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Mesdames et messieurs, nous allons commencer.
Nous poursuivons l'étude entreprise depuis beaucoup trop longtemps, en accueillant des témoins que nous n'avons jamais entendus et d'autres qui ont déjà comparu à quelques reprises. Nous allons d'abord entendre puis interroger les témoins.
Nous recevons d'abord M. Brian O'Connor, directeur exécutif de Gencor Foods Inc. C'est la première fois que vous venez nous rencontrer. Nous sommes impatients de vous entendre. Mark Ishoy, directeur général de Gencor Foods Inc., l'accompagne.
Nous allons aussi entendre Michel Dessureault, président du conseil, et Gib Drury, membre du conseil d'administration de la Fédération des producteurs de bovins du Québec. Bienvenue à vous.
Nous accueillons aussi, de l'Association canadienne des éleveurs, bien connue ici, Stan Eby, un bon ami à moi qui vit dans ma circonscription, d'où mon grand intérêt pour l'industrie bovine, et qui est aussi un ami de Larry.
Brad Wildeman n'est pas ici, n'est-ce pas?
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Merci beaucoup. Je suis très heureux d'être ici.
Je vais d'abord vous expliquer ce qui a amené notre entreprise, détenue par des producteurs, dans le secteur alimentaire. Ensuite, Mark Ishoy, notre directeur général, va vous parler plus précisément de certains enjeux importants pour l'industrie et de la place que nous envisageons y occuper dans l'avenir.
Je ne sais pas si vous avez tous les notes fournies mais, essentiellement, notre entreprise s'occupe de génétique bovine. Elle appartient à des producteurs et représente environ 6 500 éleveurs de bovins dans les régions du centre, de l'ouest et du nord de l'Ontario. Nous sommes fiers de l'excellence de longue date de nos services et de nos produits ainsi que de notre succès financier.
La transformation des viandes n'est pas exactement notre domaine mais, dans nos objectifs établis il y a quelques années, nous avons aussi prévu offrir les services, produits et installations nécessaires à l'amélioration des pratiques, des produits et de la production agricoles. Essentiellement, la crise provoquée par la découverte d'un seul animal atteint de l'ESB nous a forcés à examiner sérieusement ce que nous pourrions faire pour améliorer les choses. Les membres de notre conseil d'administration et nos cadres ont donc examiné de façon exhaustive le secteur de la transformation de la viande.
Comme vous le savez, il n'était pas possible de transformer les vaches de réforme en Ontario à l'époque, ce qui rendait notre tâche encore plus difficile qu'ailleurs. Auparavant, l'Ontario exportait toutes ses vaches de réforme aux États-Unis ou au Québec. Après une étude exhaustive du marché, nous avons jugé important que la province se dote d'un abattoir fédéral pour transformer jusqu'à 1 500 animaux de réforme par semaine.
Après avoir examiné différentes possibilités et analysé la rentabilité de chacune, nous avons décidé, en novembre et en décembre dernier, de jouer un rôle dans l'industrie et d'exploiter un abattoir détenu et géré par les producteurs.
Je tiens à dire—et Mark va en parler davantage dans un instant—que la politique du gouvernement fédéral d'interdire les importations supplémentaires de boeuf a été déterminante dans notre décision. Si on se reporte en novembre et en décembre dernier, il y avait beaucoup de risques, beaucoup d'inconnus quant à savoir ce qui pourrait ou non arriver. Je peux vous affirmer que la décision prise par le gouvernement a été et reste très importante aujourd'hui. Elle a aidé nos administrateurs à aller de l'avant.
Nous avons recruté du personnel chevronné. Mark a dirigé des abattoirs par le passé et a été un membre exécutif du Conseil des viandes du Canada. Nous avons un personnel compétent qui va nous aider à réaliser cette entreprise ambitieuse.
J'aimerais dire, avant de donner la parole à Mark, que le soutien financier que nous avons reçu des deux ordres de gouvernement—celui du Fonds pour l'abattage des animaux adultes du gouvernement de l'Ontario, et celui du programme fédéral CanAdapt d'Agriculture et Agroalimentaire Canada—s'est révélé fort précieux. C'est ce qui nous a aidés à nous lancer dans cette entreprise.
Je vais donner la parole à Mark.
Il y a trois sujets dont j'aimerais discuter aujourd'hui; d'abord, l'Agence canadienne d'inspection des aliments, avec laquelle nous avons beaucoup fait affaire au cours des derniers mois pour l'organisation de notre abattoir, parce que ce n'était pas un établissement fédéral au départ.
Ensuite, il y a la question de la politique canadienne sur les contingents supplémentaires, et j'aimerais faire un historique de la question pour rappeler à tout le monde pourquoi il faut la maintenir. Enfin, j'aimerais expliquer brièvement pourquoi la réglementation et les politiques canadiennes doivent suivre de très près celles des États-Unis. On ne demande pas qu'elles soient identiques, mais sûrement semblables en raison des échanges commerciaux qui existent entre nos deux pays depuis des années.
J'ai constaté, depuis que je travaille avec elle, que l'ACIA contribue au succès de nos échanges commerciaux à l'étranger. Elle réussit fort bien à expliquer aux autres pays quelles sont nos politiques et nos mesures d'hygiène et elle a aidé des abattoirs canadiens à trouver des débouchés. Je sais que le ministre et un de mes collègues du Conseil des viandes du Canada ont fait un voyage très fructueux en Extrême-Orient il y a une dizaine de jours. Notre abattoir a reçu l'accréditation halal, et nous travaillons très fort pour récupérer le marché indonésien qui pourrait être acheteur d'abats. Nous déployons beaucoup d'efforts en ce sens avec l'ACIA.
Le processus en vue de devenir un établissement agréé est long et difficile. Je le comparerais, dans une certaine mesure, au processus d'octroi des permis de construction à la ville. Les délais sont beaucoup trop longs, et je crois qu'on pourrait trouver des moyens d'améliorer le système. Je signale que, quand on essaie de faire approuver un projet, les documents vont et viennent d'un bureau à l'autre dans la région et sont envoyés à Ottawa en bout de ligne, pour discussion. D'après nous, on pourrait accélérer les choses si toutes les parties cherchaient ensemble une solution valable pour tous.
