Je pense que l'une des choses très importantes à savoir, c'est que les marchés du bois sur pied dans chaque province... Et même en Colombie-Britannique, par exemple, il existe un marché côtier et un marché intérieur. Et même sur le marché intérieur, il faut compter avec plusieurs sous-marchés. C'est ce qui explique que l'établissement des prix est très idiosyncratique et qu'il dépend des circonstances locales. C'est la position que nous avons adoptée et que nous essayons d'expliquer, à vrai dire, au département du Commerce des États-Unis.
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Merci beaucoup de nous donner l'occasion de poser quelques questions aujourd'hui sur cet enjeu important.
Pour revenir sur ce qu'a déclaré la ministre comme quoi cela reviendrait à imposer une taxe aux Américains, j'aimerais savoir si l'un de nos témoins pourrait faire le calcul pour nous. Nous avions l'habitude de parvenir à le calculer, et c'est un peu du déjà vu, avec les tarifs imposés sur l'acier. Lorsque notre comité s'est rendu aux États-Unis, nous avons indiqué que cela entraînerait une taxe et qu'elle frapperait plus fort la classe moyenne et ceux qui tentent de s'en rapprocher.
J'aimerais seulement savoir, par votre intermédiaire, madame la présidente, si l'un de nos témoins a une idée du chiffre exact. J'ai entendu différents chiffres au fil du temps, mais en ce moment, à quel montant cette taxe devrait-elle se chiffrer pour un Américain de la classe moyenne?
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Eh bien, je pense que cela illustre à quel point ces mesures tarifaires punitives sont ridicules, et elles le sont depuis les années 1980. Je le sais bien, mais la situation est très difficile, plus particulièrement en ce moment.
Madame la présidente, s'il y a une chose pour laquelle notre comité s'est avéré très efficace, ce fut dans la confrontation des politiciens américains. J'estime qu'il nous incombe... je ne vais me lancer dans cela maintenant, mais nous pouvons en discuter, et peut-être qu'au cours d'une réunion virtuelle avec certains de nos homologues américains, par l'entremise de l'ambassade, nous pourrions essayer de faire passer le message.
Les députés qui sont membres de ce Comité savent très bien à quel point il est difficile de capter l'attention des Américains, étant donné la pléthore de sujets qui rivalisent pour attirer leur attention. Mais lorsque l'on parvient à capter leur attention, bien des fois, on constate qu'ils n'étaient pas au courant du problème, et qu'ils sont très souvent choqués d'apprendre ce qui se passe dans telle ou telle situation. Ils vont répondre, « Quoi? » lorsque nous leur dirons que leurs électeurs vont payer de 35 000 à 40 000 $ de plus pour une maison de la classe moyenne, et que pour les gens à plus faible revenu, l'augmentation se chiffrera à 19 000 $, autant dire à un million. Ils ne peuvent tout simplement pas se le permettre. C'est tout simplement ridicule.
Merci. Je tenais à faire valoir ce point, madame la présidente.
Je tiens également à vous remercier pour le travail que vous faites. Y a-t-il d'autres programmes disponibles pour le secteur forestier afin de l'aider à composer avec ce nouveau tarif? Nous avons eu dans le passé le programme du FSI. Je sais que la société Domtar, dans le nord de l'Ontario et son usine Espanola ont obtenu des investissements d'environ 57 millions de dollars en 2019. Quel genre de programmes le budget a-t-il prévu pour que les entreprises qui sont touchées par cette situation puissent continuer à fonctionner et soutenir l'industrie?
Par votre intermédiaire, madame la présidente, ma question s'adresse aux témoins.
Comme l'a mentionné la ministre, nous avons institué un Plan d'action sur le bois d’œuvre résineux peu après que les premiers droits d'environ 800 millions de dollars ont été imposés, et ce plan a été gratifié en 2019 d'un autre montant de 250 millions de dollars. Ces contributions financières sont destinées principalement aux projets qui cherchent à développer des produits innovateurs et à élaborer des stratégies d'exportation vers d'autres marchés étrangers que celui des États-Unis. C'est le genre de financement qui a été offert.
