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Merci, madame la présidente.
Madame la présidente, membres du Comité, c'est avec beaucoup de fébrilité que je suis ici aujourd'hui. Ce qui se passe est quand même historique: c'est la première fois qu'un tel projet de loi est déposé. Nous sommes maintenant en comité pour en débattre, et j'espère que les débats concluront à l'importance de voter en faveur de ce projet de loi.
Le projet de loi est très simple, au fond. Il ajoute dans le mandat du ministre des Affaires étrangères l'obligation de respecter intégralement le système de gestion de l'offre, en retirant au ministre la possibilité de négocier ces principes lors de futures négociations commerciales internationales. Le ministre ne pourra donc pas signer un traité qui aurait pour effet d'augmenter les contingents tarifaires, ce que nous appelons communément les quotas, pour les produits soumis à la gestion de l'offre, ou de diminuer le tarif applicable lorsque les importations dépassent le contingent prévu.
Il est étrange, par ailleurs, que le projet de loi soit si controversé, puisqu'il a fait l'objet de plusieurs consentements unanimes depuis le dépôt de la première motion en ce sens à la Chambre des communes, le 22 novembre 2005, par mon ancien collègue André Bellavance.
Puis, à la suite de chacun des accords de libre-échange, le Bloc québécois a voulu confirmer l'appui du Parlement envers la gestion de l'offre au moyen de motions demandant le consentement unanime. Chaque fois, les députés ont appuyé les motions et, chaque fois, le gouvernement a fait volte-face pour agir à l'opposé. C'est ce qui explique l'importance d'inscrire ces dispositions dans une loi, plutôt que dans une motion.
Dans le contexte du début des négociations de l'ALENA, le Bloc québécois a aussi déposé, le 26 septembre 2017, une motion pour que le gouvernement protège les marchés sous gestion de l'offre. Cependant, un peu plus d'un an plus tard, soit le 30 novembre 2018, le gouvernement reniait sa parole et signait l'ACEUM, un accord destiné à remplacer l'ALENA.
Ensuite, dans le contexte des négociations du Partenariat transpacifique, nous avons déposé une motion pour demander la protection du système de gestion de l'offre dans le cadre de cet accord. C'était le 7 février 2018. Un mois plus tard, le 8 mars 2018, le gouvernement reniait sa parole et signait le nouveau traité.
Puis, le jour de la fin du débat à l'étape de la troisième lecture du projet de loi de mise en œuvre de l'Accord de partenariat transpacifique global et progressiste, le Bloc québécois a demandé et obtenu le consentement unanime des parlementaires sur le fait que le gouvernement devait indemniser intégralement les producteurs sous gestion de l'offre pour les brèches contenues dans les trois accords. C'était le 5 octobre 2018. Une partie s'est réalisée par la suite.
Enfin, le 10 mars dernier, une majorité de députés, tous partis confondus, ont voté en faveur du principe du projet de loi , ce qui est encore plus significatif qu'une motion.
Je voudrais simplement rappeler aux membres du Comité ce que signifie, sur le plan procédural, un vote à l'étape de la deuxième lecture. Lorsqu'un député se lève à la Chambre pour appuyer l'adoption d'un projet de loi à l'étape de la deuxième lecture et son renvoi en comité parlementaire, au fond, il appuie le principe du projet de loi, soit son idée et sa portée générale. En tant que membres du Comité, vous êtes donc liés par ce vote. En effet, selon l'édition 2000 du manuel La procédure et les usages de la Chambre des communes, de Marleau et Montpetit, il est écrit ceci au chapitre 16: « Si le projet de loi a déjà été lu une deuxième fois, le comité est lié par la décision de la Chambre et ne peut apporter au projet de loi des modifications qui en contredisent le principe. »
Nous ne sommes donc pas ici pour débattre le pour et le contre de la gestion de l'offre; le principe a déjà été adopté à la Chambre. Nous sommes ici pour nous demander si le Canada devrait protéger certains pans de son agriculture de la concurrence étrangère, et ce, en fonction des règles des accords de l'Organisation mondiale du commerce, car je rappelle que le système de la gestion de l'offre respecte ces règles.
Nous ne sommes pas ici non plus pour nous demander si nous avons le droit de le faire. Nous le savons déjà. Des dispositions ont été prévues dans l'Accord général sur les tarifs douaniers et le commerce, soit le GATT, avant même la création de l'OMC.
Un grand nombre de pays ont d'ailleurs recours à ces dispositions. Il n'y a pas que nous qui protégeons certains produits. Tout le monde le fait, même les États qui nous le reprochent, parce que, comme ils ont toujours été protégés, ils veulent envahir ce qui reste de nos marchés du lait, des œufs et de la volaille.
