Aujourd'hui, je limiterai mes propos aux aspects politiques et de sécurité liés à la situation en Syrie, situation qui a évolué depuis que mon directeur général, Mark Gwozdecky, s'est adressé à vous le 3 décembre 2013. Ma collègue Leslie Norton vous donnera des précisions sur la conjoncture humanitaire. Quant à ma collègue Isabelle Roy, elle fera le point sur l'intervention de la communauté internationale en réponse à l'utilisation d'armes chimiques par le régime Assad.
La guerre en Syrie continue de faire rage et de plus en plus de gens sont tués alors que d'autres fuient leurs demeures en nombre incroyablement élevé. Le bilan des pertes humaines dépasse maintenant 130 000. Le régime continue de cibler au hasard les combattants et les populations civiles. Les répercussions humanitaires et les implications politiques régionales sont terribles. Le régime conserve son avantage dans le conflit mais, dans l'ensemble, ni le régime ni les groupes de l'opposition ne sont en mesure de vaincre militairement l'autre à moyen terme. Il n'est pas clair, cependant, que l'un ou l'autre se rende compte de cette réalité.
On constate de plus en plus l'émergence de conflits entre différents groupes de militaires de l'opposition. Alors que les combattants de l'opposition n'ont jamais vraiment réussi à présenter un front uni, la guerre est en train de se transformer en une série de conflits divers, associant une multitude d'acteurs, avec des objectifs différents et des allégeances changeantes.
En plus de la lutte contre le régime, des éléments de l'opposition ont commencé à se battre entre eux alors que des groupes affiliés à Al-Qaïda dans l'État islamique d'Irak et du levant (ÉIIL) cherchent à délimiter le territoire. Ces groupes se heurtent à une résistance. Deux groupes distincts d'Al-Qaïda — l'ÉIIL et Jabhat al-Nusra — se sont même affrontés entre eux. Entretemps, les Kurdes ont annoncé la création d'un gouvernement provincial dans le nord-est de la Syrie. Des efforts se poursuivent dans l'espoir de réunir les différents groupes de l'opposition — à l'exception de ceux d'Al-Qaïda — sous le contrôle d'un leadership cohérent, mais le but n'est pas encore atteint.
Le régime Assad a pris avantage de ces affrontements et de ces divisions dans les zones occupées par l'opposition pour tenter de gagner du terrain dans les villes de Homs et d'Alep et leurs environs. Ces divisions militaires reflètent les clivages politiques qui persistent dans les rangs de l'opposition. La Coalition de l'opposition syrienne est le principal cadre politique de l'opposition, mais elle continue d'être divisée et a peu de crédibilité sur le terrain en Syrie. Elle ne demeure que partiellement représentative des nombreux groupes d'opposition sur le terrain.
Entretemps, la guerre continue de se répandre au-delà des frontières de la Syrie. Les attentats à la bombe se multiplient au Liban et la violence s'intensifie. Des échos de conflits sectaires entre les chiites et les sunnites en Syrie résonnent jusqu'au Liban, alimentés en partie par l'intervention du Hezbollah aux côtés d'Assad. La Jordanie et le Liban, mais aussi l'Iran, la Turquie et l'Égypte continuent de porter les fardeaux sociaux et économiques de l'exode massif de réfugiés. La libre circulation d'armes ainsi que l'implantation et la force grandissante des groupes terroristes dans le Levant, menacent la stabilité de toute la région. Malgré les défis, les risques de propagation sont contrôlés, pour l'instant du moins.
En réponse à des besoins croissants, le a annoncé, lors de son récent voyage dans la région, une aide supplémentaire du Canada pour répondre à la crise syrienne. L'aide totale du Canada à ce jour compte 353,5 millions de dollars en aide humanitaire, 210,6 millions en aide au développement à la Jordanie et la région, de même que 67,6 millions de dollars en aide régionale liée à la sécurité. Mes collègues Leslie et Isabelle vous donneront plus de détails à ce sujet.
