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Merci beaucoup, mesdames et messieurs.
Il s'agit de la 16e réunion du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration. La séance est télévisée.
Nous avons deux points à l'ordre du jour aujourd'hui. Au cours de la première heure, nous recevons le ministre pour discuter du Budget supplémentaire des dépenses. Au cours de la deuxième heure, nous poursuivrons notre étude sur le rapport sur la protection des femmes dans notre système d'immigration.
Commençons.
Monsieur Alexander, je vous remercie énormément, vous et vos invités, de comparaître devant nous aujourd'hui.
Se joignent à nous M. Robert Orr, qui a récemment comparu devant le comité, et M. Linklater, évidemment, sous-ministre adjoint, Politiques stratégiques et de programmes, qui a aussi témoigné devant nous à maintes reprises, tout comme M. Tony Matson, sous-ministre adjoint et administrateur principal des finances. Nous accueillons également la sous-ministre, Mme Biguzs.
Nous avons devant nous l'honorable .
Monsieur, vous avez la parole pour au plus 10 minutes. Merci d'être ici.
[Français]
Monsieur le président, collègues, merci de nous avoir invités.
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
Je suis heureux d'être ici avec de si nombreux hauts dirigeants du ministère de la Citoyenneté et de l'Immigration pour présenter le Budget supplémentaire des dépenses (C) du ministère pour l'exercice 2013-2014.
[Français]
L'affectation la plus importante, soit un nouveau financement de 35,5 millions de dollars, nous permettra de nous acquitter de nos obligations aux termes de l'accord Canada-Québec sur l’immigration. Comme vous le savez, cet accord donne au gouvernement du Québec la responsabilité exclusive de fournir des services d'accueil et d'intégration aux immigrants en contrepartie d'une indemnité financière du gouvernement du Canada.
[Traduction]
Notre Budget supplémentaire des dépenses comprend aussi une enveloppe de 3,9 millions de dollars pour favoriser l'immigration au sein des communautés de langues officielles en situation minoritaire, dans le cadre de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada.
[Français]
Dans l'ensemble, le gouvernement a investi 149,5 millions de dollars sur cinq ans dans des initiatives liées aux langues officielles et à l'immigration, dans le cadre de la Feuille de route pour les langues officielles du Canada 2013-2018. C'est une somme très importante.
La plus grande partie du montant de 3,9 millions de dollars, soit 2,3 millions de dollars, sera investie dans des activités de promotion et de recrutement au Canada et à l'étranger, essentiellement pour augmenter la fréquence et diversifier l'emplacement des événements que nous tenons et qui ont déjà connu un succès assez important, voire éclatant, comme les foires de l'emploi Destination Canada, que plusieurs d'entre vous connaissent sûrement. Grâce à ces foires de l'emploi, nous aidons des travailleurs francophones ou bilingues à tisser des liens avec des employeurs partout au Canada.
Nous sommes toujours frappés de voir le nombre de francophones hors Québec qui ne sont pas nés au Canada, qui sont des immigrants. Je peux vous donner une statistique que vous ne connaissez peut-être pas. La population du Yukon est maintenant composée à 14 % de francophones, ce qui est un chiffre absolument inouï pour n'importe quel des territoires du Canada. Cela en dit long sur la force de notre politique d'immigration francophone hors Québec.
[Traduction]
Monsieur le président, sous notre gouvernement, l'immigration francophone est à la hausse, et nous voulons l'augmenter davantage.
[Français]
Nous avons constaté une croissance importante du nombre d'immigrants francophones arrivant dans des régions hors Québec depuis 2006. Nous allons continuer à promouvoir des initiatives pour renforcer la francophonie canadienne dans toutes les provinces et tous les territoires.
En novembre 2013, j'ai eu la possibilité de lancer la première Semaine nationale de l'immigration francophone, une première dans l'histoire du Canada. Je crois que l'événement a été très apprécié en Ontario, où la population francophone est importante, bien sûr, mais aussi au Nouveau-Brunswick, au Manitoba et dans toutes les provinces.
Grâce à ces initiatives, nous aidons nos populations immigrantes francophones, de même que les autres immigrants, à s'intégrer et à bien s'établir au Canada.
À regret, nous constatons que le gouvernement précédent a eu tendance à ignorer le défi de l'immigration francophone pendant 13 ans. Nous nous engageons à relever le défi de renforcer l'immigration francophone.
Nous voulons aussi continuer à renforcer l'immigration à l'extérieur des grandes villes. Sous le gouvernement des libéraux, je crois que près de 92 % de nos immigrants allaient dans trois grandes villes ou régions métropolitaines. Maintenant, on constate une immigration beaucoup plus dispersée. Les plus petites villes et les régions rurales reçoivent de plus en plus d'immigrants. C'est ce que notre démographie et notre économie exigent.
[Traduction]
Notre gouvernement est déterminé à assurer l'intégration réussie des nouveaux arrivants partout au Canada — à la fois sur le marché du travail et dans leurs nouvelles communautés, où qu'ils s'installent.