Tous les intervenants du secteur de la transformation des viandes reconnaissent l'importance de la sécurité alimentaire, et c'est ce que nous visons tous. Je pense qu'il serait utile de simplifier le processus. Des mesures sont en cours actuellement pour à tout le moins évaluer le processus, et nous attendons impatiemment d'avoir des nouvelles à ce sujet. Dans le contexte de la crise que nous avons connue, je devais ouvrir l'abattoir le plus rapidement possible; les choses ne vont jamais assez vite dans ce temps-là, et nous avons trouvé la situation assez difficile.
Ensuite, il est vraiment important que les normes de l'ACIA soient appliquées uniformément partout au pays. Je ne dis pas qu'elles ne le sont pas, mais je tiens à préciser que c'est vraiment important que ce soit le cas pour tous les intervenants du secteur parce que c'est une question de compétitivité.
Je vais maintenant passer à la question des contingents supplémentaires. J'ai fait partie du Comité sur les contingents tarifaires en 1997, je pense. À cette époque, c'était le ministre Goodale qui en était le président. Il y avait un grand manque de communication au sein de l'industrie, je dirais, à ce moment-là, parce que les transformateurs pouvaient acheter toute la viande qu'ils voulaient à l'étranger et les éleveurs pouvaient vendre leur bétail aux États-Unis, de sorte que les exploitants d'abattoirs étaient pris entre les deux et ne pouvaient fonctionner que s'ils pouvaient vendre leur viande aux États-Unis à un prix concurrentiel, ou au Canada à un prix équivalent à celui en vigueur sur le marché américain. La situation a fini par désavantager les abattoirs canadiens, et nous avons dû exporter beaucoup au sud de la frontière parce qu'il était impossible de concurrencer les bas prix de la viande vendue au Canada en provenance de l'étranger.
Il est toujours difficile de discuter de l'identification de marchés. Tous ceux qui sont associés à ce secteur depuis un certain temps en comprennent les problèmes.
En tant qu'exploitant d'un abattoir, j'appuie sans réserve, et cela depuis longtemps, les engagements de l'OMC, mais je ne suis pas convaincu que les allocations spécifiques par pays, qui ont été négociées dans les années 1990 je crois, mais je peux me tromper, sont aussi utiles qu'elles le devraient. Je sais que l'Australie en détient la grande majorité actuellement, ce qui est loin de plaire à certains transformateurs.
Mais le nombre réel est important parce que, si on rajuste le prix de toute la viande qui est importée après cela au prix en vigueur sur le marché canadien, et vous pouvez demander l'avis de mes collègues de l'industrie de la transformation, il y a une différence dans la qualité ou... Je pense qu'on en est venu à reconnaître qu'il n'y a pas de différence de qualité pour les viandes hachées. Il y en a toujours d'un abattoir à l'autre, comme dans les autres pays. Mais, essentiellement, le boeuf maigre désossé produit au Canada est visuellement le même à 90 p. 100. C'est donc pour la même production.
Certaines coupes servent à différents usages sur le marché mais, en bout de ligne, les techniques de transformation donnent un produit équivalent. Il faut apprendre à travailler avec toutes les coupes plutôt que de les remplacer par de la viande importée.
Nous ne refusons pas l'importation de viande au-delà du contingent. Nous n'aimons pas cela, mais si le tarif douanier au-delà du contingent est assez élevé, ceux qui jugent nécessaire de le dépasser peuvent payer ce montant. Nous avons constaté que, chez nos voisins du Sud, quand les tarifs douaniers augmentent, tout le monde achète de la viande américaine. On ne s'inquiète pas alors de la capacité de remplacement.
Je ne saurais trop insister sur le fait que ce n'est pas une question de dollars mais de cents pour notre secteur. C'est une industrie qui génère des millions de dollars, mais les marges historiques se négocient sur des questions de cents et, si votre prix de vente est supérieur de quelques cents, vous perdez le contrat. Donc, si le prix de la viande est rajusté, l'exploitant d'abattoir va perdre un contrat. Il est donc vraiment important de maintenir les contingents tarifaires.
Ensuite, je tiens à faire remarquer que notre réglementation et nos politiques doivent être semblables à celles des États-Unis. Les matériels à risques spécifiés existent aujourd'hui. Que fait l'industrie de l'équarrissage à ce sujet... Si notre politique est bien différente de celle des États-Unis, elle risque d'avantager ou de désavantager l'abattoir canadien. Si elle nous désavantage et que la frontière est réouverte, le bétail sera envoyé au sud de la frontière parce que les abattoirs canadiens ne peuvent payer autant. Le bétail sera transformé de façon légèrement différente. Si leurs revenus sont plus élevés, je suis désavantagé.
La politique américaine sur les importations prévoit l'entrée d'une quantité similaire aux États-Unis. Notre politique prévoit environ 76 000 tonnes, plus ou moins, et la politique américaine un peu moins de 700 000 tonnes. C'est donc comparable puisque leur marché est dix fois plus important que le nôtre, et leur population aussi. Aux États-Unis, quand cette quantité est atteinte, le tarif douanier qui est imposé sur la viande importée est de 30 ou 32 p. 100, et même de 35 p. 100.
Aux États-Unis, les transformateurs, qui viennent après les abattoirs dans la chaîne, qui veulent utiliser cette viande importée, en tiennent compte dans leurs échelles de coûts au début de l'année. Celui qui veut acheter une ou deux cargaisons de viande importée de plus que les 20 prévues doit en tenir compte et prévoir un budget de 3 p. 100 de plus parce qu'il va avoir à payer une amende élevée pour cette quantité de plus.
C'est ainsi que les choses fonctionnent aux États-Unis. Certaines années, le niveau a été atteint... ensuite les importations ont été interrompues, la viande a été entreposée en douane, puis ressortie l'année suivante au prix en vigueur.
Au Canada... Il y a deux ans, environ 135 000 ou 140 000 tonnes sont entrées au pays, ce qui est 50 000 à 60 000 tonnes au-dessus de l'engagement de l'OMC. Le prix de cette viande a été rajusté au prix canadien. Les exploitants d'abattoirs canadiens en ont souffert et certains ont fait faillite. Je ne peux trop insister sur l'importance des contingents tarifaires. C'est ce qu'il nous faut.
