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Je vous précise que les positions de la FCEI reposent toujours sur les réactions de ses membres. Nous recueillons leurs opinions au moyen de sondages tout au long de l'année. Nous vous transmettons ces résultats, à vous, décideurs, pour que vous vous inspiriez de leurs idées, réflexions et préoccupations dans vos décisions.
Page suivante. Il importe de ne pas oublier que la vaste majorité des entreprises au Canada sont de petite taille. En fait, 98 p. 100 d'entre elles comptent moins de 50 employés. Les PME emploient 60 p. 100 des Canadiens et assurent environ la moitié du PIB ou de la production économique, ce qui en fait une composante majeure de l'économie canadienne.
À la page suivante, vous constatez que, étant donné leur poids relatif, il est utile de connaître l'opinion des propriétaires sur l'état de leur entreprise pour mieux savoir dans quel sens l'économie évolue. Vous pouvez voir sur cette page le baromètre des affaires de la FCEI, qui est produit tous les trois mois et mesure les attentes des petites entreprises au Canada. La Banque du Canada et Bloomberg utilisent cette information dans leur analyse de l'économie canadienne. Les résultats que vous voyez sont les plus récents, ceux de mars 2008. Ils traduisent un optimisme prudent chez les petites entreprises, qui évitent les risques pour l'instant, vu l'incertitude qui règne au sud de la frontière, la valeur du dollar canadien et l'augmentation du coût des facteurs de production.
Par contre, la page suivante montre que, malgré cette prudence, les plans d'emploi demeurent solides et 30 p. 100 des entreprises prévoient toujours augmenter le nombre de leurs employés à temps plein au cours de la prochaine année. C'est l'équivalent des chiffres des dernières années. Autrement dit, même lorsque l'économie ralentit, les plans d'embauche demeurent solides.
La page suivante montre même qu'une des problèmes qui préoccupent de plus en plus les petites entreprises est la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée. Ce problème se situe derrière la charge fiscale globale et la réglementation et les formalités administratives. Dans certaines provinces, il est au premier rang. En Alberta, c'est le problème prioritaire. Il est au deuxième rang en Colombie-Britannique et au Manitoba. En Saskatchewan, au Québec et en Nouvelle-Écosse, par exemple, il est au troisième rang, de l'avis de nos membres. Ce n'est plus un problème limité à l'Ouest. Il s'étend indéniablement au reste du pays.
Cette préoccupation croissante est justifiée, comme on peut le voir à la page suivante. En mars, nous avons publié un rapport selon lequel le pourcentage d'emplois vacants à long terme — c'est-à-dire depuis au moins quatre mois — augmente régulièrement depuis 2004. Même si 4,4 p. 100, cela semble assez peu, ce sont 309 000 postes qui demeurent inoccupés pendant plus de quatre mois, en hausse par rapport aux 251 000 de 2006. Vous avez sous les yeux la ventilation par province. Il y a eu augmentation dans toutes les provinces sauf en Alberta, où le taux est resté très élevé, à 6,3 p. 100.
Bien que le programme s'aggrave dans tout le Canada, la page suivante montre que la plupart des employeurs croient qu'il s'aggravera encore à l'avenir. C'est important puisque, même s'il y a sûrement des inquiétudes dans certains secteurs de l'économie et certaines régions, la tendance globale est à l'accentuation des pénuries, étant donné l'évolution démographique à venir. Le Canada n'est pas le seul dans cette situation, il ne faut pas l'oublier, et nous devrons disputer à bien d'autres pays la main-d'oeuvre qui a les compétences recherchées.
Comment les petites entreprises réagissent-elles? Vous voyez à la page suivante que la plupart engagent des travailleurs insuffisamment qualifiés et les forment pour qu'ils puissent occuper les postes. D'autres méthodes sont énumérées dans le graphique, mais je voudrais signaler deux points. D'abord, 38 p. 100 renoncent à des possibilités d'affaires. C'est très inquiétant, car, si de plus en plus d'entreprises renoncent à certaines possibilités, cela finira par ralentir la croissance économique et mettre d'autres emplois en danger. Nous devrions tous nous en inquiéter.
Je tiens aussi à faire remarquer que seulement 5 p. 100 disent recruter à l'étranger, ce qui représente tout de même 52 000 employeurs.
L'ouvrage que vous avez sous les yeux présente les résultats de notre enquête, qui a aussi porté sur les immigrants de fraîche date arrivés au cours des cinq dernières années. La page suivante montre que la vaste majorité des PME trouvent de ce côté l'expérience dont ils ont besoin, parmi les immigrants qui sont déjà sur place. Seul un très petit groupe, 16 p. 100, est constitué de travailleurs étrangers temporaires, et 9 p. 100 sont passés par la filière officielle de l'immigration. Nous savons aussi de façon anecdotique — on nous le dit presque tous les jours dans nos bureaux de tout le pays — que bien d'autres employeurs ont essayé de recourir à ces systèmes, mais ils ont trouvé exaspérante la lenteur du processus et ont renoncé à essayer de se débrouiller des nombreuses complexités du système.
Et pour ceux qui ont utilisé ce moyen, le plus gros problème, et de loin, a été celui des délais.
Les deux pages suivantes font état des réactions de nos membres à ces problèmes.
Les retards dans l'étude des demandes sont de loin le plus gros problème pour ceux qui ont recours à l'immigration permanente et ceux qui veulent engager des travailleurs étrangers temporaires. Les deux prochaines pages portent sur la question. Quand on a besoin d'un employé qui a des compétences précises, on ne peut pas l'attendre pendant des années. On en a besoin pour faire croître et progresser l'entreprise. La complexité de la démarche empêche aussi bien des employeurs d'essayer de recruter à l'étranger.
On énumère dans ces deux pages d'autres problèmes éprouvés par les petites entreprises, et nous avouons qu'il y a eu des changements récemment pour régler certains de ces problèmes. Il est évidemment de la plus haute importance pour les petites entreprises de trouver des moyens de résorber l'arriéré et d'abréger les délais.
Je voudrais aborder un dernier problème lié à ce débat. J'en suis aux dernières pages de la présentation. Comme vous le savez, 60 p. 100 des immigrants se rattachent à la composante économique, dont seulement 33 p. 100 sont des travailleurs qualifiés. Parmi eux — cela se trouve à l'avant-dernière page —, la vaste majorité sont désignés comme professionnels: 22 p. 100 sont des travailleurs techniques et spécialisés, 9 p. 100 des gestionnaires, 3 p. 100 sont de niveau intermédiaire ou font du travail de bureau; aucun n'arrive avec seulement des compétences élémentaires.
À la toute dernière page se trouve une comparaison entre les compétences les plus en demande dans les PME canadiennes et celles que fournissent les systèmes d'immigration permanente et temporaire. Tout au sommet, 42 p. 100 des professions en demande dans les petites entreprises exigent des travailleurs techniques et spécialisés, mais seulement 22 p. 100 des immigrants permanents arrivent avec ce type de compétence. Plus bas, on voit que 65 p. 100 ont une formation dans les professions libérales, mais seulement 7 p. 100 des postes des PME exigent ce genre de compétence. Nous nous demandons ensuite pourquoi il y a tant d'immigrants très instruits qui sont sous-employés au Canada.
Voilà qui m'amène au dernier point: nous devons créer un système d'immigration plus honnête qui ne suscite pas de trop grands espoirs chez les immigrants, car ils sont trop nombreux à être déçus. Nous avons la chance que beaucoup d'immigrants veuillent venir au Canada; soyons honnêtes avec eux et disons leur quels types de compétences les employeurs canadiens recherchent.
Pour conclure, la FCEI croit qu'il faut résorber l'arriéré qui est considérable et entraîne de longs délais pour ceux qui veulent venir au Canada. Il me serait difficile de dire si la partie 6 du projet de loi est le meilleur moyen. Je peux dire cependant que, peu importe si vous appuyez cette partie du projet de loi ou non, j'espère que vous conviendrez qu'il est essentiel de trouver les moyens d'abréger les délais et qu'il nous faut dans le système d'immigration plus d'honnêteté, plus de souplesse et une plus grande participation des employeurs, étant donné les réalités économiques d'aujourd'hui et de demain.
Je remercie le comité de cette occasion de présenter le point de vue des 30 000 membres de la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique. Ils représentent toutes les tailles d'entreprises, tous les secteurs et toutes les régions de la province.
Il s'agit d'une question particulièrement critique pour la Colombie-Britannique et nos membres. Les modifications proposées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés à la partie 6 du projet de loi sont donc une question importante pour nos membres.
Je précise que je présenterai aujourd'hui la position définie par nos membres. Notre Chambre de commerce a un processus très clairement défini et bien structuré d'élaboration des politiques. Nous demandons aux membres de présenter les sujets qui les préoccupent. Nous les étudions au moyen d'un très important dispositif composé de comités, après quoi les positions proposées sont présentées à tous les membres à l'assemblée générale annuelle. Il faut qu'elles soient adoptées par les deux tiers des membres pour devenir la position officielle de la Chambre de commerce.
En 2006, ce processus a mené à l'adoption d'une résolution intitulée « Overhaul of the Canadian Immigration System ». Voilà la position qui sert de base à mes propos d'aujourd'hui.
Depuis près de dix ans, la Chambre de commerce de la Colombie-Britannique est au premier rang de ceux qui exhortent le gouvernement à tous les niveaux et le milieu des affaires à prendre conscience de l'ampleur du défi posé à la province et, plus récemment, à tout le pays, soit la pénurie de main-d'oeuvre et de travailleurs spécialisés qui touche tous les secteurs. La Chambre a signalé le problème dans son rapport Moving Forward, dans son rapport de 2002, Closing the Skills Gap, et dans le rapport au titre peu original de 2008, Closing the Skills Gap II.
Jusqu'à récemment, nous avons soutenu très fermement que ces appels n'ont pas été entendus et qu'on n'y a pas fait attention. Nous devons donc féliciter le gouvernement fédéral de ce qu'il fait pour résoudre les problèmes qui inquiètent l'industrie, surtout dans l'Ouest. Nous remarquons parmi les mesures des derniers mois la nouvelle catégorie qui sera bientôt mise en place, celle de l'expérience canadienne, un nouveau programme rapide de sondages sur le marché du travail, et le lancement, qui n'a que trop tardé, du premier élément du Bureau de reconnaissance des titres de compétence étrangers et une expansion notable du programme de nomination de candidats des provinces qui permettra, en Colombie-Britannique, de combler d'ici 2010-2011 15 000 postes où la demande est forte.
