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Bonjour à toutes et à tous.
Je remercie les membres du comité d'avoir invité les représentants de Statistique Canada à comparaître devant eux afin de nourrir leur réflexion sur l'état des lieux et l'évolution historique des conditions socioéconomiques des minorités de langue officielle du Canada. Je suis accompagné de mon collègue, Jean-François Lepage.
Étant donné le temps qui nous est imparti, notre exposé portera principalement sur la présentation de quelques faits saillants statistiques en ce qui a trait à l'éducation, la représentation au sein des secteurs d'emploi, le revenu et le chômage, lesquels témoignent de l'évolution, au fil du temps, de certaines caractéristiques socioéconomiques clés des minorités de langue officielle du Canada.
Par la suite, nous présenterons sommairement les principales sources de données existantes en la matière et exposerons quelques-uns des enjeux liés à l'étude statistique de la situation socioéconomique des minorités de langue officielle.
D'un point de vue historique, de nombreuses études ont démontré que les francophones se trouvaient dans une position désavantageuse quant aux niveaux de scolarité, de revenu, dans les échelles d'occupation et dans la propriété d'industries comparativement aux anglophones. Leur situation a beaucoup évolué au cours du dernier demi-siècle, de sorte qu'on a observé une diminution progressive et marquée des inégalités socioéconomiques entre francophones et anglophones au pays, tant au Québec que dans les autres provinces et territoires.
Soulignons cependant que les gains observés au fil du temps par les francophones en ce qui a trait aux principaux indicateurs socioéconomiques ont été concomitants d'une perte en ce qui a trait à l'utilisation de la langue française, comme en témoigne la croissance de l'anglicisation au fil des ans chez ceux qui vivent en situation très minoritaire.
[Traduction]
Parmi les principaux moteurs de changement, notons que la situation des minorités de langue française s’est beaucoup améliorée en matière de scolarisation depuis les années 1960, notamment en raison de l’obligation de poursuivre des études jusqu’à l’âge de 16 ans et de l’importance grandissante accordée à l’éducation par les gouvernements, les employeurs et la population dans son ensemble.
Ainsi, au début des années 1970, la proportion de la population ne détenant pas au moins un diplôme d’études secondaires était beaucoup plus élevée chez les francophones que chez les anglophones, et ce, dans pratiquement toutes les provinces. Aujourd'hui, les écarts se sont atténués à tel point que ceux qui subsistent sont en grande partie attribuables au fait que les personnes âgées de langue française sont beaucoup moins susceptibles de détenir un diplôme ou un grade que celles de langue anglaise.
L’évolution importante de la scolarisation chez les francophones se voit illustrée particulièrement au sein du groupe d’âge des 25 à 44 ans détenant un grade universitaire. En 2011, chez les personnes de ce groupe d’âge, seuls les anglophones du Québec étaient plus susceptibles que les francophones de détenir un grade universitaire. Dans toutes les autres provinces, à l’exception du Nouveau-Brunswick, où on observe une égalité entre les deux groupes, les francophones devançaient les anglophones.
La situation observée au Québec s’explique non pas parce que les francophones du Québec auraient un niveau de scolarité inférieur à celui des francophones des autres provinces, mais parce que les anglophones vivant au Québec affichaient un niveau de scolarité plus élevé que celui des anglophones résidant ailleurs au Canada.
Notons également que l’écart observé entre francophones et anglophones au Québec s’explique en partie par le fait que la population anglophone y est largement urbaine et qu’elle comporte une proportion importante d’immigrants, deux sous-populations affichant généralement des taux de scolarité plus élevés.
[Français]
Les francophones vivant en situation minoritaire sont plus concentrés dans certains secteurs d'emploi que leurs homologues de langue anglaise. Par exemple, dans toutes les provinces et dans les territoires, ils sont proportionnellement plus nombreux que les anglophones à travailler dans le secteur des administrations publiques. Ainsi, 13 % des francophones âgés de 15 ans ou plus ayant travaillé au cours de la période de référence avaient principalement oeuvré dans ce secteur d'emploi, comparativement à 7 % des anglophones. De même, ils sont surreprésentés dans ce secteur relativement à leur poids démographique dans la population. Alors qu'ils représentaient 4,5 % de la population active, en 2011, ils formaient 7 % des employés de ce secteur.
