:
Merci de cette présentation, monsieur le président.
Bonjour aux membres du comité.
Je suis le président de l'Institut canadien des engrais. L'ICE représente les fabricants d'engrais à l'azote, au phosphate, à la potasse et au soufre, de même que de grands détaillants et grossistes d'engrais au Canada. Nos membres produisent 25 millions de tonnes métriques d'engrais par an, dont 75 % sont exportées vers les États-Unis et dans 60 autres pays dans le monde. Le Canada représente environ un tiers de la production mondiale de potasse et assure 45 % du commerce mondial de potasse. Les agriculteurs canadiens achètent pour 3,5 milliards de dollars d'engrais chaque année pour leurs cultures.
Nous apprécions l'occasion qui nous est donnée de faire valoir l'opinion de notre secteur sur le transport au Canada. À titre de clients importants des services ferroviaires, nos sociétés membres ont considérablement recours aux chemins de fer canadiens et en dépendent pour transporter en toute sécurité leurs produits et les acheminer aux agriculteurs du Canada et de partout dans le monde. La sécurité est au coeur des activités du secteur des engrais, qu'il s'agisse de production ou de chargement et de déchargement des wagons.
Deux de nos produits, l'ammoniac et le nitrate d'ammonium, sont classés comme matières dangereuses en vertu de la Loi sur le transport des marchandises dangereuses. Nos membres transportent environ 1,5 million de tonnes d'ammoniac et 1 million de tonnes de nitrate d'ammonium par an.
Étant donné l'expérience de notre secteur, je mettrai en relief trois points clés. Tout d'abord, le secteur des engrais fait preuve d'une grande diligence pour assurer le transport en toute sécurité de nos produits. Deuxièmement, le secteur des engrais s'est engagé à assurer la sécurité par l'entremise de programmes obligatoires dirigés par l'industrie. Troisièmement, les chemins de fer doivent être tenus entièrement responsables de la sécurité des activités qu'ils contrôlent.
Tout d'abord, nos sociétés membres assument l'entière responsabilité des incidents liés aux activités dont elles sont responsables et prennent très au sérieux les politiques et les initiatives qui facilitent la manutention et le transport sécuritaires de nos produits. À cette fin, le secteur canadien des engrais a deux codes de pratique pour l'ammoniac et le nitrate d'ammonium, auxquels nos membres doivent obligatoirement adhérer.
L'ammoniac est utilisé de façon sécuritaire par les agriculteurs de partout au pays, mais doit être manipulé avec soin. Notre secteur a mis en oeuvre le code de pratique concernant l'ammoniac afin d'établir des exigences de distribution, de stockage et de manutention. Le code de pratique relatif au nitrate d'ammonium est un outil destiné aux exploitants d'installations de stockage et de manutention afin de leur permettre de former et d'informer leurs employés pour qu'ils se conforment à la réglementation fédérale et provinciale concernant ce produit. Ces codes sont examinés régulièrement afin de tenir compte de nouvelles technologies et procédures et prévoient des vérifications indépendantes par des tiers de toutes les installations qui assurent la manutention et le stockage de ces engrais.
L'ICE a élaboré des outils disponibles en ligne pour les employés, les travailleurs du domaine des transports, les premiers intervenants, les détaillants agricoles et les agriculteurs. Ces outils aident à former le personnel à gérer les engrais tout au long de leur cycle de vie et à bien informer le grand public.
Comme l'exige la Loi sur le transport des marchandises dangereuses, certains engrais exigent un PIU, un plan d'intervention d'urgence. Ces plans sont mis sur pied par les expéditeurs afin d'aider les premiers intervenants et les transporteurs à gérer les incidents. Les membres de l'ICE participent aussi à des programmes d'aide mutuelle dans le cadre desquels les ressources d'intervention d'urgence d'une société donnée peuvent être utilisées plus efficacement pour intervenir en cas d'incident, quelle que soit la société qui ait expédié le produit. Notre secteur a aussi un programme d'entretien intensif pour s'assurer que nos wagons répondent aux normes de sécurité les plus élevées.