Permettez-moi de vous signaler certains des autres points forts de notre Budget supplémentaire des dépenses, afin qu'on comprenne bien comment ces chiffres changent les perspectives de notre ministère et reflètent ses priorités, de même que les mesures de réforme des programmes que nous continuons de mettre en oeuvre.
J'ai parlé du financement pour l'Accord Canada-Québec, une obligation dont l'enveloppe continue de croître, conformément aux modalités de l'entente. On y prévoit des fonds pour promouvoir les langues officielles, un rajustement nécessaire pour tenir compte de notre ferme engagement en vertu de la feuille de route.
Le troisième élément concerne les fonds pour la radiation de dettes à l'égard de prêts à l'immigration irrécouvrables. Il s'agit de la procédure habituelle. Nous consentons des prêts à un grand nombre de réfugiés et à certaines catégories d'immigrants. Le taux de recouvrement est d'environ 91 %, mais certains prêts ne sont pas recouvrés, et c'est pourquoi nous rajustons ce montant.
Au sixième point, on retrouve diverses autorisations dont nous avons dû nous prévaloir cette année pour financer d'autres priorités puisque ces autorisations n'étaient pas pleinement utilisées cette année. Il s'agit de la procédure habituelle, et je peux vous donner des détails sur ces crédits, qui comprennent entre autres l'initiative biométrique et des réductions dans une initiative visant à financer des appareils technologiques en milieu de travail. On a réalisé des économies de 0,9 million de dollars dans le cadre de l'Initiative sur les entrées et les sorties du périmètre. On a fait des économies avec le remboursement des frais versés par les travailleurs qualifiés au niveau fédéral. Il s'agit là d'autorisations que nous n'avions pas pleinement utilisées, dont nous réaffectons les fonds disponibles pour nous aider à couvrir les rajustements dans le Budget supplémentaire des dépenses (B).
Cela vaut aussi pour les crédits législatifs. Nous avons décidé de ne pas rembourser un aussi grand nombre de travailleurs qualifiés au niveau fédéral dans l'arriéré. Je crois que c'est l'an prochain que nous terminerons le remboursement dans le cadre de ce programme. Je répète que ces fonds nous permettent de répondre aux besoins de cette année.
Passons ensuite aux transferts: il y en a cinq essentiellement. Il s'agit là encore de la procédure normale qui dénote nos relations intenses et compliquées avec les ministères à vocation analogue. Nous recevons un transfert du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement Canada de même que de Services partagés Canada, et nous transférons des fonds à l'Agence des services frontaliers du Canada. Deux transferts tiennent compte du fait que nous avons assumé la responsabilité, l'été dernier, d'Expérience internationale Canada. Il s'agit d'un excellent programme qui était auparavant offert par Affaires étrangères, mais dont notre ministère assure maintenant la prestation.
Voilà les grandes lignes du Budget supplémentaire des dépenses (C) de cette année.
Monsieur le président, s'il me reste quelques minutes...
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Merci, monsieur Menegakis.
Nous savons que nous devons investir dans ce programme, dans cette feuille de route, et nous voulons plus que jamais le faire, parce qu'il y a toujours eu des francophones, des Canadiens français, dans toutes les régions du pays. Mais surtout, nous savons que cela fait partie de notre identité.
[Français]
Cela fait partie de l'identité canadienne. Cela fait partie de la nature même de nos programmes d'immigration. C'est quelque chose que souhaitent les Canadiens de partout au pays.
Les programmes d'immersion dans les écoles n'ont jamais suscité un tel intérêt auparavant. Par exemple, dans mon comté, Ajax—Pickering, les seules nouvelles écoles qu'on construit sont des écoles francophones. Cela s'explique par la popularité de l'instruction en français chez les anglophones.
[Traduction]
Cependant, nous savons également que pour garantir la réussite de l'immigration francophone dans toutes les régions du pays, nous avons besoin de services d'établissement, d'appui, de formation linguistique et de tout un réseau qui n'existait pas auparavant. Nous avons triplé — et dans certaines provinces, quadruplé — l'appui aux services d'établissement. Il y a toujours une composante francophone, et c'est ce qui attire de plus en plus les francophones de France, d'Haïti et du Cameroun à Vancouver ou au Yukon, par exemple. On ne les y retrouve pas toujours en très grand nombre, mais ils s'y établissent parce qu'ils y trouvent les services nécessaires, et c'est exactement ce qu'il faut au Canada. Cela reflète et reflétera notre histoire et notre identité, aujourd'hui et demain.
:
Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue au ministre et aux hauts dirigeants.
J'aimerais me concentrer sur le programme de citoyenneté, à commencer par votre graphique, qui montre la hausse spectaculaire des délais de traitement, qui sont passés de 15 à 31 mois au cours des sept dernières années. En outre, votre document indique qu'« étant donné que les ressources de traitement de ces demandes n'ont pas réussi à suivre le rythme, des arriérés se sont formés » au cours de ces sept années. On s'engage à verser davantage de fonds, et c'est principalement grâce à ces fonds additionnels qu'on pourra raccourcir les délais de traitement, selon vous.
