Bonjour, mesdames et messieurs les membres du Comité permanent des anciens combattants. Merci beaucoup de nous donner l’occasion de vous présenter notre exposé.
Je m’appelle Alice Aiken. Je suis directrice scientifique à l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans. J’enseigne la réadaptation à l’université. Je suis fière d’être ancienne combattante; j’ai servi durant 14 ans dans la Marine royale canadienne.
Je vous présente celle qui m’accompagne aujourd’hui. Il s’agit de Susan Marlin, directrice du conseil d’administration intérimaire et vice-rectrice adjointe à la recherche de l’Université Queen’s.
Tant l’institut que ce qu’il représente me sont très chers, et je suis très heureuse d’avoir l’occasion de pouvoir vous parler de l’ICRSMV et du rôle qu’il joue pour faire avancer la recherche dont tireront profit les anciens combattants, les militaires actuels et leur famille.
En novembre 2010, l’Université Queen’s et le Collège militaire royal du Canada ont fondé l’Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans avec l’appui inconditionnel d’ACC et du MDN. Avant cette initiative, le Canada était le seul de ses principaux alliés à ne pas avoir un tel institut. Cet institut universitaire, qui s’étend d'est en ouest, comprend 21 universités et plus de 150 chercheurs, et il n’a pas fini de croître. Nous nous sommes regroupés pour répondre aux priorités gouvernementales en matière de recherche sur les conséquences uniques sur la santé et la vie sociale du personnel militaire, des anciens combattants et de leur famille, soit ceux qui ont fait beaucoup de sacrifices au nom de notre pays.
[Français]
Plus de 700 000 anciens combattants au Canada et plus de 100 000 militaires en service constituent une population importante exposée à des risques particuliers et à des expériences qui exigent de nouvelles normes de protection, de prévention et de soins pour les militaires malades et blessés, les anciens combattants et leurs proches.
[Traduction]
Actuellement, plus de gens ont servi en Afghanistan qu’en Corée. Le nombre actuel de blessés est le plus élevé depuis la guerre de Corée, et ces blessures sont plus complexes. Le Parlement a été informé qu’une personne sur cinq, parmi les militaires qui ont servi en Afghanistan ou qui ont participé à d’autres récentes missions, souffrira de problèmes de santé mentale, et nous ne savons aucunement si l’étendue du problème est en fait aussi restreinte.
L’ICRSMV est un organisme novateur ayant recours à des ressources universitaires déjà existantes en vue de faciliter le déroulement de nouvelles recherches, la capacité de recherche et la diffusion efficace des connaissances. Cet institut sert de point central pour tous les intervenants qui s’intéressent à la recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants et sert également de lien entre la communauté universitaire, les organismes gouvernementaux et les organismes similaires sur la scène internationale.
La mission de l’ICRSMV est d’optimiser la santé et le bien-être du personnel militaire canadien, des anciens combattants et de leur famille en mobilisant et en exploitant les ressources nationales pour mener des recherches d’envergure, créer de nouvelles connaissances et les diffuser. Les recherches de l’ICRSMV se concentrent sur l’obtention de résultats qui se traduisent en programmes, en politiques et en pratiques qui peuvent rapidement avoir un effet sur la vie des bénéficiaires. L’ICRSMV vise à s’assurer que les meilleurs chercheurs canadiens participent à des recherches qui sont entièrement coordonnées avec des agences nationales et internationales pour faire en sorte que ces travaux enrichissent les recherches existantes, au lieu de les reproduire.
Le gouvernement canadien fournit aux militaires qui partent en mission le meilleur équipement et le meilleur entraînement au monde. Lorsque ces militaires reviennent et sont aux prises avec un nouveau champ de bataille, c’est-à-dire un champ de bataille personnel qui est marqué par des blessures physiques et mentales et des défis sociaux liés à la réintégration dans le milieu familial et la vie civile, nous devons nous assurer de leur fournir un soutien d’aussi grande qualité. Cette aide doit se fonder sur les meilleures données probantes disponibles provenant de recherches réalisées par les meilleurs savants canadiens.
La vision de l’ICRSMV est d’optimiser la santé et le bien-être du personnel militaire canadien, des anciens combattants et de leur famille grâce à des recherches de calibre mondial menant à des pratiques et à des politiques fondées sur des données probantes.
Pour que cette vision se concrétise, l’ICRSMV met l’accent sur l’établissement de partenariats avec des particuliers et des organismes: des associations professionnelles comme l’Association médicale canadienne; des fondations comme la Fondation La patrie gravée sur le coeur et l’Institut Rick Hansen; des instituts de recherche comme le Centre de toxicomanie et de santé mentale, la Légion royale canadienne et le Congrès des sciences sociales et humaines, pour ne nommer que ceux-là.