Malgré le carnage, les menaces régionales et l'impasse militaire, la perspective de paix à moyen terme demeure mince. Toutefois, la convocation de la conférence Genève II le mois dernier est un pas dans la bonne direction. Accompagnée par 40 pays, la Coalition de l'opposition syrienne et des représentants du régime se sont rencontrés pour la première fois, en face-à-face, d'abord à Montreux puis à Genève, pour discuter de l'avenir de la Syrie.
À l'aube de Genève II, les attentes étaient très faibles, et la Coalition de l'opposition a presque complètement boycotté la conférence. De nombreux membres de la coalition se sont dits opposés à une négociation avec le régime alors que d'autres ont carrément refusé de s'y associer. Quelques éléments extrémistes ont même menacé les membres de la coalition qui y assistaient, en acceptant finalement de participer. Mais l'épisode confirme le dysfonctionnement de l'opposition et les doutes sur ses capacités de contrôler ses partisans en cas d'entente qui ne comprendrait pas l'abandon du régime.
Néanmoins, l'opposition s'est retrouvée dans une salle en grande partie sympathique le jour de l'ouverture à Montreux. La plupart des pays ont condamné le régime Assad pour la guerre et ses répercussions, tout en exprimant leur appui aux objectifs de l'opposition. Parallèlement, ils ont exhorté les deux parties à conjuguer leurs efforts en vue d'une solution politique qui respecte les droits et les libertés du peuple syrien.
Tel que l'a mentionné le ministre :
Tant que la dignité et la liberté demandées par le peuple syrien ne seront pas enchâssées dans une entente pacifique et protégée par des institutions compétentes, la guerre continuera de faire rage, la menace terroriste prendra de l'ampleur, le cauchemar humanitaire se poursuivra et la violence mettra en péril tous les voisins de la Syrie.
À Genève, les trois principaux points de discussion ont été la libération des prisonniers, l'accès humanitaire et la formation d'un organe directeur transitoire.
La question d'un organe directeur transitoire demeure la plus controversée. Il s'agit du point fondamental de la division. Le régime Assad n'était pas disposé à discuter d'une ère post-Assad, alors que l'opposition est venue à Genève pour souligner expressément qu'Assad et ses proches ne joueraient aucun rôle dans la période de transition. En cela, l'opposition jouit d'un vaste soutien, y compris celui du Canada.
Le premier cycle de pourparlers s'est terminé le 31 janvier sans qu'aucune question ne soit résolue. Ils doivent reprendre le 10 février mais le régime n'a pas encore consenti à cette date. Entretemps, la guerre se poursuit.
Je vous remercie de m'avoir donné l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui.
Je cède maintenant la parole à mes collègues qui feront le point sur les situations humanitaires et les armes chimiques en Syrie.
:
En effet, des millions d'habitants de la Syrie ont peine à répondre à leurs besoins essentiels, tandis que des millions de Syriens se cherchent un abri dans les pays voisins. La vulnérabilité de ces populations s'accroît de plus en plus vite et leurs ressources limitées diminuent rapidement. Les pays voisins et les communautés d'accueil subissent quant à eux des pressions importantes étant donné l'arrivée d'un si grand nombre de personnes en si peu de temps.
Selon les Nations Unies, 9,3 millions de personnes ont besoin d'aide humanitaire en Syrie. En date du 30 janvier, plus de 2,4 millions de personnes étaient enregistrées à titre de réfugiés, tandis que des centaines de milliers d'autres ont choisi, pour diverses raisons, de ne pas le faire. Au total, on estime que 3 millions de personnes — dont plus de la moitié sont des enfants — cherchent à se réfugier dans les pays voisins. Les Nations Unies estiment que le nombre de réfugiés pourrait atteindre 4,1 millions d'ici décembre 2014.
