Nous allons commencer notre réunion. Il y a quelques membres du comité qui tardent un peu ce matin. Ils sont en train de donner des entrevues et devraient arriver bientôt.
Je souhaite la bienvenue à Annette Landman, consultante certifiée au Canada en immigration et présidente de Eastern Canada Immigration and JobConsultants Incorporated. Pour votre information, Annette, nous sommes le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes et celle-ci nous a demandé d'étudier trois sujets très importants: les travailleurs étrangers temporaires, les consultants en immigration et le problème des réfugiés irakiens.
Nous avons tenu des réunions dans toutes les provinces. Nous avons une réunion ici aujourd'hui, demain à Halifax et après demain à St. John's, Terre-Neuve. Nous allons entendre près de 52 groupes de témoins. Je vous mentionne, à titre d'information, qu'à la fin du processus, nos collaborateurs ainsi que les membres du comité vont rédiger un rapport accompagné de recommandations qui sera présenté au ministre et à la Chambre des communes. Les recommandations seront basées sur les témoignages que nous aurons entendus, les témoignages de ces 52 groupes de témoins. Bienvenue donc à notre réunion.
Nous avons eu une petite conversation avant de commencer, et vous connaissez la formule. Généralement, les témoins présentent une déclaration préliminaire d'environ sept minutes, mais étant donné que vous êtes le seul témoin que nous allons entendre maintenant, vous pouvez mettre de côté cette règle pour présenter votre exposé et si vous avez besoin de 10 minutes, ne vous gênez pas.
Merci d'être venue; nous sommes prêts à vous entendre.
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Merci de me donner la possibilité de prendre la parole devant l'honorable comité au sujet de certaines questions qui nuisent gravement au secteur de la consultation en immigration au Canada.
Comme vous le savez, je suis une consultante certifiée au Canada en immigration et je travaille pour une société locale ici à Florenceville, au Nouveau-Brunswick. Je suis membre en règle de la Société canadienne des conseillers en immigration que je désignerai par son sigle, la SCCI.
Je travaille comme consultante en immigration depuis mars 2003. Je me suis présentée au premier examen qu'a mis sur pied la SCCI pour devenir membre à part entière et j'ai réussi du premier coup. Je sais que vous avez déjà entendu le témoignage de certains de mes collègues de la SCCI et je sais que vous avez déjà abordé certaines questions avec directement avec la SCCI; j'ai toutefois décidé de témoigner et de vous faire connaître mon expérience et mon opinion, parce que je pense qu'il y a lieu d'apporter certains correctifs à la façon dont fonctionne actuellement la SCCI.
Je ne suis pas venue ici pour faire supprimer la SCCI. Je suis cependant venue pour faire savoir au comité que la SCCI ne remplit pas le mandat que lui a confié le législateur au moment où elle a été créée.
Pourquoi faire une telle affirmation, alors que je suis membre de cet organisme? La SCCI connaît des moments très difficiles en raison des actions et des décisions prises par le conseil d'administration initial. Les premiers administrateurs n'ont pas mis sur pied une profession auto-réglementée, comme c'était leur tâche. La SCCI empêche ses membres de jouer le rôle qui est le leur dans la société. Le fait que le conseil d'administration fasse cavalier seul est à mon avis très préjudiciable à la profession.
Les membres de la société ont en vain tenté de contester plusieurs décisions du conseil d'administration. Le conseil a peut-être perdu la confiance de ses membres, mais ceux-ci ne disposent d'aucun moyen pour l'obliger à rendre des comptes, que ce soit maintenant ou dans un avenir prévisible. Les premiers administrateurs ont pris des dispositions pour que les membres de la SCCI ne puissent utiliser tous les mécanismes habituels de reddition de comptes.
Il faut absolument qu'un tiers intervienne et modifie radicalement la situation. Une intervention est nécessaire pour obliger les administrateurs actuels à faire de la SCCI une organisation démocratique, comme le voulait le conseil des ministres, ou à démissionner.
J'espère que l'ensemble des membres réussiront à préserver la société malgré les excès commis au cours des quatre premières années à imprimer une orientation plus satisfaisante à la SCCI. Si les administrateurs actuels ne sont pas disposés à laisser les membres jouer leur rôle légitime, ils devraient être destitués et remplacés.
Sachez que je pourrais perdre mon statut de membre de la SCCI en critiquant publiquement son conseil d'administration.
Depuis plusieurs années, je m'inquiète du coût élevé de fonctionnement de cette société. Par exemple, dès le début, le conseil d'administration de la SCCI a loué des locaux dans un édifice de prestige où le loyer annuel coûte plus de 233 000 $. Le conseil a signé ce bail pour 10 ans à une époque où la société n'avait aucun membre. Les administrateurs auraient pu louer des locaux dans n'importe quel secteur du Grand Toronto. Mais les membres de la société n'ont pas pu s'opposer à cette décision, parce que pendant trois ans, il n'y avait pas de membres à part entière, à l'exception des administrateurs, ce qui leur donnait le droit de prendre toutes les décisions.
Les membres de la société se sont inquiétés du montant de ce loyer et, en octobre 2006, un groupe de membres intéressés a envoyé une pétition au conseil d'administration en demandant la tenue d'une assemblée spéciale pour parler de plusieurs questions intéressant les membres. Le conseil d'administration n'en a tenu aucun compte.
Ceux qui font partie du conseil d'administration se versent eux-mêmes un joli salaire, plus les avantages sociaux, ce qui représente, je crois, plus de 700 000 $ cette année. Le fonctionnement de société est très peu transparent et les membres n'ont jamais été autorisés à prendre connaissance du montant des indemnités accordées aux administrateurs. Je me pose des questions non seulement au sujet de leurs honoraires, mais au sujet de leurs frais.
CBC News a déjà fait un reportage sur cette société, les 24 novembre et 14 décembre 2005, et CIC a effectué une vérification et une enquête mais le conseil d'administration a refusé de communiquer le rapport à ses membres.
Le conseil d'administration a approuvé ses propres dépenses sans que les membres aient leur mot à dire. Les administrateurs ont également exposé des dépenses très élevées. Au cours des dernières années, par exemple, la SCCI a payé des voyages en Chine, en Australie et en Angleterre. Le président, John Ryan et l'administrateur, Alfred Wong, ont annoncé qu'ils se rendraient en Chine; John Ryan et Ross Eastley ont également annoncé qu'ils iraient en Australie et en Nouvelle-Zélande. Le président et le vice-président ont chacun suivi un cours qui coûtait 12 000 $ pour apprendre à être un administrateur, aux frais des membres de la société.
Les membres estiment que les dépenses de ce genre sont excessives, en particulier parce qu'il n'existe pas de comité des finances composé de membres chargés de les contrôler.
Les membres doivent payer des cotisations annuelles déraisonnables et des frais supplémentaires pour assister à des ateliers de formation professionnelle continue obligatoire. Le conseil appelle cela la FPC.
Il semble que la SCCI ait besoin d'argent. C'est peut-être la raison pour laquelle la SCCI a accordé davantage de points FPC à son propre programme et a sensiblement réduit les points FPC accordés aux autres programmes éducatifs, qui sont pourtant plus utiles et plus étoffés que ceux de la SCCI. Des programmes ayant un contenu similaire ou supérieur organisés par d'autres organismes, comme l'Association canadienne des conseillers professionnels en immigration et l'Association du Barreau canadien, demandent des frais bien inférieurs à ceux demandés pour les programmes de la SCCI.
La SCCI nous a obligés à assister à un atelier éducatif obligatoire en mai 2007. La SCCI a des membres dans le monde entier qui ne sont pas tous en mesure de se rendre à Toronto. Pour moi, un tel déplacement est difficile. Je dois me rendre par avion à Toronto, Niagara-on-the-Lake, Vancouver, Montréal, par exemple, pour assister à des réunions grâce auxquelles je peux obtenir des points de FPC.
