Passer au contenu

HERI Réunion de comité

Les Avis de convocation contiennent des renseignements sur le sujet, la date, l’heure et l’endroit de la réunion, ainsi qu’une liste des témoins qui doivent comparaître devant le comité. Les Témoignages sont le compte rendu transcrit, révisé et corrigé de tout ce qui a été dit pendant la séance. Les Procès-verbaux sont le compte rendu officiel des séances.

Pour faire une recherche avancée, utilisez l’outil Rechercher dans les publications.

Si vous avez des questions ou commentaires concernant l'accessibilité à cette publication, veuillez communiquer avec nous à accessible@parl.gc.ca.

Publication du jour précédent Publication du jour prochain

37e LÉGISLATURE, 2e SESSION

Comité permanent du patrimoine canadien


TÉMOIGNAGES

TABLE DES MATIÈRES

Le mercredi 27 novembre 2002




¼ 1805
V         Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.))

¼ 1810

¼ 1815
V         M. Paul Quassa (producteur principal, Inuit Broadcasting Corporation)

¼ 1820

¼ 1825
V         Le président
V         Mme Shirley Adamson (directrice générale, Northern Native Broadcasting, Yukon)
V         Le président
V         Mme Shirley Adamson
V         

¼ 1830

¼ 1835
V         Le président
V         Mme Wendy Smith (directrice exécutive, Inuvialuit Communications Society)
V         Le président
V         M. George Kakayuk (président, Taqramiut Nipingat Incorporated)

¼ 1840
V         Le président
V         M. George Kakayuk

¼ 1845
V         Le président
V         M. Raymond Menarick (président, Société des communications cries de la baie James)

¼ 1850
V         Le président
V         M. Bernard Hervieux (directeur général, Société de communication Atikamekw-Montagnais)

¼ 1855

½ 1900
V         Le président

½ 1905
V         Mme Catherine Ann Martin (secrétaire et membre du conseil d'administration, Aboriginal Peoples Television Network)
V         Le président
V         Mme Catherine Ann Martin

½ 1910
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick (Simcoe—Grey, Lib.))
V         Mme Elizabeth Sabet-Biscaye (directrice exécutive, Native Communications Society of the Western N.W.T.)

½ 1915
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Dave McLeod (directeur exécutif, Native Communications Incorporated)

½ 1920

½ 1925
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Peter Skinner (gestionnaire de programme, Société Radio-Canada)

½ 1930
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Cathie Bolstad (directrice régionale, Société Radio-Canada)

½ 1935

½ 1940
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Christiane Gagnon (Québec, BQ)

½ 1945
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Catherine Ann Martin
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD)

½ 1950
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Paul Quassa
V         M. Bert Crowfoot (directeur général, Aboriginal Multi-Media Society of Alberta)
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Shirley Adamson
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.)

½ 1955
V         M. Bernard Hervieux
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Bernard Hervieux

¾ 2000
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Bernard Hervieux
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Christiane Gagnon
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Christiane Gagnon
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Bernard Hervieux

¾ 2005
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Bernard Hervieux
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         Mme Elizabeth Sabet-Biscaye

¾ 2010
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Bert Crowfoot
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Dave McLeod
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)
V         M. Claude Duplain
V         Le vice-président (M. Paul Bonwick)










CANADA

Comité permanent du patrimoine canadien


NUMÉRO 006 
l
2e SESSION 
l
37e LÉGISLATURE 

TÉMOIGNAGES

Le mercredi 27 novembre 2002

[Enregistrement électronique]

¼  +(1805)  

[Traduction]

+

    Le président (M. Clifford Lincoln (Lac-Saint-Louis, Lib.)): La séance est ouverte. Veuillez vous installer à la table.

    Je déclare ouverte la séance du Comité permanent du patrimoine canadien. Nous nous réunissons aujourd'hui pour poursuivre notre étude sur l'état du système de radiodiffusion au Canada.

    Nous sommes particulièrement heureux d'accueillir ce soir un grand nombre de témoins des communautés autochtones. Le comité avait décidé de se rendre dans le Nord pour vous rencontrer à un moment donné, et nous avions obtenu l'autorisation de la Chambre des communes. L'approbation des déplacements est un processus très laborieux et le déplacement avait été approuvé par la Chambre des communes.

    Malheureusement, la Chambre s'est prorogée en septembre, comme vous le savez, et dans ces cas-là tout est annulé et il faut repartir de zéro. Alors quand nous nous sommes remis à la tâche en octobre, il était déjà beaucoup trop tard pour présenter une autre demande. Notre budget de fonctionnement n'a été approuvé qu'hier et celui des déplacements ne l'a pas encore été. Nous aurions donc été dans l'impossibilité de nous rendre dans le Nord compte tenu des délais et des engagements du comité.

    Nous vous sommes donc très reconnaissants d'avoir accepté cette invitation à nous rencontrer ce soir. Merci d'être venus. Nous avons pu profiter de la présence de certains d'entre vous qui se trouvaient déjà à Ottawa, et d'autres se sont déplacés spécialement pour cela.

    Avant de commencer, j'aimerais m'assurer que toutes les organisations qui veulent être entendues et faire des déclarations sont bel et bien représentées autour de la table. Je vais donc vérifier avec vous avant que nous commencions et avant que vous preniez la parole, et j'en profiterai pour vous saluer en même temps.

    Nos premiers témoins sont Paul Quassa, producteur principal, et Debbie Brisebois, directrice exécutive de l'Inuit Broadcasting Corporation. Notre deuxième groupe de témoins représente la Northern Native Broadcasting, Yukon, il s'agit de Shirley Adamson et de Les Carpenter.

¼  +-(1810)  

    Nous accueillons aussi un troisième groupe de témoins. De l'Inuvialuit Communications Society, Wendy Smith, directrice exécutive. Nous entendrons ensuite Claude Grenier, directeur général, et George Kakayuk, président de la Taqramiut Nipingat Incorporated. Puis de la James Bay Cree Communications Society, Raymond Menarick, président, et de la Société de communication Atikamekw-Montagnais, Bernard Hervieux, directeur général. Ensuite, de la Native Communications Incorporated, Dave McLeod, directeur exécutif. Enfin, de CBC, région du Nord: Peter Skinner, gestionnaire de programmes pour la radio du Nord de CBC, et Cathie Bolstad, directrice régionale de Television for the North.

    C'est donc avec beaucoup de plaisir que nous vous accueillons à la Chambre des communes et à notre comité.

    Nous allons donner la parole à Paul Quassa.

¼  +-(1815)  

+-

    M. Paul Quassa (producteur principal, Inuit Broadcasting Corporation): Je suis très heureux d'avoir l'occasion de m'adresser au comité. Je vous remercie particulièrement d'avoir convoqué cette séance spéciale pour nous entendre et prendre connaissance de nos recommandations pour l'avenir.

    Je travaille pour le compte de l'Inuit Broadcasting Corporation à Iqaluit, au Nunavut. Iqaluit est notre principal centre de production, et nous y produisons nos émissions en y intégrant des éléments qui nous sont fournis par des centres de moindre envergure qui se trouvent à Igloolik, à Baker Lake, à Rankin Inlet et à Taloyoak.

    Nous sommes en train de produire Quggiq, une émission d'affaires courantes d'une durée de trente minutes; Takuginai, une émission pour enfants d'une demi-heure; Kippinguitatit, une autre émission d'une demi-heure qui porte sur la culture et le divertissement; et Qajisaut, une demi-heure d'émission qui s'adresse aux jeunes. Une fois par semaine, nous produisons et diffusons en direct à partir d'Iqaluit une tribune téléphonique d'une heure et demie intitulée Qanuq Isumavut, qu'on ne diffuse que dans les régions du Nord. Toutes nos émissions sont en inuktitut, notre langue, et sont radiodiffusées sur APTN.

    Nous produisons aussi diverses émissions spéciales tout au long de la saison de radiodiffusion. Par exemple, nous avons produit quatre émissions spéciales sur la Conférence circumpolaire inuite qui a eu lieu à Kuujjuaq, au Québec, en août dernier.

    Nous sommes en train de mettre la dernière main à un documentaire en deux volets sur Kikkik, une Autochtone qui avait tué un homme dans un cas de légitime défense pendant la famine qui avait frappé la région de Kivalliq dans l'Arctique dans les années 50; elle avait été jugée pour meurtre mais on l'avait finalement acquittée.

    Nous commençons à travailler sur une nouvelle série, Inuit Mitatiin, soit des émissions où des vedettes inuites exploitent l'humour qui nous est propre.

    Je suis fier de ce que nous faisons à IBC. Je suis fier des gens qui travaillent pour IBC et viennent à bout des difficultés qui se présentent jour après jour dans la production de leurs émissions. Notre équipement est vétuste et tombe souvent en panne. Il faut souvent l'expédier dans des villes du sud pour qu'on le répare, et parfois il faut attendre des mois avant de le ravoir. Une grande partie de notre équipement ne peut même plus être réparée parce qu'on ne fabrique plus de pièces. L'équipement que nous utilisons est soumis à des conditions climatiques extrêmes. Nous travaillons dans des immeubles qui n'ont pas été conçus comme installations de télévision. Malgré notre débrouillardise, il y a des limites à ce qu'on peut faire pour transformer une ancienne salle de billard électrique en un studio de télévision.

    Nos coûts de déplacement sont les plus élevés au pays. Au Nunavut, nous avons 26 communautés que nous devons représenter dans nos émissions, mais chaque année nous ne pouvons nous rendre que dans quelques-unes d'entre elles et habituellement pour une très brève période seulement.

    Nous n'avons qu'un accès limité à l'information. Il n'y a pas d'installations de formation en radiodiffusion ni d'école de journalisme au Nunavut. Il n'y a pas d'atelier de formation dans notre milieu de travail à moins que nous en organisions nous-mêmes et payions tous les frais inhérents.

    Le personnel d'IBC touche généralement une rémunération moindre que ce qu'on reçoit normalement dans cette industrie dans le reste du pays, et nous vivons dans une région où tout coûte deux fois plus cher qu'ailleurs. Nous ne bénéficions pas des avantages sociaux qu'offrent de grands employeurs au Nunavut, comme le logement, les régimes de pension, les allocations de congé annuel, et tout le reste. Nous n'avons jamais de certitude en ce qui a trait à notre financement. Nous sommes restreints dans nos capacités de planifier et n'avons pas de véritable sécurité d'emploi.

¼  +-(1820)  

    Ce que nous avons, par contre, c'est la ferme détermination de faire ce que nous faisons, d'offrir un service que personne d'autre ne peut offrir ni n'offre. Notre langue et notre culture sont bien vivantes malgré les forces qui ont tenté de nous affaiblir—l'Église, le système des pensionnats, et bien sûr la prolifération des signaux de télévision disponibles dans nos collectivités, pour n'en nommer que quelques-unes.

    Nous désirons aussi faire davantage, faute de quoi nos efforts ne seront que cela. Au début des années 90, nous produisions près de deux fois plus d'émissions qu'aujourd'hui. À l'origine, dans les années 80, notre premier but était de produire 25 heures par semaine d'émissions en inuktitut. En nous appuyant sur nos recherches et notre expérience, nous avions établi que c'est ce qu'il fallait pour offrir un service approprié aux Inuits et faire contrepoids à l'invasion de la télévision du sud, et c'était avant l'univers des 500 canaux.

    Notre but demeure inchangé. Nous avons travaillé d'arrache-pied tout au long des années 80 et 90 non seulement pour produire nos émissions, mais aussi en tant que partenaires pour mettre en place notre propre réseau de distribution, Television Northern Canada, et ensuite pour devenir un joueur important dans la création d'un réseau autochtone national, APTN. Nous avons maintenant pour objectif de continuer à travailler sans relâche avec APTN pour concevoir et produire des signaux portant le caractère distinctif du Nord. Cependant, il nous faut des ressources pour créer les émissions nécessaires à la fourniture de ce service. Je n'exposerai pas dans les détails ce qu'il nous faut exactement. Il existe quantité de documents, d'études, de rapports, d'évaluations où l'on peut les trouver.