Comme vous le savez, le gouvernement a récemment annoncé un programme obligatoire de remise en état de tous les wagons-citernes DOT-111 utilisés pour transporter les marchandises dangereuses. Nos membres se conformeront à ce programme. Cependant, nous demanderons à Transports Canada de confirmer que la capacité du secteur de l'entretien des wagons est suffisante pour gérer à la fois le programme de remise en état et les activités continues et essentielles d'entretien du parc de wagons existant. Si le secteur de l'entretien n'a pas les capacités nécessaires, cela pourrait avoir des répercussions graves sur la capacité de nos membres de livrer les engrais aux agriculteurs.
Pour ce qui est des chemins de fer en soi, notre secteur est d'avis que ces sociétés doivent être tenues responsables de la sécurité de leurs activités et de leurs réseaux. Lorsqu'une cargaison est confiée à un chemin de fer, ce dernier a la responsabilité juridique de s'assurer que celle-ci arrive à bon port. Cette responsabilité est clairement énoncée dans la Loi sur les transports au Canada.
Le fait de permettre aux chemins de fer de transférer unilatéralement la responsabilité des accidents ferroviaires aux clients ne fera rien pour renforcer le niveau de protection disponible pour dédommager les tiers. Les efforts des chemins de fer pour transférer la responsabilité aux clients va à l'encontre de l'intérêt public, étant donné que cela limite les incitatifs que les chemins de fer ont de réduire au minimum les risques d'incidents dans le cadre des activités dont ils sont responsables et d'améliorer la sécurité.
En outre, les chemins de fer doivent respecter leurs obligations en matière de niveau de service en vertu de la LTC. Depuis 1903, ces obligations empêchent les sociétés ferroviaires de faire de la discrimination à l'égard des différents types de circulation. C'est une préoccupation croissante pour notre secteur, à la lumière des observations récemment formulées par l'Association minière du Canada devant le Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire, qui a dit que le CP prévoit refuser de transporter de l'uranium.
Des mesures déraisonnables prises par les sociétés ferroviaires afin de décourager le transport de certains produits de base, y compris le transfert de responsabilité à leurs clients, sont discriminatoires et sont précisément le type d'obstacle au commerce que les obligations communes des transporteurs visent à éviter.
Le secteur des engrais s'est engagé à investir dans la croissance économique canadienne de même qu'à maintenir sa compétitivité mondiale. Nos sociétés membres ont investi plus de 15 milliards de dollars au cours des 10 dernières années afin d'accroître leur capacité de production. Les investissements nationaux continus du secteur des engrais comptent en partie sur des réseaux de transport sûrs et efficaces, plus particulièrement en ce qui a trait aux chemins de fer. Cela comprend des tarifs concurrentiels et rentables et un régime de responsabilité juste.
À cette fin, et étant donné le mandat du comité dans le cadre de son étude actuelle, nous souhaitons souligner deux mesures récentes qui sont une source de préoccupation pour le secteur des engrais.
Premièrement, le CP a récemment établi un tarif pour tenter de transférer sa responsabilité civile aux expéditeurs. La compétence de l'Office des transports du Canada pour ce qui est de régler cette question fait actuellement l'objet d'un appel à la Cour fédérale et, si cette décision est confirmée, les tarifs du CP transféreraient la responsabilité à l'expéditeur même si les produits sont sous le contrôle de la société de chemin de fer.
Deuxièmement, le CP a émis unilatéralement de nouvelles normes pour les wagons chargés de TIH. Ces mesures reviennent à usurper le rôle de Transports Canada, qui consiste à établir des politiques réglementaires concernant la sécurité et les obligations en matière de niveau de service.
Pour conclure, je tiens à remercier les membres du comité de m'avoir donné l'occasion de vous faire part de nos opinions. J'espère avoir souligné trois points clés: premièrement, le secteur des engrais fait preuve d'une grande diligence pour assurer la sécurité du transport de nos produits; deuxièmement, le secteur des engrais s'est engagé à assurer la sécurité par l'entremise de programmes obligatoires dans l'industrie; et troisièmement, les chemins de fer doivent être tenus entièrement responsables de la sécurité des activités dont ils ont le contrôle.
Le transport sécuritaire et rentable de nos produits est essentiel pour les agriculteurs, les 12 000 Canadiens qui travaillent dans le secteur des engrais, ainsi que pour la sécurité de la chaîne d'approvisionnement alimentaire du Canada.
Nous serons ravis de poursuivre cette discussion, et je me ferai un plaisir de répondre à toutes vos questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci au comité de nous donner l'occasion de nous exprimer devant vous aujourd'hui.