En fait, le ministre des Anciens Combattants, l’honorable Steven Blaney, a dit:
Avec le retour des troupes de l'Afghanistan... il est plus important que jamais d'avoir un réseau d'universitaires et de chercheurs qui peuvent aider à mieux connaître les effets à long terme du service militaire, en particulier dans les domaines de la santé mentale, des besoins complexes en matière de santé et des familles. Grâce à un vaste réseau regroupant des instituts de recherche américains, l’Australian Centre for Military and Veterans' Health et le nouvel Institut canadien de recherche sur la santé des militaires et des vétérans, nos nations s’échangeront des renseignements et examineront d'autres possibilités de collaborer.
L’ICRSMV crée des façons de collaborer par l’entremise du Forum annuel de recherche sur la santé des militaires et des anciens combattants. L’année dernière, cet évènement majeur s’est tenu à Kingston, en Ontario, du 14 au 16 novembre. Il a accueilli plus de 450 intervenants, chercheurs, militaires, membres du personnel civil, membres de l’industrie, éminents conférenciers principaux et représentants nationaux et internationaux. Ce forum hautement interactif accueillait 12 conférenciers principaux, dont deux des États-Unis, un du Royaume-Uni et votre ministre. On y retrouvait 31 affiches scientifiques, et on y a présenté 110 recherches de qualité se concentrant sur les aspects importants de la santé mentale, de la protection de la santé liée à l’environnement et aux activités, de la réadaptation physique et mentale, des soins aux militaires tombés au combat, des politiques et des programmes en matière de santé et de la transition de la vie militaire à la vie civile.
Nos militaires reviennent d’une mission de combat difficile qui a duré 10 ans, et ils se préparent déjà aux futurs déploiements. Le Canada a un devoir social envers ces fils et ces filles, ces maris et ces femmes, ces pères et ces mères que nous envoyons en mission pour défendre la liberté et la qualité de vie dont nous jouissons tous.
La communauté universitaire est mobilisée, nos partenaires sont engagés, et la fierté canadienne à l’endroit de nos anciens combattants est forte. À l’instar de nos militaires qui ont combattu côte à côte dans le cadre de missions partout sur la planète, collaborons pour venir en aide à ces hommes et à ces femmes qui reviennent au pays et se retrouvent aux prises avec un combat personnel.
Merci.
:
Merci, mesdames et messieurs les parlementaires, de votre invitation.
Je m’appelle David Pedlar. Je suis directeur de la recherche à ACC. Je travaille à Charlottetown. Ma collègue Charlotte Bastien m’accompagne aujourd’hui.
Le travail que votre comité accomplit en ce qui a trait à la santé et au bien-être des anciens combattants est très important, et divers collègues du ministère des Anciens Combattants ont comparu devant vous dans le cadre de votre étude. En décembre dernier, ma collègue Janice Burke vous a en fait donné un aperçu des études sur la vie après le service militaire, les ÉVASM. Ces études fournissent à ACC des renseignements essentiels, à mesure que nous continuons d'intégrer nos résultats de recherche dans nos programmes et nos services.
Je me réjouis de cette occasion de vous fournir de plus amples renseignements sur le sujet. Vous vous rappelez sans doute que le programme de recherche concernant les ÉVASM constitue un partenariat entre ACC, les FC, le MDN et Statistique Canada. Ce programme de recherche vise à comprendre la transition de la vie militaire à la vie civile, ainsi que les effets à court et à long terme du service militaire sur la santé des anciens combattants et leur parcours de vie après le service.
Nous sommes emballés par ce que nous apprenons grâce aux ÉVASM, notamment parce qu’auparavant nos connaissances se limitaient aux données probantes relativement aux clients d'ACC, ce qui représentait uniquement 11 p. 100 des anciens combattants canadiens de l'après-guerre de Corée. Jusqu’à tout récemment, nous ne disposions que de très peu de données empiriques sur les anciens combattants qui ne recevaient pas de prestations d'ACC, soit la majorité des anciens combattants canadiens. Aujourd'hui, la situation a changé grâce aux ÉVASM. Les études portent à la fois sur les anciens combattants bénéficiaires de prestations d’ACC et sur ceux qui ne le sont pas et permettent aussi de faire des comparaisons entre les anciens combattants et l'ensemble de la population canadienne.
Ces travaux utilisent une approche axée sur la santé de la population, ce qui nous permet de comprendre ce qui peut causer des maladies et ce qui permet de garder une population en santé. Cette approche nous permet en outre de répondre à des questions essentielles en ce qui concerne la vie après le service militaire et de déterminer si les besoins en matière de transition sont satisfaits.
