:
J'ouvre la séance d'information sur le déploiement de membres des Forces armées canadiennes en Irak, conformément au paragraphe 108(2) du Règlement.
Je vous présente les témoins.
C'est avec joie que nous accueillons le sous-ministre délégué des Affaires étrangères, M. Peter Boehm. Soyez le bienvenu.
À ses côtés, son excellence l'ambassadeur Andrew Bennett, du Bureau de la liberté de religion. Soyez aussi le bienvenu.
Nous recevons aussi M. le ministre Baird, des Affaires étrangères.
Son collègue, M. Nicholson, ministre de la Défense.
Enfin, M. Thomas Lawson, chef d'état-major de la Défense.
Commençons par les déclarations préliminaires. Le premier à se lancer sera M. Nicholson. Puis ce sera M. Baird et, finalement, M. Bennett. Ensuite, pendant les deux heures qui suivront, les questions des membres se succéderont pour étoffer les témoignages.
Monsieur le ministre Nicholson, je vous cède la parole.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
[Français]
Monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant votre comité aujourd'hui.
[Traduction]
Je tiens également à vous remercier tous d'avoir pris le temps d'être ici à Ottawa, malgré vos horaires chargés dans vos circonscriptions, afin de discuter de cette très importante question.
Comme vous le savez tous, malheureusement, le monde entier a été témoin d'actes indescriptibles de barbarie commis ces derniers mois dans le nord de l'Irak par une entité islamiste terroriste appelée l'État islamique en Irak et au Levant, que l'on connaît aussi sous le nom d'EIIL.
Nous avons eu vent d'horribles histoires de décapitation. Nous avons entendu parler de fosses communes et d'enfants enterrés vivants. Nous avons également entendu dire que les femmes yézidies se font enlever par les combattants de l'EIIL, qui les vendent ensuite comme esclaves. Ceux qui refusent de se convertir à l'islam se font tuer. N'ayons pas peur des mots: non seulement l'EIIL commet des meurtres barbares par le massacre systématique de minorités religieuses, mais il représente aussi une menace réelle et croissante pour la civilisation elle-même. C'est inacceptable aux yeux des Canadiens et de leur gouvernement.
Chaque pays qui croit en la démocratie, la liberté de culte, la liberté d'expression et la primauté du droit a le devoir de lutter contre ceux qui menacent les innocents.
[Français]
Voilà pourquoi le gouvernement a décidé d'intervenir. Je suis heureux d'être ici pour vous fournir des détails sur le rôle que joueront les Forces armées canadiennes.
[Traduction]
Après mon bref exposé, mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, vous parlera de la situation actuelle en Irak et de son expérience sur le terrain.
Comme vous le savez, vendredi dernier, à l'occasion du Sommet de l'OTAN tenu au Pays de Galles, le premier ministre Stephen Harper a fait une déclaration sur la réponse du gouvernement du Canada à la situation en Irak. Il a annoncé le déploiement de plusieurs dizaines de membres des Forces armées canadiennes en Irak, déploiement qui commencera sous peu, après une dernière discussion avec le gouvernement irakien. Les membres des Forces armées canadiennes en question fourniront des conseils stratégiques et tactiques aux forces irakiennes dans le but d'accroître l'efficacité de leurs opérations contre le groupe extrémiste.
Comprenez-moi bien: elles iront fournir des conseils et de l'aide et non combattre.
Monsieur le président, ce déploiement vise à appuyer les forces de sécurité irakiennes, car la responsabilité de trouver une solution à long terme au maintien de la stabilité en Irak incombe, d'abord et avant tout, à l'Irak. Les militaires seront déployés pour une période initiale pouvant atteindre 30 jours. Cet engagement sera réévalué au terme de cette période. Je suis heureux de dire que, même si la contribution du Canada est importante, nous ne sommes pas les seuls à offrir de l'aide au gouvernement de l'Irak. En fait, les Forces armées canadiennes collaboreront étroitement avec leurs homologues américains dans le cadre de cette mission et elles se joindront aux alliés pour fournir des conseils essentiels aux forces en Irak à mesure qu'elles continueront de repousser l'avancée des terroristes.
Monsieur le président, j'aimerais également rappeler au comité que le gouvernement du Canada a déjà pris d'autres mesures pour venir en aide au peuple irakien. Le 15 août, le premier ministre a annoncé que le Canada commencerait à livrer du matériel militaire crucial aux forces de sécurité irakiennes pour les aider à combattre l'EIIL. Un aéronef de transport CC-130J Hercules et un avion de transport stratégique CC-177 Globemaster III ont été affectés au transport de matériel militaire donné par des alliés. À partir d'emplacements d'étape dans la Méditerranée, environ 75 membres du personnel des Forces armées canadiennes ont été déployés pour accomplir ce travail. Cela comprend des membres d'équipage aérien, des équipages au sol et du personnel de soutien logistique.
Je peux confirmer que l'Aviation royale canadienne a effectué 11 vols, ce qui a permis de livrer presque 500 000 livres de matériel militaire fourni par nos alliés. Ces approvisionnements permettent aux forces de sécurité irakiennes de freiner l'avancée de l'EIIL, tout en empêchant d'autres attaques contre des populations sans défense. Plus récemment, mon collègue, le ministre des Affaires étrangères, a annoncé que le Canada allait contribuer pour 15 millions de dollars de soutien militaire non létal aux forces de sécurité irakiennes qui combattent l'EIIL. Cette contribution servira aussi à freiner le mouvement de combattants étrangers en Irak et en Syrie.
