Madame la présidente, membres du Comité, je vous remercie de me donner l'occasion de participer à votre étude sur les exportations canadiennes de technologies vertes.
[Traduction]
Je sais que bon nombre d'entre vous m'ont déjà vu il y a quelques semaines au Comité spécial sur les relations économiques entre le Canada et les États-Unis. Je suis désolé si je me répète un peu, mais je vais essayer de rester intéressant.
Pour ceux d'entre vous qui ne nous connaissent pas, mon entreprise et moi, AddÉnergie a été fondée par notre actuel PDG, Louis Tremblay, en 2009, qui a établi son siège social à Québec. C'est le fruit des travaux qu'il a réalisés pendant qu'il était étudiant à l'Université Laval. Au fil des 10 dernières années, nous avons pris de l'expansion, jusqu'à devenir l'un des plus grands fabricants et opérateurs de réseaux de bornes de recharge pour véhicules électriques en Amérique du Nord. Nous employons plus de 200 personnes. Notre usine de Shawinigan a déjà produit plus de 40 000 bornes de recharge déployées partout en Amérique du Nord.
Notre société utilise fièrement une chaîne d'approvisionnement très canadienne, puisqu'environ 85 % de nos dépenses sont payées à des fournisseurs canadiens. Nous avons connu une croissance importante, particulièrement au Canada, mais de plus en plus aux États-Unis également. C'est important, étant donné que le marché canadien n'est probablement pas assez grand pour générer la demande nécessaire pour construire un réseau concurrentiel de bornes de recharge pour véhicules électriques et être un leader de leur fabrication. C'est la raison pour laquelle il est capital pour nous d'avoir accès aux marchés internationaux, comme à celui des États-Unis.
Nous avons fait quelques percées importantes sur le marché américain, notamment par le déploiement de bornes de recharge en bordure de trottoir à Los Angeles. Nous venons aussi d'annoncer, pas plus tard que la semaine dernière, le déploiement de bornes de recharge dans les cinq arrondissements de la ville de New York, en partenariat avec Con Edison, et nous avons également commencé à déployer nos produits dans le Midwest américain, à commencer par Cincinnati.
Il y a beaucoup d'autres débouchés pour nous sur le marché américain. Récemment, le président Biden a annoncé un plan d'investissement pour le déploiement de 500 000 bornes de recharge aux États-Unis d'ici 2030 pour contribuer à l'atteinte de la cible de réduction des émissions de gaz à effet de serre des États-Unis de 50 % d'ici 2030 et respecter l'engagement accru du Canada de réduire ses propres émissions d'ici la même date. Pour que les États-Unis puissent atteindre leur objectif, ils ont absolument besoin d'un accès rapide aux meilleurs réseaux, services et bornes de recharge pour VE. Nous croyons qu'AddÉnergie peut jouer un rôle très important en fournissant ces services et ces appareils au marché américain.
C'est pourquoi en plus de répondre à la demande croissante sur le marché canadien, nous avons déjà commencé à investir beaucoup pour accroître notre propre capacité de production au Québec. Nous voulons ainsi agrandir notre réseau et notre centre de R-D et comptons agrandir considérablement la superficie de notre usine de fabrication de Shawinigan.
En même temps, nous envisageons la construction d'une usine aux États-Unis pour nous aider à approvisionner le marché américain. Idéalement, à l'instar d'autres grands fabricants nord-américains d'appareils de technologies propres, nous aimerions nous doter de chaînes de production complémentaires pour optimiser notre efficacité tant au Canada qu'aux États-Unis. C'est le rêve, et c'est ce que d'autres grandes entreprises comme les constructeurs automobiles ont tendance à faire avec leur production.
Dans ce contexte, la mise en oeuvre probable de la loi Buy America présente un défi de taille pour nous. Contrairement à nos concurrents américains, qui ont le loisir de participer librement aux processus d'approvisionnement fédéraux au Canada, nous n'aurons peut-être pas le même privilège sur le marché américain, ce qui bien sûr, limitera la concurrence.
Cet obstacle pourrait nous contraindre à dupliquer nos lignes de production, ce qui désavantagerait assurément les acheteurs de bornes de recharge pour VE. Le deuxième problème possible, c'est que nous pourrions être confrontés à beaucoup d'incertitude et à des retards importants dans la mise en marché. Tout dépendra de la façon dont ces dispositions protectionnistes seront mises en oeuvre, mais elles pourraient avoir des effets importants non seulement sur l'assemblage final des produits de technologies propres, mais aussi sur les chaînes d'approvisionnement. Cela pourrait ralentir toutes sortes de choses, y compris les certifications.
Le cas échéant, ce ne sera certainement pas bon pour les fabricants de bornes de recharge et cela aura un effet bien tangible sur notre aptitude à mettre nos produits de technologie propre en marché assez vite pour aider les Américains à atteindre leurs objectifs en temps voulu. Je serais porté à vous dire que ce ne sera pas très bon non plus pour l'économie canadienne si nous sommes forcés de produire nos bornes entièrement aux États-Unis. Nous ne pourrions alors pas profiter de tout le travail accompli pour bâtir nos chaînes d'approvisionnement ici, au Canada. Quand nous évaluons notre propre capacité d'expansion, c'est indéniablement un grand point d'interrogation. Nous sommes inquiets et espérons que les choses s'améliorent.
Nous vous sommes très reconnaissants de nous fournir l'occasion de participer à la séance d'aujourd'hui pour vous faire part de notre point de vue sur la façon dont nous pensons pouvoir contribuer à l'exportation de technologies propres canadiennes.
[Français]
Je vous remercie. Vos questions seront les bienvenues.
Bonjour.
Je suis Nicolas Pocard, vice-président du marketing pour Ballard Power Systems.
[Traduction]
Ballard est une entreprise établie en Colombie-Britannique. Depuis quatre ans, nous créons des solutions propres à émission zéro grâce à l'hydrogène et aux piles à combustible. En tant que développeur de technologies, nous mettons en marché des moteurs à émissions nulles. Aujourd'hui, plus de 3 500 autobus et camions sont alimentés au moyen de la technologie Ballard dans le monde.
