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Conformément au paragraphe 108(2) du Règlement, notre étude s'intitule « En route vers le prochain Sommet des leaders nord-américains ». Nous allons commencer.
Je remercie tous nos témoins d'avoir pris le temps de venir ici aujourd'hui, malgré leurs horaires chargés. Je vais présenter les témoins et nous allons ensuite commencer avec nos témoignages préliminaires.
Nous accueillons Son Excellence Francisco Suarez Davila, ambassadeur des États-Unis du Mexique au Canada. Je vous souhaite la bienvenue. Nous sommes heureux que vous soyez ici, monsieur l'ambassadeur.
Nous avons M. Miller, du Conseil canadien des chefs d'entreprise. Il est chargé du service Politique, innovation et compétitivité. Bienvenue Éric. Nous sommes contents de vous revoir.
Nous allons entendre John Dillon, vice-président, Politique et avocat-conseil, qui représente également le Conseil canadien des chefs d'entreprise. Bienvenue, monsieur Dillon.
Nous avons aussi M. David Jacobson, le vice-président du BMO Groupe financier. Nous sommes heureux que vous soyez ici, monsieur.
Laura Dawson, directrice du Canada Institute au Wilson Center nous parlera de Washington, à titre personnel. Madame Dawson, c'est également un plaisir de vous revoir ici.
Monsieur l'ambassadeur, je crois que vous ne devez rester qu'une heure. Nous allons entendre le témoignage de tous les invités. Chaque personne a sept minutes — et nous allons ensuite échanger. Comme vous devez partir, vous...
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Merci, monsieur le président.
C'est vraiment un privilège de participer à ces audiences organisées par le Comité des affaires étrangères au sujet des questions susceptibles d'être débattues au cours du prochain Sommet des leaders nord-américains. Les événements et les idées ont bien sûr beaucoup évolué depuis la dernière fois que j'ai eu le plaisir de me trouver au Parlement, en fait au Sénat, l'année dernière, mais je crois que ces changements ont été dans l'ensemble bénéfiques.
Bien sûr, nous faisons face à des défis, anciens et nouveaux, dont quelques-uns pourront être résolus dans le court terme et d'autres qui appellent des solutions à long terme. Je pense qu'il y a trois événements en particulier qui sont de bonnes nouvelles. Le Canada et le Mexique, agissant de concert, tentent avec un certain succès d'amener les États-Unis à rapporter les mesures protectionnistes qu'ils ont prises à propos de l'étiquetage COOL (étiquetage relatif au pays d'origine). C'est vraiment une excellente nouvelle. Nous travaillons également avec le Canada dans le cadre des négociations sur le PTP. Nous avons fait également des progrès significatifs sur la question fort complexe de l'ISIS.
Je vais essayer de faire très rapidement 10 remarques, qui portent sur les principaux sujets qui sont, d'après moi, essentiels pour l'agenda nord-américain.
Premièrement, et cela est évident, il y a la collaboration en matière d'énergie. Je pense que c'est le principal vecteur de la collaboration trilatérale. Bien sûr, il y a de nouveaux facteurs, dont l'un est la baisse du prix du pétrole. À court terme, cela a eu pour effet de réduire l'appétit des investisseurs, en particulier pour les forages en eau profonde et la fracturation pour le pétrole de schiste. Le programme énergétique mexicain est en train d'être intégralement mis en oeuvre. Il va falloir lui apporter quelques modifications parce que les investissements ne vont pas viser l'exploration en eau profonde ou le pétrole de schiste, mais plutôt les secteurs plus faciles.
Les trois ministres de l'Énergie se sont rencontrés pour la première fois à Washington à la fin de l'année dernière, pour mettre en place, pour la première fois encore, un programme de travail. Un aspect important consiste à en arriver à un point de vue commun sur l'évolution du secteur de l'énergie à moyen terme, en ce qui touche les possibilités. Le Mexique considère que l'énergie est un vecteur qui fait progresser le processus d'industrialisation. En particulier, nous pensons que l'essence bon marché va donner à la région un avantage concurrentiel dans le secteur de l'industrie et dans ceux de l'automobile et de l'aérospatiale. Cet aspect est à l'origine de nombreux investissements.
La semaine dernière, il y a eu une deuxième réunion ministérielle des trois ministres de l'Énergie qui ont travaillé ensemble sur le changement climatique, les technologies en matière d'énergie propre, l'efficacité énergétique et la capture du carbone. La production d'électricité est souvent oubliée. On parle beaucoup de pétrole, dans le cas du Mexique, mais la production électrique et le passage du pétrole au gaz vont exiger des investissements importants de l'ordre de 90 milliards de dollars. Un autre secteur dans lequel nous travaillons en étroite collaboration avec le Canada est celui des bonnes pratiques en matière de réglementation du gaz de schiste, de la pollution de l'eau et des déchets. Nous travaillons très étroitement dans ce domaine avec les autorités de réglementation de l'énergie en Alberta.
Nous effectuons déjà des investissements importants pour les gazoducs et les oléoducs au Mexique, et aussi, pour les relier à la frontière. Le Mexique va construire 10 000 kilomètres de pipelines qui représentent environ un investissement de 20 milliards de dollars. Des sociétés canadiennes comme TransCanada et ATCO travaillent déjà sur quelque 2 000 kilomètres de pipeline, ce qui correspond à la taille du pipeline Keystone. Cela est déjà en place.
Le domaine des négociations concernant les échanges commerciaux est un domaine très important. J'ai mentionné que nous travaillions ensemble pour faire rapporter les mesures qu'ont prises les États-Unis à propos du COOL, mais nous travaillons également en étroite collaboration avec le Canada pour faire progresser les négociations sur le PTP. Le Mexique fait preuve d'un optimisme prudent, mais nous pensons que nous devrions pouvoir conclure l'entente d'ici la fin de l'année. Nous considérons le PTP comme une façon d'augmenter nos échanges commerciaux avec l'Asie, comme vous le pensez, mais également comme la façon la plus facile de mettre à jour et d'améliorer l'ALENA pour en faire un traité de deuxième génération, à la pointe de ce genre de traités.
Nous avons deux principales préoccupations qui, d'après moi, sont probablement les principaux obstacles. Si le Congrès des États-Unis n'adopte pas une procédure accélérée, je crois que cela ne se fera pas. La deuxième préoccupation est le risque que le Congrès des États-Unis complique les négociations en les faisant porter sur des questions qui ont bien sûr une certaine importance, mais qui concernent un agenda interne et qui n'ont rien à voir avec le commerce. Pensez à la liberté religieuse et à la question de savoir si nous sommes favorables à la liberté religieuse. Cela n'a rien à avoir avec les échanges commerciaux et cela va imposer des coûts à d'autres pays — pas pour nous, évidemment.
Le protectionnisme intellectuel menace. Nous sommes évidemment favorables à la propriété intellectuelle, mais une protection d'une durée d'un siècle pour la propriété intellectuelle est peut-être un peu excessive. Cela pourrait toucher des domaines comme les produits pharmaceutiques, qui ont besoin d'une période de protection plus courte. Il y a bien sûr les suspects habituels pour les produits comme les vêtements et les produits laitiers, comme je l'ai mentionné, mais nous pensons que nous pourrons en arriver à une entente d'ici la fin de l'année.
Je ne mentionnerais pas la concurrence transfrontalière. Je pense que mes collègues du Conseil canadien des chefs d'entreprise ont fait un travail considérable. Je pense toutefois que, dans ce domaine, nous travaillons un peu les uns contre les autres.