    Nous venons de passer les trois derniers jours avec nos collègues de toutes les régions du Nord canadien pour discuter des obstacles à une participation plus significative de notre part au réseau de radiodiffusion canadien. Je demande instamment aux membres du comité de lire les délibérations de ces réunions quand elles paraîtront de même que le document dont nous nous inspirons. J'espère qu'on revitalisera le Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiodiffusion; ce n'est qu'alors qu'on reconnaîtra à juste titre notre rôle de fournisseur de service public.

    De façon générale, il faut que le gouvernement examine la situation de la radiodiffusion autochtone dans le Nord de la même façon qu'il a examiné celle de l'industrie des magazines canadiens il y a plusieurs années pour faire face aux menaces des publications étrangères, des nouvelles technologies et des défis grandissants de l'industrie. La recherche existe, et cela, depuis près de trois ans maintenant.

    J'aimerais ajouter qu'il nous faut des fonds pour acheter de l'équipement, fournir de la formation et couvrir les frais d'entretien. Nous devons avoir accès à de la formation qui réponde à nos besoins dans notre langue et dans nos communautés. Nous avons besoin d'un financement qui tienne compte des normes de l'industrie et de nos conditions géographiques particulières. Nous avons besoin d'un financement qui nous permettrait de concevoir de nouvelles séries télévisuelles conformes aux attentes des auditoires. Nous avons besoin de ressources pour laisser la parole à nos téléspectateurs. Nous avons besoin de fonds pour participer davantage au réseau de la radiodiffusion canadienne.

¼  +-(1825)  

    Nous voulons que nos enfants, nos jeunes et nos citoyens âgés se reconnaissent dans nos émissions de télévision. Nous voulons que celles-ci soient d'aussi bonne qualité que les autres émissions de télévision canadiennes. Nous maintenons notre engagement à remplir notre mandat de production d'émissions pour les Inuits, sur les Inuits et par les Inuits dans notre langue.

    Nous aimerions voir quelles sont les possibilités de montrer nos émissions à des auditoires qui ne connaissent pas l'inuktitut. Nous voulons qu'ils puissent voir et entendre aux actualités nationales de l'APTN et bien sûr d'autres réseaux de télévision les bulletins de nouvelles qui proviennent de nos communautés et qui portent sur nos préoccupations.

    Nous voulons pouvoir concevoir de nouvelles séries d'émissions et des longs métrages pour les gens de chez nous. Nous devons disposer de plus de fonds dans l'enveloppe des langues autochtones que gère Téléfilm Canada et le Fonds canadien de la télévision et la limite doit être supprimée. Comme vous le savez, la limite est maintenant de 200 000 $.

    Nous voulons voir, et nous assurer que tous les Canadiens et le reste du monde voient davantage de films comme Atarnarjuat. Nous voulons donner davantage de formation aux Inuits et donner à un plus grand nombre d'entre eux la possibilité de produire des films comme ceux-là qui remporteront des prix.

    Pour conclure, la recherche existe déjà. Les évaluations montrent que nous avons réussi. Des études exposent les problèmes qui existent. Les sondages effectués auprès de l'auditoire confirment la valeur de notre rôle. Les cadres législatif et réglementaire sous-tendent la politique du CRTC et la Loi de 1991 sur la radiodiffusion, qui reconnaît précisément la place spéciale qu'occupent les peuples autochtones dans la société canadienne. De groupes de travail en commissions royales d'enquête, notre rôle de radiodiffuseur autochtone s'est vu affirmé. Il est maintenant temps de nous assurer que des ressources sont mises à notre disposition pour soutenir notre contribution au réseau canadien de radiodiffusion.

    Merci beaucoup.

+-

    Le président: Merci beaucoup, monsieur Quassa. Comme vous le savez, cette séance est télévisée et j'espère que des milliers de Canadiens du sud nous regardent et ont entendu votre émouvant plaidoyer.

    Je ne voulais pas vous presser, parce que je suppose que beaucoup de choses que vous nous avez dites vous concernent tous ici présents. Mais comme nous devons finir à 20 h et qu'il est déjà 18 h 30 et pour que tous aient l'occasion de prendre la parole—nous devons entendre encore six ou sept autres groupes—je vous prierais de vous en tenir à 10 minutes tout au plus chacun, si vous le voulez bien.

    Je donne maintenant la parole à la Northern Native Broadcasting, Shirley Adamson ou Les Carpenter. Je ne sais pas qui va prendre la parole.

+-

    Mme Shirley Adamson (directrice générale, Northern Native Broadcasting, Yukon): Ce sera moi, monsieur Lincoln.

+-

    Le président: Très bien, madame.

+-

    Mme Shirley Adamson: Merci beaucoup.

+-

     Les membres et le conseil d'administration de la Northern Native Broadcasting, Yukon, vous saluent et vous remercient de cette occasion de présenter au comité permanent nos vues sur l'état du système de radiodiffusion au Canada.

    Je m'appelle Shirley Adamson. Je suis la directrice générale de notre organisation. Je suis accompagnée par notre directeur de la radio, Les Carpenter.

    Il y a près de 20 ans, le ministre des Communications, le ministre des Affaires indiennes et du Développement du Nord et le secrétaire d'État avaient annoncé une politique de radiodiffusion dans le Nord et le Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion. Grâce à cette initiative, nous avons pu choisir des émissions, des émissions correspondant à nos préoccupations, et avoir accès aux réseaux de distribution.

    Depuis, la Northern Native Broadcasting, Yukon, en a largement profité. Grâce à nos services de la radio et de la télévision, nous offrons des émissions qui sont pertinentes, opportunes et qui présentent une perspective autochtone objective. Nous mettons en lumière les peuples, les langues et les cultures autochtones comme aucun autre radiodiffuseur ne le fait.

    Les Premières nations du Yukon, qui sont de tradition orale, ont rapidement adopté ces médias. Chaque jour, nous offrons des émissions originales qui permettent aux gens de chez nous de se divertir, d'apprendre, d'être inspirés par les talents et les histoires de leurs concitoyens. La couverture indépendante que nous assurons des affaires courantes et des actualités permet à tous les habitants du Yukon de se forger une opinion éclairée des questions de notre époque dans une perspective autochtone.

    Nous possédons d'imposantes archives audio et vidéo qui préservent la trace de la fin d'une époque de l'histoire de notre peuple ainsi que l'émergence d'une nouvelle forme contemporaine de culture autochtone qui fusionne notre patrimoine et le rôle actif que nous jouons au Yukon et dans la société canadienne.

    Des huit dialectes parlés au Yukon, au moins cinq sont constamment utilisés dans nos émissions. L'immersion soutient l'enseignement de nos langues et de nos cultures dans nos foyers et nos écoles.

    Nous formons et embauchons des Autochtones dans une industrie qui autrement leur serait fermée. Ils sont dans nos bureaux, au micro et devant et derrière les caméras de télévision. Nos jeunes constatent ainsi qu'ils pourraient eux aussi faire carrière en radiodiffusion et en journalisme.

    La gestion supérieure de notre organisation est presque entièrement assurée par des membres des Premières nations, notamment le directeur général, les directeurs de la radio, de la télévision et des services financiers. Nous n'y sommes pas parvenus facilement et les obstacles demeurent nombreux. Il est difficile de recruter de bons candidats à la radiodiffusion, au journalisme et à des carrières de techniciens quand la rémunération est inférieure à ce que pourraient leur offrir d'autres employeurs, et les avantages sont quasi inexistants.

    L'entretien de notre système de distribution vieillissant fait qu'il est difficile d'étendre la portée de notre réseau radio pour rejoindre toutes les communautés des Premières nations du Yukon. Voilà pourquoi nous ne sommes pas en mesure d'offrir comme d'autres radiodiffuseurs autochtones des émissions de meilleure qualité et une distribution élargie.

    Le vieillissement et la détérioration de précieux documents d'archive nous posent un problème critique. Ces documents irremplaçables doivent être préservés. Ils doivent être transférés sur des supports numériques, mais nous n'avons pas les ressources, ni humaines ni autres, pour le faire.

    Le financement de la production d'émissions de radio et de télévision de qualité qui sont souvent traduites et sous-titrées, au moyen du financement fédéral existant, nous préoccupe d'autant plus qu'il faut respecter des exigences comme celles qui ont trait au sous-titrage codé, lequel ajoute beaucoup à nos dépenses.

    Nous ne nous sommes pas laissés abattre pour autant. Nous continuons de jouer un rôle important et nécessaire dans le maintien, le renforcement et la promotion des langues et des cultures autochtones au Canada.

¼  +-(1830)  

    Nous croyons que notre affirmation en tant que véritable radiodiffuseur public auprès des communautés des Premières nations du Yukon témoigne de la nécessité de modifier la loi canadienne pour refléter le rôle spécifique et critique des organisations de radiodiffusion autochtones. Nous contribuons de façon essentielle au renforcement de l'ensemble de la culture canadienne, et j'espère que vous pensez également qu'il est temps qu'on le reconnaisse officiellement.

    Le changement est une constante chez les Premières nations. Nous sommes presque submergés par les cultures et les langues des autres. Nous luttons tous les jours pour maintenir notre identité. Pour cette raison, nous comprenons le désir du Canada de chercher des moyens de préserver, d'enrichir et de renforcer ce qu'il considère être sa culture. Nous savons aussi que celle-ci ne peut être complète sans l'apport des langues et des cultures des Premières nations.

    Bien que le comité n'ait pu encore se rendre dans le Nord, nous vous encourageons à continuer d'essayer de le faire. Nous aimerions que vous puissiez voir pour vous-mêmes ce que nous avons réalisé avec les ressources que nous a fournies le gouvernement fédéral.

    Je vous remercie à nouveau, au nom du conseil d'administration, pour cette occasion de présenter nos points de vue et nos préoccupations. Si vous avez des questions, Les et moi nous ferons un plaisir de tenter d'y répondre.

    Merci.

¼  +-(1835)  

+-

    Le président: Merci pour ce très beau message. C'est toujours un véritable plaisir de vous entendre.

    Nous allons maintenant entendre Mme Wendy Smith, de l'Inuvialuit Communications Society.

+-

    Mme Wendy Smith (directrice exécutive, Inuvialuit Communications Society): Merci pour cette occasion que vous nous offrez ce soir de vous rencontrer.

    Je suis la directrice exécutive de l'Inuvialuit Communications Society à Inuvik, dans les Territoires du Nord-Ouest, qui produit des émissions de télévision diffusées sur APTN.

    J'ai déjà comparu devant le comité permanent en tant que radiodiffuseure autochtone. Je ferai ce soir une déclaration de vive voix, mais j'aimerais vous faire parvenir un mémoire écrit plus tard.

    Je fais appel à votre appui et à votre engagement pour qu'on reconnaisse l'importance de notre existence, ainsi que les réalisations et les réussites plus qu'exemplaires dans la promotion des langues, de la culture, de l'histoire et du savoir traditionnel autochtones. Le programme a vu le jour grâce aux initiatives du gouvernement, pour enrichir et renforcer les valeurs culturelles au Canada.

    Nous contribuons à la société canadienne et produisons depuis une vingtaine d'années des émissions qui représentent tous les peuples autochtones. Non seulement sommes-nous parvenus à réaliser les objectifs, mais nous avons aussi contribué à la promotion d'autres initiatives gouvernementales en matière d'éducation, de santé, de bien-être social, de tourisme, d'arts, de développement économique, de mesures de sécurité et d'autres importantes initiatives autochtones qui ont trait à la langue et à la culture.

    Il est très difficile de continuer à fonctionner suite aux compressions de 1999-2000. Les radiodiffuseurs autochtones ont besoin de votre soutien pour dynamiser le rôle vital que nous jouons pour répondre aux besoins des peuples autochtones et tenir compte de leurs intérêts et continuer à nous donner les moyens de nous relier au grand courant au Canada.

    Nous sommes en état de survie en matière d'équipement et de formation. Ce qui importe aussi beaucoup pour nous, c'est la préservation en archives de précieuses émissions que nous avons produites dans notre langue. Pour que soit reconnue la contribution des radiodiffuseurs autochtones à ce programme, nous aimerions pouvoir compter sur l'appui du comité permanent pour qu'on modifie la Loi sur la radiodiffusion afin qu'on reconnaissance notre existence et qu'on la renforce dans la loi.

    Je vous invite à Inuvik, si vous pouvez venir, pour voir ce qui se passe chez nous.

    Merci.