La sécurité des transports est la priorité numéro un pour l'industrie canadienne de la chimie. Nos sociétés membres appuient le fait que votre comité examine la sécurité des transports ferroviaires et les systèmes de gestion de la sécurité, de même que les nombreux autres processus en cours qui visent à faire en sorte que le Canada ait les normes de sécurité en matière de transport les plus rigoureuses au monde.
Je suis accompagné du représentant d'une société membre, M. Marty Cove, gestionnaire de la logistique chez Canexus. Marty vous fera un compte rendu de la façon dont une société de gestion responsable — et je vous expliquerai plus en détail de quoi il s'agit dans un instant — établit ses priorités et assure la sécurité des transports. Il vous fera part d'un certain nombre d'opinions sur des développements récents concernant la responsabilité et le dédommagement, ainsi que les normes visant les wagons-citernes.
Tout d'abord, en guise d'introduction, je dirai brièvement que notre association représente des sociétés du secteur de la chimie de partout au Canada qui fabriquent un groupe diversifié de produits utilisés pour un large éventail d'applications et de clients. Ce qui unit nos sociétés membres et ce qui constitue pour elles un objectif commun, c'est la gestion responsable.
La gestion responsable est bien plus qu'un système de gestion de la sécurité. C'est un engagement de notre secteur à assurer la viabilité, ce qui est une exigence à laquelle doivent adhérer les membres de notre association et qui constitue une véritable histoire de réussite canadienne.
La gestion responsable est reconnue par les Nations Unies et est mise en pratique actuellement dans plus de 62 pays. Ces règles d'éthique et ces principes obligent les entreprises à innover pour créer des produits et des processus plus sûrs et plus respectueux de l'environnement, à rendre des comptes auprès des collectivités dans lesquelles elles exercent leurs activités et à s'efforcer d'éliminer les répercussions négatives de leurs produits sur l'intégralité de leur cycle de vie, y compris leur transport. En fait, l'élément déclencheur de la mise sur pied de la gestion responsable a été un déraillement de train survenu à Mississauga il y a environ 30 ans.
Assurer la sécurité des collectivités fait partie de notre culture, et nos membres se sont engagés à être transparents. C'est la raison pour laquelle nous avons des programmes comme TransCAER et TEAP III. Par l'entremise de ces programmes, les sociétés de gestion responsable observent et sélectionnent méticuleusement leurs partenaires en matière de transport afin qu'elles puissent continuellement améliorer leur rendement et informer les citoyens ainsi que les premiers intervenants des risques associés aux marchandises qui traversent leurs collectivités.
Nous le faisons en partenariat avec les chemins de fer, y compris le CN et le CP, et nous espérons que d'autres secteurs viendront se joindre à ces programmes dans les mois qui viennent.
Pour résumer, nous croyons à l'amélioration continue, à l'échange d'information, aux pratiques exemplaires et à la minimisation des risques, lorsque c'est possible. Nous pensons que chacun a un rôle à jouer pour assurer la sécurité du transport des marchandises dangereuses.
Je céderai maintenant la parole à Marty.
Je suis Marty Cove. Je suis gestionnaire de la logistique pour Canexus Corporation. Nous sommes un fabricant de produits chimiques de taille moyenne dont le siège social est à Calgary. Nous avons des usines en Colombie-Britannique, au Manitoba et au Québec. Nous produisons du chlore, de l'acide chlorhydrique, de l'hydroxyde de sodium et du chlorate de sodium. Ces produits chimiques sont principalement utilisés dans le traitement des eaux, dans le secteur du pétrole et du gaz et dans les industries de pâtes et papiers. Nous exploitons également une installation de transbordement du pétrole brut dans les wagons au nord-est d'Edmonton.
Tous les produits chimiques que Canexus expédie sont des matières dangereuses. De plus, Canexus loue un parc d'environ 2 200 wagons. Environ 1 500 d'entre eux sont des wagons-citernes, dont 1 100 sont des DOT-111, que vous avez mentionnés. De ces 1 100 DOT-11, cependant, près de 900 transportent de l'acide chlorhydrique et de l'hydroxyde de sodium, et non pas du pétrole brut.
Vous vous doutez sûrement qu'avec un parc d'une telle taille, environ 90 % de ce que nous produisons est expédié par rail. Nous nous intéressons donc particulièrement à un certain nombre d'enjeux concernant la sécurité ferroviaire, que le comité examine aujourd'hui. Par conséquent, j'aimerais remercier les membres du comité de l'invitation à comparaître aujourd'hui, conjointement avec l'ACIC.
