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Je suis ravie de vous rencontrer en si grand nombre ce matin.
Bonjour, monsieur le président.
[Français]
Membres du comité, je vous remercie de votre invitation.
Je suis accompagnée aujourd'hui de quatre directeurs principaux qui sont responsables de la coordination des vérifications que nous faisons. Neil Maxwell, Richard Arseneault, John Affleck et John Reed dirigent depuis plusieurs années les travaux du Bureau du commissaire à l'environnement et au développement durable.
Nous faisons partie du Bureau du vérificateur général du Canada. Nous vérifions les activités du gouvernement fédéral et nous faisons part au Parlement de toute question d'importance dans le domaine de l'environnement et du développement durable.
Certains membres de ce nouveau comité permanent connaissent déjà nos travaux, d'autres non. Je suis donc heureuse d'avoir l'occasion de vous faire connaître notre mandat, de passer en revue certains des travaux que nous avons déjà réalisés et de présenter quelques travaux de vérification à venir, qui sauront sans doute être d'intérêt pour vous.
Nous avons trois secteurs d'activité: les vérifications de gestion et de performance; la surveillance des stratégies de développement durable des ministères et la préparation de rapports à ce sujet; et le processus de pétition en matière d'environnement.
[Traduction]
Dans chacun de nos rapports annuels au Parlement, nous présentons de trois à six vérifications de la gestion des programmes gouvernementaux en vue de nous assurer que les programmes sont bien gérés, et qu'ils respectent l'environnement, les normes environnementales et les objectifs en matière de développement durable établis par le gouvernement.
Parmi les vérifications de gestion récentes qui ont porté sur les sujets relevant du comité, il faut mentionner « L'aide gouvernementale aux investissements dans le secteur de l'énergie » en 2000 et un vaste rapport publié en 2001 sur les Grands Lacs. En 2002, nous avons produit le chapitre sur les mines abandonnées du Nord et, en 2004, nous avons vérifié le processus des évaluations environnementales stratégiques qui permet de mesurer les répercussions des politiques, des plans et des programmes sur l'environnement.
Comme vous le savez, tous les ministères élaborent une stratégie de développement durable et la présentent tous les trois ans à la Chambre des communes. Nous examinons ces stratégies et vérifions certains des engagements qui y sont formulés. Par exemple, en 2004, nous avons vérifié l'engagement pris par Finances Canada de mieux intégrer l'économie et l'environnement au moyen du régime fiscal.
La stratégie de développement durable de Ressources naturelles Canada intéressera tout particulièrement le comité, car elle présente les engagements et les objectifs du ministère qui pourront servir au comité lorsqu'il étudiera toutes les questions ou préoccupations relatives aux ressources naturelles dont il sera saisi.
Le comité pourrait également s'intéresser aux travaux que nous avons menés pour recueillir des renseignements sur 41 engagements pris en faveur de la lutte contre le changement climatique et de l'efficacité énergétique dans diverses stratégies de développement durable. À titre d'information, j'ai apporté une documentation complète dans les deux langues officielles. Une copie a aussi été soumise hier au greffier du comité.
La Loi sur le vérificateur général a créé le processus de pétition en matière d'environnement en 1995. Depuis, des citoyens et des organismes canadiens ont présenté plus de 200 pétitions sur des dossiers mondiaux, nationaux et locaux qui portent sur l'environnement et le développement durable. La loi stipule que les ministres concernés doivent répondre directement aux pétitionnaires. Il va sans dire que bon nombre de ces pétitions concernent les ressources naturelles. En visitant notre site Web et en utilisant les outils de recherche qui s'y trouvent, vous pourrez consulter toutes les pétitions et les réponses qui vous intéressent.
Parmi les nombreuses pétitions susceptibles d'intéresser le comité, il faut mentionner la pétition no 158 sur les subventions en faveur de l'industrie pétrolière et gazière et les initiatives fédérales de lutte contre le changement climatique; la pétition no 159 sur la politique canadienne à l'égard de l'éthanol; les pétitions nos 95B et 164 qui portent sur l'évaluation environnementale fédérale d'un projet minier et d'aménagement routier dans le nord de la Colombie-Britannique; et la pétition no 60B sur la Loi sur la responsabilité nucléaire.
Selon la portée que le comité voudra donner à son mandat à l'égard des ressources naturelles, il pourrait trouver utile de consulter les résultats de nombreux travaux que nous avons publiés dans nos rapports antérieurs. Je pense surtout à trois vérifications dont traite mon rapport de 2005, soit « La Stratégie de gestion des océans du Canada », « L'intégrité écologique dans les Parcs nationaux du Canada » et « La Stratégie canadienne de la biodiversité: Une vérification de suivi ». Ces chapitres portent tous sur ces aspects de notre capital naturel.
Après avoir parlé de nos travaux passés, j'aimerais maintenant aborder nos travaux en cours.
Le rapport qui sera déposé à l'automne 2006 est entièrement consacré au changement climatique. Pour le moment, je ne peux pas vous dévoiler les constatations de nos vérifications. Je peux cependant vous dire que nous avons examiné les mesures prises par le gouvernement fédéral pour lutter contre le changement climatique, sa capacité à faire rapport sur les coûts et les résultats de ses efforts dans ce secteur ainsi que la manière dont le gouvernement définit les objectifs clés de réduction des gaz à effet de serre.