De quoi voulons-nous protéger notre production, au fond? Nous voulons la protéger de la concurrence déloyale, en premier lieu. En effet, nos principaux partenaires, les États‑Unis, violent plusieurs règles du commerce international, tout en nous demandant de leur donner toujours plus d'accès. Ils subventionnent illégalement leur agriculture à hauteur de plusieurs milliards de dollars par année, ce qui réduit les coûts de production des producteurs et leur permet de revendre leurs produits localement ou ailleurs à un prix plus bas, ce qui est strictement interdit par l'OMC. Ils contestent sans cesse les aspects de nos politiques agricoles et forestières, comme on l'a vu récemment dans le cas du bois d'œuvre et des contingents de lait, malgré des décisions antérieures de l'Organe de règlement des différends de l'OMC. Ils sont un des pays les plus protectionnistes du G20, mais ils sont aussi l'un des plus gourmands sur le plan des demandes d'accès aux marchés.
D'autres accords se discutent présentement, notamment celui avec ce qu'on appelle le Mercosur, composé de pays d'Amérique latine, et encore d'autres accords se discuteront, inévitablement.
Je rappelle au passage que les 16 premiers accords de libre-échange signés par le Canada n'ont touché d'aucune façon la gestion de l'offre. Il est donc possible de discuter sans toucher à la gestion de l'offre.
Le système de la gestion de l'offre a été très affaibli par les dernières concessions faites par les secteurs soumis à ce système, qui doivent maintenant se réorganiser. Nous ne pouvons pas laisser les États‑Unis ou les autres pays nous forcer à abandonner nos politiques et nos pratiques agricoles.
Je ne sais pas ce que vous en pensez, mais, pour ma part, je trouve complètement aberrant qu'un État laisse un autre État lui dire ce qu'il a le droit d'importer ou d'exporter, et à quel prix il doit le faire. C'est pourtant ce qui se passe dans le cadre du nouvel ALENA.
Le Québec et le Canada sont des nations exportatrices. C'est indéniable: il n'est pas du tout question ici d'augmenter le niveau de protectionnisme. Ce que nous voulons, c'est de pouvoir maintenir un système qui fait ses preuves depuis presque 50 ans et qui permet toujours d'offrir des revenus raisonnables tout au long de la chaîne de production, de garder des familles dans nos régions et d'occuper notre territoire.
Le Canada a, comme il se doit d'en avoir, des politiques et des stratégies diversifiées pour que les producteurs puissent vivre de la terre et nourrir notre monde selon le modèle agricole qu'ils choisissent. Les producteurs sous gestion de l'offre, et même l'ensemble du monde agricole, que ce soit la Fédération canadienne de l'agriculture ou l'Union des producteurs agricoles, nous demandent simplement de préserver leur modèle agricole.
Je vous remercie.
Je suis prêt à répondre aux questions des membres du Comité.
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Bonjour, monsieur Plamondon.
Je le salue pour le travail qu'il accomplit depuis des années à la Chambre des communes. Je l'invite à ne pas prendre les mauvais plis des ministres qu'il a entendus au fil des années en prenant beaucoup de temps pour répondre, car j'ai beaucoup de questions à lui poser aujourd'hui.
Tout d'abord, je salue l'initiative de mon collègue. Le projet de loi a un objectif cher aux producteurs sous gestion de l'offre: dans les prochaines ententes de libre-échange avec d'autres pays, il ne doit pas y avoir de nouvelles concessions en matière de gestion de l'offre. Je partage cette position, de même que mon parti.
En fait, c'est un engagement qui avait été pris par tous les chefs de parti de la Chambre, et il a été réitéré après l'accord catastrophique signé avec les États‑Unis. Je pense que c'est le bon qualificatif pour le décrire. Nous avons cédé non seulement des contingents, mais aussi notre souveraineté en matière d'exportation de lait en poudre. Bref, il y a beaucoup de travail à faire.
Ma question au député est la suivante: fait-il confiance aux libéraux pour respecter cette loi, si elle devient réalité, oui ou non?
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Je vous remercie de la question.
Comme je l'ai dit dans mon exposé, le projet de loi limite le pouvoir du ministre de concéder quoi que ce soit lors de négociations internationales. Je vous le disais tout à l’heure, dans les 16 premières ententes de libre-échange signées par le Canada, on a réussi à garder intacte la gestion de l'offre.
Chaque pays a ses produits sensibles qu'il protège. Nous avons aussi nos produits sensibles et nos façons de faire de l'agriculture, qui sont uniques, et nous les protégeons.
Le but du projet de loi est de continuer de protéger, dans les négociations futures, le principe de la gestion de l'offre, qui existe depuis 50 ans. Ce qui est fait est fait. Il y a eu des brèches, et c’est malheureux. Cependant, on peut s'y prendre autrement lors des négociations futures, comme celles qu'on s’apprête à faire avec l’Amérique latine.
Je vais vous donner un autre exemple. En raison du Brexit, la Grande‑Bretagne est devenue indépendante de l’Union européenne. Elle négocie actuellement un traité de libre-échange. Or, quand nous avons concédé 3 % à l’Union européenne, la Grande‑Bretagne faisait partie du système. Il ne faut pas qu’elle ait un autre morceau du libre-échange, il ne faut pas qu'une autre brèche soit ouverte pour la Grande‑Bretagne. Il faut qu'elle demande sa part à l’Union européenne, car l'accord a été négocié pour toute l’Union européenne.
