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Merci beaucoup, monsieur le président et membres du comité.
Bonjour. Je m'appelle Rick Clarke et suis président de la Fédération du travail de la Nouvelle-Écosse. Vous avez été dans d'autres provinces et vous connaissez donc les structures de la fédération. Nous faisons partie du Congrès du travail du Canada, l'organisation-cadre. En Nouvelle-Écosse, par l'intermédiaire de syndicats affiliés, nous représentons plus de 70 000 travailleurs.
Notre fédération a été fondée sur le principe de la justice et de la dignité pour tous. Ce principe a toujours été le fer de lance de notre lutte en faveur d'une société juste et équitable.
Notre fédération travaille à de nombreuses questions avec d'autres fédérations. Les présidents des fédérations du travail de l'ensemble du pays se réunissent régulièrement pour examiner des questions d'intérêt commun. C'est l'une de ces questions qui nous amène devant vous aujourd'hui. Nous sommes heureux d'avoir la possibilité de vous entretenir de la situation des travailleurs sans papiers et des travailleurs temporaires.
Bien que le recours aux travailleurs étrangers temporaires ne constitue pas une préoccupation aussi importante en Nouvelle-Écosse que dans d'autres provinces — en Alberta, par exemple, si l'on en juge par ce qui se passe dans la zone d'exploitation des sables bitumineux —, je peux vous assurer que c'est une préoccupation croissante dans notre province.
Comme je viens de le dire, le recours au Programme des travailleurs étrangers temporaires ou son usage abusif, ne retient peut-être pas beaucoup l'attention, mais nous croyons que cela s'explique par les efforts des employeurs et, dans une certaine mesure, ceux des deux ordres de gouvernement pour agir le plus discrètement possible. À cela s'ajoute aussi cependant le fait que le nombre, ou la masse, des travailleurs qui sont venus en Nouvelle-Écosse dans le cadre de ce programme est en général très faible par rapport aux grandes provinces.
Je tiens à assurer au comité que l'exploitation abusive de ce programme et de ces travailleurs nous préoccupe gravement et soulève de plus en plus de problèmes au sein de notre fédération, problèmes qui, d'ailleurs attirent de plus en plus l'attention du public.
Nous savons que vous avez reçu un certain nombre de mémoires d'organisations du travail, notamment des fédérations de tout le pays; je vais donc m'efforcer de ne pas trop répéter ce que vous avez entendu dire ailleurs au sujet du programme général. Nous savons aussi que vous allez très bientôt entendre un exposé du Congrès du travail du Canada. C'est notre organisme mère, et nous tenons à déclarer que nous appuyons sans réserve sa position au sujet de cette très importante question qui touche aux droits sociaux et aux droits de la personne au Canada.
Le travail de Fédération du travail de la Nouvelle-Écosse et le rapport sur les six premiers mois de son projet de défense des travailleurs étrangers temporaires en disent long sur ce qui arrive en nombreux endroits aux travailleurs visés par ce projet. J'avais l'intention d'apporter des copies de ce rapport, mais je savais que le comité avait déjà le document en sa possession.
À cause de ce rapport et de certaines des histoires que nous avons entendues, nous croyons qu'il est tout à fait raisonnable de penser que le programme ne devrait pas être élargi mais qu'on devrait au contraire y mettre un terme en faveur d'une véritable stratégie d'immigration répondant aux besoins du milieu de travail ainsi qu'aux espoirs et aux rêves des travailleurs et de leurs familles.
Nous savons aussi que l'on continue à discuter de l'existence d'une pénurie, réelle ou imaginaire, de travailleurs qualifiés et qu'on se demande si ce programme a en fait été instauré pour permettre aux employeurs d'avoir aisément accès à des travailleurs en les payant le moins possible et en leur offrant des avantages sociaux minimaux au lieu de les attirer en leur offrant des salaires et des avantages sociaux compétitifs.
Il est fort possible qu'au départ, le programme ait été conçu pour répondre aux pénuries de travailleurs qualifiés, étant donné qu'il visait les travailleurs très qualifiés tels que les professionnels: ingénieurs, comptables, professeurs d'enseignement supérieur et techniciens spécialisés. En règle générale, cette catégorie de travailleurs que nous attirions était mieux armée pour se défendre sur le marché du travail.
Cependant, la situation a empiré à bien des égards. Depuis la présentation du document du gouvernement « professions soumises à des pressions », aujourd'hui tristement célèbre, nous avons maintenant des dizaines et des dizaines de professions sur la liste: depuis l'industrie de l'accueil, pour les travailleurs de l'hôtellerie et de la restauration, jusqu'à l'industrie de l'agriculture, en passant par l'industrie manufacturière. En fait, nous venons d'apprendre que l'hôtel où nous nous trouvons utilisait ce programme pour les travailleurs du secteur de l'entretien ménager. Dans les programmes antérieurs qui permettaient de faire venir les travailleurs étrangers temporaires, ce type de profession n'aurait jamais été approuvé. Nous aurions été obligés d'aller chercher des travailleurs sur le plan local, provincial ou national pour combler ces postes.
Auparavant, les employeurs ne pouvaient utiliser le Programme des travailleurs étrangers temporaires que pour une gamme étroite de travailleurs. Ce n'est qu'après avoir prouvé qu'ils avaient fait tout leur possible pour trouver des travailleurs résidant déjà au Canada afin de combler des postes, qu'on les autorisait à utiliser ce programme.
Bien qu'il y ait quelques exemples d'utilisation du Programme des travailleurs étrangers temporaires en Nouvelle-Écosse pour les travailleurs qualifiés et pour les travailleurs assez spécialisés, la majorité des travailleurs que l'on fait venir maintenant dans le cadre de ce programme appartiennent aux catégories des travailleurs semi-spécialisés ou peu spécialisés.
L'emploi de travailleurs étrangers temporaires n'est pas nouveau pour la Nouvelle-Écosse ni pour moi. Avant de devenir président de la fédération, j'ai travaillé avec l'industrie de la construction navale et au sein de celle-ci. À l'époque, notre employeur était autorisé à chercher des travailleurs outre-mer pour répondre à la pénurie de main-d'oeuvre dans l'industrie de la construction navale et dans celle de la réparation des navires, mais seulement après avoir fait des offres d'emploi et essayé d'embaucher du personnel d'un bout à l'autre du pays.
Ces travailleurs étaient totalement intégrés aux milieux de travail et aux collectivités où ils se trouvaient. Ils contribuaient à notre économie locale. Beaucoup d'entre eux sont devenus canadiens et ont fait venir leurs familles. Aujourd'hui, certains font partie des employés qui ont le plus d'ancienneté sur les chantiers maritimes, alors que d'autres ont trouvé un emploi chez d'autres employeurs. D'autres encore jouissent maintenant de leur retraite au Canada où ils voient grandir leurs petits-enfants.
Contrairement au Programme des travailleurs étrangers temporaires actuel, c'était un programme et une stratégie d'immigration qui marchaient bien. Ce programme était adapté aux besoins à court terme et à la planification à long terme des employeurs; il fournissait des emplois et des possibilités d'avenir à ces travailleurs; et avec tout cela, il paraissait beaucoup moins compliqué de devenir Canadien que ce n'est le cas avec le Programme des travailleurs étrangers temporaires actuel.
D'autre part, grâce à l'« improvership program », sorte de programme de compagnonnage... Je dois vous expliquer ce dont il s'agit, car c'est un programme propre à notre industrie. Nous l'avons lancé à cause de la pénurie de main-d'oeuvre. Nous avions beaucoup de jeunes travailleurs et de travailleurs qui entraient sur le marché du travail et qui avaient des compétences de base, mais à cause des restrictions relatives au niveau d'instruction ou à l'âge, il ne nous était pas possible de les faire entrer dans un programme d'apprentissage. Avec l'aide du gouvernement fédéral, le syndicat et l'employeur sur les chantiers maritimes ont élaboré un programme de formation interne. Nous leur enseignons les compétences de base, et des techniques telles que la lecture de plans, la soudure, le décapage, et autres activités du même genre.
Nous avons encadré ces nouveaux travailleurs comme s'il s'agissait de « compagnons ». Comme nous ne pouvions pas les appeler des apprentis, c'était à l'époque un programme de perfectionnement destiné à des compagnons. Ils touchaient des augmentations de salaire, probablement tous les neuf mois. Ils devaient réussir une formation et satisfaire à des critères de travail; ils travaillaient beaucoup avec certains de nos nouveaux canadiens ou travailleurs nouvellement arrivés. Donc, les compétences que nous avions apportées grâce au programme précédent étaient transmises à ces nouveaux travailleurs. Beaucoup d'entre eux ont obtenu le statut de compagnon dans notre industrie. Beaucoup d'entre eux sont ensuite allés travailler sur les chantiers maritimes du gouvernement fédéral, parce que les compétences qu'ils avaient acquises sont transférables à d'autres industries.
Le programme de l'époque était très utile car il permettait de répondre aux pénuries de main-d'oeuvre, mais il facilitait aussi la planification à long terme et la transmission de compétences à d'autres travailleurs.
Le programme actuel n'est pas un programme d'immigration. Il n'est pas équitable à l'égard des travailleurs que l'on fait venir; il n'est pas équitable, en ce qui concerne notre économie; il ne l'est pas non plus pour ceux qui sont laissés de côté parce que l'accès à ce programme par les employeurs est beaucoup trop ouvert. Il leur épargne la responsabilité de planifier et de former pour l'avenir. Il compromet les efforts déployés pour établir une formation, offrir des possibilités d'instruction, et des programmes à l'intention des travailleurs déplacés et des jeunes à risque, entre autres groupes.
En outre, sous sa forme actuelle, le programme marginalise les travailleurs temporaires et crée une main-d'oeuvre au statut précaire, ne jouissant pas des pleins droits des autres travailleurs du pays, ce qui les expose à être exploités par leurs employeurs.
