:
Merci, monsieur le président.
Je remercie également le comité de son intérêt pour ces questions.
Les questions concernant les travailleurs étrangers sans papiers et les travailleurs étrangers temporaires sont complexes et font appel à un certain nombre d'intervenants de divers secteurs du gouvernement du Canada, des gouvernements provinciaux et territoriaux, des municipalités ainsi que des entreprises et des milieux syndicaux.
Au sein du gouvernement du Canada, Citoyenneté et Immigration Canada (CIC) travaille à ces questions clés en étroite collaboration tant avec l'Agence des services frontaliers du Canada (ASFC) qu'avec Ressources humaines et Développement social Canada (RHDSC).
Je suis heureux que des collègues de l'ASFC et de RHDSC soient ici avec nous aujourd'hui pour répondre à vos questions.
[Traduction]
CIC assume la responsabilité générale d'élaborer des politiques et des programmes relatifs à la sélection des résidents permanents et temporaires au Canada.
Avec la collaboration de RHDSC, CIC gère le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires. RHDSC s'occupe des aspects qui ont trait aux répercussions sur le marché du travail et à l'évaluation des demandes d'employeurs pour des travailleurs étrangers temporaires. Pour sa part, CIC évalue chacun des travailleurs à la lumière des emplois offerts par des employeurs canadiens pour s'assurer qu'ils ont les capacités et les qualifications requises pour s'acquitter des tâches, et qu'ils ne représentent pas une menace pour le Canada d'un point de vue criminel, sanitaire ou sécuritaire.
L'ASFC est chargée de toutes les activités d'exécution de la Loi sur l'immigration, y compris les renvois. Les travailleurs sans papiers, ceux qui travaillent ici sans statut juridique, préoccupent tous les ministères, compte tenu de la nécessité de gérer l'accès au territoire et au marché du travail canadiens.
J'aimerais aujourd'hui vous donner un aperçu de ces questions et demander à mes collègues de faire la même chose selon la perspective de leur organisme.
Premièrement, j'aimerais traiter de la question des travailleurs sans papiers.
Je crois qu'il importe de souligner que la plupart des renseignements dont nous disposons au sujet de la population de travailleurs sans papiers ne sont pas fondés sur des données objectives. Bien qu'un certain nombre d'intervenants aient formulé des points de vue à ce sujet, il n'y a aucune façon de valider leurs estimations de la taille de cette population. Ce que nous savons, c'est qu'un grand nombre de travailleurs sans papiers sont au Canada depuis un certain temps et, dans certains cas, depuis bien des années, tandis que plusieurs milliers de particuliers attendent que leurs demandes d'admission au Canada soient traitées selon les voies normales.
La Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés ne prévoit aucun mécanisme pour légaliser le statut d'une personne qui est illégalement au pays, à moins de circonstances exceptionnelles justifiant une demande de résidence permanente pour des raisons d'ordre humanitaire. Normalement, un travailleur sans papiers doit quitter le Canada et présenter une demande à un bureau à l'étranger en vue d'être réadmis légalement, recevoir l'autorisation appropriée et se soumettre à des vérifications relatives à l'état de santé, aux antécédents criminels et à la sécurité.
J'aimerais maintenant parler des travailleurs étrangers temporaires. En 2006, quelque 112 000 travailleurs étrangers temporaires sont venus au Canada. Bien que les données définitives ne soient pas encore disponibles, à la fin du deuxième trimestre de 2007, nous avons vu leur nombre augmenter d'environ 25 p. 100 par rapport à la même période en 2006.
En partenariat avec Ressources humaines et Développement social Canada, CIC est en train d'améliorer le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires afin de l'adapter davantage aux besoins des employeurs canadiens. À la suite d'une série de mesures administratives annoncées depuis novembre l'an dernier — y compris l'amélioration de l'approche auprès des employeurs, des processus simplifiés et une collaboration fédérale-provinciale-territoriale accrue —, le Budget de 2007 fournit un nouveau financement à CIC et à RHDSC pour composer avec les volumes croissants de façon plus efficace, et combler les lacunes des programmes actuels, notamment en ce qui a trait à la nécessité d'une surveillance et d'une conformité accrues des employeurs.
CIC est très conscient de la nécessité d'améliorer le programme pour veiller à ce que les employeurs s'acquittent de leurs engagements à l'égard des travailleurs, et à ce que les travailleurs possèdent les outils nécessaires pour s'informer de leurs droits et responsabilités.
Parallèlement, les provinces et les territoires, qui sont responsables en grande partie de la surveillance des normes d'emploi et de la santé et sécurité au travail, participent activement à la gestion de ce dossier. Dans le cadre de l'Accord Canada-Ontario sur l'immigration, CIC négocie une annexe avec la province en vue de lui permettre de jouer un rôle plus important dans la désignation des travailleurs étrangers temporaires dont elle a besoin. Les accords Canada-Alberta et Canada-Nouvelle-Écosse qui ont été signés récemment contiennent aussi des dispositions visant la négociation, au cours des prochains mois, d'une annexe portant sur les travailleurs étrangers temporaires, y compris la reconnaissance de la nécessité de protéger les intérêts des travailleurs.
Afin de mieux répondre aux besoins du marché du travail, le gouvernement a annoncé, dans son Budget de 2007, qu'il permettrait aux travailleurs étrangers temporaires qualifiés se trouvant déjà au Canada, comme les travailleurs exerçant des métiers spécialisés, de demander la résidence permanente sans avoir à quitter le pays, et qu'il faciliterait en fait le processus à cet égard. Le gouvernement a l'intention d'appliquer ces mêmes dispositions aux étudiants étrangers qui ont acquis des titres de compétences et une expérience de travail au Canada. CIC s'attend à ce que, au bout du compte, quelque 25 000 personnes se voient attribuer le statut de résident permanent au Canada chaque année, à la suite de la pleine application du nouveau mécanisme qui devait se faire d'ici cinq ans.