J'ai assisté récemment à un de ces événements à Toronto. J'ai dû dépenser 535$ pour mon billet d'avion, 367$ pour mon hôtel et...
[Difficultés techniques: Éditeur]
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Je suis une travailleuse indépendante et cela représente beaucoup d'argent pour mon organisation. La participation à ce séminaire m'a permis d'obtenir 20 points de FPC. Je recevrai 15 autres points FPC en achetant le DVD au séminaire de 2007.
N'oubliez pas qu'il s'agit d'un séminaire obligatoire et que si vous n'y assistez pas, vous êtes obligé d'acheter le DVD pour la somme de 800 $. La plupart des renseignements contenus sur le DVD sont désuets; il y a de nouvelles règles et règlements en vigueur, mais cela n'empêche pas la SCCI de m'obliger à l'acheter. Ce système consiste en fait à vous obliger à acheter vos points de FPC. Je suis sûre que je serai obligée de dépenser beaucoup d'argent pour obtenir les cinq points que je dois me procurer avant le 18 octobre 2008.
Nous devons maintenant payer pour le fonctionnement d'un second organisme. Les administrateurs ont constitué en société un organisme commercial pour faire certaines choses que la SCCI devrait faire. Ils l'ont appelée l'ICM, l'Institut canadien de la migration. La SCCI devrait se charger de la formation de ses membres. Le 20 mars 2008, la SCCI a annoncé que son président-directeur général occuperait le poste de directeur général de l'ICM et que M. Ryan serait le président-directeur général intérimaire de la SCCI. Autrement dit, il semble que les membres de la SCCI doivent payer les salaires de deux PDG, ainsi que le coût de deux séries de livres, deux sites Web, deux séries d'honoraires pour les administrateurs, etc.
Le SCCI ne nous a fourni aucune information au sujet de la nécessité de créer cet organisme. Lorsque je me trouvais à Toronto les 4 et 5 avril pour assister au premier séminaire de l'ICM, John Ryan a pris la parole au cours d'une réunion privée qu'il avait organisée et il nous a dit que nous, les membres de la SCCI, étions les propriétaires de l'ICM.
Je mentionne, entre parenthèses, que la carte d'invitation pour cette réunion portait le logo de la SCCI. M. Ryan et un autre membre du conseil d'administration ont payé la salle et ont distribué les invitations de façon très sélective, de sorte que tous les membres de la SCCI n'ont pas été invités. Je ne sais pas très bien maintenant qui a payé la nourriture et le vin qui étaient offerts à cette réunion, mais je crois avoir une idée.
Pour ce qui est des consultants fantômes, la SCCI met en oeuvre très lentement ses politiques d'application de la loi, ce qui nous préoccupe gravement. Cela soulève des questions sur la capacité de la société à réglementer ses membres et à protéger l'intérêt public. Jusqu'ici, le gouvernement lui-même ne semble pas intéressé à intervenir pour veiller à ce que le volet protection du public du mandat de la SCCI soit respecté. C'est la responsabilité du gouvernement, parce que c'est lui qui a créé la société et qui a accordé une légitimité aux membres de la SCCI, en qualité de représentants autorisés aux termes de la LIPR. Il ne peut maintenant se soustraire à ses responsabilités qui consiste à veiller à ce que la SCCI protège bien la population.
Si la SCCI ne respecte pas son mandat, il faudrait alors restructurer cette organisation, donner au conseil d'administration le mandat clair de remettre l'organisation sur pied d'ici quelques mois, au risque d'être dissoute ou de voir le conseil d'administration révoqué.
Le règlement interne autorise les membres à révoquer les administrateurs. C'est donc en théorie une façon de leur demander de rendre des comptes. Cette question a été abordée par des petits groupes de membres, dans la mesure où le conseil d'administration actuel a perdu la confiance d'un bon nombre de membres. Cependant, pour les révoquer, il faut un vote des deux tiers des membres présents à une assemblée spéciale. Nous n'avons pas le pouvoir d'imposer la tenue d'une assemblée spéciale. Nous avons essayé de le faire, mais nos demandes ont été vaines. En outre, nous n'avons pas le droit d'inscrire des motions à l'ordre du jour d'une assemblée générale annuelle. Nous avons essayé de le faire mais il n'a été tenu aucun compte de nos motions.
Cela nous empêche en fait de présenter aux membres une motion visant à destituer les administrateurs. Malgré cet obstacle, un de mes collègues a eu le courage de proposer une telle motion et a essayé d'obtenir les 50 signatures exigées pour qu'elle puisse être examinée à l'assemblée générale annuelle de 2007. Cependant, de nombreux membres connaissent personnellement les conséquences qu'entraîne le fait de contester la direction de la SCCI et la plupart des gens ont eu peur de signer cette pétition.
Le règlement interne de la SCCI prévoit que ses membres doivent assister en personne à l'assemblée générale annuelle et qu'ils doivent approuver toute modification. Le conseil d'administration de la SCCI a décidé de tenir une AGA en utilisant Internet, même si cela est contraire au règlement interne actuel. Cela ne favorise pas la participation des membres et nous empêche d'intervenir à l'assemblée. L'assemblée électronique n'a pas été planifiée de façon appropriée. Elle a finalement été annulée faute de quorum. Dans le monde d'aujourd'hui, ajouter un volet Internet à une organisation mondiale est une excellente idée. Il faut toutefois que cela soit approuvé par les membres et que soient mis en place des outils appropriés pour leur permettre de participer utilement à ces réunions.
De nombreuses organisations prévoient la tenue d'élections annuelles pour procéder à des changements dans la composition du conseil d'administration. Lorsque les membres ne sont pas satisfaits, ils peuvent présenter une liste de candidats, de façon à modifier les orientations de l'organisation. Ce n'est pas le cas de la SCCI. La première direction a mis sur pied un système qui est maintenant contenu dans le règlement interne et qui permet aux premiers décideurs de conserver leurs postes pendant des années. De plus, le système est conçu pour que seulement deux administrateurs consultants soient élus à chaque élection, ce qui empêche les membres de la société d'élire un nombre suffisant de personnes pour contester le statu quo. De cette façon, l'exécutif actuel n' a aucune difficulté à isoler la ou les personnes élues qui souhaitent apporter des changements. De plus, il nous est impossible de savoir comment les administrateurs votent sur les questions présentées au conseil d'administration de façon à pouvoir voter utilement.
Le code d'éthique de la SCCI a été modifié en mars 2007 pour sanctionner professionnellement le fait de critiquer la société et pour obliger les membres à la traiter avec dignité et respect. La plupart des membres ont considéré que ces règles étaient choquantes et inappropriées, en particulier, compte tenu du fait que le conseil d'administration semble considérer qu'il constitue à lui seul la société et parce qu'elles ont été conçues pour empêcher toute critique des administrateurs sous peine de sanctions disciplinaires.
Au cours de l'été 2007, la politique de la SCCI concernant la discipline a été modifiée pour l'autoriser à suspendre un membre pendant qu'elle fait enquête. Un tel pouvoir extraordinaire exercé par des professionnels responsables qui respectent les règles de droit et les garanties juridiques qui interdisent d'empêcher un membre d'exercer ses activités professionnelles est parfois nécessaire dans des cas extrêmes; mais lorsqu'il est exercé par des personnes sans aucune formation juridique et qui ont déjà utilisé leurs pouvoirs contre des membres qui contestent leur autorité et qui ont créé une atmosphère très partisane, il est très inquiétant de les voir faire du manque de respect envers la société une infraction disciplinaire et agir comme s'ils étaient les seuls à constituer la société.