Ce que les changements au Programme des travailleurs étrangers temporaires ont eu de plus frustrant, c'est qu'ils ont été apportés sans consultation du public. Aucun parti n'a jamais promis dans son programme électoral de faciliter l'accès à des travailleurs étrangers exploités et mal rémunérés. Il n'y a jamais eu de débat au Parlement. Il semble en fait que ce sont les entreprises privées qui ont demandé qu'on apporte des changements à ce programme, ce qui a été fait.
Si je parais un peu amer, c'est parce qu'il y a eu une épidémie de fermetures d'usine de fabrication dans cette province, comme dans toutes les autres provinces du pays.
On a presque l'impression que le programme est conçu pour les employeurs qui ne peuvent pas bénéficier des accords commerciaux qui leur permettraient de s'installer de l'autre côté de la frontière et de renvoyer ensuite ici leurs produits, car il permet à ces employeurs de faire venir des travailleurs faiblement rémunérés et de fournir directement leurs produits au Canada. Cela revient presque à utiliser une version des accords de libre-échange, et de venir saper notre économie interne.
En ce qui concerne les modifications concernant l'immigration dans le projet de loi , le projet de loi d'exécution du budget, nous — et d'autres vous ont dit la même chose — nous inquiétons beaucoup de voir que le projet de loi C-50 contient les changements proposés à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés. Inclure des changements majeurs à la Loi sur l'immigration dans un projet de loi financier tel que le projet de loi C-50, est une façon détournée de modifier le système d'immigration du Canada sans consulter les organismes appropriés, notamment votre comité, le Comité permanent de la citoyenneté et de l'immigration de la Chambre des communes.
Certains nouveaux objectifs de la Loi sur l'immigration contenus dans le projet de loi C-50 sont très préoccupants: de nouveaux pouvoirs très importants seraient attribués au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, lui permettant de contrôler le type de demande qu'il accepte. Il impose des contingents et limite les demandes d'immigration; il fixe des limites à la catégorie des cas d'ordre humanitaire...
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Merci, monsieur le président.
J'ai à peu près dit tout ce que j'avais à dire au sujet du projet de loi , mais je tiens à faire observer que jusqu'à présent, les besoins du marché du travail, comme le montre la liste des professions soumises à des pressions, sont fixés sans la participation des organisations syndicales. Le mouvement ouvrier et nos syndicats sont bien placés pour fournir des informations sur les secteurs du marché du travail où il existe des pénuries et pour présenter des recommandations sur la manière de les combler sans créer de groupes importants de travailleurs qui se retrouvent dans une situation précaire et sont exposés à des abus.
Les changements proposés en vertu du projet de loi ont une telle importance qu'ils ne devraient pas être noyés dans le budget et devraient, au contraire, en être dégagés, de manière à faire l'objet d'un débat public complet, car ils facilitent l'accès au Canada ou donnent plus de latitude à l'exploitation du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
Nous avons des recommandations à faire. Nous croyons que le Programme des travailleurs étrangers temporaires devrait être gelé et que l'on devrait revenir à ses objectifs et à son fonctionnement antérieurs à 2002 en attendant la tenue d'un véritable débat. Tous les ordres de gouvernement devraient imposer des restrictions aux employeurs de manière à ce que les travailleurs étrangers temporaires ne soient utilisés qu'en dernier ressort là où il existe une véritable pénurie de main-d'oeuvre. Lorsque ces programmes sont utilisés, ces travailleurs devraient jouir des mêmes droits que tout travailleur canadien; en particulier, ils devraient avoir droit à des salaires équitables et à des milieux de travail sûrs, ils devraient aussi avoir le droit de se syndiquer, de demeurer au Canada et de faire une demande de citoyenneté, que l'employeur qui les a fait venir le veuille ou non. En outre, tous le travailleurs employés au Canada devraient jouir des mêmes droits que les immigrants permanents.
Il faudrait que les syndicats soient consultés et qu'on leur donne la possibilité de participer pleinement à la détermination des besoins du marché du travail, ainsi qu'à la recherche de solutions aux pénuries de main-d'oeuvre. Les employeurs ne devraient pas pouvoir choisir le pays d'origine d'où ils ont l'intention de faire venir des travailleurs dans le cadre du Programme des travailleurs étrangers temporaires ou de tout autre programme d'emploi. Les employeurs ne devraient pas pouvoir pratiquer la discrimination en fonction du pays d'origine ou de la nationalité lorsqu'ils recrutent un travailleur.
En vertu de notre loi sur les droits de la personne, si les employeurs essayaient de choisir ou de rejeter des travailleurs appartenant à une nationalité particulière à l'intérieur du Canada, ils enfreindraient la Loi canadienne sur les droits de la personne, et ne devraient pas être autorisés à le faire en vertu de ce programme.
Nous croyons que nous devrions instaurer un programme complet et inclusif de régularisation afin de donner la possibilité de devenir des résidents permanents à tous les travailleurs munis d'un visa temporaire ainsi qu'aux personnes sans statut, vivant au Canada. Sans un tel programme, les personnes sans statut et les travailleurs étrangers temporaires sont exposés aux abus et à l'exploitation. Les personnes qui entrent au Canada avec un visa de travailleur étranger temporaire ou qui le font dans le cadre d'un autre programme devraient avoir la possibilité de faire une demande de statut permanent en matière d'immigration, dès leur entrée dans le pays.
Il conviendrait d'utiliser des politiques qui permettraient de s'assurer que les très nombreux travailleurs déplacés du secteur manufacturier et de celui des ressources naturelles soient recyclés et redéployés dans les secteurs où le transfert de compétences et leur utilisation sont viables. En outre, il faudrait mettre en oeuvre des programmes de formation professionnelle complets pour recycler ces travailleurs, ainsi que les travailleurs d'autres secteurs démographiques, notamment l'importante main-d'oeuvre autochtone, les immigrants récents, les personnes handicapées, les femmes et les jeunes qui sont sous-utilisés dans le marché du travail.
Le gouvernement fédéral devrait financer un bureau indépendant de défense des travailleurs étrangers temporaires dans chaque province afin d'évaluer les plaintes de ces travailleurs étrangers relatives au travail et à l'immigration. Les services offerts par de tels organismes devraient être gratuits pour les travailleurs étrangers temporaires, et les bureaux devraient être établis avec la collaboration des syndicats. Débarrassez le projet de loi de tous les changements à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés qu'il contient afin de permettre un débat distinct sur les changements proposés.
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Monsieur Clarke, je suis tout à fait d'accord avec vous. Très franchement, je trouve que l'augmentation du nombre des travailleurs étrangers temporaires est très préoccupante. Lorsque je me promène dans le quartier où j'habite... 95 p. 100 de ceux qui sont arrivés comme immigrants ne seraient jamais acceptés aujourd'hui, et cela inclut des personnes comme Frank Stronach, de Magna International; Frank Hasenfratz, de Linamar; et chez moi, des gens comme Mike Lazaridis, celui qui a inventé Research in Motion et le BlackBerry. C'est extrêmement ennuyeux.
J'ai remarqué qu'en Alberta, Tim Hortons a engagé 100 diplômés universitaires venus des Philippines pour les faire travailler pendant un an dans ses restaurants. Quelle stupidité! Une fois l'année écoulée, ces gens-là ne vont pas rester chez Tim Hortons. Ils s'en iront. Il me semble que si vous voulez embaucher des personnes qui resteront plus longtemps chez Tim Hortons, il y a au moins deux façons de le faire. La première consiste à s'assurer qu'il n'y a pas d'exode des compétences, parce que c'est bien de cela qu'il s'agit. La seconde est d'accroître les avantages sociaux offerts ici aux employés.
Je suis vraiment heureux que le mouvement ouvrier suive cette situation avec attention, car c'est un débat qu'il va falloir tenir dans tout le pays. Quel genre de nation voulons-nous édifier? Quelle image projetons-nous, nous canadiens, lorsque nous exploitons les gens que nous avons fait venir ici? Cela rappelle tant le passé, lorsque les Chinois sont venus construire le chemin de fer, et que lorsqu'il a été terminé, le Canada a essayé de se débarrasser d'eux. Tout d'un coup, ils étaient devenus inutiles. Nous leur avons dit : « Vous avez fait votre part pour édifier notre nation, mais maintenant, c'est fini, rentrez chez vous. » C'est un peu le même genre de raisonnement. Je préférerais de beaucoup édifier une nation, et pour le faire, il faut avoir recours à l'immigration.
Nous aurons toujours besoin de personnes qui occupent peut-être les échelons inférieurs de la population active. Nous ne pouvons pas importer des manoeuvres dans ce pays parce que nous ne pouvons pas avoir une société qui finirait par ressembler à ce qui se passe en Allemagne, où il y a eu beaucoup de travailleurs invités et où cela a créé des problèmes.
Je suis totalement d'accord avec vous lorsque vous dites qu'il faut revenir en arrière et commencer à enseigner les métiers dans les écoles, car il faut bien reconnaître que beaucoup de gens de métier réussissent beaucoup mieux que les personnes qui ont des diplômes universitaires.
[Note de la rédaction: Difficultés techniques]... De ces 428 000, 251 000 seulement étaient des immigrants ayant obtenu le droit d'établissement; ces chiffres font peur. Ils considèrent que c'est quelque chose de bon, quelque chose de positif; qu'ils s'en sortent bien. À mon avis, au contraire, cela ne va pas du tout. Ce qu'ils devraient faire, c'est accorder le droit d'établissement à ces gens-là; tous les problèmes liés aux abus disparaîtront alors parce que vous aurez tout d'un coup des personnes qui ont des droits et qui ne sont pas vulnérables à l'exploitation.