De plus, le gouvernement facilite l'entrée des travailleurs étrangers temporaires à l'aide de diverses initiatives, telles que le programme Construction Recruitment External Workers Services, ou CREWS, qui contribue à faire venir des travailleurs de la construction qualifiés dans la région de Toronto, ou le protocole d'entente visant l'entrée de travailleurs étrangers temporaires pour les projets d'exploitation des sables bitumineux de l'Alberta, qui facilite l'entrée de travailleurs qualifiés requis dans ce domaine spécialisé.
Ces mesures aideront à faire en sorte que le système d'immigration canadien continue de jouer son important rôle traditionnel dans l'économie croissante du Canada. Prises ensemble, ces voies additionnelles, combinées aux améliorations apportées au Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires, devraient non seulement améliorer la prise en compte des besoins du marché du travail, mais également favoriser la circulation légale des travailleurs au Canada.
Je demanderais maintenant à mes collègues de l'ASFC et de RHDSC de vous communiquer leurs points de vue sur ces questions.
Merci.
:
Merci, monsieur le président, de nous avoir donné la possibilité de comparaître devant vous aujourd'hui pour vous fournir des renseignements sur l'exécution de la loi en matière d'immigration, particulièrement en ce qui a trait aux travailleurs sans papiers.
Il incombe à l'Agence des services frontaliers du Canada de faire respecter les dispositions de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Il est évident qu'un programme d'immigration efficace nécessite des contrôles. L'approche de l'ASFC en matière d'exécution de la loi comprend plusieurs niveaux. D'abord, les agents d'intégrité des mouvements migratoires à l'étranger contrôlent les documents et les personnes avant que celles-ci ne montent à bord d'un aéronef à destination du Canada. Ensuite, les agents des services frontaliers aux points d'entrée examinent les gens qui arrivent au Canada; et enfin, dans le cas des personnes qui sont déjà au Canada, les agents d'application de la loi à l'intérieur du pays identifient, arrêtent, détiennent et renvoient celles qui sont interdites de territoire, y compris celles qui travaillent dans l'illégalité.
Une fois qu'une personne est interdite de territoire, elle a le droit de recourir à divers niveaux d'appel. En outre, ceux qui sont visés par une mesure de renvoi peuvent demander un examen des risques avant renvoi pour s'assurer qu'il n'existe aucun risque à ce qu'ils retournent dans leur pays. Une fois que toutes les voies d'appel ont été épuisées, la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés est claire. Une personne visée par une mesure de renvoi doit être renvoyée aussitôt que c'est raisonnablement possible.
Des mesures de contrôle comme les renvois font en sorte que l'intérêt supérieur du Canada soit pris en considération relativement à la sûreté et à la sécurité, à l'économie et à nos buts humanitaires et de réunification des familles. Un programme de renvoi contribue au respect continu de nos lois et représente un élément de dissuasion pour les individus qui peuvent choisir de les ignorer.
L'ASFC établit l'ordre de priorité de ces renvois. La première priorité concerne les individus qui posent une menace à la sécurité nationale, et qui sont impliqués dans le crime organisé ou les crimes contre l'humanité. Viennent en deuxième ceux qui ont commis des infractions moins graves, les demandeurs de statut de réfugié déboutés et toutes les personnes interdites de territoire, comme les individus qui travaillent sans autorisation à cette fin.
L'ASFC suit d'aussi près que possible le système de priorités, mais il peut arriver qu'un renvoi de priorité mineure soit examiné. À titre d'exemple, lorsque tout le travail a été accompli en ce qui concerne les cas dont la priorité est élevée, les agents doivent s'occuper des cas suivants sur la liste. En outre, les priorités en matière de renvoi peuvent changer, selon le moment où les documents de voyage ou la décision liée à l'examen des risques avant renvoi sont disponibles.
Les activités d'exécution de la loi, qui comprennent les renvois, ne sont pas fondées sur la religion, la race, la nationalité, l'origine ethnique ou le sexe. Le pays de nationalité ou la religion des personnes sur lesquelles l'ASFC enquête ne sont pas considérés au moment de décider de poursuivre une affaire. Les politiques de renvoi du Canada sont appliquées universellement et ne ciblent pas des groupes particuliers tels que les travailleurs illégaux.
En conclusion, monsieur le président, la capacité de renvoyer des personnes inadmissibles est essentielle à la sûreté et à la sécurité du Canada. Tout écart par rapport à cette pratique aura un effet d'attraction pour la migration illégale au Canada et compromettra l'intégrité du programme d'immigration.
Merci.
:
Merci à vous, monsieur le président, ainsi qu'aux membres du comité.
[Français]
Je vous remercie de m'offrir l'occasion de m'exprimer devant le comité sur la question que vous étudiez, à savoir les travailleurs sans papiers et le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires.
Je m'appelle Andrew Kenyon et je suis le directeur général de la Direction des travailleurs étrangers temporaires de la Direction générale des compétences et de l’emploi de Ressources humaines et Développement social Canada.
[Traduction]
Monsieur le président, je parlerai aujourd'hui du rôle de RHDSC dans le cadre du Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires, que nous coadministrons avec Citoyenneté et Immigration Canada. J'expliquerai comment ce programme fonctionne au sein du marché du travail canadien et comment RHDSC gère sa partie du programme pour répondre de manière équilibrée aux besoins des employeurs et des travailleurs canadiens et étrangers. Je parlerai également de ce que font généralement les travailleurs étrangers ici, au Canada, et de certaines difficultés que nous éprouvons au chapitre de la mise en oeuvre du programme et de certaines nouvelles initiatives qui sont entreprises pour régler ces difficultés.
Le rôle de RHDSC dans le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires consiste à évaluer, selon un ensemble de critères, les offres d'emploi temporaires faites par les employeurs canadiens aux ressortissants étrangers, et à déterminer l'impact potentiel de ces emplois sur notre marché du travail. L'évaluation qu'effectue RHDSC se nomme un avis concernant l'impact sur le marché du travail, et il est fourni à l'employeur qui cherche à embaucher un travailleur étranger temporaire, ainsi qu'à CIC. L'avis concernant l'impact sur le marché du travail peut être « favorable » — ce qui signifie que l'emploi n'aurait aucun impact négatif sur le marché du travail canadien —, ou encore « neutre » ou « défavorable ».