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    Il semble y avoir un fil conducteur dans tous vos messages, ils se renforcent mutuellement et c'est très intéressant de vous entendre.

    J'invite maintenant George Kakayuk, président de Taqramiut Nipingat.

+-

    M. George Kakayuk (président, Taqramiut Nipingat Incorporated): Merci beaucoup.

    [Le témoin parle en langue autochtone.]

    Je m'appelle George Kakayuk. Je suis président de TNI, Taqramiut Nipingat Incorporated, société inuite de communications à Nunavik, dans le nord du Québec, le Québec arctique.

¼  +-(1840)  

+-

    Le président: Je suis navré, mais nous avons des problèmes de microphone. Vous voyez, notre équipement ne vaut guère mieux que le vôtre.

    Je vous en prie, poursuivez.

+-

    M. George Kakayuk: Très bien.

    Comme vous le savez, nous avons été prévenus que nous étions censés comparaître devant le comité juste avant notre arrivée à Ottawa. En fait, je l'ai appris en arrivant à Montréal lundi. Nous n'avons donc pas eu le temps de mettre formellement sur papier nos idées et nos opinions sur la radiodiffusion autochtone—ou sur la radiodiffusion en général. Nous aimerions donc avoir la possibilité de le faire, peut-être dans les mois qui viennent.

    Le président: À votre convenance, certainement.

    M. George Kakayuk: J'aimerais moi aussi vous inviter dans notre région. Toutes les préoccupations déjà soulevées sont les nôtres aussi. Nous logeons à la même enseigne.

    Nous produisons des émissions en inuktitut pour la radio et la télévision régionales, émissions qui sont diffusées sur APTN. Dans notre langue, l'inuktitut . Nous fournissons aussi un soutien technique à la radio FM locale dans 14 communautés de notre région. Nous assurons aussi une formation pour répondre aux besoins de leurs employés. Nous n'obtenons aucun soutien du gouvernement fédéral, nous levons des fonds et nous nous débrouillons autrement. Nous avons des employés de la télévision à trois endroits et nous avons une radio régionale à un endroit, à Salluit. Nous donnons de la formation à nos producteurs pour qu'ils deviennent de meilleurs radiodiffuseurs. De temps à autre, nos organisations régionales et nous-mêmes obtenons de l'aide des programmes de formation des écoles.

    Nous sommes un acteur important depuis le début de la radiodiffusion dans le Nord: nous sommes l'un des groupes qui ont lancé le mouvement. Nous aimerions donc avoir l'occasion de comparaître devant vous, en bonne et due forme, pour vous présenter nos idées et nos points de vue sur la radiodiffusion dans le Nord, ou la radiodiffusion en général. Nous aimerions qu'on nous en donne l'occasion et c'est pourquoi nous aimerions vous inviter dans notre région. C'est important pour nous, c'est important pour notre peuple. Nous sommes en première ligne. Il n'y a pas d'autres services là-haut: nous sommes les fournisseurs de services dans notre langue.

    Merci à nouveau.

¼  +-(1845)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    J'aimerais vous mentionner quelque chose à tous. En fait, j'aurais dû le faire quand M. Quassa a pris la parole et a mentionné de nombreuses études qui ont été réalisées. S'il y a des documents que vous aimeriez envoyer à nos attachés de recherche, faites parvenir ces documents à notre greffière. S'il y a d'autres idées que vous aimeriez exprimer ou si vous voulez présenter un mémoire, n'hésitez pas à le faire. Je dois vous dire que la période de documentation prendra fin à la fin de janvier et que nous vous saurions donc gré de nous faire parvenir les documents en question en décembre et en janvier. Merci.

    La parole est maintenant à Raymond Menarick président de la Société des communications cries de la baie James. Merci

+-

    M. Raymond Menarick (président, Société des communications cries de la baie James): [Le témoin parle dans sa langue autochtone]

    Je parlais en cri afin que cette langue soit entendue dans l'immeuble. C'est la langue que nous parlons à la maison et au travail, lorsque nous diffusons à la radio.

    Je m'appelle Raymond Menarick et je suis président de la Société des communications cries de la baie James. Nous sommes nous aussi venus à Ottawa pour participer au processus d'évaluation du Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion. Le financement que nous recevons de ce programme est vital pour notre existence et pour le service que nous offrons aux neuf collectivités cries. Simplement dit, sans ce programme, nous ne pourrions pas continuer. Les compressions dans notre financement au fil des ans nous ont obligés à faire des rajustements, et le fait que nous ayons survécu témoigne de notre persévérance.

    Voilà pourquoi nous avons accepté l'invitation de participer à la préparation en vue d'évaluer le programme. Nous avons été surpris qu'on nous demande de venir présenter un exposé directement à votre comité. Nous l'avons appris alors que nous étions en route pour venir ici. Nous présentons cet exposé pour être entendus, car nous sommes les seuls à pouvoir parler de la programmation crie, et nous vous demandons la possibilité de pouvoir présenter plus tard par écrit une réponse plus détaillée aux questions que vous avez soulevées.

    Nous vous savons gré de l'occasion qui nous est donnée, et nous aimerions maintenant vous parler d'un point de référence très important que l'on retrouve dans la Loi sur la radiodiffusion, c'est-à-dire sauvegarder, enrichir et renforcer la structure culturelle du Canada.

    Le mandat de la société et des neufs stations de radiodiffusion communautaires cries locales affiliées à notre réseau est d'aider à protéger et à préserver la langue crie. Nous desservons environ 12 000 Cris. Comme le cri est toujours la langue parlée dans 95 p. 100 des foyers, la programmation de la Société de communications cries de la baie James tente de refléter ce fait en ne diffusant qu'en langue crie.

    Nos aînés nous ont appris que notre langue est le fondement de notre culture et si nous voulons la garder, nous ne pouvons la tenir pour acquis, il faut l'utiliser constamment. Pour ce faire, nous devons utiliser l'influence de la radio.

    Parmi les nombreuses choses que nous avons prises de la culture non autochtone, la radio est l'une des plus importantes. Les Cris doivent composer avec les langues et les cultures dominantes qui sont à notre porte, tout comme les autres Premières nations le font, et où retrouve-t-on les langues aujourd'hui? Un rapport sur les langues publié il n'y a pas très longtemps révélait que seulement environ trois langues des Premières nations au Canada avaient une chance de survivre. Le cri est l'une de ces langues, et c'est la langue que nous utilisons à la radio.

    On commence à entendre des dramatiques radio en langue crie. Étant donné la nature très descriptive de la langue crie qu'utilisent nos aînés pour raconter des histoires, nous nous réjouissons du jour où nous ne devrons plus traduire à partir d'une autre langue mais où toutes nos productions seront entièrement en langue crie, du début jusqu'à la fin. Les connaissances et la sagesse de notre peuple doivent être gardées et enregistrées dans leur forme originale. On en a déjà beaucoup perdu avec la disparition de bon nombre d'aînés, mais heureusement nous avons fait beaucoup d'enregistrements au fil des ans. La force de notre langue et le grand nombre de personnes dont la culture est toujours de chasser et de trapper signifient que nous avons toujours ces ressources aujourd'hui.

    C'est notre histoire, c'est notre patrimoine, c'est ce que nous pouvons donner au reste du Canada. Par conséquent, il faut faire tout en notre possible pour protéger et sauvegarder les cultures et les langues originales qui existent toujours au Canada.

    Je vous invite à venir visiter notre région pour ce que nous faisons et écouter nos préoccupations.

    Merci.

¼  +-(1850)  

+-

    Le président: Merci beaucoup.

    M. Bernard Hervieux, Société de communication Atikamekw-Montagnais.

+-

    M. Bernard Hervieux (directeur général, Société de communication Atikamekw-Montagnais): [Le témoin parle dans sa langue autochtone]

[Français]

    Merci beaucoup aux membres du comité et au président de nous avoir invités. Ce soir, je vais tout simplement essayer de vous brosser un tableau de notre organisation. Comme mes autres collègues, je n'ai pas vraiment eu le temps de préparer un texte ou de répondre à toutes les demandes que vous aviez formulées dans votre correspondance; j'ai vu cette dernière la semaine passée, mais je l'ai probablement reçue le 19 novembre. Bref, nous n'avons pas vraiment eu le temps de nous pencher sérieusement sur l'étude que vous êtes en train de faire sur la nouvelle politique ou sur les résultats de cette consultation.

    Le développement de la radio communautaire autochtone a été amorcé en 1977, principalement par l'instauration d'un programme de financement des radios autochtones, mis sur pied par le ministère des Communications du Québec.

    Ce programme répondait au désir des autochtones de communiquer dans leur langue et de produire des émissions d'information radiophoniques au niveau local. Diverses initiatives ont mené à la création de plusieurs stations de radio communautaire dans les communautés montagnaises.

    En 1979, les stations de radio communautaire de La Romaine et de Natashquan ont été mises en ondes. Dans les années suivantes, toutes les communautés atikamekws et montagnaises se sont dotées de leurs propres stations de radio communautaire. Chacune de ces stations était indépendante et fonctionnait de façon autonome. Les responsables locaux ont constaté l'existence de nombreux besoins communs; ils se sont aussi rendu compte des avantages du partage du contenu et des importants gains d'efficacité possibles dans la perspective d'un regroupement des ressources et de l'établissement de liens directs et permanents entre les communautés autochtones.

    La volonté de regrouper des ressources et la nécessité de partager une même programmation ont mené, en novembre 1980, à l'aménagement d'un centre de production radio au Village Huron de Wendake. Les émissions d'information étaient préenregistrées pour être ensuite acheminées, par voie postale, vers les stations locales atikamekws et montagnaises. Un premier réseau, encore au stade embryonnaire, était alors instauré.

    En janvier 1982, Radio-Canada a mis sur pied au Québec le Service nordique pour la diffusion d'émissions radiophoniques sur les ondes. En 1983, les communautés atikamekws et montagnaises ont décidé de regrouper leurs stations de radio communautaire pour former un réseau de radios communautaires dont le centre d'activités serait localisé à Wendake, un village huron situé dans la banlieue de Québec.

    Ces communautés ont procédé par la suite à la création d'une corporation à but non lucratif; cette dernière a été incorporée en vertu de la partie III de la Loi sur les corporations canadiennes et on lui a donné le nom de Société de communication Atikamekw-Montagnais.

    Un des membres fondateurs, M. Ghislain Picard, est devenu le premier directeur général; il occupe maintenant le poste de vice-chef national de l'Assemblée des Premières Nations du Canada. Il est en outre chef régional de l'Assemblée des Première Nations du Québec-Labrador. Cette incorporation a permis au Centre de production radiophonique de garantir son indépendance et son autonomie, tout en maintenant celles des stations communautaires.

    En février 1985, la SOCAM a mis sur pied deux centres de production à vocation régionale à La Tuque, en Mauricie, et à Sept-Îles, en Côte-Nord. Le centre du Village Huron a été maintenu et a vu sa vocation confirmée en ce qui concerne l'établissement de liens entre les deux nations ainsi que l'ensemble des opérations.

    Grâce au Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiodiffusion, le PAANR, la SOCAM a décidé de modifier son service de distribution en vue d'acquérir une autonomie et une efficacité accrues, et s'est engagée dans la transmission par satellites.

¼  +-(1855)  

Elle a obtenu une entente avec Télésat Canada pour l'utilisation du satellite Anik E2.

    La SOCAM s'est vue dans l'obligation, en 1993, de fermer ses deux centres de production régionale de La Tuque et de Sept-Îles, d'entreprendre une rationalisation de ses activités et de regrouper ses effectifs et ses activités au Village Huron à la suite des coupures budgétaires importantes qui ont affecté le financement de ses opérations.

    Depuis ce temps, la SOCAM projette de développer des activités vers les secteurs des technologies de l'information et des communications, du multimédia et de la production télévisuelle.

    La mission de la SOCAM est une entreprise de réseaux de radiodiffusion, d'information et de communications qui offre, à l'intention de ses communautés membres atikamekws et innues et de leurs stations locales, une gamme d'émissions à caractère informatif, culturel et éducatif dans les deux langues des deux nations. Elle vise à développer les communications médiatiques des communautés membres par le biais d'un réseau de services diversifiés en vue de favoriser l'essor des communautés et de promouvoir leur langue et leur culture.