Les négociateurs doivent donc prendre des positions très fermes. Lorsqu'ils s’assoiront à une table de négociations et qu'on proposera de toucher au libre-échange, ils pourront répondre de façon catégorique que, selon la loi canadienne, il est illégal pour eux de faire de telles négociations, un point c'est tout. Les négociations porteront alors sur d'autres choses. C’est un principe assez simple.
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Merci, madame la présidente.
Je salue l’ensemble de mes collègues.
Je salue également mon collègue M. Plamondon et le remercie d'avoir présenté ce projet de loi, qui viendra sans doute régler des difficultés de longue date. Bien sûr, rien n’est parfait, et il n’existe pas de solution magique, mais il est préférable d'avoir des dispositions légales à cet égard que de ne pas en avoir. Cela me semble aller de soi.
Avant de vous poser ma question, monsieur Plamondon, je dois rectifier quelques faits.
Premièrement, les obligations incluses dans le projet de loi s'appliquent avant la loi de mise en œuvre d'un accord. Autrement dit, ce sera inscrit dans le mandat du ministre: il lui sera interdit de prendre des engagements au nom du Canada. Il n'est donc pas du tout question ici d'un projet de loi de mise en œuvre d'un accord.
J'aimerais aussi préciser une autre petite chose, à la suite de l'intervention précédente de notre collègue. Les secteurs sous gestion de l’offre ne reçoivent aucune subvention à la production. C’est important de le mentionner aussi.
Monsieur Plamondon, j'aimerais vous poser une question qui est en quelque sorte une question rhétorique.
Certains de nos adversaires nous disent que le projet de loi pourrait nuire à d’autres secteurs lors de négociations. Lorsqu'il est question de gestion de l’offre, j'ai l'impression que tout le monde est croyant, mais qu'il n’y a pas beaucoup de pratiquants. En effet, on entend souvent des élus dire qu’ils appuient entièrement la gestion de l’offre et qu’ils s’engagent à la maintenir dans son intégralité, mais qu'il ne faudrait pas se priver de certaines occasions lors de négociations à venir. Finalement, on dit qu'on va maintenir la gestion de l'offre dans son intégralité, mais qu'on veut se garder la possibilité d'ouvrir une brèche.
Cet argument en lui-même ne vient-il pas justifier la nécessité du projet de loi?
D'abord, je voudrais vous remercier du discours que vous avez prononcé lors de la première heure de débat sur le projet de loi . Je vous ai écouté religieusement et j'ai été très impressionné par votre façon de faire valoir vos arguments et de défendre la gestion de l'offre.
Le problème que vous avez souligné concernant les libéraux demeure toujours un problème politique, bien sûr. Cependant, comme je le disais tout à l'heure, ils font face à une pression grandissante de la part des agriculteurs. Manquer à leur parole leur serait extrêmement coûteux, d'après moi, car les producteurs assujettis à la gestion de l'offre fondent beaucoup d'espoir dans ce projet de loi. C'est ce qu'ils nous ont dit lorsque nous les avons rencontrés. S'il est adopté, cela leur permettra de faire des investissements, par exemple, parce qu'ils n'auront plus peur d'une brèche qui pourrait s'ouvrir et mettre en péril leur entreprise.
Par ailleurs, beaucoup de producteurs parlent de produire de nouveaux produits. Il y a quelque chose qui se passe au Saguenay—Lac‑Saint‑Jean, où des agriculteurs se sont regroupés pour faire de la recherche‑développement afin d'obtenir de meilleurs résultats et de concevoir des produits qui sont recherchés par la population. Quand on a l'assurance que le système de gestion de l'offre est sûr, on peut penser à concevoir de nouveaux produits, et donc à faire fonctionner davantage l'économie.
Ce que nous proposons ne constitue pas un frein, loin de là. Certains disent que ce serait comme mettre un frein au libre-échange, mais c'est loin d'être le cas. J'ai même déjà entendu quelqu'un dire que le système de gestion de l'offre était une espèce d'aide sociale du fédéral, alors qu'aucune subvention n'est donnée pour la gestion de l'offre. On pense que les producteurs soumis à la gestion de l'offre sont passifs, mais ce n'est pas du tout le cas. Il y a énormément de dynamisme. Par exemple, dans la production de fromages, au Québec comme partout ailleurs au Canada, c'est incroyable. Soit dit en passant, j'ai goûté des fromages de votre région qui sont extraordinaires. Nous pouvons concurrencer le marché européen. Notre système est donc très dynamique.
Alors, je ne vois pas comment les libéraux pourraient dire qu'ils ont dit oui, mais qu'au fond ils voulaient dire non, et qu'ils sont prêts à ouvrir des brèches dans la gestion de l'offre et à négocier cela. Ce serait extrêmement difficile. En fin de compte, le projet de loi est un obstacle supplémentaire au maintien du comportement qu'ils ont actuellement.
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Merci beaucoup au député d'être ici aujourd'hui et de présenter son projet de loi d'initiative parlementaire sur un sujet très important.