L'avis concernant l'impact sur le marché du travail est fondé sur les facteurs précisés dans le Règlement sur l'immigration et la protection des réfugiés. Par exemple, l'employeur a-t-il fait des efforts raisonnables pour embaucher ou former des citoyens canadiens? L'embauche du travailleur étranger permet-elle de résorber une pénurie de main-d'oeuvre? Le salaire offert au travailleur étranger correspond-il au taux de salaire courant pour cette profession et les conditions de travail qui lui sont offertes se comparent-elles à celles offertes aux Canadiens occupant le même poste? L'embauche du travailleur étranger va-t-elle nuire au règlement d'un conflit de travail en cours ou à l'emploi de tout travailleur canadien touché par ce conflit?
[Français]
Le ministère émet des avis sur le marché du travail pouvant couvrir des périodes aussi brèves que deux jours ou aussi longues que trois ans pour les travailleurs hautement qualifiés. Pour les travailleurs peu spécialisés tels que les conducteurs de camion, les empaqueteurs de viande et les travailleurs généraux en construction, des changements permettant de prolonger de 12 à 24 mois la période couverte par l'avis sur le marché du travail ont été annoncés en février 2007, avec une révision des salaires au bout de 12 mois.
Des avis sur le marché du travail sont requis pour environ 50 p. 100 des permis de travail émis par Citoyenneté et Immigration Canada. Les principales exceptions comprennent les travailleurs qui obtiennent des permis dans le cadre d'ententes internationales telles que l'Accord de libre-échange nord-américain et dans le cas d'un transfert au sein d'une même entreprise.
[Traduction]
Monsieur le président, pour éviter une perception potentiellement erronée du Programme relatif aux travailleurs étrangers, il est important de noter deux aspects de ce programme. Premièrement, il est fondé sur les demandes des employeurs et n'a pas de limite quant au nombre de demandes pouvant être acheminées, ni de quotas. Deuxièmement, bien que RHDSC ait effectué des avis concernant l'impact sur le marché du travail pour plus de 163 000 travailleurs étrangers temporaires en 2006, ceux-ci ne représentent que moins de 1 p. 100 de la totalité de notre main-d'oeuvre canadienne.
Pour vous donner une idée de qui sont ces travailleurs étrangers temporaires au Canada aujourd'hui, je précise que les États-Unis en sont la principale source, suivis du Mexique, de la France, du Royaume-Uni et de l'Australie. Environ 45 p. 100 des travailleurs étrangers temporaires exercent des professions libérales, des professions dans la gestion et l'industrie du spectacle et des métiers techniques. Autour de 55 p. 100 des travailleurs étrangers temporaires occupent des emplois peu qualifiés, et près de la moitié d'entre eux sont des travailleurs agricoles saisonniers qui répondent aux besoins temporaires d'agriculteurs canadiens durant les périodes de récolte et de plantation, là où il y a normalement des pénuries de main-d'oeuvre canadienne.
Je vais maintenant passer aux principaux défis auxquels nous sommes confrontés et aux solutions que nous mettons en oeuvre.
L'un des principaux défis du programme est le nombre toujours croissant de demandes d'avis concernant l'impact sur le marché du travail, ou AMT, dans certains secteurs et certaines régions. Cela, combiné aux exigences de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés relativement à l'évaluation au cas par cas, entraîne l'accumulation d'arriérés et l'augmentation du temps de traitement, notamment en Alberta et en Colombie-Britannique.
De récents changements au programme ont été annoncés pour régler cette situation, dont l'établissement de listes régionales des professions en pénurie de main-d'oeuvre pour la Colombie-Britannique, l'Alberta, l'Ontario, le Québec et autres provinces; la simplification et un raccourcissement des délais relativement aux exigences concernant les annonces d'emplois faites par les employeurs avant d'embaucher des travailleurs temporaires pour des emplois où il est clair qu'il y a une pénurie de main-d'oeuvre continue; la création de demandes en ligne d'AMT; le traitement simultané des AMT par RHDSC et des permis de travail par CIC; la création de groupes de travail fédéral-provinciaux en Ontario, en Colombie-Britannique, en Alberta et au Manitoba; et, plus récemment, le processus d'avis concernant l'impact sur le marché du travail en mode accéléré, qui permet aux employeurs admissibles de recevoir des AMT pour des professions précises en Colombie-Britannique et en Alberta plus rapidement que par le processus régulier.
En janvier 2008, le ministre Solberg a annoncé l'élargissement du projet pilote d'AMT en mode accéléré qui, au départ, s'appliquait à 12 professions et métiers particuliers, mais en vise maintenant 33, soit 50 p. 100 du nombre total de demandes d'avis concernant l'impact sur le marché du travail provenant des employeurs de la Colombie-Britannique et de l'Alberta.
[Français]
Ces changements sont en vigueur et nous comptons en voir les bienfaits, surtout avec l'ajout de fonds prévu dans le budget de 2007. Toutefois, étant donné que le nombre total des demandes de travailleurs étrangers temporaires a augmenté de 100 p. 100 entre 2000 et 2006, que l'augmentation est de 200 p. 100 en Alberta et de 40 p. 100 en Colombie-Britannique pour les six premiers mois de 2007 par rapport à la même période de 2006, il y a peu de chance que la pression se relâche.
[Traduction]
Un défi additionnel consiste à établir un juste équilibre entre un processus simplifié pour les employeurs et une protection adéquate pour les travailleurs. Comme je l'ai déjà mentionné, les travailleurs étrangers temporaires bénéficient des mêmes mesures de protection en vertu des législations fédérale et provinciales que les travailleurs canadiens. Les provinces et les territoires ont la principale responsabilité d'établir et de renforcer les normes relatives à l'emploi et à la santé et la sécurité au travail, notamment en ce qui a trait aux salaires et aux conditions de travail.