Merci de votre attention.
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Monsieur le président, membres du comité, c'est avec plaisir que je viens vous livrer un message des 20 000 producteurs de bovins du Québec.
En premier lieu, les producteurs du Québec apprécient l'engagement du nouveau ministre canadien de l'Agriculture et de son gouvernement de redoubler d'efforts pour accélérer le processus de réouverture des frontières à la viande bovine et au bétail canadien.
Les producteurs saluent également la volonté d'intervention du gouvernement pour faire augmenter la capacité d'abattage au pays, tout comme la série de moyens prévus pour développer de nouveaux marchés d'exportation. Toutefois, les producteurs de bovins sont extrêmement déçus des mesures de transition mises en place pour venir en aide aux producteurs.
Avant de vous entretenir sur la problématique de la capacité d'abattage au Québec, je m'en voudrais de ne pas profiter de cette tribune pour vous expliquer notre déception face à l'aide annoncée qui est, selon nous, insuffisante et ne comble aucunement les besoins des producteurs du Québec.
Dois-je vous rappeler que dans la nouvelle stratégie nationale, on ne retrouve aucune aide directe pour compenser la chute de prix des bovins ni aucun programme de prêts sans intérêt, deux mesures pourtant essentielles qui étaient très attendues des producteurs du Québec.
Pourtant, les besoins des fermes sont criants. Au Québec seulement, nous évaluons les besoins des producteurs à plus de 141 millions de dollars de pertes pour l'année 2004, alors que les mesures de transition annoncées par le gouvernement fédéral, et qui n'ont jamais été dévoilées à ce jour au gouvernement du Québec, se situent entre 15 et 20 millions de dollars, ce qui représente à peine 15 p. 100 des besoins des producteurs du Québec. Rien n'a été annoncé au Québec au moment où on se parle.
Pourtant, depuis 17 mois, les prix des différentes catégories de bovins ne reflètent aucunement la valeur du produit. Au Québec, les producteurs ont jusqu'à maintenant, de mai 2003 à octobre 2004, encouru des pertes de l'ordre de 265 millions de dollars. Même en tenant compte de l'aide gouvernementale consentie, les producteurs ont perdu 113 millions de dollars.
Les producteurs doivent encore essuyer d'importantes pertes, comme on peut le constater en observant le tableau qu'on vous présente sur le prix des différentes catégories de produits au mois d'octobre 2004. Au Québec, la vache de réforme se vend en moyenne environ 19¢, comparativement à notre marché de référence, les États-Unis, ou à ce qu'il était avant, soit 58¢. Les bouvillons d'abattage sont à 1,29 $; les veaux laitiers mâles sont à 1,41$, comparativement à 2,61$; les veaux laitiers femelles sont à 64¢, comparativement à 4,68$; et les veaux d'embouche sont à 99¢.
La fédération tient donc à attirer votre attention sur deux éléments de la stratégie qui ne répondent aucunement aux besoins des producteurs de bovins du Québec: les programmes de mise de côté du secteur des veaux d'embouche, évalués à 8,5 millions de dollars, et ceux du secteur des bouvillons d'abattage, évalués à 5,8 millions de dollars.
On a l'impression que ces programmes ont été faits pour les provinces canadiennes, en particulier l'Alberta. Les programmes de mise de côté, tels qu'élaborés dans la nouvelle stratégie, sont difficilement applicables au Québec, notamment en vertu des programmes qui existent dans cette province avec le système collectif.
Pour ces deux secteurs de production, la fédération souhaite une allocation provinciale prédéterminée et une flexibilité dans l'administration de ce programme, pour qu'on puisse en faire, au Québec, une gestion collective à l'intérieur de nos programmes réguliers de soutien à la production.
Il est donc nécessaire qu'une allocation provinciale soit également prévue pour le secteur des bouvillons d'abattage. Dans le dernier programme, il n'y a rien à cet effet.
Pour les animaux de réforme, catégorie de produit qui semble avoir été oubliée dans le dernier programme, l'aide accordée en vertu de ce programme est nettement insuffisante pour atteindre les objectifs visés. Comme le Québec possède un nombre important de bovins de réforme et que la crise risque de durer encore longtemps pour ce secteur de production, la stratégie du ministre doit être révisée.
Pour les producteurs du Québec, la solution pour régulariser la situation passe par la fixation d'un prix plancher canadien pour les vaches de réforme. Nous croyons également qu'une telle mesure devrait être décrétée pour les bouvillons d'abattage. La viande de ces animaux de réforme, en vertu de la fermeture des frontières, est actuellement vendue totalement sur le marché canadien. On remercie l'industrie canadienne d'avoir acheté cette viande.
Selon notre analyse, la fixation d'un prix plancher pour les bovins de réforme est devenue incontournable: même en tenant compte des projections d'abattage au Canada, on se rend compte qu'en 2007, même si on accroissait de façon importante la capacité d'abattage, il y aurait toujours 300 000 têtes d'animaux, bovins de réforme, non fed animals, pour lesquels on n'aurait pas de lieu d'abattage.
Donc, le surplus de l'offre dans le marché canadien, qui est toujours la question, va toujours exister et persister au-delà de 2007. C'est une réalité canadienne.
D'ici l'annonce du décret pour un prix plancher canadien, nous demandons au gouvernement qu'il reconduise, de façon transitoire, le programme ESB 3, avec un paiement de 320$ calculé sur la base d'un taux de réforme annuel qui tient compte de la réalité du secteur laitier, soit 25 p. 100, et du secteur boucher, soit 12 p. 100 d'animaux de réforme. À notre avis, ce programme représente encore la meilleure façon de procurer rapidement de la liquidité aux fermes bovines.
Quant à la capacité d'abattage au Canada, le portrait que nous en faisons est que la crise de l'ESB a permis d'identifier deux grandes faiblesses qui rendent notre secteur extrêmement vulnérable et qui freinent son développement. Il s'agit de la dépendance à l'égard de l'exportation du bétail et de la viande, et de la concentration du secteur de l'abattage.