Monsieur le président, le gouvernement du Canada prend ces mesures parce que l'EIIL a créé une grave crise humanitaire et sécuritaire en Irak. Comme je l'ai dit, ce groupe terroriste est responsable du massacre de milliers d'hommes, de femmes et d'enfants innocents. Il est évident que l'expansion de l'EIIL menace l'intégrité territoriale de l'Irak et présente une véritable menace pour la sécurité régionale et mondiale. On craint vraiment que ce groupe militant radical puisse abriter des terroristes susceptibles de menacer le Canada et ses alliés. Les Canadiens lisent des articles sur ces atrocités et sont inquiets. C'est pourquoi, en collaboration avec ses alliés et avec le gouvernement de l'Irak, le Canada a pris des mesures délibérées pour prêter main-forte aux forces de sécurité irakiennes dans le cadre de leurs efforts pour contrer les activités et les visées expansionnistes de l'EIIL.
Monsieur le président, ce déploiement est un exemple concret de notre détermination à contenir l'avancée de l'EIIL, tout en aidant à atténuer la crise humanitaire qui perdure. Je le répète: il ne s'agit pas d'une mission de combat. Mais ce n'est pas pour autant une mission sans risque. Comme toujours, et le général Lawson pourra certainement en témoigner, les militaires canadiens sont prêts à répondre à l'appel. Je pense que je parle au nom de tous les députés ici présents et de tous les Canadiens en les remerciant d'être toujours prêts à défendre les valeurs et les intérêts canadiens dans un monde qui est de plus en plus dangereux.
[Français]
Encore une fois, mesdames et messieurs les députés, je vous remercie d'avoir pris le temps de vous rassembler ici pour discuter de cette question.
[Traduction]
J'espère que, compte tenu de la gravité de la situation, nous pourrons créer un front commun à l'appui de ces efforts pour sauver des vies et contrer cette menace pour la sécurité mondiale.
Le Chef d'état-major de la Défense, le général Tom Lawson, et moi-même serons heureux de répondre à toutes vos questions.
Merci.
:
Merci beaucoup, monsieur le président. Merci aussi, chers collègues.
Il y a quelques jours à peine, je suis revenu d'Irak, où m'avaient rejoint deux de nos collègues ici présents, MM. Paul Dewar et Marc Garneau. Nous y sommes allés pour montrer que le Canada était solidaire du peuple irakien dans l'épreuve incroyablement dure qu'il traverse, constater la situation de visu, exhorter les dirigeants irakiens à faire bloc pour former un gouvernement uni et pluraliste et, enfin, nous informer sur ce qu'il fallait faire d'autre.
Je dois vous avouer que ce voyage a parfois soulevé beaucoup d'émotions. Les récits de la fuite forcée de centaines de milliers, littéralement, de personnes et du péril auquel elles ont voulu échapper étaient absolument terrifiants.
Je pense pouvoir m'exprimer non seulement au nom du gouvernement et du Parlement, mais aussi du pays, quand j'affirme notre détermination à faire jouer son rôle au Canada pour dénouer une crise sécuritaire et, ce qui est tout aussi grave, humanitaire.
Prenons quelques moments pour réfléchir sur l'ascension de l'EIIL, la nature du problème qu'il a créé et certaines des mesures à prendre pour le résoudre. Ensuite, je serai bien sûr prêt à répondre à vos questions et réagir à vos idées, à vos propositions ou à vos observations.
En réaction au Printemps arabe, maintenant devenu un hiver presque rigoureux, Bashar al-Assad, qui est chiite alaouite, a entrepris une campagne sanglante contre son propre peuple. Ce fut le signal de l'action que les djihadistes sunnites de la région attendaient. En Irak, Al-Qaïda, le géniteur de l'EIIL, a pris de plus en plus d'expérience en parvenant à abolir la frontière entre l'Irak et la Syrie.
En même temps, les tribus et les chefs sunnites d'Irak étaient de plus en plus déçus par le gouvernement excessivement discriminatoire de Bagdad. L'EIIL et Abu Bakr al-Baghdadi, le calife autoproclamé du prétendu État islamique ont comblé ce vide.
C'est en état de choc, devant leur célérité et leur brutalité que nous avons assisté à la capture de Mossoul et d'autres grandes villes ainsi que d'installations stratégiques, notamment des barrages, des champs pétrolifères et des installations militaires. En même temps, ils ont exécuté des centaines de soldats irakiens. Ils ont impitoyablement ciblé tous ceux avec qui ils ne sont pas d'accord, et, de plus en plus, on entend dire qu'ils utilisent le viol comme crime de guerre, phénomène horrible, contre lequel le Canada fait campagne avec le Royaume-Uni et d'autres.