[Français]
De plus, nous cherchons à déterminer si le gouvernement a préparé des stratégies et des plans d'action visant l'adaptation aux changements climatiques et la gestion de ses effets. Nous examinons également les programmes mis en place par Ressources naturelles Canada pour réduire les gaz à effet de serre, notamment le programme Encouragement à la production d'énergie éolienne et le Programme d'expansion de l'éthanol.
Enfin, dans le chapitre qui portera sur les pétitions en matière d'environnement dans le rapport de 2006, nous avons vérifié la réponse donnée à une pétition sur l'achat d'énergie verte par les gouvernements. Par énergie verte, j'entends ici l'électricité produite à partir de nouvelles sources d'énergie renouvelable qui ont peu d'effets sur l'environnement.
Depuis la création du poste de commissaire à l'environnement et au développement durable en 1995, nous avons collaboré étroitement avec plusieurs comités parlementaires en leur transmettant de l'information objective et factuelle sur des programmes gouvernementaux. Nos rapports présentent des recommandations dont l'objectif est d'aider le gouvernement à obtenir de meilleurs résultats dans le secteur de l'environnement et du développement durable.
Puisque nous sommes au service du Parlement, nos travaux sont plus efficaces lorsque des comités parlementaires examinent les dossiers et font des suivis de nos vérifications. J'ai souvent constaté que les recommandations formulées dans les rapports des comités influent grandement sur le rendement des ministères, en raison de l'obligation du gouvernement de répondre à ces rapports. Les comités parlementaires peuvent demander aux ministères et aux ministres de rendre des comptes sur leurs engagements et sur les effets de leurs programmes sur l'environnement et le développement durable. Cela est particulièrement efficace lorsque les comités exigent que les ministères présentent régulièrement des rapports sur les mesures prises pour donner suite à leurs recommandations.
En résumé, la surveillance exercée par les comités, qui peuvent s'appuyer sur nos vérifications, les stratégies de développement durable et les pétitions, est un outil formidable destiné à permettre au Canada d'atteindre ses objectifs en matière d'environnement et de développement durable.
Monsieur le président, je termine ainsi ma déclaration d'ouverture. Ne sachant pas l'ampleur des sujets que vous désirez aborder, les directeurs principaux se sont préparés. Nous n'aurons peut-être pas réponse à toutes vos questions, mais si c'est le cas, il nous fera plaisir de vous transmettre les réponses par écrit au cours de la prochaine semaine.
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Merci, je voudrais ajouter quelque chose.
Ce que je vais vous dire n'est pas propre à Ressources naturelles Canada mais concerne sans doute la plupart des ministères. En effet, les mesures prises dans le cadre des stratégies sont importantes pour atteindre le développement durable, mais nous nous demandons si collectivement, cela suffit.
Je voudrais développer également un aspect que la commissaire a évoqué dans ses remarques liminaires. Pour les parlementaires et pour un comité parlementaire, ces stratégies sont très utiles car elles dressent la liste des engagements pris par un ministère en vue de protéger l'environnement, en vue d'atteindre le développement durable. Par exemple, en l'occurrence, nous avons constaté des engagements très intéressants pour accroître l'efficacité. Permettez-moi de vous en citer un exemple brièvement pour vous en donner une idée.
Par exemple, le ministère s'est engagé — et cela afin de réduire les émissions, agissant donc au niveau du changement climatique — et je cite: « D’ici 2006, réduire de 20 p. 100 l’intensité énergétique moyenne des bâtiments commerciaux et institutionnels rénovés grâce à l’octroi de stimulants financiers. » Voilà le genre d'engagements sur lesquels les parlementaires peuvent demander des comptes au ministère.
Une grande partie de notre travail porte là-dessus.
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Oui, j'ai quelque chose à dire à ce propos.
L'année dernière, nous avons examiné les responsabilités du gouvernement fédéral à l'égard de l'eau. Nous voulions cerner le cadre fédéral en matière d'eau, c'est-à-dire le cadre général de toutes les activités du gouvernement fédéral en ce qui concerne l'eau. Dix-neuf ministères touchent à l'eau de près ou de loin.
Comme vous le savez sans doute, il existe une politique fédérale pour l'eau qui remonte à 1987. Les rapports sur l'avancement des travaux préparés par le gouvernement fédéral s'arrêtent en 1994. Depuis, on ne sait plus rien. Cette politique est plus ou moins lettre morte. Elle existe encore mais elle n'est pas mise en oeuvre, d'après ce que nous pouvons constater.
Après Walkerton et d'autres incidents mettant en cause l'eau, le gouvernement fédéral a décidé de reprendre le dossier. Cela a donné lieu au cadre fédéral qui, à notre avis, est une bonne première mesure car on y trouve la perspective fédérale en matière d'eau. Il y a également cinq objectifs fixés par le gouvernement.
Mais il me faut dire que cela n'est pas encore diffusé dans le public. Nous avons demandé au gouvernement fédéral où en étaient les choses et essentiellement, elles sont dans une impasse. On nous a répondu qu'on voulait faire le lien avec un autre cadre. C'est donc cadre sur cadre, et ce n'est pas clair.
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Merci beaucoup d'être venus.
[Français]
J'aimerais parler de votre mandat. Pour nous, il est difficile de comprendre exactement la différence entre environnement et développement durable.