Il y a deux commissions frontalières. Il y a une commission frontalière et l'autre, est une commission de réglementation. L'une concerne les États-Unis et le Canada et l'autre les États-Unis et le Mexique. Il y a des questions frontalières qui, dans une certaine mesure, sont particulières à certains pays, mais d'autres sont communes. Je crois que nous sommes en train d'en arriver à une certaine convergence de nos efforts.
Pour ce qui est des investissements dans les infrastructures, les trois pays n'ont pas fait suffisamment d'efforts le long de nos frontières et à l'intérieur de nos frontières. Nous avons un vaste programme s'élevant à 600 milliards de dollars. Là encore, nous allons travailler sur les routes, les chemins de fer et les ports. Il y a un méga projet fantastique pour Mexico, qui a été conçu par Norman Foster. Des sociétés canadiennes comme Bombardier sont actives dans ces domaines.
Les Mexicains sont très intéressés à travailler sur les corridors logistiques. Il y a un corridor logistique évident qui va de Winnipeg au Mexique en passant par le centre des États-Unis; des investisseurs sont intéressés par le CentrePort de Winnipeg. Je pense que certains des autres intervenants l'ont dit; je crois que la NADB n'a de nord-américaine que le nom. C'est une institution qui a les moyens d'investir dans les trois pays dans les infrastructures et l'environnement.
Il me paraît essentiel d'investir dans l'innovation et l'éducation, il me paraît essentiel d'investir dans ces domaines. Les liens dans le domaine de l'éducation manquent cruellement, malgré les grands progrès qui ont été réalisés dans le domaine commercial et celui des investissements. Les trois pays sont maintenant en train de travailler sur des programmes pertinents qui ont précisément pour but d'augmenter le nombre des bourses et celui des ententes entre universités et entreprises pour promouvoir les produits conjoints pour les investissements et la technologie. Nous allons travailler avec le Canada et avec la Section de l'éducation internationale du Canada sur une entente relative à la science et la technologie entre le Canada et le Mexique.
La mobilité des personnes est une notion plus vaste et moins sensible politiquement que la mobilité des travailleurs. Nous sommes très heureux des décisions que le gouvernement canadien a prises récemment, et comme la lettre de votre à notre président le dit, cette décision supprime l'exigence d'un visa pour un grand nombre de Mexicains. Comme vous le savez, cela veut dire qu'un visa ne sera plus obligatoire dans tous les cas ou il sera alors remplacé par un document nouveau, à savoir un titre de voyage électronique. Nous sommes tout à fait en faveur de cette mesure. Il y a encore quelques questions à régler. Je pourrais peut-être vous en parler plus tard. Les trois chefs de gouvernement ont déjà pris la décision politique d'intégrer le programme nord-américain des voyageurs de confiance avec les programmes NEXUS, Global Entry et SENTRI.
Le programme des travailleurs agricoles saisonniers entre le Mexique et le Canada est un succès depuis 40 ans. Nous avons travaillé en particulier avec certaines provinces de l'Ouest qui souffrent d'une grave pénurie d'ouvriers semi-qualifiés et nous espérons réaliser certains progrès de sorte que les ententes qui seront éventuellement signées faciliteront le déplacement des ouvriers semi-qualifiés dont ont besoin les provinces de l'Ouest.
Nous sommes convaincus que nous ne pourrons pas progresser si les actions diplomatiques ne visent pas les gouverneurs et les premiers ministres. Heureusement, pour la première fois, il y a eu au Colorado, au mois de novembre, une réunion des gouverneurs et des premiers ministres des trois pays, ce qui est une excellente chose pour préparer le sommet. Je pense que nous devons collaborer à l'échelle de notre continent et que le Mexique et le Canada devraient collaborer avec Cuba dans son processus de transition; nous devons également collaborer avec l'Amérique centrale et Haïti. Si nous ne le faisons pas, je crois que nous connaîtrons des problèmes qui ne pourront être résolus qu'avec beaucoup de recul.
Je tiens à souligner que notre point de départ, notre meilleur programme économique, est l'Amérique du Nord, elle-même. Les échanges commerciaux au sein de l'Amérique du Nord s'élèvent à plus de 1 000 milliards de dollars, ce qui est supérieur au commerce avec les pays de la PTP qui est de, si on exclut évidemment les États-Unis et le Canada, 800 millions de dollars.
Les échanges commerciaux avec l'Europe sont moins intenses qu'à l'intérieur de l'Amérique du Nord. Notre principale priorité est de rendre notre région plus dynamique et plus compétitive. Les pays d'Amérique du Nord comptent bien évidemment parmi les pays les plus importants et les plus dynamiques au monde. En 2013, Mexico se plaçait au huitième rang des économies mondiales. Je pense qu'il n'est pas possible de considérer cela comme une question d'échanges commerciaux. Cela concerne les chaînes de valeur et dans celles-ci, les échanges intrarégionaux sont très importants.
Je ferais remarquer qu'il apparaît une tendance générale voulant que, dans certains secteurs, le Mexique ne soit pas considéré comme un acteur complémentaire, mais plutôt comme un concurrent, en particulier dans le secteur de l'automobile. Je pense qu'il faudrait élaborer une bonne explication pour convaincre les gens que cela n'est pas dû au coût de la main-d'oeuvre. Il s'agit de la productivité générale et de toute une série d'autres facteurs, mais les industries automobiles et aérospatiales en Amérique du Nord sont intégrées. Les voitures produites au Mexique contiennent des pièces provenant du Canada et des États-Unis.
Je vais terminer avec quelques remarques, pour conclure.
Je viens de passer deux hivers complets en qualité d'ambassadeur du Mexique au Canada et je tiens à conclure sur une note personnelle positive et également optimiste; je suis bien évidemment encouragé par l'arrivée de l'été après avoir survécu à deux hivers particulièrement rudes. Après tout cela, le reste importe peu. Je peux être positif et je peux être optimiste.
Pour ce qui est de l'avenir des sociétés nord-américaines, j'ai parlé de toute cette question pendant cette période avec des sceptiques favorables au bilatéralisme qui regardent vers le passé, avec des enthousiastes axés sur le trilatéralisme qui regardent vers l'avenir, avec ceux qui mesurent les résultats en y voyant un verre à moitié plein et d'autres, un verre à moitié vide.
Les 20 années de mise en application de l'ALENA ont, à mon avis, débouché sur des résultats considérables, mais ce vieux traité a pris de l'âge et il est un peu ridé. Je pense que depuis les deux dernières années, il s'est fait sentir un esprit de renouveau. Les gens comme l'ancien secrétaire George Shultz en ont parlé, récemment dans certaines instances, comme une grande puissance économique nord-américaine. On peut comparer cela avec la stagnation que connaissent l'Europe et le Japon ainsi que les pays émergents, dont le rythme de croissance a ralenti.
Je crois que nous disposons de nouveaux vecteurs de croissance. Il y a l'énergie. Il y a les négociations commerciales. Il y a les investissements dans les infrastructures. Le Mexique est en train de devenir un nouveau vecteur de croissance, puisqu'il enregistre des taux de croissance de 4 à 5 % et il y a une résurgence de l'industrie manufacturière dans les régions, de nouvelles idées et de nouvelles études. À mon avis, la relation entre le Canada, le Mexique et les États-Unis s'est bien développée et couvre une large gamme de domaines, avec une intégration accrue et un nombre croissant d'acteurs provenant du milieu des affaires, de penseurs, de gouvernements municipaux et provinciaux, des instances, de mécanismes institutionnels comme le Partenariat Canada-Mexique. De nouveaux vols arrivent tous les jours et il se fait de grands investissements dans ces deux pays. Bimbo est en train d'investir au Canada. Je pense qu'il importe peu que les hauts dirigeants de ces pays soient également occupés par des questions électorales. Nous nous connaissons de mieux en mieux. Il y a bien sûr des obstacles et certains problèmes, mais nous avançons à des vitesses différentes selon les questions soulevées. Ce n'est pas quelque chose de renversant, mais je pense qu'il y a une dynamique et des progrès constants.