La population active francophone en situation minoritaire se concentre également davantage dans le secteur des services d'enseignement dans toutes les provinces et dans les territoires, à l'exception du Nouveau-Brunswick. À l'inverse, dans plusieurs provinces, les francophones sont moins concentrés dans les secteurs du commerce de détail, de l’hébergement et des services de restauration que leurs homologues de langue anglaise.
La situation des francophones du Nouveau-Brunswick se distingue de celle des autres francophones en situation minoritaire pour ce qui de leur représentation dans certains secteurs de l'industrie. Par exemple, alors qu'ils représentaient 32 % de la population de cette province en 2011, ils constituaient environ 40 % de la main-d'oeuvre des secteurs primaires de l'agriculture, de la foresterie et des pêches, de l'extraction des ressources naturelles et de la fabrication. À l'inverse, ils étaient sous-représentés dans des secteurs comme ceux des services publics, des services professionnels, scientifiques et techniques, de la gestion de sociétés d’entreprises ainsi que des services administratifs et de gestion, y représentant entre 19 % et 24 % de la main-d’oeuvre.
Au Québec, les anglophones sont plus concentrés dans des secteurs comme ceux du commerce de gros, des services professionnels, scientifiques et techniques, des services d'enseignement, de l'hébergement et des services de restauration. De plus, bien qu'ils représentaient 13,5 % de la population active du Québec, leur part au sein des secteurs d'activité de l'information ou des industries culturelles, de l’immobilier, des services professionnels et scientifiques et de la gestion de sociétés d’entreprises variait entre 17 % et 21 %.
En revanche, ils étaient sous-représentés dans certaines industries, particulièrement celles des secteurs primaires, de l’extraction des ressources naturelles, des services publics ainsi que des fonctions publiques provinciale, municipale et locale. À cet égard, notons que 3,7 % des emplois au sein de la fonction publique provinciale étaient occupés par des travailleurs de langue anglaise, alors que plus de 96 % étaient occupés par des francophones.
[Traduction]
La mesure des écarts de revenu entre les groupes linguistiques est une opération généralement plus complexe et les résultats obtenus sont susceptibles de varier en fonction des paramètres qui sont ou non pris en compte dans les calculs. Néanmoins, les écarts entre les francophones et les anglophones en matière de revenu sont habituellement assez faibles dans les provinces et territoires à l’extérieur du Québec, et ils sont généralement à l’avantage des francophones, tant pour ce qui est du revenu médian que du revenu moyen. Encore une fois, le Nouveau-Brunswick fait exception puisque le niveau de revenu moyen y était un peu plus élevé chez les anglophones.
Plusieurs facteurs permettent d'expliquer l'écart différentiel de revenu entre francophones et anglophones. En approfondissant l'analyse des résultats du recensement, on constate que l'âge, le sexe, la scolarité, le type de lieu de résidence, le secteur d'industrie et le statut d'immigrant permettent d'expliquer une bonne partie de ces écarts.
Au Québec, les écarts de revenu sont aussi généralement très faibles entre les anglophones et les francophones. Ils apparaissent plutôt à l’avantage des uns ou des autres en fonction de l’indicateur choisi. Par exemple, les anglophones affichent un revenu moyen supérieur aux francophones, mais ont un revenu médian inférieur. Cela témoigne surtout du fait que les écarts de revenus sont plus importants au sein du groupe anglophone qu’au sein du groupe francophone. En d’autres termes, les anglophones sont surreprésentés à la fois dans les tranches de revenus supérieurs et dans les tranches de revenu inférieures. Quoi qu’il en soit, la situation largement à l’avantage de la minorité anglophone du Québec en termes de revenu qui était observée en 1971 ne prévaut plus aujourd’hui.
Les données tirées de l’Enquête nationale auprès des ménages ont montré que, de façon globale, les francophones à l’extérieur du Québec présentaient un taux de chômage plus faible que celui des anglophones en mai 2011. Par exemple, en Ontario, le taux de chômage des francophones était de 6,5 % comparativement à 8,3 % chez les anglophones. Le Nouveau-Brunswick fait exception, puisque le taux de chômage des francophones y était de 12,4 % soit deux points de plus que celui des anglophones. À l’inverse, au Québec, la minorité anglophone affichait en mai 2011 un taux de chômage d’environ 2 points de pourcentage supérieur à celui des francophones.
