Je suis accompagné de Brenna MacNeil, directrice de la Politique et des programmes sociaux à la Direction générale de l'immigration à CIC, et aussi de collègues de l'ASFC, de l'ARC, de la CISRC et de la GRC.
[Français]
Nous aimerions remercier le comité de nous avoir invités à venir parler aujourd'hui de la question des représentants en immigration.
Je présenterai d'abord quelques observations préliminaires. Ensuite, nous répondrons à vos questions avec plaisir.
[Traduction]
Parlons d'abord de la question et du défi.
Pour certains aspirants immigrants, le processus d'immigration peut sembler complexe et difficile. Il est donc naturel que les aspirants immigrants, étudiants étrangers ou travailleurs étrangers temporaires veuillent faire appel à des intermédiaires. Certains de ces intermédiaires agissent en toute légalité. Cependant, comme les membres du comité l'ont entendu pendant les audiences tenues au Canada ces dernières semaines, la mauvaise conduite de certains intermédiaires, au Canada comme à l'étranger, continue de nuire aux personnes qui veulent venir au Canada.
Comme vous le savez, la mauvaise conduite de certains consultants en immigration est un problème de longue date auquel le gouvernement s'est attaqué en mettant en oeuvre des modifications aux dispositions réglementaires en 2004. Ces dispositions réglementaires restreignent la prestation de services consultatifs contre rémunération à des groupes spécifiques de professionnels qualifiés qui sont membres de l'Association du Barreau canadien, de la Chambre des notaires du Québec ou de la Société canadienne de consultants en immigration.
Malgré cette initiative, la situation demeure préoccupante. Cette question est fort complexe. Bon nombre d'intermédiaires travaillent dans d'autres pays avant la présentation d'une demande et échappent ainsi aux autorités canadiennes. D'autres sont des consultants fantômes — c'est-à-dire, ceux qui offrent des services contre rémunération, mais dont le nom et les interventions ne sont pas dévoilés par les demandeurs. Ils peuvent aussi être au Canada et être membres de l'une des associations professionnelles déjà mentionnées. Il y a aussi les recruteurs, qui sont souvent embauchés par des employeurs pour trouver des travailleurs afin de remédier à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires, et les agents d'éducation, qui sont embauchés par les établissements d'enseignement canadien pour attirer les étudiants étrangers.
Cela ne veut pas dire que le gouvernement met en doute la réputation de tous les intermédiaires. Au contraire, il existe un grand nombre de personnes éthiques et qualifiées qui offrent de bons services aux aspirants immigrants, étudiants étrangers et travailleurs étrangers temporaires. Cependant, nous savons qu'il y a des personnes peu scrupuleuses, à l'étranger et au Canada, qui profitent des nouveaux arrivants éventuels et que, par conséquent, une intervention plus poussée s'impose.
Quelles sont les mesures que nous devons prendre?
[Français]
Nous pensons que les activités de sensibilisation constituent un bon moyen de remédier à cette situation. Le Canada doit s'efforcer de faire comprendre aux aspirants qu'ils ne sont pas obligés d'avoir recours aux services d'un représentant pour venir au Canada. Les aspirants immigrants doivent également savoir comment réduire les risques lorsqu'ils font appel à des représentants et doivent être conscients des conséquences auxquelles ils s'exposent s'ils fournissent des renseignements ou des documents faux ou trompeurs avec leur demande.
[Traduction]
Cette sensibilisation est particulièrement importante, compte tenu de la complexité du contexte de l'environnement. Si les aspirants immigrants ne dénoncent pas les activités des consultants fantômes aux organismes fédéraux comme CIC, l'ASFC ou la GRC, cela limite les possibilités de faire appliquer nos lois. Et si les demandeurs qui font affaire avec des consultants fantômes en retirent des avantages, il est peu probable qu'ils s'en plaignent.
De manière plus générale, les activités de beaucoup d'agents peu scrupuleux à l'étranger ne contreviennent peut-être pas en fait aux lois d'autres pays. Donc, même si ces activités sont inacceptables au Canada, les possibilités de faire respecter la loi peuvent être limitées sans la coopération des autorités locales pour les enquêtes et les poursuites.