Dans le budget de 2013, le gouvernement a consacré 44 millions de dollars sur deux ans à ce programme, et puisque le programme n'était doté que d'une enveloppe de 46 millions de dollars au départ, on a effectivement doublé les fonds sur deux ans, ce qui pourrait avoir une incidence. On s'était engagé à verser 20 millions de dollars de plus en 2013-2014, et 23 millions de dollars en 2014-2015.
Imaginez donc ma surprise lorsque j'ai consulté le budget et découvert qu'au lieu de verser 20 millions de dollars de plus en 2013-2014, on ne prévoit rien de plus, rien du tout. Donc, plutôt que de réduire les délais, on ne verse aucun fonds, alors que 20 millions de dollars étaient prévus. Puis, si l'on consulte le budget de l'an prochain, on constate que le montant total, soit environ 44 millions de dollars, plutôt que d'être réparti sur 2013-2014, n'a été prévu que pour la seule année de 2014-2015. Donc, plutôt que de fournir respectivement 20 millions de dollars et 23 millions de dollars sur deux ans, on n'a rien fait au cours de la première année, et on prévoit la totalité du montant pour la deuxième année.
Cela pose problème, monsieur le président. Tout d'abord, pourquoi rien n'a été investi dans le programme alors que le budget promettait de le faire en 2013-2014? Ensuite, comment voulez-vous nous faire croire que nous pouvons doubler le programme en une seule année? Enfin, n'est-il pas un peu louche qu'on ne saura qu'après les prochaines élections si les 44 millions de dollars supplémentaires prévus en 2014-2015 auront effectivement été dépensés? Vous ne pourrez pas le savoir avant les élections, alors que c'est absolument essentiel si vous voulez respecter votre promesse de réduire les délais de traitement.
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Merci, monsieur le président. Je vais partager mon temps de parole avec M. Komarnicki.
Monsieur le ministre, merci à vous et à votre personnel d'être venus aujourd'hui.
Je m'occupe de ces questions depuis que j'ai travaillé pour Jason Kenney à une certaine époque. J'ai assisté à la mise en place de ces nouvelles réformes qui sont absolument, je pense, une source de fierté pour notre gouvernement et notre pays et qui nous permettent d'offrir des moyens très souples aux personnes qui souhaitent visiter notre pays, s'y établir ou y rejoindre leur famille.
La répartition des immigrants a changé — comme vous venez de le mentionner, monsieur le ministre —, et nous avons rajusté les fonds pour tenir compte de cette nouvelle répartition et, bien sûr, nous ciblons également les immigrants francophones. Nous faisons partie de la francophonie, et je pense que nous avons l'obligation de travailler à l'intérieur de cette structure et de renforcer nos capacités.
J'ai devant moi une longue liste des choses que nous avons accomplies ces dernières années, et c'est absolument sans précédent.
J'ai une brève question. Nous transférons l'argent des contributions vers les subventions et vers l'Institut pour la citoyenneté canadienne afin d'encourager un dialogue national sur la citoyenneté canadienne et de sensibiliser la population à ce sujet, comme nous l'avons déjà fait de bien des façons avec nos produits. Pouvez-vous nous parler d'autres programmes de l'Institut pour la citoyenneté canadienne?
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Je pense que c'est une époque exaltante pour la citoyenneté canadienne, non seulement à cause des médailles d'or remportées au hockey à Sotchi et des autres accomplissements dont nous avons raison d'être fiers. Nous arrivons à mieux offrir la citoyenneté. Nous avons accordé la citoyenneté à 41 000 personnes en deux mois. À ce rythme, nous l'attribuerons à 240 000 personnes cette année, ce qui dépasserait de loin les résultats enregistrés dans le passé. En passant, je ne m'attends pas à cela. Mais c'est une excellente façon de débuter l'année. Nous sommes sur la bonne voie pour dépasser le nombre enregistré l'an dernier, et l'année d'avant, même avant l'entrée en vigueur des dispositions de la nouvelle loi qui nous rendront encore plus efficaces et productifs en matière de citoyenneté.
En ce qui concerne l'Institut pour la citoyenneté canadienne, je dois mentionner une excellente initiative dont je n'ai pas parlé, c'est-à-dire le Laissez-passer culturel, qui permet aux nouveaux arrivants au Canada de visiter un vaste nombre d'attractions culturelles et de parcs nationaux partout au pays que la plupart d'entre nous n'ont pas visités. Voilà une admirable façon de leur permettre de voir et d'imaginer la grandeur de notre pays et son histoire.
Mais comment ce projet de loi renforcera-t-il la citoyenneté canadienne? Je pense qu'il le fera de deux façons.
Premièrement, les demandeurs de la citoyenneté devront s'engager solennellement à résider ici et à respecter les conditions nécessaires pour devenir citoyen. Nous le ferons maintenant d'une façon vérifiable. C'est intéressant parce que les règles seront plus claires, plus faciles à comprendre et les mêmes pour tous. On ne pourra plus passer devant les autres ou contourner les règles.