Il est important de mentionner que le portrait général présenté ici met en lumière une perspective essentiellement provinciale. Le portrait statistique d’ensemble, qui témoigne d’une situation socioéconomique généralement assez semblable entre les minorités et les majorités de langue officielle selon les principaux indicateurs, masque parfois des disparités ou des écarts entre les provinces ou au sein d’une même province. Autrement dit, même si le portrait d’ensemble paraît équivalent, voire favorable aux minorités de langue officielle à certains égards, la situation socioéconomique des minorités dans certaines régions peut être supérieure ou inférieure à la moyenne, tant au Québec qu’à l’extérieur de cette province.
[Français]
Les principales sources de données à partir desquelles on peut étudier les conditions socioéconomiques des minorités de langue officielle sont les recensements canadiens et l'Enquête nationale auprès des ménages de 2011. Mentionnons également l'Enquête sur la vitalité des communautés de langue officielle menée peu après le recensement de 2006.
Plusieurs analyses reposant sur ces données ont été diffusées par Statistique Canada, notamment une série de portraits provinciaux et territoriaux détaillés diffusés entre 2010 et 2012. Le potentiel analytique de cette enquête est loin d'être épuisé.
Mentionnons également l'enquête du Programme pour l'évaluation internationale des compétences des adultes menée en 2011 et 2012, laquelle comprend un suréchantillonnage des minorités de langue officielle du Québec, de l'Ontario, du Nouveau-Brunswick et du Manitoba. L'analyse de ces données permettra d'en apprendre beaucoup sur le lien entre les compétences de ces populations en littératie et en numératie, leur situation et leurs pratiques sur le marché du travail, ainsi que sur les enjeux auxquels sont confrontés ces populations dans une économie de plus en plus centrée sur le savoir et la technologie de l'information.
Les principales sources de données disponibles permettent de dresser un portrait assez précis de la situation socioéconomique des minorités de langue officielle au Canada. Toutefois, la disponibilité de l'information linguistique, les tailles d'échantillonnage et le caractère rétrospectif de l'information vont continuer à poser des défis. Par exemple, dans plusieurs régions, il est difficile d'identifier, voire de définir les entreprises dites francophones ou anglophones en milieu minoritaire à partir de l'information disponible.
[Traduction]
Au-delà de la disponibilité des données, certains défis importants persistent pour bien rendre compte de la situation socioéconomique des minorités de langue officielle en situation minoritaire. La définition des minorités de langue officielle ne fait pas nécessairement consensus, comme en témoignent les nombreux critères de définitions disponibles, et la notion de « communauté » de langue officielle ne fait pas non plus l’objet d’une définition commune.
Finalement, une part de l’amélioration de la situation socioéconomique des minorités de langue officielle est due aux changements dans la composition de la population minoritaire liés à l’immigration internationale et à la migration interprovinciale. Or, les migrants et les immigrants sont généralement concentrés dans certaines provinces ou dans certaines régions, et, par conséquent, contribuent à façonner le portrait socioéconomique des communautés de langue officielle en situation minoritaire dans ces régions.
Permettez-moi, en terminant, de souligner que Statistique Canada produit de nombreuses études sur les minorités de langue officielle au Canada et continuera à diffuser des données et des analyses sur leur situation socioéconomique. Grâce à l’appui soutenu de ses partenaires du gouvernement fédéral et du milieu associatif, Statistique Canada entend poursuivre l’adoption de mesures positives afin d’éclairer le débat public sur cet important sujet.
[Français]
Mon collègue, Jean-François Lepage, et moi-même sommes disponibles pour répondre à vos questions.
Je vous remercie.
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Bonjour, monsieur le président, membres du comité et participants ici présents.
Au nom de l'Association des universités de la francophonie et en celui du Consortium national de formation en santé, j'aimerais d'abord vous remercier de votre invitation puisque j'assume la direction générale de ces deux organisations. Vous comprendrez qu'il m'est difficile de les dissocier dans le cadre de votre étude.
Après vous avoir présenté brièvement l'AUFC et le CNFS, je partagerai avec vous quelques observations concernant le rôle important que jouent nos établissements membres dans le développement économique des communautés francophones en situation minoritaire et je terminerai par la suite avec quelques recommandations.
L'AUFC regroupe 14 universités francophones ou bilingues réparties dans sept provinces à l'extérieur du Québec. Les programmes offerts par ces établissements permettent de bonifier l'apprentissage, l'enseignement et la recherche universitaire en langue française. ils améliorent ainsi la vitalité et le rayonnement des communautés francophones minoritaires. Plus de 30 000 étudiants s'inscrivent annuellement aux 750 programmes offerts en langue française dans nos universités membres.
