:
Nous allons commencer. Aujourd'hui, nous avons une séance d'information sur le parrainage de conjoint.
Je souhaite la bienvenue à M. Rick Stewart, sous-ministre adjoint délégué aux Opérations, et à Mme Brenna MacNeil, directrice de la Division de la politique et des programmes sociaux, à la Direction générale de l'immigration. De l'Agence des services frontaliers du Canada, nous avons parmi nous Susan Kramer, directrice de l'Exécution de la Loi intérieure du Canada.
Bienvenue à tous. Je présume que vous voulez commencer par faire des déclarations, puis il y aura une discussion, des questions, et ainsi de suite.
Je vous donne la parole, M. Stewart.
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Merci, monsieur le président.
Notre mot d'ouverture sera aussi bref que possible. Outre les personnes que vous venez de présenter, je suis accompagné, aujourd'hui, de Diane Johnston, agente principale de programme à la Direction générale de la gestion opérationnelle et de la coordination dans le secteur des opérations, à CIC. Elle fait partie de mon équipe.
Nous sommes très heureux de la possibilité qui nous est donnée de vous apporter notre témoignage aujourd'hui et de présenter de l'information qui, nous l'espérons, vous sera utile lors de vos délibérations sur la motion que vous êtes en train d'étudier. J'espère que nous pourrons répondre entièrement à toutes vos questions.
[Français]
Je tiens à remercier le comité de nous avoir invités à venir parler de l'application de la motion déposée au sujet du parrainage d'un époux.
La réunification des familles est un élément clé de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Nous savons que l'intégration à la société canadienne est facilitée lorsque les membres d'une même famille peuvent rester ensemble, et que ces derniers ont ainsi plus de chance de réussir. Nous sommes d'avis que nos politiques actuelles tiennent compte de cette réalité.
La LIPR prévoit certaines mesures visant à permettre aux personnes qui habitent déjà au Canada de présenter une demande de résidence permanente pendant leur séjour ici. Deux types de personnes sont visées: celles qui sont en règle et celles qui sont sans statut. Je vais donc vous décrire brièvement ces deux types.
[Traduction]
Nous avons d'abord les demandeurs en règle. Les époux et conjoints de fait se trouvant déjà au Canada peuvent présenter une demande de résidence permanente au titre de la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada. Pour être admissible au titre de cette catégorie, le demandeur doit résider au Canada avec son époux ou conjoint de fait répondant et doit être autorisé à séjourner temporairement au Canada. Pendant le traitement de sa demande, l'époux ou le conjoint de fait de la catégorie au Canada peut présenter une demande afin de conserver son statut de résident temporaire. Par ailleurs, lorsqu'il a été confirmé que le demandeur satisfait aux exigences rattachées à la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada, ce dernier peut rester au pays et demander un permis de travail ouvert pendant que sont effectués — aux fins de l'approbation définitive — la vérification des antécédents criminels, le contrôle de sécurité et l'examen médical.
[Français]
Cette évaluation préliminaire de l'admissibilité, aussi appelée approbation de principe, revêt une importance majeure pour préserver l'intégrité du programme canadien d'immigration. Elle permet à CIC de s'assurer que la relation que le demandeur entretient avec son répondant est authentique avant de l'autoriser à présenter une demande de permis de travail.
Je tiens à préciser que la majorité des demandes présentées par des époux ou conjoints de fait sont de bonne foi, mais que certaines personnes tentent tout de même d'abuser de nos programmes. Afin de prévenir ce genre d'abus, les agents de CIC vérifient les antécédents des demandeurs, mènent des entrevues en personne et examinent les éléments de preuve soumis pour confirmer l'authenticité de la relation ainsi que pour déceler les relations frauduleuses.
[Traduction]
Notre politique actuelle ne permet au demandeur d'obtenir un permis de travail ouvert qu'après avoir reçu une approbation de principe, et ce, afin de l'empêcher de recourir à la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada dans le but de contourner les processus d'immigration habituels.