Je ne suis pas agriculteur en tant que tel, mais l'histoire des Sheehan est celle de bien des gens au Canada. Mes ancêtres ont traversé l'océan pendant la famine, et les parents de mon arrière-grand-père sont tous deux morts au cours du voyage. Il a été adopté par des Québécois. Il a pu garder son nom et a été élevé dans une ferme. Il s'est finalement retrouvé dans l'Ouest à exploiter sa propre ferme, mais est revenu dans le Nord de l'Ontario quand son exploitation a été détruite par la grêle. Ce sujet est très cher à ma famille.
Par conséquent, je vous remercie beaucoup pour votre projet de loi d'initiative parlementaire.
Pour que les choses soient claires, lorsque le projet de loi a été présenté au Parlement, les libéraux l'ont appuyé, car il compte beaucoup pour eux. Je suis sûr que le député saura qui a voté et qui n'a pas voté en faveur de ce projet de loi, comme le savent tous ceux d'entre nous qui ont déjà présenté des projets de loi d'initiative parlementaire. Je ne peux pas parler pour les autres partis et dire qui a voté pour quoi, mais nous croyons fermement au système de gestion de l'offre. Il est essentiel pour les agriculteurs de ce grand pays et du Québec, surtout pendant la pandémie, et nous le défendrons toujours.
Je veux simplement préciser que nous avons également dit que nous n'accorderons plus d'accès au marché aux secteurs soumis à la gestion de l'offre dans le cadre des futures négociations commerciales et que nous nous sommes engagés à verser une indemnisation de 1,75 milliard de dollars à nos producteurs laitiers. Je tiens simplement à ce que ce soit consigné dans le compte rendu.
Les recettes agricoles, y compris dans les zones soumises à la gestion de l'offre, celles des produits laitiers et de toutes les activités agricoles, ont augmenté de 8,3 % en 2020, ce que j'ai trouvé très étonnant pendant la pandémie. Le député a‑t‑il d'autres suggestions sur la façon dont nous pourrions renforcer le secteur agricole?
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De nombreux programmes pourraient être améliorés, à la demande des producteurs et des productrices agricoles. Si je m'en tiens à la gestion de l'offre, je dirais que ces gens veulent surtout de la stabilité. Ils veulent avoir l'assurance que, s'ils investissent, on n'ouvrira pas une brèche qui amputera encore une fois de 3 % leurs revenus. C'est d'autant plus important pour ceux qui veulent faire progresser ou accroître leur entreprise. La relève agricole est donc très inquiète.
En effet, les dernières brèches ont été néfastes à certaines fermes. Cela a touché non seulement le Québec, mais également le reste du Canada, notamment l'Ontario, étant donné que la gestion de l'offre existe dans toutes les provinces. Partout, la situation a été très difficile. Pour pratiquement n'importe qui, au Québec et au Canada, une baisse de revenus de 10 % a un effet considérable, voire dramatique. Cela a été le cas pour la relève agricole. Ces gens veulent donc surtout de la stabilité.
Pour ce qui est des autres programmes, par exemple ceux de développement, bien des demandes qui sont faites par le monde agricole seraient réalisables à court terme, ou même à très court terme. À cet égard, le gouvernement ne semble pas suffisamment à l'écoute. J'espère que les élections qui approchent donneront lieu à des prises de conscience et que ces attentes pourront être comblées.
Il est vrai que, globalement, le monde agricole s'en est assez bien sorti au cours de la dernière année. Comme vous l'avez dit, les recettes ont augmenté d'environ 8 %. Tout va bien, mais le soutien qui est offert à certaines productions doit continuer. Pour ce qui est des producteurs sous gestion de l'offre, ils ne reçoivent pas de subventions pour être en mesure d'agir; ce qu'ils demandent, c'est de la protection.
Je souhaite la bienvenue à tous nos témoins.
Nous recevons aujourd'hui Patrick Taillon, professeur de droit constitutionnel de la Faculté de droit de l'Université Laval, qui témoigne à titre personnel.
Nous accueillons également Dan Darling, président, et Claire Citeau, directrice générale, de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire.
Nous entendrons aussi Bob Lowe, président, et Fawn Jackson, directrice des Relations internationales et gouvernementales, de la Canadian Cattlemen's Association.
Nous recevons enfin Pierre Lampron, président des Producteurs laitiers du Canada, et Daniel Gobeil, président des producteurs de lait du Québec.
Monsieur Taillon, je vous accorde la parole. Vous pouvez présenter votre exposé.
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Merci, madame la présidente.
D'abord, je remercie les membres du Comité de cette invitation.
En ce qui me concerne, je voudrais bien distinguer deux aspects de mon témoignage: je tiendrai des propos à titre personnel et à titre de citoyen qui appuie le projet de loi , mais je tiendrai surtout des propos qui s'inscrivent davantage dans mon domaine d'expertise, c'est-à-dire le droit constitutionnel.
Évidemment, à titre personnel, comme citoyen, il me semble évident qu'il y a des intérêts à protéger, des intérêts stratégiques pour le Québec et le Canada. La crise sanitaire nous montre que l'autonomie, notamment l'autonomie alimentaire, et la production locale sont plus importantes que jamais.