Je suis fier de dire que ces études placent ACC à l'avant-garde de la recherche sur la transition. Il s'agit de travaux uniques qui suscitent véritablement l'intérêt des universitaires et des partenaires internationaux du milieu.
Nous constatons un intérêt accru dans ce domaine et nous tenons compte de tous les travaux effectués tant sur la scène nationale qu’internationale, y compris le travail de ma collègue Alice Aiken. Comme vous le savez, le ministère a déjà apporté des changements concrets, par l’entremise de la Loi améliorant la Nouvelle Charte des anciens combattants, visant à améliorer les mesures financières en place pour venir en aide aux anciens combattants les plus grièvement handicapés. À ACC, nous nous assurons que ces travaux ont une application pratique au chapitre des prestations et des services que nous offrons aux anciens combattants et à leur famille.
Abordons maintenant ce que nous avons appris. Trois études ont été publiées en 2011. La première étude porte sur le revenu avant et après le service, parce que nous savons que le revenu revêt une importance fondamentale pour la santé. La deuxième étude est une enquête sur la santé de la population menée auprès des membres de la Force régulière des FC qui ont été libérés entre 1998 et 2007. Nous avons examiné la santé, l'invalidité et un éventail de déterminants de la santé, notamment le revenu, l'emploi et le soutien social. La troisième étude se concentre sur les causes de décès et les taux de cancer parmi les membres des FC toujours en service et les anciens combattants.
Je souhaite maintenant vous faire part d'une partie de ce que nous avons appris dans le cadre des études. Premièrement, voici certains résultats encourageants. Parmi les répondants, 65 p. 100 ont affirmé s'être adaptés facilement à la vie civile. Dans l'ensemble, les militaires libérés étaient moins susceptibles d'avoir un faible revenu, comparativement à l’ensemble des Canadiens. En fait, comparativement aux autres Canadiens, ils avaient 50 p. 100 moins de risque de se retrouver sous le seuil de faible revenu déterminé par Statistique Canada. Moins de 2 p. 100 d'entre eux ont eu un faible revenu persistant, ce qui veut dire un faible revenu sur une longue période.
Près de 90 p. 100 ont travaillé après leur libération, et la majorité d'entre eux ont dit être satisfaits de leur travail. Les anciens combattants n’étaient pas plus susceptibles de connaître le chômage. Le taux de chômage était d’environ 8 p. 100 au moment du sondage, ce qui était un taux comparable à celui dans la population en général.
Pour les anciens combattants de sexe masculin, le taux de risque global de décès, toutes causes confondues, était de 23 p. 100 moins élevé que celui de l'ensemble de la population canadienne.
Enfin, les anciens combattants étaient plus susceptibles d'avoir un médecin régulier et d’être couverts par un régime de soins de santé, comparativement à l'ensemble de la population canadienne.
Passons maintenant aux défis avec lesquels sont aux prises les anciens combattants en fonction de nos conclusions. Même si les résultats dont je viens de parler, soit que les anciens combattants ont un risque global plus faible de décès prématuré, il y avait une grande exception à cet égard, soit le suicide. Le risque de suicide est de 46 p. 100 plus élevé parmi les anciens combattants de sexe masculin. Ces données concernent les militaires libérées. En ce qui concerne ces résultats, nous prenons des mesures concrètes en matière de recherche et élaborons des programmes d’action dans le domaine de la prévention du suicide.
Il y a bien entendu tous les problèmes liés aux invalidités qui n'entraînent pas un décès. Par exemple, les taux de troubles musculosquelettiques, soit l’arthrite et les problèmes de dos, de douleur, de douleur chronique, de troubles d’anxiété et d’invalidité étaient plus élevés parmi les répondants que dans l'ensemble de la population. Le taux d'arthrite est presque deux fois plus élevé que dans l'ensemble de la population, de même que le taux de problèmes de dos.
Bon nombre de ces problèmes de santé ont été principalement constatés parmi les anciens combattants qui avaient ce que j’appellerais des problèmes de santé complexes. J’en suis venu à appeler cette tendance la triple menace. Il s’agit d’anciens combattants qui souffrent de troubles musculosquelettiques, soit d’arthrite ou de problèmes de dos, de problèmes de santé mentale et de douleur chronique. Ce groupe représente environ 16 p. 100 de la population totale ciblée par l'enquête. Nous nous concentrons donc sur ces problèmes de santé dans les analyses que nous menons pour appuyer la modernisation des programmes de soins de santé en vue d’améliorer le soutien offert à ce groupe.