Nous sommes informés de certains de ces crimes qu'ils enregistrent pour terroriser encore plus ceux qu'ils cherchent à assujettir. Leur brutalité, ils la montrent, ils la filment, ils la propagent sur Twitter et ils tirent fierté de la réaction qu'elle provoque. L'ignoble décapitation de deux journalistes étrangers, notamment, a particulièrement bien éclairé la menace terrible qu'ils posent. Mais n'oublions pas les milliers d'autres victimes du même traitement. Tragiquement, les principales victimes de leur colère ont été les croyants en Dieu d'une autre manière.
Sur les questions de liberté religieuse, le Canada s'est toujours exprimé avec respect, et je suis heureux que l'ambassadeur du Canada en matière de liberté religieuse, M. Andrew Bennett, se soit joint à nous pour nous en parler.
En réalité, l'EIIL vise à supprimer la notion même de liberté religieuse à coup de bains de sang et de terreur. Nous continuons de recevoir des rapports inacceptables sur des chrétiens, des yézidis, des chiites turkmènes et d'autres, y compris des femmes et des enfants, que l'EIIL force sous peine de mort à se convertir à son interprétation barbare de l'islam.
La semaine dernière, j'ai conversé avec une famille chrétienne dans un camp de personnes déplacées. Des voisins l'avaient signalée à l'EIIL et, elle n'a disposé que de cinq minutes pour échapper à la mort. Cette histoire parmi tellement d'autres nous renseigne sur l'ampleur de cette tragédie humaine, qui est difficile à comprendre et qui lève franchement le coeur.
[Français]
Nous affrontons aujourd'hui l'un des groupes de terroristes les plus barbares que le monde ait connu jusqu'à présent. Il ne s'agit pas ici du problème de quelqu'un d'autre. Ces terroristes sont un groupe d'individus qui veut imposer ses méthodes barbares partout, du sud de l'Espagne jusqu'en Inde.
Sa vision du monde tente de remettre en question les valeurs de l'Occident et représente une menace envers la sécurité et la stabilité internationales. Nous avons tout intérêt à ne pas permettre à ce groupe d'individus de prendre pied et de lancer l'assaut d'ailleurs dans le monde. Cette lutte contre le terrorisme est l'une des plus importantes de notre génération.
[Traduction]
Nous sommes devant l'un des groupes terroristes les plus barbares que le monde ait jamais vu. Son existence nous interpelle, parce qu'il ne restera pas localisé entre l'Euphrate et le Tigre. Notre intérêt, visiblement, est de l'empêcher de créer une base d'attaques contre l'étranger. La guerre contre le terrorisme est la mission de notre génération. J'ignore quelle sera sa durée et comment, exactement, elle se déroulera, mais des mesures peuvent être prises maintenant, par les Irakiens et, ce qui est tout aussi important, par la communauté internationale, pour endiguer la menace.
Ces mesures comportent trois grands volets. Il faut une réaction ferme et coordonnée des autorités irakiennes. Nous devons aider ceux qui se trouvent aux avant-postes de ce combat. Nous devons continuer à aider les victimes.
Il faut d'abord un gouvernement fort et uni. Comme les doigts de la main qu'on replie contre la paume pour former un poing serré, la stabilité et la sécurité de l'Irak dépendent du front uni qu'offrira le gouvernement de ce pays contre les menaces terroristes. C'était un objectif principal de nos rencontres avec les dirigeants, à Bagdad, la semaine dernière. C'est pourquoi j'ai été très heureux de constater hier que le Parlement irakien avait approuvé un nouveau gouvernement et un nouveau cabinet sous la direction d'un nouveau premier ministre.
Unis, les dirigeants doivent aussi dépasser les clivages ethniques et religieux et travailler ensemble pour répondre aux besoins de tous les Irakiens, sans distinction de religion ou de race. Comme je l'ai clairement expliqué au gouvernement, la semaine dernière, le Canada s'est engagé à collaborer avec eux dans la recherche d'une solution à cette fin. Il est très important que ce gouvernement soit non seulement constitué d'un cabinet qui ne fait pas preuve de discrimination mais, aussi, qu'il se dote d'un programme qui tend la main aux Kurdes, aux sunnites et aux autres minorités.
Mon collègue Nicholson a parlé de nos réalisations sécuritaires jusqu'ici. Le problème humanitaire est tout simplement aussi affolant.
La violence a déplacé quelque 850 000 personnes au cours des deux derniers mois seulement. Elles s'ajoutent au 1,4 million de déplacés depuis le début l'année seulement. Pour y répondre, le Canada y va d'un effort de plus, qui contribuera directement à soulager les souffrances. Nous fournissons une aide concrète: nourriture, trousses d'hygiène, matériel de cuisson, couvertures, tentes, médicaments et autres fournitures importantes.
La plus grande partie de notre aide sur le plan sécuritaire et humanitaire vise le Kurdistan, que nous avons visité aussi la semaine dernière. L'ambassadeur Saccomani y a aussi passé du temps et j'aimerais souligner particulièrement son travail acharné. L'EIIL a mis les peshmergas à l'épreuve pendant que la direction du gouvernement régional kurde (le KRG) travaillait aussi à procurer un soulagement humanitaire. En outre, nos alliés internationaux ont déterminé que le Kurdistan est l'endroit où l'aide militaire canadienne est nécessaire. Le Canada est solidaire des peshmergas kurdes qui combattent bravement ces terroristes et ralentissent leur avance dans le nord.