La situation des enfants est particulièrement préoccupante. En effet, le conflit a causé d'immenses souffrances chez les garçons et les filles de tous âges en Syrie, et ce, tant sur le plan physique que psychologique. En plus des menaces directes dont ils sont victimes, telles que la violence, les mauvais traitements, le manque d'eau potable et la nutrition inadéquate, ces jeunes risquent de devenir une génération perdue puisque plusieurs millions d'entre eux, en Syrie et dans les pays voisins, ne vont pas à l'école. Nous devons faire tout ce qui est en notre pouvoir pour empêcher la perte de cette génération d'enfants syriens.
[Traduction]
Depuis notre dernière rencontre, plusieurs développements se sont produits.
Le 19 décembre dernier, le a présenté les détails de l'aide humanitaire de 45 millions de dollars annoncée précédemment. Par l'entremise des organisations des Nations Unies, du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge et d'organisations non gouvernementales, nous avons axé notre contribution sur les activités de préparation à l'hiver pour que les Syriens, autant ceux qui sont déplacés à l'intérieur de leur propre pays que ceux qui vivent dans des pays voisins, aient accès à des fournitures d'urgence vitales et puissent survivre aux rigueurs de l'hiver. Notre financement a aussi été axé sur la prévention de la violence sexuelle et sexiste et sur les mesures d'intervention connexes, sur le soutien en matière de services d'approvisionnement en eau et d'assainissement et sur les interventions médicales, notamment à la suite de l'épidémie de poliomyélite.
La poliomyélite demeure une préoccupation importante en Syrie alors que plusieurs cas ont été confirmés au cours des derniers mois. Par le truchement de l'Organisation mondiale de la Santé, la communauté internationale a réagi rapidement à la situation en lançant une vaste campagne de vaccination ciblant 22 millions d'enfants dans la région. À ce jour, trois rondes de vaccination ont eu lieu et les résultats préliminaires sont encourageants. Rappelons toutefois qu'un nombre substantiel d'enfants n'ont toujours pas été vaccinés et que nous devons continuer de plaider en faveur de la vaccination pour tous les enfants, y compris ceux qui vivent dans des régions assiégées.
En décembre, les Nations Unies ont lancé des appels révisés en réponse aux besoins humanitaires découlant du conflit syrien. Il s'agit du plus important appel de fonds pour une seule situation humanitaire de l'histoire des Nations Unies. La valeur combinée de tous les appels humanitaires lancés en 2014, y compris ceux des Nations Unies et du Mouvement international de la Croix-Rouge et du Croissant-Rouge, s'élève à environ 6,9 milliards de dollars américains, soit environ 7,7 milliards de dollars canadiens.
Le 15 janvier dernier, j'ai accompagné le sous-ministre Paul Rochon à la Deuxième conférence internationale des donateurs sur la crise humanitaire en Syrie, qui s'est tenue au Koweït. Les donateurs se sont engagés à accorder une aide de 2,3 milliards de dollars, soit 800 millions de dollars américains de plus que l'an dernier. Le Canada a profité de cette occasion pour réitérer son engagement à demeurer l'un des principaux donateurs pour la réponse humanitaire en Syrie.
À la suite de cette conférence, le s'est rendu en Jordanie, où il a annoncé un soutien additionnel de 150 millions de dollars en aide humanitaire pour répondre aux besoins croissants des personnes touchées par le conflit en Syrie et dans les pays voisins. Ces fonds portent la valeur totale de l'aide humanitaire canadienne pour la crise syrienne à 353,5 millions de dollars.
De ce 150 millions de dollars, 100 millions seront consacrés à des initiatives lancées pour répondre aux besoins fondamentaux des populations touchées qui vivent à l'intérieur et à l'extérieur de la Syrie, grâce à la fourniture d'une aide vitale, comme de la nourriture, de l'eau potable, des abris, des soins de santé et de la protection. Comme lors de notre financement antérieur, cette aide sera offerte par l'entremise de partenaires humanitaires chevronnés.