Permettez-moi de terminer en félicitant particulièrement votre comité pour sa large vision et la clairvoyance dont il fait preuve en regroupant ces idées bien avant la tenue du sommet. Je vous félicite vraiment, parce que je crois que vous avez une véritable vision à long terme.
Je vous remercie de m'avoir invité.
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Merci, monsieur le président.
Merci aux membres du comité de m'avoir invité et de s'intéresser à cet important sujet.
[Français]
Le Conseil canadien des chefs d'entreprise est un organisme composé des PDG des sociétés les plus importantes au Canada. Ces entreprises sont responsables de la plupart des exportations, des investissements et de la recherche-développement au pays.
[Traduction]
Les sociétés qui sont membres du Conseil canadien des chefs d'entreprise administrent ensemble six 6 000 milliards d'actifs et ont des revenus annuels de plus de 800 milliards de dollars dans tous les secteurs de l'économie canadienne.
Cela fait plus de 20 ans que le Canada, les États-Unis et le Mexique ont supprimé la plupart des barrières qui existaient entre nos économies grâce à l'Accord de libre-échange nord-américain, et pourtant, au cours des années qui ont suivi, nous n'avons constaté que peu de changements dans nos cadres transfrontaliers. La compétitivité économique exige que l'on fasse des efforts constants, et non pas des efforts isolés même s'ils sont audacieux, et nos ententes commerciales doivent également évoluer.
Avec l'arrivée du Sommet des leaders nord-américains, le conseil a décidé de présenter nos idées sur la façon dont nous pourrions concrètement améliorer la compétitivité du continent. Cela a débouché sur ce document que certains d'entre vous ont peut-être vu, intitulé Made in North America, et qui propose 44 recommandations concrètes sur la façon de renforcer la compétitivité de notre continent. Ce document a été élaboré après la tenue de consultations à Ottawa, ainsi qu'à Washington et à Mexico.
Nos recommandations s'appuient sur la réalité actuelle qui est qu'aucun pays de l'Amérique du Nord ne dispose des moyens financiers qui lui permettent de procéder à de nouvelles affectations importantes, et qu'il n'est pas prévu à notre époque de créer de nombreuses autres institutions. Nous avons identifié des initiatives que nous pouvons mettre en oeuvre avec les moyens dont nous disposons et nous avons constaté que nous pouvons faire beaucoup de choses.
Dans les années qui ont suivi l'ALENA, le Canada a oscillé entre privilégier des ententes trilatérales approfondies avec les États-Unis et le Mexique et des ententes bilatérales approfondies avec les États-Unis. Cela constitue un faux choix. Il est préférable d'appliquer le principe de la subsidiarité. Nous allons adopter des politiques transfrontalières au niveau approprié, qu'elles soient trilatérales, bilatérales ou régionales ou concernent les États et les provinces. Le pragmatisme et la rentabilité devraient être à l'avenir au coeur de notre programme de renforcement de notre compétitivité en Amérique du Nord.
Le gouvernement canadien se prépare à accueillir plus tard cette année le Sommet des leaders nord-américains et l'on peut se demander quels sont les points qui devraient figurer à l'ordre du jour; une amélioration importante serait de faire entrer la frontière dans l'âge du numérique. Une meilleure communication des données peut créer un nouveau partenariat entre le secteur public et le secteur privé. Si ce projet était exécuté correctement, il pourrait améliorer à la fois la sécurité aux frontières et l'efficacité de la chaîne d'approvisionnement.
De nombreuses entreprises pensent que les technologies de visualisation de la chaîne d'approvisionnement, qui leur permettent de suivre globalement les réseaux de production ainsi que l'application des analyses effectuées à partir de mégadonnées pour prévoir les comportements dans ce domaine, seront essentielles à l'avenir. Pourtant, si vous examinez la façon dont nous faisons les choses aujourd'hui, les sociétés font à l'heure actuelle des déclarations légales au sujet de l'origine des marchandises qu'elles importent et le fait qu'elles sont conformes à la réglementation et le restent, en se fondant sur des renseignements qui ne proviennent pas d'elles ou qu'elles n'ont pas vérifiés. Pourquoi? Parce qu'il y a 20 ans, lorsque ces règles ont été adoptées, nous n'avions pas la technologie qui permettrait de suivre avec précision les intrants de fabrication en remontant trois ou quatre étapes en Chine ou ailleurs, de sorte que nous avons incité les sociétés à surveiller efficacement leurs chaînes d'approvisionnement en les menaçant de leur imposer des amendes très lourdes si l'information figurant sur leurs déclarations n'était pas exacte, même si elles n'avaient eu aucunement l'intention de fournir de l'information inexacte. En 2015, nous avons maintenant la technologie qui permet de surveiller à distance et de prédire ce qui se passe dans nos chaînes d'approvisionnement. Le problème est que cela coûte cher.
Pour en arriver à cette nouvelle entente entre le secteur privé et le secteur public, que devrions-nous faire? Le gouvernement fédéral devrait commencer par lancer une série de projets pilotes intersectoriels avec les sociétés qui sont disposées à visualiser leurs chaînes d'approvisionnement et à communiquer leurs données et leurs analyses. Les entreprises participantes seraient exemptes de toutes pénalités, sauf, bien entendu, dans les cas de fraude ou de malversation, et elles auraient peut-être droit à une exemption pour certains droits de douane et frais. Autrement dit, elles s'adresseraient à votre commission et présenteraient un projet d'investissement expliquant pourquoi elles ont pris ces mesures. Après un certain nombre d'essais, les leçons apprises seraient intégrées à un programme destiné à toutes les entreprises exerçant des activités au Canada et ensuite, bien sûr, nous tenterions de travailler avec nos partenaires aux États-Unis et au Mexique pour étendre ces pratiques à l'ensemble de l'Amérique du Nord.
En appliquant ce genre de règles, le secteur privé en apprendrait beaucoup plus au sujet de ce qui se passe dans leurs chaînes d'approvisionnement individuelles et des chaînons où ils pourraient obtenir des gains d'efficacité. De son côté, le gouvernement aurait accès pour la première fois à des quantités considérables de données structurées qui décriraient comment les marchandises entrent au Canada, en ressortent ou transitent par ce pays. Bref, ce partenariat public-privé renforcé faciliterait en fait les échanges commerciaux et créerait une sécurité intelligente.
La technologie peut également offrir des avantages du côté des voyageurs. Nous savons tous que NEXUS est un excellent programme. Nous pensons que c'est là une excellente base qui pourrait offrir beaucoup d'autres avantages. À l'heure actuelle, ce programme dit au gouvernement qui est en train de traverser les frontières, mais pas pourquoi.
Une des questions les plus complexes en matière de politique frontalière est l'approche à adopter pour les hommes d'affaires qui voyagent et qui, quand ils arrivent à la frontière, se font poser cette question terrifiante « Est-ce que vous travaillez? » À la suite de la fermeture des bureaux de Citoyenneté et Immigration aux États-Unis, de plus en plus d'hommes d'affaires et autres voyageurs qui veulent savoir s'ils peuvent entrer ou non dans le pays voisin doivent se rendre tout simplement à la frontière, ce qui a donné lieu à la randomisation du traitement des demandes d'entrée.