En conclusion, je vous demande, alors que nous réfléchissons sur la nécessité d'agir ou sur les modalités de notre action, qu'arrivera-t-il si nous n'agissons pas. Qu'arrivera-t-il si le Canada ne fait pas tout son possible pour faire cesser cette barbarie? Pourrons-nous, dans 10 ans, nous regarder dans le miroir sans nous reprocher notre inaction? Dans cette situation, on ne trouve pas de réponse facile, de remède à action rapide, et il y aura forcément des perdants. Dans notre confort quotidien, ici, au Canada, nous pourrions facilement ignorer le problème. En cours de route, on pourrait juger opportun d’écarter certaines options sous prétexte qu’elles ne correspondent pas à l’orientation initiale de la mission, mais la triste réalité est que l'inaction est hors de question.
[Français]
La réalité, c'est que l'inaction n'est pas une option. Nous devons faire preuve de force et d'unité pour combattre le terrorisme. Nous devons également faire preuve de solidarité envers le peuple irakien durant cette période inimaginable.
[Traduction]
C'est tout ce que je voulais dire. J'ai maintenant hâte d'entendre Son Excellence l'ambassadeur Bennett, qui nous dira quelques mots.
:
Merci, monsieur le président, messieurs les vice-présidents et distingués membres du comité.
[Français]
Je suis honoré d'avoir été invité à m'exprimer sur la situation désastreuse et réellement sérieuse que traversent l'Irak et son peuple.
Je remercie le Comité permanent des affaires étrangères et du développement international d'avoir organisé cette rencontre.
[Traduction]
Depuis janvier et exponentiellement depuis juin, les Irakiens ont assisté à la vague de haine la plus récente et la plus mortelle du monde à l'encontre de communautés religieuses. Nous sommes maintenant tous familiers avec la souffrance et la violence que leur fait subir l'État islamique d'Iraq et du Levant, aussi appelé EIIL.
Nous avons vu des milliers de familles être obligées de quitter leur domicile pour s'abriter dans des camps de réfugiés parce qu'elles se trouvaient sur le chemin du prétendu califat islamique de l'EIIL. Nous avons entendu parler de la manière dont des milliers de femmes yézidies ont été enlevées et mariées contre leur gré à des militants de l'EIIL. Nous avons assisté à l'expulsion massive de près de 200 000 chrétiens d'Iraq d'endroits comme Mossoul et la région avoisinante, où leurs églises s'élèvent depuis près de 2 000 ans.
[Français]
Ces images nous montrent une réalité que nous ne pouvons ignorer.
Depuis la création du Bureau de la liberté de religion, en février 2013, j'ai suivi la croissance des hostilités sociales dirigées contre de nombreuses communautés religieuses différentes en Irak et dans la région avoisinante.
J'ai consulté fréquemment les différentes communautés religieuses irakiennes et syriennes, y compris les membres des Églises catholiques syriaque et chaldéenne, de l'Église apostolique arménienne, de l'Église apostolique assyrienne de l'Orient et de la communauté yazidie au Canada. Toutes éprouvent la même angoisse et les mêmes craintes à l'égard de l'État islamique en Irak et au Levant et de son idéologie, qui pousse ses adeptes à commettre des actes d'une barbarie inhumaine.
[Traduction]
Le ministre Baird et moi-même, ainsi que le , avons dénoncé avec véhémence les violences perpétrées par l'EIIL à l'encontre des yézidis, des chrétiens d'Iraq de toutes les traditions ecclésiastiques distinctives, des musulmans chiites et de membres d'autres confessions. Je devrais également ajouter que les musulmans sunnites qui ne sont pas d'accord avec l'EIIL sont régulièrement victimes d'actes de barbarie. Quand cela s'est produit, le Canada a régulièrement confirmé son rôle de leader afin de protéger et de défendre toutes les communautés religieuses menacées, sans égard à leur confession, à leur groupe ethnique ou à leur pays d'origine.
[Français]
En tant qu'ambassadeur de la liberté de religion, j'ai également fait une priorité de sensibiliser les Canadiens au sujet de ces atrocités qui ciblent des êtres humains sur la base de la foi qu'ils professent. En cherchant à sensibiliser nos concitoyens, j'ai à nouveau souligné que la démocratie ne pouvait pas trouver un terrain fertile là où la liberté de religion, y compris la liberté de pratiquer sa religion dans la paix et la sécurité, n'est pas respectée.
[Traduction]
Avec le soutien de mes collègues du ministère des Affaires étrangères, du Commerce et du Développement, je continuerai de prôner avec force, auprès de nos alliés dans cette cause, une défense accrue de la liberté de religion en Irak et dans la région, ainsi qu'un meilleur dialogue en matière de religion, lequel est essentiel à l'épanouissement du pluralisme en Irak et à la religion en général, afin d'assurer la sécurité et la dignité des communautés religieuses en Irak. Nous espérons, dans cet effort, recevoir le soutien du groupe de contact sur la liberté de religion récemment créé, une initiative que pilote mon bureau afin d'élaborer, avec des partenaires qui partagent notre point de vue sur la question de la liberté de religion, des approches et des activités communes afin de favoriser et de défendre la liberté de religion dans le monde. Au cours du mois dernier, j'ai énormément consulté les communautés religieuses d'Irak et de Syrie, notamment des membres des Églises chaldéennes, syriaques et assyriennes, de la communauté yézidie, de la communauté juive, y compris le Congrès juif mondial, des communautés musulmanes, ainsi que de nombreuses autres Églises et confessions chrétiennes afin de trouver la meilleure manière d'aider et d'appuyer ces communautés gravement menacées. J'ai entre autres tenu une discussion ciblée avec un certain nombre d'organisations d'aide humanitaire à vocation religieuse, comme l’Association catholique d’aide à l’Orient et Aid to the Church in Need.