Le CNFS, pour sa part, est un regroupement de 11 établissements d'enseignement universitaire et collégial qui offrent des programmes d'études en français dans diverses disciplines de la santé. Le CNFS permet d'améliorer l'accès à des services de santé en français de qualité dans les communautés francophones en situation minoritaire par la formation de professionnels de la santé francophones et bilingues.
Quoique votre étude porte sur la situation économique des communautés de langue officielle en situation minoritaire, je dois souligner, d'entrée de jeu, que nos universités et collèges contribuent largement au développement humain, social, culturel et économique de la francophonie canadienne et du Canada tout entier. La réalité veut toutefois qu'ils soient avant tout reconnus comme le moteur économique des communautés francophones minoritaires, et c'est sur quoi je vais insister aujourd'hui.
La participation de nos membres au développement et à l'épanouissement des communautés francophones minoritaires qu'ils habitent est bien ancrée dans la mission qu'ils poursuivent. Tant par les formations de qualité qu'ils offrent que par la recherche qu'ils mènent, nos établissements postsecondaires mettent à contribution leur savoir pour mieux faire rayonner leurs communautés.
Sur le plan économique, l'établissement postsecondaire est en premier lieu un agent de création d'emplois et un acheteur de biens et services. Songez un instant à l’apport économique des 600 employés de l’Université de Saint-Boniface dans une communauté de 65 000 habitants.
En deuxième lieu, il ne faut pas oublier l'impact de la recherche fondamentale et appliquée. En tant que pôles de recherche et d’innovation, nos membres contribuent aux gains de productivité réalisés dans l’économie de leurs collectivités, de leurs régions, de leurs provinces et du pays dans son ensemble. Nos chercheurs ne font pas seulement de la recherche pour le plaisir de faire des découvertes; ils s’en servent au profit de la communauté.
Près de chez nous, l'Université d'Ottawa a mené en 2012 une étude d'impact économique. Celle-ci montre qu'à elle seule, cette université stimule l'économie de l’agglomération d’Ottawa-Gatineau de 4,12 milliards de dollars par année.
Mais au-delà des chiffres, il y a le leadership des établissements postsecondaires au sein des communautés francophones minoritaires. Quand vient le temps de développer une communauté, tant sur le plan économique, social que culturel, nos établissements sont des partenaires et des catalyseurs, plutôt que des tours d’ivoire.
Dans le cadre de collaborations communauté-université-collège, on réunit des experts de plusieurs secteurs autour d’une table et on trouve des solutions multidisciplinaires aux enjeux de la communauté.
Prenons l'exemple de l'École d'architecture de l'Université Laurentienne et son impact sur la revitalisation du centre-ville de Sudbury. Inaugurée en septembre dernier, cette nouvelle école d’architecture transforme graduellement l’économie du centre-ville parce que des investisseurs et des entreprises marchent dans son sillon. Elle est aussi en train de former une nouvelle vague d’architectes versés dans le développement durable et l’urbanisation, et d’introduire dans le Grand Sudbury une nouvelle classe créatrice qui redonnera un élan à la vie culturelle et sociale de la collectivité.
En matière de recherche, nos établissements de la francophonie canadienne vont bien au-delà de la question linguistique. Ils ont adopté une vision beaucoup plus large et accueillent des chaires de recherche dans un grand nombre de domaines.
Ce sont nos chercheurs qui seront à l’origine des percées de l’avenir et qui sauront alimenter l’écosystème canadien de l’innovation. On sait déjà que les communautés les plus prospères sont celles qui ont su se tourner vers l'économie du savoir. La création d'emplois dans les communautés francophones minoritaires a donc un lien direct avec la capacité grandissante de recherche de nos établissements.
Reconnaissant le rôle primordial du gouvernement fédéral en matière de recherche, nous souhaitons que dans sa prochaine stratégie quinquennale en matière de sciences, de technologie et d'innovation, le gouvernement fera un constat sur la capacité grandissante de recherche des établissements postsecondaires de la francophonie canadienne et son impact sur l’essor économique.
Dans ce contexte, le niveau élevé de collaboration entre les établissements postsecondaires et les entreprises de toute taille mérite d’être souligné. Les nombreux partenariats université-collège-entreprise contribuent au développement des talents à l’appui de l’innovation en entreprise et favorisent le transfert technologique des établissements postsecondaires vers le secteur privé.