Ceci dit, nous collaborons avec CIC pour améliorer l'information disponible pour les travailleurs étrangers en ce qui concerne leurs droits et leurs moyens de recours. Ainsi, nous publions une brochure multilingue contenant des renseignements à cet égard, et la distribuons aux travailleurs étrangers temporaires.
De plus, RHDSC offre aux employeurs une information plus complète concernant les exigences auxquelles ils doivent satisfaire, ainsi que leurs responsabilités. Nous mettons également au point des accords d'échange d'information avec les provinces pour pouvoir relever et partager des renseignements dans les cas de violations des normes du travail.
Il reste du travail à faire, mais d'après ce qu'on nous dit, nous sommes sur la bonne voie.
Je conclus sur cette note.
Merci, monsieur le président.
:
Monsieur le président, ni CIC, ni les autres intervenants ne sont véritablement capables de déterminer le nombre exact de personnes qui se trouvent au Canada illégalement, y compris les travailleurs sans papiers.
Il n'y a pas de données objectives, comme je l'ai dit dans mes remarques préliminaires, pour étayer parfaitement une estimation du nombre de travailleurs sans papiers ou de personnes en situation irrégulière. On estime qu'ils sont entre 80 000 et 500 000, selon les sources, et bien que les médias et les intervenants évoquent souvent des nombres très élevés, ils ne reposent pas, comme je l'ai dit, sur des preuves tangibles.
Les calculs du ministère à cet égard remontent à 2005, alors que nous avons déterminé notre propre estimation du nombre de travailleurs sans papiers, en concluant qu'il se situait entre 80 000 et 120 000. On est parvenu à cette approximation après consultation des associations d'industries, des syndicats et des bureaux régionaux des CIC partout au pays.
En réalité, pour que nous puissions évaluer précisément cette population, le Canada aurait besoin d'un mécanisme de contrôle à la sortie pour que nous puissions suivre les allées et venues des gens, et ainsi comprendre combien de personnes ont prolongé leur séjour indûment.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
En fait, c'est un bon point par lequel commencer. Lors de notre tournée au sujet de ce dossier, nous avions évalué que ce nombre se situait entre 200 000 et 500 000.
Vous avez mentionné certains chiffres selon lesquels nous accueillons 165 000 personnes au Canada, dont 45 p. 100 sont hautement qualifiées, et 55 p. 100, peu qualifiées.
J'aimerais vraiment que les membres du comité comprennent ce fait: les travailleurs peu qualifiés sont ceux qui ont été éliminés en tant qu'immigrants possibles au Canada à l'époque où le système de points a été modifié. Je tiens à informer les membres que notre comité était majoritairement contre la façon dont ce système a été changé. C'était le cas classique d'un ministre n'y connaissant pas grand-chose qui a été convaincu par les fonctionnaires que c'était ainsi qu'il fallait agir.
Si on examine les travailleurs peu qualifiés et la façon dont on les catégorise — et pas les professionnels — on parle d'environ 90 000 personnes. Le nouveau système de points est en vigueur depuis longtemps, maintenant. Donc, si l'on multiplie 90 000 personnes par cinq ans, cela fait 450 000 personnes.
Le problème, c'est que le système n'est pas très fonctionnel, et c'est pourquoi il y a une pénurie si importante, peu importe où on va dans ce pays. Des Maritimes — où les usines de traitement du poisson menacent de fermer leurs portes — à la côte Ouest, en passant par le Nord, nous sommes dans un beau pétrin. Et cela est relié au système de points. Les travailleurs spécialisés ont beaucoup de difficulté à entrer ici, tout comme les ouvriers. Donc, ce système de points et la façon dont on l'a changé a créé un réel problème.
On parle de protéger le Canada, de préserver la sécurité, etc. Pourriez-vous me dire combien de personnes nous tentons actuellement de renvoyer pour des motifs de criminalité, monsieur MacDougall?
:
J'imagine que cette question serait probablement pour mon collègue. Mais si je puis me permettre, monsieur le président, j'aimerais seulement répondre brièvement au sujet de l'élément de la criminalité.
J'aimerais seulement dire que quand on considère comment nous renvoyons les gens... Nous avons une liste de priorités, comme je l'ai dit, qui commence avec les grands criminels et descend jusqu'aux demandeurs d'asile déboutés, puis à d'autres gens faisant partie d'une catégorie de personnes non admissibles qui comprendrait les travailleurs illégaux. Voilà donc notre système de priorités. Quand nous regardons les données de l'an dernier, nous constatons qu'un total d'environ 8 p. 100 du répertoire global, disons, de gens qui doivent être renvoyés, est composé d'individus qui ont des antécédents criminels.
L'an dernier, sur les 12 636 personnes renvoyées, 15 p. 100 avaient un dossier criminel. Je crois que ce que cela démontre, c'est que les priorités de renvoi des criminels sont respectées dans nos bureaux régionaux. On a renvoyé un pourcentage plus important de ces personnes par rapport à l'ensemble du répertoire global, et ensuite, on est évidemment passé aux suivants sur la liste.
Je voulais donc simplement vous fournir ces chiffres, mais je passerai outre à la seconde partie de votre question.
:
Monsieur le président, à des fins de clarification, je précise qu'en 2006, alors que RHDSC avait traité 165 000 avis concernant l'impact sur le marché du travail, dans les faits, seulement 112 000 travailleurs temporaires étrangers sont entrés au Canada, et là-dessus, environ la moitié étaient des travailleurs hautement qualifiés, et l'autre moitié, des travailleurs peu qualifiés.
En ce qui a trait aux critères de sélection et aux possibilités pour les travailleurs moins qualifiés de venir au Canada, un certain nombre d'options s'offrent à eux. La première serait les programmes des candidats des provinces, pour lesquels nous avons une documentation exhaustive sur les solides expériences provinciales, particulièrement au Manitoba et au Canada atlantique, avec la nomination de travailleurs peu spécialisés, ainsi que le modèle d'emplois réservés, qui procure des points supplémentaires aux gens qui ont reçu une offre d'emploi permanent approuvée par des collègues de RHDSC.