Demain, dans le cadre des discussions que j'aurai à Toronto avec l'Imamat Ismaili et le Réseau Aga Khan de développement, je chercherai à connaître le point de vue de ces derniers sur la manière dont les musulmans pourraient intervenir plus directement, de quelque manière que ce soit, afin de défendre la liberté de religion des minorités religieuses au Moyen-Orient.
Le Bureau de la liberté de religion, grâce aux fonds affectés à la liberté de religion, évalue actuellement un certain nombre de projets en Irak visant à accroître le dialogue entre les confessions et à jeter les fondations d'un environnement où les minorités religieuses seraient en sécurité et respectées en Irak.
[Français]
Au cours des deux à trois prochains mois, en collaboration avec des organisations partenaires, le bureau continuera à établir des initiatives pour améliorer à moyen et à long terme les relations interreligieuses et le dialogue en Irak, et contribuer davantage au développement d'un pays où chaque individu a les possibilités et les ressources pour continuer à pratiquer sa foi, librement et sans peur.
[Traduction]
Les programmes relatifs à la liberté de religion constituent une composante essentielle de la stratégie globale à long terme du Canada visant à corriger la situation en Irak et à aider les victimes de l'EIIL. Ces programmes feront complément aux efforts d'aide que le Canada déploie en Irak, y compris l'aide humanitaire, et contribueront au développement d'un Irak stable qui adhère pleinement à la liberté de religion, car seul un gouvernement unifié, pluraliste et représentatif peut surmonter la crise actuelle.
Merci, monsieur le président. C'est avec grand plaisir que je répondrai aux questions du comité.
:
Merci, monsieur le président.
Merci, messieurs, de vos exposés de ce matin.
Tous les Canadiens sont évidemment extrêmement préoccupés par les terribles violations du droit international humanitaire, les crimes contre l'humanité et les crimes de guerre qui ont été commis. Nous nous préoccupons évidemment aussi des milliers et des milliers de personnes déplacées en Irak dont le ministre Baird a parlé, des personnes qui, dans bien des cas, n'ont plus que les vêtements qu'elles ont sur le dos. Mes collègues traiteront en partie de cette question, mais je veux parler de l'aspect militaire de l'affaire et de la réaction annoncée par le . Nous avons vraiment besoin de faire un peu la lumière là-dessus, car nous avons entendu parler de quelques dizaines, comme on l'a indiqué aujourd'hui, mais aussi d'une centaine, ce qui est légèrement plus élevé. Vous avez parlé d'environ 75 membres des Forces canadiennes qui participeraient aux activités de transport aérien, mais dans l'annonce faite le 15 août, il était plutôt question d'une trentaine.
Nous aimerions obtenir quelques éclaircissements; j'ai donc quatre questions simples.
Tout d'abord, monsieur Nicholson, combien de membres des Forces canadiennes sont déployés en Irak? Font-ils partie de forces d'opérations spéciales? Où seront-ils déployés précisément? De quelles compétences linguistiques les Forces armées canadiennes disposent-elles pour agir dans le rôle que vous avez évoqué, qui consiste à prodiguer des conseils aux Kurdes d'Irak? Je crois comprendre que ce sont eux que nous allons aider.
Voilà les quatre questions que je vous pose en premier. Je vous saurais gré d'y répondre brièvement, car j'en ai d'autres à poser également.
:
Je suis certain que M. Garneau et M. Dewar s'exprimeront également à ce sujet.
Évidemment, notre priorité est d'empêcher la crise de s'aggraver. Cela signifie qu'il faut arrêter la progression de l'EIIS. Nous avons déjà fourni beaucoup d'aide à cet égard.
L'aide aux réfugiés est importante. Le ministre Kenny, et le ministre Alexander également maintenant, ont fait beaucoup en ce sens. Nous avons déployé beaucoup d'efforts, et nous en déploierons beaucoup plus.
Nous avons annoncé une contribution de 15 millions de dollars destinés à de l'aide en matière de sécurité et une contribution supplémentaire de 7 millions de dollars en matière d'aide humanitaire. Je regarde M. Dewar et M. Garneau. Nous contribuerons de façon très positive, mais ce ne sera pas suffisant. Cela ne fait aucun doute.
À mon avis, nous devons faire deux choses. Tout d'abord, nous devons nous assurer que nous aidons les organismes présents sur le terrain. À mon avis, concernant certains aspects des Nations Unies et de l'objectif initial qui n'est pas atteint... J'applaudis le travail du groupe humanitaire de Valerie Amos et également de celui de Ertharin Cousin et du Programme alimentaire mondial. Nous avons pu voir le bon travail qu'accomplit l'ONU sur le terrain. Elle a besoin d'aide supplémentaire. C'est évidemment le message que je transmettrai au gouvernement.