Depuis le premier jour de son existence, Ballard dépend des marchés d'exportation en raison de l'absence de marchés intérieurs. Nous comptons entièrement sur l'exportation de notre technologie. À ce jour, plus de 98 % de nos revenus proviennent des exportations. Nous avons de nombreux collaborateurs aux États-Unis, en Europe et en Chine. En ce moment, nous constatons vraiment une croissance de la demande technologique de différents pays, qui redoublent d'efforts pour réduire leurs émissions de carbone et atteindre la carboneutralité. Dans le secteur des transports, qui produit une grande part des émissions, différentes solutions sont déployées pour les réduire.
La technologie de l'hydrogène et des piles à combustible est désormais reconnue comme une carte important dans cet effort de décarbonisation. Ici même, au Canada, à la fin de 2020, le gouvernement fédéral a publié une stratégie sur l'hydrogène, élaborée par RNCan, qui reconnaît le rôle clé de l'hydrogène dans la décarbonisation de notre économie, en particulier pour la mobilité des poids lourds. Pour les autobus, les camions, les bateaux et les trains, l'hydrogène et les piles à combustible offrent la voie la plus intéressante vers la décarbonisation.
Ballard emploie actuellement environ 950 personnes, dont la majorité à son siège social et à l'usine d'ingénierie et de production de Burnaby, en Colombie-Britannique. Nous avons également environ 80 employés en Europe, dans des installations de R-D et de production au Danemark. Nous avons environ 10 à 15 employés aux États-Unis, dans un laboratoire de R-D à Bend, en Oregon, de même qu'environ 15 employés en Chine, dans notre bureau de Guangzhou.
La croissance internationale a été absolument primordiale dans le succès de Ballard. Nous avons investi dans le développement et l'exportation de notre technologie dès la création de l'entreprise. Nous avons travaillé en très étroite collaboration avec le réseau des délégués commerciaux déployés par le Canada dans le monde — au Japon, en Corée, en Chine, en France, en Autriche, en Allemagne, au Danemark et en Norvège. Nous aimerions d'ailleurs profiter de l'occasion pour les remercier du soutien qu'ils nous ont apporté. Nous avons travaillé en étroite collaboration avec ce réseau. Les délégués commerciaux nous ont aidés à mieux comprendre les conditions du marché, nous ont apporté leur soutien lors d'événements organisés par Ballard en y attirant des clients, en organisant des rencontres individuelles ou des premiers contacts et en nous invitant à des événements organisés dans notre secteur. Je pense que cela a contribué beaucoup à notre croissance. Aujourd'hui encore, nous continuons à tirer parti du réseau des délégués commerciaux. Nous tenons vraiment à les remercier pour leur soutien, leur grand dynamisme, leur grand professionnalisme et leur grand savoir, surtout en ce qui concerne la mobilité propre.
Comme le soulignait le témoin précédent, nous nous butons également aux règles et à la réglementation locales dans de nombreux pays différents. Les États-Unis sont l'un de nos plus grands marchés. Comme on l'a déjà dit, la loi Buy America menace aujourd'hui de compromettre nos efforts de production conjointe. En ce moment, l'objectif principal pour notre nouvelle technologie est d'en réduire le coût. Nous devons être en mesure de réduire nos coûts et d'utiliser la chaîne d'approvisionnement locale-mondiale pour fabriquer nos produits à grande échelle. L'essentiel de notre technologie de base est conçu à Burnaby, mais nous devons augmenter la production. Le fait d'avoir des usines délocalisées, plus petites, ne fait pas diminuer les coûts. Cela nuit à la production et fait augmenter les coûts.
Les exigences comme celles découlant de la loi Buy America nous obligent à augmenter le coût de nos produits, ce qui ralentit l'adoption de cette technologie, et nous ne le constatons pas qu'aux États-Unis.
En Chine, la réglementation sur l'approvisionnement local est très stricte. Le nombre de composantes devant être produites en Chine est tel que nous sommes forcés d'établir des partenariats pour produire en Chine nos produits destinés à la Chine.
On voit de plus en plus le même genre de protectionnisme émerger en Europe, si bien que nous devons nous soumettre à ces règles pour avoir accès à certains programmes de développement. Nous devons pouvoir prouver que nous produisons nos produits et notre technologie à différents endroits.
Dans un contexte où nous essayons d'abaisser nos coûts pour démocratiser l'adoption de cette technologie, c'est un obstacle à la croissance.
Voilà donc un aperçu de la perspective de Ballard. Je remercie les membres du Comité. Je serai très heureux de répondre à vos questions.
[Français]
N'hésitez pas à me poser vos questions.
Je vous remercie du temps que vous m'accordez aujourd'hui.
[Traduction]
Merci.
:
Merci infiniment, madame la présidente.
Mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de m'avoir invité à venir vous parler aujourd'hui au nom de LNG Canada sur ce sujet important.
Nous appuyons pleinement les efforts du Comité pour examiner comment l'exportation des technologies et produits propres canadiens peut contribuer à façonner et à nourrir un avenir à faibles émissions de carbone. Je suis heureux de vous parler ce matin de la façon dont LNG s'insère dans cette stratégie, tant ici qu'à l'étranger.
Comme vous le savez, LNG Canada est une coentreprise avec cinq partenaires internationaux: Shell, Petronas, PetroChina, Mitsubishi et Kogas, une entreprise coréenne. Même si LNG Canada est une entreprise fièrement canadienne et que je suis moi-même né au Canada, que c'est ici que j'ai grandi et que j'ai étudié, nous avons une perspective très mondiale.
Pour commencer, nous avons misé sur une vision très audacieuse. Nous voulions devenir la référence en matière d'exploitation responsable, sur les plans économique, environnemental et social, du GNL au Canada, en collaboration avec les Premières Nations, les groupes autochtones et les collectivités locales, les organisations non gouvernementales, ainsi qu'avec les ordres de gouvernement local, provincial et fédéral.