Nous sommes d'autant plus heureux de ces mesures que la résolution adoptée par nos membres en 2006 — et dont je vais vous résumer les recommandations — réclame la révision du système de l'immigration permanente. Elle demandait l'affectation immédiate de ressources aux bureaux à l'étranger pour faciliter l'étude des demandes et un déplacement des ressources au détriment de la catégorie de la famille en faveur de celle des travailleurs spécialisés afin d'abréger les délais, elle exhortait le gouvernement à faire en sorte que le processus appliqué pour faire venir au Canada des travailleurs étrangers soit vraiment axé sur l'offre et la demande plutôt que sur les exigences du processus même.
La Chambre de commerce croit que les modifications proposées dans le projet de loi feront beaucoup pour dissiper bien des préoccupations manifestées par ses membres.
Selon nous, le projet de loi affirme d'heureuse façon les priorités économiques comme pierre angulaire des modifications proposées. Nous croyons que la souplesse ainsi assurée doit être consacrée par le système. Les besoins de l'économie d'aujourd'hui ne sont pas ceux de l'économie de demain. L'institution a refusé d'apporter des changements au système de points. Or, sans une approche plus souple, nous reviendrons inévitablement à une situation où le système perd rapidement du terrain par rapport aux besoins de l'économie.
Malgré son appui au projet de loi , la Chambre de commerce a deux préoccupations ou réserves raisonnablement importantes au sujet des changements proposés. Je serais fort étonné si le comité n'avait pas déjà entendu la première. Il s'agit de l'ajout du mot « peut » au paragraphe 11(1).
Le candidat à l'immigration suit tout le processus de demande, remplit les formalités et se soumet à tous les contrôles. S'il réussit à franchir toutes ces étapes, nous ne voyons pas pourquoi il serait renvoyé ou pourquoi on lui refuserait un visa. La structure mise en place est très clairement définie. Elle est très rigoureuse. Dans cette optique, celui qui se plie à cette démarche a le droit à un visa, selon nous.
Les principes publiés par le ministère comprennent un engagement à définir les professions prioritaires — et il affirme que cela se fera à partir des renseignements reçus des provinces et territoires, de la Banque du Canada, des employeurs et des syndicats —, mais les consultations ne sont ni obligatoires avant l'émission des instructions — et nous croyons comprendre qu'il y aura des instructions plusieurs fois l'an —, ni exigées pour chaque ensemble d'instructions du ministère. La Chambre de commerce croit donc que le ministère devrait rendre obligatoires des consultations complètes sur les priorités avant d'émettre des instructions, peu importe combien de fois il en émet en l'espace d'un an.
La Chambre de commerce croit également que ces consultations devraient être rendues publiques et que la documentation de consultation et les réactions devraient être déposées avec les instructions qui font partie des modifications que le ministre soumet aux Communes lorsqu'il donne ces instructions au ministère.
Je voudrais vous expliquer brièvement pourquoi la question est si importante pour la Colombie-Britannique. Le défi à relever est important pour le Canada, mais il est particulièrement lourd pour cette province et l'Alberta. Cette année, nous avons communiqué avec nos membres afin de cerner les domaines prioritaires pour le milieu des affaires. Tous les membres qui ont répondu, sans exception, ont dit que la priorité était la pénurie de main-d'oeuvre et de travailleurs spécialisés. Le transport est très important aussi, évidemment, mais la pénurie de main-d'oeuvre s'est nettement distinguée comme principal problème à régler.
Selon les estimations récentes, au Canada, la totalité de la croissance nette de la population active viendra de l'immigration, d'ici 2016. En Colombie-Britannique, ce seuil sera atteint en 2011. Le problème y est donc plus grave que dans bien d'autres provinces ou territoires. Un des facteurs est un marché du travail extrêmement dynamique: en Colombie-Britannique, l'emploi a augmenté de 370 000 postes depuis décembre 2001, et 90 p. 100 de ces postes sont à temps plein. Pendant cette période, le taux de croissance de l'emploi de la province a été le plus élevé au Canada. Le taux de chômage global y était de 3,9 p. 100 en février 2007. Dans sept des dix principales catégories professionnelles, les taux de chômage varient entre 0,5 et 3,3 p. 100. Structurellement, la province est donc en situation de plein emploi ou presque, les opinions variant d'un économiste à l'autre.
En outre, on estime que, de 2003 à 2015, l'économie de la Colombie-Britannique créera un million de nouveaux emplois. Il importe de signaler que cela ne tient pas compte de la hausse momentanée du nombre d'emplois attribuable aux Jeux olympiques de 2010. Ce sont des changements structurels, dus à la croissance de l'économie, et les Olympiques ne sont pas pris en compte.
Pendant la même période, la province formera 650 000 élèves de la maternelle à la 12e année. Même s'ils restaient tous en Colombie-Britannique, il restera toujours 350 000 emplois que les travailleurs de la province ne pourront pas combler.
Encore une fois, le gouvernement fédéral et la province ont beaucoup fait en améliorant le programme des travailleurs étrangers temporaires. Il s'agit de l'expansion du programme de candidats proposés par la province, dont nous avons parlé plus tôt. Pourtant, ces changements ne sont que des mesures superficielles. En Colombie-Britannique, les besoins en travailleurs sont tels qu'il faut une réforme structurelle du système d'immigration. Le système actuel est tout bonnement incapable de faire face à l'ampleur du défi. Il faut une réforme fondamentale.
Je voudrais revenir sur une observation qui a été faite plus tôt. Bien que l'immigration soit le moyen le plus important de résorber les pénuries, nous sommes d'accord avec l'Institut C.D. Howe pour dire que l'immigration n'est ni une solution magique, ni une panacée. Elle demeure toutefois l'élément de solution le plus important.
Il faut néanmoins se rappeler que les travailleurs spécialisés sont l'enjeu d'une vive concurrence dans le monde. Le Royaume-Uni vient d'apporter des changements, tout comme l'Australie l'a déjà fait, mais il y a un certain nombre d'autres pays qui font des réformes importantes ou fondamentales dans leur système d'immigration afin d'attirer la main-d'oeuvre spécialisée et instruite indispensable à la réussite dans l'économie du savoir du XXIe siècle.
Nous voudrions conclure en disant que l'immigration ne peut plus être conçue comme un enjeu interne ni, à dire vrai, comme une discussion sur notre rôle de chef de file sur le front humanitaire et dans la protection des réfugiés. Nous croyons comprendre que les modifications proposées consacreront notre engagement dans ces domaines. Ce sont des aspects importants, essentiels du rôle du Canada dans le monde. Nous sommes particulièrement heureux du changement d'accent sur l'éducation ou plutôt du rééquilibrage du système d'immigration en faveur de l'économie, sans que soient niés les autres rôles cruciaux. Nous estimons qu'il y avait là une lacune.
Dans la catégorie de la réunification des familles, en Colombie-Britannique, il y a eu un peu plus de 14 000 immigrants en 2007, contre 16 000 travailleurs spécialisés. Selon nous ces proportions ne sont pas dans l'intérêt supérieur de l'économie, et nous espérons que, grâce à ce processus, nous pourrons arriver à mettre l'accent sur cet aspect.
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Merci, monsieur le président.
Je suis très heureuse de pouvoir exprimer le point de vue du secteur des services alimentaires sur la partie 6 du et de vous parler de nouveau du plus grand problème de ce secteur, qui vaut 58 milliards de dollars. Il s'agit bien sûr de la pénurie de travailleurs.
Je représente une organisation de 33 000 membres qui est régie par un conseil d'administration de 36 membres représentant tous les secteurs de l'industrie dans toutes les régions du Canada. Pour nos membres de l'ouest du Canada, la pénurie est déjà une crise. Dans le reste du pays, c'est un problème croissant, et il s'aggravera progressivement au cours des 20 prochaines années.
Le faible taux de fécondité et le départ à la retraite de la génération du baby-boom provoqueront une pénurie de main-d'oeuvre sans précédent. Les chiffres font peur. Le Conference Board du Canada prévoit une pénurie d'environ un million de travailleurs d'ici 2020 à moins que nous ne fassions quelque chose pour augmenter le réservoir de main-d'oeuvre. La maison de prévisions économiques Global Insight estime que la pénurie freinera la croissance réelle du PIB et coûtera à l'économie canadienne des milliards de dollars en production perdue.
Toutes les industries seront touchées, mais les perspectives sont particulièrement sombres pour les services alimentaires. Aujourd'hui, notre industrie trouve ses travailleurs parmi les jeunes. Plus de 483 000 de nos employés ont entre 15 et 24 ans. Selon les prévisions, l'effectif de ce groupe d'âge au Canada diminuera de 345 500 personnes d'ici 2025. Au cours des dix prochaines années, notre industrie aura besoin de 190 000 nouveaux travailleurs. La démographie nous dit que la situation que l'industrie connaît en Alberta et en Colombie-Britannique s'étendra à tout le pays. Nous avons déjà des membres de toutes les régions qui disent avoir du mal à recruter du personnel.
Il est vrai que la pénurie est un problème complexe et qu'il n'y a pas de solution magique. Les entreprises doivent faire preuve de souplesse et d'originalité dans le recrutement et accorder une plus grande priorité au maintien en poste des employés. Les exploitants de services alimentaires augmentent les salaires et avantages, ils investissent dans la mécanisation, mais les possibilités de remplacement du personnel de service sont limitées. Les restaurateurs cherchent à attirer davantage de groupes sous-représentés, comme des Autochtones et des handicapés, et à s'adapter à leurs besoins. Ils cherchent de nouveaux réservoirs de talents, comme les travailleurs âgés, qu'ils tentent d'attirer. Mais ce n'est pas assez.
Nous ne pouvons pas contourner la réalité démographique sur le marché du travail. Il faut modifier radicalement la politique d'intérêt public. Nos politiques d'emploi et d'immigration ont vu le jour lorsque le chômage était un défi national à relever. Le nouveau défi est de trouver des travailleurs. Nous affrontons la concurrence de tous les autres pays industrialisés du monde qui ont les mêmes tendances démographiques et les mêmes pénuries de main-d'oeuvre. Cette concurrence étrangère ne fera que s'intensifier.