Le Department of Homeland Security des États-Unis demande que soit élaboré un programme appelé le programme des employeurs fiables. Le Canada peut faire la même chose. La solution consisterait en fait à étendre cette même vision qui propose d'utiliser la technologie pour améliorer l'efficacité. Il faudrait se servir de la plateforme NEXUS pour la compléter avec des renseignements concernant les déplacements. Vous pourriez demander à votre avocat général de faire inscrire: « Je vais traverser la frontière maintenant et voici la justification juridique de ce que je fais ».
Les expéditions de cargaison nous ont appris que le franchissement de la frontière était beaucoup plus efficace si l'information était fournie à l'avance. Nous allons faire la même chose avec les voyageurs fréquents.
Le rapport présente bien entendu une série d'autres mesures que je serai heureux d'aborder au moment des questions et réponses. Nous parlons de restructurer le travail effectué à la frontière pour en améliorer l'efficacité, grâce à des partenariats publics et privés susceptibles d'améliorer grandement les infrastructures frontalières, en travaillant avec le secteur de l'automobile pour réduire de façon significative les formalités administratives qui touchent les automobiles construites en Amérique du Nord, en choisissant quelques domaines où la coopération entre le Canada et les États-Unis en matière de réglementation a été un succès et en essayant de trilatéraliser ces solutions avec le Mexique en faisant en sorte que les règles d'origine entre le Canada, les États-Unis et le Mexique prévues par les ententes de libre-échange avec l'Europe correspondent.
J'aimerais toutefois conclure ainsi. L'Amérique du Nord a le potentiel d'être la région de l'économie mondiale la plus dynamique et la plus prospère pendant encore des années. Qu'il s'agisse d'énergie, d'innovation ou de bonne gouvernance, nous avons tous les ingrédients pour réussir. Tout ce qui nous manque, c'est la volonté d'agir. Pour être parmi les premiers au XXIe siècle, il faut être plus intelligent, non seulement dans la conception des politiques, mais dans l'application des procédures et des règlements correspondants et des systèmes technologiques. Nous devrions nous engager aujourd'hui pleinement à profiter de cette possibilité.
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Merci, monsieur le président.
Je voudrais présenter quelques idées sur l'énergie et l'environnement.
[Traduction]
Nous sommes partis du postulat selon lequel l'Amérique du Nord dispose d'une variété incroyable d'actifs énergétiques. En plus de l'énergie fossile, nous constatons la croissance d'une grande diversité d'énergies renouvelables — nous possédons d'excellents actifs hydrauliques, ainsi que de l'uranium, des biocarburants, de l'énergie éolienne, solaire, marémotrice et géothermique. Cela représente un outil de développement économique important pour notre région, mais également des emplois bien rémunérés et très spécialisés, sans parler de la possibilité de mettre au point une expertise et une technologie de pointe qui peuvent être exportées dans le monde entier.
Nos trois pays sont déjà étroitement intégrés dans le domaine de l'énergie, puisqu'on y trouve des pipelines qui transportent aussi bien du pétrole que du gaz, ainsi que des lignes de transmission qui apportent une forme d'électricité plus propre d'un pays à l'autre. Mais nous pouvons faire davantage pour promouvoir la sécurité énergétique continentale et faire en sorte que nos citoyens aient accès à une énergie fiable et abordable qui améliorera leur vie.
Je vais vous parler de quelques aspects de notre étude.
Pour l'essentiel, nous pensons qu'il faudrait nous servir de nos actifs énergétiques variés pour en faire un avantage compétitif pour les entreprises, non pas simplement pour celles qui produisent de l'énergie, mais aussi pour celles pour qui l'énergie est un intrant essentiel.
Il faut pour commencer produire régulièrement un rapport, comme l'ambassadeur Suarez l'a mentionné, sur les prévisions énergétiques en Amérique du Nord, qui décrirait nos forces énergétiques collectives et nos faiblesses potentielles ainsi que les domaines les plus prometteurs pour une collaboration trilatérale. Une bonne partie des infrastructures énergétiques auxquelles j'ai fait référence sont un peu âgées et dans d'autres cas, elles ne relient pas les nouvelles opportunités prometteuses en matière d'énergie aux établissements de traitement ou à des marchés importants et en croissance. Nous avons été heureux de constater qu'à leur dernière réunion, les trois ministres de l'Énergie ont souligné encore une fois l'importance d'avoir des infrastructures modernes et résilientes.
Il faut concentrer davantage notre action sur les technologies énergétiques clés. Les ministres de l'Énergie des trois pays l'ont reconnu et cherchent à renforcer la collaboration trilatérale pour ce qui est des réseaux électriques, de la capture et de l'entreposage du carbone, des véhicules électriques, des biocarburants et des bonnes pratiques en matière d'exploitation du gaz et du pétrole non conventionnelle. Nous devons adopter une approche cohérente aux changements climatiques et à la réglementation des gaz à effet de serre. Certaines mesures sont déjà en train d'être prises, notamment pour harmoniser les normes en matière d'efficacité énergétique des véhicules et des appareils ménagers.
Compte tenu du fait que nos trois économies sont étroitement intégrées, il paraît logique d'adopter une approche commune visant à abaisser progressivement l'impact écologique de l'énergie que nous produisons et nous consommons. Nous pouvons le faire en partie en adoptant une approche commune à l'établissement du prix du carbone. Dans l'ensemble, nous avons besoin de politiques intelligentes qui permettront à nos entreprises d'être rentables et en mesure d'investir dans des technologies énergétiques à faible consommation de carbone, tout en évitant les obstacles à la compétitivité.
L'industrie de l'énergie au Canada a déjà adopté, sur une base volontaire, une série de normes en matière de fracturation hydraulique, qui couvrent des aspects comme la divulgation des produits chimiques utilisés pour la fracturation et les normes en matière de construction des puits de forage. Nous avons proposé l'adoption d'une norme nord-américaine élaborée par l'industrie en matière de fracturation, qui démontrerait que cela peut se faire à la fois de façon responsable et peut-être déboucher sur des technologies susceptibles d'être exportées. Comme l'a mentionné l'ambassadeur Suarez, il existe certainement des possibilités énormes d'utiliser cette technologie dans les gisements de gaz de schiste du Mexique.
Les organismes de réglementation de l'énergie des trois pays ont la possibilité de collaborer davantage. J'aimerais noter ici le protocole qui a été signé l'année dernière entre le gouvernement du Mexique et l'organisme de réglementation de l'énergie de l'Alberta, parce que le Mexique cherche à mettre sur pied, pour son secteur énergétique qui est en pleine croissance, un régime de réglementation de calibre mondial.
Enfin, les trois pays peuvent collaborer sur la certification des qualifications et à l'élaboration d'une stratégie générale en matière de ressources humaines pour le secteur énergétique pour veiller que nous disposions des personnes et des capacités dont nous avons besoin pour exploiter les possibilités qui s'offrent dans ce domaine. Ce modèle pourrait également être repris dans un système d'accréditation des compétences continentales pour d'autres secteurs et emplois.
Je vous remercie. J'ai hâte d'entendre vos questions.
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Merci, monsieur le président et merci aux membres du comité.
C'est un honneur d'être de nouveau à Ottawa et de pouvoir vous parler de cet important sujet; bien franchement, c'est surtout un honneur d'être revenu et de voir autant d'amis dans cette salle.
Comme vous l'avez dit, j'ai eu la chance de pouvoir travailler aux relations entre les trois pays nord-américains d'un certain nombre de points de vue. J'ai été ambassadeur ici pendant quatre belles années de ma vie. J'ai assisté aux sommets des leaders nord-américains. Je suis maintenant vice-président de BMO, la Banque de Montréal, dont les opérations chevauchent la frontière de multiples façons.