En général, les gens démissionnent d'une organisation lorsque celle-ci ne répond pas à leurs besoins. Il nous est impossible de quitter la SCCI. Si nous le faisions, nous deviendrions des consultants fantômes et exercerions notre profession de façon illégale. Il n'y a rien que nous puissions faire pour modifier la façon dont la SCCI fonctionne actuellement.
Quelles sont les solutions susceptibles de modifier la situation? À mon avis, le gouvernement ne peut se permettre d'adopter une attitude de laisser-faire à l'égard d'une société qu'il a aidé à créer à l'aide de fonds publics. Il doit obliger la SCCI à respecter un processus véritablement démocratique et à ne pas chercher à intimider ses membres. En particulier, il est essentiel de prendre les mesures suivantes pour assurer la participation démocratique des membres:
La première est de leur donner le pouvoir d'exiger la tenue d'une assemblée spéciale sur demande écrite d'un certain pourcentage des membres — des conseils d'administration précédents avaient approuvé un chiffre de 5 p. 100. Cela aiderait à redonner des pouvoirs à l'ensemble des membres puisque c'est là qu'il doit se situer, et aurait un effet magique sur le conseil d'administration qui serait ainsi incité à consulter les membres avant de prendre des initiatives majeures. Pour ajouter officiellement ce pouvoir, il faudrait modifier le règlement interne. Cela devrait être une priorité à la prochaine assemblée générale annuelle.
Deuxièmement, le conseil d'administration doit tenir une AGA avec présence des membres en 2008 et les années suivantes, en attendant que les membres adoptent un règlement autorisant les AGA électroniques, assorties des garanties qu'exige Industrie Canada pour les réunions électroniques. Bien sûr, rien n'empêche certains membres d'assister à la réunion et d'y voter par voie électronique, mais le conseil d'administration ne peut obliger tous les membres à le faire et éviter ainsi d'avoir à leur faire face.
Troisièmement, le règlement interne devrait prévoir un processus démocratique ouvert et équitable qui permette aux membres d'inscrire des motions à l'ordre du jour de l'AGA. En attendant la modification en ce sens du règlement interne, le conseil d'administration devrait adopter une politique prévoyant un mécanisme démocratique ouvert et équitable permettant aux membres d'inscrire leurs motions à l'ordre du jour.
Quatrièmement : la transparence est un aspect essentiel. Les comptes rendus de toutes les réunions des comités du conseil d'administration devraient être accessibles aux membres pour qu'ils puissent suivre ce que fait leur société et exercer leur droit de surveiller les actions du conseil d'administration, puisque cette responsabilité leur incombe.
Cinquièmement, il faudrait constituer immédiatement un comité des finances composé de membres de la société.
Sixièmement, il faudrait arrêter toutes les activités de l'ICM, pour les confier à la SCCI, en attendant qu'une réunion spéciale des membres soit convoquée pour discuter et débattre de cette question et pour qu'ils puissent voter sur le maintien ou la dissolution de la seconde organisation.
Septièmement: le ministre devrait demander au conseil d'administration de la SCCI de faire rapport dans les six mois au sujet des mesures concrètes prises par la SCCI pour assurer la transparence, la démocratie et la responsabilisation des administrateurs envers les membres de la société.
Huitièmement, le gouvernement devrait agir rapidement pour criminaliser les personnes qui font de la consultation en immigration sans être membres de la SCCI ou d'un barreau provincial. Il faudrait modifier la LIPR et l'IP-9 pour introduire les changements nécessaires.
Ces mesures contribueraient beaucoup à réaffirmer l'intention initiale qui consistait à mettre sur pied une société financée et administrée par ses membres et qui profiterait de la sagesse, du talent et des ressources collectives des consultants en immigration de cette industrie. Il faut également que les membres de la société commencent à se considérer comme les propriétaires de cette société. Ils sont en fait les propriétaires d'une importante initiative et les dépositaires de la confiance que la population canadienne leur a accordée.
Je vous demande respectueusement d'intervenir au nom des membres de la SCCI pour leur permettre de jouer leur rôle de propriétaire.
Merci.
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Merci, monsieur le président.
Merci, madame Landman, de comparaître devant nous ce matin.
D'abord, je vais faire la même correction que M. Telegdi. Vous ne devriez pas avoir de problème en ce qui concerne ce que vous direz devant le comité. J'irai même plus loin: lorsque des témoins comparaissent devant ce comité, ils sont protégés par le privilège parlementaire. Sur le plan juridique, ce serait carrément un outrage à la Chambre que d'utiliser contre vous tout ce que vous avez pu dire ou que vous pourriez dire ici. Si vous subissez de quelconques représailles ou pressions de quelque manière que ce soit, informez-en le greffier et le président. La Chambre saura prendre les dispositions nécessaires.
En ce qui concerne la Société canadienne de consultants en immigration, plusieurs personnes sont venues nous rencontrer depuis le début de notre voyage. Deux grands problèmes se dessinent: des problèmes de gouvernance, de gestion de cet organisme, et des problèmes de contrôle de la profession, de la pratique illégale et des consultants fantômes. Je vais en traiter séparément parce qu'à mon avis, ce sont deux choses différentes.
En ce qui a trait à la gouvernance, plusieurs consultants sont venus nous parler des problèmes qui y sont liés. Toujours les mêmes points sont soulevés. Les témoignages me semblent solides, fiables et beaucoup plus crédibles que les réponses ou l'absence de réponses de la part de la société. Je suis assez scandalisé d'être presque le seul à être scandalisé. Pendant longtemps, il n'y avait que M. Carrier et moi qui posions des questions à ce sujet. Aujourd'hui, je suis content que M. Telegdi ait sauté sur l'occasion. J'espère que les conservateurs vont également embarquer. Pendant longtemps, selon les autres témoignages — si vous consultez les comptes rendus, vous allez le constater — le secrétaire parlementaire s'est limité à dire qu'il s'agissait des problèmes d'une nouvelle organisation qui devait prendre de la maturité, qui devait se développer. Pour ma part, je ne suis pas du tout d'accord.
Je suis issu des associations étudiantes. Aucune petite association étudiante du Québec ne se comporterait ni ne se gouvernerait de la façon dont la Société canadienne de consultants en immigration se gouverne.
Selon votre intervention, j'ai cru comprendre que les procès-verbaux des discussions et des décisions du conseil n'était pas disponibles. Est-ce exact?
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À mon avis, dans ce cas, on ne peut pas dire qu'il s'agit d'un problème de croissance. Il y a un problème de transparence et de démocratie à la source.
Je comprends également votre frustration. Vous avez parlé des assemblées générales spéciales. J'ai posé la question au président de SCCI lorsqu'il s'est présenté devant nous, à savoir s'il était possible, selon les règlements, que des membres puissent le convoquer. Il m'a répondu qu'en effet, il s'agissait du règlement 11.7, je crois. Après avoir entendu sa réponse à ma question, je suis allé vérifier les règlements et, finalement, ce n'est pas cela du tout. On y mentionne que le président peut convoquer une assemblée générale spéciale, de même le vice-président et le conseil, s'il y a majorité. C'était la semaine dernière. Or, si un comité officiel de la Chambre des communes n'est pas en mesure d'obtenir des réponses plus claires, je n'ose pas imaginer ce qu'un membre de SCCI tout seul peut avoir comme information. La même chose s'est produite quand j'ai demandé à ces gens pourquoi ils étaient venus témoigner à Winnipeg plutôt qu'à Toronto, où ils ont leur siège social — vous avez mentionné qu'ils se déplaçaient beaucoup —, et ils n'ont pas été capables de répondre à ma question.
Je pense qu'il y a un problème de gouvernance majeur. Il y a aussi tout le problème du contrôle de la profession, de la pratique illégale. Manifestement, les gens qui sont en place présentement n'ont pas la compétence requise pour le faire, mais même s'ils l'avaient, il y a aussi un problème au niveau du cadre législatif. En effet, la loi actuelle prévoit que pour faire affaire avec le gouvernement, il faut être membre de SCCI, mais sans vraiment aller plus loin, sans vraiment permettre à cet organisme de sévir contre des gens qui pratiqueraient illégalement.