Si vous me permettez, j'aimerais soulever deux points avant de rendre la parole au président pour passer aux questions.
Tout d'abord, je constate que les membres du comité ont posé des questions au sujet des systèmes de gestion de la sécurité. À titre de membre de l'ACIC, Canexus adhère aux principes de gestion responsable dont a parlé ma collègue Fiona. Nous décrivons souvent la gestion responsable comme un principe d'éthique illustré soit en faisant ce qui s'impose, soit en surpassant les exigences, et dans une large mesure, c'est la façon d'obtenir l'assentiment social pour fabriquer nos produits chimiques. Notre système de gestion de la sécurité, si vous voulez, est composé de différents éléments, dont la fabrication, la recherche et le développement, l'entreposage, la gouvernance du produit et le transport, pour n'en nommer que quelques-uns.
En ce qui concerne le transport, et je vais m'abstenir d'entrer dans les détails, notre système de gestion de la sécurité des transports est composé d'environ sept sous-éléments, y compris l'évaluation des dangers et des risques, le choix du transporteur, l'intervention en cas d'urgence, la sécurité, le signalement des incidents et l'analyse, la conformité réglementaire et l'engagement communautaire. La plupart de ces sept sous-éléments sont composés de politiques, de procédures, de listes de contrôle, de bases de données, de méthodologies de formation, de matrices de décision et d'évaluations.
L'intégrité de nos systèmes de gestion est revérifiée tous les trois ans par une équipe de vérification de l'ACIC qui examine la robustesse et l'intégrité holistique de notre système de gestion et qui s'assure que nous nous améliorons constamment.
J'aimerais arrimer la théorie de gestion responsable sur des exemples pratiques pour illustrer la façon dont la gestion responsable fonctionne à Canexus. J'ai deux exemples.
Tout d'abord, en 2007 environ, Canexus a reconnu qu'il y avait un certain nombre de parties prenantes au sein de l'industrie des transports qui étaient d'avis qu'avec des améliorations aux méthodes de génie et de construction, un nouveau concept de wagons chargés de TIH — ce qui signifie toxique par inhalation — pourrait possiblement fournir un moyen de transport plus sécuritaire. Toutefois, le nouveau wagon coûtait deux fois plus cher que les wagons existants. Malgré ces coûts, Canexus a joint l'acte à la parole et a lancé un programme pour convertir tous ces wagons transportant du chlore à ce nouveau concept plus sécuritaire. À l'heure actuelle, près de 80 % de notre parc transportant du chlore est composé de ces nouveaux wagons, et nous prévoyons terminer la conversion d'ici les deux prochaines années. En passant, les wagons de Canexus qui transportent du chlore sont des U.S. DOT-105J600, si vous souhaitez connaître la technologie précise. Ce ne sont donc pas des DOT-111.
Un second exemple a trait à l'itinéraire d'acheminement du chlore. Il y a quelques années, les compagnies ferroviaires ont commencé à nous exprimer leurs préoccupations quant au risque associé au transport du chlore, et surtout au risque supplémentaire que pose la manipulation du chlore, que d'autres compagnies ferroviaires pourraient manipuler de façon plus efficace et sécuritaire. À la suite de consultations avec les compagnies ferroviaires, Canexus a décidé de modifier ses décisions en matière de transport afin de minimiser le nombre de transporteurs par rail qui manipulaient les marchandises et de travailler avec les transporteurs pour veiller à ce que nos itinéraires d'acheminement tiennent compte d'un certain nombre de critères de sécurité. Ces changements ont entraîné une augmentation des coûts d'expédition et, dans certains cas, de façon considérable.
J'aimerais vous parler brièvement de la responsabilité civile, une question qui a été soulevée à plusieurs reprises lors des audiences du comité. M. Creel, de CP, a déclaré dans son témoignage que la seule façon d'obtenir une assurance supplémentaire serait que les expéditeurs de ces produits partagent la responsabilité. D'après ce que je comprends, il laisse entendre que les expéditeurs n'assument aucune responsabilité aujourd'hui, mais rien ne pourrait être plus loin de la vérité.