Nous avons aussi appris que des anciens combattants pourraient avoir besoin de notre aide, mais qu’ils ne communiquent pas avec nous. Par exemple, 17 p. 100 des anciens combattants qui ne sont pas des clients d'ACC ont déclaré que leur adaptation à la vie civile a été difficile ou très difficile, et 13 p. 100 ont affirmé souffrir de problèmes de santé mentale. Cela démontre qu'il existe des problèmes en ce qui a trait à la portée des programmes et aux communications avec les anciens combattants. Pour aborder cette situation, nous collaborons étroitement avec nos collègues en communications et en relations publiques et nos collègues du MDN pour essayer de communiquer avec les groupes à risque et d’améliorer nos communications avec les anciens combattants.
À mesure que nous consacrons davantage de temps à examiner les données et à nous concentrer sur la situation de petits groupes, nous constatons que certains groupes semblent connaître une part disproportionnée de difficultés. Par exemple, un faible revenu est plus fréquent parmi les anciens combattants libérés à un jeune âge, ceux libérés involontairement et ceux libérés à des grades inférieurs.
Une autre dimension du revenu est sa réduction après la libération. Nous avons constaté que les anciens combattants libérés de sexe féminin connaissent l’une des baisses de revenu les plus importantes.
Même si la majorité des répondants affirment vivre une bonne expérience de transition, une minorité non négligeable des répondants, à savoir environ le quart, ont vécu une expérience de transition difficile ou très difficile. Les membres libérés pour raisons médicales, ceux qui étaient séparés, veufs ou divorcés et ceux qui avaient de 10 à 19 années de service militaire étaient plus susceptibles d'avoir de la difficulté à s'adapter à la vie civile. Ils se trouvaient au milieu.
Il existe des sous-ensembles d’anciens combattants qui ont des besoins de santé très complexes, et il faut nous assurer que nos programmes leur donnent le soutien dont ils ont besoin. Notre gestion de cas aura un rôle essentiel à jouer pour répondre à ces préoccupations.
Il y a donc toute une gamme de problèmes de santé au sein des militaires libérés. Bon nombre d'entre eux se portent bien. Cependant, certains éprouvent des difficultés, et une minorité importante a dit avoir un état de santé complexe. Selon nos calculs, environ 16 p. 100 des répondants doivent composer avec la triple menace.
Nous sommes très actifs sur le plan de la recherche. En plus des mesures mentionnées plus tôt, comme celles concernant la prévention du suicide, nous participons très activement aux activités d'échange de connaissances pour nous assurer de transmettre nos conclusions aux utilisateurs finaux d'ACC, du MDN et des FC.
Nous menons actuellement des analyses plus poussées sur différents aspects, notamment les problèmes de santé mentale et physique, les données relatives au revenu et une meilleure compréhension des anciens combattants qui ne sont pas des clients d'ACC. Par ailleurs, nous utilisons les résultats pour améliorer les aspects des politiques, des programmes et des services d'ACC, notamment les programmes de prestations d'invalidité, les soins de santé, la gestion de cas et la sensibilisation auprès des professionnels de la santé.
Je tiens à noter un élément. Dans le cadre des EVASM, nous n’avons pas été en mesure d'examiner la situation des anciens combattants qui sont membres de la Première réserve. Il s'agit d'un domaine d'intérêt pour ACC, les FC et le MDN. On prétend que les réservistes pourraient vivre des périodes de transition plus difficiles, mais je ne dispose pas suffisamment de renseignements à ce sujet pour vous en parler aujourd’hui. C'est un défi que nous et nos partenaires internationaux devons relever, étant donné que les membres des réserves sont de plus en plus actifs dans les opérations et les activités des forces armées.
Merci beaucoup de nous avoir permis de vous faire part de nos renseignements concernant les EVASM.
:
Monsieur le président, bonjour. Je vous remercie de nous donner l'occasion de participer à cette discussion sur les services de transition et de réadaptation offerts aux anciens combattants.
Avec l'adoption de la Nouvelle Charte des anciens combattants en 2006, Anciens Combattants Canada a rehaussé le niveau de soutien accordé aux membres des Forces canadiennes ainsi qu'aux anciens combattants et à leurs familles. Le ministère continue de collaborer étroitement avec le ministère de la Défense nationale de façon à offrir une approche intégrée de la transition.
La présence d'Anciens Combattants Canada dans les 24 centres intégrés de soutien du personnel dans l'ensemble du Canada permet d'intervenir plus tôt, renforçant ainsi les soins et le soutien dispensés au personnel militaire malade ou blessé et à leurs familles.