Les 50 millions de dollars restants seront consacrés à la stratégie Non à une génération perdue qui prévoit des activités d'éducation et de protection destinées aux enfants vivant en Syrie et dans la région. Menée par l'UNICEF, en partenariat avec le Haut Commissariat des Nations Unies pour les réfugiés, Aide à l'enfance, Vision mondiale et d'autres ONG partenaires, la stratégie vise à s'attaquer aux incidences cachées de ce long conflit sur les enfants, grâce à des investissements concrets visant à accroître l'accès à l'éducation et au soutien psychosocial, à renforcer la cohésion sociale, à consolider la paix et à rétablir l'espoir d'un meilleur avenir chez les millions d'enfants. Les détails de l'aide offerte par le Canada dans le cadre de cette initiative sont toujours en cours d'élaboration. Toutefois, le financement de 50 millions de dollars contribuera à protéger des milliers d'enfants et à leur donner accès à des services éducatifs.
[Français]
Comme vous l'avez appris lors de la rencontre du comité du 5 décembre dernier, le Conseil de sécurité des Nations Unies a publié une déclaration présidentielle en octobre dernier pour exhorter la Syrie à accorder un accès immédiat aux organisations humanitaires qui souhaitent apporter une aide vitale aux populations touchées par la crise. Malgré cette mesure, et en dépit des efforts importants déployés par les États membres et les organismes des Nations Unies, peu de progrès ont été accomplis pour améliorer l'accès aux travailleurs humanitaires en Syrie.
Le Canada continue d'exhorter toutes les parties à accroître l'accès au personnel humanitaire, qui a régulièrement été ciblé dans ce conflit, et à en assurer la sécurité. L'accès humanitaire a d'ailleurs été l'un des sujets dont ont discuté des représentants de l'opposition et du régime lors des pourparlers de Genève II, qui ont récemment pris fin en Suisse. Malheureusement, ces pourparlers n'ont pas mené à une entente sur l'amélioration de l'accès humanitaire.
Malgré les difficultés, d'importants résultats ont été obtenus par nos partenaires humanitaires. C'est avec plaisir que je répondrai à vos questions à ce sujet.
Alors que le conflit s'étire, les besoins humanitaires continuent de s'accroître rapidement et de façon spectaculaire. L'aide humanitaire, tout comme l'aide au développement et à la sécurité, est essentielle pour atténuer les conséquences désastreuses que ce conflit a entraînées non seulement pour la population syrienne, mais aussi pour les populations des pays voisins.
Je vous remercie.
:
Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, mesdames et messieurs, c'est avec grand plaisir que je m'adresse à vous aujourd'hui afin de faire le point sur la situation concernant les armes chimiques en Syrie. Vous vous rappellerez que ma directrice générale, Mme Sabine Nolke, a témoigné devant ce comité le 5 décembre dernier.
[Français]
À cette époque, nous constations le dévouement et la coopération de la Syrie en vue d'atteindre les objectifs de la mission de désarmement. En effet, elle s'était acquittée des obligations fixées et avait complété les phases 1 et 2 telles que définies dans l'entente-cadre américano-russe. La première phase consistait à permettre aux inspecteurs de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques, ou l'OIAC, de procéder à l'inspection et à l'inventaire détaillé de toutes les installations déclarées de son programme d'armes chimiques. Quant à la deuxième phase, elle consistait à procéder au démantèlement effectif de tout le matériel et de tous les équipements nécessaires à la fabrication d'armes chimiques.
Aujourd'hui, la troisième phase, à savoir la destruction effective des produits chimiques restants, devrait être en bonne voie de réalisation. Malheureusement, ce n'est pas le cas. Il s'agit d'une coïncidence malheureuse que nous nous réunissions aujourd'hui en ce 5 février, soit la date fixée par le conseil exécutif de l'OIAC selon laquelle tous les agents chimiques déclarés devaient avoir quitté le territoire de la Syrie. C'est une échéance qui n'est clairement pas respectée.
La situation a commencé à se détériorer à la mi-décembre à la suite d'une intensification marquée des affrontements à proximité des installations de production et de stockage d'armes chimiques, ainsi que le long des routes qui devaient être utilisées pour transporter les produits chimiques jusqu'au port de Lattaquié. À cela se sont ajoutés d'autres obstacles hors de la volonté du gouvernement syrien, tels que des problèmes liés aux formalités douanières au Liban, qui est le pays par lequel doit transiter la plupart du matériel requis, ainsi qu'une tempête hivernale inhabituelle qui a eu pour effet de bloquer les voies de communication non seulement en Syrie, mais dans toute la région, et ce, pendant plusieurs jours.