Un grand nombre de familles ne veulent pas quitter l'Irak. Elles sont terrifiées à l'idée de retourner à Mossoul; si quelqu'un a révélé à une organisation terroriste internationale que son voisin est chrétien, il est difficile de comprendre comment il pourrait vouloir retourner chez lui. Certains veulent venir au Canada ou quitter l'Irak; d'autres voudraient vraiment être réinstallés sur le territoire du gouvernement régional du Kurdistan. C'est également ce que nous avons appris. De plus, nous déterminerons quelles autres mesures nous pouvons prendre.
En dépit de notre générosité, de nos efforts pour essayer d'aider les minorités religieuses qui fuient la persécution et la mort, on a critiqué le Canada au sujet du soutien à la déchristianisation du Moyen-Orient, et particulièrement de l'Irak. Évidemment, nous sommes en faveur d'un Irak pluraliste. Le pluralisme est l'un des plus grands éléments que nous avons établis au pays. Si ce n'est pas possible de le faire partout en Irak à court terme, il est bien possible de le faire dans le territoire du GRK. C'est une question que nous examinerons. Évidemment, un certain nombre de secteurs nous préoccupent. Je sais que MM. Dewar et Garneau ont appris des choses à cet égard et qu'ils veulent nous en faire part, et nous sommes bien sûr disposés à les entendre.
Je veux débuter avec le ministre Baird. J'ai vu ce que vous avez vu et j'ai entendu ce que vous avez entendu. Selon moi, il est très clair que notre gouvernement doit en priorité aider ceux qui souffrent et ceux qui doivent fuir, comme vous l'avez mentionné. Nous avons pu discuter avec ces familles et nous avons été des témoins directs de ce qui se passe là-bas.
J'aimerais donc formuler officiellement quelques requêtes que j'invite le gouvernement à considérer.
Comme vous l'avez vous-même indiqué, il va de soi qu'il faut apporter un soutien immédiat pour l'établissement de camps de réfugiés. Les réfugiés que nous n'avons pas vus se trouvaient à Duhok où ils n'ont nulle part où s'abriter. Comme nous l'avons souligné, il faisait aux alentours de 8 degrés. L'hiver approche et il faut assurément faire quelque chose. Il y a deux jours à peine, les Nations Unies lançaient un appel à l'aide pour obtenir 315 millions de dollars. Il y a donc assurément un besoin à combler. On doit débuter dès maintenant la construction de ces camps de réfugiés, car les choses ont déjà trop tardé.
Par ailleurs, je me permets de souligner que ce n'est pas la première fois que l'on s'en prend à ces minorités que nous devons protéger. C'est la troisième vague des attaques à leur endroit. Je me suis rendu là-bas en 2007. En 2006, on avait ciblé les chrétiens, les yézidis et un groupe que peu de gens connaissent, les mandéens, qui sont les disciples de Jean le Baptiste. Il y a eu une autre vague juste après mon séjour de 2009. Il y a 20 ans, on recensait là-bas 1,3 million de chrétiens. Il n'était plus que 700 000 en 2009. Je n'ai aucune idée des chiffres actuels. Il faut protéger les minorités. On nous a dit que bon nombre de ces gens ne veulent pas quitter le pays. Pour les yézidis, c'est chose impossible, car leur foi est associée à cette région du globe. Pour leur part, les chrétiens veulent demeurer au pays, mais ne peuvent pas retourner à Mossoul pour les raisons que vous avez indiquées. Il faut protéger les minorités, que ce soit en leur procurant un toit ou en établissant pour eux de nouvelles communautés.
Nous devons également venir en aide aux victimes de violence sexuelle. Je présume que c'est ce que nous allons faire sur les deux tableaux, soit en poursuivant en justice les agresseurs et en appuyant les victimes. Nous devons aussi faire enquête et porter des accusations relativement aux présumés crimes de guerre. Je tiens à le dire publiquement.
Monsieur Baird, l'une de mes questions concerne la défense. Lorsque nous étions sur le terrain — et j'en profite pour remercier sincèrement le gouvernement de son invitation, car il était important que nous soyons là — il n'a jamais été question que l'on nous demande de déployer des troupes. J'aimerais que vous nous le confirmiez officiellement. Étiez-vous au fait d'une demande semblable lorsque nous étions là-bas, et non après qu'une annonce ait été faite? Si je le mentionne, c'est parce que le président de l'Irak et le président Barzani du gouvernement régional kurde n'ont jamais demandé que nous déployions des soldats sur le terrain lorsque nous les avons rencontrés. Aux fins du compte rendu, pouvez-vous nous dire si vous étiez au fait d'une telle demande? Convenez-vous avec moi que lors de ces rencontres, on ne nous a jamais demandé d'envoyer des troupes?
:
Je pense que vous soulevez là une question très importante, monsieur Goldring.
J'estime qu'il nous faut bien préciser que l'islam n'endosse pas le terrorisme. Nous assistons avec l'EIIL à une vulgaire mascarade, un détournement s'inspirant d'une certaine compréhension de l'islam qui n'a rien à voir avec cette religion. Je pense que c'est une constatation très claire que la majorité des pays de la région ont exprimée.