Une des choses que j'aimerais préciser maintenant est qu'il serait prétentieux de ma part d'essayer de dire aux Canadiens comment négocier avec mon pays. Tout ce que je peux faire, c'est de vous présenter mon propre point de vue, qui est basé sur l'expérience acquise dans des domaines sur lesquels je crois que les trois pays devraient centrer leurs actions pour renforcer le bien-être et la prospérité de nos peuples, ce qui est, je crois, un but que nous partageons tous.
À cette fin, j'aimerais parler de cinq questions. Premièrement, nous avons fait du bon travail — ce n'est pas un travail parfait, mais c'est du bon travail — pour réduire les obstacles tarifaires aux échanges commerciaux entre nos deux pays et nous devons faire davantage; en fait, nous devons faire beaucoup mieux pour réduire certaines barrières non tarifaires qui existent encore. Nous avons fait des progrès importants au cours des dernières années, en particulier avec l'initiative Par-delà la frontière entre les États-Unis et le Canada, mais le moment n'est pas encore venu de crier victoire et de nous reposer sur nos lauriers.
La meilleure façon de réduire les retards et la confusion à la frontière — et je crois que tous les témoins qui sont ici seraient tout à fait d'accord avec moi sur ce point — consiste à renforcer la communication de l'information avant que les personnes et les marchandises n'arrivent à la frontière. Tout d'abord, cela accélère le passage de personnes et de marchandises déjà dédouanées. En outre, le temps que les garde-frontières ne passent pas à examiner les personnes honnêtes et respectueuses des lois ainsi que les marchandises sûres, ils peuvent le passer à rechercher les gens et les produits dangereux.
À mon avis, le meilleur exemple — et encore une fois, il y a été fait allusion, il y a un instant — est le programme NEXUS. Il est maintenant passé à l'étape suivante, dans laquelle les citoyens canadiens et américains qui sont membres de NEXUS peuvent participer au programme de prévérification — de sorte que, lorsqu'ils passent dans l'aire de filtrage de l'aéroport, ils ne sont plus obligés de retirer leurs chaussures, de sortir les liquides qui se trouvent dans leurs sacs, chaque fois qu'ils veulent prendre l'avion. C'est un vrai progrès.
Je peux vous raconter une histoire véridique.
Récemment, j'étais en train de faire la file pour la prévérification et la femme devant moi a dit au garde de l'ASFC, « Vous savez, c'est le meilleur programme qu'ait jamais mis sur pied le gouvernement. » Je crois que j'étais d'accord avec elle sur ce point, et je vais donc vous féliciter tous.
La deuxième série d'obstacles non tarifaires aux échanges commerciaux est les différences de réglementation entre nos deux pays. Il en va de même pour le Mexique. Ce ne sont pas seulement des différences, mais des différences qui ne se justifient pas vraiment; ce qu'on appelle la tyrannie des petites différences.
Lorsque j'étais au Canada, je parlais tout le temps de Cheerios. Je vois que Laura Dawson, l'intervenante suivante, sourit. Je pense que c'est elle qui a fabriqué cet exemple avec moi. Je n'ai pas beaucoup d'imagination et je mange la même chose tous les matins. Je mange des Cheerios. Quand je suis aux États-Unis, je mange des Cheerios qui sont fortifiées conformément à ce qu'exige le gouvernement des États-Unis, et, lorsque je suis au Canada, je mange des Cheerios qui sont fortifiées conformément à une recette différente, comme l'exige le gouvernement canadien. Je suis ici, monsieur le président, pour dire à tous les membres du comité que je ne suis pas en meilleure santé dans un pays ou dans l'autre.
Je me souviens de la première fois que j'ai parlé de ce sujet; il y avait un gars au fond de la salle qui a levé la main et qui a dit: « Eh bien, lequel des deux devrions-nous adopter? » Et j'ai répondu « Cela ne fait aucune différence pour moi, et ça n'en fait également aucune pour vous. Il faut simplement les fabriquer de la même façon. » Il y a tellement de petites différences de ce genre qui n'améliorent pas vraiment notre santé et notre sécurité, de façon significative. Ces exigences sont tout simplement différentes. Les ceintures de sécurité ne sont pas les mêmes dans les deux pays. Le déodorant n'est pas le même dans les deux pays. Toutes ces différences ont pour effet de rendre ces produits plus chers, de réduire le choix des consommateurs et de diminuer la qualité des produits, sans pour autant apporter quoi que ce soit à la population.
Le troisième aspect sur lequel nous devrions nous centrer pour renforcer le bien-être économique de nos citoyens est de continuer à travailler sur des ententes commerciales régionales. Encore une fois, je pense que tous les membres de ce groupe de témoins reconnaissent que l'ALENA a profité au Canada, il a profité au Mexique, et il a profité aux États-Unis. Mais l'ALENA était l'entente commerciale originale. L'entente commerciale 1.0. Je crois que l'ambassadeur Davila a parlé du PTP comme étant l'entente commerciale 2.0. Je l'appellerais sans doute l'entente commerciale 4.0. Nous avons beaucoup appris au cours de ces dernières années, une vingtaine d'années, et il va améliorer et remédier à certaines lacunes de l'ALENA. Il va étendre les avantages du libre-échange à un certain nombre de nos partenaires du Pacifique.
Parallèlement, le Canada et les États-Unis doivent continuer à travailler sur des ententes de libre-échange avec l'Union européenne. Sur le plan stratégique, je pense que lorsque les trois pays de l'ALENA auront conclu des accords de libre-échange avec les pays du Pacifique et avec l'Union européenne, nous, les pays d'Amérique du Nord, nous nous retrouverons dans une position extrêmement forte, puisque nous serons le pont qui reliera ces deux grands espaces commerciaux. Cela pourrait créer des millions d'emplois dans votre pays et dans le mien.
Le quatrième aspect sur lequel nous devons, je crois, réfléchir, est de mieux intégrer le Mexique aux initiatives trilatérales. Cela est particulièrement vrai, et l'ambassadeur y a fait allusion, dans les domaines de l'énergie et de la collaboration en matière de réglementation; ce sont là des domaines où nous pouvons faire davantage.
Enfin, nous devons encourager la collaboration régionale entre nos pays. Encore une fois, j'ai voyagé dans tout le Canada, et j'entendais constamment parler des relations nord-sud, en fait, quelquefois aux dépens des relations est-ouest au Canada. La région économique du nord-ouest du Pacifique travaille depuis longtemps à coordonner les efforts des provinces de l'Ouest et des provinces de l'ouest des États-Unis. Les premiers ministres de la région de l'Atlantique et les gouverneurs de la Nouvelle-Angleterre travaillent depuis longtemps ensemble pour étendre ces avantages économiques dans leurs régions.
Le 1er avril dernier, j'ai eu la possibilité de participer au Great Lakes Economic Forum qui avait lieu dans ma ville d'origine, Chicago, et qui était organisé par le Council of the Great Lakes Region. C'est une région qui a connu une activité économique de 5,8 mille milliards l'année dernière. Cela représente 30 % du PIB combiné des États-Unis et du Canada et 31 % de nos emplois. Si cette région, le centre des deux pays, était prise isolément, elle constituerait un pays qui arriverait au troisième rang des grandes économies mondiales, devant le Japon, l'Allemagne, la France, le Brésil et le Royaume-Uni.