Les expéditeurs ont la responsabilité d'assurer le chargement sécuritaire des wagons. Ils doivent veiller à ce que le wagon ait été inspecté et entretenu adéquatement avant l'expédition. Les expéditeurs doivent fournir un wagon portant le marquage approprié. Les expéditeurs doivent fournir la facturation exacte aux compagnies ferroviaires, et si l'un de ces facteurs ou tout autre élément contribue au déversement d'un produit, c'est l'expéditeur qui assume la responsabilité de l'incident. De plus, j'espère que mes exemples démontrent de façon concrète la façon dont l'expéditeur peut assumer une plus grande part du risque que ce qu'il n'en paraît.
Inversement, il incombe à la compagnie ferroviaire d'assumer la responsabilité en cas de déversement du produit pendant qu'ils sont sous sa garde et son contrôle. Dans les trois derniers incidents impliquant des TIH, la compagnie ferroviaire était en cause. L'expéditeur ne décide pas de l'entretien des voies ferrées, des passages à niveau à protéger, de la façon de surveiller les intrusions, des employés embauchés et de la façon de les former, des quarts de travail, de l'installation de clôtures et d'une foule d'autres facteurs qui peuvent jouer un rôle dans un déraillement et un déversement subséquent.
Les compagnies ferroviaires veulent vous laisser croire que puisqu'elles ne peuvent pas refuser des expéditions de TIH, on devrait les dispenser de certaines responsabilités lorsque le wagon est en leur possession. Compte tenu que les compagnies ferroviaires ont du mal à se protéger elles-mêmes en matière de responsabilité civile, comment pourrait-on s'attendre à ce qu'elles protègent l'expéditeur de ces mêmes responsabilités? Y aurait-il un risque, aussi minime soit-il, que la sécurité des expéditions de TIH soit compromise?
Je fais ces commentaires non pas pour dire que les changements ne sont pas nécessaires. J'estime que les malheureux événements survenus à Lac-Mégantic prouvent que le changement est non seulement nécessaire, mais inévitable. À Canexus, nous reconnaissons le casse-tête auquel font face les compagnies ferroviaires d'intérêt local, en particulier lorsqu'il s'agit d'avoir accès à une assurance plus élevée. Ce sont les détails qui posent problème. Mais deux exemples illustrent comment une responsabilité partagée entre l'expéditeur et la compagnie ferroviaire réduit au minimum les risques et, par conséquent, les primes d'assurance.
Je vais vous donner un autre exemple de la complexité de la question. Nous maintenons que les tarifs de fret pour le chlore aujourd'hui incluent déjà des frais considérables pour tenir compte du risque. Le CP nous demande approximativement 25 000 $ pour transporter un convoi de chlore de North Vancouver, où le produit est fabriqué, jusqu'à Minneapolis. C'est facilement le double ou même le triple de ce que l'on demande pour des marchandises non TIH pour le même itinéraire. Pourrions-nous nous attendre à ce que les compagnies ferroviaires nous remboursent la prime si nous acceptons de participer à un fonds d'assurance commun, et sinon, pourquoi pas?
Je ne vais pas vous faire croire que j'ai les réponses pour vous à cette question aujourd'hui, mais Canexus est prête à discuter des solutions possibles pour que nous fassions partie de la solution et non pas du problème. Encore une fois, je souligne simplement que la solution n'est pas facile et qu'il y a de nombreux éléments dont il faut tenir compte.
Merci.
:
Merci. Au nom de l'Association canadienne des distributeurs de produits chimiques, je tiens à vous dire que nous nous réjouissons de cette occasion de témoigner devant le comité aujourd'hui. J'aimerais d'abord signaler que je pense que toutes les associations représentées ici aujourd'hui sont sur la même longueur d'onde.
L'Association canadienne des distributeurs de produits chimiques est composée de 48 entreprises canadiennes qui distribuent des produits chimiques aux utilisateurs finaux au Canada. Nous avons 160 sites au pays et 3 600 employés. Nos sociétés membres reçoivent, entreposent, manipulent et transportent plus de 100 000 produits chimiques dans toutes les classes de risque, à l'exception de matières radioactives et du pétrole brut. Ces matières vont des produits de base aux mélanges exclusifs complexes. En plus de ce que j'appellerai les membres distributeurs directs, nous avons 90 membres qui font partie de la chaîne d'approvisionnement en produits chimiques composée de transporteurs, ainsi que de sociétés de courtage et d'entreposage.