Nous avons ensuite les demandeurs sans statut. Nombreux sont les demandeurs au titre de la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada qui ont un statut de résident temporaire. Toutefois, une politique d'intérêt public visant les époux ou conjoints de fait se trouvant sans statut au Canada a été adoptée en 2005 pour permettre à ces personnes, ainsi qu'aux demandeurs d'asile déboutés, de présenter une demande au Canada et de rester ici pendant le traitement de leur demande.
[Français]
Cette politique d'intérêt public a été adoptée pour faciliter la réunification de la famille lorsque les époux ou conjoints de fait résident déjà ensemble au Canada, mais sont frappés d'une interdiction de territoire de nature administrative, faisant ainsi en sorte qu'ils sont sans statut au Canada.
Ces interdictions de territoire de nature administrative comprennent notamment les dépassements de la durée de séjour autorisée, la poursuite d'études ou le travail sans permis, l'entrée au Canada sans passeport, visa ou document valide et les demandes d'asile rejetées.
[Traduction]
Les personnes visées par ces interdictions peuvent présenter une demande et rester au Canada pendant une certaine période de temps — 60 jours — afin de faciliter le traitement de leur demande à l'étape de l'approbation de principe. Par contre, ces personnes ne pourront présenter une demande de permis de travail avant d'avoir reçu une approbation de principe. En plus de ce sursis de 60 jours du renvoi, une suspension du renvoi est accordée lorsqu'une approbation de principe est obtenue. La mesure de renvoi est ainsi suspendue jusqu'à ce qu'une décision définitive soit rendue.
Lorsque l'admissibilité est difficile à établir et que plus de 60 jours sont nécessaires, CIC et l'ASFC se consultent et conviennent de la marche à suivre.
[Français]
En conclusion, l'actuelle politique offre une grande marge de manoeuvre pour faciliter la réunification des familles en permettant la présentation des demandes ainsi que le traitement de ces dernières au Canada. La plupart du temps, elle permet aux demandeurs de rester ici pendant le traitement de leur demande, et lorsque l'authenticité de la relation a été établie, ils peuvent présenter une demande de permis de travail ouverte.
[Traduction]
CIC et l'ASFC collaborent étroitement pour faire en sorte que ces demandes soient traitées en temps opportun sans nuire à l'engagement que le Canada a pris à l'égard de la réunification des familles. Nous sommes convaincus que les mesures existantes visent l'atteinte d'un équilibre approprié entre nos objectifs en matière de réunification des familles et la nécessité de préserver l'intégrité du programme d'immigration.
Merci, monsieur le président.
Je vais maintenant laisser la parole à Susan Kramer.
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Je vous remercie de me donner l'occasion de m'adresser à vous aujourd'hui et de vous fournir de l'information sur l'exécution de la loi en matière d'immigration et son lien avec la récente motion concernant les demandes pour conjoint faites au Canada.
Bien que Citoyenneté et Immigration Canada soit principalement responsable de la facilitation de certains aspects de la Loi sur l'immigration, l'ASFC est principalement responsable de l'application de la loi.
La politique d'immigration nécessite des contrôles, sinon le programme est inefficace et nos portes sont laissées grandes ouvertes. L'exécution de la loi est essentielle à l'intégrité des programmes du Canada sur l'immigration et les réfugiés et favorise l'équité envers les milliers de personnes qui viennent au Canada en toute légalité chaque année. Les contrôles, comme les renvois, permettent de s'assurer que les intérêts supérieurs du Canada sont pris en considération sur le plan de la sécurité, de l'économie et de nos objectifs humanitaires et de réunification des familles.
L'ASFC établit l'ordre de priorité de ses mesures d'exécution de la législation en matière d'immigration. La première priorité concerne les personnes qui représentent une menace pour la sécurité nationale. La suivante concerne celles qui sont impliquées dans le crime organisé et les crimes contre l'humanité ainsi que les criminels. Ensuite, viennent les demandeurs d'asile déboutés, suivis de toutes les autres personnes qui enfreignent la législation en matière d'immigration, y compris celles qui prolongent indûment leur séjour, travaillent, étudient ou vivent au Canada sans autorisation et celles qui font de fausses déclarations à leur sujet.
Le renvoi d'une personne est un long processus. Il peut se passer des années entre le moment où la mesure de renvoi est prise et le moment où la personne est renvoyée. Bien entendu, les cas pressants — par exemple ceux concernant des criminels — prennent moins de temps car ils sont traités en priorité. Nous nous en occupons en premier.