Cependant, c'est surtout à titre d'expert en droit constitutionnel que je m'adresse à vous. Mon message est simple et se résume ainsi: il est juridiquement possible d'accroître le rôle du Parlement dans ces débats. C'est pourquoi il faut bien distinguer, dans ce débat, la question fondamentale de la capacité du Parlement à s'imposer et l'opportunité politique de le faire. Le droit ne doit pas servir ici de prétexte.
Il existe entre l'exécutif et le législatif des rapports complexes. Parfois, il est opportun de laisser la plus grande marge de manœuvre possible à l'exécutif. Notamment, lorsqu'il doit prendre des décisions rapidement, il doit bénéficier d'une certaine flexibilité. Parfois, c'est l'inverse: il faut moins de marge de manœuvre pour l'exécutif et il faut que le Parlement puisse poser des limites. Dans les deux cas, toutefois, il revient toujours au législateur d'établir cet équilibre. Ce sont aux parlementaires de décider des questions pour lesquelles leur pouvoir de dernier mot, leur souveraineté parlementaire, doit l'emporter sur la nécessaire marge de manœuvre de l'exécutif.
Les intérêts protégés par la gestion de l'offre méritent-ils une protection accrue, une dose supplémentaire de débats parlementaires, ou faut-il donner un chèque en blanc à l'exécutif? C'est une question d'opportunité politique. À titre de citoyen, je réponds oui, mais surtout, à titre d'expert du droit constitutionnel, je crois qu'il n'y a pas de doute que, procéduralement, juridiquement et constitutionnellement, il est possible pour le Parlement d'encadrer l'action de l'exécutif sur ces questions d'affaires étrangères. Il le fait déjà. Le Parlement fait déjà un encadrement, par l'entremise de l'article 10 de la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement. Ce que le projet de loi propose, c'est de faire un pas de plus, d'apporter une précision supplémentaire dans cet encadrement, dans cette habilitation, mais aussi dans l'imposition de certaines limites à l'action du pouvoir exécutif.
Évidemment, il faut toujours rester conscient que ce n'est pas parce qu'on implique davantage le Parlement dans ces décisions que tout devient automatiquement figé pour l'éternité. Le Parlement reste souverain. À mon sens, l'intérêt du projet de loi est de démocratiser le débat entourant ces questions, étant donné que, si ces intérêts associés à la gestion de l'offre doivent être remis en question, un débat parlementaire devra avoir lieu. La loi exigera, en quelque sorte, qu'on donne aux parlementaires une voix prépondérante sur ces questions. Donc, les parlementaires seront toujours libres de revenir sur ces questions, mais ils auront à tout le moins imposé au travail de l'exécutif des limites pertinentes, utiles et politiquement opportunes.
En conclusion, le Parlement peut encadrer l'exercice des pouvoirs statutaires du ministre qui sont prévus à l'article 10 de la Loi sur le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement. Après, aller dans cette direction est un choix politique qui appartient aux élus de la Chambre.
À titre d'expert, je vous dis que la voie procédurale existe; à titre de citoyen, je crois qu'il est opportun de l'emprunter.
Merci.
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Bonjour, madame la présidente et distingués membres du Comité. Je vous remercie de nous offrir l'occasion de témoigner aujourd'hui.
Je m'appelle Dan Darling et je suis président de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire, ou ACCA. Comme vous le savez, nous nous faisons les porte-paroles des exportateurs canadiens de produits agroalimentaires afin d'établir un environnement commercial international plus ouvert et plus équitable dans les secteurs agricole et agroalimentaire. Je témoigne aujourd'hui pour faire comprendre au Comité que les parlementaires ne devraient pas appuyer le projet de loi .
Permettez-moi de commencer en précisant que nos observations se fondent sur des décennies d'expertise dans le domaine des politiques commerciales internationales et des accords commerciaux, qu'ils soient multilatéraux, régionaux ou bilatéraux. Nous représentons 90 % des agriculteurs qui dépendent du commerce, ainsi que des transformateurs d'aliments et des exportateurs de produits agroalimentaires qui veulent faire croître l'économie grâce à un meilleur accès aux marchés extérieurs. Nos membres œuvrent dans les industries du bœuf, du porc, des grains, des céréales, des oléagineux, des légumineuses, du soya, du canola, du malt, du sucre et des aliments transformés. Collectivement, nous effectuons plus de 90 % des exportations de produits agroalimentaires du Canada et offrons un million d'emplois dans les communautés urbaines et rurales du Canada. Une bonne part de ces ventes et de ces emplois n'existeraient pas sans accès concurrentiel aux marchés internationaux. Voilà pourquoi nous exhortons le Comité à examiner soigneusement le projet de loi en tenant compte des intérêts stratégiques du Canada et d'un secteur dépendant des exportations comme l'industrie agroalimentaire. Ce projet de loi a des répercussions à bien des égards et pourrait, par inadvertance, avoir de nombreuses conséquences sur un pays dépendant des exportations comme le Canada.