[Traduction]
En raison de tous ces obstacles, la Syrie n'a pu acheminer les agents chimiques du premier groupe prioritaire jusqu'au port de Latakia, en vue de leur destruction à bord d'un navire de la marine américaine, le MV Cape Ray avant la date butoir du 31 décembre 2013.
Le conseil exécutif de l'Organisation pour l'interdiction des armes chimiques (OIAC), n'a pas condamné tout de suite ce retard, puisqu'il était motivé. De plus, tous s'entendent pour dire que les échéances fixées dans l'accord-cadre États-Unis-Russie, sur lequel se fondent ces efforts, demeurent extrêmement ambitieuses et laissent peu de place aux impondérables.
La Syrie est parvenue à acheminer un premier chargement d'agents chimiques jusqu'au port de Latakia le 7 janvier, et un deuxième, le 27 janvier. Ces deux chargements ne représentent cependant que 53 des 700 tonnes d'agents chimiques qui auraient dû être expédiées à l'extérieur de la Syrie avant le 31 décembre. En tout, 1 300 tonnes d'agents chimiques devront être expédiées à l'extérieur de ce pays, mais moins de 5 % de ce total l'ont été jusqu'ici.
[Français]
Le 30 janvier dernier, lors de la réunion extraordinaire du conseil exécutif de l'OIAC et en coordination avec le WEOG, soit le groupe des États d’Europe occidentale et autres États, le Canada a plaidé avec force pour que la Syrie arrête d'entraver les choses et accélère le transport des agents chimiques jusqu'au port de Lattaquié. En réponse, la Syrie a réaffirmé sa détermination à s'acquitter de ses obligations. De même, son allié, la Russie, continue d'insister sur le fait que la Syrie agit de bonne foi et qu'elle éliminera ses stocks d'armes chimiques.
En fait, hier, le 4 février, dans une déclaration du sous-ministre des Affaires étrangères, M. Gatilov, la Russie a offert des assurances comme quoi la Syrie aura fait sortir l'ensemble des agents chimiques de son territoire d'ici le 1er mars.
[Traduction]
En dépit des délais et depuis la destruction effective des installations syriennes servant à la fabrication, au mélange et au remplissage d'armes chimiques, la Syrie n'est plus en mesure de fabriquer ces armes et cela, même si elle détient encore des agents chimiques. Quoi qu'il en soit, nous estimons que leur expédition à l'extérieur du pays doit se faire plus tôt, voire beaucoup plus tôt, que tard.
[Français]
Le 28 janvier dernier, le navire MV Cape Ray de la marine américaine a quitté la ville de Norfolk, en Virginie, après avoir subi des modifications importantes pour accommoder la destruction par hydrolyse des produits chimiques de plus haute priorité. Il devrait arriver au port italien de Gioia Tauro environ trois semaines après son départ, en fonction des conditions de traversée.
De nombreux pays ont contribué à la mission OIAC-ONU pour que celle-ci puisse mener à bien la phase de destruction. Le Danemark et la Norvège ont affrété deux navires commerciaux pour le transport des agents chimiques des groupes prioritaires, du port de Lattaquié jusqu'au port italien de Gioia Tauro, d'où ils seront ensuite transférés au MV Cape Ray en vue de leur destruction éventuelle par hydrolyse en mer Méditerranée.
La Russie, la Chine, la Norvège, à nouveau le Danemark et le Royaume-Uni ont aussi déployé des frégates afin d'assurer la sécurité nécessaire à ces opérations maritimes. Le Royaume-Uni a aussi offert de détruire sur son territoire une partie des agents chimiques prioritaires. Enfin, l'Allemagne a offert de détruire certaines des substances résiduelles découlant de la destruction par hydrolyse à bord du Cape Ray.