Anciens Combattants Canada participe actuellement, avec le ministère, à un examen des centres intégrés par des visites sur place. Un plan d'action est en voie d'élaboration pour appuyer les recommandations qui découlent de ces visites.
Les services qu'offre Anciens Combattants Canada à chacun de ces centres intégrés de soutien du personnel sont axés sur le rétablissement, la réadaptation et la réintégration. On parle, notamment, des entrevues de transition, de la gestion de cas, des renseignements au sujet des avantages des services offerts par Anciens Combattants Canada et de l'aide pour faire des demandes pour avoir accès à ces services, ainsi que la coordination de services et d'avantages offerts par le ministère et autres fournisseurs de soins au sein de la collectivité.
Les entrevues de transition sont offertes à chaque membre des Forces canadiennes en voie de libération et à sa famille. L'an dernier seulement, Anciens Combattants Canada a fait plus de 3 700 entrevues de transition avec des membres qui étaient en voie de libération. Ces entrevues constituent un point de départ essentiel, étant donné qu'on discute des besoins sur le plan de la transition de toute la famille et qu'on dispense des renseignements sur les programmes et services qui sont disponibles pour répondre à ces besoins.
Tel que les représentants de Right Management l'ont expliqué au comité jeudi dernier, Anciens Combattants Canada offre des services de transition de carrière aux membres admissibles qui sont libérés sans invalidité. Ces services sont conçus pour les aider à trouver un emploi civil convenable et approprié.
De la même façon, des gens de CanVet ont décrit les services et l'aide professionnelle fournis dans le cadre du programme de réadaptation professionnelle d'Anciens Combattants Canada, qui aide les anciens combattants des Forces canadiennes et leurs familles à réussir leur transition vers la vie civile au moyen de services complets qui rétablissent la capacité de fonctionner à domicile, dans la collectivité et au travail. On offre des services médicaux, psychosociaux et professionnels aux anciens combattants qui ont subi une maladie ou une blessure qui a malheureusement mis fin à leur carrière militaire ou encore qui sont atteints d'un problème de santé qui a été causé par le service dans les Forces canadiennes.
Les participants qui ont suivi le programme de réadaptation ont répondu à notre sondage de réintégration. Ces gens ont un bilan de santé mentale et physique et ils courent moins le risque de faire une dépression. Ils ont un sentiment plus marqué d'appartenir à leur collectivité locale, participent davantage aux activités quotidiennes de leur famille, sont plus aptes à faire reconnaître leur service militaire, se sentent mieux préparés pour trouver et garder un emploi civil, et ils sont davantage informés au sujet des activités en général et des activités de recherche d'emploi. Plusieurs ont réussi à trouver un emploi: 79 p. 100 d'entre eux ont présentement un emploi au sein du marché du travail civil.
Comme le docteur Pedlar l'a souligné plus tôt, le revenu constitue un facteur déterminant important, sinon le plus important, de la santé. Les indicateurs d'emploi positifs susmentionnés appuient le facteur déterminant clé de la santé.
Ces résultats sont positifs, mais Anciens Combattants Canada continue à collaborer étroitement avec le ministère de la Défense nationale et nos autres partenaires, en vue d'améliorer les services et le soutien que nous offrons aux membres des Forces canadiennes, aux anciens combattants et à leurs familles.
Stéphane, qui est gestionnaire de l'équipe de Services aux clients au Centre intégré de soutien du personnel à Valcartier, vous expliquera les services et les avantages que nous offrons.
:
Monsieur le président et membres du comité, je suis gestionnaire d'équipe pour les Services aux clients. Je travaille pour le bureau de district de Québec et je suis déployé à la garnison de Valcartier. Mon association avec Anciens Combattants Canada est plutôt récente. J'ai joint les rangs de ce ministère le 21 septembre 2010. Auparavant, j'ai eu le plaisir et l'honneur de commander des troupes pendant quelque 23 années au sein du Royal 22
e Régiment.
Lors de mon entrée en fonction, j'ai notamment été frappé par la quantité de choses que j'aurais dû déjà savoir. Anciens Combattants Canada aurait dû me transmettre cette information parce que je commandais des troupes et que j'aurais ainsi été mieux à même de conseiller mes soldats. J'aurais également eu besoin de cette information lorsqu'on m'a annoncé que ma carrière allait prendre fin, car j'aurais pu mieux comprendre les programmes et les prestations qui s'offraient à moi pour m'aider à réussir la transition entre la vie militaire et la vie civile.