Les dirigeants étatiques et provinciaux connaissent ce fait et le comprennent. Ils essaient de poursuivre cette collaboration régionale. J'aimerais vous encourager tous à travailler avec eux pour faciliter cette collaboration. Dans deux semaines, je vais me joindre aux premiers ministres et aux gouverneurs du Saint-Laurent et des Grands Lacs dans la ville de Québec. Dans les mois qui viennent, les représentants de ces régions vont voyager dans le monde entier pour faire connaître les avantages des échanges commerciaux, non seulement dans leur province, non seulement dans leur État, mais dans ces régions économiques très puissantes, ce qui, je crois, profitera à tous.
Monsieur le président, le Canada, les États-Unis et le Mexique ont tout un ensemble de questions sur lesquelles ils doivent travailler pour améliorer le bien-être de leurs citoyens. Je vous félicite encore une fois du travail que vous effectuez dans ce domaine et j'ai hâte d'entendre vos questions.
Je vous remercie.
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Merci monsieur le président et merci aux membres du comité. Je suis ravie d'être ici. Je préférerais être ici en personne, mais j'apprécie beaucoup d'être un peu chez vous même si je suis à Washington.
Le fait d'être un des derniers témoins dans ce processus m'a permis d'examiner les témoignages des intervenants précédents. Je veux simplement vous dire que je suis d'accord avec tous ces témoins. Vous avez entendu Colin Robertson, Scotty Greenwood et le Conseil des chefs d'entreprise. Ils vous ont donné d'excellentes listes, plans d'action et stratégies au sujet de ce que nous devons faire dans ce partenariat nord-américain.
Vous avez l'ambassadeur Suarez, qui est, d'après moi, le meilleur produit d'exportation du Mexique au Canada et vous avez l'ambassadeur David Jacobson, qui n'est pas seulement un excellent penseur et analyste trilatéral et bilatéral, mais aussi le meilleur patron que j'ai jamais eu. Il était si bon comme patron que je n'ai pas voulu aller travailler pour quelqu'un d'autre. J'ai donc été obligée de créer ma propre société. Pendant cinq ans, j'ai dirigé Dawson Strategic à Ottawa, une société qui a aidé des entreprises américaines et canadiennes à profiter de nos ententes commerciales, de nos initiatives trilatérales et bilatérales.
En tant que consultante sur les questions transfrontalières, je peux vous dire que ces relations fonctionnent très bien. C'est important. C'est la base du commerce et des échanges commerciaux en Amérique du Nord. Il reste encore beaucoup de travail à faire et ces lacunes, ces retards compromettent la compétitivité du Canada. Nous ne pouvons pas, à l'heure actuelle, nous contenter de traîner de l'arrière. Dans les autres parties du monde, nos concurrents sont en train de nous couper l'herbe sous le pied. Ce n'est pas le moment de ralentir pour l'Amérique du Nord. C'est au contraire le moment d'accélérer et de faire davantage pour l'Amérique du Nord.
Les obstacles non tarifaires dont l'ambassadeur Jacobson a parlé et les lacunes dont l'ambassadeur Suarez a parlé et qui nous empêchent d'avoir des chaînes de fonctionnement bien intégrées veulent dire que nous laissons passer des opportunités importantes.
L'ALENA est en mauvaise posture. Je ne suis pas sûre d'être d'accord avec l'ambassadeur Suarez qui l'a qualifié de vieille femme ridée, mais c'est certainement un citoyen âgé qui a besoin d'un traitement rajeunissant. Il a plus de 20 ans et il a été négocié à une époque où nous n'avions pas le genre de développement technologique qui fait maintenant partie inhérente de notre économie, dans le monde des affaires. Nous avons négocié l'ALENA avant l'externalisation de la logistique et avant le commerce électronique. Internet existait à peine en 1994.
Cet accord, l'ALENA, régit environ 70 % de nos échanges commerciaux et nous devenons rapidement une économie basée sur les services, sur les connaissances et sur la haute technologie, mais nos accords commerciaux sont le reflet d'une époque où nous utilisions des crayons et non des ordinateurs.
Il est urgent de nous intéresser de près à notre infrastructure transfrontalière pour la distribution de l'énergie et les expéditions. Vous avez entendu dire que nos efforts d'harmonisation de la réglementation, s'ils sont importants, représentaient en fait une goutte d'eau dans l'océan, et qu'ils étaient limités, comparés à ce qu'ils devraient être si nous voulions avoir des économies bien intégrées.
Un des chiffres que j'ai mis dans ma recherche, qui est étayé, je crois, par l'OCDE, est que les obstacles frontaliers et réglementaires représentent environ 5 à 10 % du coût final d'un produit. Cela veut dire non seulement que nos consommateurs paient davantage pour leurs produits, mais que toute notre capacité de production est désavantagée. Nous transférons en fait cet avantage à la Chine et à d'autres concurrents où les coûts sont plus faibles. Nous ne sommes pas obligés d'agir de cette façon. Nous ne pouvons pas nous permettre d'agir de cette façon.
Et maintenant, avec le Partenariat transpacifique, nous avons la possibilité de remédier à certaines lacunes de l'ALENA, mais le fait qu'il y ait 12 parties à cet accord veut dire que les intérêts des trois pays de l'ALENA vont être dilués. Il va se poser de nombreuses autres questions. Il y a de nombreuses autres questions qui ne touchent pas directement le renforcement et la rationalisation des relations nord-américaines. En plus, au cours de négociations commerciales, le rythme et le contenu sont définis par les secteurs les plus lents et les moins compétitifs, et non pas par nos secteurs émergents et puissants.
Il est très difficile de négocier pour les secteurs forts, parce que nous défendons les faibles. Nous essayons de trouver un équilibre, mais on ne peut pas sacrifier les secteurs émergents en cours de route.
Que faut-il faire? En janvier dernier, j’ai écrit un article pour le Globe and Mail où je critiquais sévèrement la décision du gouvernement de reporter le sommet des dirigeants nord-américains. J’estimais alors et je suis toujours convaincu qu’il est grand temps que nos dirigeants se parlent, collaborent, etc. Je suis donc ravie que nous soyons en train de planifier ce sommet et que votre comité veille à ce qu’il ait du sens et de la substance.
Les autres témoins vous ont proposé d’excellentes choses à faire, et je crois qu’il faut toutes les faire. Quant à moi, je vais vous donner un principe, qui, je crois, recouvre les plans d’action dont on vous a parlé. C’est simple: il convient de traiter les relations nord-américaines avec tout le sérieux qu’elles méritent. Nous devons investir temps et argent à la hauteur de l’importance que les États-Unis et le Mexique ont pour nous sur les plans économique et politique. Je crois que nous oublions ça. Nous sommes si occupés à convoiter les verts pâturages ou les champs plus exotiques de pays lointains que nous passons à côté du fait que c’est en Amérique du Nord qu’il faut investir la plus grande partie de notre temps et de notre énergie. Le Canada doit avoir dans ces deux pays une présence durable et visible.
Les Canadiens se plaignent souvent d’être tenus pour acquis par les États-Unis, mais, ici à Washington, je suis frappée, et ce n’est pas depuis que j’y ai emménagé la semaine dernière, mais depuis les cinq ou six dernières années où j’y ai travaillé, par l’absence d’une représentation du Canada à l’égard de questions stratégiques importantes qui concernent directement notre pays. Nous supposons sans doute que nous savons tout des États-Unis parce que nous regardons les chaînes de télévision américaines et qu’il ne nous semble pas nécessaire d’être présents sur place. Nous n’entrons effectivement pas en relation avec des législateurs, des décideurs et des leaders d’opinion américains comme le font d’autres alliés des États-Unis. Même le Mexique est plus présent que le Canada à Washington. De plus, notre savoir de base ici au Canada est médiocre. Nous pensons savoir beaucoup de choses sur les États-Unis, mais j’ai pu constater, lorsque j’enseignais à l’Université Carleton, combien mes étudiants manquaient lamentablement de connaissances sur le fonctionnement du système législatif et décisionnel américain.