Les personnes visées par une mesure de renvoi peuvent faire appel à différents niveaux. Les processus en question peuvent prendre des mois parfois même des années avant d'être menés à terme. Une personne qui souhaite vivre au Canada a tout le temps voulu pour présenter une demande de résidence permanente.
Une fois que toutes les possibilités d'appel ont été épuisées, la législation sur l'immigration est claire: une personne visée par une mesure de renvoi doit être renvoyée dès que possible.
L'ASFC reconnaît qu'il y a des cas où des citoyens ou des résidents permanents canadiens sont mariés à des personnes visées par une mesure de renvoi. C'est pourquoi l'agence attend 60 jours avant d'exécuter une mesure de renvoi lorsqu'une demande pour conjoint est faite. Cette demande doit être soumise avant le début de la mesure de renvoi. Sans limite de temps, les personnes cherchant à éviter le renvoi présenteraient sans cesse des demandes dans la catégorie des époux ou conjoints de fait au Canada.
Ce délai de 60 jours donne à Citoyenneté et Immigration le temps d'évaluer la demande pour conjoint. Si la demande est refusée, le processus de renvoi se poursuit et, si elle est approuvée en principe, il est interrompu.
Si les 60 jours s'écoulent et qu'aucune décision n'a été prise concernant la demande pour conjoint, l'ASFC peut aller de l'avant avec le renvoi. Bien que cela soit possible, l'ASFC ne procède pas souvent à des renvois s'il semble que la décision de CIC est imminente en ce qui a trait à la demande pour conjoint.
Si le délai de 60 jours expire et que l'ASFC va de l'avant avec le renvoi, ces personnes ont toujours accès aux recours habituels, y compris une demande de sursis au renvoi devant la Cour fédérale.
De plus, bien que nous ne puissions pas discuter de cas individuels, d'autres facteurs, comme la criminalité ou la sécurité, peuvent empêcher une personne d'avoir droit à un sursis au renvoi.
Le processus de renvoi prend du temps, ce qui donne amplement l'occasion aux personnes de faire une demande pour conjoint avant que la mesure d'exécution ne soit prise. Sans date limite, le processus relatif aux demandes pour conjoint serait vulnérable à l'abus, car les personnes devant être renvoyées pourraient tirer parti de séjours prolongés au Canada, que leur relation soit légitime ou non. Les personnes cherchant à éviter le renvoi pourraient faire des demandes pour conjoint répétées, ce qui porterait atteinte à l'intégrité du programme d'immigration.
Nous croyons que les mesures existantes permettent d'établir le juste équilibre entre le besoin d'atteindre les buts du Canada en matière de réunification des familles et le besoin de respecter le mandat de l'ASFC qui consiste à renvoyer les personnes interdites de territoire dès que possible. Le programme de renvoi appuie l'observation continue et sert de moyen de dissuasion pour les personnes qui ne respectent pas la loi.
Je vous remercie, monsieur le président.
Madame Kramer, dans votre présentation, vous avez parlé à deux reprises de la question de la limite de temps. Vous dites: « Sans limite de temps, les personnes cherchant à éviter le renvoi présenteraient sans cesse des demandes pour conjoint ». Vous ajoutez, à la fin: « Les personnes cherchant à éviter le renvoi pourraient faire des demandes pour conjoint répétées, ce qui porterait atteinte à l'intégrité du programme d'immigration. »
Je n'étais pas au courant qu'on pouvait faire plusieurs demandes pour conjoint. Il me semblait qu'au Canada, on ne pouvait en avoir qu'un seul, donc qu'on ne pouvait pas faire plusieurs demandes.
En quoi ce délai empêcherait-il des gens de faire plusieurs demandes? Pourriez-vous nous donner des explications plus détaillées à ce sujet?
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Premièrement, les gens vont beaucoup en appel. Chaque décision peut faire l'objet d'un appel.
[Traduction]
Il y a des demandes à la Cour fédérale pour mettre fin au renvoi. Toutes sortes de mécanismes sont utilisées pour obtenir un sursis au renvoi. À l'heure actuelle, par exemple, il y a un retard de huit à neuf mois dans les appels devant la Commission de l'immigration et du statut de réfugié. Nous n'avons aucun contrôle sur ce genre de choses.