Nos membres sont extrêmement irrités du fait qu'il faut attendre de quatre à six ans pour obtenir de la main-d'oeuvre qualifiée. Ils trouvent à l'étranger un chef de tout premier ordre qui est prêt à immigrer au Canada. Il demande le statut d'immigrant reçu, mais, bien avant que sa demande ne soit étudiée, il a réussi à immigrer en Australie ou en Nouvelle-Zélande, où l'attente n'est que du quart ou de la moitié de ce qu'elle est chez nous.
L'ACRSA croit que la politique d'immigration du Canada doit être davantage axée sur le marché du travail. Elle appuie en principe la partie 6 du parce qu'il nous faut un système qui abrégera les délais et sera assez souple pour répondre aux besoins du marché du travail du Canada.
La pénurie ne se limite pas aux travailleurs spécialisés. Notre industrie est aux prises avec une pénurie généralisée: travailleurs qualifiés, semi-qualifiés et non qualifiés. Il nous faut l'assurance que les instructions ministérielles sur le traitement de certaines catégories de demandes s'appliqueront à toutes les catégories et à tous les types de travailleurs. Il nous faut également comprendre les méthodes et critères qui serviront à classer par ordre de priorité et à quantifier les pénuries. Il nous faut l'assurance que les lignes directrices seront appliquées de façon transparente et cohérente.
La modernisation de notre système d'immigration veut dire aussi qu'il faut mettre davantage l'accent sur l'expérience de travail et les titres de compétence acquis au Canada et moins sur les études et l'expérience à l'étranger. Une meilleure pondération de l'expérience de travail au Canada établirait un lien entre les programmes de travailleurs étrangers temporaires et la résidence permanente, surtout pour les travailleurs peu qualifiés. Il est logique que les employeurs canadiens recrutent à l'étranger des travailleurs qui ont déjà montré qu'ils pouvaient s'adapter à la culture canadienne et s'intégrer avec succès au marché du travail au Canada.
Le mois dernier, lorsque j'ai comparu devant le comité, j'ai dit que nous étions heureux que le gouvernement ajoute la catégorie de l'expérience canadienne aux autres catégories d'immigration, permettant aux travailleurs étrangers temporaires de demander la résidence permanente sans quitter le Canada. Toutefois, nous sommes indignés que cette nouvelle catégorie ne soit disponible que pour les travailleurs des codes A, B et O de la CNP. Elle ne s'appliquera donc pas pour la majorité des travailleurs étrangers temporaires dans les services alimentaires. Ce qui, selon nous, limitera l'efficacité du projet de loi .
Pour résumer, monsieur le président, l'industrie canadienne des services alimentaires a eu sa part de difficultés au fil des ans, mais rien ne la touchera plus gravement que les pénuries de main-d'oeuvre. Nous sommes heureux que le gouvernement reconnaisse l'urgence du problème et prenne des mesures fort nécessaires pour réviser le système d'immigration. Toutefois, avant d'appuyer à fond les modifications, nous devons avoir l'assurance qu'elles s'appliquent à toutes les catégories et à tous les types de travailleurs au Canada, qu'il est tenu compte des postes en demande et que les critères de sélection des professions où il y a des pressions sont bien pensés, transparents et appliqués de façon cohérente.
Merci.
Bienvenue. Ce que vous me dites, c'est ce que j'entends tout le temps dans ma circonscription. Vous avez raison de dire que les pénuries sont un problème. Par contre, je ne suis pas d'accord avec vous sur la solution.
Le système d'immigration a été dirigé à peu près totalement par des bureaucrates qui n'ont à peu près pas de comptes à rendre. Lorsque nous avons modifié la Loi sur l'immigration, en 2002, nous l'avons rendue incroyablement élitiste. Il suffit de revoir les comptes rendus pour voir ce que les membres du comité disaient alors. Nous écartions les charpentiers, les hommes et femmes de métier, les manoeuvres. Et les statistiques le montrent bien.
Nous avons un système incroyablement élitiste, conçu par des bureaucrates. Je siège depuis dix ans, et sept ministres se sont succédé. Pas étonnant qu'il y ait un tel gâchis.
Nous devons revoir notre système de points. Au départ, l'Australie et la Nouvelle-Zélande l'ont fait, et les pays européens ont fait de même. Les États-Unis étudient maintenant notre système de points, ouvert et transparent, ce qui n'est pas une mauvaise chose. Ce qui est mauvais, c'est la façon d'attribuer les points. Cela ne tient pas debout. Si vous voulez examiner ce système à la lumière de ce que font l'Australie et la Nouvelle-Zélande...
Ce n'est pas si compliqué de faire venir des gens chez nous. Cela ne devrait pas prendre cinq ans.
Une note de service a été révélée lorsque le ministère a été cité devant les tribunaux, en 2003. La bureaucratie l'adressait au ministre. La note disait ceci, en somme: nous avons artificiellement limité les ressources affectées à l'étude des demandes d'immigration parce que c'est le seul moyen de contrôler le nombre de personnes admises.
Il faut donc avoir continuellement un arriéré. Notre problème maintenant, c'est que nous avons nos candidats, mais pas ceux que vous voulez. L'arriéré a été vraiment gonflé, pas par les hommes et femmes politiques, mais, malheureusement, par les bureaucrates.
Le danger de ce que le gouvernement propose, c'est qu'il y aura moins de responsabilisation. Il dira tout ce qu'il veut, que le ministre fera ceci, qu'il fera cela. Le ministre n'est pas au courant. Qui va agir? Les bureaucrates. Ce que dit le gouvernement, c'est qu'il ne veut pas que les tribunaux puissent jamais se prononcer sur ce qu'il fait. Ce qui, au départ, peut être excellent, sauf si quelqu'un a besoin de faire refaire ou renouveler son visa et que rien ne se passe. Il n'y aura aucun moyen de faire en sorte que le système demeure responsable.
Nous devons donc revoir le système de points et éliminer l'élitisme. Imaginez combien de gens veulent venir au Canada. Des manoeuvres? Il ne devrait pas y avoir de pénurie de manoeuvres. Il suffit de les laisser venir.
Quant aux délais d'étude des demandes, on a dit dans l'arrêt Dragan qu'il faut de 10 à 15 minutes pour évaluer une demande. Après quoi il y a, au besoin, une entrevue d'une heure. On peut accepter un candidat en moins d'une heure. Si les gens ne sont pas admis, c'est qu'ils sont dans la file d'attente. Il faut compter deux ans avant que le ministère communique avec eux. Le système de fonctionne pas, les bureaucrates l'ont démoli. Et voici qu'ils essaient maintenant de proposer une mesure qui leur donne encore plus de pouvoir, qui rend le système plus ou moins transparent et les rend moins responsables.
J'exhorte vos organisations à examiner la question. Regardez bien. Étudiez cette mesure. Le comité a dit au gouvernement ce qui allait arriver, mais, malheureusement, il y a eu un nouveau ministre, tout comme nous avons maintenant une nouvelle ministre. Au bout du compte, le gouvernement a gobé tout ce que la bureaucratie lui a dit.
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Excusez-moi si j'ai donné l'impression que je minimisais l'importance de la catégorie de la famille. Ce n'était certainement pas mon intention.
D'abord, si on veut qu'un programme d'immigration soit une réussite, il est absolument essentiel, quand on fait venir de nouveaux travailleurs qualifiés, de leur permettre d'amener leur famille avec eux. Si la famille ne peut pas venir, les travailleurs ne viendront pas non plus.
La catégorie de la famille nous inspire deux préoccupations. Ce n'est pas tant l'importance absolue de cette catégorie qui nous préoccupe, mais l'importance relative de cette immigration par rapport à la catégorie des travailleurs spécialisés, qui sont évalués d'après les compétences qu'ils apportent à l'économie et la contribution qu'ils y feront.
Voici un exemple que j'ai déjà utilisé. J'ai moi-même emprunté le circuit de l'immigration des parents parce que, sans entrer dans les détails, ma conjointe, qui est maintenant ma femme, avait déjà fait une demande qui avait été acceptée. Je me suis présenté dans la catégorie de la famille parce que ce serait plus facile que la démarche à faire comme travailleur spécialisé.
Quand on examine ces questions, on n'arrive pas à se faire une bonne idée des gens qui sont acceptés, et c'est simplement une question de délais. Nous estimons que la catégorie de la famille doit être un élément central, tout comme la catégorie des réfugiés et nos responsabilités humanitaires. Tout cela doit faire partie du système d'immigration. Ce qui nous préoccupe, c'est le déséquilibre actuel, qu'il faut légèrement corriger, selon nous. Si nous abrégeons les délais dans l'étude des demandes des travailleurs spécialisés, cela contribuera beaucoup à instaurer cet équilibre.
Quant à nous, nous n'examinons pas les modifications du gouvernement. Nous serions très inquiets si, au terme de cette démarche, la femme, la fille ou les parents du travailleur étaient refusés dans la catégorie de la famille.
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Je m'appelle Elizabeth Lim, et je suis avocate de l'immigration au cabinet d'avocats Lim Mangalji. Je prends aujourd'hui la parole au nom de la campagne Status Now!, groupe d'organisations communautaires et organismes qui se sont réunis pour discuter des difficultés des immigrants, réfugiés et sans-papiers.
Le 28 avril, la ministre a dit clairement dans son intervention au Comité permanent des finances que le but principal des modifications proposées dans le en matière d'immigration était d'aider les entreprises à rester en affaires. En toute déférence, nous estimons que cela ne tient pas debout. Il n'est pas logique que, pour garder les entreprises en affaires, nous devions permettre aux agents de se placer au-dessus de la loi, de refuser de délivrer un visa même lorsqu'une personne satisfait à toutes les exigences de la loi. Il n'est pas logique que, pour maintenir les entreprises en affaires, on permette aux agents de faire abstraction d'une demande fondée sur des raisons humanitaires présentée à l'étranger. Pas plus qu'il n'est logique de donner au ministre le pouvoir de choisir, sans examen parlementaire et dans toute catégorie de son choix, ceux qui pourront venir au Canada.