Ce qui me frappe, entre autres, c’est que, aux États-Unis, les étudiants universitaires peuvent suivre un programme d’études canadiennes. Que je sache, il n’existe pas de programmes d’études américaines au Canada. S’ils existent, je n’en ai jamais entendu parler. Par ailleurs, je suis une Canadienne employée par le gouvernement américain pour diriger un groupe de réflexion sur les enjeux canado-américains à Washington. Combien de groupes de réflexion de ce genre sont-ils financés par le gouvernement du Canada à Ottawa? Je pense qu’il n’en existe pas. Nous ne faisons plus d’efforts pour comprendre les États-Unis et dialoguer avec eux. Ils sont toujours là, alors pourquoi investir, pourquoi faire des efforts?
Nous sommes très efficaces sur le plan bureaucratique. Nos fonctionnaires travaillent très bien ensemble, de spécialiste à spécialiste, qu’il s’agisse d’agriculture, des transports, etc. Ils décrochent le téléphone et se parlent entre eux, ils collaborent dans le cadre de leurs activités quotidiennes. Mais, quand ces activités, ces enjeux prennent une dimension politique et qu’il faut exercer un certain pouvoir et défendre nos intérêts, il n’y a plus personne.
Comprenez-moi bien, l’ambassadeur Gary Doer et son équipe à Washington sont excellents. L’équipe d’ici, à Ottawa, le ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, fait un travail fantastique aussi, mais on n’accorde tout simplement pas assez de ressources et d’importance à ces relations. Au cours des trois prochaines années de transition, nous devons nous positionner, non pas en tant que gentils Canadiens, mais en tant qu’alliés présents, visibles et importants. Pour paraphraser le slogan d’une célèbre librairie, « le monde a besoin de plus de Canada ». Les États-Unis ont besoin de plus de Canada.
C’est pour cette raison que j’ai quitté un emploi passionnant à Ottawa pour venir ici et agiter notre drapeau pour souligner la présence du Canada de façon systématique et durable.
Le sérieux dont je parle doit également s’appliquer au Mexique. Ces relations exigent temps, attention et cohérence. Je crois que nous nous attendons à du donnant-donnant et que les choses iront vite avec le Mexique. Ce n’est pas le cas.
Nos relations ont souffert à cause de la question du visa. Désormais, grâce au service d’autorisation de voyager électronique, nous avons l’occasion de rétablir notre crédibilité et notre présence au Mexique. Voilà le moment propice de rétablir un dialogue sérieux et respectueux.
Pour le Canada, le Mexique est moins un concurrent qu’un allié dans la chaîne de production et d’approvisionnement. Si les entreprises manufacturières du Canada doivent prendre de l’expansion dans les décennies à venir, ce sera grâce à des partenariats de chaîne d’approvisionnement avec les États-Unis et le Mexique.
Si nous voulons que nos intérêts soient pris au sérieux à Mexico et à Washington, il faut que les Canadiens fassent valoir leurs atouts dans le jeu. Nos fonctionnaires et nos gens d’affaires sont formidables, mais il nous faut un leadership politique. Nous avons besoin de vous par ici.
On sait très bien que les initiatives économiques les plus importantes d’Amérique du Nord, comme le Pacte de l’automobile et l’Accord de libre-échange nord-américain, découlent d’idées et de propositions canadiennes. On ne peut pas attendre que les autres viennent à nous, nous devons lancer ces propositions. Nous devons être les innovateurs et les penseurs.
J’espère voir chacun des membres de ce comité à Washington. J’espère vous voir tous à mon bureau, à l’Institut du Canada. Considérez que c’est une invitation à faire de l’Institut du Canada à Washington votre pied-à-terre et votre base de lancement pour entrer en relation avec vos homologues du Congrès et d’ailleurs. Dans deux ans, je veux pouvoir revenir vous dire que notre réputation a changé dans le District de Columbia: nous ne serons plus discrets, mais présents partout.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Merci à tous les témoins. Je vais donner suite directement aux propos de Mme Dawson.
J’ai été emballé par votre témoignage. Je suis heureux que votre transfert se soit bien passé. Je rappelle également que notre chef a profité de l’offre de l’institut où vous travaillez pour y prononcer un discours, il y a deux ou trois ans. Je l’avais accompagné. Il est vraiment important de veiller à être, comme vous le dites, plus présents.
L’une des questions que j’aimerais soulever est que le gouvernement, au moment de son élection, avait prévu ce qu’il appelait une stratégie des Amériques. Cette stratégie a été révisée en 2011, je ne sais pas si vous avez lu ce rapport. On y disait notamment qu’il manquait, on parle ici d’un rapport interne, qu’il manquait d’objectifs directeurs et d’une sorte de surveillance de la stratégie des Amériques au sein du gouvernement.
Je pense que la plupart des gens considèrent que l’intention du gouvernement, la stratégie des Amériques, est bonne, mais ça semble disparaître. Ce qui était évident à mes yeux, dans l’examen de 2011, c’est que le gouvernement ne semblait pas envisager de fixer des objectifs, de faire un suivi et d’exercer une forme de surveillance de sa propre stratégie. Tous les témoins ont d’excellentes idées à proposer, et nous avons notamment entendu des choses passionnantes au sujet des normes dans les dernières réunions, et ça a évidemment à voir avec les préoccupations exprimées concernant la réglementation. Il faut avoir des normes semblables.
Je me demandais, madame Dawson, si vous pensez que nous allons relancer ces relations, les stimuler, peu importe le mot choisi. Avons-nous besoin d’une perspective sur les Amériques, les trois pays, qui permettrait de faciliter la coopération interministérielle et améliorer l’efficacité de la surveillance? Si c’est le cas, et je suppose que vous allez dire oui, qu’en pensez-vous? Comment procéderiez-vous? Quel conseil pouvez-vous nous donner?
Si nous devons fixer ces grands objectifs et faire des recommandations, nous avons besoin de penser qu’elles seront appliquées au sein du gouvernement. Pourriez-vous nous faire part de quelques-unes de vos idées à ce sujet?
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Oh, voilà un défi de taille! Je vous remercie.
Je vous parlerai non pas à titre de directrice de l’Institut du Canada, mais à titre de consultante sur le commerce des Amériques pendant 15 ans. J’ai vu évoluer la stratégie des Amériques et j’ai vu le gouvernement du Canada obtenir quelques résultats, mais aussi affronter quelques difficultés à cet égard.
Je pense que l’une des premières difficultés d’une stratégie de ce genre est l’idée que les Amériques sont un monolithe. Ce n’est pas une unité. Elles consistent en un certain nombre d’économies et de pays distincts qu’il convient d’aborder individuellement. Nos relations avec le Honduras sont très différentes de ce que devraient être nos relations avec le Chili, la Colombie ou le Pérou. Ces économies ont pris des chemins différents. Ils ont des leaderships différents, des styles culturels différents, etc. Il faut être prêt à entrer en relation avec nos partenaires latino-américains État par État. C’est la première chose.
Deuxièmement, quand je travaillais comme consultante pour l’Agence canadienne de développement international en Amérique latine, nous louvoyions entre l’élaboration de partenariats économiques plus solides et les activités d’aide technique et de développement. Je pense que nous cherchons à savoir si notre rôle en Amérique latine est de l’ordre du développement ou du commerce et comment conjuguer les deux.