Toutefois, lorsque CIC reçoit une plainte de demandeurs ou d'autres parties, il les prend très au sérieux. Ceux qui donnent des renseignements faux ou trompeurs ou qui encouragent l'utilisation de documents frauduleux contreviennent à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la LIPA, mais aussi, dans certains cas, au Code criminel. En vertu de la LIPA, par exemple, quiconque conseille à une personne de faire de fausses déclarations commet une infraction. Quiconque communique sciemment des renseignements faux ou trompeurs pour susciter l'immigration au Canada commet également une infraction. Ces infractions sont punissables d'une amende de 100 000 $ ou d'une peine d'emprisonnement de cinq ans, ou les deux.
Pour mener les enquêtes sur les plaintes au sujet des représentants, CIC travaille principalement avec l'ASFC, qui a été chargée du suivi des infractions criminelles en vertu de la LIRP en 2006. Toutefois, même si nous voyons de plus en plus de résultats positifs dans les poursuites, ces moyens d'action sont limités si les cas de mauvaise conduite ne sont pas portés à notre attention.
[Français]
C'est pourquoi nous devons veiller à ce que les aspirants immigrants sachent comment et où ils peuvent obtenir des renseignements exacts et fiables au sujet de notre processus d'immigration. C'est aussi pour cette raison que Citoyenneté et Immigration Canada entreprend plusieurs initiatives visant à mieux informer les futurs demandeurs en ce qui concerne le recours à des intermédiaires au Canada et à l'étranger.
[Traduction]
Nous mettons à jour actuellement le site Web de CIC afin de renforcer et simplifier le message concernant le recours à des représentants en immigration, les processus relatifs à l'immigration et les conséquences liées aux fausses déclarations et à la fraude. Nous faisons le nécessaire pour faire traduire ces renseignements en plusieurs langues. Nous comptons nous en servir pour des affiches qui seront placées dans les bureaux du Canada à l'étranger et les organisations locales au Canada.
Enfin, pour contrer les cas extrêmes de fraude, le ministre peut faire une déclaration publique et la faire afficher sur le site Web de CIC. Notre campagne d'information en 2007, qui visait les renseignement erronés fournis aux Mexicains et aux Haïtiens en Floride, en constitue un bon exemple. Des gens leur avaient dit qu'un programme spécial leur permettrait d'immigrer au Canada et cela a provoqué une augmentation importante de demandes d'asile de la part de Mexicains et de Haïtiens à la frontière canadienne. CIC a affiché des avertissements multilingues sur son site Web pour indiquer qu'il n'existait pas de programmes spéciaux pour accélérer le traitement des demandes ou garantir l'obtention du statut de réfugié. Cette information a été fournie aux fonctionnaires américains, haïtiens et mexicains. Le gouvernement du Canada a communiqué des avis par l'intermédiaire de journaux locaux et de stations de radio, et a demandé au consulat général du Canada à Miami de corriger les renseignements erronés à l'échelle locale.
[Français]
Je tiens également à souligner, monsieur le président, que le gouvernement du Canada n'est pas le seul à prendre des mesures pour régler les difficultés liées aux représentants en immigration. Les gouvernements provinciaux et territoriaux sont également tenus de s'assurer que les intermédiaires respectent les règlements provinciaux et territoriaux, et certains de ces gouvernements examinent des façons de réglementer les activités des recruteurs qui offrent aux travailleurs immigrants des services de recherche d'emploi contre rémunération.
[Traduction]
Le Manitoba, par exemple, a proposé récemment une nouvelle loi pour le recrutement et la protection des travailleurs afin de protéger davantage les travailleurs étrangers des recruteurs peu scrupuleux. Les lois de la Colombie-Britannique, de l'Alberta, de la Saskatchewan et du Manitoba interdisent déjà aux agents et recruteurs d'offrir des services aux travailleurs contre rémunération. En outre, le gouvernement de l'Alberta a récemment mis sur pied deux bureaux spéciaux pouvant offrir aux travailleurs étrangers temporaires un accès centralisé à des renseignements et à des services.
Monsieur le président, avant de terminer, j'aimerais fournir au comité de l'information sur la Société canadienne de consultants en immigration, la SCCI. Avant la création de la SCCI, aucune exigence ou norme n'avait été établie pour les consultants offrant à des clients contre rémunération des services en matière d'immigration. Les clients vulnérables ne pouvaient être certains qu'ils recevaient des services de professionnels qualifiés. Par conséquent, en 2003, la SCCI a été constituée en personne morale pour que les personnes souhaitant recourir aux services d'un consultant en immigration reçoivent des conseils et des services de consultants qualifiés et éthiques.