Il ne fait aucun doute que les Saoudiens ont dénoncé l'EIIL. Il y a quelques semaines à Riyad, le Grand Mufti a condamné les activités de l'EIIL. Il a indiqué que ce n'était pas un groupe islamique. Les Jordaniens ont énormément soutenu nos efforts en luttant très activement pour la liberté de religion. Ils ont condamné sans réserve l'EIIL.
Je crois que l'on est bien conscient que l'EIIL ne s'arrêtera pas à ses cibles actuelles, soit principalement les groupes religieux minoritaires comme les chrétiens, les yézidis, les mandéens et les musulmans chiites. Il va plus loin encore et s'en prend aux sunnites qui ne sont pas d'accord avec lui. D'après moi, les pays de la région voient bien que si cette vague de violence n'est pas endiguée, ce ne seront pas les frontières de la Syrie et de l'Irak qui vont l'arrêter; l'EIIL va aller partout pour faire la vie dure aux sunnites qui rejettent sa compréhension fausse et dénaturée de l'islam.
Quant à l'existence d'une instance centralisée, j'estime important de mentionner qu'il n'y a pas de leadership semblable, exception faite de quelques souches de l'islam, comme les chiites ismaéliens. Chez les sunnites, la direction est assurée de façon plutôt diffuse par les imams, les premiers imams et les grands muftis dans différents États. Je n'ai donc pas eu de contact avec une autorité centrale quelconque, car ce concept n'existe pas vraiment tel qu'on le connaît dans la chrétienté avec ses évêques, ses patriarches et autres papes. J'ai toutefois communiqué avec différentes communautés islamiques représentées au Canada.
J'ai eu une merveilleuse rencontre vendredi dernier avec l'imam Hamid Slimi, un chef musulman sunnite à Toronto. J'ai rencontré des chefs musulmans chiites à Toronto et à Montréal, et tous condamnent les actions de l'EIIL, non seulement en raison de son approche et de sa déformation de la foi islamique, mais aussi la persécution qu'il exerce à l'endroit des chrétiens. Ils l'accusent aussi explicitement de persécuter les yézidis. À la lumière de mes communications avec les représentants de la communauté islamique au Canada, j'ai la ferme conviction que tous sont bien conscients de la grave menace que pose l'EIIL.
:
Je vous remercie de votre question.
Bien sûr, beaucoup de gens sont sans défense. La première chose que nous devons faire est d'aider le gouvernement irakien ainsi que les forces kurdes peshmerga afin de défendre ces minorités et d'arrêter l'avancée de l'EIIL. En effet, on ne veut pas que le problème humanitaire s'aggrave davantage. Il y a beaucoup d'atrocités et de pratiques barbares, mais j'espère l'aide du Canada aux forces du GRK et de l'Irak pourront faire changer les choses.
Lors de vos commentaires, vous avez demandé si l'aide actuelle était suffisante. La réponse est non, bien sûr. On était sur place, on a vu l'aide apportée. Depuis plusieurs années, on a fait beaucoup d'annonces. Cette année, on a déjà annoncé 28 millions de dollars. Cette annonce a été faite par Christian Paradis, notre ministre du Développement international et ministre de la Francophonie. J'ai annoncé une aide additionnelle de 7 millions de dollars la semaine dernière.
Par ailleurs, les Nations Unies ont fait une demande d'aide supplémentaire. On est en train de regarder ce qu'on pourrait faire. Je vais parler avec mon collègue, le ministre du Développement international et ministre de la Francophonie pour voir ce qu'on peut ajouter. Lorsque j'étais là, j'ai pu constater quels étaient les besoins. Votre collègue, notre collègue, a demandé quatre choses supplémentaires. On est prêt à regarder ce qu'on peut faire. Il est très important que le Canada le fasse, mais on veut aussi encourager d'autres pays à se joindre à nous, car ainsi nous irons beaucoup plus loin.
Si cela n'est pas suffisant, on continuera de fournir de l'aide au nom de la population canadienne.
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Merci, monsieur le président.
J’avais une question à poser — en fait, c’est plutôt une déclaration. J’espère que le gouvernement examinera de nouveau la possibilité d’accueillir des réfugiés syriens. L’HCNUR nous a demandé d’accueillir 10 500 réfugiés au cours des deux prochaines années, car cela permettrait de calmer la situation. Cela ne permettrait pas de régler la crise, mais nous savons que le nord du Kurdistan et l’Irak ont accueilli 300 000 réfugiés syriens. Donc, ils ont déjà contribué à cet effort. Je vous encourage, monsieur Baird, à en discuter avec votre collègue, M. Alexander.
Nous avons déjà visité la région. Nous savons que les peshmergas savent se battre. Nous n’avons pas besoin de le leur apprendre. Ils connaissent le terrain. Leur devise, c’est: « les montagnes sont nos seules amies ». Ce n’est pas l’Afghanistan. On parle ici de gens qui savent assumer un commandement et prendre le contrôle. Mais, ils ont besoin d’autres matériels. C'est clair.
Ma question au ministre de la Défense nationale est la suivante: qu’allons-nous enseigner aux peshmergas? Vous nous avez dit ce que nous ne ferons pas, et avez été très clair à ce sujet. Nous n’allons pas faire ceci, nous n’allons pas faire cela. Puisque les peshmergas savent déjà se battre, qu’allons-nous faire?