Notre infrastructure d'exportation du gaz naturel liquéfié en est à sa troisième année de construction à Kitimat, en Colombie-Britannique, et se situe sur le territoire traditionnel de la nation Haisla. C'est le plus grand investissement privé dans l'histoire canadienne, et il a déjà commencé à profiter aux collectivités ainsi qu'à l'économie provinciale et nationale grâce à des emplois durables et de qualité et à l'investissement social. À ce jour, la valeur de nos contrats et de nos achats en Colombie-Britannique seulement s'élève à plus de 3 milliards de dollars.
Les gouvernements tireront des revenus de notre projet dès que nous commencerons la production de GNL à faible teneur en carbone et la livraison à nos clients. Ces revenus seront de l'ordre de dizaines de milliards de dollars pendant la durée de vie du projet de 40 ans, et nous sommes sur la bonne voie pour livre notre première cargaison vers le milieu de la décennie.
LNG Canada garantira un approvisionnement sûr en GNL aux marchés mondiaux qui comptent sur les réserves naturelles de gaz du Canada pour faire avancer leur économie et réduire les émissions mondiales de GES, puisque le gaz naturel remplace favorablement les sources d'énergie plus polluantes comme le charbon. C'est un atout de taille compte tenu des engagements qu'a pris le Canada pour réduire ses émissions de GES, tout en aidant ses partenaires internationaux à respecter leurs propres engagements en matière de changement climatique.
Nous serons la première grande entreprise productrice de GNL au Canada à exporter ses produits à l'étranger et nous nous apprêtons à entrer dans un marché mondial très concurrentiel où la demande est forte pour les sources d'énergie à faible teneur en carbone.
Nous avons l'avantage d'avoir accès à du gaz naturel à faible teneur en carbone ici même, en Colombie-Britannique. Nous sommes situés dans un port libre de glace à longueur d'année, au bout du canal Douglas, à Kitimat, à environ 650 kilomètres au nord de l'endroit où je me trouve, à Vancouver. Ainsi, la distance à parcourir pour atteindre l'Asie est environ 50 % plus courte que celle qui sépare l'Asie du Golfe du Mexique, aux États-Unis, et notre emplacement nous permet d'éviter le canal de Panama.
En collaboration avec notre entrepreneur pour l'ingénierie, l'approvisionnement et la construction, JGC Fluor, nous avons conçu un projet dont l'intensité de carbone est la plus faible de toutes les grandes usines de GNL au monde, et les émissions de GES de notre installation, à Kitimat, seront inférieures à celles de toute autre installation. Elles seront de 35 % inférieures à celles des meilleures installations au monde et 60 % plus basses que celles de la moyenne pondérée mondiale des installations équivalentes, tout cela grâce à l'utilisation de turbines à gaz écoénergétiques et aux dernières technologies de réduction du méthane. C'est ce qui nous aidera à atteindre nos normes de faibles émissions.
LNG Canada utilisera le gaz naturel de la Colombie-Britannique, lequel est produit, selon les normes les plus élevées, et comprimé grâce à l'énergie renouvelable du réseau hydroélectrique de la province. L'usine de gaz Saturn de Shell illustre bien la mise en pratique de ces normes. Cette usine située dans le nord-est de la Colombie-Britannique est électrifiée à 100 %.
Comme je l'ai mentionné, le gaz naturel remplace le charbon pour la consommation et la production d'électricité dans les villes qui ont des problèmes de pollution atmosphérique et où les ressources renouvelables sont limitées, mais où l'approvisionnement énergétique doit demeurer stable et constant.
Nous savons qu'avec la croissance de la population mondiale, le monde aura besoin de plus en plus d'énergie à faibles émissions de CO2. Ainsi, le GNL émet 50 % de moins de CO2 que le charbon. C'est la principale raison pour laquelle le GNL remplace si souvent le charbon et présente une occasion en or pour le Canada, qui dispose d'une abondance de gaz naturel à faible teneur en carbone.
La demande est effectivement à la hausse dans des pays comme la Chine où la consommation de gaz naturel devrait presque tripler d'ici 2040. Le gaz naturel liquéfié en provenance de toutes les sources, ce qui inclut le nôtre, comptera pour 60 % de la demande chinoise de gaz naturel importé. La demande mondiale de gaz naturel liquéfié devrait atteindre 700 millions de tonnes d'ici 2040. Selon le plus récent rapport sur les perspectives du marché de Shell, cette demande était de 360 millions de tonnes en 2020, ce qui fait qu'elle va presque doubler. L'Asie devrait être à l'origine d'environ 75 % de cette croissance, alors que le gaz naturel liquéfié va s'y substituer à d'autres sources d'énergie à plus forte intensité de carbone, ce qui lui permettra de répondre à des préoccupations comme celles touchant la qualité de l'air tout en atteignant ses cibles de réduction des émissions.
Je ne suis bien sûr pas en train de vous dire que le gaz naturel liquéfié va remplacer à lui seul des formes d'énergie à plus grande teneur en carbone. Comme vous avez déjà pu l'entendre, le secteur des technologies propres est plus actif que jamais au Canada avec des centaines, voire des milliers, d'entreprises qui innovent à la recherche de nouveaux débouchés d'exportation. Nous croyons que le gaz naturel liquéfié ne sera qu'un outil parmi bien d'autres au sein de notre trousse de décarbonisation à l'intérieur de laquelle on trouvera bien sûr également les énergies renouvelables. Le gaz naturel est un complément aux énergies renouvelables pour l'alimentation électrique de base en raison de l'intermittence de ces sources énergétiques, mais il ne va pas totalement les remplacer, pas plus que le gaz naturel liquéfié ne va ralentir l'expansion des énergies renouvelables au sein des réseaux électriques de pays comme la Chine. C'est d'abord et avant tout une question de coûts. À long terme, les énergies renouvelables sont moins dispendieuses que le gaz naturel et le gaz naturel liquéfié.