La SCCI est un organisme indépendant d'autoréglementation qui n'a aucun lien de dépendance avec CIC. Nos rapports avec la SCCI sont comparables à nos rapports avec les barreaux et la Chambre des notaires du Québec. La SCCI dispose également de sa propre procédure de traitement des plaintes et de discipline, tout comme les barreaux et la Chambre des notaires du Québec.
Monsieur le président, nous allons continuer d'appuyer l'ASFC dans ses enquêtes et de collaborer avec les provinces pour trouver des façons de régler cette question. Nous entendons également mettre l'accent sur la sensibilisation des clients au Canada et par l'intermédiaire de nos bureaux à l'étranger. Nous amorçons actuellement une nouvelle campagne qui vise à fournir de l'information exacte dans diverses langues aux personnes envisageant d'avoir recours aux services d'un représentant en immigration. Selon nous, il s'agit de la façon la plus efficace d'aider les gens, tant au Canada qu'à l'étranger, à prendre des décisions éclairées quant à l'approche qu'ils adapteront pour venir au Canada.
Je vous remercie, monsieur le président.
J'aimerais maintenant demander à mes collègues des organismes partenaires d'exprimer leurs points de vue sur la question.
:
Merci, monsieur le président.
Je m'appelle François Guilbault et je suis avocat général principal intérimaire à la CISR. Je vais concentrer mes remarques principalement sur la façon dont a agi la CISR dans le passé et sur la façon dont elle procède maintenant à l'égard des représentants autorisés ou non autorisés.
Depuis l'adoption du règlement, il est clair qu'il y a maintenant deux types de représentants à la CISR. Il y a les représentants autorisés, qui fournissent leurs services contre rémunération ou non, et les représentants non rémunérés ou conseils bénévoles, qu'on appelle pro bono dans notre langage courant.
Depuis l'adoption du règlement, la CISR a adopté diverses mesures pour appuyer ce dernier. Nous avons modifié nos formulaires et nos lettres, rendu des informations publiques pour inscrire les références au règlement, aux exigences connexes concernant les identifications du conseil. Les règles du tribunal exigent en effet qu'un demandeur identifie le conseil autorisé qui va le représenter. Dès que nous recevons l'information, nous nous assurons que la personne censée agir dans l'intérêt du demandeur ou de l'appelant est bel et bien autorisée. Nous vérifions s'il s'agit d'un membre en règle du barreau d'une province, de la Chambre des notaires ou de la Société canadienne de consultants en immigration. Dans le cas contraire, nous indiquons à cette personne qu'à moins d'être un conseil autorisé, il n'est pas possible de représenter le demandeur.
En outre, nous avons adopté depuis une politique qui explique clairement aux demandeurs, nos partenaires, comment s'applique le règlement à la CISR. On l'appelle la Politique de traitement des plaintes présentées par la CISR contre les représentants rémunérés non autorisés. C'est la politique qu'on utilise lorsqu'un représentant non autorisé veut représenter quelqu'un devant la CISR. En pratique, ça signifie que dans les cas où une personne visée par la procédure de la CISR est représentée par un conseil soi-disant non rémunéré, nous enquêtons essentiellement sur cette personne qui se dit représentante autorisée pour savoir si elle fait bel et bien des représentations pro bono et non pas rémunérées.
En bref, si nous nous apercevons que cette personne reçoit une rémunération pour ses services, contrairement à ce que le règlement autorise, nous lui ordonnons simplement de ne pas se présenter devant la CISR. Nous demandons alors au demandeur d'asile ou à l'appelant de se choisir un autre conseil. Ça peut arriver à n'importe quel moment, que ce soit avant ou pendant la procédure. Cependant, je peux vous dire que toutes les personnes à la CISR, tant les décideurs, les membres du greffe que le personnel de soutien, savent très bien qui peut représenter une personne, selon le règlement. Nous agissons en conséquence pour empêcher que les demandeurs d'asile ou les appelants soient représentés par des représentants non autorisés.
Je vais limiter mes remarques afin de vous laisser plus de temps pour nous poser des questions ou en poser à nos partenaires. Je vous ai présenté, en gros, la façon dont la CISR a mis en vigueur le règlement et sa politique visant à prévenir la représentation d'appelants devant le tribunal par des conseils non autorisés.