J'espère donc vraiment que les syndicats vont défendre cette cause parce que nous ne voulons pas revenir en arrière, à l'époque où nous faisions venir des travailleurs pour les exploiter. Il faut s'assurer que nous édifions une nation et que nous ne créons pas une main-d'oeuvre mal rémunérée qui peut être exploitée puis expulsée du pays lorsque l'on juge qu'elle est devenue inutile.
Je vous remercie.
Merci, monsieur le président.
Andrew a exprimé exactement ce que je pense. Je suis ravie d'entendre ce que vous aviez à dire ce matin et ma première question, avant que j'oublie, est la suivante. Vous n'avez sans doute pas déposé de rapport ou au moins le texte d'un discours, parce que votre document était dans une seule langue. Je vous serais vraiment reconnaissant de remettre au greffier une copie du texte que vous avez lu, pour que nous puissions le faire traduire et le distribuer, car je suis d'accord avec pratiquement tout ce que vous avez dit, mais certaines de vos observations contenaient beaucoup de détails. Et je crois qu'il est très important de prendre note de toutes vos recommandations.
Je peux vous dire que ce comité a déjà bien pris note d'une de vos recommandations concernant l'accueil des travailleurs temporaires; nous en avons d'ailleurs discuté plus tôt cette semaine. D'après ce que je comprends, mes collègues et moi serions certainement d'accord pour la soumettre au gouvernement.
Nous avons entendu un témoin de Québec il y a quelques jours. Je ne me souviens plus exactement du jour. Si nous sommes mercredi, devrions-nous être à Halifax ou à St. John's? Je ne sais plus. Nous avons en tout cas entendu un témoin à Québec qui a comparé la situation des travailleurs temporaires avec ce qu'elle appelait un état de « servitude ». Je crois que le mot est plus français qu'anglais. C'était un mot qui choquait, mais il a fait prendre conscience à certains d'entre nous de ce qui peut arriver. Je ne dis pas du tout que c'est ce qui arrive partout, car beaucoup d'employeurs s'inquiètent beaucoup de la situation et prennent soin de leurs travailleurs, etc.
Voici ce qu'il faut considérer: l'approche systémique et non l'approche individuelle. C'est le système lui-même qui permet aux situations dont vous avez parlé de se produire, et c'est cela qu'il faut étudier. Il faut que nous cherchions un moyen de changer le système au lieu de nous contenter de dire à quelqu'un: « Ça ne marche pas du tout pour vous », et à un autre: « Cela marche bien pour vous ».
Ce qui m'inquiète aussi dans le système c'est que... Ce sont les deux minutes qui me préoccupent.
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Il y a un autre aspect à la question: qu'arrive-t-il à ces gens-là. Qui sont ces personnes qui viennent d'autres pays? Certaines, comme vous venez de le dire, sont peu ou moyennement qualifiées. Mais cela nous le savons. Elles ne le sont pas toutes. C'est un moyen pour certains de disparaître dans l'économie clandestine car le système le permet et ne fait rien pour l'en empêcher. Et comme nous l'ont dit les témoins entendus ici hier après-midi à Fredericton, une fois que c'est arrivé, nous ne pouvons plus rien faire. Le système permet cette situation, en ce sens qu'il n'avait pas tenu compte de cet aspect des choses.
Ce qui me préoccupe aussi, c'est que certains de ces travailleurs ne sont pas nécessairement des travailleurs peu qualifiés. Ce sont en fait des travailleurs hautement qualifiés pour qui c'est cependant le seul moyen d'entrer au Canada. Ils arrivent donc ici et remplissent leur contrat, mais pas toujours. Ils travaillent pendant un certain temps, puis au lieu de retourner chez eux, ils revendiquent le statut de réfugié. Une fois engagés dans cette filière, ils sont autorisés à travailler, etc. Voilà donc un autre élément du système qui laisse à désirer.
D'un autre côté, c'est cependant une fuite des cerveaux pour les pays dont viennent ces personnes. C'est un exode des cerveaux pour les pays qui perdent les personnes qu'ils ont formées, parfois à grands frais, et qui sont presque irremplaçables chez eux. Je pense en particulier à certains pays d'Afrique et d'Amérique du Sud.
Donc, bien que je ne pense pas comme mes collègues que notre système soit pourri jusqu'à la moelle et qu'il devrait être totalement remanié — je pense que c'est un bon système; il s'efforce d'être un bon système —, je crois qu'il comporte d'énormes lacunes ici et là. Et vous avez fait ressortir certaines des lacunes flagrantes que nous devrons examiner.
Je vous remercie donc vivement de l'avoir dit.
Ma dernière remarque, monsieur le président, concerne le fait que, dans les provinces de l'Atlantique — j'ai autrefois été secrétaire parlementaire du ministre des Ressources humaines et je me suis occupée de questions d'assurance-emploi —, l'emploi est un réel problème. Je ne parviens pas à concilier ceci: si l'emploi est vraiment un problème — essayer de trouver des gens qui travailleront pendant les mois d'hiver, par exemple —, pourquoi les entreprises des provinces de l'Atlantique vont-elles chercher des gens un peu partout pour les faire venir ici? Je crois que cela fait aussi partie de votre argument, et je reconnais volontiers que cela mérite d'être examiné.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je vous remercie d'être présents aujourd'hui. On a beaucoup voyagé au Canada. On a parlé de beaucoup de choses, et ce, dans une perspective assez large. Hier encore, j'ai eu l'occasion de discuter un peu avec les gens du Nouveau-Brunswick de la façon qu'ils intègrent leurs immigrants francophones. J'ai eu la chance de parler avec les gens de l'Institut Fraser du déséquilibre économique au Canada. J'ai eu la chance de parler de la politique d'acceptation des réfugiés en général et de la politique d'immigration en général. Le seul sujet qui soit tabou à ce comité, c'est le projet de loi . Cela dépasse l'entendement. C'est probablement parce que le gouvernement veut attendre de faire sa publicité pour faire de la propagande et endoctriner la population avant que les parlementaires aient le temps d'en parler. Il est paradoxal que le gouvernement trouve inapproprié de parler du projet de loi C-50 dans le cadre de la politique d'immigration, mais qu'il trouve tout à fait normal et convenable d'en parler dans le cadre de la politique budgétaire. C'est pour le moins ironique.
J'ai été vraiment chanceux de pouvoir dire tout cela sans que M. Komarnicki ne fasse un recours au Règlement.
Cela dit, je reviens à l'objet de votre présentation d'aujourd'hui. Vous avez parlé de la protection des travailleurs. Ce sujet revient de façon récurrente depuis le début de nos consultations, tout comme la question du visa fermé pour les travailleurs temporaires, notamment. Un travailleur est assigné à un seul employeur, ce qui donne un avantage démesuré à cet employeur. Si le lien d'emploi est brisé, le travailleur doit, à toutes fins pratiques, retourner dans son pays.
Il apparaît de plus en plus évident qu'il faudra changer cela et que, dans notre rapport, on devra recommander un visa ouvert, mais restreint à un domaine d'emploi particulier et à une province spécifique. Il faut donner au travailleur le choix de changer d'entreprise en cours de route, comme n'importe quel autre travailleur.
Cela dit, les employeurs nous ont signalé que, lorsqu'ils font venir des travailleurs étrangers, ils ont un certain nombre de frais. Il doivent payer une firme de recrutement, des billets d'avion, etc. Il m'apparaît aussi évident que si on permet à un travailleur temporaire de changer d'emploi en cours de route, il faut obliger le nouvel employeur à dédommager le premier employeur pour les frais qu'il a encourus.
Pensez-vous que ce serait un bon compromis, une bonne solution, qui aiderait les travailleurs tout en respectant les employeurs? Ma question s'adresse aux deux témoins.
Pendant que nous sommes ici à parler avec vous, le ministre et les membres du personnel de CIC voyagent; ils sont allés à Ottawa, à Vancouver et à Toronto où ils ont présenté des exposés sur les travailleurs étrangers temporaires. J'ai là ces documents, et je voudrais vous lire deux paragraphes d'un des documents qui traitent du Programme des travailleurs étrangers temporaires.
L'un d'entre eux, le document d'information, dit ceci :
Des améliorations ont été apportées au programme concernant les travailleurs étrangers temporaires afin de simplifier et d’accélérer le processus d’embauche des travailleurs étrangers temporaires, et d’en réduire les coûts pour les employeurs qui ne peuvent trouver des Canadiens pour pourvoir les postes vacants.
Le budget 2007 prévoyait 50,5 millions de dollars sur deux ans pour augmenter les ressources consacrées au traitement [de ces travailleurs].
Il y a aussi une présentation en PowerPoint qui fait état d'une demande croissante de travailleurs temporaires pour lesquels on est passé de 100 000 permis de travail en 2005 à 130 000 en 2007.
Cela représente 30 000 de plus, soit une augmentation de 30 p. 100. Cette modification à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés est destinée à répondre à cette situation, aux pressions actuelles, et à moderniser le système d'immigration.
Il était également indiqué que cela donnerait plus de latitude à CIC en ce qui concerne le type et le nombre de demandes à traiter. Ce qu'on entend dire, c'est qu'il sera plus facile d'importer un plus grand nombre de travailleurs temporaires au Canada.
Je crois que tout cela revient à dire que le projet de loi apporte des modifications à la loi fédérale, comme vous l'avez mentionné. En 2007, il s'agit donc de 130 000 permis de travail. Ce chiffre va augmenter considérablement, et vous allez voir un financement plus important des ressources, plus d'efforts de la part du personnel, et beaucoup plus de facilité pour faire venir beaucoup plus de travailleurs étrangers temporaires au Canada. C'est ainsi que j'interprète le document qui a été présenté au Parlement.