Le gouvernement, surtout par l’entremise du Conseil national de recherches du Canada, a fait beaucoup pour accroître le nombre de stages industriels, et il faut garder le cap. D’une part, l’accroissement des stages dans les établissements et les entreprises des communautés francophones minoritaires facilitera la rétention des diplômés qui, souvent, joignent les rangs de l’entreprise à la fin de leurs études, et, d’autre part, fera naître des idées porteuses de nouveaux emplois.
L’infrastructure servant à l’enseignement et à la recherche est un autre aspect qui nous intéresse. Tout récemment, le gouvernement a annoncé que, pour les 10 prochaines années, son nouveau Fonds Chantiers Canada comportera un volet innovation, auquel seront admissibles les établissements postsecondaires.
J’aimerais maintenant passer à l’enjeu de l’internationalisation de nos campus et du rôle important de l’éducation postsecondaire en matière d'immigration.
S’il est vrai que le phénomène du vieillissement de la population touche le pays dans son ensemble, les pressions démographiques sont encore plus fortes sur les communautés francophones minoritaires. Nous courons le risque de ne plus avoir suffisamment de travailleurs disponibles pour y consolider une économie moderne axée sur les technologies. L’immigration, et en particulier l’intégration économique des étudiants internationaux dans nos collectivités, devient donc notre planche de salut.
Le Canada vient de se donner une nouvelle stratégie quinquennale en matière d’éducation internationale. Son premier objectif est de doubler, d’ici 2022, le nombre d’étudiants internationaux au pays. Force est de constater que les étudiants internationaux de nos établissements sont des candidats idéaux pour immigrer au Canada et s’installer dans les communautés francophones puisqu’ils détiennent des diplômes canadiens, maîtrisent les deux langues officielles et ont, pour la plupart, une expérience de travail pertinente. Au cours des dernières années, les collèges et universités de la francophonie canadienne ont accueilli de plus en plus d’étudiants internationaux et leur ont offert divers programmes de formation et d’employabilité.
Le portrait démographique de la population étudiante de nos établissements a ainsi beaucoup changé au fil des ans et est des plus diversifiés. À titre d’exemple, les étudiants internationaux représentent 18 % de l’ensemble des effectifs de l’Université de Moncton et 15 % de la population étudiante de l’Université de Saint-Boniface.
Les établissements de la francophonie canadienne veulent faire plus en matière d’éducation internationale et d’immigration pour assurer le développement économique de leurs collectivités. Le gouvernement pourrait les appuyer en vue d’offrir une gamme élargie de formations et de services connexes aux étudiants immigrants, aux étudiants internationaux ainsi qu’aux immigrants d’expression française des communautés francophones minoritaires. De plus, la mise en oeuvre d’un programme de bourses ciblées à l’intention des établissements postsecondaires de la francophonie canadienne serait un pas dans la bonne direction en vue de faciliter le recrutement des étudiants.
Avant de passer à des recommandations concrètes, vous me permettrez de conclure en disant que nos membres occupent une place unique dans les communautés francophones minoritaires et jouent un rôle de leadership essentiel. S’il est vrai qu’ils sont les véritables moteurs économiques de ces communautés, ils ne peuvent toutefois remplir leur mission qu’en partenariat avec les autres acteurs, y compris les gouvernements.
Permettez-moi de terminer avec quatre recommandations.
Premièrement, dans sa prochaine stratégie quinquennale en matière de sciences, de technologie et d'innovation, le gouvernement pourrait reconnaître la capacité grandissante de recherche des établissements postsecondaires de la francophonie canadienne et son impact sur l’essor économique des communautés francophones minoritaires.
Deuxièmement, l’accroissement des stages dans les entreprises des communautés francophones minoritaires faciliterait la rétention des diplômés dans ces collectivités.
Troisièmement, concernant le volet innovation du nouveau Fonds Chantiers Canada, il reviendra aux établissements de la francophonie canadienne d’avancer de solides propositions en collaboration avec les provinces, mais il faudra que les décideurs fédéraux soient bien conscients de l’impact économique de l’enseignement et de la recherche sur les communautés francophones minoritaires.
Finalement, le gouvernement pourrait appuyer les établissements de la francophonie canadienne en vue d’offrir une gamme élargie de formations et de services connexes aux étudiants immigrants, aux étudiants internationaux ainsi qu’aux immigrants d’expression française. De plus, la mise sur pied d’un programme de bourses ciblées aurait comme effet d’attirer davantage d’étudiants internationaux dans les communautés francophones minoritaires.