Les États parties à la Convention sur les armes chimiques ont aussi apporté une contribution financière importante au fonds de destruction de l'OIAC pour la Syrie. Certains, comme le Canada et la Norvège, y ont versé des dizaines de millions de dollars, alors que d'autres, à savoir des petits pays qui, d'habitude, ne contribuent pas à de telles activités, y sont allés d'une contribution plus modeste. Par exemple, l'Inde a versé à ce fonds 1 million de dollars, et la République tchèque, 518 000 $US. Le Bélarus a également fourni 15 cuisines mobiles. Ces contributions témoignent toutes de l'importance du consensus international sur l'élimination du programme d'armes chimiques de la Syrie.
[Traduction]
Bien évidemment, il convient d'ajouter que le Canada a intensifié résolument ses efforts face à la crise syrienne. Comme mon collègue Dennis l'a indiqué, par l'intermédiaire du programme de partenariat mondial, du groupe de travail pour la stabilisation et la reconstruction et du programme d'aide au renforcement des capacités antiterroristes, le Canada apporte une contribution de 67,6 millions de dollars sous forme d'aide à la sécurité à la région, de façon à remédier aux conséquences plus générales du conflit en Syrie. Cette aide prend aussi la forme de programmes et de matériel visant à réduire la menace que constituent les armes de destruction massive, comme le risque d'une attaque à l'arme chimique en Syrie.
S'agissant spécifiquement de la Syrie, nous avons, comme vous le savez, versé 2 millions de dollars à l'OIAC pour aider à l'enquête préliminaire des Nations Unies sur l'emploi allégué d'armes chimiques en Syrie. Comme vous le savez également, à cela s'ajoute la mise à disposition, en octobre 2013, d'un appareil CC-177 de l'Aviation royale canadienne en vue du transport de 10 véhicules civils blindés donnés par les États-Unis à la mission OIAC-ONU.
De plus, lors de sa visite récente au Moyen-Orient, le a annoncé, le 24 janvier, une contribution totale de 15 millions de dollars à cette mission. De ce montant, 10 millions de dollars seront versés au fonds d'affectation spéciale de l'OIAC et le reste, à savoir 5 millions de dollars, au département américain de la Défense pour aider à la destruction des agents chimiques à bord du MV Cape Ray. Ceci place le Canada parmi les cinq principaux donateurs.
Le Canada et d'autres pays aux vues similaires ont exprimé de vives inquiétudes à l'égard des retards actuels et ont fermement exhorté la Syrie à intensifier ses efforts. Nos attentes restent que la Syrie continuera à respecter ses engagements.
Nous continuerons à suivre de près la situation pour nous assurer que la Syrie assume ses obligations en vue de respecter la date limite du 30 juin 2014.
Merci.
:
Je vous remercie de votre question.
Justement, il y a l'initiative Non à une génération perdue. En effet, on estime que 6 millions d'enfants n'ont pas accès à l'école et 3 millions d'entre eux n'ont pas de protection. Un rapport de l'UNICEF, intitulé Education Interrupted, a été publié le 12 décembre dernier.
La stratégie Non à une génération perdue dispose d'un budget de 1 milliard de dollars. Elle veut toucher 2,2 millions d'enfants à l'intérieur de la Syrie qui ne vont pas à l'école, ce qui veut dire les deux tiers des enfants. On parle également d'un demi-million d'enfants à l'extérieur du pays qui ne vont pas à l'école.
Au total, 5,5 millions d'enfants sont affectés.
Je m'excuse, mais je suis en train de mêler un peu les chiffres.
[Traduction]
Donc, il y a 1 milliard de dollars pour aider les 6 millions qui n'ont pas accès à l'éducation et les 3 millions qui manquent de protection. Il y en a 4,3 millions dans le pays — dont 1,2 million d'enfants qui sont des réfugiés —, et on estime que plus de 3,3 millions ne vont plus à l'école.