Nous nous préoccupons fort de l'exclusion de produits ou de secteurs dans le cadre de négociations commerciales, une manœuvre qui pourrait nuire à nos relations avec des partenaires commerciaux clés et ébranler les fondations du moteur économique de notre pays commerçant. Le projet de loi est contraire non seulement aux règles commerciales, mais également à nos intérêts, liant essentiellement les mains de nos négociateurs avant même le début des négociations. Il réduirait ainsi considérablement la capacité du gouvernement de négocier les accords les plus bénéfiques pour le Canada et, par voie de conséquence, pour les exportateurs et les travailleurs canadiens. Le projet de loi nuit donc à notre capacité de favoriser la croissance et de protéger des emplois dans toutes les régions du pays.
Ce n'est pas un petit secteur qui s'en trouverait perturbé. Avec l'industrie agricole en général, laquelle constitue déjà un moteur économique clé dans toutes les régions du pays, le secteur de la fabrication d'aliments fournit des centaines de milliers d'emplois dans les villes canadiennes. En fait, le secteur de la fabrication d'aliments est plus imposant que ceux de l'automobile et de l'aérospatiale réunis. Ainsi, un projet de loi comme celui‑ci établirait un dangereux précédent en invitant d'autres secteurs et partenaires commerciaux à réclamer des exclusions lors de négociations commerciales.
Il n'est pas déraisonnable de considérer que le fait d'encourager des pays à éviter de faire des concessions importantes de leur côté ne peut que donner des résultats commerciaux moins ambitieux et moins intéressants dans tous les secteurs. Au bout du compte, comme le projet de loi empêcherait les partenaires d'espérer seulement faire un gain, petit ou grand, dans ces secteurs, le Canada soit moins invité à participer aux diverses négociations bilatérales et multilatérales, et risquerait d'entrer en confrontation avec les États-Unis et de nombreux autres partenaires commerciaux, notamment lorsque vient le temps de réexaminer, de prolonger ou de moderniser des accords commerciaux existants.
En fournissant des munitions aux autres pays commerçants qui menacent de déchirer des accords commerciaux, on ébranle sérieusement les relations du Canada, la stabilité et la prévisibilité dont on a grand besoin, et les fondations mêmes de notre économie dépendante du commerce. S'il est une leçon que nous devrions tirer de la renégociation de l'ALENA, c'est qu'il ne faut pas tenir les accords de libre-échange pour acquis. Nous devrions également nous attendre entièrement à ce que la concurrence soit plus féroce que jamais dans l'économie mondiale au sortir de la pandémie. Ce n'est pas le moment d'ériger de nouveaux obstacles au commerce ou de placer notre pays dans une position stratégique désavantageuse.
En conclusion, nous vous demandons de vous opposer au projet de loi . Ce faisant, vous permettrez au Canada de préserver sa forte capacité de négocier des accords commerciaux globaux et l'aiderez à assurer sa réussite économique à long terme en ayant à cœur l'intérêt national.
Je vous remercie de votre attention. Je répondrai avec plaisir à vos questions.
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Bonjour, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Bob Lowe et je suis président de la Canadian Cattlemen's Association, ou CCA. Fawn Jackson, directrice des Relations internationales et gouvernementales, m'accompagne aujourd'hui.
La CCA est enchantée d'avoir l'occasion de donner son avis sur le projet de loi .
La CCA représente près de 60 000 éleveurs de bovins des quatre coins du pays. L'industrie du bœuf constitue un important moteur de l'économie canadienne, étant la deuxième source de revenus agricoles, faisant un apport de 21,8 milliards de dollars au produit intérieur brut au prix du marché et offrant près de 348 000 emplois équivalent temps plein.
Le libre-échange est essentiel à la réussite de l'industrie canadienne du bœuf, puisque 50 % du bœuf canadien est exporté partout sur le globe. Une industrie du bœuf florissante offre au Canada des occasions économiques, environnementales et sociales substantielles. Exportation et développement Canada a fait savoir que les exportations agricoles du Canada augmentent trois fois plus rapidement que la moyenne nationale, confirmant ainsi que les produits agricoles constituent des générateurs nets de revenus pour l'économie canadienne et un secteur en constante croissance.
Malgré les importants déboires que l'industrie du bœuf a connus dans la foulée de la COVID‑19, sa valeur commerciale s'est accrue de 1,4 % en 2020 par rapport à 2019, établissant un nouveau record au chapitre de la valeur des exportations. Le fait que le secteur ait connu une année record en dépit des difficultés engendrées par la COVID‑19 prouve la résilience du secteur et montre le rôle important qu'il peut jouer dans la reprise verte du Canada.
La CCA est membre de l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire et appuie sa position à l'égard du projet de loi . Comme elle l'a indiqué dans son mémoire et dans l'exposé présenté aujourd'hui, ce projet de loi aura d'importantes conséquences néfastes sur la politique et les négociations commerciales, et du point de vue politique et économique. À l'instar de l'ACCA, la CCA se préoccupe fortement de ce projet de loi et de la loi politique qui exclurait des produits et des secteurs des négociations commerciales, puisque cela nuirait à nos relations avec des partenaires commerciaux clés et ébranlerait les fondations du moteur économique de notre pays commerçant.