Comme vous le savez, le développement durable a été défini il y a assez longtemps. Je suis sûr que vous êtes au courant que, encore aujourd'hui, beaucoup de définitions disent clairement que le développement durable est du développement économique, que ce n'est pas la protection de l'environnement. L'environnement est une des composantes du développement durable. Il doit absolument y avoir un volet social important pour enrayer la pauvreté. Votre mandat définit-il clairement la différence entre les deux?
Dans votre présentation, au point 4, vous avez fait la différence entre l'environnement et le développement durable, chose qui n'apparaît pas dans les questions suggérées par le Service d’information et de recherche parlementaires de la Bibliothèque du Parlement. Dans ce document, l'environnement et le développement durable vont de pair.
De même, on a reproché à M. Mulcair, ancien ministre du Québec, d'avoir présenté un document sur le développement durable sans inclure l'environnement. Pour les groupes environnementaux, le développement durable signifie davantage la protection de l'environnement. Nous savons très bien que ce n'est pas ce que cela veut dire.
La protection de l'environnement et les changements climatiques sont une chose; le développement durable en est une autre. Faites-vous des interventions auprès des ministères qui ont davantage de besoins en matière de développement durable, comme le ministère des Ressources naturelles, que vous avez mentionné tout à l'heure, celui responsable de développement économique, ceux de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire, de l'Industrie, des Transports, de l'Infrastructure, des Finances, des Travaux Publics et Services gouvernementaux? Le développement durable a effectivement une place prioritaire dans ces ministères.
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Quel que soit le sujet de la vérification, nous nous assurons toujours que celle-ci traite à la fois de la dimension environnementale, sociale et économique. À titre d'exemple, lorsque nous avons fait la vérification des mines abandonnées dans le Nord, nous avons examiné les impacts économiques et sociaux, en plus des impacts environnementaux, qui étaient majeurs.
Dans les modifications apportées à la Loi sur le vérificateur général, il y a une définition du développement durable qui me donne toute la marge de manoeuvre nécessaire pour aller au-delà de la protection de l'environnement. De fait, nous faisons beaucoup plus que cela en termes de vérification.
En ce qui concerne les ministères, j'ai le pouvoir de les vérifier tous. Comme je le mentionnais plus tôt dans ma présentation, nous avons vérifié le ministère des Finances. Dans la majorité des cas, quel que soit le sujet de vérification, nous couvrons plusieurs ministères. Nous les avons pratiquement tous couverts au cours des 10 dernières années. Nous avons une marge de manoeuvre très large.
Le ministère de la Justice a sa propre stratégie de développement durable. Nous pouvons examiner les engagements qui sont pris à cet égard. Nous avons vérifié les ministères des Affaires étrangères, des Pêches et des Océans, de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Vous pouvez tous les nommer, car ils font tous l'objet, à un moment donné et avec plus ou moins d'importance, d'une vérification de notre part. Cela va donc beaucoup plus loin que le ministère de l'Environnement ou celui des Ressources naturelles.
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Merci. Je vais continuer, si vous me le permettez, car il me reste encore du temps.
Si on revenait justement aux ressources naturelles. J'ai bien apprécié ce que mon collègue M. Cullen disait tout à l'heure par rapport aux ressources naturelles, plus particulièrement au sujet du pétrole. Il est certain qu'il y a de la recherche à faire en développement durable.
Actuellement, nous sommes soumis à une autre chose. Vous connaissez un peu la conjoncture. Forcément, lors d'un changement de gouvernement, tout ce qui a été fait avant n'était pas bon, et tout ce qui est fait maintenant va être meilleur. Alors, je suis certain que vous vivez cette situation aussi difficilement que nous.
Par contre, on nous propose beaucoup d'éléments pour un changement vers l'éthanol. Avez-vous fait une étude particulière sur l'éthanol, non pas seulement sur le plan environnemental, mais aussi sur le plan du développement durable?
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Notre rapport sur le changement climatique comportera plusieurs chapitres.
Le premier porte sur des choses comme la gouvernance, soit comment le gouvernement fédéral s'organise pour agir dans le dossier du changement climatique. Le changement climatique représente ce que nous appelons une question horizontale car elle touche nombre de ministères, et non seulement cela, mais plusieurs administrations. Au niveau fédéral, nous avons étudié comment le gouvernement fédéral s'organise à Environnement Canada, à Ressources naturelles Canada, à Transports Canada, à Agriculture Canada et à Industrie Canada — chez tous les joueurs.
Nous nous étions déjà penchés sur la question et nous avions noté certains progrès. Nous nous penchons à nouveau sur ce dossier et depuis notre dernière étude il y a trois ans de nouveaux plans ont été élaborés. En 2005, de nouveaux changements ont été apportés aux projets canadiens en matière de changement climatique. Il semblerait qu'il y aura quelque chose de nouveau à l'automne également. C'est ce qu'on comprend après avoir lu les journaux. Nous ne sommes pas certains. Nous avons étudié comment le gouvernement mettait en oeuvre ces plans et quelle sorte de structure il avait mis sur pied pour assurer la coordination des efforts entre les divers services. Tous les intervenants doivent être consultés. C'est justement sur ce genre de choses que nous présenterons un rapport.
Nous avons également étudié le genre de données et d'analyses dont s'est servi le gouvernement pour établir les cibles qu'il s'est fixées, les cibles qui avaient été négociées pour Kyoto et celles qui ont été établies au Canada. Nous avons étudié quelles sortes d'analyses avaient mené à ces cibles. Nous aborderons ces questions dans notre rapport.
