:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Je vous remercie, honorables députés, de me donner la chance de me présenter à nouveau devant votre comité.
Comme vous le savez, le Budget supplémentaire des dépenses (A) de mon ministère pour l'exercice en cours vous a été remis à des fins d'examen et d'approbation. Je suis impatiente d'entendre vos commentaires et je serai heureuse de répondre à toutes vos questions à la suite de ma déclaration.
[Français]
Monsieur le président, la plupart des éléments qui figurent dans le budget sont de nature routinière. J'attire cependant votre attention sur deux postes budgétaires qui rendent compte des changements fondamentaux que nous apportons à notre programme d'immigration afin de mieux l'adapter aux besoins du marché du travail canadien.
Je veux souligner tout d'abord l'engagement de près de 4,6 millions de dollars en dépenses pour notre programme concernant les travailleurs étrangers temporaires, ce qui représente une augmentation de 10 p. 100. Comme vous le savez, le programme permet aux employeurs d'embaucher des travailleurs étrangers temporaires lorsque aucun citoyen ou résidant permanent du Canada n'est disponible pour occuper les postes à pourvoir.
Or, comme vous le savez sans doute aussi, nous devons faire face à un besoin criant de travailleurs qualifiés dans différentes régions du pays.
[Traduction]
Nous continuons de répondre à ce besoin. L'année dernière, nous avons accepté plus de 112 000 travailleurs étrangers temporaires, alors qu'il y a deux ans, ce nombre était tout juste supérieur à 99 000. Cela illustre bien la croissance importante de ce programme.
L'accueil d'un nombre accru de travailleurs étrangers temporaires doit être accompagné d'efforts pour veiller à ce que ceux-ci aient droit à la même protection que les travailleurs canadiens. Nous devons veiller à ce que les employeurs respectent les conditions des contrats qu'ils signent avec des travailleurs étrangers, qu'ils les honorent et qu'ils traitent les travailleurs étrangers de façon équitable et de la même manière que les travailleurs canadiens. Nous devons en outre collaborer avec les provinces afin de veiller au respect de nos normes en matière de travail.
Bien qu'un certain nombre de mesures de facilitation aient été mises en oeuvre par Ressources humaines et Développement social Canada et par CIC, des efforts restent encore à faire. Ces efforts comprennent l'introduction de dispositions plus robustes en matière de surveillance et de conformité afin de faire en sorte que le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires continue de répondre aux besoins de l'économie, ainsi que la mise en oeuvre de mesures dans le but d'éviter que les immigrants au Canada soient maltraités et exploités.
Le budget de 2007 prévoit l'octroi de 51 millions de dollars pour l'apport d'améliorations au programme afin de garantir une meilleure protection des travailleurs. Mon collègue, le , et moi-même présenterons des dispositions réglementaires en 2008 afin de permettre la mise en oeuvre de ces propositions.
Monsieur le président, le deuxième poste sur lequel j'aimerais attirer votre attention est la somme de 2,3 millions de dollars visant à subvenir aux besoins du Bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers, ou BORTCE, qui a été créé en mai dernier.
[Français]
Je serai très claire, notre gouvernement veut que les nouveaux arrivants et les membres de leur famille réussissent au Canada. Les nouveaux arrivants désirent, quant à eux, apporter leur contribution à notre pays en travaillant dans le domaine dans lequel ils ont été formés. C'est ce que nous voulons les aider à faire. Or, comme nous le savons tous, il arrive trop fréquemment que les immigrants découvrent en arrivant au Canada que les titres de compétence qu'ils ont acquis dans d'autres pays ne sont pas reconnus au Canada ou que le processus d'évaluation de leurs titres de compétence est lent et complexe.