Et bien entendu, durant la pandémie, les entreprises forestières ont elles aussi pu avoir accès à tous les programmes de réponse à la COVID qui ont été mis à la disposition de toutes les entreprises au Canada. Il est certain que ces programmes ont contribué à remettre le secteur forestier sur les rails assez rapidement après les premières fermetures dues à la pandémie, il y a un an. Après un très court laps de temps, les scieries étaient déjà prêtes à rouvrir et à reprendre leurs activités après avoir sécurisé leurs installations pour les travailleurs. Aujourd'hui, elles ont presque toutes retrouvé leurs niveaux de production d'avant la pandémie.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Je veux vérifier quelque chose quant à votre évaluation interne. M. Luc Bouthillier, qui enseigne les politiques forestières à l'Université Laval, a dit qu'il doutait que les États‑Unis imposent réellement ces droits, étant donné que la fièvre de la construction et de la rénovation domiciliaire est encore plus forte aux États‑Unis qu'au Canada.
Par contre, il a dit que, si cela se concrétisait, il pourrait y avoir des effets intéressants pour les producteurs et les consommateurs canadiens. Ce serait plus payant pour les producteurs canadiens de vendre au Canada, parce qu'il n'y aurait pas de taxe de 20 %. Ils pourraient alors vendre sur le marché canadien avec 20 % de plus. Même si le marché, ici, est moins gros qu'aux États‑Unis, il y aurait plus de bois disponible sur le marché intérieur et dans les quincailleries.
C'est l'interprétation de M. Bouthillier. Cela peut, bien sûr, être sujet à débat. Croyez-vous que l'administration Biden a vraiment l'intention d'imposer une telle hausse des tarifs?
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Merci, madame la présidente.
Pour les fonctionnaires, j'ai déjà demandé à la ministre combien de temps le Canada peut se permettre de laisser durer ce conflit. Je voulais mettre cela dans le contexte des prix du bois d'oeuvre. Je crois qu'aujourd'hui, le prix tourne autour de 1 327 $ par millier de pieds-planche, comparativement à janvier, où il était de 649 $. Cela vous donne une idée de la situation dans laquelle nous nous trouvons dans le monde des prix du bois.
Le ministère a-t-il une idée du prix auquel — en supposant que le bois d'oeuvre diminue dans un avenir prévisible — ces droits commenceront à causer plus de tort à notre industrie? Avec les prix élevés du bois en ce moment, nos usines se portent très bien. Elles ont dû augmenter leurs effectifs et embaucher plus de personnel. Il y a une énorme demande pour le produit en ce moment. À partir de quel prix ces droits commenceront-ils à nuire à notre industrie? Avez-vous des renseignements à ce sujet?
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Bonjour, madame la présidente. C'est vraiment un plaisir d'être de retour ici au commerce international. Je vous remercie infiniment.
J'ai quelques commentaires à faire. D'abord et avant tout, je me souviens de tout le temps que nous avons passé sur l'ACEUM et de toutes les discussions sur le bois d'oeuvre et sur la façon dont nous allions l'exclure de l'ACEUM.
Je me souviens que la Freeland est venue au Comité. Par la suite, quatre d'entre nous, quatre conservateurs, lui ont écrit une lettre ouverte pour lui poser quelques questions ou lui faire des suggestions.
Voici un extrait de la lettre que j'ai personnellement signée. Elle disait:
De plus, nous vous recommandons de nommer un groupe d'experts chargé d'évaluer les produits de bois d'oeuvre résineux qui ne figurent pas sur la Liste des marchandises d'exportation contrôlée, y compris les produits de bois finis des codes 4407 et 4409.
Je me demande si l'un des témoins pourrait peut-être m'éclairer et me dire si ce groupe d'experts a été créé ou si le gouvernement contribue à cela.
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Merci beaucoup pour cette question, monsieur le député.
Madame la présidente, les États-Unis sont le plus grand marché pour les exportations canadiennes de bois d'oeuvre, et je m'attends à ce qu'il le reste. Nous travaillerons très fort pour parvenir à un accord visant à supprimer ces droits injustifiés sur les exportations canadiennes de bois d'oeuvre.
Je pense que nous travaillons également la main dans la main pour rechercher d'autres marchés vers lesquels exporter le bois d'oeuvre et les produits forestiers canadiens. Je parle des marchés d'Asie et d'Europe.
Je vais peut-être demander à Rosaline Kwan, qui travaille au Service des délégués commerciaux, de parler très brièvement de ce que nous faisons pour trouver d'autres marchés afin d'aider les exportateurs canadiens.