Le projet de loi est contraire à nos intérêts, liant essentiellement les mains de nos négociateurs avant même le début des négociations, réduisant ainsi considérablement la capacité du gouvernement de négocier les accords les plus bénéfiques pour le Canada, notamment pour les exportateurs canadiens. Le projet de loi nuirait donc à notre capacité de favoriser la croissance et de protéger des centaines de milliers d'emplois dans toutes les régions du pays.
Je reprendrai presque mot pour mot les propos de M. Darling. Ce projet de loi établit un dangereux précédent en invitant d'autres secteurs à réclamer des exclusions lors des négociations commerciales, ce qui donnerait des résultats moins ambitieux et moins intéressants du point de vue commercial dans tous les secteurs.
Nous encourageons fortement les députés à s'opposer au projet de loi pour permettre au Canada de préserver sa forte capacité de négocier des accords commerciaux globaux qui l'aident à assurer sa réussite économique à long terme, avec à cœur les intérêts nationaux.
La CCA vous remercie de lui avoir donné l'occasion de donner son avis sur le projet de loi et se fera un plaisir de fournir au Comité tout renseignement supplémentaire qu'il pourrait souhaiter obtenir.
Je vous remercie beaucoup.
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Bonjour. Au nom de tous les producteurs laitiers du Canada, je vous remercie de l'invitation à comparaître aujourd'hui.
Je m'appelle Pierre Lampron et je suis président des Producteurs laitiers du Canada. Je suis également producteur laitier à Saint‑Boniface, au Québec. Je suis accompagné aujourd'hui de M. Daniel Gobeil, qui est président des Producteurs de lait du Québec. Nous représentons les familles de producteurs venant de plus de 10 000 fermes partout au Canada.
Le secteur laitier canadien ainsi que le secteur de la volaille et des œufs sont régis par le système de la gestion de l'offre. Malheureusement, la gestion de l'offre a été affaiblie par les récents accords commerciaux. Le contrôle des importations, qui permet d'ajuster efficacement l'offre à la demande, est l'un des piliers de la gestion de l'offre. Lorsqu'on donne accès à notre marché intérieur, cela érode le système.
Tous les partis politiques siégeant à la Chambre des communes reconnaissent l'importance de la gestion de l'offre et se sont engagés à ne plus accorder de concessions de marché dans les futurs accords commerciaux, afin de protéger la gestion de l'offre. Le projet de loi obligerait les négociateurs canadiens à respecter cet engagement unanime. Il est temps que le soutien politique se traduise par des actions concrètes pour exclure complètement les produits laitiers des futures concessions d'accès au marché intérieur.
Les producteurs laitiers reconnaissent l'importance du commerce international pour l'économie canadienne. Nous comprenons la nécessité pour le Canada d'explorer et de conclure de nouveaux accords commerciaux. Toutefois, les concessions sur les produits laitiers ont été utilisées comme levier pour permettre au Canada d'adhérer aux trois récents accords commerciaux qu'il a signés. Les concessions consenties lors de ces trois accords représentent pour les producteurs laitiers une perte annuelle de revenus de 450 millions de dollars. De plus, si l'on tient compte de l'accès consenti dans les accords de l'Organisation mondiale du commerce, près de 18 % de notre production intérieure sera donnée aux producteurs laitiers d'autres pays. Leurs produits remplaceront ceux fabriqués avec du lait canadien sur les tablettes de nos épiceries.
Chers membres du Comité, il y a des limites à ce qu'un secteur de l'économie peut endurer. Nous en avons assez que notre secteur soit sacrifié lors des accords commerciaux. Notre gouvernement doit s'abstenir, dans toutes les futures négociations commerciales, de sacrifier les secteurs sous gestion de l'offre.
Je vais maintenant céder la parole à mon collègue M. Gobeil.
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Je vous remercie, monsieur Lampron.
Les indemnisations octroyées par le gouvernement ne réparent pas les dommages à long terme causés par les accords commerciaux. Au lieu de recevoir des indemnisations, les familles des producteurs laitiers auraient préféré qu'aucune concession du secteur laitier n'ait été accordée, ce qui leur aurait permis, bien sûr, de profiter de la croissance du secteur. Les concessions avec promesses d'indemnisation ne sont pas un modèle pour les négociations commerciales.
Il est possible de conclure des accords commerciaux sans sacrifier le secteur laitier. Depuis 1997, le Canada a négocié avec 15 pays 12 accords commerciaux sans accès à notre marché intérieur. Le plus récent accord de continuité avec le Royaume‑Uni prouve encore une fois que le Canada peut conclure des accords de libre-échange avec d'autres pays sans offrir un nouvel accès au marché laitier canadien.
Cela doit être la norme, à l'avenir: les négociations d'accords de libre-échange ne devraient jamais être faites au détriment d'un secteur en particulier. Le désir de certains secteurs d'élargir leurs marchés à l'exportation est légitime et devrait être une priorité pour le gouvernement, mais l'on ne doit pas sacrifier les intérêts d'un secteur pour en favoriser un autre.