On a besoin d'une planification à long terme et du soutien du pays hôte, et l'investissement provenant de la communauté internationale doit être doublé. Il faut trouver d'autres façons novatrices de parvenir à aider les enfants. Bien sûr, il faut aussi trouver des façons novatrices de le faire avec les enfants qui sont en Syrie, où l'infrastructure d'enseignement est en ruine. Ces fonds proviennent en bonne partie du plan d'intervention et d'aide humanitaire et du plan d'action régional pour la Syrie, qui sont les appels concernant la Syrie et les alentours. Donc, ces fonds proviennent en bonne partie de ces appels. C'est l'UNICEF qui en est responsable. L'UNHCR est un partenaire important. Vision mondiale, Aide à l'enfance et d'autres ONG se sont associés pour cette campagne.
Il y a aussi une autre initiative. Je suis certaine que vous avez tous entendu parler de l'initiative de Gordon Brown au Liban qui a comme thème l'apprentissage pour tous les enfants. Il s'agit d'une autre initiative qui est complémentaire à la campagne.
Donc, les intervenants se penchent sur les besoins dans toute la région et essaient de monter une campagne, une stratégie en vue d'y répondre.
:
Je vous remercie de votre question.
La dernière fois, mes réponses en français n'étaient pas claires. Je vais donc vous répondre en anglais, afin de m'assurer de bien me faire comprendre.
[Traduction]
Comme vous le savez tous, notre aide humanitaire consiste à offrir des abris, de l'aide alimentaire, des soins de santé, des produits de base et aussi des services éducatifs en Syrie et dans les autres pays. Je peux vous donner trois exemples de résultats, puisque nous avons obtenu de bons résultats jusqu'ici.
En 2013, en Syrie, plus de 10 millions de personnes touchées par la crise ont eu accès à de l'eau potable.
Près de 3,8 millions de personnes en Syrie et plus de 2 millions de réfugiés dans les pays voisins ont reçu chaque mois en 2013 de l'aide alimentaire par l'intermédiaire du Programme alimentaire mondial et de ses partenaires.
Des articles de première nécessité ont été fournis à plus de 4,86 millions de personnes en Syrie en 2013.
Si cela vous intéresse, nous pouvons vous fournir de nombreux autres exemples, mais ils sont de cette ampleur, et c'est avec l'aide du Canada que nos partenaires ont pu y arriver.
:
Merci, monsieur le président.
Les réfugiés. Nous en avons accepté 1 300, je crois, à savoir 1 100 qui sont parrainés par le secteur privé et 200 qui sont parrainés par le gouvernement. Compte tenu de l'ampleur de la tragédie, où des millions de gens se trouvent dans des camps de réfugiés dans plusieurs pays, et compte tenu du fait que nous en avons accueilli beaucoup de la Bosnie — 5 000, je crois, et environ 5 000 du Kosovo —, et un assez grand nombre de l'Ouganda durant les années 1970, de même que des Hongrois, des Tchékoslovaques et des Vietnamiens, j'ai du mal à comprendre et à croire la thèse avancée par l'UNHCR et le gouvernement canadien, selon laquelle presque tout le monde là-bas souhaite vraiment y rester, parce qu'en fin de compte ces gens souhaitent retourner dans leur pays. Ils ne veulent pas aller ailleurs.
Le nombre de réfugiés accueillis par d'autres pays est très peu élevé; donc, le Canada n'est pas le tout dernier dans le cas présent. Mais pouvez-vous vraiment m'expliquer pourquoi nous en avons accueilli si peu? On voit des enfants qui grandissent dans ces camps, et il se peut qu'ils y passent de nombreuses années. Je suis convaincu que leurs parents sauteraient sur l'occasion dans certains cas de commencer une nouvelle vie avec leurs enfants dans un pays comme le Canada. Bien entendu, la diaspora syrienne au Canada affirme que nous devrions en accepter beaucoup plus.
Pouvez-vous me parler un peu de la situation? Quelles sont les statistiques? Combien de gens formulent actuellement des demandes d'admission auprès d'autres pays? Y a-t-il un retard?