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Merci, monsieur Alexander, et merci à vous, madame la présidente et monsieur le député.
Bien sûr, dans le cadre de la stratégie de diversification du commerce, le service des délégués commerciaux travaille très fort pour aider les entreprises canadiennes, y compris celles de l'industrie forestière qui ont une importance primordiale dans notre économie, à être en mesure d'examiner les marchés — que ce soit aux États-Unis ou ailleurs dans le monde — pour trouver tous les débouchés qu'elles pourraient exploiter et les mettre en rapport avec ces possibilités.
À cet égard, nous avons bien sûr les produits traditionnels établis. Comme vous l'avez peut-être entendu, nous aidons également les entreprises de l'industrie forestière canadienne à exploiter le côté novateur des produits biologiques et des produits à base de bois pour les marchés du monde entier, notamment en Europe, en Asie et aux États-Unis.
Madame la présidente, par votre intermédiaire je m'adresse à l'un ou l'autre des témoins. Voilà environ 18 mois que je siège au Comité du commerce international. En gros, on nous a dit de ne pas nous en préoccuper, de ne pas l'inclure dans l'ACEUM, et que nous allions conclure un accord. Mes autres collègues m'ont dit que cela dure depuis le début des années 1980, et je ne suis pas ici pour jeter le blâme; je suis ici pour que le travail soit fait.
J'ai une dernière question à poser, par votre intermédiaire, madame la présidente, à nos témoins.
À quand remonte la dernière fois où des représentants du gouvernement se sont assis à la table avec des représentants du gouvernement américain — et je ne parle pas des politiciens — pour débattre de cette question et donner des directives en conséquence? Peut-on me répondre à cette question?
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Merci, madame la présidente.
Merci à tous les fonctionnaires de leur présence aujourd'hui.
Nous savons que depuis octobre 2015, date d'expiration de notre dernier accord sur le bois d'oeuvre, la production au Canada a diminué presque proportionnellement à l'augmentation de la production aux États-Unis. Ces lignes de tendance sont très inquiétantes, car des usines ont fermé et nous perdons des emplois qui vont aux États-Unis.
Les fonctionnaires et la nous ont dit aujourd'hui qu'ils ont soulevé la question avec les États-Unis et qu'ils sont ouverts à la discussion avec les États-Unis, mais je vais revenir à une question posée par mon collègue M. Lewis. À tous les fonctionnaires qui peuvent répondre à cette question: combien de réunions de négociation sur le bois d'oeuvre demandées par le gouvernement ont eu lieu depuis 2015, depuis que nous n'avons pas d'accord sur le bois d'oeuvre?
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Je n'ai pas non plus les chiffres exacts sous les yeux, mais en général, en ce qui concerne nos exportations, je pense qu'elles sont restées raisonnablement stables. Bien sûr, la valeur de ces exportations a beaucoup augmenté, étant donné le prix du bois d'oeuvre. Au cours des six derniers mois, la valeur des exportations canadiennes de bois d'oeuvre vers les États-Unis a été la plus élevée jamais enregistrée. Comme on l'a déjà mentionné, les scieries travaillent d'arrache-pied pour produire autant de bois d'oeuvre que possible et l'expédier aux clients, tant au Canada qu'aux États-Unis.
C'est pourquoi je dirais que la valeur de ces exportations est certainement assez élevée, et je pense que le montant global est également cohérent.
Une question précédente portait sur la production au Canada et la production aux États-Unis. Bien sûr, la production dépend aussi de la disponibilité de la matière première, les arbres eux-mêmes. Comme les députés de la Colombie-Britannique le savent peut-être, avec l'épidémie de dendroctone du pin et les feux de forêt, le nombre d'arbres en Colombie-Britannique a diminué au cours des dernières années — du moins, les arbres exploitables.
Si la production de la Colombie-Britannique souffre à cause de cette raison fondamentale, la production dans le sud des États-Unis augmente simplement parce qu'ils ont beaucoup plus d'arbres disponibles pour la récolte. C'est pourquoi il y a aussi quelques des investissements canadiens dans cette région, car les entreprises cherchent à s'assurer qu'elles peuvent maintenir leur production en investissant là où les ressources sont disponibles à l'heure actuelle.