Nous nous sommes également penchés sur les instruments employés par le gouvernement. Par exemple, dans le secteur de l'automobile, on en est venu à un protocole d'entente. Nous avons étudié comment ce protocole avait été négocié et quels résultats on avait obtenus. Nous avons également étudié les échanges de droits d'émissions, un nouvel outil que le gouvernement a décidé d'utiliser pour composer avec le changement climatique. Nous voulions déterminer dans quelle mesure le gouvernement était prêt à mettre sur pied un programme d'échange de droits d'émissions. Vous pourrez vous renseigner là-dessus au premier chapitre.
D'autres chapitres portent par exemple sur l'impact du changement climatique et sur ce que le gouvernement fait pour aider les Canadiens à s'adapter à cette nouvelle réalité. Ça c'est un autre chapitre, le chapitre deux.
Au chapitre trois, nous nous penchons sur les programmes de Ressources naturelles Canada dont vient de vous parler ma collègue. Nous nous sommes également penchés sur les engagements pris en matière de durabilité par le gouvernement en ce qui a trait au changement climatique entre autres choses. Nous nous sommes penchés sur une pétition environnementale touchant le changement climatique, un programme visant à acheter de l'énergie verte pour le gouvernement fédéral, un programme dont Ressources naturelles Canada, Environnement Canada et Travaux publics s'occupent actuellement. Nous aborderons également cette question dans notre rapport sur le changement climatique.
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D'abord, j'aimerais profiter de cette occasion pour dire que vous faites référence à ce qu'on appelle le chapitre 0 du rapport du commissaire. Il s'agit de l'analyse que nous faisons de toutes les conclusions, de tous les chapitres du rapport de l'année. On voit les dénominateurs communs et c'est sur cette base que nous faisons, nous cinq, une analyse et identifions quelles sont les grandes lignes du rapport de l'année en cours.
C'est ce qui me permet de dire que dans ce cas-ci, le gouvernement a de la difficulté à soutenir ses initiatives. L'année dernière, nous étions à même de voir, dans tous les secteurs que nous avons vérifiés, que le gouvernement a tendance à partir la machine avec enthousiasme, mais plus le temps avance, plus on oublie des parties et plus on met de côté des engagements qui avaient été pris. Si bien qu'en regardant les résultats obtenus en bout de piste, nous avons dû constater que le gouvernement n'arrivait jamais à franchir la ligne d'arrivée, ne disait pas qu'il avait réussi à atteindre ses objectifs de telle ou telle façon et ne nous indiquait pas les résultats obtenus. C'était donc un constat global portant sur l'ensemble du rapport.
Nous avons tenté de voir pour la première fois quelles étaient les racines ou la genèse du problème. Je vais vous dire de mémoire les conclusions auxquelles nous sommes parvenus. Premièrement, nous avons conclu qu'il y avait une tendance à faire du overcommit and underdeliver.
Deuxièmement, nous avons dit qu'il manquait de leadership, autant au niveau des ministères que de l'appareil politique. Les ministères eux-mêmes nous disent qu'ils sont à la recherche des priorités du gouvernement et qu'elles ne sont pas claires. Ils essaient donc de faire de leur mieux avec ce qu'ils ont, sans avoir de lignes directrices, si on veut.
Nous avons aussi mentionné qu'il y avait des guerres de clocher entre les ministères. Ceux-ci ont énormément de difficulté à travailler ensemble sur des enjeux qu'on appelle des enjeux horizontaux.
Finalement, nous avons constaté qu'on avait tendance à réinventer la roue plutôt que de construire sur des fondations solides. Un des problèmes que nous avons identifiés est la difficulté qu'a le gouvernement à prendre un peu de recul, à analyser ses propres performances et à s'ajuster en conséquence pour se remettre sur les rails, dans l'éventualité d'un déraillement.
Ces constatations étaient à la base du commentaire que vous avez cité.
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Je pourrais ajouter un autre exemple, si vous le voulez.
En 2005, nous avons aussi examiné la mise en oeuvre de la stratégie canadienne en matière de biodiversité. Elle a été appuyée la première fois en 1996 par les gouvernements fédéral, territoriaux et provinciaux.
Nous en avons fait une première vérification en 1998. Nous avons annulé la vérification parce qu'il n'y avait pas suffisamment de matière à examiner. Nous en avons fait une autre en 2000. Nous sommes revenus en 2005, soit l'année dernière, et avons examiné la stratégie. Un certain nombre d'engagements vraiment importants n'ont pas été respectés. Par exemple, il n'y a toujours pas de plan de mise en oeuvre cohérent, il n'y a aucun rapport général qui donne une indication de l'état de la biodiversité au Canada, et les engagements visant à améliorer la capacité du Canada à comprendre l'information qui s'y rattache n'ont pas été tenus.
Je tiens à signaler au comité que lorsque nous avons recommandé au gouvernement fédéral de passer à l'action, ce dernier nous a répondu qu'il prévoyait mettre sur pied une stratégie et un cadre axés sur les résultats d'ici l'automne de 2006. Le comité voudra peut-être suivre la situation étant donné que cela a des incidences sur l'industrie forestière.
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Je vous remercie, monsieur le président. Je suis heureux de me joindre au comité.