Dans votre recommandation, vous dites que nous devrions revenir au niveau de 2002 — cesser de le laisser croître, y mettre de l'ordre et ne pas utiliser les gens comme main-d'oeuvre à bon marché. Cela dit, comment pensez-vous que les syndicats ou les travailleurs ordinaires vont réagir à cette modification de la loi, puisqu'au lieu de geler le programme, nous allons apparemment lui donner beaucoup plus d'ampleur?
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À mon avis, c'est faire un grand pas en arrière, et c'est une des raisons de nos inquiétudes. Dans l'industrie dont je viens, nous appelons ce dont parle le ministre « graisser la rampe pour lancer un bateau », c'est pour que les choses avancent beaucoup plus vite. Cependant, nos problèmes ne seront pas réglés en allant plus vite dans la même direction. Cela compromet considérablement l'avenir de notre économie.
Je n'ai pas pu m'empêcher de penser — j'oublie son nom, je vous prie de m'en excuser — que quelqu'un a parlé du genre de Canada que nous voulons et de notre avenir; nous tous ici, sommes des descendants de travailleurs temporaires ou étrangers venus dans ce pays.
Quel genre de pays aurions-nous aujourd'hui si nous avions pu...? Cela m'est venu à l'esprit ce matin, pour une raison quelconque. J'ai essayé d'imaginer ce à quoi le Canada ressemblerait aujourd'hui si les moyens de transporter nos ancêtres ici avaient existé et si, une fois terminé le travail pour lequel on les avait fait venir, on les avait renvoyés. Quel genre de pays aurions-nous aujourd'hui? J'ai peur que ce soit un point qui nous échappe.
Lorsque j'ai parlé des chantiers maritimes, il s'agissait d'une grande stratégie. Beaucoup de ces travailleurs étaient venus à titre temporaire. Ils étaient venus avec des visas de travail, mais ils avaient la possibilité de faire une demande d'immigrant reçu, de devenir canadiens et de faire venir leurs familles. Ils viennent maintenant grossir nos rangs. Ils sont restés ici. C'est de cela que nous avons besoin.
Nous avons eu un groupe qui s'est réuni ici. Notre gouvernement provincial essaie de mettre en route une bonne stratégie d'immigration, car nous sommes en mauvaise posture sur le plan démographique — en partie, cela dit en passant, à cause des sables bitumineux, l'exode est un énorme problème pour nous — et il faut que nous trouvions une solution. Cela fait frémir de penser qu'on va compromettre les chances offertes aux travailleurs déplacés, aux travailleurs actuels ou même aux personnes qui veulent devenir des Canadiens, et qu'on veuille accélérer le processus.
J'espère que tout cela va donner lieu à un débat public. Je ne tiens pas du tout à retourner le fer dans la plaie, mais c'est un fait que des restrictions sont imposées sur la discussion d'un document législatif qui va causer tant de malheurs. C'est la raison pour laquelle nous traversons une crise aujourd'hui. Nous n'avons pas eu de débat sur les grands accords commerciaux depuis 1989, et nous avons perdu des emplois. Nous ne pouvons pas demeurer passifs et ne pas avoir de débat sur quelque chose d'aussi important pour l'avenir de notre pays.
Bonjour. Bienvenue au Prince George Hotel. Puisque je représente cet hôtel, je tiens en effet à vous y souhaiter la bienvenue. J'espère que vous avez eu l'occasion d'apprécier l'excellence de notre établissement et de notre service.
Nous sommes très fiers des personnes qui travaillent chez nous, ce qui m'amène à vous parler des travailleurs étrangers temporaires et de notre expérience du recrutement de ces travailleurs, des raisons pour lesquelles nous le faisons, des causes du succès de cette expérience et de ce que l'avenir semble nous réserver.
Premièrement, pourquoi l'avons-nous fait? Nous l'avons fait pour combler notre poste de préposé aux chambres, dans lequel le candidat doit nettoyer les salles de bain, polir les baignoires et faire impeccablement les lits — dans les chambres où beaucoup d'entre vous ont actuellement le plaisir de coucher.
Nous avons des difficultés à trouver du personnel pour occuper ce poste de première ligne. Le marché du travail a changé, et nous recrutons activement sur le marché local et même dans toute la province, mais malgré tout, nous ne réussissons pas à combler ce genre de postes. Cinquante pour cent de nos employés travaillent au service d'entretien ménager et lorsque nous établissons des partenariats avec des organisations telles que les compucollèges, les collèges communautaires — les candidats nous disent, « nous n'allons pas à l'école pour aller ensuite nettoyer les chambres d'hôtel. Ce n'est pas ce que nous faisons » Il y a tant d'autres débouchés, avec les télécentres, les nouveaux hôtels qui vont s'ouvrir et le centre commercial, que les candidats choisissent les postes qu'on leur offre là plutôt que de venir ici prendre une vadrouille et nettoyer les planchers. Nous nous débattons donc avec ce problème, car l'entretien est la base de nos activités. Nous avons besoin de professionnels pour le faire.
Lorsque, à la conférence de l'Association des hôtels du Canada, notre directeur général a entendu Carolina Caldero parler de la possibilité de répondre à ce besoin en utilisant le Programme des travailleurs étrangers temporaires, nous avons pensé « Essayons donc, voyons ce qui va se passer ».
Nous avons été très impressionnés et cela a très bien marché. Nous l'avons appelée directement; nous avons établi des rapports. Elle nous a mis en contact avec le Salvador. Madame Caldero travaille à l'ambassade du Salvador à Ottawa. Nous avons donc pris contact avec un coordinateur de son ministère du travail qui nous a fourni 12 candidats que nous avons interviewés par l'intermédiaire de Skype. Nous en avons embauché quatre. Le processus s'est déroulé au Salvador et comme l'un des candidats ne réunissait pas les qualifications suffisantes, nous nous sommes retrouvés avec trois. .
Pendant le déroulement de ce processus de six mois, nous avons expliqué à nos employés ici pourquoi nous faisions cela et ce que cela signifiait pour eux. Ils étaient soulagés. Ils ont dit, « Parfait! Vous voulez dire que nous allons avoir un été pendant lequel nous ne serons pas obligés de faire des chambres supplémentaires. Ces employés ne vont pas rester simplement deux ou trois semaines; nous allons avoir quelqu'un qui va rester ici pendant deux ans; je vais avoir mes deux jours de congé; et je vais avoir mes vacances? » Ils étaient ravis. Notre culture a une certaine diversité ici et nous leur avons donc expliqué ce qu'était la culture du Salvador et ce que cela allait signifier pour eux.
Nous avons commencé à planifier. Comment les choses se présentent-elle pour de nouveaux venus au Prince George Hôtel? Nous sommes allés les accueillir à l'aéroport. Nous leur avons trouvé des logements. Nous avons pris le temps nécessaire pour nous assurer qu'ils étaient bien adaptés à la culture de la Nouvelle-Écosse. Nous les avons inscrits dans des cours d'anglais. Nous les avons accompagnés pour qu'ils obtiennent leur carte d'assurance-médicale, leur numéro d'assurance sociale, et qu'ils ouvrent des comptes bancaires. Sachant qu'ils étaient ici pour gagner de l'argent et qu'ils voulaient en envoyer chez eux, comment fallait-il procéder et comment les aider à le faire? C'était en quelque sorte la personne tout entière que nous embauchions et pas simplement quelqu'un qui venait travailler ici. C'était important. Cela compte beaucoup pour notre entreprise, parce que lorsque nos employés sont heureux, nos clients obtiennent un service de qualité.
Nous sommes sur le point de fêter les six mois de séjour d'Oscar, Esmerelda, et Grisilda au Prince George Hotel. Nous avons demandé à embaucher d'autres candidats du Salvador pour ce genre de postes et nous continuerons à le faire. Si nous ne pouvons pas combler ces postes grâce aux candidats sur le marché local, nous continuerons à embaucher des travailleurs étrangers temporaires.
Pour notre industrie, deux ans, cela commence à être long. Les candidats ne restent plus pendant des années. Ils ne restent pas pendant 22 ans, comme je l'ai fait. Ils restent deux mois, six mois. Ils gagnent suffisamment d'argent et ils veulent voyager. Si nous voulons donc continuer à être une entreprise viable, nous avons besoin d'une certaine stabilité dans des postes de première ligne que nous ne pouvons pas combler grâce aux ressources du marché local.
La transition s'est faite sans heurt, et j'espère que cela continuera. Si ces employés décident de rester, je me demande avec une certaine inquiétude, ce qu'ils vont penser de ce processus lorsque nous utiliserons les programmes des candidats. Ont-ils le niveau d'instruction approprié, sont-ils qualifiés ou non, pas de coclassifications? Où trouver tout cela? Quand je cherche le poste de préposé aux chambres, je le trouve dans la catégorie des emplois non spécialisés. Ce sont de bons travailleurs. Si nous ne pouvons pas combler les postes et s'ils veulent rester — et que nous voulions les garder — quel sera le processus? Pourront-ils rester? Ne le pourront-ils pas? C'est de cela que je commence à m'inquiéter. Que nous réserve l'avenir?
Je crois que ces gens-là nous apportent quelque chose de valable. Leur contribution est précieuse, et nous avons eu beaucoup de succès en établissant des partenariats et en procédant pas à pas — et j'espère que cela continuera.
Je vous remercie
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Je vous prie de bien vouloir m'excuser, mais ma voix me joue des tours, elle fluctue. Je vous prie d'être patients.
Je suis ici ce matin pour représenter le Nova Scotia Tourism Human Resource Council et la Tourism Industry Association of Nova Scotia. J'aimerais prendre une minute pour vous en dire davantage au sujet de ces organisations afin que vous compreniez la suite des choses.
Le Nova Scotia Tourism Human Resource Council est un conseil sectoriel pour la Nouvelle-Écosse et l'un des membres fondateurs du Conseil canadien des ressources humaines en tourisme, dont les bureaux sont situés à Ottawa. Le Conseil fait la promotion du perfectionnement professionnel dans le secteur du tourisme de la Nouvelle-Écosse et son mandat est de développer une main-d'oeuvre compétente et professionnelle dans le secteur touristique de la Nouvelle-Écosse.
