:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Traduction]
Monsieur le président, chers membres du comité, je suis heureux d’être ici pour vous parler de la stratégie pour le Nord.
Si j’ai bien compris, dans le cadre de votre examen du projet de loi, vous souhaitez en savoir un peu plus sur le contexte élargi de la stratégie du gouvernement pour le Nord. C’est l’objectif de ma présentation, qui se trouve devant vous. J’essaierai de présenter l’information aussi rapidement que possible afin de laisser suffisamment de temps pour les questions.
[Français]
Vous me pardonnerez si je vais un peu rapidement. On pourra revenir sur certains éléments pendant la période de questions.
[Traduction]
Si nous passons tout de suite à la diapositive no 2, vous verrez qu’elle contient un énoncé qui résume le rôle d'AINC dans le Nord canadien. En vertu de la Loi sur le MAINC, les responsabilités fondamentales du ministre dans le Nord sont importantes et d’une grande portée.
La responsabilité qui requiert le plus grand nombre de ressources et d’employés, je crois, consiste à exercer un rôle semblable à celui des provinces en matière de gestion de l’eau et des ressources pétrolières et gazières, y compris la gestion globale du système de réglementation du Nord.
Nous jouons également un rôle semblable à celui du gouvernement fédéral en matière de développement social et économique, ce qui nous a permis d’annoncer récemment la création d’une agence de développement économique pour le Nord. Nous réalisons des programmes de développement économique dans le Nord au nom du gouvernement fédéral.
Nous avons un rôle à jouer dans la coordination générale des activités des divers ministères, bureaux et organismes fédéraux dans les territoires. Cette fonction intervient dans certains des enjeux entourant la stratégie pour le Nord.
[Français]
Nous avons aussi l'obligation de nous assurer que la recherche scientifique sur l'Arctique canadien est encouragée. Je reviendrai un peu plus tard sur notre rôle face à la science. Sur ce plan, notre ministère n'est pas très gros, mais on a quand même des activités importantes.
[Traduction]
Nous avons également un important rôle à jouer dans les affaires circumpolaires internationales, en collaboration avec nos collègues du MAECI. Évidemment, nous travaillons par l’intermédiaire du Conseil de l’Arctique, l’organisme privilégié dont nous sommes membres.
Globalement, la stratégie pour le Nord relève de notre ministre. Notre sous-ministre préside un comité de sous-ministres qui se réunit régulièrement pour examiner les progrès accomplis et les futures priorités de la stratégie pour le Nord. Sous l’échelon du sous-ministre, une structure de gouvernance composée d’un certain nombre de comités a été mise en place pour veiller à ce que tous les ministères et organismes travaillent de concert. Nous pourrons en parler un peu plus tard si cela vous intéresse.
Notre ministre est appelé à cosigner les documents du Cabinet ayant trait aux enjeux du Nord.
[Français]
La prochaine page présente de façon assez sommaire la Stratégie pour le Nord, du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Sur cette diapo, vous voyez la citation tirée du discours du Trône et les quatre piliers auxquels elle a donné naissance.
D’abord, en ce qui concerne la souveraineté dans l’Arctique, notre objectif est évidemment de la protéger. L’importance de cette question augmente avec l’intérêt du monde pour cette région.
Le second pilier correspond au développement économique et social. Ce volet vise à garantir que ce genre de développement profite aux territoires et que le système de réglementation existe afin de veiller, de manière durable, à ce que les habitants du Nord en bénéficient.
En ce qui concerne le volet de la protection de l'environnement, le facteur important est bien entendu le changement climatique et les répercussions qu'il a sur l'Arctique. Quarante pour cent de la superficie du Canada se trouve dans les territoires. Nous devons nous assurer qu'ils sont protégés pour les générations à venir.
Enfin, le volet de la gouvernance comporte deux objectifs, mais ils sont étroitement liés. L'un d'eux vise à aider les gouvernements territoriaux du Nord à poursuivre leur progression vers un statut semblable à celui des provinces. Dans un même temps, le ministère poursuit les négociations liées aux revendications autochtones et aux ententes portant sur l'autonomie gouvernementale et favorise leur mise en oeuvre en vue de permettre le développement de la gouvernance autochtone.
Voilà les quatre piliers. Nous rappelons toujours à tous que la science et la technologie étayent chacun des quatre piliers.
[Français]
Avec les prochaines diapositives, on va aborder rapidement le contexte entourant chaque pilier.
[Traduction]
Je vais vous donner un peu de contexte.
En ce qui a trait au pilier de la souveraineté, on a certainement beaucoup parlé des différends ou de la question de la concurrence qui existe peut-être avec les autres nations arctiques. Mais au bout du compte, ces différends, ces questions sont très bien gérées. Elles se résument à trois catégories, si on veut.
D'abord, il y a la mer de Beaufort. Nous sommes en désaccord avec les États-Unis sur la façon de délimiter nos pays respectifs. Il y a donc, dans la mer de Beaufort, ce qu'on pourrait appeler un sujet de désaccord. C'est un zone assez petite, mais importante.