Au Canada, la dépendance à l'égard des exportations est actuellement de 20 p.100 pour les bouvillons d'abattage et de 40 p. 100 pour les bovins de réforme. Donc, il est évident qu'il y a une sous-capacité d'abattage. Quant à la concentration du secteur de l'abattage, il suffit de rappeler que quatre grandes entreprises abattent près de 80 p. 100 de la production.
La situation est pire dans le secteur des bovins de réforme puisque deux grandes entreprises, dont une au Québec, abattent 90 p. 100 des bovins de réforme. Il y a un tableau vous indiquant les volumes, à la page 5.
Dans le secteur des bouvillons, la production québécoise est exportée dans d'autres provinces pour fins d'abattage à hauteur de 75 p. 100, alors que 90 p. 100 des bovins de réforme sont abattus au Québec. En ce qui a trait à la nécessité d'augmenter la capacité d'abattage, vous constaterez que le surplus de 300 000 têtes en 2007 démontre qu'il y a vraiment une nécessité à ce chapitre. Donc, pour arriver à cette augmentation considérable, on pense que quelques projets d'abattoirs devraient être mis sur pied au Canada.
Pour la Fédération des producteurs de bovins du Québec, les fonds alloués pour soutenir efficacement les différents abattoirs au pays, soit les 66 millions de dollars qui ont été annoncés dernièrement, sont nettement insuffisants, surtout qu'avec l'approche du gouvernement fédéral, cette aide est un fonds de réserve pour pertes sur prêts. On ne pense pas que cette voie puisse aider et intéresser des gens à venir s'installer.
Pour assurer une plus grande compétition sur les marchés et de meilleurs prix pour les producteurs, il importe non seulement d'augmenter la capacité d'abattage, mais de solliciter et d'appuyer financièrement l'arrivée de nouveaux joueurs sur le marché, particulièrement des groupes de producteurs qui voudraient s'impliquer dans l'abattage. L'arrivée de nouveaux joueurs sur le marché aurait notamment l'effet bénéfique d'augmenter la compétition dans l'industrie, rétablissant par le fait même des rapports plus près d'une mise en marché ordonnée et efficace.
Des groupes de producteurs peuvent ici devenir des acteurs de premier plan. À cet égard, je profite de l'occasion pour vous rappeler un extrait du Comité permanent de l'agriculture et de l'agroalimentaire:
...créer un environnement qui soit le plus favorable possible aux éleveurs et leur permette d’étendre leurs activités, au sein de la filière, à des produits à valeur ajoutée...
L'aide du gouvernement fédéral auprès des groupes de producteurs intéressés à investir dans des projets d'abattoirs et de transformation nous apparaît essentiel à une réalisation pleine et entière de ces objectifs.
Nous considérons également que les cinq plus grands abattoirs présents actuellement sur le marché, soit Lakeside, Cargill, XL Beef, Better Beef et Colbex, n'ont nullement besoin de financement du gouvernement fédéral. Votre propre comité a analysé la situation dans le passé. À mon avis, la situation budgétaire de ces entreprises vous démontre qu'elles n'ont pas besoin d'aide. Par contre, ce sont les nouveaux projets qui devraient avoir besoin d'aide.
Nous demandons donc au gouvernement fédéral d'octroyer des subventions directes aux projets d'abattage et de transformation, ce qui serait beaucoup plus efficace dans les circonstances, et de voir à ce que l'aide ne soit accordée qu'à des groupes de producteurs qui décident d'investir dans un projet d'abattage et de transformation.
En ce qui a trait aux projets d'abattoirs au Québec, alors que les producteurs vendent à perte leurs animaux, on vous signale que malgré les faibles prix payés aux producteurs, le consommateur canadien n'a jamais vu de réduction sensible du prix du boeuf. Les producteurs du Québec veulent, par le biais d'une approche collective, augmenter la capacité d'abattage. Ils ont pris la décision, lors de leur assemblée annuelle de l'an dernier, de mettre en place des prélevés pour aider à la mise sur pied d'abattoirs. Dans le secteur des bovins de réforme, on a adopté un prélèvement de 20$ et, pour certains bouvillons d'abattage, de 10$.
En conclusion, l'aide accordée en vertu de la nouvelle stratégie pour augmenter la capacité d'abattage au pays nous apparaît nettement insuffisante. De plus, la forme d'aide prévue, soit un fonds de réserve pour pertes sur prêts, nous semble inadéquate dans les circonstances. L'aide aux producteurs qui désirent investir dans des projets d'abattoirs est essentielle. Elle doit être accessible, non seulement sous la forme de prêts garantis, mais également et surtout sous la forme d'une aide directe, soit d'une subvention.
Le soutien gouvernemental direct est essentiel pour que ces nouvelles entreprises soient en mesure de faire face à la vive compétition que subiront les nouveaux joueurs et pour qu'elles puissent atteindre rapidement un seuil de rentabilité. Le gouvernement ne doit jamais perdre de vue que nous sommes en situation de crise et que pour être efficaces, les actions doivent être rapides et bien ciblées. Le gouvernement doit donc bonifier sa stratégie pour repositionner l'industrie canadienne des animaux d'élevage en conséquence.
À défaut de mettre en place des mesures adéquates, on ne pourra que constater l'ampleur du désastre créé par la crise de l'ESB sur les fermes bovines québécoises et canadiennes et, conséquemment, dans les industries situées en amont et en aval de la production.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président. L'Association canadienne des éleveurs est heureuse de revenir rencontrer le comité. Nous sommes impatients de travailler avec le nouveau comité et ses nouveaux membres.
Notre dernière visite remonte à quelques mois. Notre principal objectif est toujours de faire ouvrir la frontière américaine au bétail sur pied. Nous avons tout mis en oeuvre pour y parvenir. Cependant, il semble que ce soit le processus de réglementation qui bloque les choses aux États-Unis. On ne pense pas pouvoir agir avant que les élections américaines aient eu lieu. Les Américains nous disent que les choses vont bouger par la suite et nous organisons nos démarches en fonction de cela.