Depuis le début de notre voyage, j'explore avec les gens des pistes de solution. J'aimerais savoir quelle est la situation en Atlantique. Partout au Canada, il existe déjà des ordres professionnels qui s'autodisciplinent, qui contrôlent leur profession. Ces ordres relèvent tous, sans exception, des gouvernements des provinces. Le seul corps professionnel que l'on trouve au niveau fédéral, c'est SCCI. Je pense que les résultats démontrent que ce n'était pas une très bonne idée.
Dans notre Constitution, le contrôle des professions relève des provinces. En français, on utilise aussi, pour désigner un champ de juridiction, le terme « champ de compétence ». Il y a là un concept de compétence. Il me semble que si les consultants en immigration étaient contrôlés au niveau des provinces, ces problèmes n'existeraient pas. Les problèmes de gouvernance actuels n'existeraient pas parce que dans les réglementations provinciales, qui sont très complexes, très élaborées, issues d'années de travail, il y a des mécanismes de contrôle qui font en sorte que les corps professionnels doivent s'autoréglementer, mais il y a aussi, par exemple, un office des professions ou un corps qui contrôle tout cela.
Alors, ces problèmes de gouvernance n'existeraient pas. On aurait la possibilité d'intervenir directement s'il y avait des problèmes. Sur le plan de la pratique illégale, il y a aussi un cadre réglementaire faisant en sorte qu'une association professionnelle peut poursuivre directement des gens qui pratiquent illégalement la profession.
Croyez-vous qu'il serait plus efficace et plus logique que le gouvernement demande aux gens d'être membres de leur association professionnelle provinciale, qui serait constituée automatiquement, plutôt que d'être membres de SCCI?
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Il y a un aspect qui a fait l'objet de discussions publiques dans le monde entier, ces dernières semaines, c'est le fait que certains s'efforcent, à l'heure actuelle, de faire quitter l'Irak à des chrétiens, alors que la communauté chrétienne irakienne est une des premières communautés chrétiennes qui ait existé dans le monde. Il est donc regrettable que nos interventions aient pris cette direction.
Comme je le disais, j'aimerais parler des travailleurs étrangers temporaires. Je ne vais pas parler des travailleurs sans papiers parce que c'est un sujet qui doit être abordé dans un autre forum, et peut-être que mes autres collègues du Nouveau-Brunswick en parleront.
J'aimerais examiner deux aspects de la question des travailleurs étrangers temporaires. Premièrement, j'aimerais parler de la façon dont nous mettons en oeuvre le programme des travailleurs temporaires. Une des questions qui est souvent soulevée lorsque nous parlons des travailleurs étrangers temporaires est que, dans une économie axée sur la libre entreprise — une économie qui est régie par la loi de l'offre et de la demande de choses comme les biens, les services et les intrants dans les processus de production — il y a une offre de travail et une demande de travail, ce qui débouche sur un prix d'équilibre qui correspond à l'offre de travailleurs et à la demande de travailleurs. Je crains parfois que l'on utilise le programme des travailleurs temporaires pour déprimer le marché de la main-d'oeuvre locale ainsi que les salaires payés sur ce marché. Je mentionne cet aspect, en particulier, au sujet des travailleurs temporaires qui ont été travailler pour les sociétés d'exploitation des sables bitumineux en Alberta.
J'ai participé, il y a deux ans, à une conférence sur les politiques publiques en matière d'immigration à Toronto. On y a présenté de nombreux exposés et il y avait plusieurs groupes de discussion, et un de ces groupes était composé de Jim Stanford, et de la personne qui était vice-présidente aux ressources humaines d'une société d'exploitation des sables bitumineux. Jim Stanford, un économiste des Travailleurs unis de l'automobile, défendait l'idée de laisser le marché appliquer le principe de l'offre et de la demande pour les travailleurs destinés aux projets de sables bitumineux, alors que la personne qui représentait la société d'exploitation de sables bitumineux voulait qu'on oblige un certain nombre de travailleurs étrangers à venir travailler en Alberta.
Nous savons qu'il existe une demande pour les travailleurs étrangers, mais cela fait très longtemps que cette question est réglée. Cela fait des années que nous accordons des permis de travail à des athlètes professionnels, à des acteurs, à des spécialistes qui viennent au Canada construire des installations complexes, par exemple. Cet aspect est réglé de façon satisfaisante depuis des années. Ce n'est que depuis quelques années que nous avons changé notre façon de voir à ce sujet et que nous allons à l'étranger pour recruter des travailleurs étrangers temporaires pour qu'ils viennent au Canada exécuter certains types de travaux. Nous utilisons la même justification que la plupart des autres pays. Il y a des emplois que les Canadiens refusent.
Lorsque nous parlons de faire venir au Canada les travailleurs étrangers temporaires — lorsque nous décidons que nous en avons besoin — nous leur accordons des droits sociaux et politiques différents de ceux des autres travailleurs, ce qui est regrettable. Lorsque nous faisons venir des travailleurs étrangers temporaires au Canada, il y a les travailleurs étrangers qualifiés et il y a les travailleurs étrangers temporaires non qualifiés. Les travailleurs étrangers qualifiés comprennent des gens comme les athlètes, les acteurs, les artistes, les bonnes d'enfants et de nombreuses autres personnes que nous autorisons à venir au Canada avec un permis de travail et qui peuvent y rester pour des périodes supérieures à un an. Par contre, nous avons un autre système de permis de travail pour les travailleurs non qualifiés que nous faisons venir au Canada et qui ne peuvent rester ici que pour des périodes inférieures à un an.
Un des aspects regrettables de ce processus est qu'il sépare les deux catégories. Nous séparons les travailleurs qualifiés des travailleurs non qualifiés et nous les traitons différemment. Les travailleurs qualifiés qui viennent au Canada peuvent amener leur famille. Ils peuvent inscrire leurs enfants dans les écoles canadiennes. Ils ont le droit d'amener leur famille et ils ont accès au système de soins de santé du Canada, aspect très important, et de faire toutes les choses que les travailleurs étrangers temporaires de la catégorie des travailleurs non qualifiés, qui viennent pour de courtes durées, ne peuvent faire.
Il y a un autre secteur de la catégorie des travailleurs étrangers temporaires qui viennent au Canada et qui fait problème, c'est la catégorie des bonnes d'enfants qui permet de faire venir au Canada des travailleurs à long terme. Ce sont des personnes qui ne peuvent quitter leur emploi ni leur employeur; celui-ci n'est pas tenu de leur fournir le même type de conditions de travail qu'aux autres travailleurs pour ce qui est du nombre d'heures de travail, et ce genre de choses.
Lorsque nous parlons de la différence qui existe entre les travailleurs qualifiés et non qualifiés, entre les gens qui peuvent rester plus d'un an et moins d'un an, il me paraît très important d'examiner les différents droits et avantages que l'on accorde à ces travailleurs. Parmi ceux-ci, il y a bien sûr l'accès immédiat au système de santé — au Nouveau-Brunswick, il faut attendre trois mois. Nous divisons les travailleurs étrangers temporaires qui viennent au Canada en deux groupes et d'ici quelques années, nous examinerons cette situation de la même façon que nous pensons à la taxe d'entrée que payaient les Chinois et à des choses comme les quotas que nous avions pour certaines personnes qui venaient au Canada. Nous nous demanderons comment nous avons pu agir de cette façon, comment nous avons pu faire de la discrimination entre deux groupes de travailleurs.