La réglementation des professions relève des provinces, mais le gouvernement fédéral se doit d'indiquer aux nouveaux arrivants comment procéder et où s'adresser pour faire évaluer et reconnaître leurs titres de compétence, découvrir les mises à niveau dont ils pourraient avoir besoin pour satisfaire aux normes canadiennes et connaître les emplois disponibles dans divers domaines. Nous savons que les immigrants ont réellement besoin qu'on leur fournisse ces renseignements et, dans un grand nombre de cas, si nous le faisons alors qu'ils sont encore à l'étranger, ils pourront entreprendre des démarches pour faire reconnaître leurs titres de compétence avant même d'arriver au Canada, ce qui leur permettra, lorsqu'ils arriveront au pays, de contribuer encore plus rapidement à notre économie en trouvant un emploi dans le domaine de leur choix.
[Traduction]
Comme je l'ai indiqué lors du lancement du programme en mai, six Centres Service Canada offraient en personne des services d'orientation relatifs aux titres de compétences étrangers. D'ici la fin du mois, plus de 300 Centres Service Canada partout au pays offriront des services en personne, par téléphone et sur Internet. Depuis son lancement, le site competences.gc.ca a été visité par plus de 120 000 personnes, dont les deux tiers provenaient de l'extérieur du pays. Plus de 900 appels téléphoniques ont été reçus au numéro de téléphone créé spécialement à cette fin. La moitié des demandeurs cherchaient à obtenir des renseignements et les autres désiraient savoir à qui s'adresser pour faire évaluer leurs titres de compétences. De plus, les séances tenues à l'étranger ont déjà attiré plus de 1 200 immigrants éventuels.
En plus de fournir ces services, le BORTCE travaille avec des partenaires fédéraux, les gouvernements provinciaux et territoriaux, les employeurs et d'autres intervenants sur cette importante question.
En plus de joindre les immigrants éventuels grâce à notre site Web, le BORTCE participe aussi à des programmes pilotes en Chine, en Inde et aux Philippines. Ces programmes visent à aider les travailleurs qualifiés à se préparer à travailler au Canada alors qu'ils se trouvent encore à l'étranger.
[Français]
En fait, je me suis rendue en Inde il y a environ deux semaines et j'ai eu l'occasion de visiter les endroits où ont lieu ces séances d'orientation qui sont données grâce à une entente de contribution conclue avec l'Association des collèges communautaires du Canada. J'ai aussi rencontré des intervenants clés des secteurs des affaires et de l'éducation, et je leur ai parlé de nos programmes pour qu'ils puissent encourager des personnes talentueuses à venir au Canada. Cette occasion de voir nos programmes à l'oeuvre m'a permis de constater moi-même tant leur efficacité que le dévouement de nos représentants à l'étranger.
[Traduction]
Monsieur le président, il s'agit là de deux des postes du Budget principal des dépenses qui illustrent les efforts que nous avons déployés afin d'adapter nos programmes aux besoins du marché du travail, un objectif énoncé dans Avantage Canada, le plan économique du gouvernement canadien.
La catégorie de l'expérience canadienne est l'une des initiatives d'importance que nous mettrons à exécution cette année afin d'atteindre cet objectif. Cette catégorie, dont la création a été annoncée dans le dernier budget fédéral, permettra à certains travailleurs étrangers temporaires et à certains étrangers diplômés d'universités canadiennes de demander la résidence permanente sans avoir à quitter le pays. En effet, les étudiants et les travailleurs temporaires devaient auparavant retourner dans leur pays d'origine avant de présenter une demande.
Selon nous, cela nous permettra de puiser à même un bassin de personnes talentueuses qui ont déjà fait la preuve de leur capacité de réussir dans notre économie et notre société. Cela nous aidera aussi à retenir des étudiants qui poursuivent déjà des études au pays, tout en permettant aux travailleurs étrangers temporaires de profiter de l'expérience de travail au Canada qu'ils sont en train d'acquérir, et aux employeurs de recruter de nouveaux arrivants talentueux.