Deuxièmement, nous allons faire en sorte qu'il y ait des liens plus profonds, un sentiment d'attachement et d'appartenance au Canada. Avant les années 1970, sous les différents gouvernements libéraux, il fallait jusqu'à cinq ans. Puis, l'exigence est passée à trois ans, et il y a eu un certain nombre de personnes qui n'étaient même pas ici pendant trois ans, mais qui devenaient quand même citoyens canadiens. Nous disons maintenant qu'il faudra quatre années sur six. Voilà une souplesse qui reflète le mode de vie mobile que de nombreuses personnes mènent, mais il faut souligner aux nouveaux arrivants que rien ne peut remplacer l'expérience directe de notre pays. Nous croyons que quatre années d'expérience suffisent pour établir les liens qui mèneront à une forte citoyenneté.
Je dois dire que nous sommes très satisfaits des réactions que nous avons constatées, surtout provenant des nouveaux arrivants, des nouveaux Canadiens eux-mêmes qui disent que c'est ce qu'ils veulent. La citoyenneté canadienne est importante, et personne n'en protégera la valeur si nous ne le faisons pas nous-mêmes, surtout nous, les législateurs de ce comité du Parlement du Canada.
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Très bien. Et je suis avocate spécialisée en droit de l'immigration et des réfugiés ici à Ottawa...
Le président: Vous êtes toutes des avocates. Excellent.
Mme Heather Neufeld: ... aux Services juridiques communautaires d'Ottawa-Sud.
Comme vous le savez sûrement, en octobre 2012, le Canada a mis en oeuvre un nouveau cadre de résidence permanente conditionnelle pour certains époux ou conjoints parrainés. Il s'applique à tous ceux dont le parrainage a été présenté après le 25 octobre 2012. Les deux premières années du parrainage de la personne seront conditionnelles si elle est mariée ou vit avec son conjoint de fait qui la parraine depuis moins de deux ans avant le début du parrainage et qu'ils n'ont pas d'enfants ensemble.
Avec la nouvelle loi, si la personne parrainée ne continue pas de cohabiter dans cette relation conjugale pendant les deux premières années — la période conditionnelle —, alors sa résidence permanente peut être révoquée et elle pourrait être expulsée.
Le gouvernement a prévu deux exceptions à cette résidence permanente conditionnelle pour ceux dont le parrain meurt pendant la période conditionnelle ou pour ceux qui sont victimes de violence conjugale de la part du parrain ou de quelqu'un qui a des liens avec le parrain pendant cette période de deux ans.
Je parlerai aujourd'hui de l'exception pour violence conjugale pendant la période conditionnelle de deux ans. Bien que nous félicitions le gouvernement d'avoir créé l'exception en cas de violence conjugale, il faut en faire plus afin qu'elle soit réellement et concrètement accessible aux femmes qui en ont besoin.
Premièrement, je vais présenter certaines des difficultés des femmes qui pourraient se retrouver dans une situation où elles ont besoin de se prévaloir de cette exception, puis je donnerai des exemples pratiques, des améliorations nécessaires à la mise en oeuvre de l'exception et certains des obstacles que nous avons déjà constatés. Il s'agit d'un tout nouveau système. Puisqu'il ne s'applique qu'aux demandes de parrainage déposées après le 25 octobre 2012, nous n'avons pas encore vu beaucoup de dossiers, mais il y en a déjà certains qui nous permettent de comprendre ce qui se passe.
J'aimerais souligner que 59 % des époux parrainés sont des femmes. Il s'agit des statistiques les plus récentes de 2012 auxquelles nous avons eu accès. Il est important de penser aux situations de violence conjugale, parce qu'avec ce système de résidence permanente conditionnelle, cette période conditionnelle de deux ans donne à un parrain violent un outil supplémentaire, un pouvoir de plus qu'il peut utiliser sur la femme. Et j'utilise « il » et « femme » parce que dans la plupart de ces situations, il s'agit d'un parrain et d'une femme parrainée. Mais ce pourrait être l'inverse, ou une relation entre conjoints du même sexe. Le parrain peut menacer la femme en lui disant que si elle n'obéit pas, si elle ne se soumet pas à la violence conjugale et quitte avant la fin des deux ans, elle pourrait se retrouver sans statut. Il peut aussi la laisser, ce qui lui enlèverait son statut, ou il peut aussi dire au ministère de l'Immigration que le mariage était frauduleux, même si ce n'est pas vrai.
Alors quels sont certains des obstacles auxquels les femmes victimes de violence conjugale font face? Je suis certaine que vous en avez déjà entendu parler. Il y en a toute une panoplie: les barrières linguistiques, l'isolement, l'ignorance des options disponibles, le manque de ressources financières, la peur d'être sans-abri, l'absence d'un réseau de soutien au Canada, la peur de la police ou des autorités ici parce que dans de nombreux pays, les policiers sont des agents de la répression, de même que la peur de quitter un parrain violent à cause des conséquences pour ses enfants. Si une mère arrive avec une résidence permanente conditionnelle et qu'elle amène avec elle des enfants d'un autre lit, si elle ne reste pas dans la situation conditionnelle pendant deux ans, le statut des enfants est également menacé.