Dans l'ensemble, il me paraît très important que le gouvernement canadien veille à ce que les travailleurs étrangers que nous faisons venir au Canada reçoivent les avantages auxquels ont accès les résidents du Canada, comme le prévoit le système de santé: les personnes qui résident légalement au Canada doivent avoir accès au système médical.
En plus de tout cela, j'aimerais mentionner la question des retenues d'impôt. Les gens qui viennent travailler au Canada avec des permis de travail temporaires sont tout de même obligés de cotiser au régime canadien d'assurance-emploi et au Régime de pensions du Canada. Ces personnes qui viennent ici avec des permis de travail temporaires ne pourront jamais profiter de ces programmes parce qu'au moment où leur emploi est terminé, elles doivent quitter le pays. Elles sont donc obligées de cotiser pour des services qu'elles ne recevront jamais.
Autre aspect, une bonne partie de nos travailleurs étrangers temporaires que nous faisons venir ici travaillent dans des lieux très éloignés des centres de population. Il me paraît important, lorsque nous attribuons des permis de travail, que l'employeur soit tenu d'autoriser les travailleurs temporaires à se rendre dans des centres de population. Un des problèmes qui se pose très souvent est celui des personnes qui viennent ici travailler pendant six ou huit mois — et qui viennent ici des Antilles ou des Philippines — c'est qu'elles n'ont pas de voiture, qu'elles ne peuvent conduire une voiture, qu'il leur est donc très difficile, compte tenu des distances au Canada, de quitter l'endroit où elles dorment et travaillent, si leur employeur ne les autorise pas à se déplacer ou s'il ne leur fournit pas un moyen de transport.
Il me paraît important de veiller à ce que l'employeur soit tenu de fournir ce transport à ces personnes pour qu'elles ne soient pas obligées de demeurer constamment dans l'endroit très confiné où elles travaillent.
Je vous remercie.
[Français]
Bonjour, tout le monde.
[Traduction]
Bonjour.
Au nom du premier ministre Shawn Graham et de notre ministre, Greg Byrne, qui est responsable du Secrétariat de la croissance démographique, nous souhaitons la bienvenue au Nouveau-Brunswick à M. Doyle et aux membres du comité permanent.
J'aimerais dire quelques mots des défis démographiques auxquels fait face le Nouveau-Brunswick et au sujet de certaines mesures que nous avons prises.
[Français]
Le phénomène du déclin de la population du Nouveau-Brunswick est un problème auquel il n'y a pas de solution simple.
Notre province n'est pas la seule à être confrontée à ce problème. Il s'agit d'un phénomène qui préoccupe les gouvernements partout au pays et dans le monde, ceux-ci reconnaissant les lourdes conséquences sociales et économiques qu'il a sur la société.
[Traduction]
En février 2007, le premier ministre Shawn Graham a annoncé la mise sur pied du Secrétariat de la croissance démographique. Ce nouvel organisme a pour mandat d'accroître la population de la province en misant sur l'immigration combinée à des activités qui appuient les services d'établissement et le multiculturalisme, et en attirant les anciens résidents par des activités de rapatriement et de conservation, notamment en ce qui concerne les jeunes.
[Français]
Au cours de l'été 2007, le Secrétariat de la croissance démographique a procédé à une consultation publique auprès d'un vaste échantillon de résidents du Nouveau-Brunswick, actuels, anciens ou futurs, pour obtenir leurs commentaires. Des individus et organisations ont participé à cette consultation sur les défis et les possibilités qui résultent des stratégies d'autosuffisance et de croissance démographique du gouvernement du Nouveau-Brunswick.
[Traduction]
Renverser le déclin de la population n'est pas une tâche facile, et le gouvernement ne peut pas y arriver seul. Les défis dans nos régions urbaines dépassent la simple question du rapport entre le nombre d'emplois et la population totale. Les centres urbains sont confrontés, entre autres, à des problèmes d'infrastructure, d'attraction et de conservation de la main-d'oeuvre. La plupart des collectivités rurales continuent à voir leur population diminuer, notamment chez les jeunes. Partout dans la province, les entreprises, grandes et petites, font face à des problèmes de productivité dus à des pénuries de main-d'oeuvre.
Dans cette optique, le Groupe de travail sur l'autosuffisance a déterminé que la nécessité d'accroître la population de la province, y compris sa population active, et de freiner le déclin démographique est la priorité la plus pressante si le Nouveau-Brunswick veut accéder à l'autosuffisance. Selon le groupe de travail, la province devrait accroître sa population de 100 000 personnes au cours des 20 prochaines années. Pour contrer partiellement l'impact du vieillissement de la population active, il sera important de prendre des mesures pour faciliter l'intégration complète de nouveaux immigrants, des jeunes et des personnes handicapées et des Autochtones au marché du travail. Le fait d'accroître la présence de travailleurs âgés, d'immigrants et d'Autochtones sur le marché du travail aidera le Nouveau-Brunswick à atteindre son plein potentiel économique et social.
[Français]
La Stratégie de croissance démographique du Nouveau-Brunswick, « Soyez notre avenir », « Be our future », se fonde sur les recommandations présentées pendant le processus de consultation.
[Traduction]
Le Secrétariat de la croissance démographique a déterminé de nombreuses possibilités d'action dans différents secteurs clés, notamment l'immigration, le multiculturalisme et les services d'établissement, l'engagement de la jeunesse et des citoyens, le rapatriement de Néo-Brunswickois partis vivre ailleurs et, finalement, les programmes profamille.
Toutes les mesures visent un des résultats suivants: éveiller les Néo-Brunswickois à l'importance de la croissance démographique et de leur participation en ce sens, faire revenir dans la province les anciens Néo-Brunswickois et leur famille, attirer les immigrants pour qu'ils s'établissent au Nouveau-Brunswick et rendre la province plus accueillante pour les familles.
D'ici la fin de 2009, nous devrons augmenter nos populations de 6 000 habitants. D'ici 2015, nous chercherons à accroître la population du Nouveau-Brunswick de 25 000 personnes en vue d'atteindre le cap de 100 000 Néo-Brunswickois de plus en 2026. Nous espérons que les changements apportés au programme d'immigration du Canada ne vont pas compromettre nos objectifs en matière de population et notre Programme des candidats de la province.
Nous allons maintenant dire quelques mots des travailleurs étrangers temporaires.
[Français]
Les employeurs néo-brunswickois se tournent de plus en plus vers les travailleurs étrangers temporaires pour répondre à leurs besoins de main-d'oeuvre et combler la pénurie de travailleurs spécialisés dans les secteurs des technologies de l'information, de la santé, du camionnage, de la transformation du poisson et des aliments, de la pisciculture et de la construction. Nombre d'employeurs ne réussissent pas à combler leurs postes vacants et doivent donc embaucher des travailleurs étrangers.
[Traduction]
Pour ce qui est de la croissance de l'emploi, le Nouveau-Brunswick a dépassé la moyenne nationale; l'année dernière, il s'est classé deuxième, juste après l'Alberta dans ce domaine. De plus, son taux de chômage est le plus bas depuis de nombreuses années. Dans bon nombre de régions de la province, le taux de chômage désaisonnalisé tourne autour de 5 p. 100. Un résultat encourageant, certes, mais qui oblige les employeurs du Nouveau-Brunswick à chercher de plus en plus de travailleurs adéquats pour leurs postes vacants.
La situation actuelle: bien souvent, les employeurs ont besoin de trouver sans tarder des travailleurs qualifiés étrangers ainsi que d'un nombre de plus en plus grand de travailleurs peu qualifiés. C'est alors qu'ils font appel au processus de permis de travail temporaire. Quand un employeur du Nouveau-Brunswick et le détenteur d'un permis de travail temporaire veulent prendre un arrangement permanent, ils se tournent vers le Programme des candidats de la province.