Au fil de l'évolution des technologies et de la recherche croissante de gains d'efficience par les entreprises, les constructeurs et les propriétaires, notamment via des travaux de rénovation, les besoins énergétiques vont d'une manière générale changer et même diminuer dans certaines situations. Nous commençons certes à observer de tels changements dans nos secteurs de l'exploitation des ressources. Je vous ai déjà parlé de l'usine entièrement électrique de Shell à Groundbirch, en Colombie-Britannique. Nous pouvons constater des exemples semblables d'innovation et d'avancées tout au long de la chaîne de valeur. C'est absolument crucial pour un secteur comme le nôtre qui cherche à tendre vers la carboneutralité.
Au cours de la dernière année, et nous nous en réjouissons vivement, nous avons vu des cargaisons carboneutres de gaz naturel liquéfié accoster à des ports d'Asie et d'Europe. Nous sommes ravis d'être au seuil d'un nouvel environnement où la carboneutralité peut devenir une réalité. C'est selon moi primordial, car pour faire notre place sur le marché du gaz naturel liquéfié à l'avenir — notre projet a une durée de vie de 40 ans —, il faudra vraiment que nous parvenions à cibler ces possibilités aux différentes étapes de la chaîne de valeur, soit en amont, au point de production et le long des routes maritimes.
Dans le même ordre d'idées, j'aimerais vous donner un autre exemple vous montrant bien à quel point le projet de LNG Canada peut devenir un tremplin vers un futur à faibles émissions de carbone tout en créant des perspectives économiques à l'échelon local. HaiSea Marine est un partenariat local réunissant la Nation Haisla et l'entreprise Seaspan installée à North Vancouver.
HaiSea Marine a conclu un important contrat avec LNG Canada pour la construction et l'exploitation de remorqueurs d'escorte et de port pour nos installations d'exportation de Kitimat. Ces remorqueurs vont fonctionner à l'électricité et au gaz naturel, plutôt qu'au diesel, ce qui en fera l'une des flottes de remorqueurs les plus écologiques jamais constituées. Ils sont conçus par Robert Allan Ltd., une firme canadienne d'architectes navals et d'ingénieurs maritimes qui a ses bureaux à Vancouver. Ces nouveaux remorqueurs d'escorte et de port devraient permettre une réduction des émissions de gaz carbonique pouvant atteindre 10 000 tonnes par année, comparativement au diesel, sans compter une diminution considérable des émissions d'autres oxydes et matières particulaires.
En plus de créer localement des emplois à long terme qui bénéficieront aux Haisla et à d'autres nations du littoral nord de la Colombie-Britannique, HaiSea Marine s'inscrit vraiment dans la démarche proposée intégrant l'ensemble de la chaîne de valeur: gaz naturel canadien à émissions réduites en carbone; émissions les plus faibles au monde à nos installations de Kitimat; itinéraires d'exportation propices à l'exploitation des marchés internationaux; mise en marché dans des pays qui veulent faire la transition vers des sources énergétiques à faible teneur en carbone pour ensuite passer à des sources à émissions très faibles et nulles.
De concert avec nos partenaires et grâce à l'appui et à l'encouragement de tous les ordres de gouvernement, LNG Canada va jouer un rôle important dans cette transition énergétique.
Merci beaucoup. Je serai ravi de répondre à vos questions.
:
Merci à vous, madame la présidente, ainsi qu'aux membres du Comité et à mes collègues de l'industrie. C'est un grand honneur d'être des vôtres pour pouvoir contribuer à votre étude des exportations canadiennes de biens et services liés à l'environnement et aux technologies propres.
Je pense me distinguer un peu de mes collègues du fait que je représente l'une des seules entreprises de logiciels à pouvoir vous parler en toute connaissance de cause des exportations dans ce domaine.
Comme Mme la présidente vous l'a déjà indiqué, je m'appelle Hari Subramaniam. Je suis responsable de la croissance stratégique et des ventes mondiales pour Opus One Solutions. Nous pensons pouvoir vous être utiles à titre de test décisif ou de canari dans la mine de charbon pour ce qui est des moyens à prendre afin de bénéficier pleinement des mesures de soutien offertes au Canada, notamment en application des politiques et des règlements gouvernementaux, tout en étant également en mesure de vous donner une meilleure idée du paysage concurrentiel au sein duquel nos collègues du secteur et nous-mêmes devons évoluer.
Je vous dirais brièvement qu'Opus One Solutions est une entreprise qui a été fondée au Canada. Nous avons deux bureaux, l'un au centre-ville de Toronto et l'autre en banlieue, à Richmond Hill. Nous espérons pouvoir prendre de l'expansion pour accueillir de nouveaux talents des différentes régions du pays. Opus One est l'une des rares entreprises dont le nom a figuré quatre fois sur la liste des 100 meilleures à l'échelle planétaire dans le secteur des technologies propres. Nous partageons cet honneur avec CarbonCure en Nouvelle-Écosse.
Nous avons amorcé la conception de notre technologie pilote aux environs de 2016 pour passer véritablement à sa mise en marché en 2019-2020. Le nombre d'emplois que nous offrons a augmenté d'environ 500 % en dépassant nettement la centaine cette année alors que nous sommes parvenus à poursuivre notre croissance malgré la pandémie. C'est ce qui caractérise notre secteur. Au total, nos revenus ont augmenté d'environ 300 % depuis 2016, et nous sommes l'un des chefs de file dans le domaine des logiciels facilitant la transition énergétique. Nos clients sont généralement des services publics, de propriété privée ou gouvernementale.
Je devrais sans doute vous donner un aperçu de la manière dont nous segmentons notre clientèle et dont nous offrons nos services sur les marchés internationaux à partir du Canada.
Nous nous distinguons notamment du fait que nous avons pris de l'expansion dans six ou sept pays entre 2020 et 2021. Nos activités ont pris une ampleur internationale pendant la pandémie, et 90 % de nos employés travaillent au Canada.