Étant donné cette situation, étant donné la vulnérabilité des femmes qui sont victimes de violence conjugale, il est important que l'exception fonctionne vraiment pour les femmes afin qu'elles puissent aller voir CIC et dire qu'elles se trouvent dans une situation de violence conjugale, et qu'elles doivent être exemptées de la période conditionnelle de deux ans.
Je vais mentionner quatre points où il y aurait place à l'amélioration, selon nous. Premièrement, il faut un numéro de téléphone spécial auquel répond une personne. Cela peut sembler évident, mais si vous avez déjà essayé d'appeler un centre d'appels de CIC, comme nous l'avons fait de nombreuses fois, normalement, vous ne pouvez pas parler à une personne et vous restez en attente très longtemps, puis la ligne coupe. Si vous êtes une femme dans une situation de violence conjugale et que vous devez appeler CIC pour expliquer votre situation, vous ne pouvez pas rester au téléphone pendant des heures. Et même si vous parlez à un agent du centre d'appels de CIC, on doit transférer votre appel à une autre section, et un agent doit vous rappeler.
C'est un problème, parce qu'il n'y a pas nécessairement un numéro où l'on peut rappeler cette femme à n'importe quel moment. Les femmes doivent pouvoir appeler un numéro où elles peuvent parler à une personne qui peut mettre en branle le processus avec elles.
De plus, il serait utile que les organisations non gouvernementales et les avocats qui aident ces femmes puissent présenter une demande d'exemption par voie électronique ou par courrier plutôt que d'avoir à tout faire par téléphone, qui est la seule option permise à l'heure actuelle. Nous savons qu'il y a un cas où, par exemple, une femme appelle CIC depuis novembre. Même lorsque son dossier est transféré au service à la clientèle, il n'y a pas de répondeur. Elle ne peut communiquer avec personne. Parfois, quelqu'un la rappelle mais elle n'est pas là. Ils tournent en rond depuis novembre. Il est important que les femmes puissent communiquer avec quelqu'un.
Le deuxième point concerne la nécessité d'offrir des services d'interprétation au téléphone. Beaucoup de femmes ne connaissent pas l'anglais ou le français assez bien, surtout si elles viennent d'arriver. Il serait très utile si CIC offrait des services d'interprétation au téléphone dans ce genre de circonstances, comme le fait l'aide juridique en Ontario avec son numéro 1-800 pour demander des certificats d'aide juridique. C'est un modèle qui existe ailleurs. Ce serait pratique pour que les femmes puissent parler directement aux agents de CIC.
Le troisième point vise l'amélioration de la formation pour les agents de CIC. Nous voyons actuellement des situations où les agents, malgré un bulletin opérationnel au sujet de l'exemption dans les cas de violence conjugale, n'ont pas les bons renseignements et disent qu'ils ne connaissent pas la procédure; que la femme doit attendre la fin des deux années de résidence permanente conditionnelle avant de présenter une demande; ou qu'ils ne peuvent pas parler à une femme qui utilise un interprète, car l'interprète n'est pas un représentant autorisé. Ces problèmes existent.
Je suis spécialiste agréée en droit de l'immigration et des réfugiés, et je travaille dans le domaine de l'immigration depuis environ 20 ans. La question de la violence à l'égard des femmes n'est pas ma spécialité, et c'est pourquoi je me limiterai aujourd'hui à vous faire part de ce que j'ai pu observer dans le cadre de ma pratique en tant qu'avocate et à vous donner des exemples concrets dont j'ai personnellement été témoin.
D'après ce que j'ai pu observer, il y a de nombreuses causes associées à la violence faite aux femmes au sein du système d'immigration, mais elle repose sur deux facteurs principaux. Premièrement, les femmes qui immigrent au Canada ne sont pas suffisamment bien informées et sensibilisées, dès le départ. Deuxièmement, elles se retrouvent en situation d'isolement après avoir immigré au Canada, position d'impuissance dans laquelle elles ne sont pas en mesure d'apprendre quels sont leurs droits.
À partir des milliers de dossiers de parrainage de conjoints que j'ai personnellement traités, les solutions que j'entrevois dans le domaine de l'immigration se séparent en deux volets. Premièrement, que pouvons-nous faire avant l'arrivée de la femme au Canada pour veiller à ce qu'elle comprenne le mieux possible quels sont ses droits? Deuxièmement, que pouvons-nous faire après son arrivée au Canada en ce qui concerne l'intégration et l'établissement au sein de la collectivité, afin qu'elle puisse apprendre quels sont ses droits à ce moment-là, si elle ne les connaissait pas déjà auparavant?