Les travailleurs étrangers temporaires ayant un faible niveau qui ne possède qu'un petit nombre des aptitudes prévues par le Code de classification nationale des professions font face à une importante contrainte quand ils travaillent au Nouveau-Brunswick: leur conjoint ou conjointe n'a pas le droit de travailler. Dans bien des cas, cette restriction occasionne non seulement des difficultés financières mais elle crée de l'insatisfaction dans les familles et suscite un sentiment de discrimination.
[Français]
Les conjoints peuvent demander un permis de travail une fois que le demandeur principal a été accepté. Toutefois, ce processus peut facilement prendre jusqu'à 18 mois, période pendant laquelle ces personnes n'ont pas le droit de travailler.
[Traduction]
Les adolescents des travailleurs étrangers temporaires font face au même problème. Ils n'ont pas le droit de travailler après l'école, ce qui les exclut de nombreuses activités considérées comme normales à cet âge au Canada.
[Français]
Les représentants des provinces ont soulevé cette question à plusieurs réunions fédérales-provinciales-territoriales. À la dernière réunion des ministres responsables de l'Immigration, ils ont demandé que l'on trouve une solution rapide à ce problème.
Le Nouveau-Brunswick est heureux que le gouvernement fédéral ait reconnu l'importance de se pencher sur ces défis de main-d'oeuvre et qu'il ait ouvert des bureaux à Moncton et à Saint-Jean pour aider à accélérer les avis quant aux répercussions sur le marché du travail et à offrir des services aux employeurs.
[Traduction]
Le Nouveau-Brunswick propose de mener un projet pilote dans la province qui permettrait aux conjoints de travailleurs étrangers temporaires non saisonniers de travailler dès qu'ils ont reçu le droit d'établissement. Quant aux adolescents, ils devraient aussi avoir la possibilité de travailler après l'école. À cet égard, il faudrait envisager de réglementer le nombre d'heures et le type de travail qui seraient permis.
[Français]
Le Nouveau-Brunswick propose de piloter ce projet pour une période de deux ans et de prévoir une évaluation après 18 mois.
[Traduction]
Cela nous permettrait de décider si un programme de ce genre serait également avantageux pour le reste du Canada.
Je vous remercie.
:
Très bien. Nous sommes arrivés en 1957. Nous avons commencé par vivre à Vancouver et nous nous sommes finalement retrouvés à Toronto. J'ai été à l'Université de Waterloo et je me suis dit que j'avais suffisamment voyagé et j'ai décidé d'y rester.
Pour ce qui est d'accueillir les immigrants, nous sommes passés en Nouvelle-Écosse au cours d'une tournée précédente, et une des expressions que j'ai rencontrées était « FA » (d'ailleurs). Tout le monde était un « FA ». Je pense que je ne me trompe pas de province, c'était bien la Nouvelle-Écosse. J'ai demandé ce que voulait dire « FA » et ils m'ont dit « From Away » (d'ailleurs).
Une voix: Ils les appellent des « CFA », « Come From Away » (des venus d'ailleurs).
M. Andrew Telegdi: Oui, des CFA.
Nous nous trouvions à Charlottetown où nous tenions des réunions et un des membres du comité, Lui Temelkovski, qui a un accent assez prononcé, distribuait, comme nouveau député, des épinglettes du Canada et la serveuse lui a dit: « Non, j'en ai plein de celle-là. Donnez-m'en une de votre pays. » Mon collègue lui a répondu: « Mais c'est ici mon pays. » Elle lui a dit: « Non. » Elle ne voulait pas être méchante, mais c'est ainsi qu'elle s'est exprimée et je ne l'ai pas oublié.
Voici l'autre question que j'aimerais vous poser. Quel est le nombre des membres des minorités visibles au Nouveau-Brunswick?
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J'ai mentionné cet aspect parce que dans mon petit coin à moi, à Waterloo, je m'habitue peu à peu à pouvoir faire le tour de mon quartier et de rencontrer des gens de tous les continents. C'est une expérience enrichissante.
Je le mentionne parce qu'il existe une façon d'attirer les minorités visibles; cela consiste à leur permettre d'arriver par petits groupes pour qu'ils puissent constituer une communauté, en particulier au début. Je m'intéresse à l'immigration depuis des années et cela semble donner de bons résultats, tout comme aller dans les régions moins peuplées. Il y a beaucoup d'endroits en Ontario où on n'avait jamais vu de membres des minorités visibles, à moins que quelqu'un, disons un Sikh, ne vienne s'occuper d'une station-service et fasse venir des membres de sa famille; tout d'un coup, nous avons une population visible.
J'ai bien aimé vos commentaires au sujet des travailleurs étrangers temporaires, en particulier lorsque vous avez parlé du droit d'entrée imposé aux Chinois, parce que c'est ce que le Canada a fait — je n'étais pas encore ici — pour construire le chemin de fer. Il a fait venir des Chinois. Lorsque le travail a été terminé, il a considéré que ces immigrants n'étaient plus utiles et il a essayé de s'en débarrasser. Il n'a pas permis à leurs familles de venir au Canada.
Le problème que pose le programme des travailleurs étrangers temporaires est que bien souvent, il s'agit de les mettre dans une position de servitude, étant donné le peu de compétences qu'ils ont. Je n'aime pas beaucoup ça.
Si on leur appliquait les règles actuelles, 95 p. 100 des gens qui sont venus au Canada comme immigrants n'auraient jamais pu venir. Je pense à des gens comme Frank Stronach de Magna International; il ne serait pas ici. Frank Hasenfratz de Linamar ne serait pas ici. Dans ma communauté... j'adore ce gadget, le BlackBerry, qui a été inventé par Mike Lazaridis, qui est venu ici tout jeune, il avait six ans, au milieu des années 1960; son père n'aurait jamais été autorisé à venir au Canada. Je me pose des questions et je me demande ce que nous faisons.
Je félicite les représentants de la province. Le Programme des candidats de la province est une excellente chose. Nous avons traversé le pays d'un bout à l'autre et voilà une des questions que j'ai posées aux employeurs: « Si vous pouviez embaucher quelqu'un qui est venu ici comme résident permanent, avec sa famille, ou un travailleur étranger temporaire non qualifié qui ne peut faire venir sa famille, ce qui ne crée pas pour lui une situation très saine, préféreriez-vous embaucher un travailleur étranger temporaire ou un résident permanent? » Ils m'ont tous répondu qu'ils préféreraient embaucher un immigrant ayant obtenu le droit d'établissement. Je suis très gêné de constater que nous écartons des gens qui ont aidé à construire notre pays.
Vous avez parlé des sans-papiers. Nous avons quelque chose comme 200 000 à 500 000 travailleurs sans papiers. Ce sont pour l'essentiel des gens qui sont venus ici légalement et dont les visas ont expiré. Un des intervenants a déclaré qu'ils avaient un « statut précaire » sur le plan de l'immigration. Cette expression est utilisée pour ne pas créer l'impression que tous ces gens en situation irrégulière aujourd'hui sont arrivés illégalement. Le nombre de sans-papiers a augmenté considérablement entre 2002, l'année où le système de points a changé, et aujourd'hui. Les gens disent que nous avons besoin de mécaniciens, de maçons, mais ces gens ne peuvent entrer au Canada.
De votre côté, celui de la province, je pense que vous pouvez influencer le gouvernement fédéral pour qu'il facilite l'entrée des immigrants. Si vous pensez à ce qui est arrivé avec ces vagues d'immigrants — les Hongrois, les Allemands, les Italiens, les Portugais — ils sont venus ici avec un rêve, qui était de commencer une nouvelle vie et de travailler dur. Ils ont eu du mal, ils ont élevé leurs enfants et leurs enfants ont très bien réussi. Cela fait une très belle mosaïque.