Le deuxième secteur est lié au Danemark. Il y a une petite île, appelé l'île Hans, dont vous avez tous entendu parler. Nous sommes en désaccord en ce qui concerne le propriétaire de cette île. Juste au nord de l'île Hans, située dans la mer de Lincoln, la limite entre le Canada et le Danemark est une autre zone sur laquelle nous devons nous entendre.
Le dernier secteur, sans doute celui qui génère le plus grand nombre d'articles et dont les universitaires se soucient le plus, est le célèbre passage du Nord-Ouest et le pays qui le contrôle ou le possède. Bien entendu, le Canada réclame la souveraineté du passage ainsi que le pouvoir absolu d'adopter des lois et des règlements pour régir son utilisation. Les autres pays sentent le besoin d'exprimer leur désaccord qui est motivé principalement par leur désir de s'assurer qu'ils auront le droit d'emprunter gratuitement le passage dans le futur.
Cela ne veut pas dire qu'il n'y a aucune autre question de sécurité ou de sûreté dans le Nord. Nous savons, évidemment, que l'accroissement des activités dans l'Arctique et sa fréquentation accrue comportent d'autres risques. Nous constatons que les bateaux de croisière pénètrent de plus en plus souvent dans nos eaux. Donc, on doit tenir compte de toutes sortes de questions, telles que la recherche et le sauvetage, et la sécurité maritime. Je sais que c'est une considération qui importe au comité.
[Français]
En matière de développement économique, on a beaucoup parlé des possibilités énormes que représente le développement des ressources dans le Nord. Il est évident que l'actuelle crise économique a refroidi quelques ardeurs.
[Traduction]
Les perspectives existent toujours. Nous devons continuer de penser à long terme. Mais, les territoires ont subi certains revers à court terme. Certaines exploitations minières ont cessé leurs activités. D'autres les ont réduites. Le secteur diamantaire souffre en ce moment. Certains projets qui nous semblaient en voie d'ouvrir une mine à un moment ou à un autre dans le futur, ont été légèrement retardés. La crise a donc eu certaines répercussions, mais les perspectives à long terme demeurent encourageantes puisqu'on s'attend à ce que le prix des produits de base remonte et que la demande continue de croître.
Il est intéressant de noter que les Allemands ont récemment accordé une garantie de prêt de 1,2 milliard de dollars à Baffinland, les propriétaires d'un important gisement de minerai de fer qui se trouve dans le Nord de l'île. Ce projet, une fois développé, pourrait représenter près de quatre milliards de dollars en coûts de développement. Il fournirait des milliers d'emplois aux résidents du Nunavut. Je le répète: le futur marché de l'acier est florissant, même dans la conjoncture actuelle.
[Français]
Il y a quand même aussi des problèmes en matière de développement économique.
[Traduction]
Il existe des obstacles. Il y a des lacunes à combler. Certaines d'entre elles sont liées à la pénurie de main d'oeuvre formée adéquatement. Il y a donc des lacunes en matière de compétences
Il y a des questions que nous devons régler, en particulier lorsqu'il s'agit d'aider les Autochtones à profiter pleinement des perspectives économiques. Nous avons accompli certains progrès, mais il y a encore beaucoup à faire.
Bien évidemment, certaines collectivités sont préoccupées par la vitesse à laquelle la région se développe et elles se demandent si les décisions qui découleront du système de réglementation seront impartiales et tiendront compte des répercussions que ce développement aura à long terme sur l'environnement, la faune et leur capacité de conserver leurs modes de vie traditionnels. C'est certainement un point que nous devons prendre en considération.
J'ajouterais à cela le développement de l'infrastructure et sa discontinuité dans le Nord. Quand on voyage d'ouest en est, cette discontinuité devient encore plus flagrante, qu'il s'agisse de routes, de liaisons aériennes ou de ports. Ce que nous, les Canadiens du Sud, tenons pour acquis est beaucoup plus difficile dans le Nord. Cette situation a une incidence tant sur les collectivités et leur membres que sur le développement économique.
[Français]
Je vais maintenant traiter de la protection de l'environnement,
[Traduction]
Ici encore, ce n'est qu'un rappel de la nature très délicate de l'environnement dans l'Arctique et de l'occasion qui s'offre à nous d'établir un juste équilibre entre le développement et la conservation. On prévoit donc la création de nouvelles zones protégées — le parc national Nahanni ou des aires de conservation marines, comme celles que l'on envisage dans la région du détroit de Lancaster. Les changements climatiques ont des impacts non seulement sur l'environnement et la faune, mais également sur les habitants et leur capacité de vivre en communauté.
On a d'ailleurs pu le constater l'an dernier, à Pangurtung, une petite localité située sur l'île de Baffin, où la fonte anormale des glaces et les pluies excessives ont fini par emporter deux ponts et ont littéralement coupé la communauté en deux. La population était privée des services essentiels d'aqueduc et d'égout pendant cette crise. Nous pouvons voir les répercussions des changements climatiques sur les infrastructures et la vie des habitants du Nord.