Je tiens à souhaiter la bienvenue aux témoins.
J'essaie simplement d'apprendre en vous écoutant, mais selon moi, pour que votre vérification ait une certaine intégrité et une certaine crédibilité, il faut que le gouvernement la prenne au sérieux et y donne suite de la façon appropriée. Il faut également que cette vérification inspire les décisions ou les orientations futures de ce même gouvernement.
En ce qui concerne le changement climatique — parce que cela fait à l'heure actuelle l'objet d'un grand débat au pays de même qu'à la Chambre des communes — il semble que nos collègues de l'autre côté de la Chambre ont dit que toutes ces mesures sont mauvaises et ne servent à rien et qu'il faut les changer et s'orienter dans une voie différente. À mon avis, il serait prudent qu'ils attendent au moins les résultats d'une vérification portant sur les mesures déjà mises en oeuvre, ou dans certains cas sur l'absence de mesures, pour déterminer la stratégie à adopter.
Votre rapport ne sera prêt qu'à l'automne de 2006, d'après ce que je crois comprendre, mais ils sont déjà en train de prévoir la préparation d'un autre plan en 2006. Donc, compte tenu de ce contexte particulier, quelle sera l'utilité de la vérification et quelle est la difficulté qui se pose lorsque de vastes initiatives entreprises depuis un certain temps font l'objet d'importants changements d'orientation stratégiques? Cela ne crée-t-il pas un décalage en ce qui concerne votre travail? Selon moi, il faudrait que la vérification soit plus efficace si l'on veut qu'elle inspire les politiques et nous aide à prendre de bonnes décisions pour l'avenir.
J'aimerais savoir ce que vous en pensez.
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Tout d'abord, nous avons entamé une vérification sur le changement climatique il y a 18 mois, et nous avons planifié notre travail. Donc d'ici la fin de cette année, nous aurons une assez bonne idée des sujets dont nous voulons traiter de 2008 à 2012. C'est donc un travail que nous avons bien planifié et nous savons assez bien ce que nous allons faire. Ces décisions ont donc été prises à une époque où le contexte était entièrement différent dans ce pays.
Vous devez savoir que dans le cadre de la vérification, nous ne travaillons pas de façon isolée. Nous parlons, discutons et échangeons de l'information avec les ministères. Donc, mon rapport n'étonnera aucun des fonctionnaires à Ottawa. Ils sont assez bien au courant de la situation et habituellement dès que les ministères savent que nous allons nous pencher sur une question comme le changement climatique et examiner certains programmes en particulier — par exemple à RNCan — ils accordent une plus grande attention aux programmes en question sur lesquels porte notre vérification, et au cours de cette période, c'est-à-dire un an par exemple, ils peuvent apporter de nombreuses améliorations à leurs programmes si ces améliorations sont nécessaires. Ils peuvent donc s'occuper de ces questions pendant que nous faisons la vérification. Idéalement, si des progrès ont été réalisés, nous nous ferons un plaisir d'en rendre compte dans notre rapport.
Cela dit, il s'agit toujours plus ou moins d'un examen rétrospectif, parce que nous examinons ce qui a été fait au cours d'une certaine période. Dans ce cas-ci, nous avons examiné pratiquement 10 années de travail accompli par le gouvernement fédéral dans le domaine du changement climatique, mais à un certain moment nous décidons de formuler des recommandations; en fonction des preuves que nous avons recueillies, nous recommandons des mesures pour nous assurer que le gouvernement améliore la mise en oeuvre de ses mesures. Ce n'est qu'un exemple.
À ce stade, nous commençons à discuter avec le ministère de mesures à prendre, de modifications à apporter pour qu'il s'achemine dans la bonne voie. À la fin du processus, le ministère devra répondre à nos recommandations. Donc vous saurez quel est le plan établi par le gouvernement pour donner suite aux recommandations particulières formulées en ce qui concerne le changement climatique, en fonction du travail que nous avons effectué.
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Je peux vous donner une indication pour les stratégies. Quant aux systèmes
[Traduction]
mis en oeuvre dans les ministères. Je laisserai cela... C'est un travail en cours.
[Français]
En ce qui concerne les stratégies, il s'agit d'un work in progress. Les ministères doivent les réviser tous les trois ans. Ils doivent déclarer publiquement s'ils ont atteint leurs objectifs ou non et en fixer de nouveaux.
Alors, sur une période de trois ans, nous allons surveiller les progrès des engagements qui sont les plus significatifs et en faire rapport au Parlement. Malheureusement, pour la majorité des ministères — il y a des exceptions — on dit que les stratégies de développement durable sont un
[Traduction]
un recueil d'activités ordinaires.
[Français]
Les ministères n'ont pas encore réussi à faire pleinement usage de cet outil, qui devrait vraiment être un agent de changement. Ils de demandent ce qu'ils peuvent faire de différent pour s'engager sur la voie du développement durable. Malheureusement, jusqu'à maintenant, ce sont des activités qui auraient eu lieu de toute façon, avec ou sans l'engagement de développer des stratégies de développement durable.
Donc, nous essayons de stimuler de plus en plus l'utilisation de ces stratégies afin qu'ils aillent à l'essentiel, en prenant des engagements significatifs au lieu d'avoir des activités comme des séances pour sensibiliser les employés. Ils devraient se donner des objectifs comme, par exemple, décider de procéder à l'achat d'énergie verte, et tous les ministères devraient les respecter, mesurer les progrès et faire rapport.