En même temps, le budget de 2007, comme je l'ai mentionné dans mes remarques préliminaires, annonçait l'intention du gouvernement de créer un nouveau mécanisme visant à permettre aux travailleurs étrangers temporaires, y compris ceux des métiers spécialisés et autres travailleurs des domaines techniques, de faire des démarches pour obtenir le statut de résident permanent.
En ce qui a trait à la question relative aux anciennes actions du gouvernement dans ce dossier, on a travaillé par le passé sur d'éventuelles initiatives visant la régularisation du statut des travailleurs sans papiers. En 2005, une ébauche de protocole d'entente avec la Coalition des travailleurs sans papiers a été mise au point. Toutefois, ce protocole n'a jamais été ratifié ni appuyé par le gouvernement précédent.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie tous d'être ici aujourd'hui, dans cette salle à l'ambiance feutrée. J'aimerais poser quelques questions à celui de M. Kenyon ou M. Linklater qui sera le plus en mesure d'y répondre. Elles porteront sur le Programme des travailleurs étrangers temporaires. Je veux seulement bien comprendre la mécanique du programme.
Lorsqu'une demande est faite, on parle d'un avis. L'origine de cette demande est un employeur qui dit faire face à une pénurie de main-d'oeuvre et avoir l'intention d'embaucher des travailleurs étrangers. Si je comprends bien, c'est donc l'employeur qui demande l'autorisation d'embaucher des travailleurs étrangers.
Cela fonctionne-t-il de cette façon? D'accord.
Donc, sur la base des critères que vous avez énumérés, vous allez accorder, ou non, le droit à cet employeur d'embaucher des travailleurs étrangers, n'est-ce pas? Ça va.
Parmi les quatre critères qui sont mentionnés dans votre présentation, il y en a un qui m'apparaît évident et qui est très important:
Le salaire offert au travailleur étranger correspond-il aux taux de salaires courants pour cette profession et les conditions de travail qui lui sont offertes se comparent-elles à celles offertes aux Canadiens occupant Ie même poste?
J'imagine que c'est pour éviter qu'on recrute de la main-d'œuvre à bon marché à l'étranger.
Concrètement, comment vous y prenez-vous pour déterminer cela?
:
Merci, monsieur le président.
En supposant que 150 000 travailleurs étrangers temporaires viennent au Canada annuellement, selon les chiffres de cette année, dans cinq ans, cela fera 750 000, ou trois quarts de million de travailleurs. Selon votre document, environ 25 000 d'entre eux obtiendront le statut d'immigrant reçu — ce qui veut dire qu'environ 3,3 p. 100 auront le droit de rester ici —, alors que quelque 725 000 personnes devront partir, ce qui signifie qu'elles seront probablement incapables d'obtenir le statut d'immigrant reçu.
Il me semble que ces travailleurs n'ont absolument aucun pouvoir. J'ai entendu des cas de mauvais traitements et d'exploitation de ces travailleurs, ainsi que de logements surpeuplés. Ils payent des cotisations d'assurance-emploi, mais n'en profiteront jamais parce qu'ils doivent quitter le pays. Dans certaines provinces, ils n'ont pas droit à l'assurance-santé s'ils sont ici depuis moins de trois mois. Les membres de leur famille sont peu susceptibles de les rejoindre, et n'auront jamais vraiment la possibilité de le faire.
Nous établissons un système qui, à mes yeux, au bout du compte, entraînera une baisse des salaires canadiens. Ces travailleurs ont fondamentalement très peu de droits. Dès qu'ils se plaignent... Leur permis est émis pour un emploi ou un employeur précis; et le visa n'est pas vraiment valide pour la période d'emploi de deux ans, disons. Cela a déjà fait l'objet d'une recommandation par le passé et, d'après ce que je constate, on ne l'a pas encore mise en oeuvre.
Par ailleurs, nous savons qu'il y a des recruteurs à l'étranger, et que certains d'entre eux ont très peu de scrupules. En échange de 5 000 $ ou 10 000 $, ils promettent la lune. Il n'y a pas de formation préalable. En arrivant ici, ces travailleurs ignorent les mesures de sécurité et les lois du travail.
Quelles sont les mesures prises par le ministère, qu'il s'agisse de l'ASFC ou de CIC, pour s'assurer que ces recruteurs à l'étranger qui fonctionnent de manière pas très légale soient punis?
Je remarque qu'aucun n'est allé en prison. Je ne pense pas que beaucoup d'entre eux ont été accusés d'infraction. Qui a véritablement la responsabilité — CIC, l'ASFC, ou encore la GRC — de s'assurer qu'à tout le moins, ces travailleurs qui entrent ici ne se fassent pas tout bonnement exploiter par ces recruteurs?
:
Monsieur le président, ces questions sont de grandes sources de préoccupation, pas seulement pour les ministères présents aujourd'hui, mais aussi pour nos collègues des provinces. En fait, comme l'a dit M. Kenyon, des ententes d'échange de renseignements sont conclues avec les provinces pour nous aider à partager l'information au sujet des infractions en vertu des lois fédérales, mais aussi provinciales.
Par exemple, les quatre provinces de l'Ouest appliquent des lois interdisant aux agences de recrutement d'imposer des frais à un employé potentiel. Bien qu'ils puissent exiger ces frais de l'employeur pour leurs services, il est illégal, en vertu de la loi provinciale, de les imposer à l'employé.
Quand un employé se présente avec ce type d'information, que ce soit à RHDSC, à CIC ou à l'ASFC, nous le redirigeons vers les fonctionnaires provinciaux appropriés. Nous reconnaissons, comme l'a souligné M. Kenyon, je crois, qu'un suivi systématique est une chose à laquelle il nous faudra travailler dans le cadre de futures initiatives de réglementation.
À cette fin, il est essentiel que l'échange d'information se fasse plus librement avec les provinces et entre les trois ministères fédéraux concernés, afin de nous assurer de mettre en commun tous les outils dont nous disposons pour examiner les activités des recruteurs.
:
Ce qui signifie que vous pourriez peut-être les faire cotiser au prorata ou autre chose du genre.