D'abord et avant tout, je tiens à remercier le Comité et le gouvernement dans son ensemble pour le cadre stratégique mis en place avec le financement nécessaire, ce qui a été une véritable bougie d'allumage pour tout le secteur des entreprises en démarrage comme la nôtre, laquelle se trouve à évoluer dans le créneau des technologies propres. Je n'ai par contre pas de statistiques, et je ne suis pas certain qu'il en existe de fiables, sur la répartition entre les ressources matérielles de l'industrie des technologies propres; l'argent qui s'en va ailleurs, que ce soit via les promoteurs de projets d'énergie renouvelable au Canada ou à l'étranger; les logiciels; et les services offerts en exportation dans le domaine des technologies propres.
J'ai l'impression que le Canada est l'un des principaux exportateurs de logiciels axés sur les technologies propres à l'échelle mondiale. Comment pouvons-nous aider ce secteur? C'est sans doute pour répondre à cette question que je suis des vôtres aujourd'hui pour vous faire part de mes réflexions.
Je veux souligner le travail d'une entreprise canadienne qui est un peu moins connue malgré la place assez imposante qu'elle occupe, et je parle de CGI à Montréal. C'est l'une des plus grandes firmes de services au monde dans le secteur des technologies propres. Je pense qu'il y a de nombreux diamants bruts de la sorte que nous pourrions faire briller davantage dans le cadre de ce processus.
J'en viens aux deux questions qui vous intéressent particulièrement, si je ne m'abuse. Premièrement, qu'est-ce qui fonctionne bien? Je crois que nous avons mis en place un excellent écosystème pour les entreprises en démarrage avec les agences fédérales et les incubateurs. Nous avons aussi nos délégués commerciaux qui accomplissent un travail important en s'appuyant sur des paramètres précis pour aider les entreprises canadiennes à exporter leurs produits et services. De Ressources naturelles Canada jusqu'à Innovation, Sciences et Développement économique Canada, en passant par Technologies de développement durable Canada, tous ont accompli un travail fantastique avec le Programme d'aide à la recherche industrielle pour monter un cadre financier ou offrir le soutien nécessaire à la croissance des entreprises. J'estime que Développement économique Canada et la Banque de développement du Canada effectuent du très bon travail pour ce qui est du capital de risque. Je tiens aussi à souligner l'apport de Diana Cartwright qui a vraiment contribué à façonner l'organisation du Service des délégués commerciaux. Il ne fait aucun doute que nous bénéficions grandement de cette aide des plus précieuse.
Il y a aussi d'excellentes perspectives de financement misant sur la collaboration, comme le partenariat industriel Canada-Inde et le régime de financement Canada-Royaume-Uni qui aident les entreprises canadiennes à pénétrer ces marchés en collaborant avec une entreprise sur place. Ce sont autant de mesures qui ont été très bénéfiques. Je veux aussi remercier Amanda Wilson et Cynthia Handler, deux gestionnaires du ministère qui ont su piloter ce dossier en se préoccupant du sort et de la croissance d'entreprises comme la nôtre.
Bon nombre des protocoles d'entente signés par le gouvernement en matière d'innovation nous ont été d'un grand secours, et je pourrais en dire autant de l'Agence fédérale de développement économique qui a contribué à notre croissance progressive et continue. Tout cela pour vous dire qu'un excellent travail a été effectué pour bâtir cet écosystème au bénéfice des entreprises en démarrage. Cependant, j'estime que nous n'avons pas vraiment considéré dans une perspective holistique l'expansion de ces entreprises. Selon moi, c'est à ce niveau qu'il y a des lacunes.
Opus One Solutions n'est plus une entreprise en démarrage. Nous sommes maintenant en expansion, mais à qui pouvons-nous nous adresser?
Il y a quelques éléments à souligner. Tous les pays du monde veulent miser sur les technologies propres. Chacun veut favoriser la croissance de ce secteur. On tient à encaisser les recettes fiscales qui y sont associées. J'exhorterais les ministères de notre gouvernement à procéder à un étalonnage concurrentiel. J'estime pour ma part que c'est l'une de nos faiblesses.
Je veux dire par là que nous en faisons beaucoup moins que des pays comme l'Allemagne et le Royaume-Uni qui travaillent vraiment de concert avec les entreprises locales pour favoriser leur expansion à l'échelle planétaire. Cela peut se faire par une participation directe au cadre financier ou par l'octroi de fonds pour tester un produit ou un service sur le marché. J'estime ce soutien essentiel pour un grand nombre de technologies. La majorité des clients pour nos produits et même pour ceux de mes collègues préfèrent pouvoir se référer à une étude de cas ou au témoignage d'un client qui a acheté le produit et l'a testé sur leur marché à eux, plutôt que de voir les essais être effectués à Toronto, Halifax ou Vancouver. C'est alors beaucoup moins significatif. Tout le monde veut savoir si cela a déjà été fait en Illinois ou au Brésil, par exemple. Je pense que c'est vraiment une grave lacune.
Il y a aussi la question du financement lorsqu'une entreprise tend vers la rentabilité. J'estime que la plupart des sources de capital de risque comme Développement économique Canada, qu'elles soient gouvernementales ou indépendantes, ont tendance à rechercher les aubaines, ce qui fait qu'elles investissent rarement dans des entreprises dont la valorisation dépasse les 50 millions de dollars. Au Canada, nous sommes l'une des rares entreprises à devoir constater qu'il n'y a pas suffisamment d'investisseurs prêts à miser sur la croissance des sociétés canadiennes parce que notre valorisation est devenue trop élevée.
On en fait donc beaucoup pour les entreprises en démarrage, mais pas pour celles qui sont en expansion. Il faut par conséquent se tourner vers d'autres investisseurs pour trouver du financement, ce qui fait généralement en sorte que nous cessons à un moment donné d'être une société privée sous contrôle canadien. C'est un aspect sur lequel nous pourrions concentrer nos efforts. Comment pouvons-nous nous assurer qu'un plus grand nombre d'entreprises puissent demeurer des sociétés privées sous contrôle canadien, continuer de présenter des demandes de propriété intellectuelle au Canada et rester aussi canadiennes que possible?