De plus, ceux qui sont renvoyés ont le droit à un examen des risques avant renvoi. Ce genre d'examen peut prendre environ huit mois. Parfois, il faut attendre un certain temps avant d'obtenir des documents de voyage pour ceux qu'on renvoie. Parfois, il faut effectuer une évaluation médicale pour veiller à ce qu'ils soient en assez bonne santé pour voyager.
Tous ces facteurs-là ont une incidence.
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Vous savez, il n’est pas compliqué de comprendre que quand un comité parlementaire tient une audience sur un sujet donné, c’est qu’il veut probablement obtenir des données et non tirer les vers du nez des témoins.
Je pense vraiment, monsieur le président, que nous devrions envoyer un message au ministère pour qu’il sache qu’à l’avenir, quand nous le convoquons à une réunion du comité, c’est que nous voulons obtenir des données à propos du sujet dont nous sommes saisis.
Il s’agit donc d’une proportion inférieure à 10 p. 100, le taux de demandes rejetées pour des raisons de sécurité ou de santé. La totalité des demandeurs, moins ceux dont la demande est rejetée car vous déterminez que la relation n’est pas authentique, doivent subir un examen médical et faire l’objet d’une vérification des antécédents criminels et de la sécurité, c’est bien ça?
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Merci, monsieur le président.
Je pense que c’est Mme MacNeil qui répondait à ma question. Je vais poser ma question initiale, à laquelle elle n’a pas eu le temps de répondre.
Beaucoup de groupes de femmes et d’hommes ont abandonné leur conjoint après les avoir parrainé, ou bien les ont parrainé frauduleusement afin qu’ils puissent venir au pays. Dans certains pays, comme les États-Unis ou les pays d’Europe, si quelqu’un est marié, il lui est impossible d’obtenir un statut officiel à moins d’avoir vécu là pendant un certain nombre d’années. Ici, nous encourageons les mariages frauduleux : un homme vient au Canada, y reste, se divorce ou se sépare, et parraine une femme. Celle-ci arrive au Canada, se sépare de son mari et parraine quelqu’un d’autre. C’est un...
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Alors, compte tenu de ce que je reçois à Toronto, vous me dites... soit que je ne lis pas comme il faut les télécopies que m'envoie votre bureau, soit que je suis stupide. Voilà ce que vous me dites. Or, je ne suis pas bête, parce que je siège ici depuis 20 ans, ce qui fait des états de service bien plus longs que ceux de certaines personnes combinés.
Pour les DRP, vous parlez d'un à deux mois, et, pour les dossiers envoyés au CELTM, de leur arrivée jusqu'au moment du renvoi, il faut compter six mois, un an tout au plus. J'en conclus soit que vos bureaux de Toronto ne vous donnent pas les bons renseignements, soit que je ne lis pas les documents comme il faut. Or, comme je suis membre du comité depuis 20 ans et qu'une majorité écrasante d'électeurs m'ont confié six mandats consécutifs, je ne pense pas être stupide.
Par conséquent, je pose la question de nouveau. À partir du moment où le dossier arrive au CELTM jusqu'au moment où la personne est effectivement renvoyée, faut-il compter trois ans ou un an? S'il vous plaît, quelle est la réponse?
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Permettez-moi simplement de faire des observations sur la question du sursis automatique, parce qu'elle est revenue sur le tapis à quelques reprises déjà.
La raison pour laquelle nous avons prévu une fenêtre temporelle, dans le cas de gens sans statut, au lieu de leur accorder un sursis automatique jusqu'à ce qu'une décision soit prise, est au coeur même de la question que a posée au sujet du risque ou de l'incidence de relations frauduleuses établies apparemment dans le but d'être admis au Canada.
À mon avis, l'absence de sursis automatique indique qu'il y a une possibilité de renvoi, mais qu'il y report de renvoi — non sursis de renvoi — pour un certain temps, afin de permettre de vérifier l'authenticité de la relation. J'estime que la préoccupation porte sur le signal qu'envoie le fait d'accorder un sursis automatique jusqu'à ce qu'une décision ait été prise.