J'aimerais aborder deux questions, soit les travailleurs sans papiers et les travailleurs étrangers temporaires.
L'expression « travailleurs sans papiers » est peut-être généreuse, en un certain sens. Bien que le groupe de personnes puisse susciter la sympathie, quand j'examine la liste que j'ai ici, j'observe par exemple des cas de demande du statut de réfugié qui ont été rejetées. Peut-être est-ce là une source du dilemme, soit qu'il existe un processus plutôt long auxquels peuvent recourir les demandeurs: des audiences de la CISR, des appels devant la Cour fédérale, la permission d'interjeter appel des décisions, les demandes d'examen des risques avant renvoi et, enfin, les demandes pour motifs humanitaires. Il y a donc en place tout un processus. En fin de compte, quand une personne en a franchi toutes les étapes, mais décide de ne pas partir, elle se retrouve dans le groupe des travailleurs sans papiers. Or, elle ne devrait même pas être ici, n'est-ce pas?
:
À mon avis, certains aspects clés du travail qui est en cours seront fort utiles pour mieux expliquer les processus aux demandeurs et à ceux qui se prévalent du programme.
Par exemple, dans le cas des travailleurs étrangers temporaires, depuis 2006, nous prenons des mesures administratives pour simplifier le processus à l'intention des employeurs de manière à ce qu'employés et employeurs le comprennent plus facilement. Nous offrons en ligne un nouveau guide relatif aux travailleurs étrangers temporaires qui aide à franchir toutes les étapes du processus de sorte que toute l'information provenant des trois ministères fédéraux se trouve maintenant au même endroit afin d'aider les employeurs à mieux utiliser le programme.
Nous cherchons des moyens de simplifier le traitement des demandes. L'avis concernant l'impact sur le marché du travail en mode accéléré aide les employeurs. Au début de la séance, j'ai fait distribuer certains renseignements que nous allons désormais fournir aux travailleurs étrangers temporaires, une brochure qui les renseigne sur leurs droits et leurs responsabilités et qui leur fournit des données courantes sur les bureaux provinciaux compétents de main-d'oeuvre auxquels ils peuvent adresser toute plainte au sujet des salaires et des conditions de travail. La brochure est maintenant offerte en anglais, en français et en espagnol, et des versions en mandarin, en hindi et en tagal s'y ajouteront bientôt. La brochure fera partie de la documentation que nous remettons aux travailleurs étrangers.
Simultanément, comme je l'ai mentionné tout à l'heure, nous travaillons avec l'Ontario à une annexe à l'entente relative aux travailleurs étrangers temporaires qui permettra de mettre en commun tous les outils dont dispose la province au sujet des normes de travail, des pénalités qu'elle peut infliger et l'information qui peut être partagée entre la province et les trois ministères pour pouvoir prendre des mesures à l'égard des employeurs.
Nous examinons également des changements réglementaires qui pourraient rendre le règlement moins normatif, dire, par exemple, que s'il existe des renseignements défavorables au sujet d'une infraction passée d'un employeur, que ce soit à l'égard d'une loi provinciale ou d'une loi fédérale, ils devraient faire partie de notre évaluation et qu'on devrait peut-être refuser la prestation de services à cet employeur si l'infraction est d'une gravité telle qu'un retrait des services est justifié.
Nous sommes donc en train de prendre une foule de mesures. La question est complexe en raison de la dynamique fédérale-provinciale. Il existe des normes en matière de main-d'oeuvre, de salaires et de conditions de travail; il y a aussi les employeurs. Nous entretenons un dialogue périodique avec le monde syndical au sujet du programme et de la façon de l'améliorer.
Donc, grâce à plusieurs consultations et à d'autres travaux en cours concernant la politique, nous tentons de réunir toutes les pièces du puzzle pour en faire un train de mesures plus concis que peuvent proposer les ministres.
:
Je vais répondre en premier.
Tout d'abord, c'est l'employeur qui demande à RHDSC ou à Service Canada, dans les régions de chaque province, un avis concernant l'impact sur le marché du travail. Par exemple, il a besoin d'un certain nombre d'employés dans une occupation particulière. Il décrit la publicité qu'il a faite, le salaire qu'il offre, et nous faisons une évaluation de sa demande. C'est l'explication la plus rapide que je peux vous donner du processus. Nous produisons un avis qui décrit l'impact prévu de l'importation de ces travailleurs sur le marché du travail canadien. C'est ce que nous fournissons à l'employeur. Si l'avis est favorable ou neutre, l'employeur passe alors à l'étape suivante et fournit à CIC les noms des travailleurs qu'il aimerait faire entrer au Canada. Il est de la responsabilité de l'employé de traiter avec CIC. Je vais laisser M. Linklater vous en parler. Nous ne traitons qu'avec les employeurs et leurs demandes particulières.
Vous avez mentionné la manière dont nous collaborons avec les provinces. Naturellement, nous travaillons effectivement en très étroite collaboration avec elles. En règle générale, cependant, il appartient à RHDSC, à Service Canada, de prendre une décision en ce qui concerne l'avis concernant l'impact sur le marché du travail. Le Québec fait exception, car nous avons avec cette province un protocole d'entente de longue date grâce auquel le Québec est celui qui en réalité a le dernier mot, qui décide s'il va tenir compte de l'avis que nous avons produit.
:
L'écart dans les nombres peut être attribué en partie au rejet de demandes, mais je crois que plusieurs employeurs ont recours à différentes options pour répondre à leurs besoins en ressources humaines, et le recours à des travailleurs étrangers temporaires est de ce nombre. Dans les faits, un avis amélioré concernant l'impact sur le marché du travail pourrait parfois ne pas vraiment se traduire par une demande auprès de CIC pour faire entrer un travailleur, mais bien sûr, des demandes sont rejetées, comme vous l'avez mentionné.
Pour ce qui est de la façon dont fonctionne le programme comme tel, RHDSC traite effectivement avec les employeurs. Son rôle consiste à établir s'il existe vraiment un emploi légitime offert par un employeur légitime pour répondre à un besoin qui ne peut être satisfait par le marché du travail canadien.