La bonne nouvelle c'est que la création de cette catégorie comporte des avantages pour toutes les parties. Nous croyons que le fait de donner aux immigrants la possibilité d'obtenir un jour la citoyenneté canadienne nous procure un avantage concurrentiel alors que nos établissements d'enseignement et nos employeurs cherchent à recruter les personnes les plus talentueuses et les plus brillantes au monde.
[Français]
Ce programme nous permettra de conserver des personnes qualifiées, pas seulement dans les grands centres urbains qui attirent bon nombre de nouveaux arrivants, mais aussi dans les régions rurales.
Les immigrants qui ont fait des études dans une région rurale ou qui y ont travaillé de façon temporaire sont plus susceptibles de vouloir y demeurer. Nous voulons faire en sorte que le pays tout entier profite de l'immigration, et que les bonnes personnes se trouvent au bon endroit au bon moment. La catégorie de l'expérience canadienne nous permettra d'y arriver.
Nous veillerons en même temps au déroulement ordonné des activités relatives au Programme des candidats des provinces, qui a pris beaucoup d'ampleur. Dans le cadre de ce programme, les provinces désignent les personnes dont elles ont besoin, et cela facilite leur immigration rapide.
[Traduction]
Le Manitoba est l'une des provinces qui ont le plus profité de ce programme, accueillant près de 5 000 candidats l'an dernier, soit presque deux fois plus que l'année précédente. D'autres provinces commencent à voir également les avantages du programme. Par exemple, nous avons récemment signé de nouveaux accords-cadres avec l'Alberta et la Nouvelle-Écosse qui comprenaient des annexes sur les candidats provinciaux, alors que Terre-Neuve-et-Labrador a renouvelé un accord conclu précédemment.
Monsieur le président, nous déployons également des efforts considérables pour aider les immigrants à réussir lorsqu'ils arrivent au pays. L'octroi par le gouvernement d'un financement de 1,3 milliard de dollars aux services d'aide à l'établissement offerts partout au pays représente une augmentation considérable dans ce secteur important. Nous travaillons en collaboration étroite avec les provinces et les fournisseurs de services pour aider les nouveaux arrivants à trouver un emploi et à s'intégrer aux communautés et aux établissements d'enseignement.
Monsieur le président, je suis désolée mais je n'ai pas le temps de parler de toutes les initiatives récentes et à venir de mon ministère. Je suis toutefois assurée que les membres du comité ont passé en revue le rapport annuel qui a été déposé devant le Parlement le 31 octobre. Ce rapport indique que nous continuerons de jouer un rôle humanitaire important en admettant des réfugiés et en réunifiant des familles.
[Français]
Les membres du comité savent déjà que nous nous sommes engagés à établir plusieurs milliers de réfugiés karens, bhoutanais et irakiens. Nous traitons par ailleurs de façon prioritaire les demandes présentées par les Canadiens qui désirent parrainer un membre de leur famille en Irak.
J'ai en outre mis en place des mesures visant à aider les Vietnamiens qui se trouvent aux Philippines à présenter une demande d'immigration pour motif d'ordre humanitaire. Ces personnes, sur lesquelles se concentrait l'attention de ce comité, ont accueilli favorablement cette initiative.
[Traduction]
Avant de terminer, monsieur le président, j'aimerais parler brièvement de quelques dispositions législatives sur lesquelles je suis impatiente de travailler, en collaboration avec ce comité, au cours des mois à venir.
Le projet de loi comble une lacune importante de la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Les modifications proposées dans ce projet de loi me conféreraient le pouvoir, à titre de ministre, d'ordonner aux agents d'immigration de refuser de délivrer des permis de travail aux personnes susceptibles d'être victimes de mauvais traitements ou d'être exploitées si elles étaient admises au Canada. Sans ce pouvoir, nos agents d'immigration ne sont pas en mesure de refuser de délivrer un permis de travail à une personne qui satisfait à tous les critères établis pour l'admission au pays, même lorsqu'ils croient qu'il existe un risque élevé que cette personne soit maltraitée ou exploitée.