Il y a un autre élément qui pourrait être amélioré selon moi. Les protocoles d'entente et les relations commerciales sont absolument cruciaux. Comme l'indiquait mon collègue, dans le contexte des politiques d'achat local adoptées aux États-Unis et en Europe, comment une nation commerçante comme la nôtre peut-elle continuer à avoir voix au chapitre pour soutenir ses entreprises? Il y a aussi le fait que la plupart de nos accords prévoient que l'on s'en remette à des efforts conjoints de recherche et développement. Je dirais qu'il faut faire montre de prudence à cet égard. En tant qu'entité privée, je veux pouvoir faire de la recherche adaptée à mes besoins pour vendre mon produit sur les marchés de mon choix. Je ne veux pas être obligé de faire de la recherche avec un tiers parce qu'il y a un accord en ce sens ou du financement qui y est rattaché. Je pense qu'en renonçant à une partie de ces conditions, on pourrait nous permettre un accès plus rapide à certains marchés.
Il y a un autre facteur que je voudrais bien voir votre comité prendre en considération. Les objectifs de l'Accord de Paris sont fort louables, mais si l'on veut guider l'expansion de nos entreprises du secteur des technologies propres à l'étranger, il serait préférable que notre pays se fixe des cibles et des objectifs plus audacieux. Pour vous donner un exemple, certaines de nos provinces exploraient les possibilités d'exploitation de sources d'énergie solaire ou renouvelable il y a environ une décennie, soit 15 ans après que l'Allemagne eut défini sa stratégie en la matière. Si l'Allemagne est parvenue à le faire aussi rapidement, c'est qu'elle s'est fixé des objectifs à ce chapitre longtemps avant tout le monde, ce qui n'a pas manqué d'attirer des entrepreneurs dans ce secteur.
Autre exemple, le Royaume-Uni et la France ont indiqué que les véhicules à combustion allaient complètement disparaître de leurs routes d'ici 2050. C'est un objectif ambitieux. Il en ressort l'obligation pour ces pays de commencer dès maintenant à réfléchir aux nouvelles industries qui doivent voir le jour pour alimenter ce marché si l'on veut vraiment atteindre cette cible. J'exhorterais les Canadiens et le Canada à se donner un but semblable qui va nous inciter à conjuguer nos efforts pour pousser dans la même direction.
Je n'en dirai pas plus au sujet de la politique d'achat aux États-Unis qui a tout lieu de nous préoccuper, surtout pour ce qui est des considérations relatives à la cybersécurité et à la sécurité, car j'estime que certains de mes collègues en ont déjà amplement traité. Je vous demanderais en fait de revoir certains de nos programmes et mécanismes de financement gouvernementaux pour qu'ils puissent de façon plus holistique favoriser notre croissance sur le marché des exportations de telle sorte que nous puissions continuer à payer des impôts au Canada et à créer de l'emploi au pays.
Merci.
:
Absolument. Nous commençons à reluquer de ce côté. C'en est au tout début.
L'écosystème est encore naissant. Par « écosystème », je veux dire la production d'hydrogène, indispensable comme carburant. Mais, depuis 18 ou 12 mois, nous recevons de l'Inde beaucoup de demandes de renseignements. Nous entamons des discussions avec de grands groupes industriels indiens, pour qui les piles à combustible hydrogène sont la voie qui conduira à la décarbonation.
Nous devons mieux comprendre les exigences du marché, comprendre comment appliquer notre technologie à l'Inde et trouver les meilleurs partenaires, qui nous permettront d'accéder à ce marché et d'amener notre production à l'échelle voulue. C'est très important de le faire. Pour alimenter le marché indien, nous devons trouver un partenaire industriel local qui nous aidera à mettre notre technologie en marché.
À cette fin, nous tirerons probablement parti du réseau des délégués commerciaux pour nous aider à examiner certaines des entreprises qui nous approchent et nous communiquer des orientations à leur sujet, mais aussi, peut-être, pour trouver des ressources locales, parce que, en cours de route, nous devrons investir pour envoyer là-bas nos propres gens, de chez Ballard, pour évaluer les possibilités et nous accointer avec nos partenaires. C'est là que le Service des délégués commerciaux peut nous aider.
:
Je me lance le premier.
Sur ces terrains, la concurrence présente vraiment un défi de taille, parce que, en Europe, en Asie et aux États-Unis, on privilégie beaucoup la position de chef de file des technologies propres. De plus en plus, le consensus est que le marché se dirige vers cet objectif, ce qui incite les pays à vraiment coordonner leurs meilleures innovations et leurs meilleurs programmes de financement et à faire tout leur possible pour essayer d'appuyer la croissance dans ce secteur.
Le Canada possède de vraiment bons atouts: main-d'œuvre excellente; beaux talents d'un bout à l'autre du pays; investissements importants réalisés très tôt pour appuyer notre industrie nationale. Le soutien de l'industrie nationale est vraiment la première étape dans la construction d'une capacité mondiale d'exportation, parce qu'un marché national est indispensable pour faire de plus en plus ses preuves et démontrer ses capacités d'exportation.
Encore une fois, nous avons déjà franchi de premières étapes vraiment importantes. Toutes les pièces se mettront en place d'ici les trois à cinq prochaines années. La vraie question est: pouvons-nous assurer à nos entreprises l'accès aux marchés dont elles ont besoin? Faisons-nous tout, ici, pour continuer à élargir nos marchés nationaux?
Je reviens sur une observation antérieure sur nos systèmes d'approvisionnement et notre fiscalité, pour qu'on s'assure qu'ils sont avantageux pour l'évolution des entreprises, du démarrage à l'expansion, comme l'a dit M. Subramaniam. Voilà les vraies questions à nous poser. Si nous pouvons bien y répondre et atteindre les objectifs, nous avons une belle chance de réussir, mais ce ne sera pas facile. La concurrence est âpre.