Je vais vous expliquer brièvement le point de vue de l'Association canadienne des éleveurs. Comme on l'a dit, l'industrie bovine lutte pour assurer sa survie depuis le 20 mai 2003. Pendant les trois premières semaines, la commercialisation a été interrompue et la transformation a ralenti de 60 p. 100. En août 2003, nous avons pu livrer aux États-Unis et au Mexique du boeuf en caisse de carton de moins de 30 mois. Nous pensions que cette mesure allait permettre la normalisation des échanges commerciaux. Puis, le cas d'ESB aux États-Unis et la plainte de R-CALF en avril a tout retardé, ce que nous savons tous. La lourdeur du processus de réglementation américain—avec les 3 300 observations sur le sujet—et les autres injonctions des tribunaux ont causé beaucoup de retard et rendu les gens cyniques sur la durée du processus.
L'Association canadienne des éleveurs a formulé une stratégie pour repositionner l'industrie canadienne du boeuf. Son rapport a été approuvé à l'unanimité par notre conseil d'administration en août. Le 10 septembre, le ministre fédéral, Andy Mitchell, annonçait un programme pour nous aider à ce sujet. Il a prévu des fonds importants pour entreprendre un certain nombre d'initiatives.
La reprise de l'exportation du bétail sur pied aux États-Unis est clairement la priorité absolue. Elle aura un effet positif des plus immédiat sur la capacité à court terme et les perspectives de prix. En même temps, augmenter la capacité de transformation à long terme au Canada est une grande priorité pour nous permettre de réagir à la possibilité que l'ouverture de la frontière soit retardée et de réduire clairement notre dépendance aux exportations de bétail sur pied dans les années à venir.
En 2002, avant la découverte d'un cas d'ESB, le Canada exportait environ 1,6 million de têtes de bétail sur pied. La plupart des animaux exportés étaient destinés à l'abattage aux États-Unis; cependant, si on ne peut pas exporter ces animaux aux États-Unis, le Canada ne dispose pas d'assez d'installations de transformation pour répondre à la demande. En 2003, les consommateurs ont continué de nous faire confiance et même plus, ce que nous apprécions beaucoup. C'est sans précédent. De plus, l'ouverture des marchés américain et mexicain au boeuf de moins de 30 mois a permis aux ventes de boeuf canadien dans ces deux pays de reprendre de la vigueur et de se rapprocher de ce qu'elles étaient avant l'épisode de la vache folle. Grâce à ces deux facteurs, nous avons des marchés pour tout le boeuf que nous pouvons transformer.
La différence entre la demande de boeuf et l'offre de bétail sur pied rend la situation éprouvante pour nos éleveurs. C'est pourquoi l'Association canadienne des éleveurs préconise que le plan d'ensemble accorde une grande priorité à la construction de nouveaux abattoirs, pour une capacité de transformation accrue, et à l'agrandissement des installations déjà existantes. Le 10 septembre, le gouvernement fédéral a annoncé un engagement en ce sens en établissant un programme de réserves pour pertes sur prêts. Le programme est perfectible d'après nous, mais nous croyons comprendre que des modifications y ont été apportées encore hier. Je n'en connais pas les détails, mais il est clair que le ministre de l'Agriculture veut que le programme fonctionne.
En plus de ce argent, le gouvernement fédéral a prévu des fonds pour accélérer les inspections et augmenter encore davantage les ressources de l'ACIA, point sur lequel Gencor a insisté dans son exposé. Même avant l'annonce du gouvernement fédéral, le secteur de la transformation projetait d'accroître sa capacité. Au début du mois, pour la première fois depuis 1978, les usines de transformation fédérales et provinciales du Canada abattaient plus de 80 000 têtes par semaine, ce qui est une augmentation considérable par rapport aux 25 000 à 28 000 têtes qui étaient abattues pendant l'épisode de la vache folle.
On s'attend à ce que la capacité atteigne environ 86 000 têtes d'ici la mi-2005, et 93 000 à la fin de 2005, et ce, par semaine. D'ici la mi-2006, on s'attend à ce que la capacité d'abattage au Canada s'élève à 98 000 têtes par semaine, soit une augmentation de plus de 20 p. 100 par rapport à la situation actuelle.
Au cours de cette période, les abattoirs au Canada seront en mesure d'abattre l'ensemble de la production annuelle et de réduire l'excédent de bovins. Les transformateurs et les distributeurs estiment que nous pourrons commercialiser le boeuf qui provient de toutes les catégories de bovins devant être abattus. Le Centre d'information sur le boeuf a posé un geste décisif et retenu les services d'un expert qui examinera le volet production de viande et mettra au point un programme en vue de promouvoir, au Canada et aux États-Unis, la vente de boeuf canadien.
Or, toutes ces mesures prennent du temps, et c'est ce qui pose problème. Compte tenu de notre capacité d'abattage actuelle, nous allons nous retrouver avec un excédent d'environ 480 000 têtes qui devraient normalement être abattues. Font partie de ce groupe 166 000 bovins gras, et 314 000 vaches et taureaux.
Pour répondre à certaines des préoccupations formulées, l'AEC, de concert avec le ministre fédéral, a mis en place des programmes de retrait pour aider les producteurs, et ce, jusqu'à ce que la capacité d'abattage disponible corresponde aux niveaux de commercialisation. En effet, la stratégie a mis en lumière le fait qu'un tel programme s'imposait.
Depuis août, les discussions se poursuivent entre l'industrie, le gouvernement fédéral et les provinces en vue d'élaborer des programmes utiles et efficaces. Ces programmes devraient entraîner une amélioration du prix offert aux producteurs. Le premier objectif du programme de retrait est de réduire les stocks de bovins gras de la compagne 2003 qui sont destinés à l'abattage immédiat. Cette mesure aura pour effet d'améliorer les prix versés par les transformateurs et d'encourager l'industrie du boeuf d'embouche à continuer d'envoyer ses bovins aux parcs d'engraissement cet automne.
Cela fait deux semaines que le programme de retrait des bovins gras est en place. Les provinces qui y participent sont l'Alberta, la Saskatchewan, le Manitoba et l'Ontario. Au cours de la première semaine, plus de 2 000 têtes étaient inscrites au programme. Ils ont décidé de ne plus rendre les chiffres publics, mais nous avons constaté que les prix des bovins ont augmenté jusqu'à concurrence de 3,75 $ par 100 dans l'Ouest du Canada.