Comme vous le savez, honorables députés, puisque certains d'entre eux maîtrisent mal les langues officielles, n'ont ni amis ni parents au Canada et ont très peu d'argent, les travailleurs étrangers temporaires ont parfois besoin d'encore plus de protection que les travailleurs canadiens. Certaines de ces personnes pourraient risquer d'être traitées de façon dégradante, et notamment d'être exploitées sexuellement.
Ces modifications feraient du Canada un pays plus sûr en nous permettant de mettre fin à la traite des personnes à notre frontière. Je demande donc à tous les honorables députés de se joindre à des intervenants clés comme l'Armée du Salut, la coalition Stop the Trafficking et The Future Group afin d'appuyer ces importantes dispositions législatives.
[Français]
L'autre projet de loi auquel je suis impatiente de travailler, de concert avec les membres du comité, concerne la citoyenneté. La question des Canadiens déchus a constitué une source de préoccupations pour les membres du comité ainsi que pour moi-même pendant la dernière session. J'ai promis de présenter des dispositions législatives à cet égard. Dans l'intervalle, j'ai utilisé le pouvoir discrétionnaire qui m'est conféré pour attribuer la citoyenneté à quelques-unes des personnes touchées. Nous clarifierons des règles qui régissent la perte de la citoyenneté, et nous nous efforcerons de les rendre plus équitables. Nous ferons cela d'une façon qui protège la valeur de la citoyenneté canadienne.
Il me tarde de déposer la version préliminaire de ce projet de loi dans un avenir prochain.
[Traduction]
Nous avons célébré, au cours de la dernière année, le 60e anniversaire de la Loi sur la citoyenneté et j'ai eu la merveilleuse occasion de participer à plusieurs cérémonies de citoyenneté. Je dois vous dire que lorsque l'on a la chance de voir la citoyenneté telle qu'elle est vue par de nouveaux arrivants qui viennent tout juste de devenir des Canadiens, on ne peut que constater l'énorme privilège que représente le fait d'être un citoyen canadien.
Je conclus en disant que les valeurs qui nous sont chères en tant que Canadiens — la liberté, la paix et le respect — font partie des fondements de la citoyenneté canadienne et de notre système d'immigration. Je suis heureuse d'avoir la possibilité de collaborer avec les membres de ce comité afin de mettre ces valeurs en pratique et de faire en sorte que le Canada soit perçu comme un pays ouvert aux nouveaux arrivants, peu importe d'où ils viennent.
Comme l'a affirmé le premier ministre en parlant de la nature accueillante des Canadiens :
Dans l'Est et dans l'Ouest, au Nord et au Sud, francophones et anglophones, immigrants et Canadiens de souche, nous sommes tous fiers de ces valeurs fondatrices — des valeurs canadiennes.
[Français]
Je vous remercie de m'avoir accordé de votre temps. Je suis maintenant prête à répondre à vos questions.
[Traduction]
I thank you for your time. I will now be prepared to answer your questions.
:
Merci, monsieur le président.
Madame la ministre, je vous souhaite la bienvenue. Permettez-moi d'observer que vous avez fait beaucoup de chemin depuis le temps où vous ne vouliez pas toucher à la Loi sur la citoyenneté jusqu'à maintenant où, on l'espère, nous allons pouvoir en faire un examen sérieux.
Vous avez raison, c'est le 60e anniversaire de la loi de 1947. C'est aussi le 30e anniversaire de la loi de 1977, et le 25e anniversaire de la Charte des droits et libertés.
Madame la ministre, vous nous avez lancé un défi quand vous êtes venue discuter de ce sujet, il y a quelques mois. Le défi était que si le comité pouvait présenter des recommandations unanimes, elles pourraient devenir loi. Alors je suis impatient de voir cela. J'aurais préféré qu'il y ait un peu plus d'argent dans le Budget supplémentaire des dépenses, particulièrement pour la Loi sur la citoyenneté, mais je suppose que les fonds dont vous disposez y suffiront.