Je vous remercie de votre attention. Je suis disponible pour répondre à vos questions.
:
Bonjour. Mon nom est Steve Sloan et je suis le directeur de la Division des enquêtes criminelles de l'ASFC, l'Agence des services frontaliers du Canada. Je tiens d'abord à vous remercier de m'avoir invité à venir vous parler aujourd'hui de la question des consultants en immigration et du rôle que nous jouons à ce chapitre.
L'ASFC est chargée d'enquêter sur les infractions criminelles commises en violation des lois frontalières du Canada et, depuis 2006, les infractions criminelles à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés, la LIPR. Avant cela, la responsabilité des enquêtes criminelles dans le cadre de la LIPR incombait à la GRC. Celle-ci est néanmoins toujours responsable des questions d'immigration en matière de crime organisé, comme la traite des personnes par exemple, et de sécurité nationale.
Ainsi qu'on l'a déjà mentionné, l'application de mesures coercitives en cas d'infractions perpétrées par des consultants est un sujet complexe qui recoupe plusieurs secteurs de compétence. En plus du rôle réglementaire joué par la SCCI, il existe des sanctions criminelles dans la LIPR et le Code criminel qui varient selon la nature de l'infraction et qui, comme vous le savez, peuvent entraîner une vaste gamme de scénarios. La LIPR prévoit des sanctions criminelles pour diverses infractions, notamment pour les cas suivants: fausse représentation en matière de conseils, article 126; fausses déclarations, article 127; conseiller à une personne de commettre une infraction, article 131; et infractions générales, article 124.
Les mesures prises par un consultant, qu'il soit un représentant autorisé ou non, avec ou sans la connaissance ou l'aide du demandeur, dans le but de contourner les exigences légales pour rester au Canada, peuvent donner lieu à des accusations au criminel déposées par l'ASFC aux termes de la LIPR.
Les actes criminels impliquant des personnes sans scrupules se présentant comme des consultants et fraudant de ce fait leurs clients, plutôt que le gouvernement, tombent généralement sous le coup du Code criminel du Canada et non de la LIPR. Par conséquent, ces affaires relèvent de la responsabilité de la police locale, c'est-à-dire la GRC, la police provinciale ou municipale.
Les enquêtes criminelles dont font l'objet les consultants sont difficiles pour plusieurs raisons.
Les consultants peuvent exercer à l'extérieur du territoire canadien.
Le client peut hésiter à se manifester ou à aider les autorités dans leur enquête parce qu'il craint l'expulsion, les accusations de la part du gouvernement ou les menaces du consultant, parce qu'il éprouve des difficultés linguistiques, ainsi de suite.
Les gestes d'un consultant sans scrupules constituent une fraude financière directe perpétrée contre son client et non pas une violation des dispositions de la LIPR.
Les promesses d'un consultant au sujet de l'acquisition du statut ou de l'entrée au Canada sont habituellement faites verbalement, éliminant ainsi du coup toute preuve documentée qui permettrait à l'ASFC de condamner le consultant dans ces circonstances.
Le paiement des frais est souvent fait en argent comptant, ce qui rend du coup extrêmement difficile le retraçage de cet argent.
Enfin, il existe une distinction entre mauvais conseils et fausses déclarations d'un consultant, ou entre qualité du service et acte illégal. Cependant, l'agence reconnaît la gravité de ces questions. Il est important pour elle de maintenir l'intégrité du système d'immigration. C'est pourquoi nous travaillons en collaboration avec nos partenaires pour régler ces problèmes du mieux que nous le pouvons.
L'agence a déjà obtenu des résultats extrêmement positifs en matière d'application de la LIPR. Depuis qu'elle assume la responsabilité des infractions criminelles dans le cadre de la LIPR, soit depuis juin 2006, l'ASFC a déposé plus de 550 accusations criminelles pour diverses infractions à la LIPR, dont quelque 47 accusations reliées à de fausses déclarations de la part de consultants et autres infractions commises par eux. Notre taux de condamnation est de plus de 90 p. 100. Nous espérons poursuivre nos efforts sur la base de ces résultats.
Merci de votre attention. Je répondrai volontiers à vos questions.