Les entreprises peuvent déjà demander à faire admettre des travailleurs avec des permis de travail. Ces permis peuvent être délivrés presque instantanément à la frontière ou au moyen d'une approbation préalable aux bureaux qui délivrent les visas. Les demandes peuvent être traitées en quelques jours ou quelques semaines. Il n'y a actuellement aucune limite au nombre de permis de travail délivrés par le Canada chaque année. L'arriéré et les délais, que ce soit à Service Canada ou à CIC, sont faciles à résorber. Il s'agit d'engager un plus grand nombre d'agents pour étudier les demandes.
Il y a toutefois bien des problèmes de maintien en emploi des travailleurs dont le projet de loi ne tient aucun compte. Aux termes de la loi, les entreprises ne peuvent garder des travailleurs peu qualifiés qui reçoivent des permis de travail non renouvelables de deux ans et qui ont fort peu de moyens d'obtenir la résidence permanente. On dit à ces travailleurs qu'ils ne peuvent pas amener leur famille au Canada et qu'ils ne doivent pas espérer obtenir la résidence permanente. En fait, beaucoup de travailleurs sont refusés aux bureaux de visa, ce qui est une lourde perte pour les employeurs au Canada, simplement parce qu'ils sont originaires d'un pays source d'immigrants ou qu'ils n'ont pas de liens financiers assez solides avec leur pays d'origine. Les entreprises ne peuvent pas non plus garder des sans-papiers, même si ce sont des employés clés, voire les propriétaires de l'entreprise. Ils sont souvent renvoyés parce qu'ils ont fait une demande de statut de réfugié qui a été rejetée et qu'on ne leur a pas donné un moyen réel d'obtenir le statut d'immigrant.
Ces difficultés sont au coeur des problèmes des entreprises de tout le Canada, de Terre-Neuve à la Colombie-Britannique. Pourtant, le projet de loi laisse ces problèmes entiers.
La ministre a ajouté que le projet de loi était nécessaire pour résorber l'arriéré. Il est certain que l'arriéré dans l'étude des demandes de résidence permanente est un problème grave. Comment le résoudre? En renvoyant ou en jetant au panier les demandes de candidats qui ont établi leur admissibilité aux termes de la loi, comme la ministre le propose, qui se sont fiés à nos lois lorsqu'ils ont fait leur demande, qui ont dépensé des milliers de dollars et passé des heures innombrables à préparer leur demande? N'est-il pas plus logique de résorber l'arriéré en relevant nos cibles d'immigration, qui sont toujours au même niveau qu'en 1997, et en acceptant un plus grand nombre d'immigrants chaque année? Nous avons besoin de leurs compétences et de leur présence chez nous pour aider à contrer le déclin démographique et à combler les pénuries de main-d'oeuvre, et pour réunifier les familles.
En fin de compte, il faut se demander s'il est préférable de concentrer entre les mains d'une personne le pouvoir de décider qui peut entrer et rester au Canada en rattachant cette mesure à un projet de loi budgétaire dont l'adoption fait l'objet d'un vote de confiance, ou s'il ne vaudrait pas mieux régler le problème tous ensemble?
Nous soutenons que des modifications aussi radicales des lois canadiennes sur l'immigration, permettant de décider qui peut immigrer au Canada ou non, ne devraient venir qu'après de vastes consultations auprès des groupes communautaires et que le vote ne devrait pas être lié au risque de la tenue d'élections. Le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration, qui a compétence en la matière, devrait conseiller au Comité des finances de voter contre le projet de loi.
En fin de compte, l'immigration ne doit pas viser seulement à aider les entreprises à rester en affaires. Elle concerne aussi les membres de la collectivité et les futurs citoyens. Elle concerne mon mari, que j'ai dû parrainer comme conjoint pour des motifs humanitaires parce que, à l'époque, il y a dix ans, Immigration Canada disait, en s'appuyant sur les critères de sélection fondés sur les professions, que nous n'avions pas besoin de médecins formés au Canada.
L'immigration concerne un grand nombre de vos ancêtres, qui étaient pêcheurs, bûcherons, travailleurs d'usine ou de la construction et n'avaient pas de diplômes d'études supérieures. Ils sont venus au Canada, ils ont travaillé fort tous les jours de leur vie et rêvé que leurs enfants et descendants deviennent députés. Nombre de vos ancêtres ne pourraient immigrer au Canada aux termes de la loi actuelle et les modifications proposées maintenant permettraient de les refuser tous.
L'immigration ne vise pas seulement à garder les entreprises en affaires et elle ne concerne pas que la politique. Il s'agit aussi de rester fidèle à notre propre passé d'immigrants et de nous assurer que nos lois sont justes, transparentes, pratiques et conformes à la tradition humanitaire du Canada pour assurer l'avenir de notre pays.
Merci.
Depuis, j'ai eu l'occasion d'aider à améliorer le système des visas de visiteur pour travailleurs étrangers en participant, grâce à mon entreprise et à ses avocats, à l'effort de collaboration entre l'industrie — par l'entremise du Conseil des ressources humaines du logiciel — et CIC et RHDSC. Grâce à ces efforts de l'industrie, un projet pilote a été lancé en 1995. Il existe toujours aujourd'hui et a aidé à combler de graves pénuries dans le secteur de la technologie de l'information au Canada.
Mon expérience du système d'immigration a fait ressortir beaucoup de problèmes sérieux dans la façon dont le Canada étudie les demandes des candidats à l'immigration et montré pourquoi le système a désespérément besoin d'être amélioré aujourd'hui. Voici quelques exemples des problèmes du système.
Un arriéré s'est accumulé. Les candidats sont entrés dans le système directement ou avec l'aide d'agences ou d'avocats de l'immigration. Il est possible que bien des candidats ne puissent établir leur admissibilité. Pourtant, le système est ainsi structuré que toutes les demandes doivent être étudiées dans l'ordre où elles sont reçues. Ainsi, les candidats très recherchés par le Canada pour leurs compétences ou leur potentiel économique sont dans la même file d'attente que des demandeurs qui n'ont que peu de chances de réussir à immigrer.
Le programme des travailleurs étrangers temporaires est un autre exemple. On s'est efforcé, au moyen de ce programme, de répondre aux besoins des employeurs au Canada et de combler les pénuries de main-d'oeuvre qualifiée ou non qualifiée. Les programmes sont appliqués surtout grâce à la coopération interministérielle entre RHDSC et Immigration Canada, sans oublier une certaine participation de l'Agence des services frontaliers du Canada. Ces ministères n'interagissent pas forcément comme ils le devraient, car l'approbation d'un ministère ne garantit pas forcément celle de l'autre. Et la plupart des cas sont étudiés en fonction des précédents plutôt que de règles écrites permanentes. Si on veut que les programmes de travailleurs temporaires aident à atténuer la pénurie de main-d'oeuvre, il faut qu'ils soient structurés différemment pour que l'étude des demandes se fasse rapidement et efficacement, ce qui n'est pas le cas pour l'instant.
Je crois que, à cause des facteurs qui suivent, il est urgent de modifier le système.
Il existe une pénurie mondiale de travailleurs spécialisés, ce qui fait que bien des travailleurs qualifiés ou non sont également recherchés par les pays qui se les disputent. Prenons par exemple les Émirats arabes unis, où 25 000 personnes sont acceptées chaque mois. Ou encore l'Inde, qui était un fournisseur de travailleurs spécialisés pour beaucoup de pays industrialisés et est maintenant elle-même aux prises avec une pénurie de main-d'oeuvre spécialisée. Et la tendance ne devrait pas se démentir.
L'aggravation de ces pénuries favorisera un marché du travail souterrain qui fait appel à des travailleurs sans papiers ou illégaux. Les États-Unis sont un bon exemple qui montre comment ce problème peut prendre des proportions énormes et influer sur la structure sociale d'un pays. La croissance constante de l'arriéré à l'immigration menace l'intégrité du système. Découragés par la longueur des délais, les candidats essaieront d'aller ailleurs ou chercheront d'autres moyens d'entrer au Canada, ce qui sera un fardeau pour d'autres éléments du système. Je crois que les modifications proposées vont dans la bonne direction. Ce sont les premières mesures à prendre pour attirer et garder de bons immigrants au Canada et faciliter leur établissement et leur prospérité.
Merci, monsieur le président.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
Merci aux membres du comité non seulement du travail qu'ils font aujourd'hui et de façon constante, mais aussi de leur invitation à venir dire un mot de la question à l'étude et à échanger quelques idées et réflexions.
Mon intervention sera brève, non pas tant à cause des contraintes imposées par les règles, mais à cause du fait que, bien franchement, l'enjeu ne nous paraît pas particulièrement compliqué.
Nous appuyons les modifications proposées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés dans le projet de loi . Nous estimons qu'elles s'imposent si nous voulons corriger une lacune fondamentale de la loi et du processus actuels qui, selon nous, sape la capacité du Canada d'atteindre ses objectifs en matière d'immigration.
Quels sont ces objectifs? Nous parlons beaucoup de compassion — nous sommes un pays compatissant. Nous pourrions parler de notre volonté d'agir sur le plan humanitaire, et ce sont des choses que nous tenons à respecter. Mais ce sont là des caractéristiques plutôt que des objectifs.
Certains affirment que notre principal objectif devrait être de faire venir chaque année au Canada un nombre d'immigrants égal à environ 1 p. 100 de la population. Nous ne sommes pas d'accord. Ce n'est pas une question de chiffres. Je me demande plutôt si ce doit être l'objectif principal. Selon nous, l'immigration concerne des personnes, pas des chiffres. Il s'agit d'évaluer les besoins des personnes et d'essayer d'y répondre.
On dit beaucoup que le Canada a besoin d'immigration. Là non plus, je n'entends pas entrer dans un débat sur la validité de cette assertion. Ce n'est pas le but de ces audiences. Je signalerais que cette assertion même repose sur la conviction que nous partageons tous que le Canada a des besoins et que notre politique d'immigration doit y répondre.
Il faut notamment combler des pénuries existantes ou émergentes de travailleurs qualifiés et de professionnels sur le marché du travail au Canada. En ce moment, ceux qui demandent à immigrer au Canada comme travailleurs qualifiés donnent des renseignements sur leurs études, leur expérience de travail, leurs compétences, etc. Leur demande est évaluée à la lumière de cette information et d'autres renseignements. La demande est approuvée si le candidat obtient un nombre suffisant de points.