Nos sociétés membres s'engagent à mener leurs activités en respectant à la lettre le code de distribution responsable. Nos membres tiennent absolument aux principes de distribution responsable des produits chimiques pour éviter qu'il y ait des répercussions négatives sur les individus, sur les collectivités et sur l'environnement que nous partageons avec tous les êtres vivants. Toutes les compagnies font l'objet d'une vérification sur place pour veiller à ce qu'elles respectent le code de distribution responsable. La vérification est menée par un tiers, SAI Global, le principal registraire de vérification de systèmes de gestion au Canada, dont les normes 9000 pour la qualité et 14000 pour l'environnement de l'ISO.
Nous avons effectué plus de 700 expéditions sécuritaires l'année passée, et nos membres ont reçu une note de mesure du rendement relatif à la gestion des incidents de 1,71. Il y avait 12 incidents, dont 10 impliquaient des matières dangereuses et deux, des matières non dangereuses. Les statistiques sont peu nombreuses pour aider à mettre les choses en contexte. Je peux vous dire que les 10 incidents impliquant des matières dangereuses étaient loin d'être catastrophiques. Selon les règlements sur les marchandises dangereuses de Transports Canada, ces incidents tombaient dans la catégorie des éléments à déclarer car cinq kilogrammes d'une matière corrosive auraient pu se déverser sur un site, etc., ou 250 litres de produits inflammables. Encore une fois, il n'y a pas eu de répercussion environnementale permanente. Un grand nombre d'incidents surviennent non pas lors du transport, mais lors de la manipulation et de la présentation au transport, ce qui doit être déclaré.
Je n'essaie pas de minimiser la gravité d'un déversement, car pour les membres de l'ACDPC, aucun déversement n'est acceptable. Les mesures de prévention font partie intégrante de notre code de distribution responsable. Les vérificateurs de notre registraire étudient de près les mesures de prévention des rejets sur un site ainsi que les mesures d'intervention. Les sociétés membres de l'ACDPC enregistrent habituellement un plan d'intervention d'urgence auprès de Transports Canada si elles expédient des substances qui requièrent un plan en vertu des règlements.
Nous avons recours aux services de l'Alliance canadienne des entrepreneurs en intervention d'urgence, l'ACEIU — et je suis désolé d'utiliser tous ces acronymes. Des exercices réguliers sont effectués avec l'entrepreneur pour veiller à ce que les compagnies soient préparées et disposent d'un plan d'intervention. Les sociétés membres participent aux séances régionales de TransCAER — sensibilisation communautaire en transport et intervention d'urgence —, de concert avec les fabricants de produits chimiques, les sociétés de transport routier et ferroviaire, les organismes de réglementation à tous les ordres de gouvernement, et les intervenants communautaires. Nous voulons communiquer avec les collectivités et les sensibiliser là où nos produits sont livrés ou là où nos produits transitent.
Le programme « You Be The Chemist » a reçu un accueil très favorable, et l'ACDPC s'est associée aux écoles locales pour encourager les élèves à s'intéresser à la chimie. Nous avons également participé avec le ministère de l'Environnement de la Colombie-Britannique à un processus qui vise à produire un régime terrestre de classe mondiale de prévention des déversements et d'intervention en cas d'incident. Nous avons beaucoup apprécié pouvoir en faire partie.
Bien que nos membres expédient généralement leurs produits emballés dans des conteneurs par voie routière, un grand nombre d'expéditions en vrac sont effectuées par camion-citerne. De plus, nos principales sociétés membres possèdent des parcs de wagons-citernes pour l'expédition par rail, tandis qu'un grand nombre de sociétés membres peuvent seulement recevoir ces expéditions dans des wagons-citernes, qu'elles acheminent ensuite à partir de leur site d'entreposage par voie routière.
Encore une fois, je réitère les mêmes préoccupations qui ont déjà été exprimées. Je serai heureux de répondre à vos questions sur notre entreprise et sur nos préoccupations.
Merci beaucoup.
:
Merci, monsieur le président.
Bonjour à tous. Merci d'être venus.
Je vais commencer par vous demander si vous avez tous lu le chapitre 7 du rapport du vérificateur général sur la sécurité ferroviaire. Avez-vous eu l'occasion de regarder le rapport? L'avez-vous lu? Vous auriez intérêt à le lire très attentivement.