Le deuxième volet du programme consiste à ralentir l'envoi des veaux de la campagne 2004 dans les parcs d'engraissement, et ce, en attendant l'abattage des veaux de la campagne 2003. Nous nous efforçons de respecter un délai de 30 mois. Il suffit de trouver un juste équilibre entre le nombre d'animaux à abattre et la capacité d'abattage existante.
Par ailleurs, nous avons jugé important de remédier aux problèmes de liquidités des éleveurs-naisseurs et d'assurer la viabilité continue de ce secteur durant l'automne.
Des programmes de retrait des bovins de court engraissement sont maintenant offerts en Colombie-Britannique, en Alberta, en Saskatchewan, au Manitoba et en Ontario. Ces programmes ont pour but de permettre à l'industrie de tirer profit des marchés.
La surveillance de l'ESB est un autre point important. L'ACIA nous a annoncé ce matin—et j'ai les chiffres en main—que les objectifs fixés au début de cette année seront atteints, et ce, dans toutes les régions. Nous sommes donc fort heureux de voir que des progrès se réalisent à ce chapitre.
Les différences qui existent entre les divers secteurs de l'industrie et les régions rendent difficile la prestation de programmes efficaces. C'est d'ailleurs le message qui se dégage des témoignages que nous avons entendus au cours des dernières minutes. Toutefois, nous estimons qu'il est très important d'introduire un élément de souplesse dans ces initiatives. L'Association assume un rôle de leadership en ce sens qu'elle essaie d'élaborer des programmes de retrait qui ont pour but de permettre à l'industrie de tirer profit des marchés. Il est intéressant de noter que, depuis l'annonce de ces programmes, la situation sur les marchés s'est améliorée. Ajoutons à cela le fait que lorsque l'industrie tire le maximum des marchés, les paiements versés au titre du PCSRA diminuent.
Nous vivons une situation difficile depuis un an et demi. Les critiques sont nombreuses. Nous avons même droit à des petites séances d'information sur la façon dont les choses devraient se dérouler. Toutefois, nous bénéficions de l'appui d'associations provinciales de producteurs et aussi du gouvernement fédéral. Les discussions vont bon train. Il nous arrive parfois d'éprouver des sentiments de frustration. Tout le monde, en fait, trouve la situation difficile. Toutefois, nous essayons de nous concentrer, de trouver des moyens de régler efficacement le problème.
Comme je l'ai mentionné, nous ne ménageons aucun effort. Nous sommes constamment en contact avec nos homologues aux États-Unis, et aussi avec les établissements de prêt afin de nous assurer qu'ils font leur part et qu'ils n'exercent pas des pressions indues sur les producteurs. Nous continuons de collaborer avec d'autres groupes, y compris le Conseil des viandes du Canada, Agriculture Canada, l'ACIA et nos homologues américains.
Il doit y avoir réciprocité avec les États-Unis au chapitre des règles, surtout en ce qui concerne les matières à risque spécifiées. Nous devons rencontrer, cet après-midi, des représentants américains qui s'occupent de ce dossier.
L'Association prévoit également lancer, la semaine prochaine, à Washington, une vaste campagne d'information organisée de concert avec le Alberta Beef Producers, le Conseil canadien des viandes, Agriculture Canada et des représentants de l'ambassade du Canada.
Pour terminer, je tiens à préciser que les éleveurs de bétail ne toléreront pas que leur industrie soit davantage affaiblie. Il faut sans délai établir un processus d'élaboration de règlements. Sinon, l'Association devra songer sérieusement à prendre d'autres mesures et à déposer des plaintes, de concert avec le gouvernement fédéral, en vertu de l'ALENA ou auprès de l'OMC.
Merci, monsieur le président. Je répondrai volontiers à vos questions.
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Oui, je voudrais faire quelques commentaires.
Ce que nous avons essayé de faire avec ce programme, c'est d'accorder une aide aux exploitants de parcs d'engraissement, puisque ce sont eux, en bout de ligne, qui achètent ces animaux, et ensuite de donner aux éleveurs-naisseurs des moyens de gérer leur stock.
Il ne fait aucun doute que si nous n'arrivons pas à accroître la capacité d'abattage et à rouvrir la frontière, nous allons être confronté à un problème. Toutefois, si vous jetez un coup d'oeil aux chiffres, vous allez noter que la capacité d'abattage est en train d'augmenter. Les chiffres montrent clairement que, même en l'absence de nouveaux abattoirs—dont nous encourageons la construction, parce que c'est une bonne chose pour le Canada et pour l'industrie—franchement, compte tenu de la capacité existante qui a été annoncée et qui est en voie d'être réalisée, nous allons être en mesure d'abattre tous les bovins d'ici le début de janvier 2006.
Je viens d'assister à une réunion. J'ai rencontré tous ceux qui sont en train de construire des abattoirs. Les travaux progressent bien et seront complétés aux dates prévues. Des progrès sont donc en voie d'être réalisés. Toutefois, nous ne pourrons accorder aux producteurs les prix que nous voulons tant que les travaux ne seront pas terminés.
Nous sommes conscients du fait qu'il y a un problème. Nous avons mis sur pied deux programmes qui ciblent ces deux secteurs importants, et les chiffres montrent qu'ils sont efficaces. Avant l'annonce des programmes de retrait, les veaux de court engraissement se vendaient un peu plus de 80 cents la livre. Les bovins se vendent maintenant un dollar la livre. C'était là l'un des objectifs que nous avions fixés : nous voulions que les veaux se vendent un dollar la livre. Cet objectif a maintenant été atteint. Nous voulions que les bovins gras se vendent autour de 80 cents la livre. Cet objectif a été atteint. Pouvons-nous garder ces prix? Je ne le sais pas.
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Merci, monsieur le président.
Ma question s'adresse à M. Dessureault. J'aimerais que vous nous parliez des bovins de réforme, par exemple dans le secteur laitier, et des bovins de boucherie. Vous souhaitez que le gouvernement fédéral décrète un prix plancher canadien pour les bovins de réforme. J'aimerais savoir à combien vous estimez un tel prix plancher. De tels prix plancher existent-ils dans d'autres pays, par exemple aux États-Unis? Quels sont les rôles respectifs des différents paliers de gouvernement, par exemple le rôle du gouvernement du Québec par rapport à celui du gouvernement d'Ottawa?