Si vous pouviez faire quelque chose pour rendre notre système de points plus réaliste et moins élitiste... Celui que nous avons à l'heure actuelle est élitiste. Nos systèmes d'éducation n'accordent pas sa juste valeur à la formation professionnelle, c'est ce que j'ai constaté. On n'enseigne pas les métiers dans les écoles. Lorsque j'allais à l'école, il était possible d'apprendre un métier, possibilité qui a été supprimée parce que les gens disaient que les écoles professionnelles étaient réservées aux élèves peu intelligents. Eh bien, vous savez, il y a beaucoup de diplômés universitaires qui conduisent des taxis et qui ne travaillent pas dans leur domaine.
Je ne sais pas de quelle province nous parlions, mais il y a une province des Maritimes qui a demandé qu'au lieu d'expulser les travailleurs sans papiers, il faudrait plutôt les envoyer dans les Maritimes. C'est pourtant un groupe très utile. Si vous retiriez les travailleurs sans papiers de Toronto, les métiers de la construction connaîtraient une grande récession, parce que nous n'en avons pas d'autres.
Je dirais donc qu'il serait très utile que votre province fasse quelque chose dans ce domaine. Nous sommes en concurrence avec les autres pays pour faire venir les immigrants et nous en sommes arrivés à un point où les immigrants vont ailleurs, parce que notre système est trop lourd. Il n'est pas nécessaire d'avoir un système aussi lourd pour faire venir des immigrants avec droit d'établissement. Ce système pourrait être aussi efficace et aussi rapide que le programme des travailleurs étrangers temporaires, si nous le voulons. Il faut simplement que certains le demandent.
M. Maicher, vous avez parlé des travailleurs sans papiers. Combien sont-ils, d'après vous? Je sais que c'est une question difficile, mais à votre avis, d'après ce que vous savez, combien peut-il y en avoir dans les Maritimes? Avez-vous une idée?
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Je vais mentionner un exemple particulier que nous examinons à l'heure actuelle, celui des conducteurs de camion au Nouveau-Brunswick. Nous avons un groupe assez important de conducteurs de camion qui sont ici avec des permis de travail temporaires pour la simple raison qu'il est plus rapide d'obtenir ce genre de permis de travail que de suivre le processus d'immigration. Les employeurs ont besoin immédiatement de camionneurs, et en utilisant le processus d'obtention des permis de travail, les conducteurs viennent au Canada plus rapidement.
L'immense majorité de ces conducteurs souhaiteraient obtenir la résidence permanente et se servir du programme des candidats pour faire passer leur statut de résident temporaire à résident permanent. C'est le genre de travailleurs que nous aimerions étudier grâce au projet pilote, parce que, lorsque vous mettez sur pied un projet pilote, il faut qu'il soit simple pour que l'on puisse voir s'il fonctionne bien et si l'on peut le transposer dans d'autres domaines.
C'est pourquoi je pense que nous pourrions commencer à examiner des questions comme celle des camionneurs, dont nous savons que la famille est au Canada, avec les enfants, et que la conjointe ne peut demander un permis de travail que lorsque leur candidature à l'immigration a été retenue. Nous ne pouvons pas leur accorder immédiatement le statut de candidat à l'immigration, parce que nous voulons d'abord nous assurer que, premièrement, le camionneur aime vivre ici et deuxièmement, que l'employeur souhaite lui offrir un contrat à long terme. Il faut donc attendre quelques mois pour que les parties apprennent à se connaître et à se comprendre. Nous utilisons ensuite le programme des candidats pour leur donner un statut permanent.
La période qui sépare leur arrivée de l'obtention du statut de candidat est très importante parce que c'est, dans la plupart des cas, la période la plus difficile; ils doivent s'ajuster à leur nouvelle vie, les conjoints et les enfants des conducteurs sont les plus directement touchés. Ils doivent non seulement faire face aux changements qu'amène une nouvelle vie dans un autre pays, mais ils se sentent également isolés parce qu'ils ne peuvent participer à la société comme peuvent le faire leurs voisins.
Nous en avons parlé à plusieurs reprises à Citoyenneté et Immigration. Cette situation n'est d'ailleurs pas unique au Nouveau-Brunswick. D'autres provinces en ont parlé. Nous sommes convaincus que nous devrions étudier cette situation en mettant sur pied un projet pilote pour voir si cela fonctionne, quels sont les avantages et les désavantages et s'il serait possible de mettre sur pied un programme pancanadien en se fondant sur notre expérience.
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Je ne suis pas du tout contre le principe; au contraire, je crois à l'importance de la réunification familiale et de la présence de la famille. Cependant, comme vous l'avez bien illustré au début de votre présentation, monsieur Lampart, créer ce genre de programme serait une solution de rechange, un contournement parce que le programme actuel ne fonctionne pas. À mon avis, si l'on ne fait que trouver une solution plutôt que de véritablement réparer le problème, cette solution risque alors de devenir la voie commune.
Effectivement, les délais sont trop longs. Par exemple, le temps de traitement des demandes de résidence permanente n'a aucun sens. Dans ce cas, tout le monde procédera ainsi: on entrera au pays d'abord comme travailleur temporaire, on fera venir sa famille immédiatement et on s'établira de cette façon.
Je comprends que vous ayez des besoins en main-d'oeuvre à combler immédiatement en raison de la croissance. Il est peut-être intéressant de combler ces besoins par un projet-pilote, mais il faut s'assurer d'éviter d'éventuelles conséquences négatives.
Je ne sais pas si j'ai le temps de poser une dernière question. Ce n'est pas nécessairement en lien avec ce qu'on étudie aujourd'hui. Dans votre livre sur la croissance démographique, une section traite de l'établissement en milieux francophone et rural. Pour le milieu francophone, vous établissez un certain nombre d'objectifs que se fixe le gouvernement.
En matière d'immigration, existe-t-il au Nouveau-Brunswick des stratégies de sélection des immigrants ou des mécanismes qui accordent la priorité aux immigrants qui viennent de pays francophones, afin d'aider ces endroits à conserver leur caractère francophone?
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Oui, monsieur le président.
Je tiens vraiment à vous remercier d'être venus. Je regardais le titre de la brochure que vous nous avez remise « It's time to act », « C'est le temps d'agir ». C'est un titre dont nous pourrions nous servir pour notre rapport, quand il sera rédigé, parce qu'il est excellent.
Permettez-moi de faire quelques observations. Premièrement, un des grands avantages des Maritimes, et je l'ai évidemment remarqué parce que c'est une chose que je fais chaque fois que je vais quelque part, c'est de regarder le prix des maisons et j'ai constaté qu'il était effectivement possible de travailler ici et d'acheter une maison. On ne peut dire la même chose pour Toronto, Vancouver, Edmonton, Calgary ou Kitchener-Waterloo, la région de Waterloo. C'est donc un net avantage. L'autre avantage est que les paysages sont très beaux. Je pourrais vendre ma maison dans la région de Waterloo, venir ici, et je pourrais avoir un chalet en Floride parce que je crois comprendre que les hivers sont rigoureux. La pêche est excellente, la nature est superbe et c'est une très belle région du pays. Je voulais simplement vous le dire.
Je vous remercie beaucoup. Vous avez pris une excellente initiative. Nous en sommes heureux et nous vous souhaitons beaucoup de succès.
Je vais m'arrêter ici en insistant sur un aspect. Essayez de faire bouger le gouvernement pour qu'il procède à une réforme. Il y a une chose que les immigrants permanents peuvent vous apporter et cela a déjà été dit; si quelqu'un décide de venir ici, il finit par venir avec des capitaux qu'il investit dans la province où il s'établit, alors que ce n'est pas le cas du travailleur étranger temporaire qui vient et réussit à obtenir plus tard la résidence permanente. Mais lorsque quelqu'un décide de tout vendre pour déménager quelque part, alors il prend tout ce qu'il a et investit dans la région où il s'établit.
Merci beaucoup.