Je pense que la perspective du gouvernement axée sur une intégration plus étroite du commerce et du développement est un excellent moyen de développer nos relations en Amérique latine, mais c’est tout un défi. Rappelons-nous l’époque où on essayait de réaliser l’Accord de libre-échange des Amériques, on voyait trop grand.
Je suis favorable à un engagement durable en Amérique latine et à un investissement dans les ressources diplomatiques, mais faisons les choses progressivement et en nous appuyant sur les institutions. Nous avons un très solide partenaire latino-américain juste en face. Travaillons avec le Mexique. Apprenons le langage économique et commercial de l’Amérique latine et sa culture à partir de nos têtes de pont dans la région, puis progressons à partir de là.
J’aimerais bien revenir vous parler des relations entre le Canada et l’Amérique latine. C’est très important pour moi, mais je ne sais pas si je peux rendre justice à ce sujet en quelques minutes.
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Je dois dire avant tout que l’idée que l’ALENA pourrait perdre de l’importance après le PTP est une idée fallacieuse.
Il y aura deux accords. L’un, l’ALENA, portera sur une série complète d’enjeux entre nos trois pays. L’autre portera sur les relations de nos pays entre eux et avec nos partenaires du Pacifique. Il y aura des enjeux propres au PTP, et un certain nombre d’entre nous en ont parlé. Des questions comme la main-d’œuvre, l’environnement et les services ne sont pas abordées dans l’ALENA, et elles seront réglées plus efficacement par le biais du PTP.
Il est faux de dire que, d’une façon ou d’une autre, le PTP, une fois négocié, remplacera l’ALENA et que l’ALENA disparaîtra ou perdra de son importance.
Aurons-nous une bonne entente complète dans le cadre du PTP? Je n’ai pas participé aux négociations depuis un certain temps, et, dans une grande mesure et au moins pour le moment, ça dépend de la Chambre des représentants des États-Unis. La décision est passée du Sénat à la Chambre des représentants. J’aimerais pouvoir dire autre chose, mais, compte tenu du moins de l’histoire récente, l’idée de dépendre du Congrès américain pour agir, et pour agir judicieusement et rapidement, est parfois une erreur.
Je pense et j’espère que ça se fera en fin de compte. Ce sera un bon accord. Et ce sera un bon accord parce que c’est dans l’intérêt économique de chacun des 12 pays partenaires du PTP, notamment les trois pays de l’ALENA, et parce que c’est d’une très grande importance géostratégique dans ce mouvement vers l’Asie.
Ça va se faire. J’ai toutes les raisons de croire que ce sera un bon accord. Il ne sera pas parfait, ce n’est jamais parfait, mais ce sera fait, je l’espère, d’ici la fin de l’année. Après ça, nous nous concentrerons sur les négociations avec l’Union européenne.
Comme je l’ai dit, ça va créer beaucoup d’emplois et une grande prospérité économique au Canada, aux États-Unis et au Mexique.
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En effet, nous nous sommes particulièrement intéressés sur les emplois et les compétences dans le rapport, et je fais remarquer que, la semaine prochaine, les ministres provinciaux responsables de l’Accord sur le commerce intérieur se rencontreront. Ce devrait être un sujet de discussion très important, parce qu’il y a non seulement la question de la reconnaissance mutuelle entre les provinces, mais il y a aussi la question du « champ de pratique ». Nous avons rédigé un rapport à ce sujet, où nous expliquons, par exemple, que les massothérapeutes doivent obtenir un permis pour exercer en Ontario, mais pas en Alberta.
Il y a une chose qui fonctionne dans le contexte nord-américain, quoique ce soit lent, c’est la collaboration entre les associations. Les associations d’architectes du Canada, des États-Unis et du Mexique se sont entendues. Il leur a fallu plusieurs années, mais elles ont fini par s’entendre sur une reconnaissance mutuelle des compétences d’un architecte, de leur mode de certification et de leur champ de pratique dans les divers pays. Elles n’ont pas abordé la question de l’admissibilité, mais, si un architecte mexicain est embauché pour construire un bâtiment à Winnipeg, il lui suffit de demander l’autorisation d’entrer au Canada comme le ferait toute personne qui vient travailler ici. Il ne lui serait pas nécessaire de demander la reconnaissance de ses titres de compétences.
Le seul moyen d’y arriver est de passer par ce processus pénible d’inviter les organismes délivrant des titres de compétences à dialoguer et à s’entendre sur une nomenclature commune de définitions. Dans le contexte du commerce intérieur, je pensais que l’une des choses qu’on pourrait faire serait, par exemple, de s’inspirer de ce qu’on a fait pour les négociations tarifaires: on pourrait se servir du tableau Ellis, qui énumère tous les titres de compétences, pour élaborer un cadre commun.
Mais il y a beaucoup d’autres choses possibles. La formation, par exemple. C’est très difficile de réunir en un même endroit, pour de la formation, des gens venant d’entreprises de partout en Amérique du Nord. Chaque personne doit faire sa demande. Nous avons suggéré qu’une entreprise offrant un cours de formation annonce: « Voilà la liste des 40 personnes qui viendront à Mississauga suivre cette formation » et que l’ASFC soit tenue de répondre oui ou non dans un délai de cinq jours. Peut-être qu’ils vont dire: « Pour ces 38 personnes, ça va; pour les autres, nous devons encore vérifier », mais, au moins, on peut avoir un lot de candidatures et savoir à peu près quand vous aurez l’information nécessaire.
Ce qu’on a constaté dans bien des cas concrets, c’est qu’il faut beaucoup plus de temps pour obtenir un visa d’entrée au Canada pour organiser la formation que pour faire la formation. Ça n’a aucun sens, et les gens passent leur temps à dépenser dans les bars, les restaurants, les hôtels, etc. de Mississauga, et ils préfèrent donc aller à Las Vegas.
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Merci, monsieur le président.
Et grand merci à tous nos témoins qui se sont déplacés aujourd'hui.
J'aimerais adresser ma question à tous les témoins, mais vous m'avez demandé, monsieur Jacobson, de vous ménager, et c'est ce que je ferai. Comme je viens d'une région essentiellement agricole, il y a un problème qui me tracasse plus que les autres, soit le régime d'étiquetage du pays d'origine. Les États-Unis ne cessent de parler de libéralisation du commerce, mais ils semblent introduire des obstacles non tarifaires dans les processus. L'étiquetage du pays d'origine a non seulement nui à beaucoup de producteurs canadiens, mais il a aussi entraîné la fermeture de beaucoup d'usines de transformation américaines qui s'approvisionnaient en boeuf canadien et en porc canadien.
Quatre fois ce différend s'est rendu jusqu'à l'OMC, qui a tranché en faveur du Canada et statué que le système d'étiquetage du pays d'origine était injustifié ou contrevenait à notre traité. Il semble que la seule chose que nous puissions faire est d'imposer des tarifs. C'est la seule façon de régler ce genre de situation. Nous parlons d'éliminer les tarifs. Ce genre de choses se produit.
Je me rappelle la crise de l'encéphalopathie spongiforme bovine. Quand elle a éclaté, j'avais été élu 10 jours plus tôt. Cela étant, ça fait une douzaine d'années que je m'occupe de ce dossier. À l'époque, après que notre boeuf eut été scientifiquement déclaré sans danger, l'organisme R-CALF, dans l'Ouest américain, a signifié son opposition, et il a fallu entre quatre et six années, je pense, avant de pouvoir ouvrir le marché à certaines pièces de boeuf.
Comment corrigeons-nous de telles situations qui avaient été négociées, puis déclarées injustifiées en arbitrage, mais sur lesquelles les États-Unis ne veulent jamais revenir?