[Français]
Il me fera plaisir de répondre à vos questions sur le rôle de la GRC à l'égard des consultants en immigration, ainsi que dans les enquêtes sur ceux qui exercent leurs activités sans l'autorisation de l'organisme de réglementation compétent, soit la Société canadienne de consultants en immigration.
[Traduction]
La première question que je souhaite aborder est celle de l'intégration de dispositions appropriées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés afin de doter les organismes d'application de la loi d'outils suffisants pour assurer la responsabilisation des personnes qui agissent à titre de consultants en immigration.
Dans son rapport de mai 2003, le Comité consultatif sur la réglementation des activités des consultants en immigration a formulé plusieurs recommandations, et bon nombre d'entre elles ont été mises en oeuvre. La GRC a comparu devant le comité et a appuyé sans réserve le besoin de créer un organisme de réglementation pour les consultants en immigration.
La Société canadienne de consultants en immigration a été constituée en personne morale en octobre 2003 et établit maintenant des lignes directrices précises sur les antécédents, l'expérience et les titres de compétence que doivent posséder les personnes autorisées à travailler comme consultants en immigration au Canada. Les exigences auxquelles il faut satisfaire pour obtenir cette autorisation, y compris l'enquête de sécurité à laquelle participe la GRC, confèrent une rigueur accrue au processus de réglementation et assure l'adhésion des normes professionnelles.
Malheureusement, il y a encore des gens qui agissent à titre de consultants en immigration sans l'autorisation de la Société. La recommandation 31 du rapport du Comité consultatif prévoyait d'ajouter à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés des dispositions établissant des sanctions afin de criminaliser les pratiques irrégulières et non autorisées chez les personnes faisant de la consultation en immigration.
À prime abord, cette proposition peut donner l'impression d'une solution de répression simple et immédiate, mais j'aimerais souligner, à l'instar de M. Linklater, qu'il s'agit en fait d'une question très complexe. De plus, j'estime que, concrètement parlant, le ciblage des consultants en immigration non autorisés soulèvera des difficultés, non seulement au plan des ressources, mais aussi du point de vue de la priorité que la GRC accorde à cette activité.
Comme d'autres l'ont signalé au comité, de nombreux clients de consultants en immigration sont particulièrement vulnérables. Ils ne comprennent pas nécessairement les systèmes ou les mécanismes qui existent pour les protéger et pour les empêcher de devenir les victimes de personnes sans scrupules.
J'ai eu l'occasion d'examiner certains des témoignages présentés au comité, ainsi que les commentaires voulant que les organismes d'application de la loi ne considèrent pas les activités criminelles des consultants en immigration comme une priorité. C'est faux.
[Français]
À l'heure actuelle, plusieurs enquêtes en cours portent sur des consultants en immigration et sur leurs efforts pour contourner le processus d'immigration légitime. Bien entendu, je ne peux pas discuter des détails de dossiers particuliers, mais je tiens à faire valoir aux membres du comité que la GRC prend cette question au sérieux et qu'elle prend les mesures d'enquête appropriées quand elle reçoit des plaintes de cette nature.
[Traduction]
Lorsque la GRC intervient dans les dossiers de ce genre à titre d'organisme d'enquête, c'est généralement parce qu'un réseau criminel est en cause. Puisque le crime organisé figure parmi ses priorités stratégiques, elle considère ces enquêtes comme prioritaires en raison de la nature organisée des crimes en question et de leur répercussion sur les victimes, sans compter que les activités de ce genre minent l'intégrité du régime d'immigration lui-même.
Pour ces raisons, je tiens à assurer au comité que les plaintes criminelles visant des consultants en immigration ont fait et continueront de faire l'objet d'enquêtes vigoureuses dans le cadre des activités de la GRC en matière de crime organisé ou de sécurité nationale, et que les mesures pertinentes seront prises à l'égard des éléments de preuve recueillis.
Je vous remercie de m'avoir permis de me présenter devant vous aujourd'hui, et aussi de vos efforts pour améliorer l'intégrité du processus d'immigration.
:
Monsieur le président, j'aimerais vous remercier de l'occasion qui m'est offerte aujourd'hui de comparaître devant le comité.
Je m'appelle Denis Meunier. Je suis le directeur général de la Direction de l'exécution et des divulgations de la Direction générale des programmes d'observation de l'Agence du revenu du Canada.