J'aimerais commencer mes questions en me fondant sur les nombreuses conclusions du rapport, qui fait état que le vérificateur général n'était pas capable de dire s'il existait un système cohérent de gestion de la sécurité au Canada. Telle est la conclusion du rapport. Vous feriez peut-être mieux de le parcourir et de regarder ce que le vérificateur général dit concernant les problèmes avec les inspecteurs, les qualifications et les vérifications réalisées.
Si j'en parle, ce n'est pas parce que c'est votre responsabilité, à titre de représentants de l'industrie, mais parce que le système de gestion de la sécurité, ou SGS, pour tous les Canadiens repose sur un partenariat. C'est ce qu'il est censé être, un partenariat avec l'industrie et l'organisme de réglementation, Transports canada, qui est responsable de la sécurité.
Au nom des Canadiens maintenant, je suis en train de dire que le vérificateur général a dit aux Canadiens que le système ne fonctionne pas. La capacité n'est pas en place à Transports Canada et il y a des problèmes. On n'a pas les ressources, les inspecteurs, etc. Tout cela est écrit noir sur blanc. C'est indéniable.
Ensuite, nous avons été témoins de l'horrible tragédie de Lac-Mégantic, où les coûts du nettoyage sont inconnus. Nous sommes d'accord pour dire que les coûts sont inconnus. Les Canadiens entendent cela et ils se disent: « Mais que se passe-t-il? » Ensuite, ils commencent à comprendre que d'ici 2024, nous aurons un million de barils par jour de bitume dilué excédentaire qui seront acheminés par voie ferrée. C'est d'ici une décennie. Et c'est si l'on construit tous les oléoducs que l'on prévoit construire et qu'ils fonctionnent à plein rendement. Les Canadiens sont de plus en plus inquiets. Ils commencent à comprendre qu'une énorme partie du transport ferroviaire traverse les municipalités où ils habitent, près de leurs maisons, des écoles, des hôpitaux et des entreprises. Ils sont encore plus inquiets.
J'aimerais poser une question sur la responsabilité, car je crois que deux d'entre vous ont soulevé précisément la question de la responsabilité.
Nous avons entendu des témoignages qui disaient qu'au Québec, la responsabilité est déjà partagée. Depuis 1978, en vertu de la loi québécoise, les coûts du nettoyage environnemental sont partagés. Si nous voulons transférer la responsabilité, car je crois qu'il serait raisonnable d'examiner le régime de responsabilité des compagnies ferroviaires, des expéditeurs et des propriétaires des marchandises dangereuses, je n'arrive pas à comprendre comment une responsabilité partagée n'améliore pas la conformité, à la lumière de certains des témoignages que nous avons entendus.
Dans une autre vie, j'ai été avocat d'entreprise. Mon travail consistait à veiller à la conformité et m'assurer de minimiser les risques de la société.
Si j'étais propriétaire de substances dangereuses — comme le sont bon nombre de vos clients, de vos compagnies membres — et que je confiais ces substances dangereuses aux compagnies ferroviaires, pourquoi alors ne serais-je pas tenu, à titre de propriétaire de ces matières, de m'assurer que tout ce qui se passe sur ces voies ferrées est pleinement conforme et hautement sécuritaire, si je suis maintenant quelqu'un qui partage la responsabilité et qui doit payer la note?
Je ne suis pas en train de dire qu'il n'y a pas déjà un régime en place. Il y a déjà une entente. Les compagnies ferroviaires doivent transporter ce que l'on demande de transporter, mais il y a des privilèges qui se rattachent à cela. Les compagnies membres, les propriétaires des matières que vous expédiez, doivent accepter ce que vous leur demandez, mais c'est du donnant-donnant.
Bien entendu, compte tenu du système en place et des annonces qui ont été faites — une augmentation de 31 000 % de l'expédition du pétrole par rail, par exemple —, nous devons changer quelque chose. Les Canadiens sont vraiment inquiets.
Quel est le problème ici? Quel est le véritable problème avec les deux parties qui sont responsables de tous les risques ou des accidents?
Monsieur Larson.
Je vais revenir sur ce dont je parlais lors de mon intervention, à savoir la culture de la sécurité.
Monsieur Larson, vous avez dit plus tôt que, selon vous, la sécurité présentait une menace économique, car les coûts de la sécurité sont refilés à vos clients. Je comprends. C'est le principe selon lequel on paie et on refile la facture.