Encore une fois, je vous remercie de nous avoir invités aujourd’hui et il me fera grandement plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je remercie les témoins d'être ici avec nous aujourd'hui.
Le comité fait présentement une étude sur la situation socioéconomique des communautés francophones en milieu minoritaire.
Monsieur Corbeil, vous avez présenté un très bon document. Quand j'ai commencé à le lire, je l'ai trouvé très intéressant. Toutefois, en lisant votre document, je m'attendais à connaître la situation réelle des communautés francophones en milieu minoritaire. Vous allez vous empresser de dire qu'il y a deux phrases importantes que M. Godin a relevées.
On ne peut pas déterminer la situation exacte des communautés en situation minoritaire parce que leurs populations ne sont pas assez importantes, parce qu'elles sont trop éloignées et parce qu'elles ne répondent pas aux questionnaires. Il y a toutes sortes de raisons qui peuvent être invoquées. Avez-vous quelque chose à nous suggérer à ce sujet? Faudrait-il prendre des paramètres d'analyse différents pour arriver à ce que nous, les membres du comité, ayons un état de la situation? Cela fait trois semaines que nous travaillons sur ce dossier et nous n'avons toujours pas un état de la situation. Pourtant, les gens viennent nous présenter de beaux documents, nous disent ce qu'ils font, nous parlent de la situation socioéconomique, des industries et de beaucoup d'autres choses.
Cependant, il y a des choses que nous ne savons pas. Nous ne connaissons pas le taux d'assimilation des gens des petites communautés. Vous dites qu'ils ont à peu près le même salaire, qu'ils ont à peu près le même taux de chômage et le même taux d'emploi. Est-ce ainsi parce qu'ils s'assimilent parce qu'ils parlent anglais ou est-ce ainsi parce qu'ils réussissent?
J'ai lu qu'ils se retrouvent surtout dans l'enseignement. Il est certain que, dans les conseils scolaires francophones, il y a des gens qui vivent en français. Il y a beaucoup de difficultés à en trouver, mais il y en a à l'extérieur du Québec. C'est ça ou alors ils travaillent pour des organisations provinciales. Ils sont alors fonctionnaires.
Outre cela, quelle est la vraie situation? Comment pourrait-on arriver à avoir un vrai portrait de la situation de la richesse et de la pauvreté de ces communautés?
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Je vous remercie de votre question. Elle est excellente.
Avant de céder la parole à mon collègue, M. Lepage, qui a beaucoup travaillé sur ces questions, je tiens quand même à préciser une chose. Entre 2010 et 2012, Statistique Canada a diffusé 11 portraits provinciaux et territoriaux qui totalisent près de 800 pages d'analyses sur chacune des provinces. On y aborde, entre autres, les situations démographique et socioéconomique, les langue parlées et l'éducation. Ainsi, pour ces portraits de chacune des provinces, il y a une information très détaillée que je vous encourage à consulter.
La semaine prochaine, une synthèse vidéo sera diffusée par Statistique Canada. D'une durée de près de 30 minutes, elle fera la synthèse de ces quelque 800 pages d'analyses.
Je dois mentionner que lorsque j'ai témoigné devant ce comité, j'ai parlé à plusieurs reprises des enjeux qui touchent l'anglicisation. Vous savez qu'à l'extérieur du Québec, près d'un quart de million de francophones considèrent qu'ils sont plus à l'aise pour parler en anglais qu'en français. Il y a différents enjeux.
Même si on peut bien se demander quelle est la situation actuelle des communautés, encore faut-il s'entendre sur ce qu'est une communauté. En effet, il y a vraiment une très grande diversité de communautés. Une proportion importante, soit 40 % des francophones à l'extérieur du Québec, vivent dans des municipalités où ils représentent moins de 10 %, voire moins de 5 % de la population. Est-ce une communauté? Qu'est-ce qui distingue ces gens de ceux qui vivent dans une communauté où ils représentent 40 % à 60 % de la population?
En fait, quand on parle de développement économique, il est clair qu'il y a beaucoup de gens qui se développent d'un point de vue socioéconomique, mais cela se fait majoritairement en anglais. Vous avez tout à fait raison à ce sujet.
J'aimerais peut-être céder la parole à mon collègue.