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Merci, madame la présidente.
Tout d'abord, je remercie tous les témoins. J'ai certainement une bonne idée du sentiment d'urgence qui a habité beaucoup d'entre vous pour s'y prendre correctement. Il est indiscutable que l'urgence climatique est l'une des pires crises que nous affrontions. Il y a tant à faire pour la surmonter et, en grande partie, il faut faire appel à des technologies propres. À l'évidence, nous avons entendu — pas seulement aujourd'hui, mais tous les jours — que le Canada ne fait pas seulement partie de la solution, pour de nombreux motifs, mais, également, du problème.
Alors, M. Zebedee, il est certainement indiscutable que pour affronter cette crise, nous devons nous assurer de fondamentalement respecter, par nos façons de faire, les droits des Autochtones et les communautés autochtones. Beaucoup d'entre nous ont été horrifiés par l'attaque contre les terres et les femmes wet'suwet'en, l'année dernière, devant votre projet de mise en valeur.
Vu que, pour combattre la crise, nous devons respecter les communautés autochtones, qu'avez-vous à dire sur ce qui s'est passé il y a quelques mois à peine?
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Ma réponse serait en deux ou trois volets. D'abord, les pouvoirs publics doivent se doter d'une vision un peu plus holiste, dans leurs relations avec les entreprises, en privilégiant encore le passage à une plus grande échelle. La main de l'État peut-elle généralement intervenir pour aider nos entreprises qui entreprennent cette progression vers l'international?
Je réitère, et mes homologues seront peut-être d'accord, la possibilité d'envisager le financement comme un moyen pour aider les entreprises à prendre pied dans un marché. Le Service des délégués commerciaux et d'autres excellent de façon extraordinaire dans l'établissement de liens et la création de réseaux, et nous pouvons certainement nous efforcer de conclure nous-mêmes les accords, mais ce qui facilite la tâche, c'est si, de concert, vous décidez de favoriser notre entrée dans tel marché. Nous constatons que les États européens font un bien meilleur travail, en incitant vraiment leurs entreprises à pénétrer les marchés.
Nous avons fait de l'excellent travail, mais ça ne nous autorise pas à nous asseoir sur nos lauriers. Nous devons nous comparer à nos concurrents, pour accorder le même appui à nos entreprises, pour être des chefs de file mondiaux, tout en envisageant et en créant un marché national, ce que quelques autres témoins ont également affirmé.
Je dirais, madame Ashton, qu'il existe un petit écart entre politique et financement nationaux et l'aide au passage des entreprises à l'international. Les Américains, comme nous l'avons dit, les font agir ensemble. Je ne prétends pas que nous ayons besoin d'une politique d'« acheter canadien », mais, par divers moyens, nous pouvons assurer la prospérité des entreprises canadiennes tout en maintenant, dans les règlements sur les échanges commerciaux, la possibilité d'une concurrence étrangère, ici, au Canada.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie les témoins. Les quatre compagnies ici représentées semblent pour la plupart des exportateurs nets.
Je suis convaincu que si on peut vendre ses produits sur le marché national, on devrait pouvoir les vendre à l'international, et le secteur privé ainsi que le gouvernement doivent pouvoir établir les tests de comparaison avec la concurrence, comme Monsieur Subramaniam l'a dit.
Je veux savoir ce que le gouvernement peut faire pour aider d'abord les entreprises à accéder à une échelle supérieure de production. Pour ce qui est des jeunes pousses, nous pourrions peut-être obtenir de bons résultats, mais un changement d'échelle, c'est une autre paire de manches.
Ensuite, c'est bien connu que, pour devenir concurrentiel, il faut, du côté de l'État, moins de paperasse, une meilleure politique fiscale, de meilleurs programmes pour favoriser les mises à niveau de l'équipement et des compétences. Alors, monsieur Subramaniam, que nous manque-t-il pour nous comparer à la concurrence?
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En premier lieu, l'État devrait pouvoir comparer ses politiques à celles des États concurrents. Je sais que ça change sans cesse, mais, particulièrement dans l'après-COVID, si on excepte les mesures de stimulation, que fait chacun des gouvernements pour aider les entreprises nationales du secteur à croître? C'est un point de comparaison.
Ensuite, il y a le financement. Je sais que la Corporation commerciale canadienne est en train de renaître. Elle cherche à beaucoup rapprocher nos entreprises des gouvernements qui dépensent. Ça devrait faire l'objet d'une comparaison des instruments fédéraux, soit par l'entremise de la banque fédérale, comme Exportation et développement Canada et la Banque de développement du Canada ou par l'intermédiaire d'entreprises à fort levier financier. Comment se comparer à d'autres concurrents, ceux du type d'une banque de développement des exportations?
J'envisage les deux.
Le troisième point de comparaison vraiment difficile, auquel vous avez fait allusion, concerne notre propre culture nationale de l'innovation. Nous sommes, si vous me permettez de le dire ainsi, une nation qui va toujours à la même vitesse. Nous aimons ce que nous avons. Alors, pourquoi tout déranger quand tout va si bien? Malheureusement, alors qu'a commencé la transition énergétique mondiale, certains d'entre nous sommes dans ce secteur depuis deux ou trois décennies et avons attendu ce qui arrive aujourd'hui. Pour être franc, je dois avouer que ça bouge beaucoup plus vite que je ne l'aurais prévu, tant dans les grandes entreprises que dans les petites, mais aussi en ce qui concerne les capitaux qu'on affecte à la transition énergétique et à la décarbonation.
C'est donc la question à poser à une nation comme le Canada et à des députés comme vous: si la vague est déjà ici, comment nous assurer que nous construisons la bonne planche qui permettra à nos compagnies et citoyens de pleinement surfer sur elle? Ce ne sera pas éphémère. Ça durera au moins 25 ans encore.