L'autre question qui me préoccupe beaucoup, et qui préoccupe les Canadiens et ce comité, c'est la grave pénurie de travailleurs d'un bout à l'autre du pays. Où qu'on aille, que ce soit dans les Maritimes, au Québec, en Ontario, dans les Prairies ou en Colombie-Britannique, il y a une grave pénurie de travailleurs et, malheureusement, c'est une pénurie de gens de métier et de travailleurs moins spécialisés, qui ne peuvent pas venir ici comme immigrants.
Je sais que vous avez le Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires. Nous savons qu'il y a au pays des travailleurs sans papiers — d'après les chiffres, avec leur famille, cela fait entre 200 000 à 500 000 personnes. Il me semble qu'il serait plus qu'utile que ces gens puissent poser leur candidature à des postes en vertu du Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires. Les syndicats et les compagnies l'ont déjà demandé. Je sais que les constructeurs d'habitations — peu importe dans quelle région du pays — le demandent. Je pense que ce serait un excellent moyen de composer avec le problème des travailleurs sans papiers, qui n'existe, en fait, que parce que les gens sans papiers travaillent, contribuent à l'économie; ils s'intègrent. Il devrait donc y avoir un moyen de les embaucher.
Madame la ministre, j'aimerais beaucoup que vous y réfléchissiez, parce qu'il n'est tout simplement pas logique de dépenser beaucoup d'argent à renvoyer ces gens du pays, puis à essayer d'en faire venir d'autres qui risquent de ne pas faire l'affaire.
Tout cela pourrait être réglé par la régularisation. Je sais que votre ministère a un plan pour cela. Le ministre libéral antérieur travaillait sur la régularisation, et j'espère que vous envisagerez de permettre aux travailleurs sans papiers de poser leur candidature en tant que travailleurs étrangers temporaires, et de régulariser leur situation.
Ce sont donc les questions que j'ai à vous poser, et je suis impatient d'entendre vos réponses.
Tout d'abord, je tiens à remercier le comité pour tout le travail qu'il a fait sur la question des Canadiens perdus. Nous avons suivi de près vos délibérations, et nous en tenons compte dans la loi que nous allons proposer. J'espère que nous pourrons la faire passer assez rapidement. Évidemment, cela m'intéresse parce que le comité a déjà été saisi du projet de loi , et s'il passe, nous pourrons offrir cette protection encore plus tôt à ceux qui ne l'ont pas maintenant.
En ce qui concerne les pénuries de travailleurs dans tout le pays, vous avez tout à fait raison. J'en entends parler partout où je vais. Nous avons une population vieillissante, un taux de natalité en baisse, des gens qui prennent leur retraite plus tôt et d'autres qui s'attendent à la prendre encore plus tôt, et tout cela crée des pénuries de travailleurs dès le niveau du doctorat. Nous manquons de titulaires de doctorat en recherche. Nous manquons de travailleurs pour quasiment tous les types d'emploi, jusqu'au plongeur. C'est un défi que de répondre aux besoins de notre marché du travail, c'est certain. C'est pourquoi nous avons tant fait pour essayer d'accroître la portée du Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires. Nous avons travaillé avec les provinces aussi pour élargir le Programme des candidats des provinces parce que chaque région a ses besoins particuliers, et nous ne voulions pas leur imposer les critères d'un programme national.
Nous avons travaillé avec elles pour qu'elles puissent, chacune, combler ses propres besoins, et nous sommes très satisfaits de voir les progrès que bon nombre d'entre elles ont fait avec le Programme des candidats des provinces. Comme je le disais tout à l'heure, le Manitoba a été un leader dans le domaine. La Nouvelle-Écosse se lance. L'Alberta fonce à plein régime et bien sûr, nous avons ouvert de nouveaux bureaux du Programme concernant les travailleurs étrangers temporaires en Colombie-Britannique et en Alberta pour les aider à combler leurs besoins de travailleurs étrangers temporaires.