Le TIANS est un organisme de défense des intérêts provinciaux pour les entreprises touristiques de la Nouvelle-Écosse et il représente quelque 1 200 exploitants d'entreprises touristiques.
Une des raisons de ma présence ici ce matin est que notre secteur cherche à mieux comprendre le marché des travailleurs étrangers temporaires et à y accéder. Le Conference Board du Canada prévoit que les ventes de services et de biens touristiques atteindront 220 milliards de dollars d'ici 2025. Nous prévoyons qu'à ce moment la pénurie de main-d'oeuvre atteindra quelque 348 000 emplois à plein temps. La pénurie par province devrait être plus marquée du côté du Canada atlantique.
Les exploitants de Nouvelle-Écosse ont été lents à réagir puisque les importantes pénuries actuelles ont été signalées principalement dans les provinces de l'Ouest et en Ontario. Toutefois, nous avons constaté ces deux dernières années que la pénurie de main-d'oeuvre commençait à affecter la capacité de notre secteur de recruter des travailleurs et de les maintenir en emploi. Historiquement, les travailleurs étrangers temporaires n'ont pas été un élément clé du marché de travail de nos secteurs, pour deux raisons principales. Premièrement, la majorité de nos exploitants d'entreprises touristiques ne savent pas comment accéder aux travailleurs étrangers temporaires. Deuxièmement, le processus est perçu comme étant lourd.
L'évolution démographique fait en sorte qu'il y a moins de jeunes travailleurs, ce qui nous pousse à modifier en conséquence nos méthodes de recrutement. Pour la première fois, nous envisageons de recruter des travailleurs étrangers temporaires. Grâce aux résultats positifs obtenus par le Prince George Hotel dont Carol vous a fait part, d'autres hôtels de Halifax envisagent également cette option.
Plusieurs d'entre nous sommes conscients de l'apparition ailleurs au Canada d'agences de recrutement à l'étranger. Bien que plusieurs de ces entreprises s'acquittent de leurs engagements professionnels, il y en a un certain nombre qui fonctionnent selon des normes et un code d'éthique douteux. Nous invitons le gouvernement à s'assurer que ces organismes qui recrutent des employés temporaires étrangers respectent les lignes directrices normales et mettent en oeuvre des mécanismes de suivi des travailleurs une fois qu'ils sont chez nous. Il y a deux raisons à cela: d'abord s'assurer que les employeurs fournissent aux employés le type de travail convenu moyennant un taux de salaire raisonnable et que les employeurs reçoivent un travail de qualité convenant à leurs besoins.
Notre secteur connaît de graves pénuries de main-d'oeuvre pour les postes de première ligne comme des préposés au nettoyage et à l'entretien des chambres et des cuisiniers à la chaîne. La demande pour des postes de première ligne devrait s'accroître de manière marquée au cours des années qui viennent. Ces postes doivent faire partie de ceux qui sont identifiés comme étant sous pression. Nous aimerions que certains de ces postes soient mis en valeur pour accélérer le processus de traitement des demandes d'emploi.
Que pouvons-nous faire? Voici quelques suggestions. Rendre le processus de demande d'emploi plus adapté aux besoins du marché, y compris le rendre moins onéreux pour les employeurs, ou trouver des façons de réduire les temps de traitement et les coûts; travailler avec les conseils sectoriels pour bien définir les emplois régionaux qui font l'objet de pressions; reconnaître et utiliser les données de main-d'oeuvre courante à partir d'une source fiable comme le Nova Scotia Tourism Human Resource Council et ses affiliés nationaux; utiliser la certification pour évaluer les compétences afin d'aider à mettre en lumière les qualifications et les compétences des travailleurs qui peuvent être transférables au milieu de travail canadien; et reconnaître les accréditations étrangères, ce qui serait un élément clé permettant à notre secteur d'attirer des travailleurs dans des secteurs qui ont besoin de compétences comme celles de cuisiniers et de chefs cuisiniers.
Alors que le reste du Canada fait face à une demande accrue de travailleurs étrangers temporaires, la Nouvelle-Écosse n'en est qu'à ses premiers stades concernant la façon d'accéder à ce programme pour attirer les travailleurs et ainsi combler une lacune. À l'heure actuelle, le programme pour les travailleurs étrangers offre des opportunités limitées pour le secteur touristique en raison du fardeau financier imposé aux employeurs qui doivent financer le billet d'avion et faciliter le logement et l'assurance soins médicaux des travailleurs temporaires. Les coûts dépassent la capacité de plusieurs employeurs, dont 40 p. 100 comptent moins de cinq employés. Toutefois, nous estimons qu'avec une aide coordonnée, les petites et moyennes entreprises touristiques pourraient créer un partenariat pour le recrutement de groupes de travailleurs étrangers pour des emplois touristiques particuliers, possiblement en harmonisant le travail aux besoins saisonniers d'employeurs à l'échelle du Canada.
La coordination municipale, provinciale et territoriale est la meilleure façon de faire en sorte que les employeurs puissent profiter pleinement du programme pour les travailleurs étrangers.
Je vous remercie de l'opportunité que vous nous donnez ce matin de partager le point de vue du secteur touristique de la Nouvelle-Écosse.
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Bonjour et merci de prendre le temps de venir entendre nos exposés.
Permettez-moi d'abord de me présenter. Je m'appelle Cordell Cole et je suis président de Mainland Nova Scotia Building and Construction Trades Council. Notre groupe, formé en 1952, a pour mandat de faire valoir des intérêts et des objectifs communs afin de promouvoir le gagne-pain des travailleurs de la construction syndiqués de la province. À l'heure actuelle, nous comptons plus de 12 000 membres appartenant à plus d'une douzaine de métiers.
L'industrie de la construction est très différente de tout autre secteur. Permettez-moi de vous parler de quelques-unes des caractéristiques qui sont particulières à cette industrie. Au Canada, l'industrie de la construction est une entreprise de plusieurs milliards de dollars. Elle représente environ 12 p. 100 du produit intérieur brut du Canada et elle emploie un Canadien sur 17. L'industrie de la construction est unique de par sa nature et elle devrait être en conséquence traitée différemment lorsque les gouvernements adoptent des politiques publiques. Malgré la croyance populaire, l'industrie de la construction n'est pas saisonnière. Toutefois, elle est très cyclique, ce qui la rend très vulnérable à ce qu'on appelle l'alternance de forte expansion et de récession. Ces cycles varient d'une province à l'autre et même au sein de certaines régions d'une même province.
Les employeurs et les employés de cette industrie se déplacent temporairement vers la région où le travail doit se faire. Dans l'industrie de la construction, vous ne pouvez tout simplement pas attendre que le travail vienne vers vous: vous devez aller vers le travail. L'industrie de la construction compte aussi une main-d'oeuvre très mobile. Des travailleurs quittent temporairement leur foyer et leur famille pour travailler ailleurs. Cette main-d'oeuvre migrante travaille loin de la maison, mais doit absorber un fardeau de dépenses supplémentaires pour une résidence temporaire tout en payant l'hypothèque et en soutenant la famille restée à la maison. Par conséquent, quand ils sont éloignés de leur foyer, les dépenses sont doubles.
Je voudrais aussi mentionner que tout travail de construction est, par nature, temporaire. Quand les travaux sont terminés, les travailleurs sont mis en disponibilité et ils peuvent alors commencer à chercher un emploi sur un autre site de construction.
En ce qui a trait à la question des travailleurs étrangers temporaires, je voudrais vous sensibiliser au fait que notre conseil, le Mainland Nova Scotia Building and Construction Trades Council, n'est pas contre l'immigration. Nous sommes favorables à l'immigration. Les syndicats des métiers du Canada sont remplis d'immigrants reçus. Plusieurs de nos membres au Canada sont des gens qui sont venus au Canada, qui sont devenus des immigrants légaux et qui se sont joints à nos syndicats.
La question des travailleurs étrangers temporaires a pris beaucoup d'importance, probablement pas dans notre province en ce qui a trait à l'industrie de la construction, mais davantage dans les champs pétrolifères de l'Alberta et en Colombie-Britannique relativement aux travaux préparatoires aux Jeux olympiques de 2010.
Toutefois, il y plusieurs années nous avons eu non loin d'ici, au port d'Halifax, près du quai des conteneurs Halterm, des travailleurs temporaires étrangers qui ont participé aux travaux d'érection des deux grues post-Panamax, lesquelles devaient être opérées par les débardeurs, bien entendu. Puisque ces travailleurs étrangers temporaires se trouvaient ici à Halifax, il y a probablement eu au moins 200 personnes de métier qui n'ont pas eu de travail, et certains ont même dû s'en remettre aux prestations d'assurance-emploi parce qu'il y avait un ralentissement de travail à cette époque.
Un des problèmes au sein de notre conseil des métiers a été le manque de consultation ou de communication de la part de RHDSC avec les syndicats pour leurs demander: « Avez-vous des personnes de métiers disponibles disposées à venir faire tel travail? » Cela nous paraît être très important — il doit y avoir un lien de communication ouvert entre le gouvernement et les intervenants de l'industrie pour déterminer s'il y a des Canadiens compétents disponibles pour accomplir ces travaux.
Permettez-moi de passer en revue quelques-unes des étapes qui, selon notre Conseil, sont nécessaires pour régler notre perception de pénurie de gens de métier compétents au pays.
Premièrement, nous avons une main-d'oeuvre qualifiée et, comme je l'ai dit, ces personnes sont mobiles. La première chose à faire est de mobiliser nos gens de métier qualifiés aux endroits où il peut y avoir des pénuries et, bien sûr, il faudrait les faire passer de la côte Est vers l'Ouest.