Ottawa et Québec engagent des conversations afin de trouver des solutions pour les éleveurs de bovins du Québec. Quelle analyse faites-vous des pourparlers, et quels sont vos espoirs et vos craintes?
Le président du Syndicat des producteurs laitiers du Saguenay—Lac-Saint-Jean, M. Michel Potvin, propose la construction de petits abattoirs, comme c'était le cas dans les années 1960. Les éleveurs seraient-ils d'accord sur un tel projet, et croyez-vous que les grands abattoirs pourraient tuer dans l'oeuf un tel projet?
Les producteurs de vaches de réforme écoulaient leur bétail au Canada et principalement aux États-Unis avant la crise de la vache folle. Les producteurs de boeuf fournissent également des milliers de têtes. Les abattoirs de classe B, comme celui de Saint-Ambroise au Saguenay—-Saint-Jean, ne peuvent pas commercialiser leur viande au même titre que les abattoirs de classe A. Il n'y a pas d'abattoir de classe A au Saguenay—Lac-Saint-Jean depuis 1983. Les producteurs ont perdu la faculté de commercialiser. Le ministre parle de se doter de nouvelles infrastructures. Croyez-vous que la construction d'abattoirs régionaux de classe A résoudrait le problème qui perdure depuis 18 mois? Parlez-nous aussi du concept des abattoirs mobiles, des pour et des contre.
Monsieur Dessureault, pouvez-vous déjà estimer combien recevra l'Alberta dans le cadre de la stratégie ESB 5, et combien recevra le Québec?
Selon vos estimations, les 100 millions de dollars seraient inutilisés au terme de l'application du programme ESB 4 [Note de la rédaction : Inaudible] au programme d'aide transitoire à l'industrie, un programme fédéral de 680 millions de dollars. Comment croyez-vous que le fédéral pourrait prendre cet argent et régler le problème qui perdure au Québec depuis 18 mois?
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J'ai le goût de faire un commentaire sur la question précédente sur le PCSRA, le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole. Je compare le programme à une belle voiture que le gouvernement canadien a achetée en 2002, mais qui est toujours dans le fond de la cour sur quatre blocs: il n'y a pas d'essence dans le réservoir.
Imaginez-vous que le Programme canadien de stabilisation du revenu agricole existe depuis le 20 mai 2003 et qu'aucune somme d'argent n'a été remise directement aux producteurs. Sept nouveaux programmes canadiens ont été mis en place pour aider les producteurs: ESB 1 à ESB 5 et tous les programmes de transition. Ce n'est pas possible qu'on pense encore, à l'échelle du Canada, que ce programme est la solution dans un cas de crise grave comme celle que l'ont vit actuellement au Canada dans le domaine du bovin. Cela ne se peut pas. Bref, je termine mon commentaire.
Au sujet du prix minimum, dans le passé les producteurs de bovins de réforme canadiens recevaient un prix comparable à celui du marché américain. Actuellement, le prix du marché américain se situe aux environs de 60¢ la livre. Il y avait un écart qui équivalait à peu près au transport. Comme producteurs, nous voudrions retrouver ce marché, mais nous sommes conscients qu'il y a un embargo et qu'il y a des frais additionnels au niveau des abattoirs.
C'est important de penser à un prix minimum. Quel est-il au juste? Est-il aux deux-tiers de ce prix? Je ne le sais pas. Au Québec, il y a une loi sur les mises en marché. À défaut d'avoir une décision de la Régie des marchés agricoles et alimentaires qui donne « un certain pouvoir aux producteurs de fixer le prix de marché », on n'a pas été en mesure de le mettre en place, parce que lorsque l'acheteur va arriver dans le marché, il va se rendre compte que notre marché est régional, et non canadien. Si l'autorité venait du gouvernement canadien, on aurait une bien meilleure chance de le mettre en vigueur, du moins au Québec et au Canada.
Cela permettrait également au gouvernement canadien d'économiser de l'argent. Ces viandes ont été consommées au Québec au cours des derniers mois. Au profit de qui? Pas au profit des consommateurs, mais probablement--vous en avez sûrement une bonne idée--au profit des propriétaires d'abattoirs.
Quant à la question des abattoirs à caractère régional, je pense que la position de l'Union des producteurs agricoles et de la Fédération des producteurs de bovins du Québec est que la viande vendue devrait être inspectée. À cet égard, il est très difficile aujourd'hui, pour les abattoirs à caractère régional, d'avoir accès au marché, avec le grand réseau de distribution existant. On en est donc plutôt à préconiser de grandes entités à caractère un peu plus suprarégionales pour donner à l'ensemble des producteurs un accès à moindre coût à ces structures plutôt qu'à de petits abattoirs.
Les abattoirs mobiles, on les appelle des abattoirs de dépannage. Oui, pour un producteur dont un animal a un accident aujourd'hui sur la ferme, c'est la condamnation de l'animal, c'est l'équarrissage. Quelquefois, il pourrait récupérer une valeur économique pour sa propre entreprise, pour sa propre consommation. Il y aurait peut-être un certain intérêt sur ce plan.
Je ne reviendrai pas sur le programme ESB 5. On l'a suffisamment dit au Québec, ce dernier programme n'est pas approprié pour l'ensemble du Canada. C'est un programme ciblé sur une province. D'ailleurs, au moment où on se parle, rien n'a été annoncé au Québec.
Comment peut-on penser qu'un programme de mise de côté va avoir un effet quand on sait que dans les discussions internationales, on parle des animaux de 20 mois, de 21 mois qu'on veut faire abattre en 2006? Quelqu'un quelque part n'est pas branché. Je ne sais trop qui, mais il reste que ce n'est pas possible qu'on annonce un programme de mise de côté. C'est pour cette raison que dans les programmes ESB 3 et ESB 4 qui ont été mis en place, il y a des sommes résiduelles qui n'ont pas été remises aux producteurs. Peut-être a-t-on fait une évaluation plus grande que les budgets prévus.