Quant à la délivrance de l'autorisation d'emploi, il appartient à CIC de déterminer si le demandeur que l'employeur a nommé est capable d'accomplir le travail offert. Il faut vérifier qu'il a une expérience acceptable, comme le décrit l'avis concernant l'impact sur le marché du travail, et enfin, si, de l'avis de l'agent des visas, la personne va retourner chez elle ou quitter le Canada à l'expiration du permis. Ce sont, grosso modo, les facteurs d'évaluation dont tiennent compte nos agents.
Vous avez mentionné les travailleurs peu spécialisés. Parfois, la personne n'a peut-être pas établi à la satisfaction de l'agent des visas qu'en fait, ses liens avec son pays d'origine seraient suffisants pour qu'elle y retourne à la fin de sa période d'emploi.
:
C'était mon autre demande. Veuillez nous fournir l'information. Vous avez dit que vous ne l'aviez pas actuellement, mais je crois que ma question est légitime.
Le ministère de l'Immigration devrait avoir une idée du nombre de citoyens canadiens qui vivent à l'étranger. Chaque fois que vous expulsez des travailleurs sans papiers, ceux-ci sont accompagnés d'enfants qui ont la citoyenneté canadienne. Après avoir traité des cas de Canadiens perdus pendant tout ce temps, nous devons sûrement chercher à savoir combien de citoyens canadiens nous avons à l'étranger, y compris combien d'enfants.
Monsieur Linklater, vous devriez pouvoir nous obtenir ces données, de sorte que nous attendons de les recevoir.
L'autre question concerne la relation de pouvoir. Vous admettez au Canada une personne qui vient travailler chez un employeur. C'est une relation de pouvoir terriblement déséquilibrée. Le travailleur est absolument impuissant. Ce serait beaucoup mieux si vous admettiez quelqu'un pour travailler dans un secteur, de sorte qu'il puisse changer d'employeur.
Nous l'avons vu dans le cas des aides familiaux résidants. Quelqu'un entre au pays, est complètement victimisé par son employeur, puis, s'il souhaite y réagir, il est expulsé. C'est injuste, de sorte qu'il faut vraiment trouver une solution au problème.
Nous avons des travailleurs étrangers temporaires, particulièrement dans le secteur agricole, qui reviennent ici décennie après décennie — certains d'entre eux pendant jusqu'à quatre décennies. Voilà qui me rappelle le bon vieux temps quand nous importions de la main-d'oeuvre chinoise pour construire le chemin de fer, puis que nous avons adopté le Chinese Exclusion Act. Ce n'est pas ainsi qu'il faut agir. C'est mal.
Si nous souhaitons obtenir les personnes dont a besoin notre économie, il serait préférable de les accueillir comme des citoyens canadiens, plutôt que de les laisser venir ici, repartir et revenir pendant autant de décennies. J'aimerais vraiment que nous en débattions.
Monsieur Linklater, vous avez dit qu'il s'agit d'un problème fort complexe. Il pourrait ne pas l'être autant. Nous avons des travailleurs sans papiers, la plupart du temps en raison d'un échec du système de points que nous avons en place, ce que nous admettons enfin, et nous mettons en place des programmes justement parce que le problème a été reconnu.
Si l'on voit nos travailleurs sans papiers qui ont contribué à bâtir notre pays comme étant des personnes qui ont eu la chance de venir ici contribuer à notre économie, voyons-les comme des immigrants à l'essai. Était-ce de bons travailleurs ou pas? Ont-ils établi des liens dans la collectivité ou pas? Ont-ils enfreint des lois ou les ont-ils respectées?
Monsieur le président, si quelqu'un vient ici en tant qu'immigrant régulier, une fois qu'il est entré, il est fort difficile de s'en débarrasser. Considérons ces gens comme ayant été ici et ayant fait un apport à l'économie. Voyons comment ils se sont comportés. Si leur comportement était bon et qu'ils ont réussi leur période d'essai, offrons-leur un moyen de demeurer ici. Voilà le genre de questions auxquelles je m'arrête.
Mon dernier point concerne le questionnaire rédigé par nos attachés de recherche que j'aimerais que vous emportiez avec vous. Nous aimerions qu'on réponde à toutes les questions sans réponse. Il y en a 18, mais on a répondu à nombre d'entre elles. Ce serait un bon exercice pour vous, et il serait utile au comité.
La question que nous étudions est névralgique. L'immigration a été la pierre angulaire, l'est encore et continuera de l'être... Notre productivité souffre parce que nous n'avons pas suffisamment de travailleurs pour occuper les emplois disponibles. Nous avons trop d'emplois et pas suffisamment de travailleurs.
Je vais simplement aller droit au but. Je conviens avec M. Telegdi qu'une stratégie solide d'immigration est essentielle pour le Canada. Nous faisons face à une pénurie de main-d'oeuvre sans précédent, et elle nous pose d'énormes défis.
J'aimerais simplement vous poser quelques questions au sujet d'un cas qui est survenu dans mon bureau de circonscription. Il date d'avant le 11 septembre, j'en conviens, de sorte que le monde a énormément changé depuis lors. J'ai cru comprendre que ce genre de cas était plutôt courant avant le 11 septembre. Un homme est descendu à Toronto d'un vol en provenance d'Iran. Quoi qu'il en soit, il est entré au Canada au moyen d'un faux passeport, en utilisant le passeport d'une autre personne. Les agents des douanes ont tout de suite constaté que ce monsieur n'était pas celui qui figurait dans le passeport.