Ce qui est étrange, c'est que jamais il n'est tenu compte de l'employabilité du candidat en fonction des postes disponibles au Canada dans le domaine d'emploi du candidat. Il fait la queue et attend parfois pendant des années. La vie de la famille est mise en suspens, parfois pendant des années. Et lorsque, enfin, l'immigrant arrive au Canada, s'il n'a pas perdu espoir à cause de l'attente et n'est pas parti dans un autre pays — ce qui arrive dans de très nombreux cas, soit dit en passant —, il n'y a plus d'emploi pour lui dans son domaine de travail.
Cela ne tient pas debout, à notre avis. Il n'est pas logique de ne pas tenir compte des compétences et qualifications des candidats acceptés pour établir un ordre de priorité dans l'ordre selon lequel les candidatures sont étudiées, après approbation, de façon que les candidats puissent venir au Canada. Résultat, les besoins de notre marché du travail ne sont jamais vraiment satisfaits.
Je tiens à signaler ici au passage que nous ne parlons pas là de la réunification des familles, mais seulement des travailleurs spécialisés. C'est tout.
Selon nous, les modifications proposées sont le minimum nécessaire pour rendre équitable et fonctionnelle l'immigration des travailleurs qualifiés. Ce sont des modifications logiques sans lesquelles nous ferions aussi bien d'éliminer carrément cette composante de l'immigration.
Je voudrais revenir sur des objections soulevées récemment parce que les pouvoirs prévus par le projet de loi à l'égard des pratiques en matière d'immigration seront confiés au ministre. Je dois avouer que ces objections me laissent un peu perplexe.
Certains disent qu'il ne faut pas politiser les questions d'immigration À dire vrai, je ne vois pas au juste ce que cela veut dire. Si on veut dire qu'il ne faut pas avoir un débat public vigoureux sur la question, nous ne sommes certainement pas d'accord. La politique d'intérêt public doit être décidée par le public, qui doit subir cette politique et la payer.
D'autres prétendent que le ministre ne devrait pas avoir la possibilité d'apporter les rajustements nécessaires aux critères de sélection pour tenir compte de l'évolution de l'économie ou de la population active.
Encore une fois, nous ne partageons pas ce point de vue. Il est déjà suffisamment difficile de modifier ou d'adapter les politiques dans cette ville et au gouvernement sans avoir à imposer en plus un processus législatif chaque fois que l'on veut apporter à une politique des changements mineurs qui devraient simplement faire l'objet d'une modification réglementaire.
À mon avis, on ne renforce pas l'obligation de rendre compte d'un ministre ou d'un ministère en obligeant un gouvernement — qu'il soit conservateur, libéral, néo-démocrate ou autre — à toujours emprunter la voie du processus législatif. Vous, vous vous réunissez en comité. Vous faites venir des témoins pour vous informer sur ces questions. Lorsque vous voulez apporter des modifications, vous pouvez choisir la voie législative ou une autre formule et cela ne fait pas de différence. Nous nous objectons dans ce domaine à la proposition qui consiste presque à rajouter une nouvelle dimension bureaucratique à tout le processus, car nous estimons qu'il est important de réagir assez rapidement aux changements qui touchent les conditions économiques et la main-d'oeuvre.
Je souhaiterais présenter une dernière petite observation avant de terminer. Nous sommes favorables à ces modifications, mais j'aimerais également souligner que je partage le point de vue de mes collègues qui estiment que notre système d'immigration connaît de nombreux problèmes. Je pense que le ministère de l'Immigration est actuellement le plus mal en point du gouvernement fédéral. Nous avons terriblement besoin d'une politique d'immigration globale et cohérente. Cela nous fait cruellement défaut. Si l'on inversait les rôles et que j'avais le privilège de poser les questions, je serais prêt à parier que personne ici présent ne serait capable de définir notre politique de l'immigration. Vous pourriez peut-être parler de certains aspects, mais vous ne pourriez pas véritablement décrire notre politique de l'immigration, parce qu'il n'y en a véritablement aucune.
À notre avis, ces changements sont parfaits pour le contexte dans lequel ils vont servir, mais je m'en voudrais de ne pas profiter de l'occasion pour souligner que, selon moi, il est indispensable de soumettre l'ensemble du ministère de l'Immigration et notre processus à un examen sérieux dans l'espoir d'aboutir à la formulation d'une politique cohérente et globale.
Merci beaucoup.
Bonjour, messieurs et mesdames. Je tiens à vous préciser qu'on est bien intéressés par la politique en matière d'immigration.
Je voulais témoigner du fait que pendant trois semaines, nous étions en tournée dans tout le pays, d'un océan à l'autre, pour discuter et essayer de régler certains problèmes qui ont trait à l'immigration. Pendant ce temps, le projet de loi dont il est question a été présenté à la Chambre. Le secrétaire parlementaire nous a bien défendus de parler de la partie portant sur l'immigration pendant notre tournée, qui portait sur d'autres sujets. Nous n'avons eu que cette semaine pour en discuter et pour rattraper ce retard, soit trois jours, du matin au soir.
Ce qui est frustrant, et que vous devez savoir, c'est que le projet de loi C-50 concerne le budget. Il comporte 136 pages dont seulement deux traitent de la politique d'immigration. Ce n'est pas long à décrire: c'est la ministre qui va décider quelle demande étudier.
Notre frustration vient du fait que normalement, on a le temps de discuter du projet de loi et d'entendre les témoins avant de voter définitivement sur une politique d'immigration qu'on aurait pu avoir dans une loi distincte. Malgré les bonnes intentions mentionnées par la ministre, c'est surprenant de voir que vous donnez carte blanche à une ministre qui pourrait ne plus être là l'année prochaine, qui pourrait prendre une toute autre orientation. Il me semblait important que vous le sachiez, étant donné que vous appuyez tous les deux ce projet de loi.
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Monsieur le président, mesdames et messieurs, bonsoir.
Je m'appelle Andrea Seepersaud et je suis la directrice générale de l'Inter-Cultural Neighbourhood Social Services. Nous sommes situés à Mississauga. Je suis accompagnée aujourd'hui par Pat Hynes, intervenant en matière d'emploi au sein de notre programme de formation linguistique enrichie. Il est, à notre connaissance, la seule personne dans la région de Peel dont les fonctions consistent à organiser des stages pour des professionnels de formation internationale dans le secteur privé et le milieu des affaires. C'est le programme que nous proposons à l'intention des professionnels de formation internationale.
Dans le secteur des services d'établissement, l'ICNSS est un organisme de taille moyenne à grande qui emploie environ 75 personnes en permanence dans nos quatre bureaux de la région de Peel. Chaque année, notre organisme offre ses services à plus de personnes qu'il n'en prendrait pour remplir le SkyDome. L'ICNSS a consacré la plus grande partie de ses 22 ans d'existence — personnellement, cela fait 14 ans que je travaille pour cet organisme — à concevoir, élaborer et mettre en oeuvre des programmes destinés à offrir des services d'établissement et d'adaptation des nouveaux arrivants au Canada et à mettre en valeur leur potentiel. Le principe de réciprocité demeure au sommet de nos priorités et la deuxième priorité concerne l'importance de la réunion des familles dans le contexte de l'intégration sociale des immigrants.
Les modifications que le projet de loi propose d'apporter à la Loi canadienne sur l'immigration et la protection des réfugiés nous inquiètent beaucoup. Si nous avons bien compris l'incidence de ces modifications, le projet de loi accordera au ministre et aux agents des visas le pouvoir de refuser arbitrairement des demandes de résidence permanente, de visa de visiteur, de permis de travail et de visa d'étudiant, même lorsque toutes les exigences de la LIPR auront été clairement respectées. Ces nouvelles dispositions donneraient également aux représentants du gouvernement du Canada le pouvoir de rejeter certaines demandes présentées pour des motifs d'ordre humanitaire de la part de demandeurs résidant à l'extérieur du Canada. D'autre part, la ministre et ses représentants disposeraient sans équivoque de l'autorité nécessaire pour fixer des contingents et des critères afin d'obtenir des résultats prédéterminés. Ce pouvoir serait absolu et ne nécessiterait pas la sanction du Parlement.
Notre organisme estime que ces dispositions affaibliraient les fondations mêmes d'un système que de nombreux intervenants du monde entier jugent équitable, humanitaire et amical. En vertu des dispositions actuelles de la LIPR, les demandeurs ont le droit de présenter une demande et d'être acceptés au Canada s'ils se classent dans certaines catégories définies.
Les statistiques relatives à l'immigration recueillies entre 1997 et 2006 révèlent que la plus grande partie des immigrants appartiennent à la catégorie économique, devant ceux de la catégorie de la famille et les réfugiés. Par exemple, en 2006, le Canada a accueilli plus de 250 000 immigrants. Parmi ceux-ci, 138 000, soit 54,9 p. 100, relevaient de la catégorie économique; 70 000, soit 28 p. 100, relevaient de la catégorie de la famille; et 32 000 étaient des réfugiés, représentant une proportion de 12,9 p. 100. Les modifications à la loi entraîneront des changements importants dans ces catégories d'immigrants qui sont demeurées stables depuis une dizaine d'années, étant donné que la loi autorisera le ministre à modifier les critères en fonction des besoins et par conséquent l'objectif de notre politique d'immigration au Canada.
Notre expérience de plus de 22 ans au service des immigrants et des réfugiés nous permet de confirmer un certain nombre de choses. Lorsque les immigrants de la catégorie économique ou les travailleurs hautement qualifiés arrivent au Canada, ils s'attendent à poursuivre leur carrière. Cela ne signifie pas qu'ils vont accepter de suivre une formation ou qu'ils sont intéressés à améliorer leurs titres et qualités afin de mieux s'intégrer dans leur secteur particulier. Cela ne signifie pas que les organismes de réglementation représentant ces secteurs sont prêts à leur offrir les informations, les conseils et l'assistance nécessaires pour faciliter leur insertion dans la main-d'oeuvre canadienne.
Il y a deux ans, le ministre ontarien de la Citoyenneté et de l'Immigration a présenté le projet de loi 124 qui tentait de trouver une réponse à ces mêmes questions concernant les organismes de réglementation, les professionnels de formation internationale et le libre accès aux professions et métiers. Aujourd'hui, ce projet de loi a été adopté et à notre connaissance, c'est la seule loi de ce type au Canada. En fait, c'est ce genre de texte législatif dont on doit disposer pour traiter les dossiers des travailleurs de formation internationale.