On peut discuter pour savoir s'il s'agit d'un signal substantiel ou important qui a une incidence considérable sur le comportement, mais c'est une question de politique publique. Néanmoins, la perspective d'un renvoi éventuel envoie, dans une certaine mesure, le signal qu'on ne peut pas flouer le système.
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J'aimerais revenir à la motion.
Il n'est ni question de mariages de convenance, ni de mariages frauduleux, ni de demandes multiples, ni de questions similaires. Il est question de la décision finale qui établit la légitimité ou l'illégitimité d'une demande, suite à laquelle le demandeur peut être sous le coup d'une mesure de renvoi. Il est uniquement question de cela. Il n'est pas questions de mariages frauduleux qui permettent aux gens de rester au Canada. Il est question de la décision prise lorsque les demandes sont présentées, et c'est votre ministère, M. Stewart, qui prend la décision à cet égard.
Dans la motion, il est uniquement dit que tant que ce processus n'est pas terminé, on n'a le temps de faire intervenir l'Agence des services frontaliers ou ASFC, mais qu'il faut prendre une décision dans le cas de la personne visée. Une fois cette étape achevée, les services de sécurité frontalière peuvent intervenir au besoin. J'estime que c'est une véritable perte de temps administratif et un gaspillage de ressources que de faire intervenir l'ASFC avant qu'une décision n'ait été prise.
En ce qui me concerne, j'abonde dans le même sens que le secrétaire parlementaire. Il me semble -- je suis d'ailleurs persuadé que M. Khan en conviendra -- que la vérification de sécurité et l'examen médical devraient commencer immédiatement. À mon avis, ce serait tout simplement faire preuve de prudence. Dans la motion, il est uniquement dit que tant qu'une décision n'a pas été prise à l'égard d'une demande, l'ASFC n'a pas à se mêler de la question. Tout le temps qu'elle consacrerait à ce cas serait absolument perdu. L'ASFC devrait être à l'affût des criminels. Voilà où elle devrait accorder la priorité parce qu'un processus légitime a été amorcé.
Ce n'est pas parce que Citoyenneté et Immigration Canada, CIC, met du temps à en arriver à une décision, que la famille et la personne qui a fait la demande doivent être pénalisées. Si le ministère établit que la relation conjugale n'est pas authentique, il n'a alors qu'a mettre la personne sous le coup d'une mesure de renvoi. Voilà de quoi il retourne. D'introduire dans le débat la question des mariages frauduleux ou des mariages de convenance...
Vous savez, la question est fort simple: il s'agit de prendre une décision. Compte tenu du fait que dans 90 p. 100 des cas, le ministère établit que la demande est légitime, je pense qu'il faut faire en sorte que le cas de tout le monde soit entendu.
J'aimerais vraiment avoir des statistiques au sujet de ce 11 p. 100, parce que personne autour de cette table ne souhaite faciliter les mariages de convenance. Il est faux de laisser entendre cela.
Nous souhaitons simplement qu'une décision soit prise à l'égard des cas dont votre ministère est saisi et dont il devra établir la légitimité.
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Monsieur, je reconnais cela et, pour ce qui est de la mention directe à l'objet de la motion, je signale que les dispositions prévues dans la loi et dans le règlement et les assouplissements que nous avons mis en place nous permettent de prendre une décision dans presque tous les cas. Ces mesures s'appliqueront-elles à tous les cas sans exception? Est-il possible d'offrir une garantie à cet égard aujourd'hui? Non, parce que dans certains cas, des situations particulières justifieront la prise d'une mesure de renvoi; vous en avez mentionné quelques exemples dans votre intervention.
Quels sont les facteurs qui nous empêchent de prendre une décision en 60 jours? Qu'est-ce qui fait que nous avons de la difficulté à en arriver à une décision finale? Nous examinons la situation et nous décidons s'il y a lieu de prendre une mesure de renvoi. Je suis convaincu que dans bien des cas quand le sursis administratif de 60 jours est écoulé, nous avons constaté qu'il n'était ni rapide, ni efficace, ni efficient de recourir au renvoi et qu'il valait mieux prendre le temps nécessaire pour en arriver à une décision finale.