Voici ce dont je vais traiter aujourd'hui. Je vais vous parler des raisons pour lesquelles les choses ont changé en 2006. Je vais vous présenter les programmes disponibles et les changements qui ont été apportés, surtout l'automne dernier, pour vous montrer comment tout cela se passe. Je vais vous présenter deux exemples de cas illustrant le fonctionnement des outils à la disposition de nos anciens combattants qui passent à la vie civile. Ensuite, nous répondrons bien sûr à vos questions.
[Français]
Quand je rencontre d'anciens confrères de travail, on me demande souvent pourquoi nous avons remplacé un système qui semblait bien fonctionner par la nouvelle charte. La réalité et la perception qu'on peut en avoir sont souvent bien différentes.
Au début des années 2000, plusieurs études ont démontré que les militaires blessés avaient énormément de difficulté à réintégrer de façon efficace la vie civile. L'incapacité de faire reconnaître leurs connaissances et leurs compétences sur le marché du travail posait souvent problème à ces militaires lorsqu'ils devaient entreprendre une nouvelle carrière dans le monde civil. Un constat d'échec menait souvent à des problèmes de dépression, de pauvreté et familiaux, par exemple des crises à l'intérieur des cellules familiales. Souvent les pensions d'invalidité n'étaient pas un levier financier assez fort pour permettre à nos anciens combattants de continuer à soutenir leur famille.
Tous les experts vont abonder dans le même sens et dire qu'entreprendre une nouvelle carrière, occuper un nouvel emploi, ce qui comporte de nombreux défis, est la clé d'une transition efficace vers le monde civil. Or, la seule porte d'accès aux services du ministère des Anciens Combattants était l'admission à une pension d'invalidité. Pour avoir plus de services, il fallait démontrer qu'on était beaucoup plus malade.
[Traduction]
En ce qui a trait aux services offerts en 2006, il y avait d'abord les pensions d'invalidité. Le montant des pensions était calculé en fonction de la gravité de la blessure ou maladie liée au service et des répercussions sur la capacité du bénéficiaire de gagner sa vie. Il s'agissait d'indemnités mensuelles non imposables qui pouvaient être versées à vie.
Nous avions ensuite les soins de santé, qui étaient divisés en trois grandes catégories. Il y avait premièrement le Programme pour l'autonomie des anciens combattants (PAAC). Ce programme aidait nos anciens combattants à vivre à la maison et dans la dignité le plus longtemps possible. Venaient ensuite les soins de longue durée pour les invalidités liées au service, en plus des traitements — les avantages médicaux pour tout problème de santé reconnu comme étant lié au service. Un membre se blessait un genou, la blessure était reconnue. Et après son départ des forces militaires, ce qui devait être fait pour cette blessure au genou était couvert par Anciens Combattants Canada.
Finalement, il y avait la gestion de cas.
Dans le but de mieux servir nos membres qui quittaient les forces pour réintégrer la vie civile, nous avons lancé la nouvelle charte en 2006. Voyons ce qu'elle offre comme programmes.
[Français]
Tout d'abord, on a le service de réorientation professionnelle. C'est un programme qui, peu importe la raison de la libération, fournit au soldat une aide professionnelle à l'intérieur des deux années suivant sa libération. Ce programme l'aide à se réorganiser et à se trouver un emploi, il lui offre des ateliers sur la façon de faire un curriculum vitae, de passer des entrevues et de faire une recherche d'emploi efficace. Pour un soldat qui obtient une libération et qui quitte les Forces canadiennes, l'un des plus grands défis est de trouver un nouvel emploi et, surtout, de nouveaux intérêts. En effet, pendant tout le temps où il a servi dans les Forces canadiennes, il n'a pas eu besoin de se poser des questions à cet égard.
Ensuite, on a le programme de réadaptation, qui est sans l'ombre d'un doute le fer de lance de la nouvelle charte. Le programme de réadaptation repose sur trois piliers: un volet médical touchant les aspects physique et psychologique; un volet psychosocial visant à aider nos militaires à trouver des façons d'interagir dans leur milieu; un volet de réadaptation professionnelle ayant pour but d'aider les militaires à trouver un emploi qui soit adapté à leurs limitations physiques ou mentales. Sur ce dernier point, le but est de permettre aux militaires de trouver un emploi rémunérateur, comportant de nouveaux défis et leur permettant de devenir des citoyens canadiens productifs.
Les militaires qui sont libérés pour raison médicale sont automatiquement admissibles au programme de réadaptation à l'intérieur des 120 jours suivant leur libération. C'est aussi le cas pour les militaires qui, quelle que soit la raison de leur libération des Forces canadiennes, éprouvent des problèmes physiques ou subissent des entraves à leur réinsertion dans la vie civile en lien avec leur service militaire. À la fin, nous nous pencherons sur des exemples pour illustrer cet aspect.