    Ainsi, la SOCAM entend favoriser les communications entre les différentes communautés représentées au moyen des journaux, magazines, émissions de radio et de télévision, des films et, de façon générale, de toute manière écrite, parlée ou visuelle; diffuser en direct des émissions d'information sur les questions autochtones dans les domaines de la culture, de l'économie et de la vie communautaire dans la langue de chacune des deux nations; impliquer les radios communautaires membres aux différents niveaux de la vie organisationnelle de l'entreprise; donner aux stations locales le soutien technique et la formation nécessaires à la bonne retransmission des émissions en réseau; initier des projets visant l'amélioration des communications et des rapports entre les peuples autochtones, entre les deux nations et entre les communautés membres par l'utilisation des nouvelles technologies de l'information et des communications; opérer un réseau de radiodiffusion à l'intention des 14 stations locales membres; établir des rapports de collaboration et de complémentarité avec les radios communautaires locales; organiser une programmation adéquate adaptée aux réalités et à la culture atikamekw et des Innus; informer les populations locales sur les grands événements d'actualité les touchant particulièrement; mettre à la disposition des radios locales et de leurs ressources humaines des équipements adéquats, des outils et des techniques de communication convenables; mettre sur pied des programmes de formation; donner un service de traduction et d'interprétation; développer un centre de production télévisuelle; développer l'accès communautaire par Internet aux nouvelles technologies de l'information et des communications par l'instauration de centres d'accès de multimédias pour les collectivités--et je pourrais nommer peut-être 23 ou 24 communautés au Québec--; implanter des services et des infrastructures de communications pour soutenir les volets de la santé, de l'apprentissage et de l'accès communautaire pour couvrir les activités sociales et communautaires, un projet qui avait d'ailleurs été retenu par Industrie Canada.

    Je n'irai pas plus loin. Je vois, monsieur le président, que vous me faites signe; je comprends ce signe de la radio, mais nous avons l'intention de vous présenter un autre document qui correspondra à votre recherche.

    [Le témoin s'exprime en langue innue]

    Encore une fois, je vous invite à venir dans notre région afin que nous puissions nous exprimer auprès du comité sur cette nouvelle politique de radiotélédiffusion qu'on est en train de revoir dans ce pays et afin que nous puissions aussi ajouter notre input dans le cadre de cet événement.

½  +-(1900)  

    Je suis très heureux d'être ici et de participer à votre travail. Tout ce que je peux vous dire aujourd'hui, c'est un gros merci.

    [Le témoin s'exprime en langue innue]

+-

    Le président: Merci à vous pour votre éloquence. Pour quelqu'un qui n'a pas eu le temps de préparer quelque chose, vous avez très bien parlé.

[Traduction]

    Avant de donner la parole à l'APTN, je crois que nous vous avons rencontrée à Halifax, madame Martin, n'est-ce pas?

½  +-(1905)  

+-

    Mme Catherine Ann Martin (secrétaire et membre du conseil d'administration, Aboriginal Peoples Television Network): Oui.

+-

    Le président: Avant de vous donner la parole, je veux mentionner aux témoins que je devrai vous quitter car je me suis engagé il y a plusieurs semaines à participer à une activité parlementaire avec l'OSCE. Mon collègue Paul Bonwick, qui est vice-président du comité, présidera pour le reste de la séance.

    Pour ma part, je vous remercie beaucoup d'être venus ici témoigner devant notre comité, car votre témoignage est extrêmement important. Nous en tiendrons certainement compte, soyez-en assurés.

    Merci beaucoup.

+-

    Mme Catherine Ann Martin: Merci, monsieur Lincoln. Je ne croyais pas que vous me reconnaîtriez. J'avais pensé pouvoir me faufiler sans que vous sachiez que je vous avais déjà parlé.

    J'aimerais encore une fois vous remercier tous de nous avoir invités à cette table. J'ai effectivement présenté un exposé à votre comité à Halifax. Je sais que le Aboriginal Peoples Television Network a présenté un exposé et un mémoire officiel, comme l'ont fait bon nombre de nos administrateurs des régions du sud partout au pays. J'ai saisi cette occasion pour appuyer les associations de radiotélédiffusion autochtones du Nord et montrer la solidarité que nous partageons avec les pionniers de la télévision et de la radiodiffusion autochtones au Canada.

    Je voulais tout simplement dire brièvement que nous reconnaissons la contribution de ces groupes du Nord, non seulement dans le domaine de la radiotélédiffusion autochtone mais également de l'identité canadienne et de la structure sociale de notre pays. Contre vents et marées et dans de nombreuses situations difficiles, ils ont continué à raconter les histoires et à suivre les traditions de notre peuple en racontant à nos enfants ces histoires qui remontent à des milliers d'années.

    La radio, la télévision et l'imprimé comptent parmi les formes de médias plus récentes et puissantes—plus récentes au cours des 500 dernières années par rapport aux 10 500 dernières années. C'est un médium qui nous aide à nous assurer qu'à l'avenir, et sept générations plus tard, nous aurons quelque chose qui nous vient de notre peuple aujourd'hui.

    Cela dit, je voudrais tout simplement dire à quel point je suis fière de faire partie de cette histoire aujourd'hui, en espérant que nos générations futures sauront, comme nous l'avons appris de nos traités et de nos ancêtres, qu'elles ont transmis des pensées et des mots très importants aux générations futures. Ceci, naturellement, n'est qu'une continuation de cela.

    Un de nos groupes qui n'est pas ici et qui est représenté dans tout ce que vous entendez est la OKalaKatiget Society du Labrador. Ils sont la preuve vivante de certaines des difficultés que nous rencontrons régulièrement lorsque nous voulons nous rendre à des rencontres comme celle-ci ou filmer des histoires. Depuis vendredi, ils sont sous la neige, et ils n'ont pas pu venir. Étant donné qu'ils sont à l'est de ma région, j'aimerais vous inviter, en leur nom, à venir visiter les collectivités côtières du Labrador et de Terre-Neuve, afin de vous rendre compte par vous-mêmes à quel point il est difficile, même sur une si petite côte, de faire venir des caméras et des gens pour raconter ces histoires.

    Par ailleurs, tous ces groupes partagent les mêmes problèmes et les mêmes conditions, notamment l'absence d'eau courante dans les installations à partir desquelles ils diffusent leurs émissions. Je pense qu'il faut se rendre sur place pour comprendre ce que les gens sont prêts à faire, contre vents et marées, pour continuer à raconter leur histoire.

    J'ai mentionné à Halifax que ce qui était si important pour moi, c'est que nous soyons prêts pour l'avenir, et l'avenir est ici. Un Canadien sur quatre qui naît aujourd'hui est autochtone. Ce nombre ne va que continuer à augmenter. C'est maintenant que nous devons être prêts, non pas à l'avenir. Nous devons nous préparer dès maintenant en vue de l'impact que cela aura.

    Le pouvoir de la communication peut offrir au Canada des possibilités incroyables de solutions et de réponses dont on a besoin pour être prêts à faire face au fait qu'un Canadien sur quatre qui naît aujourd'hui est autochtone, et l'impact de tout cela, sachant également que les jeunes Autochtones représentent déjà un pourcentage très élevé de la population au Canada.

½  +-(1910)  

    Nous avons une solution et bon nombre des réponses pour aider à s'assurer que pour les 500 prochaines années, les choses seront faites de façon à ce que nous puissions commencer à guérir certaines de ces blessures passées, blessures qu'aucun d'entre nous ne peut changer aujourd'hui mais que nous sommes peut-être en mesure de résoudre pour l'avenir.

    Eh bien, je pense avoir dit tout ce que j'avais à dire.

    Au nom du Aboriginal Peoples Television Network, les membres du PAANR sont une partie intégrante de la raison pour laquelle nous existons. Ils nous ont offert de passer de TVNC à l'APTN. Nous n'oublierons pas cela, mais nous voulons par ailleurs ne faire qu'un tout en reconnaissant qu'il y a des langues, des collectivités et des sociétés très différentes qui ne peuvent être réunies en un seul groupe.

    Avant de conclure, voici trois des nombreux rapports qui ont été publiés sur le Nord, le plus récent datant d'octobre 2002, sur la radiotélédiffusion autochtone et publique au Canada. Les deux autres ont été incorporés à ce document plus récent. On peut les obtenir de Patrimoine canadien, car pour la plupart ils ont été réalisés à la demande de ce ministère, et du secrétaire d'État, etc. Nous avons besoin que l'on continue de financer la recherche afin de s'assurer non seulement que la recherche est faite mais également que des mesures sont prises.

    Il est urgent d'agir. Ce rapport en particulier sera présenté au pays dans quatre ans. Nous avons déjà perdu trop d'enregistrements du simple fait qu'ils ne survivent pas au-delà de dix ans. Il nous faut immédiatement trouver une façon de faire en sorte que toutes nos collectivités commencent à transférer leurs histoires et à les préserver correctement, ce qui aiderait tous les Canadiens à comprendre qui nous sommes.

    Merci.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick (Simcoe—Grey, Lib.)): Merci, Catherine.

    Avant de passer aux témoins suivants, j'aimerais tout simplement dire que le comité reconnaît qu'il est difficile en si peu de temps d'aborder toutes les questions que vous aimeriez aborder, mais soyez assurés que vos mémoires écrits seront pris en compte comme il se doit. Presque tous les témoins qui comparaissent devant le comité préparent également un mémoire écrit, et tous mes collègues en prennent connaissance avant de tirer des conclusions.

    Le prochain exposé sera présenté par la Native Communications Society of the Western NWT.

    Elizabeth.

+-

    Mme Elizabeth Sabet-Biscaye (directrice exécutive, Native Communications Society of the Western N.W.T.): [Le témoin parle dans sa langue autochtone.]

    J'ai dit que je vous savais gré de l'occasion qui m'est donnée de venir vous parler de ce service très important que nous vous offrons, et je vous remercie beaucoup.

    Je suis directrice exécutive de la Native Communications Society of the NWT. La société a été constituée en personne morale en 1972. Nous offrons des émissions de radio et de télévision en langue dénée aux 27 collectivités des Territoires du Nord-Ouest, moins celles qui ont des problèmes de matériel en ce moment, c'est-à-dire environ six collectivités.

    Cet examen arrive au bon moment, étant donné les changements importants que l'on connaît actuellement dans le domaine des communications, sur le plan politique, de la technologie, etc. Tout changement qui est apporté au réseau canadien de radiotélédiffusion devrait refléter les changements qui se sont produits, notamment pour ce qui est du rôle des radiodiffuseurs autochtones, car nous offrons un service tout à fait vital.

    Cet examen devrait avoir un impact entre autres sur le PAANR, car ce programme assure un financement vital aux radiodiffuseurs autochtones, ce qui leur permet d'offrir un service essentiel. Il est essentiel car sans ce service, de nombreux renseignements ne seraient pas transmis aux bénéficiaires de ces programmes gouvernementaux qui sont des non-Autochtones et des Autochtones, car nous leur donnons également de l'information à notre sujet, en tant que peuple. Cela permet de les sensibiliser afin qu'ils comprennent notre culture.

    Nos services ne comprennent pas uniquement la musique, la météo, l'état des routes, même si ce sont là des services essentiels dans les Territoires du Nord-Ouest. Il s'agit également de tenir les gens informés et de leur donner l'occasion de participer à ce qui se passe, et à prendre des décisions. Nous les tenons au courant de l'actualité, de façon à ce qu'ils aient l'occasion comme c'est le cas aujourd'hui de donner leur opinion, de comprendre ce dont il s'agit, car ils en ont entendu parler non seulement du point de vue autochtone, mais également, dans de nombreux cas, dans leur propre langue.

    Traditionnellement, nous sommes des raconteurs. La radio, la télévision et dans certains cas les journaux nous donnent le moyen de le faire de façon efficace, dans bien des cas dans notre propre langue. Malheureusement, étant donné que les fonds et les autres ressources sont limités, nous avons constamment de la difficulté à maintenir ce service qui est tout à fait essentiel. Les problèmes se situent au niveau du manque de matériel, ou du matériel désuet, du défi que représentent les diverses langues et les divers niveaux d'acquisition du langage. Je pense qu'on a fait allusion à l'acquisition de la terminologie, etc. Il y a également les possibilités de formation, ou le manque de formation.