L'Agence du revenu du Canada a pour mission d'administrer l'impôt, les prestations et les programmes connexes, et d'assurer l'observation des lois fiscales au nom des gouvernements au Canada. L'ARC est le principal percepteur d'impôt du gouvernement du Canada, et sa principale responsabilité est de protéger l'assiette du revenu du Canada.
Le régime fiscal canadien est basé sur l'observation volontaire et sur l'autocotisation.
[Traduction]
Nous croyons que les gens sont plus à même de participer au régime fiscal du Canada et de payer l'impôt qu'ils doivent si nous offrons les services dont ils ont besoin pour le faire. Nous utilisons donc une variété de programmes afin d'assurer l'observation, notamment la prestation de services, l'éducation et la visibilité, ainsi que de nombreuses activités de vérification, d'examen et d'exécution.
L'ARC se sert également de systèmes d'évaluation des risques afin de centrer ses activités d'observation. Cela inclut la recherche afin de repérer les risques actuels et les nouveaux risques pour l'assiette fiscale. Les risques sont priorisés selon leur répercussion possible sur l'assiette du revenu et sur l'observation en général.
J'aimerais ajouter que la confidentialité des contribuables est la pierre angulaire du régime fiscal canadien et une responsabilité que l'ARC prend très au sérieux. La confidentialité des contribuables se reflète dans tout ce que nous faisons, y compris la conduite de vérifications et d'enquêtes. Autrement dit, les contribuables peuvent être confiants que tout renseignement fourni à l'ARC demeurera strictement confidentiel.
Monsieur le président, je comprends qu'on ait demandé à l'ARC de comparaître advenant que surviennent des questions relatives à nos activités. Je serais heureux de répondre à toute question que vous pourriez avoir.
:
Je vous remercie pour vos questions.
Monsieur le président, je vais répondre à la première question au sujet des représentants qui ne sont pas inscrits à la SCCI ou à un autre organisme.
[Traduction]
Comme je l'ai dit dans ma déclaration liminaire, il est très difficile, pour CIC de surveiller, en collaboration avec nos partenaires, les activités des soi-disant consultants fantômes, c'est-à-dire ceux qui offrent des services contre rémunération. Par exemple, si les aspirants immigrants qui font affaire avec des consultants fantômes en retirent des avantages, soit un visa d'immigration, un permis de travail ou un permis d'études, et qu'on ne nous en informe pas, il est peu probable qu'ils s'en plaignent.
Étant donné qu'une grande partie de ces activités ont lieu à l'étranger — comme moi et mes collègues de la GRC l'ont mentionné —, il est très difficile pour les autorités canadiennes de collaborer avec les autorités locales dans le cadre de poursuites ou même d'enquêtes, étant donné que ces types d'activités ne sont pas illégales dans d'autres pays.
[Français]
Pour répondre à votre deuxième question, je dirais qu'il incombe aux provinces de réglementer les professions.
[Traduction]
Citoyenneté et Immigration Canada a indiqué qu'en vertu de la réglementation en vigueur, elle est uniquement autorisée, en collaboration avec ses partenaires, à traiter avec des représentants qui sont membres des trois associations qui comparaissent devant le ministère ou dans toute procédure engagée devant le ministre. Cela comprend donc CIC, la CISR et l'ASFC.
Encore une fois, les provinces ont un rôle à jouer. Au cours des quelques dernières années, les provinces sont devenues plus actives à ce chapitre. Le Manitoba, comme je l'ai indiqué dans ma déclaration liminaire, a récemment déposé une mesure législative visant à protéger les travailleurs étrangers en délivrant une licence aux recruteurs. Ceux qui n'auront pas de licence émise par le gouvernement manitobain ne seront pas autorisés à faire entrer des travailleurs au Manitoba. La plupart des autres provinces exigent que les recruteurs, s'ils offrent un service d'immigration — par exemple, la préparation de la documentation pour les demandes —, soient également membres de la SCCI, du Barreau de la province ou de la Chambre des notaires.
Au niveau de la collaboration, on ne peut rien faire de plus. De toute évidence, plus nous examinerons cette question en profondeur, plus nous voudrons que les provinces s'engagent à travailler avec nous. En définitive, chaque province devra manifester un intérêt à joindre ses efforts aux nôtres pour que nous puissions nous attaquer à ce problème.