Ainsi, la plus grande partie de la discussion porte vraiment sur un très faible pourcentage de cas où, pour une raison quelconque, il y avait une raison valable d'aller de l'avant, et le cas dictera les détails de notre décision.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'apprécie que les représentants des ministères soient venus témoigner devant le comité aujourd'hui.
Pouvez-vous expliquer, pour mon information et pour celle de mes collègues ici présents, en quoi consiste exactement le début du processus d'application? Cette question s'adresse à toute personne désireuse de répondre. Pourriez-vous exposer brièvement le processus d'application.
Il me semble que certains députés présents ici parlent plutôt de la fin du processus d'application. Est-il réaliste d'affirmer qu'une personne peut présenter une demande de parrainage de son époux ou conjoint de fait, faire enclencher le processus d'application et le laisser poursuivre son cours avant que CIC n'ait terminé de traiter le dossier et n'ait pris une décision à cet égard?
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Une demande de parrainage de conjoint doit être présentée avant le déclenchement du processus entourant une mesure de renvoi. Ce processus commence par la convocation de la personne visée au bureau pour une entrevue préalable au renvoi. À ce moment-là, on demande à la personne si elle souhaite un examen des risques avant renvoi. On examine alors ses documents de voyage. On s'occupe également de toutes les formalités qui doivent être réglées avant le renvoi. Ce processus prend environ un an.
L'entrevue préalable au renvoi n'a pas lieu au début du processus d'application. Ce processus commence lorsqu'un rapport est rédigé parce que certains éléments portent à croire qu'une personne est inadmissible. Dans la plupart des cas, la personne a droit à un procès, particulièrement si son cas est complexe, et c'est la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada qui décide si elle est admissible ou si elle doit faire l'objet d'une mesure de renvoi.
Comme nous vivons au Canada, ce processus offre plusieurs possibilités d'appel. Certains cas sont renvoyés à la Commission de l'immigration et du statut de réfugié du Canada, d'autres à la Cour fédérale du Canada, et d'autres enfin, à la Cour suprême. Ces procédures judiciaires sont longues et durent souvent des années.
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Si vous me le permettez, je signale que pour ce qui est de la vérification de sécurité et du moment où elle doit être effectuée, soit au début plutôt qu'à la fin du processus, je ne sais pas si nous avons examiné la question comme il se doit et je fais quelques observations à cet égard.
Voici, à mon avis, la raison de l'ordre que nous avons choisi. Je crois que vous êtes en mesure de comprendre que la vérification de sécurité et l'examen médical nécessitent un certain temps, particulièrement la vérification de sécurité. Comme ces procédures prennent du temps, si elles étaient effectuées au début du processus, cela ralentirait forcément l'obtention d'une approbation de principe pour ce qui est de l'authenticité de la relation.
Comme l'obtention d'un permis de travail ouvert repose sur l'approbation de principe, notre objectif est d'obtenir aussi rapidement que possible cette approbation à l'égard de la légitimité de la demande, pour que la personne visée puisse avoir un permis de travail ou un permis d'études. La vérification de sécurité viendrait ensuite.
Si la personne visée est accusée de grande criminalité, il est fort probable que nous l'apprenions dès le début. Le système signalera qu'il s'agit d'une personne à l'égard de laquelle nous pouvons prendre une décision rapide.
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Monsieur le président, j'aimerais dire qu'en 2005 le ministre de l'époque avait modifié la politique. Cette politique était claire. Elle disait: Permettons aux Canadiens qui veulent parrainer leur époux au Canada souhaitant présenter une demande de résidence au Canada, que cet époux ait ou non un statut au Canada. C'est simple. C'est ce que disait la politique, et personne n'a émis d'objection ou ne s'est offusqué à l'époque. Les membres des communautés ont jugé qu'il était logique de leur permettre de présenter une demande.
Mais que s'est-il passé ensuite? Ce qui s'est passé, c'est que le ministère... Permettez-moi de lire ceci: « En 2005, on a modifié la politique afin de faire également bénéficier de la catégorie ECFC--la catégorie des époux et conjoints de fait au Canada, pour être exacte--les époux et conjoints de fait qui se trouvent au Canada sans statut. » La réglementation n'a pas été mise à jour afin de tenir compte de ce changement. À la place, une nouvelle politique publique fut adoptée en vertu de la disposition relative aux raisons d'ordre humanitaire de LIPR.