    Je n'énumérerai pas toutes les autres préoccupations qui ont été exprimées par mes collègues, mais votre comité peut avoir un impact positif sur les services que nous offrons. Vous pouvez vous assurer que des changements sont apportés afin d'illustrer le rôle important que les radiotélédiffuseurs autochtones jouent au sein de la société canadienne.

    Comme mes collègues, je voudrais moi aussi vous inviter à venir dans les Territoires du Nord-Ouest afin que vous puissiez vous rendre compte sur place des défis que nous avons à surmonter. À titre d'exemples, mentionnons le coût du déplacement d'une collectivité à l'autre et les conditions météorologiques. Comme Catherine l'a mentionné, certaines personnes sont coincées en raison du mauvais temps. Cela arrive régulièrement. Vous pourriez alors constater l'impact qu'a notre programme sur les gens. Souvent, lorsque vous vous rendez dans les collectivités, on vous parle de la programmation autochtone.

½  +-(1915)  

    Les radiotélédiffuseurs autochtones ont établi une présence dans nos collectivités, dans nos régions, dans nos territoires, dans nos provinces et, en général, au Canada. Je pense qu'il est très important de maintenir cette présence. Cependant, pour que nous puissions offrir nos programmes et services de façon efficace et efficiente, nous avons besoin du soutien de votre comité.

    Marshi cho.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci beaucoup.

    Nous allons maintenant entendre David McLeod, de la Native Communications Incorporated.

+-

    M. Dave McLeod (directeur exécutif, Native Communications Incorporated): Merci.

    J'aimerais tout d'abord vous parler un peu de notre groupe, NCI. NCI a été constitué en corporation conformément aux lois du Manitoba en 1971. Nous avons commencé avec un groupe de simples citoyens qui voulaient entendre les langues autochtones, un contenu communautaire et de la musique autochtone. Nous avons une longue histoire dans le nord et également maintenant dans le sud. Nous avons 49 postes émetteurs dans la province du Manitoba, de Winnipeg jusqu'à Churchill. Nous faisons également de la télévision, nous sommes actuellement à l'étape de la rédaction d'une série de 13 émissions d'une demi-heure pour la télévision.

    C'est un honneur d'être ici aujourd'hui. Je veux ajouter également que c'est un honneur de travailler dans l'industrie actuelle—la radiotélédiffusion autochtone. Au cours des trois derniers jours, nous nous sommes tous assis ensemble et nous avons partagé. Nous avons des expériences et des histoires semblables, comme vous l'avez entendu. C'est agréable d'être ici. On se sent à l'aise lorsqu'on est avec un groupe de radiodiffuseurs qui ont tellement de points en commun.

    Je voudrais faire un bref exposé au nom de certains membres du Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion. Je voudrais d'abord parler du programme comme tel. Il représente un investissement annuel de 8 millions de dollars pour la radiodiffusion autochtone, et ce montant a permis d'avoir une industrie reconnue qui dessert aujourd'hui toutes les régions du Canada à la radio et à la télévision. Le programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion rassemble 13 sociétés de communications autochtones sans but lucratif qui sont partie intégrante du tissu culturel canadien et qui servent également à élargir et à diversifier la participation des médias au Canada.

    Les 13 sociétés qui participent au programme desservent maintenant un auditoire que nous évaluons à plus de 500 000 personnes. Cela inclut bon nombre de non-Autochtones également. Comme nous le savons, les gens font des demandes téléphoniques. Les gens aiment bien les stations avec lesquelles nous travaillons et les émissions de télévision. Collectivement, nos sociétés offrent un service public unique qui informe, divertit et offre un lien vital et de très grande valeur, particulièrement pour les collectivités du Nord et éloignées.

    Nous, radiotélédiffuseurs autochtones, desservons toutes les régions du Canada grâce à un type de journalisme, à une musique, à un divertissement et à un contenu culturels uniques. Par ailleurs, nous préservons l'histoire en recueillant et en conservant des documents historiques, des photos, des enregistrements audio, des films, des vidéos qui seront transmis à la génération suivante. Nos 13 sociétés jouent par ailleurs un rôle essentiel pour préserver et promouvoir les langues autochtones. En un sens, nous sommes le radeau de sauvetage de plus de 5 000 collectivités, y compris de nombreux centres urbains où les langues autochtones ne peuvent être entendues qu'à la radio.

    Les statistiques au sujet de nos réalisations sont assez étonnantes: 35 000 heures en langue autochtone par an et 90 heures en langue autochtone à la télévision. Il faut souligner que bon nombre des sociétés de communications autochtones font cela quotidiennement malgré de graves problèmes sociaux, et elles réussissent néanmoins à s'acquitter de leur mandat. Ces problèmes sont entre autres le coût élevé de la vie, les coûts de transport et l'éloignement. Malgré ces défis, au cours des 20 dernières années, nos 13 sociétés ont eu du succès et ont dépassé de loin l'intention initiale du programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion.

    Il y a trois points d'ordre général que j'aimerais aborder avec vous également. La position des radiotélédiffuseurs autochtones devrait être élargie dans la Loi sur la radiodiffusion. Le gouvernement canadien doit s'engager à reconnaître et à garantir les opérations futures des 13 membres du Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion.

    Deuxièmement, nous avons un besoin urgent de fonds pour l'archivage et la conservation des documents que nous collectionnons. Bon nombre de bandes vidéo et audio contenant des histoires traditionnelles, les points de vue historiques, se détériorent et ne pourront être remplacées si on les perd.

½  +-(1920)  

    Par exemple, c'est ce qui est arrivé à une bande vidéo sur laquelle un de nos aînés racontait une histoire, lorsqu'on a présenté cette bande vidéo, c'est avec beaucoup de tristesse que les gens dans la salle ont vu qu'il y avait une barre au milieu de l'image dont on ne pouvait se débarrasser, mais l'enregistrement audio était toujours intact. Il est essentiel de faire l'archivage, pas seulement pour les groupes autochtones. C'est pour les Canadiens également. Il y a par ailleurs un intérêt mondial pour notre programmation, et il faudrait le reconnaître.

    Troisièmement, il faudrait un engagement de financement qui reconnaisse le succès de l'histoire de l'industrie de la télévision et de la radio autochtones et qui s'appuie sur son succès. Comme on l'a dit, la population autochtone est le segment de la population au Canada qui augmente le plus rapidement, tant au niveau communautaire qu'urbain. Ce phénomène démographique imposera de très grandes exigences aux radiotélédiffuseurs autochtones canadiens. Il est donc essentiel d'augmenter le financement pour assurer le succès continu et le développement de notre industrie.

    En conclusion, le PAANR assure le financement de base à toutes nos organisations. Le programme a été créé en 1983 comme un nouveau départ. C'est malheureusement là où le financement est resté, au point de départ.

    Les 13 groupes ont tous réussi à survivre et à avoir du succès au cours des 20 dernières années malgré le fait que nous devions relever les mêmes défis que les chaînes grand public. Pour vous donner quelques exemples, il y a les nouvelles technologies de production et de distribution, la formation du personnel, la mondialisation, et le développement continu de nouvelles programmations qui doit constamment répondre aux exigences de l'auditoire que nous desservons.

    J'aimerais vous remercier de cette occasion, et comme les autres l'ont fait, nous voulons certainement inviter le comité permanent à venir visiter nos installations, rencontrer les membres de notre personnel et voir directement ce que nous faisons. Je suis certain que vous serez intrigués par le dévouement, la créativité et la programmation unique que nous produisons dans toutes les régions du Canada quotidiennement.

    Megweth, merci.

½  +-(1925)  

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci, David.

    Nous lancerons également l'invitation à Radio-Canada.

    Peter.

+-

    M. Peter Skinner (gestionnaire de programme, Société Radio-Canada): Merci de me donner l'occasion de venir ici prendre la parole. Je suis privilégié d'être à la même table que les radiodiffuseurs qui assurent une programmation locale à la population autochtone partout au Canada, et surtout dans le Nord.

    Je profite de l'occasion pour parler de CBC North Radio. Je suis le gestionnaire de programme pour CBC North Radio dans les Territoires du Nord-Ouest. Je représente aujourd'hui mes collègues du Yukon, du Nunavut, du Nunavik et du Nord du Québec.

    Parmi les régions de diffusion de Radio-Canada, celle de CBC North Radio entretient avec ses auditeurs le lien le plus considérable, le plus immédiat et le plus ancien. CBC North Radio diffuse en effet sur une superficie de plus de 3,5 millions de kilomètres carrés, sur cinq fuseaux horaires. Nous avons une audience de 125 000 personnes. Nous diffusons en anglais et dans huit langues autochtones: l'inuktitut, le cri, le dogrib, le north slavey, le south slavey, le chippewyan, le gwich'in et l'inuvialuktan. Pour chaque région, nous offrons un mélange de programmation en langue anglaise et en langue autochtone, la proportion variant, soit pour le Yukon, 41 heures en langue anglaise et une heure en langue autochtone par semaine; à parts égales pour les Territoires du Nord-Ouest, soit environ 35 heures par semaine en langues autochtones et 35 heures en anglais; pour le Nunavut, où la production radiodiffusée totalise 62 heures par semaine en inuktitut et en anglais, sur trois fuseaux horaires; et le Nord du Québec, qui produit 16 heures de programmation par semaine. Nous sommes captés dans toutes les localités des territoires et du Nunavik.

    Le mandat de la SRC, celui que nous exécutons à CBC North, consiste à servir de lien pour notre auditoire, à le refléter, à l'informer et à favoriser sa participation. Notre auditoire est fort divers, allant de populations de centres urbains—de taille assez considérable pour le Nord, à savoir 18 000 à 20 000 personnes pour des agglomérations comme Whitehorse et Yellowknife—à des localités composées surtout d'Autochtones, et comptant dans certains cas moins de 100 personnes.

    Sur le plan linguistique, l'inuktitut est la langue parlée par 80 p. 100 des habitants du Nunavut. Nous diffusons également en gwich'in, langue que parlent moins de 200 personnes des Territoires du Nord-Ouest.

    La radio s'est établie dans le Nord en 1958, au moment où la SRC a commencé à prendre le relais de stations militaires et communautaires à Whitehorse et Dawson City au Yukon; à Aklavik, Fort Smith, Hay River et Yellowknife dans les Territoires du Nord-Ouest; à Churchill, au Manitoba; et à Goose Bay, au Labrador. Les deux dernières localités ne font plus partie du réseau de CBC North.

    Avec la croissance au fil des années, depuis 1958, l'organisation a établi des centres de gestion de production dans le Nord: studios à Whitehorse, Yellowknife, Inuvik, Rankin Inlet et Iqaluit; bureaux à Dawson City, Fort Smith, Cambridge Bay et Kuujjuak, ainsi que notre service en langue crie, produit à partir de la Maison de Radio-Canada, à Montréal.

    Selon une enquête récente auprès des habitants du Nord effectuée par Environics, 45 p. 100 des personnes interrogées ont déclaré écouter CBC North Radio le matin durant notre période de grande écoute, soit une part d'auditoire que nous envient les autres composantes de Radio-Canada.

    CBC North est l'organisation de collecte de nouvelles la plus considérable du Nord. Divers journaux qui ciblent des créneaux régionaux sont publiés deux ou trois fois la semaine. Le Globe and Mail et le National Post ne parviennent dans nos localités que vers le milieu de la matinée, de sorte que les gens se tournent tout d'abord vers nous pour les actualités et les affaires courantes.

    Nous fournissons des nouvelles locales, régionales, nationales et internationales. De plus, CBC North a pour mandat de produire, de parrainer et de soutenir les événements artistiques et culturels. Nous animons, par exemple, le True North Concert, vitrine annuelle qui réunit des interprètes de toutes les régions du Nord, que nous rendons accessible aux petites localités, en leur offrant ainsi une occasion rare.

    Nous comptons des Autochtones parmi nos animateurs, nos journalistes et notre personnel de soutien. Deux de nos gestionnaires de programme à la radio sont des Autochtones, et cinq des producteurs qui occupent des postes clés en matière de journalisme sont également des Autochtones. Sabet a abordé l'aspect du défi que représente la radiodiffusion dans le Nord. Pour nous, l'information concernant la météo et les conditions routières relève du domaine de la survie, de sorte qu'elle prend une tout autre signification lorsque l'on vit dans les Territoires du Nord-Ouest ou au Nunavut.