Que signifie une industrie laitière dynamique, en ces temps de pandémie? Cela signifie une sécurité alimentaire, de l'emploi, un meilleur accès à l'infrastructure rurale et, bien sûr, une économie forte qui profite à tous les Canadiens et à toutes les régions du Canada. Chaque fois qu'un accès supplémentaire à nos marchés intérieurs est cédé, les répercussions sont ressenties par les familles de producteurs laitiers de tout le pays. Le seul modèle viable pour l'avenir est l'exclusion ferme de notre marché laitier intérieur des négociations commerciales. Le projet de loi vient consolider cet engagement politique maintes fois répété en campagne électorale.
Le fait d'appuyer ce projet de loi et de retirer des futures négociations commerciales toute concession du marché intérieur pour les secteurs sous gestion de l'offre enverrait un signal fort. Nous croyons que le choix est clair: l'adoption de ce projet de loi permettra à nos producteurs de continuer à livrer des produits agricoles salubres, nutritifs et de grande qualité, et à continuer de nourrir le pays pour les prochaines générations.
Je vous remercie. Nous serons heureux de répondre à vos questions.
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Merci, madame la présidente.
Je remercie mon collègue de m'accorder ce temps si précieux.
Je remercie tous les témoins. C'est une discussion très importante que nous entamons aujourd'hui et que nous allons continuer pendant plusieurs réunions.
Ma première question s'adresse à Mme Citeau et à son collègue.
Comme vous le savez, notre gouvernement s'est engagé à ne plus faire de concessions sur le système de gestion de l'offre lors de futures négociations commerciales. Nous reconnaissons que ce système est fondamental pour nos fermiers. C'est la raison pour laquelle nous nous sommes engagés de cette façon. Ici, au Québec, où je me trouve, c'est plus de 10 000 fermes laitières que nous soutenons directement et indirectement.
Je sais que l'Alliance canadienne du commerce agroalimentaire et vous avez certaines préoccupations à l'égard du projet de loi . D'après votre présentation et vos réponses, je comprends que vous parlez surtout de problèmes concernant de futurs accords commerciaux.
Craignez-vous pour les autres fermiers et les autres secteurs agroalimentaires? Ne pourrait-on pas faire les deux choses en même temps?
Je vous laisse le temps de répondre.
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Je vous remercie de la question.
Je vais commencer par répondre en français, puis je vais passer à l'anglais rapidement.
Je veux réitérer que nous ne parlons qu'au nom de nos membres et du secteur que nous représentons.
Le premier point que je voulais mentionner constituera peut-être un rappel. Je pense que personne n'a besoin de se faire rappeler avec quelle facilité il est possible de rouvrir des accords de libre-échange. Nous l'avons vu dans le cadre du nouvel ALENA. Lorsqu'on a un poids politique, il est relativement facile de demander la réouverture d'accords de libre-échange. C'est un élément à prendre en considération.
Le reste de ma réponse sera en anglais.
[Traduction]
Je peux peut-être ajouter quelque chose aux observations que Dan Darling a formulées plus tôt. Je pense qu'il importe de se rappeler que la politique commerciale dépend beaucoup des discussions d'ordre technique et politique, lesquelles doivent se tenir en parallèle pour finalement se fusionner afin de conclure des accords. C'est ainsi que les choses se passent à l'heure actuelle avec les vaccins et l'AECG. Même si l'accord est conclu, ratifié et mis en œuvre, nos membres — vous ne vous en étonnerez pas — continuent de se heurter à des problèmes techniques qui nuisent à nos exportations. Nous devons donc poursuivre les discussions d'ordre technique et surtout les efforts politiques pour éliminer les obstacles à l'exportation. Si on limite la capacité des négociateurs et du gouvernement de manœuvrer avant la conclusion de l'accord, mais aussi après sa mise en œuvre, la situation pourrait être réellement problématique, puisque nous pourrions être incapables d'en arriver à une résolution concernant les obstacles non tarifaires.
Monsieur Darling, peut-être voulez-vous ajouter quelque chose.
Je remercie le député M. Blaikie de la question. Je vais tenter d'y répondre le plus clairement possible.
De telles règles n'existent pas. Le Parlement peut donner une grande marge de manœuvre à l'exécutif, mais il peut aussi l'encadrer. Il n'y a pas de règle qui empêche le Parlement d'encadrer les négociateurs du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement. En revanche, rien n'est irréversible, c'est-à-dire qu'une décision prise par le Parlement aujourd'hui pour offrir certaines protections peut être défaite par le Parlement dans l'avenir. Le Parlement restera toujours libre de revenir sur une décision, si nécessaire. Cela va de soi.
D'après ma compréhension du projet de loi , il s'agit d'un moyen pour augmenter le poids des négociateurs. Autour de la table, si l'on veut faire des compromis qui touchent la gestion de l'offre, les négociateurs pourront établir clairement que la loi canadienne le leur interdit en ce moment et que, pour aller dans cette direction, ils doivent retourner devant le Parlement du Canada pour obtenir une permission ou faire modifier la loi.
Au fond, de cette manière, le Parlement reprend en quelque sorte le contrôle de ces questions, par rapport à l'exécutif. On injecte alors une forme de transparence, de parlementarisme et de démocratie dans le processus. Si le projet de loi est adopté, il y aura une interdiction de principe et, pour créer l'exception, il faudra revenir devant le Parlement.