D'autre part, si nous nous basons sur notre expérience et sur l'éventail de services que nous offrons aux immigrants, nous savons que de nos jours, les immigrants de la classe économique ne sont pas nécessairement fidèles au Canada. Or, les modifications privilégieront les immigrants de la classe économique — autrement dit, les meilleurs et les plus brillants du monde.
Les personnes appartenant à cette catégorie ont tendance à demeurer au pays le temps que leurs enfants fassent leurs études, puis à partir ailleurs, ou à laisser un parent s'installer et implanter la famille au Canada pendant que le soutien de famille cherche fortune ailleurs, la plupart du temps dans son pays d'origine. Lorsque les enfants ont fini leurs études, ils sont souvent incités à revenir diriger l'entreprise familiale qui, bien entendu, se trouve à l'étranger et qui n'a cessé de prospérer entre-temps.
Sans vouloir généraliser, on peut dire essentiellement que le Canada accepte des professionnels de formation internationale qui obtiennent la citoyenneté canadienne mais qui ne vivent pas ni ne travaillent pas pendant longtemps au Canada et qui, après leur vie active, prennent leur retraite ici, pour diverses raisons, notamment parce que le Canada possède un régime de soins de santé enviable, que les personnes âgées sont traitées avec compassion et que notre pays est sûr et démocratique.
Je vais maintenant demander à mon collègue de poursuivre.
Notre comité qui se donne pour mission de venir en aide aux réfugiés qui arrivent au Canada — et à ceux qui ont besoin de notre assistance pour venir au Canada — se préoccupe grandement du processus et des dispositions essentielles des modifications que le projet de loi se propose d'apporter à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Nous croyons que le Canada est une terre d'accueil pour les immigrants et les réfugiés et que l'avenir de notre pays repose en grande partie sur un régime de sélection des immigrants et de protection des réfugiés équitable, ouvert, transparent et humanitaire.
Nous approuvons la volonté énoncée par le gouvernement d'éliminer l'arriéré des demandes d'immigration. Le lent processus de traitement des demandes présentées par les réfugiés pour des motifs d'ordre humanitaire mérite une même attention. En revanche, nous ne sommes pas convaincus que les modifications proposées par le projet de loi soient utiles ou nécessaires pour atteindre ce but, étant donné que les dispositions proposées dans l'article 87.3 concernent uniquement les demandes présentées après le mois de février 2008.
Il nous paraît tout à fait inadapté d'inclure des modifications à la LIPR dans un projet de loi de nature budgétaire. Le gouvernement utilise ce texte législatif à des fins politiques et, empêchant une étude appropriée de ces dispositions par votre comité et d'autres parties intéressées, il contraint le Parlement à choisir entre de mauvaises dispositions d'immigration et le déclenchement d'élections au Canada. Il serait bien préférable d'obtenir le consensus de l'ensemble des parties et des divers groupes intéressés sur une position claire qui pourrait être soumise à l'examen de votre comité et des intervenants canadiens.
Nous sommes très préoccupés par les pouvoirs discrétionnaires et arbitraires que le projet de loi accorde à la ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, l'autorisant à apporter d'importants changements au processus d'immigration et aux critères d'acceptation en adoptant des instructions qui échappent à tout contrôle parlementaire et aux consultations obligatoires. L'octroi d'un tel pouvoir discrétionnaire extraordinaire sans aucune obligation de rendre compte est un affront à la démocratie et contrevient à la primauté du droit qui exige que l'autorité ministérielle s'exerce à l'intérieur des limites établies par le Parlement.
Nous sommes tout aussi perturbés par le pouvoir discrétionnaire qu'accorde le paragraphe 11(1) aux agents des visas. En effet, les modifications proposées permettent à un agent d'accepter ou de refuser la délivrance d'un visa à une personne qui n'est pas interdite de territoire et qui se conforme à la loi. Cette disposition autorise l'agent à refuser un visa en s'appuyant sur ses propres préjugés.
Nous nous inquiétons également de la décision d'éliminer le droit à la résidence permanente pour les demandeurs qui réunissent toutes les conditions prévues par la loi et le droit de faire examiner une demande présentée depuis l'étranger par une personne pour des motifs d'ordre humanitaire.
Dans l'introduction de l'article 87.3 proposé, les paragraphes (1) à (7) sont les plus inquiétants. Ce nouvel article propose d'accorder au ministre le pouvoir de créer des catégories de demandes et d'établir un ordre dans le traitement des demandes, limitant ou fixant ainsi le nombre des demandes par catégorie ou autres pouvant être traitées au cours d'une année donnée.
Le projet de loi accorde au ministre de vastes pouvoirs et lui impose peu ou pas de contraintes. Les inconnues demeurent nombreuses. Par exemple, à quoi correspondent ces catégories de demandes? Allons-nous classer les demandeurs selon la région géographique, la race, la religion ou les compétences?
S'il peut s'avérer utile d'accélérer le traitement des demandes en provenance d'une catégorie d'immigrants ayant des compétences utiles pour le Canada, il serait très dommageable de restreindre la venue de personnes appartenant à certains groupes raciaux ou religieux. Pourquoi ne pas tout simplement établir les critères dès le départ plutôt que d'accorder de vastes pouvoirs discrétionnaires qui sont susceptibles de donner lieu à des abus? En effet, quand bien même l'actuel gouvernement n'a pas l'intention de mal utiliser ces pouvoirs discrétionnaires, nous ne voulons pas mettre en place un système qui risque d'être détourné plus tard.
En tant que comité d'aide aux réfugiés qui a déjà eu l'occasion d'accorder le droit de refuge dans ses propres locaux, nous nous inquiétons de l'alinéa 87.3(3)d) du projet de loi qui empêcherait la présentation d'une demande dans de tels cas.
Le gouvernement ou la ministre ont répondu à de telles critiques et je voudrais de mon côté présenter quelques commentaires.
Au chapitre de l'équité, le gouvernement a répondu qu'il continuerait à être soumis à la Charte. Premièrement, la Charte s'applique seulement après les faits. Il faudrait au contraire établir dès le départ un système fondé sur des règles équitables. C'est déjà un problème pour un immigrant d'envisager d'intenter un recours en vertu de la Charte. Nous demandons la création d'un système qui soit équitable dès le départ. Deuxièmement, un recours en vertu de la Charte représente des dépenses qui s'avèrent souvent trop lourdes pour de nouveaux arrivants aux maigres ressources et qui connaissent mal notre système juridique.
Pourquoi ne pas tout simplement mettre en place un régime plus équitable et transparent dès le départ? Ce régime permettrait de régler le problème des arriérés. On peut se demander s'il s'agit là de la meilleure approche pour atteindre un objectif souhaitable, soit la diminution du retard dans le traitement des demandes d'immigration. Cependant, les modifications proposées donneraient un plus grand pouvoir discrétionnaire à la ministre, absorbant par le fait même une plus grande partie de son temps puisqu'elle aurait à examiner tous les dossiers, alors que grâce à la mise en place de règles équitables, il suffirait de demander à des agents d'immigration chargés du statut de réfugié d'administrer ces règles.
La ministre présenterait des lignes directrices aux agents d'immigration. Si la ministre donne des instructions aux agents et n'intervient pas dans le traitement individuel des dossiers, pourquoi ne pas inscrire ce nouveau processus d'examen dans la loi et le soumettre à l'étude du Parlement et du public?
En conclusion, nous demandons à votre comité de recommander que les modifications à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés proposées dans le soient extraites de ce projet de loi et incluses dans un autre projet présenté au Parlement, afin d'autoriser des changements en profondeur après un véritable processus de consultation. Cet enjeu est trop important pour les Canadiens et votre comité est la tribune appropriée pour l'examen des modifications que l'on se propose d'apporter à cette loi, car cette tribune permet aux Canadiens intéressés d'examiner ces propositions de manière utile.
Je vous remercie de m'avoir écouté.
Je vous prie de m'excuser de n'avoir pas présenté un texte français. L'invitation à comparaître devant votre comité ne nous étant parvenue que vendredi dernier, nous n'avons pas eu suffisamment de temps pour rédiger un texte en français.
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Permettez-moi de commencer par invoquer le nom d'Allah, le plus miséricordieux et le plus compatissant.
Monsieur le président, je tiens d'abord à tous vous remercier, ainsi que le greffier, M. Chaplin, de m'avoir offert cette occasion de vous faire part de mes réflexions sur la Partie 6 du projet de loi C-50. C'est un sujet qui me tient beaucoup à cœur, d'une grande importance pour moi.
Je suis né en Afrique de l'Est, et plus précisément en Ouganda. J'avais cinq ans lorsque ma famille et moi avons dû nous exiler. La majorité de la famille de mon père s'est rendue en Angleterre, et les autres, dont moi, sommes venus ici, au Canada. Nous n'étions pas des réfugiés mais des immigrants. Mes tantes maternelles étaient d'ailleurs déjà installées ici. Certaines des dispositions de la législation proposée me paraissent tout à fait pertinentes alors que d'autres sont très préoccupantes.
J'observe tout d'abord que le ministre disposera désormais d'une importante marge de manœuvre . Alors que le texte actuellement en vigueur dit que les documents de voyage « sont délivrés » à tout demandeur de visa canadien de visiteur, ou même d'immigrant, qui satisfait à toutes les exigences en la matière, la nouvelle formulation proposée dans le projet de loi, « l'agent peut les délivrer », cause un profond malaise chez moi et chez nombre de membres de ma collectivité.
Pour l'essentiel, cette formulation peut avoir des effets très concrets. Je suis né dans un pays dans lequel le pouvoir était fortement concentré dans les mains d'une personne, ou d'un ministre. Les conséquences d'une trop grande concentration du pouvoir dans les mains d'une personne, d'un service ou d'un ministère étaient manifestes et je n'ai pas besoin d'élaborer sur les dommages provoqués par une telle situation.
Une personne ayant fait toutes les démarches nécessaires et qui se voyait, par exemple, refuser son visa d'immigrant ou de visiteur, avait jusqu'à maintenant, et conserve jusqu'à l'entrée en vigueur de cette loi, la possibilité de faire appel de cette décision en suivant une procédure qui...