Un des problèmes qui se pose est la mobilisation. Il est très coûteux pour ces travailleurs de quitter leur domicile et de déménager vers l'Ouest. La nature de ces emplois dans la construction est telle que les employeurs recherchent des travailleurs qui peuvent être disponibles moyennant un très court préavis.
Je vous en donne un exemple.
Il y a plusieurs années, nous avons envoyé des gens vers l'Ouest — et nous en envoyons continuellement vers l'Ouest. Toutefois, quand les délais sont si courts et quand les travailleurs doivent se présenter là-bas très rapidement, les frais de déplacement sont importants. Certains vont payer jusqu'à 2 500 $ pour prendre l'avion. C'est là une dépense très forte pour quelqu'un qui a été au chômage pendant un certain temps, faute de travail, ou qui n'a plus droit à des prestations d'assurance-emploi et qui n'a pas d'argent. Nous estimons qu'une des solutions à la mobilisation est que le gouvernement fédéral mette en place un régime d'incitatifs fiscaux qui permettrait à ces employés, lorsqu'ils se déplacent pour combler une pénurie de main-d'oeuvre, de réclamer un montant au titre des frais de déplacement et d'hébergement. De telles mesures seraient certainement très utiles.
Nous estimons aussi qu'il est important pour le Canada de combler les pénuries de main-d'oeuvre compétente en favorisant la promotion de programmes d'apprentissage et de formation pour nos jeunes. C'est là la clé. Nos jeunes sont notre avenir et ils feront bon accueil à la formation.
À l'heure actuelle, je suis président du Mainland Nova Scotia Building and Construction Trades Council, mais je suis également directeur administratif du syndicat des électriciens. En Nouvelle-Écosse, il y a actuellement une période d'attente de deux ans pour que les étudiants puissent s'inscrire au programme de construction pour les électriciens. Il n'y a pas suffisamment de places disponibles.
Ce qui nous amène à mon point suivant: nous estimons que le gouvernement fédéral doit créer un programme pour aider à financer les centres de formation. Il y a déjà eu un programme en vertu duquel les centres de formation courants pouvaient présenter une demande de financement. L'amélioration d'un centre de formation exige du financement. Nous estimons cependant aller un peu plus loin. Il y a des syndicats qui seraient ravis de construire des centres de formation pour la jeunesse mais qui ne peuvent se le permettre. Peut-être pourrions-nous donner plus d'expansion à ce programme et envisager des subventions qui permettraient de construire un plus grand nombre de centres de formation pour nos jeunes.
Il y a aussi un autre secteur qui a été négligé en ce qui a trait à la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée, et c'est celui de la collectivité autochtone. J'estime que nous devons attirer ces gens. Il y a une immense opportunité pour attirer des gens de la collectivité autochtone dans les métiers spécialisés.
Je crois que certaines mesures pourraient être améliorées quand il est question de déterminer si notre pays a besoin de faire venir des travailleurs étrangers temporaires pour l'industrie de la construction. J'ai déjà dit un peu plus tôt qu'il faudrait qu'il y ait un processus de consultation avec les intervenants de l'industrie. Je crois que c'est là un élément clé. Pourquoi faudrait-il faire venir des travailleurs étrangers temporaires alors que nous avons des travailleurs disponibles, des Canadiens compétents qui sont sans emploi?
Si l'on juge qu'il faut des travailleurs étrangers temporaires, il faudrait d'abord regarder du côté de nos voisins du Sud, aux États-Unis, pour savoir s'il y a des gens de métier compétents disponibles chez eux. Dans ce pays, les qualifications sont virtuellement les mêmes que celles des travailleurs spécialisés de la construction au Canada.
Nous devons également nous assurer que les travailleurs étrangers temporaires qui viennent chez nous ont les mêmes qualifications.
Nous devrions nous assurer que ces gens reçoivent le même traitement que les travailleurs canadiens faisant un même travail sur un même site, c'est-à-dire qu'ils obtiennent le même salaire et les mêmes avantages sociaux, et aussi que les travailleurs canadiens bénéficient des mêmes indemnités d'hébergement et de transport que les compagnies accordent aux travailleurs étrangers temporaires qui viennent chez nous.
En résumé, l'industrie de la construction est une industrie cyclique qui a connu des alternances de forte expansion et de récession. Et cela varie d'un secteur à l'autre. Avec la question des travailleurs étrangers temporaires, nous devons nous assurer que les travailleurs canadiens sont employés en premier. Attachons-nous au principe de former notre jeunesse, parce que ces jeunes attendent de recevoir une formation. Comme je l'ai dit, il y en a plusieurs qui ne peuvent même pas s'inscrire à un programme de formation. Peut-être faudrait-il libérer des fonds pour que les syndicats puissent construire d'autres centres de formation? Je le répète, envisageons de recruter des travailleurs compétents parmi nos collectivités autochtones, parce que j'estime que ces gens y gagneront.
Voilà qui met un terme à mon exposé.
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Nous sommes allés dîner ensemble, ce qui fait que nous travaillons indépendamment de nos lignes de parti. Nous avons passé la nuit — non pas la nuit au complet, quand même.
J'ai mentionné au président que chaque fois que je réserve une chambre dans un hôtel, je laisse un pourboire pour la femme de chambre parce que c'est ce que ma mère faisait comme travail. C'est touchant. Elle était sous-employée et éventuellement, elle a pu obtenir un poste correspondant à son expérience.
Je pense aux données sur la population. Quand j'ai grandi comme membre de la génération des baby-boomers, il était difficile d'obtenir un emploi et je suis sûr que c'était la même chose partout au Canada.
Nous sommes sortis hier et j'ai vu le Bubbles Mansion and Peddler's Pub. On y cherchait des serveurs, des assistants, des cuisiniers à la chaîne, des cuisiniers et des laveurs de vaisselle.
Il y a quelque chose de fondamentalement incorrect avec notre système d'immigration. Il y a toutes sortes de personnes qui veulent venir au Canada et elles sont prêtes à occuper un emploi inférieur, des emplois qui ne paient presque pas pour aider à construire notre pays. Vous ne pouvez avoir un pays qui se fie uniquement à des personnes qui occupent des emplois en haute technologie.
Les personnes qui ont inventé cela, Mike Lazaridis, ne voulait pas venir ici aujourd'hui. Il est en train d'établir à Dartmouth un centre d'appels qui comptera 1 000 employés. Voilà quelqu'un qui est venu au pays à l'âge de six ans, au milieu des années 1960. Son père était apprenti; aujourd'hui, il ne serait pas autorisé à travailler. Par conséquent, notre système d'immigration fait fausse route.
Regardez les collectivités. De quoi est constitué le Canada? Nous avons eu des Chinois qui sont venus ici comme travailleurs. Il y a eu des Ukrainiens qui sont venus exercer divers métiers. Des Italiens sont venus comme travailleurs. Des Portugais, des ressortissants des Indes orientales, des Noirs — des gens de partout au monde sont venus ici comme travailleurs. Les parents des gens qui sont ici depuis un certain temps auraient pu être des travailleurs. Il n'y a pas de meilleur exemple que les Ukrainiens. C'était les hommes qui portaient des vestes en peau de mouton. Le pays avait besoin d'eux pour dompter les Prairies, et sans eux le pays serait en faillite aujourd'hui.
Regardez le secrétaire parlementaire. Il est avocat. Quand vous regardez la collectivité ukrainienne dans son ensemble, vous constatez qu'elle se débrouille fort bien, et les Canadiens d'origine chinoise de même. Tous ceux qui vivent ici se sont bien débrouillés pendant un certain temps. Par conséquent, nous faisons vraiment fausse route avec ce programme pour les travailleurs étrangers temporaires.
Quand je demande aux employeurs s'ils préféreraient un travailleur étranger temporaire ou un immigrant reçu, invariablement ils me répondent qu'ils veulent une personne établie au Canada, mais selon eux il faut trop de temps pour qu'ils puissent arriver chez nous. Ce ne sont pas les gens qui causent problème; le problème c'est notre système d'immigration qui est devenu tellement élitiste qu'il ne permet pas de faire venir les gens dont nous avons besoin pour construire le pays.
Si vous aviez le choix et que vous pouviez embaucher soit un travailleur étranger temporaire, soit un immigrant reçu, une personne qui serait heureuse d'accepter l'emploi, qui choisirez-vous?
Je m'appelle Gerry Mills, et je suis présidente de l'ARAISA, la Atlantic Region Association of Immigrant Serving Agencies. Établie en 1994, l'ARAISA est un groupe parapluie de bénévoles de 12 organismes du Canada atlantique dont le mandat est d'offrir des services d'accueil aux nouveaux arrivants. Les 12 organisations membres reçoivent un financement du CIC.
Traditionnellement, le Programme des travailleurs étrangers temporaires a servi à amener trois types de travailleurs, rapidement et relativement facilement: les aides familiaux résidants, les travailleurs agricoles saisonniers et les travailleurs hautement spécialisés comme des médecins, des ingénieurs et des professeurs d'université. Au cours des cinq dernières années, le gouvernement fédéral du Canada a étendu son programme en réponse aux demandes des gouvernements provinciaux et des employeurs, qui ont exercé des pressions pour faire venir des travailleurs au Canada en vertu de permis de séjour temporaires pour tenter de combler une importante pénurie de travailleurs spécialisés dans certains secteurs et dans certaines régions du pays.
Le changement d'orientation est survenu avec la modification du profil du programme, ce qui m'amène à la première préoccupation de l'ARAISA. Après avoir écouté les observations de Mme Carol Logan, j'aimerais tempérer les miennes: ce que je vous dirai concernant l'abus potentiel des travailleurs étrangers ne ternit en rien le bon travail qu'ils font chez nous.