Enfin, je tiens à souligner, comme l’a lui-même souligné le lors de sa visite au pays de Galles, l’EIIL ne sera pas défait uniquement par la force militaire. Auriez-vous quelque chose à ajouter? Qu’allons-nous faire de plus pour lutter contre ce groupe?
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Nous avons beaucoup renforcé notre engagement envers l’Irak au cours des deux dernières années. Nous avons une présence permanente à Bagdad en collocation avec les Britanniques. C’est utile, car au début, nous n’avions pas les moyens de nous le permettre. Notre nouvel ambassadeur, M. Saccomani, se rend régulièrement dans la région, notamment à Bagdad, à Erbil et à Basra. Nous avons beaucoup renforcé notre engagement au cours de la dernière année, et c’est une bonne chose.
Nous avons adopté une approche sur le plan des affaires étrangères — comme vous l’avez souligné, le développement est une priorité —, mais aussi sur le plan du commerce. Bien entendu, notre objectif à long terme, c’est que les citoyens puissent travailler et subvenir à leurs besoins et à ceux de leurs familles. La croissance économique en Irak offrira des occasions d’affaires aux sociétés canadiennes. C’est important. Je crois que nous avons beaucoup renforcé notre engagement, comparativement aux années précédentes.
La capacité dans certaines régions du pays… Il y a quelques mois, Erbil et la région de KRG étaient très sûres et sécuritaires. Lors de notre visite à Badgad, j’ai remarqué que la situation était bien différente d’il y a à peine 18 mois: nous n’étions plus tenus de porter un gilet pare-éclats et un casque pour nous promener à l'extérieur de la zone verte.
Bien entendu, nous voulons promouvoir nos intérêts et nos valeurs. Je crois qu’il est dans notre intérêt que l’Irak soit un pays stable et sécuritaire sur le plan humanitaire, un endroit où les gens ne se font pas tuer.
En ce qui a trait aux valeurs, je reviens au pluralisme. C’est une expérience canadienne enrichissante que nous devons partager avec le reste du monde. Cela est au cœur de la politique étrangère canadienne depuis de nombreuses années. Le leadership qu’a offert le premier ministre à l’Aga Khan pour le cadre du Centre mondial du pluralisme est important. L’Aga Khan est probablement le leader le plus éminent au monde en matière de pluralisme. Le fait qu’il entretienne un lien particulier avec le Canada, lui qui est de confession islamique, est utile.
Le Bureau de la liberté de religion fait la promotion du pluralisme, d’une véritable liberté de religion, pas seulement une liberté de croyance, mais une liberté de pratiquer et de vivre pleinement sa religion. Pour la plupart, les autres libertés se règlent d’elles-mêmes. C’est la vision à long terme que nous et nos alliées devons alimenter. Les sordides histoires des familles chrétiennes dénoncées auprès de cette organisation terroriste barbare par leurs propres voisins, des gens qui vivent dans la même communauté depuis des millénaires, sont horribles. Absolument horribles.
On parle des minorités religieuses, des chrétiens, des journalistes américains, mais n’oublions pas que les membres de ce culte ont tué des centaines, voire des milliers de musulmans dans le cadre de ce conflit. Je crois qu’à moyen et à long terme, le pluralisme doit jouer un rôle important dans la solution. Je crois que les efforts du gouvernement à Bagdad à ce chapitre ont été insuffisants. Le nouveau gouvernement formé la nuit dernière semble prometteur. Bien entendu, nos ressources diplomatiques vont discuter et encourager ce gouvernement, tout en surveillant et en évaluant la situation. Évidemment, moi et d’autres aussi allons suivre la situation de près. C’est extrêmement important.
Je vous rappelle que vous avez demandé à quel endroit les troupes seraient déployées, et que j'ai répondu le nord de l'Irak. Comme je l'ai mentionné à deux ou trois occasions, elles iront là-bas dans le but d'offrir une assistance technique et des conseils.
J'ai également dit qu'il y aurait seulement quelques dizaines de membres des Forces armées canadiennes sur le terrain. Pour des raisons de sécurité, nous n'allons vous divulguer ni leur numéro de vol, ni le moment de leur départ, ni leur destination exacte. Cela dit, le déploiement sera très rapide, comme je l'ai mentionné. Nous croyons que la situation est une urgence, ce qui apparaît évident à tous ceux qui ont visité la région. Encore une fois, c'est exactement ce que nous allons faire.
Pour ce qui est des débats à la Chambre des communes, l'objectif de certaines de nos activités d'information, comme la tenue de la séance d'aujourd'hui, était de réunir tous les membres du comité pour qu'ils puissent discuter du déploiement des forces spéciales ou même de toute autre question concernant cette région du monde.
Cela dit, nous accueillerons certes un débat avec plaisir. Comme vous le savez, monsieur Harris, l'un des grands avantages de notre régime parlementaire, c'est que les partis de l'opposition peuvent régulièrement débattre et demander un vote sur le sujet de leur choix. Si votre parti et vous souhaitez tenir d'autres discussions et débats sur la question, nous vous encourageons certainement à le faire. Je crois que les libéraux ont une motion à cet effet. Comme je l'ai dit, je pense que nous allons de l'avant et que c'est la chose à faire.