Nous nous inquiétons également de la présence de polluants qui arrivent de l'étranger par la chaîne alimentaire, au sommet de laquelle se trouvent les habitants du Nord, qui se nourrissent encore beaucoup d'aliments traditionnels. Ces polluants viennent évidement de toutes les régions du monde.
Le fait que nous manquions d'information de base est également préoccupant. Nous n'en savons pas assez sur l'Arctique, d'où le besoin de réaliser de bonnes recherches scientifiques. En ayant de l'information de base, nous pouvons assurer le bon fonctionnement du régime réglementaire et suivre les impacts du développement à long terme. C'est certainement un domaine où nous devons continuer d'investir davantage.
Au chapitre de la gouvernance, nous avons ici encore réalisé d'importants progrès au cours des 30 à 40 dernières années concernant le transfert de responsabilités du gouvernement fédéral aux administrations territoriales. Au Yukon, nous avons maintenant l'entière responsabilité de la gestion des terres, des ressources et de l'eau; le gouvernement fédéral ne s'en occupe donc plus sauf pour assumer quelques petits rôles résiduels, comme le nettoyage des sites contaminés ou les lois et les nominations des membres de comités, qui relèvent de la responsabilité globale du ministre. Il reste donc encore quelques responsabilités, mais le Yukon est assez libre de gérer ses propres affaires.
Les responsabilités n'ont pas encore été transférées dans les Territoires du Nord-Ouest et le Nunavut. Les pourparlers progressent à différents rythmes entre le gouvernement fédéral et ces deux territoires.
Comme je l'ai déjà mentionné, il est également question des revendications territoriales et de l'autonomie gouvernementale des Autochtones. Le gouvernement autonome est bien établi au Yukon, où 11 des 14 premières nations sont maintenant autonomes. Il en reste trois dans le Sud du Yukon, dans la région de Kasha, qui n'ont pas encore réglé leurs revendications territoriales ou acquis l'autonomie gouvernementale.
Nous avons également fait des progrès considérables dans les Territoires du Nord-Ouest. Les Inuvialuit, comme les Gwich'in, les Sahtu et les Tlicho, ont conclu une entente concernant les revendications territoriales, et des négociations sont en cours depuis quelque temps avec les Decho, les Akaitcho, ainsi que les Métis de South Slave.
Dans le Nunavut, bien sûr, l'entente relative aux revendications territoriales, qui a donné lieu à la création du territoire du Nunavut, constitue l'entente la plus importante de l'histoire et probablement du monde à cet égard. Les Inuits sont maintenant propriétaires d'importantes ressources aux termes de cette entente. Ce gouvernement célébrera d'ailleurs bientôt son dixième anniversaire.
Il reste encore beaucoup de pain sur la planche; nous devons notamment continuer de surveiller les questions de mise en oeuvre.
[Français]
Pour ce qui est de la science et de la technologie, je veux simplement rappeler que le Canada a fait du travail important au cours des dernières années. Nous avons réussi à nous établir en tant que leader dans le domaine de la science relative à l'Arctique. Nous avons investi dans l'Année polaire internationale,
[Traduction]
l'Année polaire internationale, qui prend fin dans quelques semaines.
Pour ce qui est de la phase de recherche, nous avons encore beaucoup à faire sur le plan de la sensibilisation et de la gestion des données. Nous devons de plus veiller à ce que les résultats de la recherche conduisent à la mise en oeuvre de programmes ou de politiques. C'est à cela qu'ont servi les 156 millions de dollars investis par le gouvernement du Canada. Nous avons également décidé de construire la station de recherche arctique, et nous réalisons des progrès à cet égard.
[Français]
Dans le dernier budget, on a aussi annoncé un montant de 85 millions de dollars sur deux ans destiné à contribuer à l'amélioration d'infrastructures scientifiques déjà existantes dans l'Arctique. On a passablement de travail à faire sur le plan scientifique.
[Traduction]
À la page 7, on trouve un bref résumé des engagements et des mesures pris par le gouvernement, présentés sous quatre piliers. On peut voir, sous chaque pilier, qu'il y a beaucoup d'activités. Toutes ces initiatives posent d'importants défis sur le plan de la mise en oeuvre.
[Français]
Présentement, le défi le plus important consiste à s'assurer de continuer sur cette lancée et à travailler en collaboration, que ce soit avec la famille fédérale, les groupes autochtones, les gouvernements territoriaux ou les autres partenaires, à mettre en oeuvre avec succès toutes ces initiatives.
[Traduction]
Le cadre comprend probablement encore des lacunes. Nous voudrions en faire plus dans certains domaines, et nous continuerons de collaborer avec nos collègues des autres ministères fédéraux.
J'espère que cela vous donne un bon aperçu de la situation. Je crois que j'ai assez bien respecté mon temps.