Quand je parlais d'une somme de 320$ pour le bovin de réforme, c'est au programme ESB 3 que je pensais. Prolongez-le tant et aussi longtemps que les frontières ne seront pas réouvertes, si le marché n'est pas en mesure d'offrir un prix minimum. Les sommes d'argent sont là, elles ont été annoncées. Tout près de 200 millions de dollars n'ont pas été dépensés. Au lieu d'annoncer de nouvelles mesures, commençons donc par dépenser ce qu'il y a là. Cela aiderait grandement les producteurs de bovins canadiens.
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Merci, monsieur le président et merci à vous messieurs d'être venus nous rencontrer.
J'ai une observation à formuler, monsieur le président, en rapport avec ce qu'ont dit MM. Ritz et Anderson. J'ai pu constater que, dans ce pays, toutes les fois que le gouvernement fédéral essaie de faire quelque chose, on a droit à plusieurs versions différentes des faits.
Lorsque David dit que le ministre est revenu bredouille de son voyage au Japon, je m'objecte. En fait, je demanderais à Stan ou Brad de préciser leur commentaire à l'effet que pendant la visite du ministre là-bas, et en raison du travail effectué préalablement par l'ACIA, les Japonais ont indiqué qu'ils considéreront notre viande comme un produit nord-américain.
N'est-ce pas le cas?
Selon moi, cela placerait le Canada dans une position extrêmement avantageuse comparativement aux États-Unis en raison de la traçabilité de nos produits et du niveau d'identification que nous avons atteint.
Je dis simplement, monsieur le président, qu'il serait préférable de tenir les gens de l'industrie mieux informés. Je sais à quel point il a été difficile pour l'ACE d'appuyer le gouvernement relativement à bon nombre de ces mesures. Ce n'était pas évident. Mais si nous voulons aller de l'avant, il nous faut tout au moins essayer de nous en tenir aux faits dans l'information que nous diffusons aux producteurs, et je ne crois pas que c'est ce que M. Ritz et M. Anderson ont fait.
Ma question s'adresse aux représentants de l'ACE. Qu'est-ce que les Japonais ont dit exactement au gouvernement du Canada concernant ce concept de produit nord-américain?
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À mon tour, j'aimerais remercier les témoins d'être venus comparaître devant le comité.
Monsieur Dessureault, je crois comprendre, d'après ce que vous avez dit, que vous souhaiteriez bénéficier d'une plus grande souplesse concernant les programmes, mais selon une juste part. J'aimerais que vous nous expliquiez par écrit ce que vous entendez par une plus grande souplesse, comment vous aimeriez qu'elle soit appliquée, ce que vous voulez dire par juste part et de quelle façon nous pourrions intervenir à cet égard. J'aimerais que vous fassiez parvenir ces commentaires par écrit au comité ou, si le comité ne tient pas à les avoir, à moi.
Si j'ai bien compris, vous dites dans votre présentation que l'aide à l'abattage devrait être effectuée par les producteurs. En ce qui concerne la crise, je suis loin d'être un expert, mais je veux en connaître le plus possible le plus rapidement possible. Étant donné que nous avons des surplus énormes, il faut procéder rapidement à l'abattage. D'après les chiffres fournis la semaine dernière par Agriculture Canada, nous avons atteint 90 p. 100 de la production qui prévalait avant mai 2003 et les importations ont diminué de 68 p. 100.
Est-ce qu'il n'y aurait pas lieu, afin de répondre à la demande rapidement, de privilégier davantage les abattoirs existants, sans pour autant éliminer la possibilité qu'une partie de l'abattage se fasse dans le milieu?
Dans le même souffle, vous dites souhaiter qu'il s'agisse de subventions plutôt que de prêts. En ce qui me concerne, je me demande comment réagiraient les Américains, étant donné qu'ils sont très chatouilleux à l'égard des subventions. Le cas du porc le montre bien. À mon avis, nous devrions être prudents. Il serait peut-être envisageable d'opter pour des prêts avec congé d'intérêt, ce qui serait préférable, afin d'éviter d'être boycottés par les Américains.
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D'abord, en ce qui a trait à l'aide aux abattoirs existants, je crois que ceux-ci ont démontré que le fait d'accroître leur capacité d'abattage comportait un risque face à leur approvisionnement. Selon moi, le jour où les producteurs seront propriétaires de leur abattoir, une solidarité nouvelle les incitera à livrer des produits à l'abattoir. C'est ce qui se passe au Québec. Ils restent dans le marché et s'assurent de l'approvisionner convenablement.
Les Américains n'ont pas besoin de ce prétexte pour nous attaquer. La crise de l'industrie bovine a démontré que le prix de certaines catégories de produits, dont le veau, était plus élevé lors d'un embargo. Les Américains préparent l'imposition de droits antidumping destinés aux producteurs de veau canadiens. On se prépare à cela. La même situation s'annonce dans le secteur des bovins.
À mon avis, peu importe les mesures que nous prenons pour abattre nos animaux, nous sommes en mesure de vendre la totalité de notre viande de bovin de réforme à l'intérieur du marché canadien. Est-ce qu'on doit, comme on le faisait antérieurement, effectuer une production différente, c'est-à-dire produire à l'américaine pour les Américains? En ce qui me concerne, je crois que la crise nous donne une bonne leçon. On doit se différencier à l'intérieur du marché.
Par exemple, les marchés demandent qu'on soit en mesure d'identifier un bovin de sa naissance jusqu'à sa mort. On le fait au Québec, mais à l'heure actuelle, cette information s'arrête à l'abattoir parce que le marché ne veut tout simplement pas défrayer les coûts de cette mesure. Il ne s'agit pas ici d'en retirer un bénéfice, mais simplement d'en payer les coûts. Il y a de la place dans certains marchés autres que les États-Unis pour le boeuf canadien. Il est possible que le produit soit différent, mais les producteurs du Québec et du Canada sont prêts à aller de l'avant.
Si nous produisons uniquement pour les Américains, nous allons finir par nous poser le genre de questions que vous posez ici. Il faut donc se différencier. Avec des abattoirs, nous pourrions être en mesure, avec une bonne identification, de mieux différencier nos produits.