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Je crois que je devrais commencer par vous signaler que l'ordre du jour que vous avez reçu ce matin a été légèrement modifié. Peter Nelson est en fait le directeur exécutif de l'Atlantic Provinces Trucking Association. Je suis le président de SkillSearch Recruiting, une agence de recrutement international et je suis également membre de l'Atlantic Provinces Trucking Association. Peter ne peut malheureusement être ici aujourd'hui et c'est la raison pour laquelle je le remplace.
Je vais commencer par vous remercier, monsieur le président ainsi que les membres du comité, de nous avoir donné la possibilité de vous présenter le point de vue de l'Atlantic Provinces Trucking Association, au sujet du programme des travailleurs étrangers temporaires.
Deuxièmement, The Atlantic Provinces Trucking Association souhaite souligner qu'elle appuie vigoureusement le programme de travailleurs étrangers temporaires parce qu'il constitue un outil indispensable pour répondre aux besoins en matière de ressources humaines dans l'industrie du camionnage, en particulier pour ce qui est des conducteurs de camion, des mécaniciens poids lourds et des techniciens de remorques de transport
Pour replacer l'industrie du camionnage dans son contexte, il ne faut pas oublier que 100 p. 100 de toutes les marchandises transportées à l'intérieur des provinces de Terre-Neuve-et-Labrador et de l'Île-du-Prince-Édouard le sont par camion. Au Nouveau-Brunswick et en Nouvelle-Écosse, plus de 90 p. 100 de toutes les marchandises sont transportées par camion. Vous pouvez facilement comprendre que le camionnage est une des principales industries de la région, qu'elle est essentielle pour tous ceux qui expédient ou reçoivent des marchandises, et que c'est une industrie qui joue un grand rôle dans l'économie de la région.
Comme vous le savez, les emplois de conducteur de camion sont très nombreux au Canada, puisqu'ils représentent près de 400 000 personnes. Toutes les régions du Canada sont touchées par la pénurie de Canadiens capables d'occuper ces postes. Le programme des travailleurs étrangers temporaires joue un rôle essentiel pour remédier à cette pénurie. C'est un programme auquel ont recours un bon nombre de nos membres qui ont réussi à compléter l'embauche locale par le recrutement, du moins sur une base temporaires, de personnes qualifiées, et ayant de l'expérience pour combler les postes vacants.
Le gouvernement du Canada et les gouvernements provinciaux de la région de l'Atlantique ont mis sur pied un processus dans le cadre du Programme des candidats de la province, dont on vous a parlé ce matin, qui a pour but de retenir ces travailleurs en leur donnant la possibilité, à la suite d'un processus de sélection et de désignation en collaboration avec Citoyenneté et Immigration Canada, de devenir des résidents permanents du Canada. L'association est très favorable à cette collaboration intergouvernementale.
Le gouvernement du Canada, ainsi que les gouvernements respectifs des provinces de l'Atlantique, ont lancé un certain nombre d'initiatives dynamiques. Il a mis sur pied des programmes autorisant le recrutement de travailleurs étrangers temporaires pour combler les postes que certains employés ne réussissent pas à combler localement — plus précisément des conducteurs de camion, des mécaniciens de poids lourds et des techniciens de remorques de transport. Il s'est également engagé à participer au Programme des candidats de la province de chacune des provinces de l'Atlantique, qui permet au gouvernement du Canada et aux divers gouvernements provinciaux de retenir des candidatures en vue d'accorder, par la suite, le statut de résident permanent aux employés de l'industrie qui arrivent au départ à titre de travailleurs étrangers temporaires. La possibilité de présenter électroniquement à Service Canada les demandes d'avis concernant l'impact sur le marché du travail, nous paraît une excellente initiative, parce qu'elle permet de traiter rapidement et efficacement ces demandes.
Cependant, le comité devrait savoir qu'il demeure des obstacles. Le conducteur de camion est classé comme ouvrier non qualifié même si la profession exige une formation et des aptitudes de haut niveau. Ce problème, par lui-même, n'est pas grave, mais il a une influence sur l'accueil et le traitement réservé aux familles des nouveaux arrivants. Le camionneur étant reconnu comme étant un ouvrier non qualifié, les conjoints et les membres de la famille en âge de travailler ne peuvent obtenir de permis de travail, ce qui empêche les entreprises locales d'avoir accès aux aptitudes qu'ils possèdent, mais surtout ce qui les empêche de s'intégrer de façon satisfaisante à leur nouvelle communauté.
De plus, la désignation des camionneurs comme des ouvriers non qualifiés empêche les conjoints et les membres de la famille d'avoir accès à une formation en anglais, langue seconde. Cette formation est uniquement offerte aux membres des familles des résidents permanents. Cela veut dire que les membres de la famille peuvent être obligés d'attendre jusqu'à deux ans avant de recevoir une formation en anglais, langue seconde.
Lorsqu'on sait que plus de 75 à 80 p. 100 des travailleurs qualifiés arrivent dans la région de l'Atlantique en qualité de travailleurs étrangers temporaires, on peut comprendre que cette désignation cause des problèmes pour leur famille.
Le traitement électronique des demandes d'avis concernant l'impact sur le marché du travail permet d'accélérer cette étape du processus de recrutement des travailleurs étrangers temporaires au Canada, mais il est souvent nécessaire de prolonger leurs séjours. À l'heure actuelle, il n'est pas possible de présenter électroniquement de telles demandes de prolongation.
Au Canada, le secteur du camionnage est en croissance et en évolution. C'est également une industrie où le roulement de personnel est assez élevé. Certains employés à titre de travailleurs étrangers temporaires souhaitent parfois changer d'employeur pendant qu'ils se trouvent encore au Canada avec ce statut. L'industrie reconnaît qu'il est normal qu'il y ait un certain roulement parmi les employés, mais les employeurs ont souvent exposé des frais considérables pour faire venir ces personnes au Canada. Lorsqu'un employé change de travail, l'employeur initial ne peut, bien souvent, récupérer ces dépenses.
En résumé, nous vous soumettons les recommandations suivantes :
Maintenir et améliorer le programme de travailleurs étrangers temporaires en fonction de la situation, en tenant compte du fait que le secteur du transport est une industrie vitale et en développement avec un volet ressources humaines très important.
Modifier le classement national des professions pour que les conducteurs de camions fassent partie d'une catégorie qui tienne compte de la formation, des aptitudes et de l'expérience exigées pour ce poste.
Autoriser l'octroi de permis de travail ouverts au conjoint du travailleur étranger et aux membres de sa famille en âge de travailler, pour que non seulement la communauté puisse bénéficier des aptitudes qu'ils possèdent, mais également pour mieux intégrer les membres de la famille à la communauté.
Veiller à ce que la formation en anglais ou en français, langue seconde, soit offerte aux membres de la famille, le plus tôt possible après leur arrivée.
Veiller à ce que toutes les familles des nouveaux arrivants soient accueillies dans la communauté, le plus tôt possible après leur arrivée au Canada.
Enfin, faire respecter les droits de propriété de l'employeur initial d'un travailleur étranger dans le cas où ce dernier veut changer d'employeur. Il faudrait ainsi que l'employé donne, dans un délai approprié, un avis de son intention de quitter son emploi et obliger l'employeur suivant à rembourser une part équitable des coûts de recrutement exposés par l'employeur initial pour amener le travailleur étranger temporaire au Canada.
Pour terminer, je dois féliciter Citoyenneté et Immigration Canada ainsi que Service Canada pour l'excellent service que leurs employés donnent aux membres de l'industrie, un service qui est toujours efficace, professionnel et courtois. Notre industrie a été bien servie par tout le personnel de ces organismes et nous sommes heureux de constater que le partenariat est privilégié dans les rapports avec l'industrie du transport pour régler les questions touchant les ressources humaines dans le Canada atlantique.
Merci, monsieur le président.