L'un des principes régissant jusqu'à maintenant notre société canadienne est que si un fonctionnaire, ou un membre du personnel du service des visas ou du consulat, négligent un élément du dossier, la personne concernée peut faire appel et quelqu'un d'autre va alors procéder à une vérification du dossier, l'analyser à nouveau et, éventuellement, rendre une décision différente. Cela n'élimine pas pour autant la possibilité de parti pris. Même si je faisais totalement confiance à la ministre actuelle, alors que je suis convaincu qu'elle utilisera tous les pouvoirs qui lui sont conférés, réalisez-vous bien la nature du précédent que cela va constituer pour l'avenir? Si la ministre actuelle se comporte de façon honnête et, je l'espère, intègre, rien ne nous garantit que, à l'avenir, le ministre en poste, qu'il soit du même parti ou d'un autre, ne profitera pas de ces nouveaux pouvoirs mis à sa disposition. C'est en cela que le système est mis à mal et cela laisse présager quelque chose de beaucoup plus grave.
Il semble que ce genre de choses se prépare et se mette en place étape par étape. Cela ne va pas se faire du jour au lendemain, mais vous donnez aujourd'hui le pouvoir à une personne, qu'il s'agisse du ministre ou des agents consulaires dans n'importe quel pays à travers le monde. C'est là un premier pas pouvant conduire à des mesures beaucoup plus larges et beaucoup plus dictatoriales. Je ne veux pas susciter la peur dans vos esprits, mais c'est là un élément bien réel, que j'ai vu dans de nombreux pays que j'ai visités, et observé chez de nombreuses personnes que j'ai conseillées.
Notre organisme, le Islamic Humanitarian Service, s'est occupé de tellement de dossiers de gens venant de pays dans lesquels cela s'est produit. Pour l'essentiel, si une personne dit non, cela revient à un point final. J'étais tellement fier de pouvoir dire qu'il n'en était pas de même au Canada. Si une personne répond non, c'est peut-être qu'il y a un élément qu'elle n'a pas vu. Elle a peut-être négligé quelque chose. Il y avait peut-être un aspect qu'il aurait fallu examiner, qui aurait dû retenir l'attention de cette personne ou de ce fonctionnaire.
En ce qui concerne la réunification des familles, lorsqu'un travailleur compétent vient au Canada, c'est évidemment un actif pour l'économie canadienne, pour la culture canadienne et pour l'ensemble du Canada. Il est très rare que les travailleurs compétents soient célibataires, vivent seuls. La loi et la constitution ne nous autorisent pas à demander: Êtes-vous marié, avez-vous des enfants, etc.? On peut bien sûr s'informer des personnes à charge, mais il est probable qu'un travailleur compétent aura une famille, c'est pour cela qu'il a des compétences, et qu'il aura un âge ou sera au moins parvenu à un stade de sa vie auquel il se sera déjà installé avec sa famille. Ce sont donc des questions qu'il faut aborder de façon très concrète et très attentive.
Monsieur le président, j'ai fait toute ma scolarité, de la maternelle à la 13e année, dans la ville de Kitchener, en Ontario, à cinq ou six heures par la route d'ici. Ayant fréquenté l'école publique, j'ai eu ainsi la chance de côtoyer non seulement ma propre collectivité, qui est la collectivité musulmane dont je suis l'imam ou le pasteur, mais aussi plusieurs autres et plusieurs cultures, des gens de plusieurs confessions et originaires de divers pays.
Aussi bien en travaillant à propager ma foi que dans mon milieu de travail, j'ai rencontré des gens qui, grâce aux politiques que nous avions jusqu'à maintenant, ont fait profiter le Canada de toutes leurs richesses.
Monsieur le président, j'aimerais attirer votre attention, et peut-être celle des députés siégeant à ce comité, sur le fait que cette législation est en vigueur depuis plusieurs décennies. Combien de députés, qui sont des immigrants ou dont les familles ont immigré ici au cours du dernier siècle, seraient assis autour de cette table ou siégeraient au Parlement aujourd'hui si nous n'avions pas eu cette législation?
Je crois que nous voulons garder le Canada sur la bonne voie, fort et libre. Monsieur le président, je crois que, en adoptant ce projet de loi, nous détruirions les fondations et le tissu social pour lesquels nous nous sommes battus toute notre vie, sans parler des vies de nos parents.
Une fois encore, je vous remercie, monsieur le président.
Merci également aux députés de ce comité de m'avoir écouté.
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Je vous remercie beaucoup de votre exposé. J'aimerais faire quelques commentaires avant de vous poser une question.
Le gouvernement et le secrétaire parlementaire vous diront que la loi doit se conformer à la Charte. Ce ne fut pas le cas des certificats de sécurité pendant près de 25 ans, jusqu'à ce qu'ils soient contestés devant un tribunal qui a rendu la décision que l'on sait. Soyez donc très attentif lorsque quelqu'un vous dit qu'une disposition doit être conforme à la Charte, et surtout quand les Conservateurs se lèvent pour se prétendre de grands défenseurs de la Charte, alors qu'ils la haïssent.
L'autre aspect est que cette disposition a essentiellement pour effet d'éliminer la transparence et la responsabilisation. Notre système à points, entré en vigueur en 1967, est le plus transparent dans le monde. Nous avons été copiés par les Australiens, puis par les Néo-Zélandais, puis par les Européens et, maintenant, ce sont les Américains qui l'étudient.
Nous avons toutefois un problème, et je dois en convenir. C'est que les modifications apportées en 2002 au système de points ont instauré une situation pas trop élitiste. Ces mesures ont été mises de l'avant par les fonctionnaires. Ce ne sont certainement pas les politiciens qui l'ont fait, mais bien les fonctionnaires. Et le gouvernement semble maintenant partisan de leur conférer encore plus de pouvoirs. J'insiste sur ceci parce que, quand vous parlez du ministre, vous êtes dans l'erreur parce que ce sont les bureaucrates qui décident. De toute façon, avec ce projet de loi, on veut leur accorder plus de pouvoirs et les tenir moins responsables.
Cela me pose réellement un problème quand on essaie d'élaborer une politique en cachette, parce que l'un des bons aspects de notre système est qu'il n'est pas censé tenir compte de votre religion, de vos antécédents et du pays d'où vous venez. Les mesures proposées laissent réellement place à des abus.
Nous pouvons corriger le système. Il nous suffit pour cela de nous pencher sur les modèles australiens et néo-zélandais, et de veiller à tenir compte des besoins économiques du pays, tout en lui conservant sa transparence.
J'aimerais donc que vous me disiez dans quelle mesure vous vous opposez à la volonté de la ministre, ou du gouvernement, de se retrancher derrière des portes closes pour accorder davantage de pouvoir aux bureaucrates? Quelles en seront, à votre avis, les conséquences sur la responsabilisation.
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J'ai posé la question au sujet des consultations parce que j'étais très préoccupé en constatant que le gouvernement n'avait consulté à peu près personne. Lorsque la ministre a comparu devant le comité, elle nous a dit que lorsqu'elle allait émettre des directives, elle allait consulter le public. Cependant, elle ne l'a pas fait au sujet d'un projet législatif aussi important que celui qui est devant nous. Si au moment où elle doit présenter un projet de loi devant le Parlement elle ne prend même pas la peine de consulter les gens, imaginez ce que ça va être quand elle pourra, de son bureau, sans consultation ni contrôle parlementaire, émettre des directives.
Monsieur Gauthier, vous avez parlé du cas d'une personne réfugiée dans un sanctuaire dans votre circonscription.
M. Pierre Gauthier: Il y en a eu.
M. Thierry St-Cyr: J'espère que cela s'est bien réglé. Abdelkader Belaouni habite dans ma circonscription, à Pointe-Saint-Charles. Il a eu des problèmes par rapport à la section d'appel des réfugiés, section qui n'existe toujours pas, qui n'est toujours pas en vigueur malgré qu'elle soit inscrite dans la loi. S'il a eu ces difficultés, c'est parce qu'il a été débouté par un commissaire qui rejetait 98 p. 100 des demandes qui lui étaient présentées. Il me semble évident que quelque chose ne fonctionne pas dans le système. Si un citoyen canadien se présentait devant un juge qui condamne 98 p. 100 des gens qui se présentent devant lui, on dirait que cela n'a aucun sens, qu'il n'y a pas de justice. C'est pour cela qu'une section d'appel était prévue dans la loi. Malheureusement, M. Belaouni n'a pas pu utiliser cette disposition. Toutefois, comme plusieurs autres, il a utilisé une autre ressource à sa portée, la demande de résidence pour motif humanitaire. C'est le cas de plusieurs personnes. Au sein de vos organismes, vous devez souvent le voir également. À Montréal, il y a le cas de Laetitia Angba qui s'est réglé par cette voie.
À présent, il semble que le gouvernement va fermer une autre porte en n'obligeant plus l'étude des demandes pour motif humanitaire à partir de l'étranger. Partagez-vous mon inquiétude à l'effet qu'en fermant de plus en plus les portes à de possibles recours pour des personnes qui croient que leur vie est menacée, le Canada ne réponde plus à ses obligations internationales en termes de protection des réfugiés?
Bonjour, messieurs et mesdames.
D'abord, je veux vous dire que j'ai bien apprécié les commentaires que vous nous avez fournis aujourd'hui. Vous êtes les derniers témoins que l'on entend au cours du sprint de séances de comité qu'on tient depuis lundi matin. Je pense que cela résume bien l'idée générale qui ressort des témoignages. Vous nous mentionnez qu'il y a d'autres aspects que de répondre à des pénuries de main-d'oeuvre quand on traite de demandes d'immigration. Nous ne sommes pas une agence de placement pour des employeurs, quand on traite d'immigration.
Madame Seepersaud, vous avez énuméré plusieurs qualités dont on devrait tenir compte quand on traite des demandes d'immigration, comme la loyauté envers le pays, les qualités humaines des gens. Il s'agit de citoyens qu'on va accepter dans notre pays, puisqu'on parle d'immigration. C'est pourquoi il nous semble bien dommage d'être bousculés après avoir été placés devant l'évidence que deux pages seulement d'un projet de loi de 130 pages traitent, soudainement, de tout l'aspect du traitement des demandes d'immigration.
Je fais partie du Comité des transports, avec mon collègue M. Fast, et dans ce domaine, on veut simplement réviser la Loi sur la protection des eaux navigables, ce qui semble être plus simple que l'immigration, mais c'est un sujet qui est traité en comité avant qu'on soumette un projet de loi pour réviser la loi actuelle. Donc, c'est une bonne démarche qui se poursuit au Comité des transports, mais quand on en vient à la question de l'immigration, qui est encore beaucoup plus importante pour les êtres humains et la réputation du pays sur la scène internationale, il nous semble bien dommage que ça se passe différemment.