    Comme on le dit parfois au sujet de la politique, toute activité radiophonique a essentiellement un caractère local. Les gens écoutent la radio pour apprendre ce qui se passe chez eux, à l'échelle locale. Or, lorsque l'échelle locale dépasse le million de kilomètres carrés, cette réalité prend un sens nouveau et ce n'est pas une mince tâche que de couvrir les actualités et les affaires courantes à partir de nos centres de production. Le défi est parfois difficile à relever. Cependant, nous sommes soucieux d'aller au devant des besoins de notre auditoire, tout en composant avec tous les bouleversements qui ont lieu dans le domaine des médias. Lorsque le service CBC Northern a été créé en 1958, la télévision par satellite n'existait pas, pas plus que la télévision par câble ou Internet. Le système MF était peu répandu. Au fil des ans, tous ces nouveaux médias ont apporté des sources d'information extérieures, la culture de l'extérieur, et voilà l'un des grands défis que nous avons à relever et que nous partageons avec les autres radiodiffuseurs autochtones.

½  +-(1930)  

    Nous nous efforçons constamment de recruter des locuteurs autochtones, même si le bassin démographique est extrêmement restreint et s'il n'est pas évident de trouver des gens qui ont la compétence linguistique, la capacité d'animation, et la formation en journalisme. Il arrive souvent que les intéressés ne soient pas disposés à quitter leur petite localité d'origine pour déménager vers nos centres de production de plus grande taille. Également, dans le cas des Territoires du Nord-Ouest, le secteur gouvernemental, avec ses salaires parfois plus élevés, vient nous faire concurrence, de même que des entreprises comme celles du secteur diamantaire, où la rémunération est certainement supérieure à celle qu'offre Radio-Canada.

    Nous poursuivons cependant nos activités, étant donné que notre mandat consiste à agir comme rassembleur, à refléter la réalité et à informer les gens. Notre activité a l'avantage également de favoriser la diffusion et l'utilisation des langues autochtones et de garantir peut-être ainsi leur préservation.

    Pour terminer, permettez-moi de dire que nous espérons poursuivre l'activité de CBC North Radio, continuer à être utiles et à servir de lien entre les gens qui sont à notre écoute dans le Nord.

    Merci.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Cathie, à vous maintenant.

+-

    Mme Cathie Bolstad (directrice régionale, Société Radio-Canada): Je vous remercie de me donner l'occasion de prendre la parole aujourd'hui. Tout comme Peter, je me sens bien petite devant certains des défis qui sont les nôtres, mais il faut dire que ceux que doivent relever nos petites organisations autochtones sont souvent bien plus considérables que ceux qu'affronte la Société Radio-Canada.

    Permettez-moi tout d'abord de me présenter. Je m'appelle Cathie Bolstad. Je suis la directrice régionale de la télévision pour le Nord. J'habite Yellowknife et j'ai vécu dans le Nord toute ma vie. Je suis née à Whitehorse, et j'ai y grandi. J'ai maintenant un défi à relever à Yellowknife. Ce soir, j'aimerais aborder avec vous quatre aspects.

    Tout d'abord, j'aimerais parler de la région où nous diffusons. Tous ceux qui sont ici vous en ont déjà parlé abondamment. J'aimerais également aborder l'aspect de la programmation que diffuse CBC North Television dans cette région, qui est destinée aussi bien à notre auditoire régional qu'à celui que constitue l'ensemble des Canadiens. J'aimerais vous parler brièvement de l'équipe de Radio-Canada qui assure le service de télévision et, enfin, j'aimerais aborder deux grands défis qui, à mon avis vous concernent, pour ce qui est de la radiodiffusion dans le Nord.

    En premier lieu, la zone de diffusion de la CBC North Television correspond au tiers de la superficie terrestre du Canada, à savoir le Yukon, les Territoires du Nord-Ouest, le territoire du Nunavut, le Nord du Québec, ainsi que la région crie de la baie James. Comme ceux qui ont pris la parole aujourd'hui vous l'ont fait savoir, il s'agit d'une région riche et diverse sur le plan de la culture et des langues. Notre défi, à titre de radiodiffuseur public du Canada, consiste à servir cet auditoire et à le bien servir. Il n'existe aucun journal quotidien, sauf à Whitehorse, dans notre région, et bon nombre des petites localités n'ont pas accès aux services Internet à haute vitesse. Les communications s'y font par satellite et ce serait donc trop coûteux.

    La radio et la télévision jouent donc un rôle d'une extrême importance auprès des habitants du Nord pour ce qui est de fournir les nouvelles, les émissions d'affaires courantes, la météo, ainsi que l'information à l'échelle locale et nationale. Paul Quassa vous a parlé de la prolifération des chaînes de télévision, qui fait en sorte que notre importance comme radiodiffuseur diminue constamment. Notre rôle par contre est d'autant plus important puisqu'il consiste à faire connaître l'histoire de nos populations du Nord, leurs langues et leurs cultures, et de veiller à ce que ces divers aspects fassent partie des choix de notre auditoire.

    CBC North Television produit trois émissions régionales. La première, Northbeat, une émission quotidienne d'une demi-heure produite du lundi au vendredi, dans le cadre de l'émission Canada Now de CBC, diffusée à l'heure du souper. L'émission est surtout diffusée en anglais et elle contient des reportages provenant des diverses régions qui relèvent de notre service. Il s'agit de nouvelles, de météo, d'affaires courantes, d'images de ces gens du Nord ordinaires qui font des choses extraordinaires, de rencontres avec nos anciens, de chroniques sportives, sociales et artistiques.

    Il s'agit, comme je vous l'ai dit, d'une émission de nouvelles, surtout en anglais, bien que certains segments soient diffusés à l'occasion en langue dénée. Nous ne disposons que d'un bassin restreint de personnes parlant les langues dénées. De plus, l'accès à ces personnes est parfois compliqué pour des raisons ayant trait aux déplacements, comme on l'a souligné plus tôt, de sorte qu'il n'est pas facile d'obtenir des entrevues dans ces langues. Nos journalistes nous ont fait valoir cet aspect. Nous avons été en mesure de sous-titrer l'émission depuis septembre, du fait que nous faisons partie d'une organisation plus vaste. Voilà donc pour l'une de nos émissions.

    Nous produisons également à Yellowknife, ou à partir de Yellowknife, l'émission CBC Igalaaq, une émission quotidienne de nouvelles d'une durée d'une demi-heure. Diffusée entièrement en inuktitut, l'émission vise surtout les publics unilingues ou bilingues du Nunavut. Elle englobe l'ensemble des nouvelles concernant le Nord, mais l'accent y est mis tout particulièrement sur des questions qui intéressent les Inuits.

    Pour vous donner un exemple de l'intégration d'une telle émission à notre rôle de radiodiffuseur public national, l'émission du 11 septembre contenait les mêmes images que celles diffusées sur toute la télévision du Canada, avec traduction en inuktitut des reportages, de sorte que notre public du Nord était mis au courant de la situation et de son évolution.

    Ces deux émissions quotidiennes sont acheminées vers deux canaux de distribution auxquels CBC North fait appel, l'un destiné au Yukon, où seule l'émission CBC Northbeat est diffusée, étant donné qu'il n'y existe pas de public inuit pour CBC Igalaaq, et le deuxième assure la diffusion des deux programmes aux Territoires du Nord-Ouest et au Nunavut.

½  +-(1935)  

    La troisième émission que nous produisions provient du bureau cri de Montréal, dont le personnel est entièrement cri. Il s'agit de personnes trilingues, qui parlent aussi bien l'anglais, le français que le cri. L'émission hebdomadaire d'affaires courantes Maamuitaau est diffusée depuis 20 ans. On y explore les divers enjeux critiques pour la population crie du Nord du Québec. Elle est diffusée sur les réseaux de télévision de langue française et de langue anglaise de Radio-Canada, en circuit fermé.

    Les trois émissions sont rendues disponibles au Aboriginal Peoples Television Network dans le cadre d'un accord d'approvisionnement en émissions que nous négocions à titre de radiodiffuseur du secteur.

    Bien que notre émission en langue crie soit diffusée en cri seulement sur le réseau de télévision de langue française et de langue anglaise de Radio-Canada, nous la sous-titrons en anglais et la fournissons à ATN, à la demande de cet organisme, de manière à valoriser l'émission et à lui donner une diffusion plus vaste.

    CBC North transmet également en direct les résultats des élections territoriales. À l'occasion, nous diffusons une programmation d'intérêt communautaire. Par exemple, lorsque Roy Romanow a visité le Nord sans pouvoir se rendre dans toutes les localités, nous avons assuré la diffusion du processus.

    Il s'agit là d'un aspect important de notre travail à titre de radiodiffuseur public national. Cependant, en plus des activités de production et de diffusion destinées à la région elle-même, nous devons également faire connaître le Nord à l'ensemble des Canadiens. L'an dernier, 300 reportages de notre région ont été diffusés aux divers services de nouvelles et d'affaires courantes de CBC Newsworld et de la télévision de la SRC. Nous avons diffusé d'autres émissions spéciales, notamment la cérémonie d'ouverture des Jeux d'hiver de l'Arctique 2002, ainsi que des spectacles commandés dans le Nord et mettant en vedette des gens du Nord. La liste est longue et nous pouvons vous la fournir sur demande.

    En dernier lieu, une autre activité, assez nouvelle, qui se déroule dans le Nord mérite d'être soulignée: il s'agit du soutien accordé aux producteurs indépendants. Nous en sommes à notre troisième année. Il s'agit d'une période d'apprentissage pour nous. Nous soutenons un certain nombre de projets, dont certains documentaires, une série humoristique mettant en vedette des gens du Nord, ainsi qu'à certaines sélections cinématographiques hebdomadaires. Nous avons abouti à une combinaison fort intéressante de ces diverses émissions, qui reflète les valeurs et les cultures de nos collectivités.

    Notre équipe est petite, mais j'ose la qualifier «de formidable et d'enthousiaste». Environ 40 p. 100 des gens qui travaillent pour la SRC sont des Autochtones. C'est avec ardeur et enthousiasme que tous les membres de notre personnel travaillent au service de la population canadienne.

    Si j'ai consacré un certain temps à décrire notre programmation, c'est que certains résultats de recherche concernant ceux qui reçoivent nos émissions nous inquiètent. Il s'agit d'une programmation fort importante du fait qu'elle permet de partager la culture et la langue de ceux que nous desservons et de les faire connaître à l'ensemble des Canadiens. Cependant, le sondage que nous avons confié cet été à Environics nous a appris des choses passablement inquiétantes. Par exemple, 39 p. 100 des résidents du Nord qui vivent dans notre région de diffusion sont alimentés par Star Choice et ExpressVu, deux transporteurs qui ne diffusent pas la programmation de CBC North. Cela veut dire que 39 p. 100 des Canadiens du Nord, ceux qui choisissent le satellite pour la télévision, n'ont pas accès aux émissions de CBC North.

    L'effet de cette situation était quelque peu atténué alors que notre programmation était transportée sur le réseau de distribution nationale d'APTN. Tel n'est plus le cas, cependant. Les câblodiffuseurs ont cessé leurs activités dans le Nord et confié la diffusion à ExpressVu. La situation prend de l'ampleur. La diffusion par satellite devient prépondérante, de sorte que les gens du Nord n'ont plus accès à la programmation destinée au Nord. Il importe donc d'intervenir pour assurer la protection de la langue et de la culture. Ce ne sont pas nos agents de programmation qui peuvent y faire quelque chose. Nous demandons à votre comité de vous pencher sur la question.

    Avant de terminer, j'aimerais également vous signaler que 13 p. 100 des résidents du Nord reçoivent le service par satellite ou le service de télévision par voie aérienne, soit par un transmetteur dont la SRC est le propriétaire ou l'exploitant, soit par un transmetteur appartenant à une collectivité et exploité par cette dernière. En janvier 2001, lorsque la SRC a numérisé son service de distribution de télévision, nous avons installé des récepteurs numériques dans toutes les localités, quel que soit le propriétaire ou l'exploitant. Malgré tout cela, certaines petites localités s'efforcent de maintenir et d'administrer leurs services de transmission. Ils leur arrivent d'être hors service durant des mois. Les téléspectateurs concernés—qui ne peuvent se payer Star Choice, ExpressVu, ou le câble—ne sont pas en mesure d'avoir accès à notre service. Voilà un aspect sur lequel il faudra se pencher.