Les points de comparaison avec la concurrence sont une chose. La collaboration en est une autre. Chers députés, je vous dirai que l'Allemagne y a eu recours en dépit des vicissitudes des gouvernements. Tous les partis se sont entendus sur ce qui était l'élément central du développement économique, et aucun n'y a dérogé. Ce serait l'une de mes demandes. Sur les éléments essentiels, si on choisit les gaz à effet de serre et le changement climatique, pouvons-nous tous, en commun, ne pas faire dévier la vague, pour qu'elle nous transporte toujours droit devant, les entreprises comme les citoyens?
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Parfait. Je vais commencer, en tant qu'entreprise québécoise.
Nous avons une énergie propre incroyablement robuste, que nous exportons déjà vers les États-Unis. C'est un énorme avantage stratégique. Nous sommes très forts en ce qui concerne les métaux et les minéraux, qui sont essentiels à la chaîne d'approvisionnement des piles, mais qui sont aussi très importants pour tout équipement manufacturé, comme les bornes de recharge.
Nous disposons d'une production propre d'éléments tels que l'aluminium et d'autres métaux et minéraux, ce qui est très utile si l'on considère le cycle de vie complet des émissions de gaz à effet de serre.
Nous pouvons compter sur de très solides talents — aussi bien des gens de chez nous que des nouveaux Canadiens qui apportent leur propre expertise —, et il est très utile d'avoir un marché ouvert dans un endroit où les gens aiment venir travailler. Nous avons une équipe de recherche et de développement de logiciels à Montréal, par exemple.
Par ailleurs, je dirais que certaines provinces, notamment le Québec et la Colombie-Britannique, ont fait un excellent travail en commençant à écologiser leurs propres flottes et en envisageant l'approvisionnement comme un moyen de soutenir les entreprises locales. Honnêtement, nous ne pouvons pas en faire assez. C'est tellement utile.
Je vais peut-être m'arrêter là, au cas où d'autres auraient des réponses.
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Je peux commencer. C'est une excellente question.
Notre domaine, ou notre point de vue est celui de l'analyse des données et de l'intelligence artificielle, ou IA. Je sais que beaucoup de gens en parlent, mais ces éléments interagissent de manière assez harmonieuse avec tous les secteurs. Qu'il s'agisse de la foresterie ou de l'exploitation minière, la robotique et les données jouent un rôle prépondérant en cours de route. La prolifération de ces technologies est excellente, et le Canada doit conserver son avantage sur le terrain à ce chapitre. Voilà une chose.
En deuxième lieu, je dirais que les marchés d'exportation... Bien franchement, je pense que c'est vrai pour toute la planète. Une chose que j'aurais probablement dû dire, c'est que le gouvernement ou notre pays semble avoir cinq ou six pays de prédilection avec lesquels nous pensons devoir... Je pense que cette idée n'a plus lieu d'être. Je crois que nous devrions laisser nos entreprises aller là où se trouvent les marchés et les appuyer dans leurs efforts. Certaines technologies pourraient décarboniser l'ensemble du continent africain, et je pense que leur développement devrait être encouragé.
Je dirais cependant que les principaux marchés d'Opus One sont le Japon, et aussi l'Australie, qu'on ne décrit jamais étant comme un grand partenaire commercial du Canada. La situation des Australiens représente à mon avis un énorme marché pour de nombreuses technologies propres canadiennes.
Nous n'avons pas regardé du côté de l'Afrique du Sud. Je dirais qu'il faut se tourner vers des pays non traditionnels que le Canada n'a pas ciblés. Voilà ce que je conseille.
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Je vous remercie, madame la présidente.
Monsieur Subramaniam, en tant qu'ancien membre du conseil d'administration d'Investir Ottawa, je conviens que les entreprises ont besoin de beaucoup de soutien pour croître.
Monsieur Peter Zebedee, j'ai travaillé au Qatar il y a 20 ans, évidemment pas dans l'industrie du gaz naturel liquéfié, ou GNL. Je connais l'importance du GNL, et j'ai été témoin de la croissance de cette industrie. En fait, j'étais un tout petit actionnaire du premier projet de GNL en Inde. J'attends avec impatience votre première livraison.
À l'époque, il y a 20 ans, je me demandais pourquoi le Canada n'ouvrait pas une installation de GNL, puisque nous avons autant de gaz naturel. Je suis ravi que votre installation soit en route. J'espère qu'il y en aura beaucoup d'autres.
Monsieur Pocard, il y a 20 ans, j'ai organisé au Qatar un atelier sur les technologies futuristes. Les deux que j'avais sélectionnées à l'époque étaient, d'une part, la nanotechnologie dans les matériaux et, d'autre part, les piles à hydrogène. J'avais invité un dirigeant de Piles à combustible Canada à venir au Qatar pour faire un exposé. Depuis, et encore maintenant, la technologie de l'hydrogène comme combustible est presque au point. C'est ce que j'entendais à l'époque, et c'est ce que j'entends encore aujourd'hui. Je sais que Ballard a connu des hauts et des bas. C'était la société la plus importante il y a 21 ans. Vous êtes le fournisseur de 3 400 camions et autobus. C'est bien, mais ce n'est toujours pas au point. J'entends encore le même discours: il ne reste que quelques années avant une transformation majeure.
Quoi qu'il en soit, puisque mon temps est limité, j'ai des questions pour M. Allan.
Je suis ravi de savoir ce que vous faites du côté des bornes et de vos exportations aux États-Unis. Comme vous le savez peut-être, dans le budget récent, notre gouvernement a investi dans l'élaboration et la mise en œuvre de codes et de normes entourant la vente au détail de bornes de recharge et de ravitaillement des véhicules à émission zéro. Évidemment, nous proposons de coordonner les mesures à celles de partenaires internationaux.
Compte tenu de votre expérience dans ce domaine et de vos exportations aux États-Unis — j'ignore si vous exportez également vers l'Europe —, êtes-vous soumis à des contraintes puisque les codes et les normes ne sont pas les mêmes partout dans le monde? Envisagez-vous des problèmes qui pourraient freiner les exportations des entreprises comme la vôtre?