L'un des défis qu'il y a à créer une espèce de programme de reconnaissance à ces travailleurs qui sont au pays maintenant et qui sont sans papiers... il est double. Je compatis avec eux, avec toute l'incertitude qu'ils vivent. Mais l'une de mes grandes craintes, c'est certain, c'est que si nous reconnaissions ces personnes et les autorisions à rester ici dès leur arrivée, cela poserait un problème d'équité à l'égard des personnes qui attendent depuis très longtemps de venir par les voies légitimes. Ce que je crains, c'est qu'en proposant cette approche, nous risquons de provoquer un afflux d'immigrants illégaux. Ce n'est pas ce que nous voulons faire. Cela n'aiderait pas à préserver l'intégrité de notre régime d'immigration.
Je voudrais aussi signaler qu'un ministre libéral de l'Immigration avait défendu la même position que moi. J'ai un extrait de ce qu'il a dit :
... en octroyant une amnistie générale aux travailleurs étrangers sans papiers, nous donnerions l'impression de récompenser ceux qui restent au Canada sans avoir l'autorisation nécessaire.
C'est une chose dont je me soucie beaucoup, la protection de l'intégrité de notre régime d'immigration.
:
Merci, monsieur le président.
Merci beaucoup, madame la ministre, de votre exposé.
J'aimerais vous faire part de quelques statistiques: les immigrants comptent pour 70 p. 100 de la croissance de la main-d'oeuvre canadienne. Entre 2010 et 2015, ils vont compter pour 100 p. 100 de la croissance nette de la main-d'oeuvre et de la population au Canada. Inutile de dire que vous représentez peut-être un des ministères les plus puissants du gouvernement. Or, d'après ce que laissez entendre, vous avez de la difficulté à obtenir les ressources dont vous avez besoin.
Je trouve cela préoccupant. Ce qui m'inquiète, ce n'est pas seulement le contenu du budget supplémentaire des dépenses, que nous devons analyser, mais le fait que, en tant que Canadiens, alors que nous sommes aux prises avec une société vieillissante, nous devons livrer concurrence à d'autres pour recruter des travailleurs qualifiés, non seulement à l'échelle nationale, mais également internationale. La concurrence à l'échelle mondiale est de plus en plus vive, alors que des pays en voie de développement comme l'Inde et la Chine, par exemple, assistent à un élargissement de la classe moyenne.
Une tâche énorme vous attend, soit celle d'attirer des travailleurs au Canada. En plus, vous êtes confrontée — et Dieu sait comment vous devez vous sentir au sein du Cabinet — à des défis réels, alors que 800 000 demandes d'immigration attendent d'être traitées. Elles constituent un véritable obstacle à l'entrée. Ajoutons à cela les tensions qui existent entre votre ministère et la province de l'Ontario, qui se retrouve avec un manque à gagner de 100 millions de dollars.
Je ne sais pas si vous êtes même en mesure de me dire combien de titres de compétences ont été reconnus par le Bureau d'orientation relatif aux titres de compétences étrangers.
Vous vous trouvez dans une situation difficile. Je pense que votre coeur est à la bonne place, sauf que si vous vous retrouvez à la table du Cabinet et que ni le premier ministre ni le ministre des Finances ne reconnaissent l'importance de l'immigration au Canada... Vous avez dit que vous aviez besoin davantage de ressources, et je vous crois. Il en faut plus, car vous avez des défis énormes à relever.
Je me demande tout simplement comment nous pouvons faire confiance à un gouvernement qui ne reconnaît pas l'importance de l'immigration, qui refuse de consacrer à ce secteur les ressources dont il a besoin.