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J'aimerais ajouter deux points.
[Traduction]
En ce qui concerne les stratégies, la commissaire a parlé d'en élaborer de bonnes. Une chose que nous faisons également dans notre travail de vérification une fois que les engagements sont élaborés et que le ministres les ont déposés devant le Parlement, c'est de s'assurer que les ministères les respectent en réalité. Une grande partie de notre travail consiste à choisir des échantillons de promesses faites, et de voir si elles ont été respectées ou pas.
Dans le rapport qui sera déposé bientôt, nous avons un chapitre concernant les résultats de ce travail, comme on l'a dit. Les résultats des dernières années ont été très variables. Dans certains cas, des mesures importantes ont été entreprises mais dans d'autres, les ministères n'ont vraiment pas été à la hauteur pour des engagements importants.
Il est important de signaler que le gouvernement a une trousse d'outils pour concrétiser le développement durable. Nous en avons évoqué un en particulier aujourd'hui — les stratégies de développement durable déposées devant le Parlement tous les trois ans — mais il existe d'autres outils très importants. L'évaluation environnementale stratégique en serait un.
Ce processus a été lancé en 1990 quand le conseil des ministres a ordonné aux ministères de veiller à ce que chaque fois qu'une nouvelle stratégie était présentée au conseil des ministres ou seulement au ministre, les aspects environnementaux soient bien cernés.
Il y a deux ans, nous avons étudié l'efficacité du processus. Nous avons ouvertement critiqué les ministères qui ne prenaient pas la chose au sérieux, et nous étions très préoccupés par le fait que bon nombre de décisions ministérielles étaient prises sans bien tenir compte des aspects environnementaux.
Merci, monsieur le président.
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Nous tentons d'éviter, autant que faire se peut, d'être perçus comme des conseillers. Imaginez-vous la situation délicate dans laquelle nous serions si, après avoir donné un conseil, quelque chose ne fonctionnait pas. Ils diraient que c'est le commissaire qui leur a conseillé de faire cela, etc. Donc, nous départageons certainement les choses.
En ce qui concerne le développement durable et les stratégies, il y avait un vide. Le gouvernement ne faisait pas preuve de leadership. Donc, les ministères élaboraient des stratégies de développement durable chacun à sa façon. Pendant quelques années, nous avons occupé un peu cet espace en leur indiquant ce qui, selon nous, constituait une bonne stratégie de développement durable. Nous avons produit deux documents relativement à nos attentes en matière de stratégies de développement durable. Puis, nous avons arrêté cette pratique parce que selon nous, cela relevait de la responsabilité des ministères. Ils doivent se réunir et élaborer leurs propres stratégies.
Un comité avait été mis sur pied sous l'ancien régime, mais il n'a jamais vraiment livré la marchandise. Un mandat a été donné clairement à Environnement Canada pour qu'il joue un rôle de leadership afin d'aider les ministères à établir leurs priorités et à les mettre en place à l'aide de stratégies individuelles. Ce comité n'existe plus au moment où on se parle.
Également, je ne sais pas si cela se rapporte à votre question, mais lorsque nous établissons le sujet de nos vérifications, nous le faisons avec l'aide d'un comité d'experts venant de l'extérieur de notre bureau, afin de nous assurer que nous sommes sur la bonne voie en ce qui concerne l'établissement des objectifs de vérification et des résultats. Nous les consultons deux fois dans le cadre de la vérification. Alors, nous avons l'aide de différents experts, selon le sujet de la vérification, qui apportent un éclairage différent du nôtre ou de celui des ministères.
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Oui, je suppose que nous avons tous hâte d'aborder cette question.
La chose la plus importante, c'est précisément le point que vous avez soulevé, c'est-à-dire qu'en tant que vérificateurs, nous fondons notre travail sur des critères objectifs; nous ne les inventons pas et nous n'inventons pas des engagements de principe, mais nous prenons ce que le gouvernement a dit. Comme vous le suggérez, cela représente un grand défi pour nous en faisant notre travail.
Il existe un éventail d'endroits assez surprenants où nous pouvons trouver des critères objectifs. Souvent ils se trouvent dans la loi elle-même, puisque les lois adoptées par le Parlement ont très souvent des exigences très explicites pour les ministères. Donc c'est un des premiers endroits où, en tant que vérificateurs, nous allons chercher. Deuxièmement, nous examinerons les engagements clés pris par le gouvernement dans ses budgets et ses discours du Trône successifs. Nous avons mentionné la stratégie de développement durable à plusieurs reprises, qui est souvent un endroit important où nous pouvons trouver des engagements très clairs du gouvernement.
Donc c'est vraiment dans ce domaine, où nous trouvons des engagements clairs, que nous concentrons notre travail.
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Merci, monsieur le président.
Je crois que votre bureau doit être un des secrets les mieux gardés d'Ottawa, et je pense que je ne suis pas le seul à être de cet avis. J'ai plusieurs questions à poser, mais je vous encourage à fournir de brèves réponses parce que je ne dispose que de cinq minutes.