Quant au processus de parrainage en tant que tel, il comporte, selon moi, des lacunes auxquelles on pourrait remédier grâce à un examen réglementaire et à quelques changements simples à la procédure. Tout d'abord, il y a la question de l'admissibilité au parrainage. Dans le système en vigueur, le parrain doit être âgé de 18 ans et plus. En revanche, le conjoint parrainé, soit la personne qui se trouve à l'étranger, ne doit être âgé que de 16 ans et plus. Je considère que cela pose problème. J'imagine que le texte a été rédigé ainsi afin d'être conforme aux lois canadiennes. Dans la plupart des provinces, l'âge légal du mariage est fixé à 16 ans. Voilà probablement ce qui explique cette règle.
Selon moi, il existe des arguments solides pour faire passer l'âge minimum de 16 à 18 ans. Je crois qu'une telle mesure dissuaderait les familles à l'étranger de forcer leurs filles à se marier si jeunes. Et pourquoi faire la distinction entre les mariages à l'étranger et ceux conclus au Canada? Eh bien, pour leur part, les personnes qui se marient au Canada peuvent se prévaloir de toutes les protections juridiques offertes par notre système. Si elles se retrouvent en situation de violence conjugale, ou encore de mariage forcé, elles peuvent faire appel au système juridique canadien. Les femmes à l'étranger, elles, ne jouissent pas de ces mêmes droits.
Je ne suis pas en train de dire que nous ne devrions pas reconnaître la légitimité d'un mariage conclu à l'étranger lorsque la femme a moins de 18 ans. Par contre, nous ne devrions pas permettre le parrainage de cette femme avant qu'elle n'ait 18 ans. Je crois que la perspective d'avoir à attendre deux ans avant de pouvoir faire le parrainage inciterait les familles à permettre aux filles d'acquérir un peu plus de maturité et d'atteindre l'âge de 18 ans, avant de se précipiter dans un mariage.
Je tiens à préciser que tous mes collègues ne sont pas du même avis. Certains ont exprimé une opinion contraire car, selon eux, cela aurait pour effet de placer la fille dans une situation encore plus vulnérable, si elle se mariait à l'âge de 16 ans, mais devait attendre deux ans avant de pouvoir être parrainée. Elle serait, selon eux, mieux protégée au Canada qu'à l'étranger. Mais j'estime qu'il existe de solides arguments en faveur de l'augmentation de l'âge du parrainage.
Je vais maintenant aborder plus précisément la question des processus d'immigration. De simples initiatives, telles que la modification des formulaires et des trousses de demande, seraient déjà un bon début. À titre d'exemple, je constate souvent dans le cadre de ma pratique que les jeunes couples ne remplissent pas les formulaires de demande, ni les formulaires de demande de parrainage eux-mêmes. C'est souvent un parent plus âgé, un père, un oncle, ou encore un frère qui s'en occupe. Trop souvent, les jeunes couples ne comprennent pas la teneur de la demande, ne comprennent pas non plus ce qu'ils sont en train de signer. Parfois, il n'ont peut-être même pas le droit de les lire avant de les signer.
Il faudrait, selon moi, modifier le formulaire de demande afin qu'il comporte deux espaces distincts. Le premier servirait à indiquer si l'on a retenu les services d'un interprète pour traduire le contenu du formulaire dans sa langue. Le second servirait à indiquer si l'on a reçu de l'aide pour remplir les formulaires, ou encore si quelqu'un l'a fait en son nom.
Il ne s'agit pas là d'une solution à toute épreuve, mais ce serait mieux que ce qui se fait à l'heure actuelle: des personnes qui ne parlent pas du tout anglais apposent leur signature au bas de formulaires de demande, déclarant que tous les renseignements sont véridiques, mais ne disposent d'aucun moyen de savoir exactement ce qu'ils viennent d'affirmer. Cela permettrait également une plus grande reddition de comptes par la suite, puisque la signature de l'interprète serait apposée aux formulaires. Dans les cas où l'interprète n'aurait pas fait son travail, on pourrait le retrouver et lui demander pourquoi il n'a pas interprété les formulaires.
Quant à l'examen de la demande, un grand nombre de demandes sont traitées sans qu'il n'y ait d'entrevue personnelle. Lorsqu'on en exige une, seul le ressortissant étranger est tenu d'y participer, mais pas le parrain. En fait, dans la plupart des cas, l'agent des visas responsable de rendre la décision n'a pas de contact direct avec le parrain.
Selon moi, il faudrait insister sur l'importance d'établir un contact avec les deux parties. On n'aurait pas nécessairement besoin de convoquer tout le monde à des entrevues personnelles; il pourrait s'agir d'un appel téléphonique pour vérifier qu'il n'y ait ni abus de pouvoir, ni maltraitance. Il faudrait parler directement à la personne, particulièrement à la femme, en la prenant à part, sans qu'elle ne soit accompagnée, afin de s'assurer qu'il n'y ait pas coercition.
Et que se passe-t-il dans notre système quand un agent des visas s'aperçoit qu'une femme est forcée ou violentée? Que faire dans une telle situation? La solution qui s'impose n'est certainement pas de renvoyer la fille dans sa famille, couverte de honte, lettre de refus à la main, dans laquelle on explique qu'elle aurait fait des révélations de mauvais traitements ou de coercition à l'agent des visas.