L'intention était donc de permettre à tous les demandeurs déjà au pays de présenter une demande pour leur époux. Plutôt que de faire les choses selon les règles, le ministère a décidé de modifier une partie de la politique, ce qui a nui à tous ces gens. C'est ce qui se passe, selon les documents qui m'ont été transmis par la Bibliothèque du Parlement. D'accord?
Une voix: Qu'est-ce qui s'est passé?
Mme Olivia Chow: Je ne sais pas ce qui s'est passé, je n'étais pas là. Mais là n'est pas la question. Ce qui est important, c'est que cela touche de nombreuses personnes.
De plus, M. Komarnicki, il ne s'agit pas que de quelques personnes et ce n'est pas une simple coïncidence que parmi tous les députés de la Chambre, dans ce comité seulement, plusieurs députés ont connaissance de cas de déportation. Dans ma circonscription, un homme a perdu son statut le 31 janvier, et deux jours plus tard, rien de moins que la police venait frapper à sa porte pour lui dire qu'il devait quitter le pays, qu'il allait être déporté. Lui et sa femme étaient absents. Il s'agit d'une personne qui vit au Canada depuis 13 ans.
De telles situations existent, et elles sont nombreuses. Il n'est pas question ici de demandes frauduleuses ou de personnes qui tentent de flouer le système. Il est question d'accorder 60 jours. Mais pourquoi ne pas simplement accorder un sursis automatique? Cela n'envoie aucun message.
Vous savez ce qui cause le retard? Ce ne sont pas les demandes frauduleuses, mais bien l'arriéré à CIC.
:
Il n'est pas question ici de chiffres, mais de personnes. Si vous revenez au chiffre de 11 p. 100 qu'on nous a donné, il s'agit alors d'environ 1 500 personnes. Mais cela inclut toutes sortes d'autres catégories.
Ce dont il est question ici--les conservateurs vont adorer cela--, c'est de valeurs familiales. On ne peut pas séparer des familles. On ne peut pas séparer des époux. On ne peut pas séparer des parents de leurs enfants.
D'après cette motion, lorsqu'une demande est présentée... Il semble que 90 p. 100 des demandes présentées sont légitimes, j'en concluerai donc qu'il en est de même pour les personnes qui sont renvoyées.
De toute façon, cette motion prévoit que le ministère ne déporte pas une personne, n'enlève pas un enfant des bras de sa mère ou de son père, ne sépare pas des époux. Il s'agit de valeurs familiales. Il est temps de passer de la parole aux gestes. C'est ce que dit cette motion. Si une demande n'est pas légitime, alors on peut procéder à un renvoi. Mais il ne faut pas renvoyer des gens si on a pas encore pris de décision au sujet de leur demande.
C'est très simple : valeurs familiales.
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Monsieur le président, au sujet des chiffres, peu importe qu'il s'agisse de 10 ou de 20 p. 100. Les chiffres n'ont pas d'importance. Ce qui importe, ce sont ces gens qui ont parrainé un époux et ces gens qui sont déportés. C'est cela qui importe.
Si M. Komarnicki souhaite que nous ayons un débat complet, comme il dit, à ce sujet, hé bien vous savez quoi? S'il est prêt à demander que nous arrêtions immédiatement toutes les déportations jusqu'à ce que ce comité ait entendu toutes les preuves et ait présenté son rapport, parfait. Je ne crois pas que c'est ce qu'il souhaite. Si c'est le cas et qu'il est d'accord, alors nous pourrons résoudre le problème très facilement. Nous allons cesser les déportations, entendre les témoins, puis présenter notre rapport. Nous allons interrompre les déportations jusqu'à ce que nous ayons entendu tous les témoins et que nous ayons présenté notre rapport à la Chambre.
Je crois que c'est ainsi qu'on aimerait procéder de ce côté-ci. Je ne suis toutefois pas convaincu que les conservateurs sont du même avis. S'ils le sont,...