    Voilà donc, selon moi, les deux aspects essentiels. Je souhaite que vous vous penchiez sérieusement sur les infrastructures de transmission qui doivent assurer la diffusion d'un ensemble de programmation importante à laquelle les Canadiens du Nord doivent avoir accès.

    Merci beaucoup.

½  +-(1940)  

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci, Cathie.

    Je m'excuse de vous bousculer, mais je sais que mes collègues vont vouloir poser des questions.

    Je vais commencer par madame Gagnon.

[Français]

+-

    Mme Christiane Gagnon (Québec, BQ): Merci de nous avoir présenté vos points de vue et surtout de nous avoir présenté la réalité que vous devez affronter au quotidien. Nous aurions aimé, comme membres du comité, aller sur place afin de constater de visu les défis que vous devez affronter aujourd'hui.

    Un des enjeux qu'on est en train d'examiner est celui de la disponibilité. Il y a aussi tous les équipements et le soutien technique qu'on devrait avoir dans un univers en bouleversement où il faut beaucoup de nouvelles technologies pour produire, à moindre coût, des émissions de meilleure qualité dans lesquelles la population se reconnaît.

    Mais il y a aussi l'importance de pouvoir diffuser ces émissions et de les rendre accessibles. Un des enjeux est le satellite, et je suis heureuse de voir qu'on a souligné toute la problématique de la non-disponibilité de la programmation locale parce que, selon ce que nous dit le propriétaire de réseaux satellites, on n'a pas accès à des canaux pour pouvoir les diffuser.

    Qu'est-ce que vous nous suggérez comme action auprès du CRTC? J'ai demandé que le CRTC oblige les transmetteurs par satellites à diffuser la programmation locale, mais on m'a répondu que c'était une question de disponibilité de canaux pour répondre à l'ensemble de la réalité canadienne et québécoise.

    Je voudrais vous demander ce qu'il faudrait, en termes de besoins, pour pouvoir diffuser l'ensemble des émissions locales et régionales de la région du Grand Nord. Je vois ici qu'il y a plusieurs réalités.

    Je ne sais pas qui pourrait répondre à mes questions, mais est-ce que vous avez fait une évaluation? Si vous ne pouvez pas le faire ce soir... Il est important que nous comprenions cet enjeu. Que veut dire cet enjeu pour vos différentes localités?

½  +-(1945)  

[Traduction]

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Quelqu'un veut-il répondre à cette question?

    Catherine.

+-

    Mme Catherine Ann Martin: Je n'ai pas la compétence technique voulue pour répondre, mais j'estime que nous disposons de cette compétence, même s'il faudrait un certain temps avant de répondre. Les intervenants me permettent de constater les difficultés des membres du PAANR, et même des radiodiffuseurs grand public. Il semble que, étant donné que nous sommes en transition, nous devons nécessairement mettre à jour, mettre à niveau et adopter des techniques de pointe, il se peut que le PAANR et l'APTN soient en mesure d'apporter quelque chose aux radiodiffuseurs grand public.

    Nous sommes en mesure à l'heure actuelle...compte tenu du fait que nous sommes si nouveaux, que notre matériel est très nouveau, à certains égards... Nous envisageons également la nécessité de faire progresser nos groupes du Nord. Il faudrait évidemment des discussions en profondeur avec les experts techniques de chacun de nos groupes du PAANR, et il faudrait déterminer s'il existe des possibilités de partenariat—et de prestation de services de notre part—à l'égard de ceux qui en ont besoin.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Comme vous l'a dit madame Gagnon, n'hésitez pas à intégrer toutes les réponses à ses questions dans vos mémoires.

    Madame Lill.

+-

    Mme Wendy Lill (Dartmouth, NPD): Merci beaucoup. Je suis honorée de vous entendre et de bénéficier du fait que vous ayez pris la peine de venir ici pour nous faire connaître la réalité de votre travail. Je formulerai tout d'abord certains commentaires, après quoi je poserai des questions.

    À premier lieu, je tiens à dire à Dave McLeod que j'ai bien entendu ce qu'il a dit. Il est assez particulier que nous ayons des difficultés de micro dans cette salle, compte tenu du fait que vous avez pratiquement tous passé des milliers d'heures devant des microphones sans avoir eu quelque problème que ce soit. Nous savons bien que notre technologie n'est pas nécessairement à la hauteur.

    Monsieur McLeod, vous parlez de 35 000 heures par année de programmation. Le chiffre est époustouflant. Je dois dire que bon nombre de ceux qui ont comparu devant notre comité sont loin de respecter leurs mandats aux termes de la Loi sur la radiodiffusion et leurs engagements à l'égard du CRTC. Voilà qui nous en dit long, même si c'est à peine croyable.

    Monsieur Quassa, vous nous dites qu'il y avait deux fois plus de programmation environ au début des années 90 que ce n'est le cas à l'heure actuelle. J'aimerais en savoir davantage à ce sujet et vous entendre dire pourquoi votre programmation a diminué puisque, en effet, la chose est fort inquiétante. La Loi sur la radiodiffusion n'est certainement pas censée avoir pour effet une baisse dans la programmation. Elle vise au contraire à la dynamiser. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet.

    J'aurais également une question à adresser à quiconque voudrait bien y répondre. Nous avons abordé l'aspect de la concentration des médias et de ses répercussions dans le Nord. Quelqu'un pourrait-il nous en dire davantage sur les répercussions de la concentration des médias sur votre auditoire et sur votre travail, qui consistent à préserver la culture.

    J'aimerais également savoir si certaines décisions du CRTC font entrave à votre travail. Je vous rappelle que vous n'avez pas à répondre à toutes ces questions dès maintenant si vous préférez le faire par écrit.

    Un intervenant a parlé également de modifier le libellé de la Loi sur la radiodiffusion de manière à garantir et protéger votre mandat actuel. Notre comité vous serait reconnaissant de lui fournir toute modification de libellé que vous jugez utile, étant donné que notre travail consiste notamment à formuler des recommandations au sujet de la Loi sur la radiodiffusion.

    Comme dernier commentaire, je dois dire que j'ai été passablement troublé d'apprendre que le radiodiffuseur public n'est pas disponible pour 39 p. 100 des résidents du Nord du fait qu'ils sont alimentés par ExpressVu ou Star Choice. Voilà qui est passablement aberrant. Le radiodiffuseur public est censé justement être public et accessible à l'ensemble des Canadiens. Il est très important pour nous d'être mis au courant de cette situation, d'en prendre bonne note et d'agir en conséquence.

½  +-(1950)  

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Monsieur Quassa, je vous en prie.

+-

    M. Paul Quassa: Merci beaucoup.

    Je serai bref. Sur le plan budgétaire, en 1999, le PAANR a fourni environ 13,2 millions de dollars. Cependant, en 2002, la disponibilité a baissé fortement, passant à 7,9 millions de dollars. Encore là, ce fut à cause des compressions budgétaires du gouvernement fédéral. En plus, comme nous l'ont signalé divers intervenants, le matériel est devenu vétuste. Les pannes de matériel sont l'un de nos problèmes les plus graves. Dans certains cas, il est si vétuste qu'il n'existe plus de pièces pour le réparer. Également, l'IBC était financée à hauteur de 2,2 millions de dollars au début. À l'heure actuelle, nous ne disposons que de 1,3 million de dollars.

    Il faut donc attribuer la situation aux compressions budgétaires. De plus, les problèmes liés au matériel ont certainement contribué à ce résultat malheureux.

+-

    M. Bert Crowfoot (directeur général, Aboriginal Multi-Media Society of Alberta): Deux sociétés ne reçoivent pas de financement pour la télévision et en font pourtant. Elles financent l'activité à même leurs ressources. Il s'agit dans un cas de la Saskatchewan et, dans l'autre de la société d'Elizabeth.

+-

    Certaines des sociétés ont été prises dans la tourmente des compressions. Quatre d'entre elles, il me semble, devaient passer à la télévision mais, à cause des compressions, nous nous bornons à la radio en Alberta. Certaines sont hybrides, et d'autres ont fait cavalier seul.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci, monsieur Crowfoot.

    Madame Adamson.

+-

    Mme Shirley Adamson: Les compressions ont touché de façon assez uniforme l'ensemble des agences de radiodiffusion. Nous avons tous subi des réductions légèrement supérieures à 37 p. 100 de notre financement de base, de sorte que les répercussions sont très considérables. Notre budget d'exploitation est à peine supérieur à un million de dollars. Nous produisons chaque jour 13 heures de programmation en direct, et nous diffusons des émissions enregistrées durant le reste de la journée. Nous produisons 24 émissions d'une demi-heure pour l'APTN. Il s'agit d'une émission d'affaires courantes, qui est également notre émission de prestige.

    Ainsi, toute réduction du financement entraîne immédiatement des répercussions considérables.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci, madame Adamson.

    Monsieur Duplain.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain (Portneuf, Lib.): Vous êtes heureux d'être ici, mais nous sommes aussi très heureux de vous recevoir. Je pense que si on n'a pas pu aller voir, c'est un demi-mal, puisque vous êtes ici, et comme c'est télévisé, je pense que beaucoup de personnes peuvent aujourd'hui écouter vos doléances. Pour ma part, j'ai été chanceux parce que mon travail m'a amené à aller à Saluit, à Kuujjuuak et à des endroits comme ceux-là. J'ai donc pu visiter un peu et voir de quoi avaient l'air les stations de télévision et de radio là-bas. J'ai surtout découvert des gens formidables et un paysage vraiment extraordinaire.

    Mme Lill a posé ma question. Ce qui m'intéresse beaucoup, ce sont les changements ou les amendements à la loi que vous demandez. J'aimerais beaucoup que vous nous parliez des amendements et des accommodements dont vous avez besoin.

    Mme Gagnon a aussi parlé des accommodements quant au CRTC. Il serait important que vous nous fassiez parvenir cela dans vos mémoires.

    Ma deuxième question portait sur les compressions; vous venez d'y répondre aussi.

    Monsieur Hervieux, vous avez parlé du financement qui venait de la province. Est-ce qu'il y a des choses qui vous empêchent d'avoir du financement de sources autres que la province? Est-ce que vous êtes autonomes aujourd'hui, ou si vous avez encore du financement provincial?

½  +-(1955)  

+-

    M. Bernard Hervieux: Comme je vous le disais dans ma présentation, on a commencé à mettre sur pied des radios communautaires dans les années 1980. Pendant cette période-là, les équipements au niveau de chaque station locale étaient financés par le ministère des Communications. Lorsqu'on a créé la SOCAM et regroupé les radios, on a obtenu des subventions provenant du Programme d'accès des Autochtones du Nord à la radiotélédiffusion. À ce moment-là, à partir de 1983, pendant trois ou quatre années, si je me souviens bien, on recevait des montants de 1,2 million de dollars pour des opérations de la SOCAM. On avait trois centres de production dans des régions du Québec. Aujourd'hui, on reçoit une subvention de 550 000 $ par année. Elle a donc été coupée de plus de la moitié.

    En ce qui concerne le ministère des Communications du Québec, évidemment, on sait que le gouvernement du Québec fait de son mieux pour appuyer les radios communautaires autochtones. Entre autres, il offre des subventions pour permettre aux stations locales d'engager un agent de liaison ou un conseiller technique, ou pour les aider à présenter des projets de demandes.

    Mais le ministère des Communications du Québec soutient les radios avec des sommes très minimes, qui représentent peut-être à peine 10 000 $ par année, pour des opérations ou pour payer l'entretien des équipements. La première année, quand il avait investi de l'argent pour mettre sur pied les radios communautaires--c'était, comme je vous l'ai mentionné dans ma présentation, dans les années 1977-1978--, le ministère avait équipé les communautés pour qu'elles puissent mettre en place leurs stations et les faire fonctionner. Après cela, on n'a pas reçu d'autre financement, et les radios communautaires se sont organisées par elles-mêmes, ce qui rappelle un peu l'histoire de mon collègue au bout de la table. Ces radios-là sont toujours en fonctionnement aujourd'hui. Le ministère de la Culture et des Communications a justement annoncé au mois de juin dernier qu'il allait renouveler les équipements après 20 ans pour certains, et même 25 ans pour d'autres; ce sont de vieux équipements donc, qui avaient besoin d'être renouvelés. Le gouvernement fédéral n'investit pas d'argent dans les radios communautaires. Il subventionne simplement, par la voie du programme qu'on connaît ici, des organisations comme la Société de communication et les 13 sociétés qui sont ici.