Partout au pays, le programme sert à combler des emplois dont les Canadiens ne veulent pas, souvent des emplois qui se situent au bas de l'échelle du marché du travail. Ces emplois sont souvent permanents ou tout aussi permanents qu'ils peuvent l'être dans l'économie mondiale actuelle. Plusieurs des personnes qui se sont présentées pour occuper ces postes ont des niveaux d'éducation qui ne sont pas très élevés, des compétences linguistiques limitées et elles doivent souvent vivre dans une culture complexe et qui porte à confusion. Ces personnes sont de plus en plus vulnérables en raison de leur permis de séjour temporaire.
Théoriquement, ces gens ont les mêmes droits à l'emploi de base que tout autre travailleur canadien, mais la mise en application de ces droits est chose quasi impossible. Le manque de sensibilisation, les barrières linguistiques et les renseignements erronés fournis par les employeurs sont des problèmes communs. Je suis sûre que lors de vos déplacements partout au pays vous avez entendu parler de cas documentés d'abus concernant les salaires et les conditions de travail — des salaires plus faibles que ce qui avait été promis, des déductions illégales, etc. La surveillance de ces conditions, bien qu'elle soit rendue obligatoire par le gouvernement, ne bénéficie pas d'un financement suffisant, ce qui laisse d'immenses possibilités pour les abus.
Le CIC interdit de fournir une aide aux travailleurs étrangers comme c'est le cas des membres de l'ARAISA qui offrent des services aux immigrants. Ce qui m'amène au point suivant de l'ARAISA: l'admissibilité à ces services. Le Canada fait venir des travailleurs migrants. Ces travailleurs s'amènent chez nous avec leurs familles, ils amènent leurs enfants qui vont à l'école ici. Ces gens travaillent et vivent ici, ils paient des impôts et jouent dans nos collectivités. Ces gens apportent une contribution importante au maintien de la santé de notre économie.
En tant que nation, nous reconnaissons que les immigrants ont besoin de services d'accueil particuliers et nous leur offrons une gamme de services pour les aider. Le fait d'avoir un emploi chez un employeur donné pour une période d'un ou deux ans ne fait pas en sorte que vous soyez établi. Le fait d'être le conjoint ou la conjointe d'un travailleur temporaire qui a un emploi ne fait pas en sorte que vous soyez établi. Nous insistons pour que le gouvernement fédéral repense toute la question entourant le refus d'accès au service d'accueil pour les travailleurs étrangers et leurs familles, particulièrement si nous cherchons à établir un processus pour leur permettre d'acquérir le statut de résident permanent, compte tenu que plusieurs de ces gens voudront rester et que nous avons besoin d'eux. Nous voulons qu'ils restent chez nous. Des études montrent que la meilleure façon d'intégrer les nouveaux arrivants est de leur offrir un service d'accueil approprié le plus tôt possible.
Le troisième point concerne la question du statut temporaire des personnes qui viennent au pays en vertu de ce programme. Plusieurs se servent de ce moyen expéditif pour faciliter l'accession au statut de résident permanent. Le gouvernement perçoit ces gens comme une occasion d'augmenter la population du pays. Bien que nous soyons conscients qu'il est simpliste et peu réaliste d'aborder la pénurie de main-d'oeuvre qualifiée sous l'angle des résidents permanents plutôt que celui des travailleurs temporaires, cela souligne bien le fait que le temps est probablement venu de faire un examen complet du programme des travailleurs étrangers temporaires et du programme d'immigration et d'y apporter des correctifs. Nous faisons venir des gens au pays pour occuper des emplois contractuels à court terme, et plusieurs de ces travailleurs souhaitent demeurer chez nous. Nous faisons venir des gens qui s'établissent de manière permanente en raison de leur formation et de leur expérience, mais nous ne sommes pas capables de leur trouver des emplois. Il y a là un écart que nous devons envisager en tant que pays.
L'ARAISA ne cherche surtout pas à favoriser l'élimination de l'entrée de travailleurs spécialisés. Nous sommes conscients que la migration de travailleurs spécialisés est en général une politique populaire et que les politiciens ont su en convaincre leurs électeurs assez facilement. L'immigration de travailleurs peu qualifiés est souvent rejetée parce que l'on croit qu'ils représentent une source supplémentaire de concurrence dans une économie qui compte déjà une main-d'oeuvre peu payée. Toutefois, l'économie du Canada doit avoir un programme de migration équilibré qui réponde à plusieurs niveaux de besoins et qui comporte un moyen souple et facile pour favoriser l'entrée au pays de travailleurs immigrants ayant une spécialisation réduite.
Nous devrions cesser de compliquer les choses inutilement. Le Programme de travailleurs étrangers temporaires et les emplois qui y sont associés sont tout sauf temporaires. Mais il y a toujours ce processus de demande à deux vitesses pour les étrangers qui veulent devenir des travailleurs étrangers temporaires et pour les travailleurs étrangers temporaires qui veulent devenir des résidents permanents, ce qui complique davantage la situation dans le Canada atlantique où il est peu réaliste pour une PME d'offrir un poste permanent dans la plupart des cas.
Nous prions le gouvernement du Canada de considérer sérieusement les répercussions du maintien d'un programme pour travailleurs étrangers à court terme plutôt que d'insister sur les besoins de la population à long terme. L'expansion rapide du programme afin de mieux répondre aux pressions des commerces et de l'économie n'est pas sans effets nuisibles pour d'autres programmes d'immigration. Par exemple, les temps de traitement des demandes de réunification des familles se sont accrus dramatiquement ces dernières années.
Bien que la migration de main-d'oeuvre temporaire puisse fournir aux pays qui envoient des travailleurs des opportunités de leur situation de non-emploi et d'améliorer leur croissance économique grâce au transfert de compétences lorsque les travailleurs retournent chez eux, cela soulève pour nous Canadiens des préoccupations au plan éthique et des interrogations. Et c'est mon point suivant.
En tant que nation, sommes-nous en accord avec le fait que des gens exécutent des tâches qui font progresser notre économie mais à des salaires que nous n'accepterions pas? Est-ce que les entreprises sont en mesure de garder les taux de salaire anormalement bas en ayant recours à des travailleurs étrangers temporaires plutôt que de laisser les salaires augmenter à un niveau acceptable pour la main-d'oeuvre et pour les marchés de la main-d'oeuvre et du travail? J'ai déjà entendu cela ce matin. Est-ce que ces salaires plus faibles entraînent un manque de respect et un manque de reconnaissance pour les travailleurs migrants? Est-ce que ce changement important dans la façon dont nous traitons la pénurie de travailleurs qualifiés et les pressions économiques, qui font que nous faisons venir plus de 100 000 travailleurs temporaires, s'est produit en l'absence d'un véritable débat public?
J'en arrive maintenant aux recommandations de l'ARAISA.
Premièrement, il faut identifier les ressources supplémentaires requises pour offrir une meilleure protection légale et davantage de souplesse aux travailleurs étrangers temporaires.
Deuxièmement, il faut établir une unité des travailleurs étrangers temporaires pour les travailleurs eux-mêmes et non seulement pour les employeurs.
Troisièmement, compte tenu de l'apport social, économique et financier au pays et de la possibilité que ces travailleurs deviennent des résidents permanents, il faut que les travailleurs étrangers et leurs familles aient accès aux services d'établissement financés par le CIC.
Quatrièmement, il faut créer une catégorie des demandeurs qui se trouvent au Canada qui permettrait à des travailleurs étrangers temporaires de présenter une demande de résidence permanente pendant leur séjour chez nous.
Cinquièmement, et cette recommandation n'est certes pas la moindre, il faut revoir entièrement tout le Programme des travailleurs étrangers temporaires et d'autres programmes d'immigration pour refléter les besoins réels, courants et futurs du pays.
Merci.
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Merci, monsieur le président et membres du comité. Bienvenue à Halifax.
Je suis Kevin Wyman et je vous livre un exposé au nom de la Halifax Coalition Against Poverty.
La HCAP est une organisation d'action directe anti-pauvreté. Dans plusieurs cas, nous sommes ceux qui organisent des manifestations, des protestations et des actions similaires. Nous n'avons rien fait de cela pour vous aujourd'hui. Nous offrons également à la population que nous représentons une gamme de services de défense des intérêts et d'éducation.
Le but de notre présence ici aujourd'hui est d'ajouter notre voix à celle des nombreuses organisations nationales, régionales et locales qui appuient les personnes qui tentent d'immigrer ou de trouver refuge dans notre pays. La HCAP est également ici pour appuyer les organisations syndicales qui jouent un rôle vital dans les débats qui concernent les gens du pays et du monde entier. Je dois vous dire d'entrée de jeu que nous sommes ici pour appuyer des gens. Nous rejetons des expressions comme « les illégaux » et « les sans-papiers » quand elles sont accolées à des personnes. Cela nous déplaît souverainement.
Afin d'éviter toute confusion, je précise que nous ne cherchons pas à cajoler le gouvernement. Nous sommes ici pour exprimer notre indignation. Premièrement, la HCAP m'a délégué aujourd'hui pour vous dire que nous exigeons que le gouvernement retire les modifications qui ont été proposées à la Loi sur l'immigration et la protection des réfugiés.
Mais il y a plus. Nous exigeons un moratoire immédiat sur la déportation de toutes les personnes qui vivent au Canada et qui se retrouvent en péril concernant leur statut d'immigrant ou de demande de citoyenneté. Le deuxième point n'est pas une notion très radicale. Si je ne me trompe, cette motion ou une motion très similaire a été recommandée par un comité permanent précédent. Elle a été présentée au Parlement, elle a fait l'objet de débats et elle a été adoptée. Bien entendu, quelque chose d'autre est survenu par après.
Ce n'est guère une question complexe pour nous. Les gens vulnérables méritent notre attention et notre compassion d'abord et avant tout.