:
Merci, monsieur le président.
D'après ce que nous avons entendu, ou du moins ce que j'ai entendu lorsque les témoins ont parlé des changements qu'il faudrait apporter à la loi actuelle, il y a trois choses.
Premièrement, ils ont dit que la loi actuelle s'applique à compter du moment où la demande est présentée, pas nécessairement à partir du moment où le travail commence en échange d'une rémunération, et que des correctifs étaient nécessaires à cet égard.
Deuxièmement, ils disent que la loi doit rendre obligatoire la divulgation du nom d'une personne qui est rémunérée pour rendre un service quelconque.
Troisièmement, ils disent que la loi doit établir une infraction précise en cas de pratique non autorisée.
M. Sloan souligne que la loi actuelle comporte des dispositions qui visent ceux qui conseillent de faire de fausses déclarations ou qui font eux-mêmes de fausses déclarations, ainsi que d'autres dispositions de nature criminelle dont la GRC a parlé. Qu'est-ce qui nous empêcherait d'ajouter une infraction aux dispositions actuelles de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés qui viserait les pratiques non autorisées ou irrégulières et qui imposerait une amende ou une sanction à quiconque commet l'infraction de pratiquer sans autorisation? Il me semble que les barreaux ont, en vertu des lois provinciales, des dispositions spéciales qui permettent d'intenter des poursuites contre ceux qui pratiquent sans autorisation, et qu'une sanction est prévue en pareil cas.
Nous n'avons pas de dispositions de cette nature dans la LIPR. Pourrions-nous en avoir?
Le comité vous remercie de votre présence aujourd'hui. Vous nous avez fait des témoignages fort intéressants. Naturellement, nous travaillons à l'ébauche de notre rapport, et je suis sûr que vos témoignages nous seront très utiles quand viendra le temps de rédiger les recommandations.
Je vous remercie à nouveau. Nous allons faire une pause d'une minute pour vous donner le temps de quitter la table, après quoi nous passerons au point suivant de l'ordre du jour.
Entre-temps, peut-être par courtoisie à l'égard de certains membres présents comme M. Siksay, M. Obhrai, M. Dosanjh et d'autres qui ne pouvaient pas assister aux audiences que nous avons tenues un peu partout au Canada, je signale que nous avons visité neuf provinces et que nous avons tenu des audiences sur les réfugiés irakiens, les consultants en immigration et les travailleurs étrangers temporaires. Nous avons entendu 52 groupes de témoins. Dans le cadre de ces audiences, certains membres, dans leur grande sagesse, souhaitaient traiter du projet de loi , ce que nous ne pouvions pas faire à ce moment-là parce que nous estimions qu'il valait mieux se concentrer sur les trois questions mentionnées. Donc, nous avons décidé d'aborder le projet de loi C-50 à une date ultérieure et, avec un peu de chance, nous allons le faire tout de suite.
Vous avez tous reçu une lettre du Comité permanent des finances. Il a adopté une motion demandant à sa présidence d'écrire au plus tôt une lettre au président du Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration pour demander que le comité se penche sur la teneur de la partie 6 du projet de loi C-50 et qu'il en fasse rapport le 9 mai 2008 au plus tard.
Tous en ont-ils le texte?
Tout d'abord, il nous est déjà arrivé de faire rapport à la Chambre sans entendre des témoins; nous n'avions invité personne et nous n'avions que soumis le rapport. Le rapport sera ce qu'il sera. À mon avis, comme premier pas, nous devrions mettre aux voix la motion de M. Khan. Adoptée ou non, elle déterminera tout le reste. Cependant, si nous allons y inclure ce que M. Karygiannis propose, je ne voudrais pas parler d'un rapport préliminaire ou imposer quelque restriction que ce soit. Il s'agit d'un rapport à la Chambre, basé sur des témoignages. C'est ainsi.
Réflexion faite, je crois que nous devrions mettre aux voix la motion de M. Khan et nous prononcer là-dessus. Si nous choisissons de procéder de la manière un, deux, trois, quatre, cinq, six, comme M. Bevilacqua et moi-même avons proposé, libre à nous. Mais il n'est pas nécessaire d'imposer des limites; ce que le comité souhaite faire, c'est bien. Tout compte fait, il s'agit d'un rapport à la Chambre, basé sur les témoignages entendus — et, au moins, il y en a.