Vous êtes un haut fonctionnaire du Parlement, n'est-ce pas? Je pense à une vérification pluriannuelle comme celle sur le changement climatique, et ce genre de vérification touche plusieurs ministères. Vous parlez clairement des mécanismes informels qui existent — et ça m'étonnerait qu'il n'y en ait pas — d'échanges de renseignement et de communication entre les ministères pour qu'ils sachent en fait sur quoi porte l'étude. Cependant, à titre de mandataire du Parlement, vous devez présenter un rapport au Parlement, et c'est à ce moment-là que les questions deviennent politiques. Ce n'est pas toujours une simple question de faits ou de données techniques. Ces questions pourraient avoir un impact sur les décisions politiques et les parlementaires doivent également être au courant.
Comment décidez-vous? Présentez-vous un rapport intérimaire? C'est bien joli de communiquer aux ministères les résultats de votre étude, mais les parlementaires veulent également savoir quelles sont vos conclusions. Comment décidez-vous de mettre fin à une étude et de présenter un rapport intérimaire par exemple?
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Voici comment nous faisons les choses.
Tout d'abord, nous nous trouvons à la fin d'un cycle. Il y a six ans, nous avons élaboré un plan stratégique à long terme pour les prochains travaux de vérification que nous avions l'intention de faire. À l'époque nous avions consulté les députés pour savoir ce qu'ils en pensaient.
J'aimerais signaler en passant que nous allons le faire à nouveau cet automne. Nous vous consulterons individuellement pour savoir quelles questions vous préoccupent avant de décider si nous nous pencherons sur ces problèmes à long terme.
Je ne publie qu'un rapport par année, un rapport qui est déposé au Parlement. Je dois vous dire que le changement climatique est l'exception dans la mesure où pour la première fois tout un rapport est consacré à une seule question. Habituellement, nous abordons plusieurs questions dans un seul rapport. Nous vous donnons toujours un aperçu, sans vous donner les détails, du rapport que nous allons vous présenter un an à l'avance.
Ainsi, à l'automne nous serons en mesure de vous donner une bonne idée des questions qui seront abordées dans le rapport de 2007.
Je ne sais pas si cela répond à votre question?
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Un peu. J'essaie simplement de dire que c'est à l'avantage de tous si vous déposez au Parlement plus de rapports. Pour ce qui est de ces questions de politique publique, divers partis politiques pourraient avoir une idée bien différente.
J'aimerais poser quelques autres questions. Je vais les poser une après l'autre et peut-être pourrez-vous faire quelques commentaires.
Le vérificateur général est également mandataire du Parlement, évidemment, et je me demande si vous partagez certains protocoles. J'essaie de penser à certains exemples. Pensons par exemple au travail fait dans le secteur de l'éthanol par exemple. Vous n'êtes pas prête à publier votre rapport, mais vous en êtes certainement venue à certaines conclusions. Le Bureau du vérificateur général procède peut-être à une vérification de Ressources naturelles Canada, sur l'optimisation des ressources ou d'autres choses. Il me semble que dans certaines circonstances il serait bon que ces renseignements soient partagés, même si le Parlement n'a pas encore été pleinement renseigné, parce que vous êtes après tout, je le signale, tous deux des mandataires du Parlement. Je me demande si vous avez des protocoles de ce genre ou des échanges avec le Bureau du vérificateur général.
De plus, pour ce qui est de la vérification du rendement, comment décidez-vous quels ministères étudier? Quel processus d'établissement des priorités employez-vous?
Enfin, ces pétitions me semblent un peu étranges. Vous recevez les pétitions. Vous dites que les ministres répondent, mais ne devriez-vous pas vous assurer que le ministre ou le ministère a bien répondu à la pétition présentée? De plus, y a-t-il des pétitions non fondées que vous écarteriez par exemple? Devez-vous signaler à l'auteur de la pétition que vous ne vous pencherez pas plus à fond sur la question qu'il a soulevée ou que le ministère ne le fera pas ou des choses du genre?
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Je répondrai à votre première et à votre troisième questions, et je laisserai John vous parler du processus.
Nous faisons partie intégrante du Bureau du vérificateur général, et nous travaillons avec tous les autres groupes qui font partie de ce bureau. Par exemple, dans un domaine comme la stratégie sur les océans, la vérification a été effectuée en partie par le groupe responsable du ministère des Pêches et des Océans et en partie par nous. Si nous étudions un sujet pour lequel il y a des experts au bureau du VG et chez nous, nous collaborons.
Lorsque nous procédons à la planification, s'il y a un sujet que mon collègue du ministère des Affaires étrangères aimerait étudier, nous pouvons nous organiser pour travailler ensemble, et cela sera notre priorité.
Nous ne sommes donc pas une unité qui fonctionne en vase clos au sein du Bureau du vérificateur général; nous sommes une composante de ce bureau. Nous travaillons ensemble, nous empruntons des ressources, nous prêtons des ressources — en fait, nous travaillons clairement comme une famille. Nous n'avons pas à nous demander ce qui se passe ailleurs et ils n'ont pas à se demander ce qu'on fait chez nous.
Pour ce qui est du processus de pétitions, pour être honnête, je n'ai pas vu de pétition que j'appellerais non fondée. Il s'agit de pétitions très détaillées sur des problèmes particuliers touchant l'environnement et le développement durable qui méritent des réponses du gouvernement. Donc il n'y a pas de demande frivole.
Dans l'ensemble, quand vous pensez au fait que n'importe qui peut présenter une pétition, nous n'en recevons pas quand même beaucoup. Nous recevons en moyenne 40 pétitions par année, ce qui n'est pas un nombre exorbitant.