    Nous souhaitons évidemment développer d'autres projets, entre autres la télévision, ce qui est un des objectifs qui n'ont pas été atteints par le programme. On aimerait voir accomplir quelque chose dans ce domaine. Nous avons une télévision nationale qui est l'APTN, mais la programmation francophone de cette télévision nationale n'est peut-être pas encore présentée comme on le souhaiterait. Nous travaillons fort dans ce domaine-là pour voir de quelle façon on pourrait éventuellement travailler avec une maison ou un centre de production télévisuelle qui produirait des émissions en français pour les Canadiens et qui diffuserait des productions autochtones pour les autochtones et les non-autochtones à travers le Canada. C'est ce qu'on souhaite faire dans les années à venir.

    J'ai siégé au niveau de l'APTN lorsqu'il a été lancé.

[Traduction]

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Je m'excuse, il ne nous reste que quelques minutes.

+-

    M. Bernard Hervieux: J'en profite pour vous inviter à vous rendre à Québec. En effet, nous devons terminer à 20 heures.

¾  +-(2000)  

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Nous ne risquons pas de nous transformer en citrouilles, mais j'espère que le dépassement sera minime. Je m'excuse de vous presser dans vos réponses.

+-

    M. Bernard Hervieux: D'accord.

    Nous avons des partenaires. Notre organisation a la crédibilité voulue auprès du gouvernement provincial et du gouvernement fédéral. Industrie Canada amorce avec nous un partenariat pour l'émission qui s'intitule

[Français]

« Brancher le Canada », entre autres.

[Traduction]

    Nous avons des partenaires autochtones un peu partout au Canada. L'an prochain, nous allons célébrer notre 20e anniversaire. Également, nous venons tout juste de signer en mars dernier avec des gens d'Amérique du Sud, de l'Équateur plus précisément, un accord de production réciproque de programmations. Tout cela pour dire que ça bouge de notre côté. J'espère que la présente consultation ou évaluation aboutira à de bonnes nouvelles pour nous.

    Il y a un aspect que j'aimerais aborder avec le plus grand sérieux, étant donné que nous parlons sérieusement lorsqu'il est question de radiodiffusion ou de télévision. Pour nous en effet, certaines nouvelles ne sont plus nouvelles, surtout depuis les deux dernières années. Dans ma région, il ne passe pratiquement pas un mois sans que l'une ou l'autre de nos collectivités ne nous fournissent la nouvelle du suicide d'un jeune. Nous entendons cette même nouvelle chaque mois depuis deux ou trois ans. L'an dernier et même aujourd'hui, le fait d'entendre une telle nouvelle n'aurait pas été pour nous une nouvelle. Il n'est plus question de nouvelles. Il s'agit d'une question d'une gravité extrême.

[Français]

    Il est très important d'avoir un programme comme celui que vous avez mis sur pied. C'est le gouvernement du Canada qui a mis ce programme sur pied, qui a créé ce besoin. Nous avons travaillé pour le maintenir et nous continuons à travailler pour offrir le service de radiotélédiffusion. Nous avons besoin de ce programme. Alors, nous espérons que le message a été entendu.

[Traduction]

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Madame Gagnon, vous aviez une demande à soumettre rapidement aux témoins.

+-

    Mme Christiane Gagnon: Je serai brève, mais il se peut que la réponse soit longue.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Nous obtiendrons les réponses écrites.

[Français]

+-

    Mme Christiane Gagnon: Le CRTC a émis une nouvelle politique sur les radios communautaires. Vous en avez probablement été informés. J'aimerais savoir, pas nécessairement ce soir mais ultérieurement, si cette nouvelle politique va changer quelque chose dans l'appui aux radios communautaires.

    J'ai essayé d'avoir des sons de cloche de différentes radios communautaires au Québec, et on ne semble pas avoir de critiques à faire. Est-ce que vous attendez que la nouvelle politique ait été vigueur pendant un certain temps pour en voir l'impact? On semblait, à tout le moins, reconnaître la nécessité d'appuyer les radios communautaires et d'avoir peut-être plus de financement pour ce faire.

    Même si vous ne pouvez pas répondre ce soir à cause du temps limité, j'aimerais qu'on en soit informés. Si on veut faire des pressions ou ajuster le tir, c'est avec vos observations et votre appui qu'on va pouvoir le faire.

[Traduction]

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci, madame Gagnon.

[Français]

+-

    M. Bernard Hervieux: Je vais essayer d'être très bref.

    C'est sûr qu'il y a toujours moyen de faire des modifications lors de certaines réorganisations d'une loi ou des règlements, entre autres lorsqu'on émet des licences. C'est un problème que nous connaissons présentement quant à un radiodiffuseur qui est membre de la SOCAM; c'est à Mashteuiatsh, à Pointe-Bleue, au Lac-Saint-Jean. Il y a des gens qui font des demandes de licences alors qu'il y a déjà des autochtones qui diffusent de l'information. On amène d'autres autochtones, qui sont des Métis, dans la région et on leur donne des licences pour diffuser dans la même région, alors qu'il y a déjà une station qui existe et qui diffuse dans la langue autochtone et aussi dans la langue française.

    Il y a peut-être aussi des licences qu'on veut donner à des réseaux nationaux autochtones qui touchent le territoire de certains diffuseurs autochtones encore.

    Avant de donner des licences, il serait peut-être bon de vérifier qui est dans le territoire et de voir à s'ajuster à ce niveau-là. On a demandé à nos membres de prendre la parole auprès du comité et dans différentes instances. C'est difficile parce qu'on est en concurrence entre autochtones à ce moment-là. On n'est pas très d'accord lorsqu'une licence est émise à une autre station autochtone dans un territoire que l'on couvre déjà. On n'a rien contre les Métis.

¾  +-(2005)  

[Traduction]

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Monsieur Hervieux, il y en a d'autres qui veulent la parole.

[Français]

+-

    M. Bernard Hervieux: On veut simplement mettre les choses au clair. Peut-être y a-t-il des ajustements à faire dans ce sens au niveau de la loi.

[Traduction]

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Chers collègues, il y a deux témoins qui aimeraient faire une brève intervention et je me demandais si nous pourrions leur donner cinq minutes de plus avant de terminer. Nous finirons donc à 20 h 10.

    Merci, monsieur Duplain.

    Madame Sabet-Biscaye, merci.

+-

    Mme Elizabeth Sabet-Biscaye: Merci. Je voulais simplement répondre à deux choses, en commençant par un commentaire de Mme Lill au sujet de l'incidence des moyens de communications de masse.

    Je dirais que l'incidence la plus forte se ressent dans notre langue et notre culture autochtones. Lorsque notre programmation en langue autochtone fait face à la concurrence de quelque chose comme MuchMusic, vous comprendrez facilement quelle station nos enfants, nos jeunes vont syntoniser. J'ai un fils de 21 ans et je sais qu'il n'écoute pas la même station que moi. Il écoute MuchMusic et cela a des conséquences importantes sur nos langues.

    Nos langues disparaissent progressivement et nous nous efforçons de les entretenir en diffusant en langue autochtone. C'est une façon de faire la promotion de la langue. Mais si nous n'atteignons pas les jeunes qui sont ceux qui devraient continuer à préserver la langue, c'est grave parce qu'ils deviennent parents et n'enseignent pas leur langue à leurs enfants, simplement parce qu'ils ne la connaissent pas. Donc, certainement, quand on fait face à la concurrence de toutes les autres chaînes de télévision, de toutes les stations radio qui passent de la musique qui attire davantage les jeunes, l'impact est très fort.

    Nous venons de réaliser une émission en quatre parties financée par la Fondation pour la guérison des Autochtones sur le pensionnat Grollier Hall, qui a eu une incidence sociale énorme sur les résidents des T.N.-O., pas seulement dans une localité mais dans plusieurs.

    Lorsque nous avons diffusé cette émission, nous avons offert un numéro sans frais pour ceux qui voulaient téléphoner pour demander de l'aide psychologique. Nous avons reçu certains appels, pas simplement des T.N.-O. mais de tout le Canada. Cela ne s'adressait pas simplement aux pensionnaires qui sont allés à Grollier Hall mais à d'autres qui sont allés dans d'autres pensionnats, dans d'autres régions.

    Aussi, en offrant ce service, nous constatons que les gens veulent entendre ce genre de choses. D'ailleurs, cette émission a quatre versions en quatre langues autochtones et passera sur APTN.

    Je voudrais également revenir sur les sources de financement. Il y en a un certain nombre et d'après ce que j'ai entendu au cours des trois derniers jours de réunion, pour une organisation qui s'efforce de maintenir sa programmation et d'offrir une programmation de bonne qualité, nous devons trouver des moyens très novateurs et originaux pour nous procurer des fonds tout en nous assurant de ne pas compromettre nos aptitudes.

    Par exemple, si je peux accéder à trois sources d'argent dont je retirerais 2 000, 3 000 ou 5 000 $, je dois me demander si cela vaut vraiment les coûts administratifs nécessaires pour le programme. C'est le genre de choix que nous devons faire.

    Mon dernier commentaire, c'est que nous devons compter sur d'autres organisations, notamment sur le gouvernement et d'autres organisations autochtones mais qu'il nous faut toujours maintenir notre objectivité de journalistes, ne pas compromettre notre rôle de journalistes, lorsque nous faisons des reportages.

    Merci.

¾  -(2010)  

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci beaucoup.

    Monsieur Crowfoot, si vous pouviez être bref...

+-

    M. Bert Crowfoot: Je voudrais répondre à M.  Duplain. Vous avez demandé s'il y avait d'autres sources de financement. Certains d'entre nous se trouvent dans des localités où l'on ne peut tirer de recettes de la publicité. Certains d'entre nous ont recours au bingo pour récolter de l'argent alors que d'autres, malheureusement, ne peuvent pas le faire. Il y a donc une disparité dans les montants que l'on peut récolter.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci, monsieur Crowfoot.

    Monsieur McLeod, je vais vous donner quelques secondes avant de lever la séance.

+-

    M. Dave McLeod: Juste deux petites observations.

    Nous avons parlé des 35 000 heures ou presque en langues autochtones que nous diffusons collectivement chaque année. Cela représente 17 dialectes. Je voulais simplement préciser cela.

    L'autre chose est que nous entendons souvent l'expression, monsieur le président, «radio communautaire»; je préfère utiliser «secteur de la radiodiffusion autochtone». C'est en partie une question de croissance démographique. Par exemple, nous diffusons à Winnipeg, où la population autochtone se situe entre 60 000 et 80 000. D'après les chiffres qu'on entend actuellement, d'ici à 2015, la population autochtone dans la ville de Winnipeg sera de 150 000. Nous avons donc un auditoire très important et croissant.

    Merci.

+-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Merci beaucoup.

[Français]

+-

    M. Claude Duplain: Est-ce que je pourrais poser une question sans réponse?

[Traduction]

-

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Je terminerai...

    M. Claude Duplain: D'accord.

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): ... en vous remerciant, au nom de mes collègues, d'être venus avec si peu de préavis. Si j'ai constaté une chose, c'est ce sentiment profond de responsabilité et la passion que vous avez pour votre histoire que vous voulez transmettre aux générations futures. Espérons que vos contributions nous mettront sur la bonne voie afin que nous puissions vous aider dans toute la mesure du possible.

    Au nom du comité—et merci, monsieur Duplain—j'aimerais féliciter Bert Crowfoot qui, si je ne m'abuse, a reçu le prix d'excellence pour l'ensemble des réalisations de sa carrière en communication du gouvernement de l'Alberta. Félicitations et félicitations aussi à David McLeod pour le prix qu'il a reçu pour la promotion de la musique autochtone le 28. Bravo à vous deux. Vos concitoyens sont fiers de vous.

    Des voix: Bravo.

    Le vice-président (M. Paul Bonwick): Cela conclut la réunion de ce soir.

    La séance est levée.