On a aussi l'indemnité d'invalidité, qui fonctionne de la même façon que la pension d'invalidité dont j'ai parlé plus tôt. Toutefois, c'est un montant forfaitaire payable en un versement.
Autre chose, la nouvelle charte prévoit l'accès au Régime de soins de santé de la fonction publique. Auparavant, les militaires qui n'avaient pas complété 10 années de service n'avaient pas accès à ce régime. Maintenant, un militaire qui est admissible au programme de réadaptation pourra avoir accès au Régime de soins de santé de la fonction publique. Cela représente un avantage substantiel, surtout s'il a une famille et des enfants.
La nouvelle charte prévoit aussi une multitude de prestations financières.
Premièrement, il y a l'allocation pour perte de revenus qui consiste en un versement de 75 p. 100 de la solde du militaire au moment de sa libération, s'il est admissible au programme de réadaptation. À supposer que le militaire ne soit pas apte à retourner sur le marché du travail, cette allocation continue de lui être versée jusqu'à l'âge de 65 ans.
Deuxièmement, pour compenser la baisse de son niveau d'employabilité qui serait due à des blessures en lien avec son service, un militaire pourrait être admissible à l'allocation pour déficience permanente. Cette allocation est un montant imposable, elle fonctionne à trois niveaux et elle peut varier entre 500 $ et 1 600 $. C'est une somme qui est payable tous les mois.
Troisièmement, lorsque l'allocation pour perte de revenus cesse d'être versée, c'est-à-dire une fois que le client a complété le programme de réadaptation, l'allocation de soutien du revenu des Forces canadiennes prend le relais. Elle agit comme un levier financier le temps que notre militaire trouve un emploi et intègre le marché du travail.
Finalement, on a la prestation de retraite supplémentaire, qui vise à compenser les contributions que notre client n'aura pas pu payer à un régime de prestations de retraite. L'allocation pour perte de revenus, qui cesse d'être versée à 65 ans, est remplacée par la prestation de retraite supplémentaire qui, avec les autres régimes qui versent des allocations à l'âge de 65 ans, représente un levier financier.
En plus de cela, la nouvelle charte fournit des services aux familles. Le ministère de la Défense nationale a reconnu l'importance des familles qui supportent nos militaires. Le ministère des Anciens Combattants a fait la même chose. Le volet de réadaptation professionnelle du programme de réadaptation peut être mis au service du conjoint ou de la conjointe si notre client n'est pas apte à entreprendre une réadaptation professionnelle. De même, nos gestionnaires de cas peuvent dispenser des services aux familles et aider les enfants et les conjoints et conjointes à mieux vivre avec la nouvelle réalité de la libération militaire.
Finalement, sont maintenus les services de gestion de cas, la prestation de décès, qui est une indemnité d'invalidité, et, évidemment, tous les soins de santé qui étaient dispensés sous l'ancien système avant l'entrée en vigueur de la nouvelle charte.
[Traduction]
Il y a cinq ans, lorsque la nouvelle charte est entrée en vigueur, il était clair que nous allions probablement devoir retourner à la table à dessin et revoir certains des programmes offerts, de façon à mieux servir nos anciens combattants. Le projet de loi a été adopté et d'importants changements ont ainsi été apportés à quelques-uns des programmes l'automne dernier, encore là, dans le but de mieux servir nos anciens combattants.
Nous avons premièrement constaté que le versement d'un paiement forfaitaire pour l'indemnité d'invalidité ne convenait pas à tout le monde. Les bénéficiaires peuvent donc maintenant choisir de recevoir leur indemnité en plusieurs versements. Nous avons aussi appris que l'allocation pour perte de revenus de 75 p. 100 ne convenait pas à tout le monde. Prenons l'exemple d'un jeune soldat blessé en Afghanistan. Une allocation de 75 p. 100 de son salaire n'était pas suffisante. Nous avons donc établi un minimum de 40 000 $ par année pour les membres des grades inférieurs. Les salaires d'aujourd'hui ne sont plus ce qu'ils étaient pour les anciens combattants ayant quitté les forces dans les années 1990.
Nous avons aussi amélioré l'accès à l'allocation pour déficience permanente, pour que plus d'anciens combattants puissent profiter de ce programme. Ceux qui obtiennent le maximum de l'allocation pour déficience permanente — 1 600 $ par mois, comme je le disais tout à l'heure — ont droit à un montant supplémentaire de 1 000 $ par mois, de façon à ce qu'ils puissent subvenir convenablement aux besoins de leur famille.