Je passe à la demande suivante de la HCAP. Nous exigeons la mise en place d'un programme de régularisation complet, inclusif et accessible. Par bonheur, nous avons eu l'appui du comité permanent précédent et du Parlement du Canada. Le problème, bien entendu, est que cette motion est morte à la dissolution du Parlement.
Permettez-moi de récapituler notre point de vue. Un comité permanent de l'immigration composé de députés du Parlement représentant les quatre partis a recommandé des points similaires. Le Parlement en a débattu et a adopté deux des points que nous avions proposés. Puis, l'initiative est morte à la suite de ce que nous-mêmes et la plupart des Canadiens appelleraient une technicalité. Il faut l'admettre, nous ne comprenons pas bien tous les aspects, mais ce n'est rien de bien étrange pour un citoyen que de le dire. Le gouvernement poursuit ensuite avec un ensemble différent d'objectifs, les insère dans un projet d'adoption du budget et tout ce qui reste à faire après coup est de brandir la menace d'une élection étant donné qu'il s'agit, du moins en partie, d'une motion de confiance. Tout cela commence à ressembler à un chantage éhonté.
Vous pouvez comprendre que nous sommes suspicieux et en colère. Mis à part le processus déplorable, qu'est-ce que le gouvernement cherche à faire? Avec les modifications proposées, le gouvernement demande de nouveaux pouvoirs. Certains sont arbitraires et dangereux, voire totalitaires. Vous souhaitez avoir pleine discrétion pour rejeter la demande de résident permanent de tout travailleur, de tout étudiant et de tout visiteur même si ces demandes répondent à tous les critères. Vous voulez avoir le pouvoir arbitraire d'émettre des directives établissant des quotas pour les catégories de personnes que vous voulez voir entrer au Canada. Vous voulez décider de l'ordre dans lequel les nouvelles demandes seront traitées.
Qu'est-ce que cela signifie pour nous?
Cela signifie qu'un système d'immigration qui fonctionnait selon des règles connues et prévisibles serait sujet à des directives ministérielles qui pourraient changer constamment. La législation accorderait au ministre l'autorité d'émettre des directives concernant les types de demandes à traiter — qu'il s'agisse de celles de travailleurs qualifiés, de catégorie de la famille ou de qualifications d'emploi — aussi souvent qu'il le désire. Les personnes qui répondent déjà aux critères d'entrée rigoureux au Canada mais qui ne se trouvent pas sur la liste des priorités du ministre pourraient être empêchées de venir au pays. Elles pourraient présenter une nouvelle demande, mais nous soutenons que la conclusion serait à peu près la même.
Il n'y a rien dans cette initiative du gouvernement qui pourrait nous convaincre de lui accorder ce niveau de confiance. Nous avons tendance à croire que l'adage du pouvoir absolu corrompt de manière absolue. Des pouvoirs similaires nous ont fourni les pires exemples de discrimination et de racisme dans l'histoire du Canada.
Il y a plus. Il est proposé que le ministre examine une demande provenant du Canada basée sur des motifs d'ordre humanitaire mais qu'il « puisse » l'examiner — il faudrait plutôt dire qu'il « pourrait » l'examiner — si elle vient de l'extérieur du pays. En pratique, nos amis disent que cela aura des conséquences graves sur l'une des demandes les plus fréquentes, celle qui vise la réunification des familles.
De toute évidence, la HCAP n'est pas un prestataire de services dans le domaine à l'étude. Nous sommes limités quant à la gamme et à l'ampleur des questions connexes pour lesquelles nous sommes à l'aise de faire des observations. Nos préoccupations portent sur la procédure suivie par le gouvernement pour avoir son mot à dire sur ces modifications. En ce qui a trait au pouvoir arbitraire attribué au ministre de la Citoyenneté et de l'Immigration, je suis sûr que tout Canadien a toutes les raisons voulues d'être alarmé par les modifications proposées par le gouvernement à cet égard.
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Merci, monsieur le président.
Je tenterai de faire preuve de retenue, mais je ne suis pas très douée pour l'autodiscipline.
Permettez-moi de dire, monsieur Wyman, que je suis entièrement d'accord avec ce que vous avez dit au sujet des pouvoirs arbitraires du ministre et ainsi de suite. Je n'entrerai pas dans les détails. Tout ce que je souhaite, c'est que vous direz au plus grand nombre de personnes au Canada, particulièrement dans votre propre province et au sein de votre propre réseau, que tel est notre sentiment par rapport à ce que vous avez dit ce matin et que tel est le sentiment d'autres députés du Parlement, y compris moi-même et mon collègue, M. Telegdi, du Parti libéral. C'est tout ce que je voulais dire à ce sujet.
Il s'agit d'un mauvais projet de loi. Il y a toutes sortes de choses qui pourraient être dites. Nous sommes d'accord avec vous à ce sujet. Je vous en prie, nous faisons notre propre travail: je travaille à Montréal, qui est ma circonscription, et j'espère que vous continuerez de faire votre travail à Halifax.
Cela étant dit, et pour ce que valent mes propos, je ne suis pas sûre que l'idée de faire venir des travailleurs peu spécialisés par opposition à des travailleurs hautement qualifiés, ce à quoi Mme Mills a référé, était un bon moyen politique de gagner des votes. Je crois que c'est que vous avez voulu dire. Je crois comprendre qu'il y avait nécessité. Là où nous avons eu tort, quel que soit le gouvernement responsable, c'est qu'une fois les gens arrivés au Canada, nous ne leur avons pas permis, dans la plupart des cas, d'exercer des emplois pour lesquels ils sont venus chez nous. De toute évidence, je pense aux médecins et aux ingénieurs.
Il y a une blague qui circule parmi nous, ou à tout le moins parmi les gens qui s'occupent d'immigration: le meilleur endroit pour accoucher est dans un taxi, parce que les probabilités que le conducteur soit médecin sont très élevées. La femme qui accouche dans ces conditions bénéficiera immédiatement d'un service fantastique et d'une aide du chauffeur de taxi. C'est une blague, mais il semblerait que ce soit partiellement vrai.
Par conséquent, l'erreur a été de ne pas s'assurer qu'une fois arrivés au pays, ces gens, dont les compétences élevées sont requises, ne puissent trouver un emploi — et Dieu sait que nous avons besoin de médecins. Je viens du Québec, où nous avons un grand besoin de médecins — non seulement de médecins, mais aussi d'autres personnes rattachées au domaine médical. Les gouvernements fédéral et provinciaux et les corporations professionnelles ne font rien professionnelles pour assurer qu'une fois arrivés au pays, peu importe la province, ces gens puissent trouver un emploi, qu'ils puissent faire ce qu'ils voulaient faire en venant au pays. Voilà pour cet aspect.
En ce qui a trait aux travailleurs peu qualifiés, disons que l'immense vague d'immigration à la fin de la Deuxième Guerre mondiale, dans les années 1950 et 1960, était composée presque exclusivement de personnes qui n'avaient que peu de compétences. À Montréal, ce sont les Italiens et les Grecs qui ont construit les routes. Parce que nous avions à l'époque une nouvelle politique d'immigration selon laquelle les gens qui venaient au Canada avaient le droit d'y amener leurs familles, nous avons permis à ces gens de venir ici avec leurs familles. Nous avons donc des personnes issues de la deuxième et de la troisième génération qui sont entièrement canadiennes.
Je ne parlerai même pas des politiques horribles que le gouvernement canadien a eu à l'égard des Chinois qui travaillaient sur les chemins de fer ou des Indiens qui ont été refoulés, des Sikhs, des Juifs ou de quiconque. Nous avons appris de nos erreurs. De toute évidence, il semble que nous n'ayons pas appris suffisamment de ces erreurs. Lorsque nous faisons venir des travailleurs temporaires au pays et que nous les obligeons à quitter, il y a manifestement quelque chose qui cloche.
Je ne faisais pas partie du comité lors du voyage dans l'Ouest, mais j'y étais dans l'Est et au Québec. Une des choses qu'a apprise notre comité est que des gens comme vous ont dit clairement que le Programme des travailleurs étrangers temporaires est truffé de lacunes et qu'il faut le considérer comme un programme réel.
Je le dis parce que la question que vous soulevez et que d'autres avant vous ont soulevée, madame Mills, est la suivante: nous avons un marché du travail différent où les gens peuvent se déplacer très facilement et très rapidement, non seulement au Canada, mais d'un pays à l'autre. Nous faisons maintenant venir des gens du Sri Lanka pour travailler ici pendant trois ou quatre mois, ce qui n'était pas possible il y a une génération. Nous avons donc un nouveau type de marché du travail. Il y a de nouveaux types de communications qui permettent aux gens de découvrir à la télévision du Sri Lanka, par exemple, qu'il y a des emplois au Canada.
Que pouvons-nous donc faire pour protéger nos propres travailleurs canadiens? Il faut le faire et c'est la responsabilité du gouvernement de le faire. Il faut protéger nos propres travailleurs et nous assurer que là où il y a des emplois, ils puissent aller les occuper, qu'ils puissent être mis au courant de ces emplois et qu'ils soient bien payés. Il faut aussi s'assurer que ces travailleurs qui se déplacent un peu partout au Canada le feront pour les bons emplois.
Nous savons maintenant qu'il y a beaucoup d'abus dans le cadre de ce programme et je crois que cela est contraire aux règles. Je ne veux pas revenir sur le projet de loi , qui dans notre jargon est le nouveau projet de loi, parce qu'il faut considérer le programme des travailleurs étrangers temporaires dans le cadre d'un programme plus vaste, c'est-à-dire le programme de gestion de la main-d'oeuvre au Canada. Je ne parle pas d'immigration ici. Je parle plutôt de gestion de la main-d'oeuvre au XXIe siècle. Je crois que c'est véritablement ce que nous devons examiner.
Je sais que mon président me fait des signes, mais c'est le commentaire que je voulais vous livrer.
Merci.