Nous ne disons pas au ministère ce qu'il devrait répondre à ces pétitions. Nous voulons simplement nous assurer que la question a bien reçu une réponse. Nous ne ferons pas de commentaires sur la réponse fournie par le ministère. Si l'auteur de la pétition n'est pas heureux de la réponse qu'il a reçue, il peut avoir recours à nouveau au processus de pétition en présentant une question plus directe, ou une question différente, pour obtenir sa réponse.
Il se peut que le pétitionnaire ne soit pas heureux de la réponse qu'il reçoit, mais nous n'y pouvons absolument rien.
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J'ai une dernière question concernant le dernier point que j'ai abordé.
Votre travail consiste à évaluer la façon dont les ministères observent la loi, etc. Lorsque le Comité des ressources naturelles a été fusionné avec le Comité de l'industrie, certains de nos rapports ont porté sur la réglementation intelligente, entre autres. C'est pourquoi je me demandais si, dans le cadre de vos vérifications et de vos examens, vous examiniez en fait l'efficacité de la politique réglementaire du gouvernement — pas simplement l'application des règlements, telle qu'elle est prévue par la loi, mais la véritable efficacité de la réglementation.
Je reviens à ce que j'ai dit à propos du ministère des Pêches et des Océans dans les régions rurales de la Saskatchewan qui exigeait que l'on fasse une évaluation environnementale du poisson dans des lits de ruisseaux asséchés où il n'y avait plus d'eau depuis 20 ou 25 ans. J'ai travaillé comme géophysicien des mines et j'ai eu l'occasion de constater l'existence d'une foule de règlements absurdes et inutiles.
Dans le cadre de vos vérifications, est-ce que vous évaluez l'efficacité de la réglementation, ou s'agit-il d'un aspect qui ne relève absolument pas de votre compétence ou qui ne fait pas partie de votre processus d'évaluation?
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Pour faire suite à la question de M. Russell, je pense que vous allez devoir, tôt ou tard, renouveler vos critères concernant les exigences. Il semble que nous nous dirigeons vers un développement responsable qui, en soit, ne veut absolument rien dire. Or, nous avions déjà des difficultés à assurer un développement durable. C'était embryonnaire; on commençait à faire du développement durable. Nous nous dirigeons vers quelque chose qui ne nous permettra pas de faire des analyses très larges, car le développement durable n'est reconnu nulle part. Il s'agit d'une publicité, et non une façon de penser ou de gérer un gouvernement ou un organisme.
Plus tôt, vous avez dit que vous vouliez produire des informations à l'épreuve des balles. Je considère que vous avez certainement l'idée de le faire, c'est clair.
J'aimerais entendre les commentaires de M. Affleck sur ce qui suit. Lorsque j'ai posé une question, qui revient souvent, au sujet de l'éthanol, j'ai eu l'impression qu'on abordait cela comme en rapport avec l'environnement, autrement dit, en rapport avec les changements climatiques, et non en rapport avec le développement durable. Si c'était relié au développement durable, on parlerait justement des effets sur l'agriculture, sur la nourriture, ce qui pourrait entraîner des répercussions possibles sur la pauvreté. On parlerait également des conséquences de la production de l'éthanol, de l'augmentation du smog et de la réduction des puits de carbone. Donc, vous parlez du cycle de vie, quand vous traitez de la question de l'éthanol, mais cela fait partie du cycle de vie en entier.
Si vous ne prenez qu'un seul aspect pour faire une évaluation de l'éthanol, comment pouvez-vous évaluer le nucléaire? Si vous n'évaluez la production nucléaire que par rapport aux changements climatiques, il est évident que ce sera facile à faire, car il n'y aura d'autres conséquences que le nucléaire, et ce, si vous faites une évaluation uniquement par rapport à l'environnement. Par contre, si vous l'évaluez par rapport au développement durable, à mon avis, vos conclusions ne seront pas les mêmes.
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Nous avons déjà entamé notre vérification pour le rapport de 2007. Nous avons abordé ce rapport de façon différente cette fois-ci. Bref, nous avons décidé de procéder en 2007 à une vérification des 10 dernières années. C'est une idée qui découle de questions qu'avait soulevées il y a plusieurs années M. Tonks lors d'une réunion du Comité permanent de l'environnement; il voulait savoir à l'époque quelle était la situation générale; il disait que c'est bien joli de recevoir vérification après vérification, mais il voulait savoir quelle était la situation globale.
Nous avons donc décidé cette année de choisir plusieurs questions, une série de questions, pour 2007, et répondre à des questions bien pointues sur ces dossiers. Ainsi, vous pouvez vous attendre à ce que nous abordions toute une série de sujets, des sites contaminés, à la gestion de l'eau, de la biodiversité aux mines abandonnées, et j'en passe, toute sorte de choses déjà abordées et qui seraient ainsi résumées dans ce nouveau rapport. Alors pour chacun de ces sujets, nous allons identifier des engagements qui avaient été pris par le passé et tracer l'historique de ces engagements. Évidemment, sur une période de 10 ans.
C'est ce que nous avons l'intention de faire dans ce rapport. De plus, pour les stratégies sur le développement durable et le processus de pétitions, nous expliquerons comment ces deux initiatives ont évolué pendant ces 10 années, les résultats que nous avons obtenus, et comment à notre avis nous pouvons améliorer ces processus.