Il faudrait envisager la possibilité, pour l'agent, de tenir compte systématiquement des considérations d'ordre humanitaire. Cela ne veut pas dire que la demande serait automatiquement acceptée, mais je crois qu'un agent devrait étudier la possibilité de permettre à la femme d'immigrer au Canada, sans se sentir tributaire du parrainage et contrainte d'endurer les mauvais traitements.
J'abonde dans le sens de ma collègue, Me Neufeld, au sujet de la résidence permanente conditionnelle. Il faut absolument préciser les lignes directrices en matière de violence familiale.
J'aurais une dernière recommandation. Il faudrait interdire les demandes de parrainage faites par les femmes qui sont venues au Canada, ont demandé et obtenu le statut de réfugié pour des motifs de violence conjugale, et veulent, quelques années plus tard, parrainer le mari qui les a maltraitées par le passé. L'intention n'est pas de punir la femme, mais plutôt de la protéger. J'ai personnellement eu connaissance de plusieurs cas où la famille exerce des pressions énormes sur la femme afin qu'elle pardonne l'auteur des mauvais traitements et le parraine pour qu'il vienne au Canada. Selon moi, une interdiction juridique soulagerait la femme de cette obligation et de la pression exercée par la famille afin qu'elle parraine quelqu'un, probablement contre son gré.
Je m'en tiendrai à ces remarques. Je crois que mon temps est écoulé.
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Voilà l'angle sous lequel je considère la question.
À l'époque, nous avons constaté que parmi les 500 victimes de mariage de convenance, la majorité d'entre elles étaient elles-mêmes issues de l'immigration. C'était les parrains qui s'étaient fait avoir, mais ne disposaient d'aucun recours, et n'en ont toujours pas à ce jour. Nombre de ces parrains, probablement la majorité des parrains immigrants trompés, sont des femmes. Et même lorsqu'elles font parvenir à l'Agence des services frontaliers du Canada ou à Citoyenneté et Immigration Canada des plaintes par écrit pour dénoncer que le mari qu'elles ont parrainé est arrivé au Canada et a disparu en quelques jours, ou en quelques mois, elles n'ont pas de recours. L'ASFC et CIC n'ont ni le personnel, ni les moyens de s'occuper de ces allégations. Il existe donc un sous-groupe de femmes immigrantes qui se sont fait exploiter, sérieusement exploiter. Elles peuvent se retrouver à devoir d'importantes sommes d'argent aux services sociaux si leur conjoint, ou leur ex-conjoint, décide de recourir à l'aide sociale dans les trois années visées par leur obligation financière. Elles peuvent également être tenues de retenir les services d'un avocat en droit de la famille si le conjoint les traîne devant le tribunal de la famille afin d'obtenir une pension alimentaire, ou encore une répartition des biens.
Il existe une autre catégorie de femmes immigrantes qui sont victimes d'une forme différente d'exploitation et j'aimerais attirer votre attention sur elles, car elles semblent avoir été écartées de l'équation des femmes immigrantes victimes de violence. Avant de venir ici, j'ai consulté le cabinet d'avocats criminalistes Addelman Baum Gilbert d'Ottawa. Leur avocat principal, Richard Addelman, est avocat criminaliste depuis les années 1970. Comme vous le savez, un signalement de violence conjugale n'équivaut pas nécessairement à un cas réel de violence conjugale. Comme on me l'a expliqué, des milliers de fausses allégations de violence conjugale sont avancées, plus particulièrement dans les affaires de séparation, de divorce et de garde d'enfants. Le conjoint n'a qu'à dire que l'autre lui a fait subir des mauvais traitements la veille, ou encore l'an dernier, peu importe, la Couronne n'a aucun pouvoir discrétionnaire. Elle est tenue de mettre l'accusé en état d'arrestation. Le procureur doit faire en sorte que la personne soit emmenée au poste de police et subisse son procès, même si la Couronne sait pertinemment, même si les deux parties savent pertinemment que les preuves sont trop minces, ou encore qu'elles ne passeront pas le test des tribunaux. Le procès doit quand même avoir lieu.
Maintenant que cette nouvelle échappatoire existe, lorsqu'une conjointe parrainée déclare qu'elle a été victime de mauvais traitements, à moins que les preuves en soient manifestes, comment pouvons-nous savoir, avant la tenue du procès, s'il ne s'agit pas plutôt de fausses allégations en vue de déjouer les nouvelles exigences assorties à la résidence permanente conditionnelle? Comment savoir combien de ces cas sont de fausses allégations, qui obligent un parrain canadien à retenir les services d'un avocat criminaliste et à porter l'affaire en procès? Soit dit en passant, les procédures s'échelonnent sur au moins un an et les fausses allégations n'entraîneront aucune conséquence. Rien du tout. Le juge peut démonter la plaignante pendant le procès criminel et réduire son témoignage en poussière. Elle ne sera pas accusée de parjure. En fait, elle ne sera accusée de rien du tout. Par contre, un parrain qui a été faussement accusé de violence conjugale par une épouse parrainée qui n'avait pas envie de rester avec lui pendant deux ans parce qu'elle voulait seulement devenir résidente permanente, doit, lui, avoir recours aux services d'un avocat criminaliste. Sa vie est démolie, et toutes ces procédures prennent plus d'un an.