M. St-Cyr et moi-même, du Bloc québécois, partageons votre opinion. On comprend les arguments que vous invoquez et on va en tenir compte dans les recommandations qu'on va commencer à rédiger après vous avoir rencontrés.
Vous aimeriez peut-être ajouter quelque chose à mes commentaires.
Quelqu'un peut-il nous dire s'il ne faudrait pas mieux que ce comité se rende, par exemple, dans des régions différentes du pays et y tienne des séances publiques en soirée? Nous pourrions inviter les gens à venir. Nous pourrions entendre ce que les gens ont à dire. Nous pourrions avoir un peu de débat public en expliquant voici ce que CIC, ou le gouvernement, ou le ministre a dit, et voici quelques-uns de nos commentaires sur le sujet. Les gens pourraient venir et écouter. Ils pourraient débattre et participer. Ne serait-ce pas beaucoup plus démocratique que d'avoir...?
Jusqu'à maintenant, nous avons trois jours d'auditions, soit lundi, mardi et mercredi, et c'est tout. Si vous êtes le dernier groupe, cela me déprime parce que de nombreux autres veulent prendre la parole et n'en ont pas eu l'occasion. Je ne crois pas que ce soit la meilleure façon d'étudier un projet de loi comme celui-ci, un texte de la plus haute importance...
En cinq ou dix minutes, nous allons rédiger nos recommandations. Sachant ce qui va se passer à la Chambre des communes d'ici une semaine ou deux, je crains que ce projet de loi ne devienne loi parce que certains députés libéraux, pas nécessairement ceux qui sont ici, pourraient fort bien ne pas s'y opposer. Cela me préoccupe. Je ne sais tout simplement pas comment faire face à ce problème.
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Je vous remercie, monsieur le président.
Je n'ai pas de questions à poser. J'aimerais faire quelques commentaires pendant le temps dont je dispose.
J'apprécie à leur juste mesure les opinions exprimées de façon énergique par les divers témoins, et je ne vais donc pas les contredire.
Il me semble, en examinant la législation, que la protection des réfugiés ne sera pas touchée par ce texte. La ministre a indiqué hier, en ce qui concerne la réunification des familles, que dans les cas des demandes relevant de la catégorie des familles, le Canada a l'intention d'accepter environ 70 000 demandeurs en 2008.
En ce qui concerne l'apport dans le cas des instructions, elle dit:
Afin d'émettre les instructions, le gouvernement consultera les provinces et territoires, l'industrie et les ministères afin d'élaborer l'approche. Et en consultant les provinces, nous leur demanderons de nous garantir que lorsqu'elles indiquent qu'elles ont besoin d'immigrants ayant certaines compétences, ces immigrants pourront faire connaître leur titre de compétence afin de pouvoir travailler.
Enfin, les instructions ministérielles devront être approuvées par le Cabinet afin de garantir la responsabilité, à l'échelle du gouvernement, au sujet des décisions prises. De plus, afin d'assurer une transparence totale, les instructions seront publiées dans la Gazette du Canada, affichées sur le site Internet du ministère et incluses dans le rapport annuel de CIC, qui est déposé au Parlement.
La législation indique que, dans les grandes lignes, les lignes directrices doivent comporter des éléments favorisant au mieux l'atteinte des objectifs d'immigration définis par le gouvernement du Canada.
Nous avons ensuite entendu la Fédération canadienne de l'entreprise indépendante, du moins je crois que c'était elle, nous parler des plans d'emploi à temps plein pour les 12 mois à venir, qui révélaient une aggravation de 30 p. 100 de la pénurie de main-d'œuvre qualifiée, et nous dire que cela constituerait l'une des trois priorités, qu'elle soit première, seconde ou troisième, que le taux de vacances à long terme allait faire augmenter le pourcentage d'emplois vacants depuis plus de quatre mois, et que dans un sondage, 68 p. 100 des répondants estimaient qu'il serait plutôt difficile que plutôt facile de trouver des employés à l'avenir, que certains, pouvant atteindre 38 p. 100, ignoreraient les nouvelles possibilités d'affaires à cause des difficultés à obtenir une main-d'œuvre ou des ouvriers compétents qui leur seraient nécessaires. Dans la catégorie économique, la catégorie des travailleurs compétents, 61 p. 100 ont fait venir leurs conjoints et leurs personnes à charge avec eux.
Il y a ceux qui estiment qu'il faut modifier notre système pour s'assurer que nous pouvons respecter ces besoins, et qui sont d'avis que c'est ce que fait le . Je sais que le président s'est demandé hier s'il y en a qui appuient le , et il est évident qu'un certain nombre de groupes ne le font pas. Je sais par exemple que la Canada India Foundation a estimé que le projet de loi C-50 est bon pour le Canada et bon pour les employeurs canadiens, en choisissant d'accorder la priorité aux travailleurs compétents, tout en protégeant la catégorie de la famille...
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Bell Canada, la Société canadienne des postes, le Conseil des aéroports du Canada, l'Association canadienne des radiodiffuseurs, la Société Radio-Canada, la Compagnie des chemins de fer nationaux, le Canadien Pacifique, l'Alliance canadienne du camionnage, la Iron Ore Company du Canada, l'Association des employeurs maritimes du Canada, NavCanada, Purolator Courier Ltd., SaskTel, Télus, Western Grain Elevator Association, VIA Rail Canada.
Nous avons ensuite l'Alliance canadienne du camionnage qui dit, en substance:
Le concept d'instructions ministérielles devrait permettre au ministre, sous réserve de l'apport et des mesures de protection qui s'imposent, de désigner les métiers prioritaires qui ne sont pas considérés actuellement comme des travailleurs compétents. Cela devrait accroître la capacité du système d'immigration à attirer des immigrants pour répondre à la pénurie de main-d'œuvre essentielle dans toutes les parties de l'économie.
Nous avons ensuite le Canadien Pacifique qui précise appuyer nos efforts actuels dans ce domaine.
Nous avons l'Association canadienne de la technologie de pointe qui nous dit, toujours en substance:
... nos principaux outils de production sont le savoir t l'ingéniosité des 600 000 Canadiens qui participent à nos activités. Il n'est pas surprenant que la disponibilité de talents hautement compétents dont notre industrie a besoin soit une préoccupation stratégique permanente pour les membres de l'ITAC.
Je vous écris donc pour applaudir aux modifications que vous apportez à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Nous avons ensuite l'Association des chemins de fer du Canada qui nous dit ceci :
Au nom de l'Association des chemins de fer du Canada, je vous écris pour vous dire que nous appuyons les efforts du gouvernement destinés
à réviser la politique d'immigration de notre pays au moyen du projet de loi C-50 actuellement à l'étude à la Chambre des communes.
Je suis tout à fait prêt à déposer ces documents, simplement pour indiquer que, selon à qui on s'adresse, on recueille des opinions différentes. Au bout du compte, cela revient à une décision de politique et comme l'un des témoins l'a dit je crois, le gouvernement va définir la politique et il en sera responsable devant la population. Le ministre sera responsable devant le Cabinet et devant le gouvernement, et le gouvernement est responsable devant la population. Ils doivent donc prendre ce genre de décisions.
Comme indiqué précédemment, ce texte de loi se veut conforme à la Charte, à l'étape où la législation est étudiée, également au point d'instruction et enfin, dans l'exercice des instructions.
Je réalise qu'il y a des opinions solidement enracinées et conviens que celles-ci peuvent être légitimes, et qu'il y a des désaccords réels quant à l'approche. J'ai le sentiment que pratiquement tout le monde convient que le système dont nous disposons actuellement ne fonctionne pas. La machine est bloquée et il faut la changer. Elle doit être plus réactive et mieux tenir compte des besoins. Que ce projet de loi fasse ceci ou cela, le temps nous le dira, et qu'il franchisse l'étape de la Chambre des communes ou non, le temps nous le dira aussi, parce que dans une démocratie, comme c'est notre cas, chaque député devra se lever et voter en conscience en s'y opposant ou en donnant son accord. C'est ainsi que notre démocratie fonctionne.
Si la majorité des députés estime que ce projet de loi est néfaste, qu'elle en est convaincue, elle peut...
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Merci, monsieur le président. Une fois encore, je vais m'efforcer de répondre à deux aspects des questions soulevées par le député.
Au tout début de sa période de sept minutes, il a mentionné que le gouvernement fédéral et la ministre elle-même se sont engagés à s'entretenir avec les provinces et les territoires. C'est lui qui s'engage maintenant à trouver les formulations nécessaires à l'avenir sur les questions d'immigration et de travailleurs compétents. Il a convenu lui-même que les provinces et les territoires doivent être consultés.
Il me semble y avoir eu ici un consensus... Je ne suis pas certain que d'autres témoins l'aient dit, mais au moins six d'entre nous siégeant à cette table convenons de façon unanime qu'il faut disposer d'une forme de méthode pour s'attaquer à ces questions à la base, en faisant appel aux personnes qui travaillent sur le terrain, à celles qui sont là, et non pas aux gens qui siègent sur la Colline loin des gens ordinaires. Je ne dis pas que vous êtes loin des gens, mais la réalité est qu'une grande partie de votre travail ne vous met pas en contact avec les vies des gens, au cas par cas, comme c'est le cas pour nous.
Vous avez indiqué que les mesures de protection sont là, mais nous avions en même temps des dispositions de temporisation s'appliquant à beaucoup de lois qui n'ont jamais été adoptées, et c'est ce que je veux aborder. La question des travailleurs compétents, quel que soit le nom que vous leur donniez, honorables députés, nous comprenons et je comprends, tous ces organismes, qu'il s'agisse de la Canada India Foundation ou de toutes les autres agences, organismes et employeurs qui ont appuyé le gouvernement sur la question des travailleurs compétents.
Nous n'avons pas de problèmes. Nous comprenons qu'il faut régler les problèmes de la législation sur l'immigration. Il faut s'attaquer à l'arriéré. Mais il y a des aspects de tout ceci qui sont beaucoup trop vastes pour le mandat consistant uniquement à résoudre les problèmes d'immigration et à inciter des travailleurs compétents à venir au Canada. Les questions sont beaucoup plus profondes que cela.
Merci, monsieur le président.