Actuellement, vous avez le choix entre la sécurité et votre viabilité. À mon avis, l'autorégulation a ses limites, malgré ce que vous avez mentionné avoir fait à ce chapitre. Je vous ai demandé dans quelles proportions, respectivement, les choix que vous faisiez découlaient de l'autorégulation et de la réglementation qui vous était imposée. Il s'avère qu'un plus grand nombre de choses sont imposées par la réglementation, et c'est là que se situe le problème.
Si on continue à dire que la réglementation de base qui s'applique à l'échelle nationale ne va pas assez loin, certaines compagnies préféreront investir beaucoup plus dans la sécurité, étant donné cette culture de la sécurité qui existe. Un professeur est justement venu nous en parler. En revanche, d'autres compagnies ou associations ne voudront pas investir dans la sécurité, car si elles le font, elles devront refiler la facture à leurs clients.
S'il n'y a pas de réglementation nationale afin que tout le monde paie le même montant pour des mesures de sécurité communes, on devra choisir entre la viabilité et la sécurité. Malheureusement, je ne suis pas convaincue de votre volonté d'aller plus loin.
Une fois que vous avez respecté les règles déjà établies, comment déterminez-vous quelles mesures supplémentaires de sécurité il vaut la peine de prendre pour vous, compte tenu des coûts et de votre souci de ne pas refiler la facture à vos clients? Sur quoi vous fondez-vous pour prendre ces décisions?
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
Merci beaucoup.
Monsieur Larson, puis-je revenir à un commentaire que vous avez fait dans vos observations préliminaires? Vous avez parlé de l'incidence de l'annonce qu'a faite récemment le gouvernement relativement à la capacité du secteur d'entretien des wagons.
Nous savons que la a fait une annonce fictive au sujet du remplacement de 3 000 wagons DOT-111. Nous le savons parce que l'une des plus grosses de ces entreprises du Canada est venue témoigner devant notre comité, et j'ai ici la transcription du témoignage du vice-président de cette compagnie. Je cite:
À l'heure actuelle, tous nos fabricants sont au maximum de leur capacité. C'est ça la réalité. Si vous venez chez nous pour commander un wagon, vous allez devoir attendre jusqu'à 2015. Avec d'autres fabricants, il faut attendre jusqu'à 2016. Tout ça pour dire que les carnets de commandes sont remplis.
Donc, la a émis cette directive — c'est de la poudre aux yeux —, car nous savons tous, à la lumière des faits et des témoignages, que l'industrie ne peut tout simplement pas se conformer à ces normes, et pas seulement dans le contexte canadien, d'après le témoin, mais aussi dans le contexte nord-américain.
J'aimerais que vous nous disiez les effets de cette annonce sur l'important secteur auquel vous avez fait allusion. Pourriez-vous nous aider à comprendre la situation?
:
Je vous souhaite bonne chance quant à cette demande à Transports Canada, parce que le vérificateur général nous a dit que la capacité, au sein de Transports Canada, de faire quoi que ce soit du genre pourrait être inexistante. Le ministère, sous ce gouvernement, dit avoir besoin d'inspecteurs qualifiés de la vérification. Il en a neuf, peut-être 10. Ce n'est pas nous qui avons donné ces chiffres, c'est Transports Canada.
En trois ans, le ministère n'a mené que 25 % des vérifications qu'il était censé faire pour assurer la sûreté des wagons au pays. Donc, il y a un problème de capacité à Transports Canada, et dois-je rappeler aux Canadiens que le gouvernement dépense plus sur la publicité de son Plan d'action économique chaque année qu'il ne le fait sur la sécurité du transport ferroviaire.
J'aimerais néanmoins parler d'une autre question qu'a soulevée un collègue d'en face, ici, tout à l'heure, au sujet de la nouvelle méthode d'échantillonnage, de tests et de classification des produits. J'aimerais savoir si vos membres font réellement l'échantillonnage, le test et la classification des produits, parce que le Globe and Mail a publié une série d'articles selon lesquels, même après que la directive ait été émise, cela ne s'est pas fait. On ne le faisait pas à Bakken, cela ne se fait pas aujourd'hui.
Êtes-vous en mesure d'assurer aujourd'hui aux Canadiens qu'à tout le moins, toutes les compagnies membres de votre organisation se conforment entièrement à ces exigences?
Madame Cook.