Je me rends compte que vous avez besoin de connaître les détails particuliers de l'affaire. Toutefois, en règle générale, pourquoi cette personne ou des personnes comme elle ne sont-elles pas immédiatement remises sur le vol suivant à destination de Téhéran et simplement refoulées? Cette personne a été autorisée à demeurer au Canada. Je ne me rappelle plus trop s'il a demandé le statut de réfugié, mais il ne l'a pas fait dès son arrivée. Il a utilisé un faux passeport pour entrer au Canada et a été autorisé à y demeurer et a même reçu une autorisation d'emploi temporaire. Il s'est épris d'une Canadienne et, ensemble, ils ont ensuite eu un enfant. C'est une histoire qui ne finit plus. Voilà maintenant que mon bureau est aux prises avec ce cauchemar. La personne souhaite vraiment immigrer au Canada parce que son épouse a eu un enfant de lui, et il s'est fait répondre, comme je peux le comprendre: « Non, vous avez essayé d'entrer la première fois au moyen d'un faux passeport ».
Voici donc ma question, dans le peu de temps qu'il me reste. Une personne comme cela descend de l'avion... et vous pourriez peut-être commenter la façon dont la situation a été traitée et nous dire si elle serait traitée différemment actuellement. Dans le même scénario, actuellement, si cela se produisait, la personne serait-elle mise sur le vol suivant en direction de Téhéran ou quel que soit l'endroit d'où elle vient si elle a utilisé un faux passeport?
Je vous remercie.
Merci de votre présence. J'ai trois brèves questions, mais vos réponses peuvent être plus longues. Toutefois, ne vous éternisez pas, car je veux partager mon temps avec ma collègue.
Vous avez parlé de l'augmentation du nombre de travailleurs étrangers temporaires: 100 p. 100 entre 2000 et 2006, une hausse qui atteindra 200 p. 100 en Alberta. Quels sont les mécanismes en place pour assurer le suivi de ces travailleurs étrangers temporaires?
Il y a une autre question qui me chicote. Il y a des avions remplis de Mexicains ou d'autres travailleurs étrangers à destination des sables bitumineux qui ne satisfont aux critères d'aucune des catégories de travailleurs étrangers temporaires. On les amène ici, ils travaillent, puis rentrent chez eux. Ils semblent contourner tous les systèmes d'immigration ou de sécurité à la frontière. Quels sont les mécanismes de contrôle en place à ce niveau? Si je me fie à votre mimique, vous semblez tomber des nues. Mais c'est bien ce que l'on nous a dit.
Vous parlez de sécurité à la frontière, des trois organismes qui travaillent de concert, mais je voudrais être bien certaine que la sécurité est vraiment assurée au sein du système. Je veux être bien sûre que personne ne peut entrer au pays pour venir me compliquer la vie. Mais ce sont effectivement des choses qui se produisent. Quelles sont les sanctions auxquelles s'exposent les entreprises fautives? À ce titre, je crois que mon collègue vous demandait si vous disposiez des ressources nécessaires pour contrôler ce genre d'agissements.
Ma dernière question concerne les travailleurs sans papiers. Ils sont de différentes origines, peuvent être des revendicateurs du statut de réfugié qui ont été déboutés ou des victimes de la traite des personnes, et je peux vous assurer, en ma qualité de présidente du Comité permanent de la condition féminine, que les victimes de la traite sont très vulnérables. Comment arrivez-vous à suivre ces personnes? Comment les trouvez-vous? Souhaitez-vous réglementer l'industrie et, le cas échéant, existe-t-il des repères ou des pratiques exemplaires desquels vous pouvez vous inspirer? Les États-Unis accordent l'amnistie, l'Espagne également; et j'ai vu quelque chose au sujet d'un programme en Italie. Je voulais seulement savoir de quoi il en retourne.
:
Monsieur le président, lorsque nous regardons les paramètres du programme — et ils sont encore en cours d'élaboration pour la Catégorie de l'expérience canadienne — nous pensons que les travailleurs étrangers temporaires ayant des métiers spécialisés, dans des domaines techniques, pourraient occuper une part importante du marché du travail actuellement. Nous voulons nous assurer que ces personnes auront la possibilité de faire une demande de résidence permanente au Canada, après avoir travaillé durant une période précise. Nous savons qu'environ 8 p. 100 seulement des travailleurs qualifiés qui viennent de l'étranger exercent des métiers spécialisés, et ce sont ces professions clés dont l'économie a besoin en ce moment.
Pour ce qui est des travailleurs peu qualifiés, bon nombre d'entre eux peuvent, grâce au PAFR, faire une demande de résidence permanente. Les travailleurs agricoles saisonniers, qui séjournent ici environ huit mois par année, font aussi partie de ce groupe de personnes peu qualifiées qui ne peuvent demeurer au Canada de façon permanente. Le reste des personnes peu qualifiées viennent, la plupart du temps, à la demande d'employeurs précis, dans certains secteurs et certaines régions.
J'utilise l'exemple des conducteurs de grand routier, dont la plupart des provinces sont en pénurie; elles se servent de leurs Programmes des candidats des provinces pour permettre à ces gens de rester au Canada et en devenant résidents permanents. Il y a là une possibilité, en plus du projet d'emploi réservé, qui permettrait à des employeurs de choisir les personnes qui répondent à leurs besoins particuliers de main-d'oeuvre.
Quant à nos prévisions concernant les personnes susceptibles de faire une demande sous cette nouvelle catégorie, sachez que nous avons examiné les données historiques relatives aux travailleurs étrangers temporaires et aux étudiants d'autres pays qui sont au Canada depuis deux ans. Si nous mettons en place cette catégorie en 2008, cela signifiera que les gens qui sont ici depuis au moins un an, sinon deux, pourraient présenter une demande. C'est donc une évaluation rétrospective du nombre de travailleurs hautement qualifiés au Canada.
Nous avons retiré volontairement les Américains de ce groupe, car nous avons constaté qu'en général, les travailleurs étrangers temporaires venant des États-Unis ne restent pas au Canada. Ils viennent ici pour une durée déterminée, et ils retournent chez eux. Nous avons basé nos évaluations sur le reste de la population, en enlevant les participants au Programme vacances-travail et les étudiants du Programme international pour les jeunes qui sont ici et ont des autorisations d'emploi ouvertes, ce qui nous donne environ 25 000 personnes. Nous avons également tenu compte d'un effet d'attraction potentielle pour la mise sur pied de ce programme, et d'une croissance prévue du programme des travailleurs étrangers temporaires.