Je parle ici concrètement d'un de mes dossiers, affaire dans laquelle je témoignerai lors d'un procès criminel. J'ai aidé une immigrante, une Scandinave à qui l'on avait refusé de donner le statut de réfugié. Elle avait fait appel à mes services lorsqu'une mesure de renvoi avait été émise contre elle. Je n'avais pas participé à sa demande de statut de réfugié. Elle m'avait simplement demandé de révoquer la mesure de renvoi. Elle avait deux enfants, dont elle partageait la garde, en quelque sorte, avec le père. Il avait retiré son parrainage et leurs allégations de violence familiale.
Pour plusieurs raisons, j'ai réussi à annuler la mesure de renvoi. Ma cliente disparaissait parfois pendant six ou sept mois de suite. Elle souffrait de problèmes émotifs et de dépression.
Deux ans plus tard, en 2012, elle est revenue me voir après une absence d'environ un an. Elle avait un nouveau mari canadien avec qui elle avait eu un autre enfant et qui voulait faire une demande de parrainage de conjoint au Canada. Je me suis réjouie pour elle. Je me suis exécutée, et le dossier allait de l'avant. Je l'ai soumis. Puis, en janvier 2013, j'ai reçu un courriel de sa part, à une date en particulier, dans lequel elle me disait: « J'ai du mal à choisir un bon mari. Mon mariage est fini. Comme à mon habitude, mon choix s'est arrêté sur la mauvaise personne — ou quelque chose du genre — et je subis des mauvais traitements, non pas physiques, mais il ne me donne pas tout l'argent que j'aimerais dépenser. » Voilà plus ou moins ce qu'elle m'a écrit. Elle m'a dit qu'elle subissait de la violence psychologique.
Deux jours plus tard, j'ai reçu un appel du mari. Ils avaient été tous deux des clients par le passé. Il m'a dit: « Le mariage est un échec. Je suis parti avec l'enfant. Elle a fait une autre dépression nerveuse, et nous ne pouvons plus continuer ainsi. Que dois-je faire? Quels sont mes droits? » Je lui ai dit: « Si vous n'êtes plus ensemble, vous n'avez qu'à retirer la demande de parrainage de votre conjointe. » J'imagine que c'est ce qu'il a fait, car une semaine plus tard, j'ai reçu un autre courriel de cette femme, dans lequel elle déclarait avoir été agressée sexuellement par son mari à une date antérieure au premier courriel.
Cela montre clairement que lorsqu'on a émis une mesure de renvoi à son endroit, ces allégations sont passées de violence psychologique à agression sexuelle. C'est un abus du système, mais je crains que cela ne se produise dans de tels dossiers.
À moins que les traces de la violence conjugale ne soient clairement évidentes, à moins d'aller en procès, même si une personne se déclare victime de violence conjugale, on ne peut pas vraiment savoir. Même chose dans le cas des demandeurs du statut de réfugié. Tant que l'audience n'a pas eu lieu, on ne peut pas savoir s'il s'agit vraiment d'un réfugié.
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Nous avons vu beaucoup de cas, et nous offrons beaucoup de formation à d'autres organismes quant à la façon de traiter des cas d'abus en cours de parrainage lorsque la femme doit abandonner le parrainage ou lorsque le parrain se retire du parrainage en raison d'abus. En général, le seul recours pour la femme est une demande fondée sur des motifs d'ordre humanitaire.
Dans cette demande, elle doit démontrer qu'elle est bien établie au Canada. Elle se trouve souvent, particulièrement en raison de la violence conjugale, dans une situation où elle n'est pas en mesure de démontrer qu'elle a de solides assises financières ou qu'elle est bien intégrée. Elle a peut-être été isolée et peut-être même lui a-t-on interdit de prendre des cours de langue.
Pour les femmes dans de pareilles situations, il y a, aux États-Unis, ce qu'on appelle une procédure de demande indépendante. Cette procédure a été autorisée en vertu de la Loi sur la violence à l'égard des femmes, ce qui permet aux femmes dont le parrainage a été retiré et traité de présenter une demande de résidence permanente de façon indépendante, excluant le parrain pour des motifs de violence conjugale vécue aux États-Unis. Elles doivent présenter des documents relativement à la violence conjugale, mais elles ont un outil qui leur permet de ne pas rester dans une situation violente simplement pour obtenir la résidence permanente.
J'aimerais voir quelque chose dans la même veine plutôt que d'imposer aux femmes d'avoir recours à une procédure humanitaire, ce qui ne met pas un frein à l'expulsion. De plus, en raison des longs délais de traitement à l'heure actuelle, une femme sera expulsée bien avant l'examen de sa demande.