Outre les modifications proposées par le projet de loi C-55, beaucoup de changements ont été faits pour améliorer, simplifier, accélérer et personnaliser davantage la prestation des services. Des pouvoirs ont été délégués aux bureaux de district, pour que les personnes qui s'occupent des anciens combattants aient l'autorité nécessaire pour mettre des services en place. Nous avons réduit la norme de service pour l'allocation d'invalidité de 24 à 16 semaines. De nouveaux employés ont été embauchés là où les besoins le justifiaient. Nous examinons donc d'autres initiatives pour mieux servir notre clientèle.
[Français]
Maintenant, voyons comment fonctionne la nouvelle charte et comparons cela à la façon dont ça fonctionnait auparavant.
Le cas qui se trouve devant vous est celui d'un caporal marié qui a été libéré pour des raisons médicales après quatre années de service. Il n'a donc pas droit à une pension des Forces canadiennes. Dans cet exemple, le caporal est considéré invalide à 80 p. 100. Il recevait un salaire de 4 410 $ par mois, ce qui représente 3 300 $ après impôt.
Dans l'ancien système, avant 2006, notre militaire aurait reçu une pension d'environ 2 400 $ par mois, libre d'impôt, à vie. Sa prestation du RARM, qui représente 75 p. 100 de sa solde, aurait été amputée d'une certaine somme, étant donné qu'il reçoit une pension. Il aurait donc reçu 910 $ supplémentaires par mois. Au total, ce militaire blessé libéré pour des raisons médicales recevrait 3 300 $ par mois, après impôt, jusqu'à l'âge de 65 ans.
Regardons maintenant comment la nouvelle charte aide nos anciens combattants blessés. Les différences majeures sont les suivantes. On reprend le même exemple, avec les mêmes chiffres de planification. Voyons comment les services offerts par la nouvelle charte sont là pour aider notre militaire.
Tout d'abord, il n'avait pas complété 10 années de service, mais il aurait accès au Régime de soins de santé de la fonction publique, s'il avait recours au programme de réadaptation, ce qu'il ferait fort probablement.
L'indemnité d'invalidité représenterait un montant forfaitaire de 220 000 $. Pour le bien de la cause, on a évalué l'allocation pour déficience permanente au deuxième niveau, soit à 1 070 $ par mois avant impôt. Le fait qu'il reçoive une indemnité d'invalidité n'aurait pas d'impact sur sa prestation d'invalidité permanente — qui représente 75 p. 100 de sa solde —, qui se chiffrerait à 3 300 $ avant impôt.
En tenant compte de toutes les sommes payées à notre militaire, il recevrait 3 600 $ par mois, après impôt, en plus du montant forfaitaire de 220 000 $, des services de réadaptation et du soutien à la famille.
[Traduction]
Le deuxième exemple est probablement celui qui illustre le mieux l'aide supplémentaire accordée aux anciens combattants en vertu de la nouvelle charte. On a ici un caporal qui a quitté les forces volontairement en 2008, après huit ans de service. Il n'était pas admissible aux prestations, puisqu'il n'avait pas terminé dix années de service, et qu'il s'agit en plus d'une libération volontaire. Toutefois, il a été blessé dans un accident d'automobile lié au service. Il occupe maintenant un emploi civil comme électricien, pour un salaire de près de 4 600 $ par mois, soit 3 600 $ après impôts.
Selon l'ancien système, si son invalidité avait été évaluée à 20 p. 100, il aurait reçu près de 700 $ par mois exempts d'impôts à vie. Ce serait pour les services offerts par ACC.
Si on prend le même exemple et qu'on applique les principes de la nouvelle charte, on voit comment les outils fonctionnent. On utilise les mêmes données aux fins de la planification. Cependant, les 20 p. 100 lui vaudraient une indemnité d'invalidité de 52 000 $ dollars exempts d'impôts.
Il a présenté une demande parce qu'il souffre d'une blessure liée au service. Même s'il a quitté les forces volontairement, son état de santé complique son intégration à la vie civile et menace son emploi. S'il était admis au programme de réadaptation, il recevrait 75 p. 100 du salaire qu'il gagnait lorsqu'il a quitté les forces.
De plus, il pourra profiter du programme de réadaptation professionnelle, qui lui permettra de trouver un nouvel emploi qui tient compte de ses limites physiques. À la fin de sa formation, il pourra se trouver un bon emploi, gagner un bon salaire et relever de nouveaux défis.
C'est ce qui conclut la présentation sur les changements apportés à la Nouvelle Charte des anciens combattants, illustrant comment on aide nos anciens combattants chaque jour.
Merci beaucoup.