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Merci, madame la présidente.
Bonjour, madame la présidente, mesdames et messieurs les membres du comité. Merci de m'avoir invité à vous faire part de mes réflexions sur le plan de relance économique et ses effets sur notre organisation et l'industrie de la construction dans son ensemble.
J'ai remarqué qu'il n'y a pas beaucoup d'autres témoins avec moi ici aujourd'hui. Il y a ces deux-ci, mais il sera difficile de se cacher à l'arrière de la classe aujourd'hui.
Je vais tenter de vous présenter un aperçu de ce qui se passe dans notre secteur. J'ai fait de mon mieux pour recueillir des faits et des chiffres pertinents qui devraient être utiles au comité. Avant de présenter mes commentaires aujourd'hui, je veux déclarer mon soutien au plan de relance économique et souligner l'importance des engagements de dépenser pris par le gouvernement envers notre industrie.
L'organisation que je représente s'appelle le Département des métiers de la construction. Nous représentons près de 550 000 travailleurs syndiqués de la construction de partout au pays. Nos membres, travaillent dans 15 métiers artisanaux et dans plus 50 métiers différents; il y a des opérateurs de machine lourde, des charpentiers, des soudeurs, des briqueteurs et bien d'autres. Nous bâtissons des infrastructures, des installations industrielles lourdes comme les raffineries de pétrole et les centrales nucléaires, des écoles, des hôpitaux et des maisons.
En préparant ma déclaration, j'ai trouvé quelques renseignements officiels importants et utilisé des témoignages directs de nos membres.
D'après l'enquête sur la population active produite par Statistique Canada le 6 novembre 2009, le nombre des emplois dans notre industrie s'est relevé légèrement après son creux historique d'octobre. Cependant, il est encore en baisse de 5,8 p. 100 par rapport à l'année dernière. Ceci représente 73 000 emplois de moins que l'année dernière. Toutes les régions du pays ont beaucoup souffert, mais ce sont les économies régionales de l'Alberta, de l'Ontario et de la Colombie-Britannique qui ont été le plus touchées. Nos métiers n'ont pas été épargnés par les pertes d'emplois et le ralentissement. C'est pourquoi le plan de relance économique est si essentiel. Ce plan donne au secteur privé l'assurance qu'il peut investir, qu'il peut entreprendre des projets de construction privée, même en ces temps d'incertitude. Si les divers ordres de gouvernement dépensent, en théorie, les autres projets peuvent aller de l'avant.
À travers l'histoire, notre industrie a généralement réagi tardivement aux événements économiques. Nous sommes habituellement les derniers à entrer en récession ou à en sortir, mais cette fois-ci, les choses paraissent différentes pour bon nombre de nos métiers. J'ai fait enquête sur la situation d'un certain nombre de métiers partout au pays pour donner au comité un aperçu direct des volumes d'affaires de nos métiers civils. Ce sont habituellement les premiers métiers représentés sur un chantier et ils devraient être les premiers à bénéficier d'un accroissement du volume de travail.
À titre d'information préliminaire, mentionnons que nous mesurons les volumes d'affaires en heures de travail. Voici donc une sorte d'aperçu de la situation de certains des métiers. Cette information est fournie en temps réel et devrait nous fournir des tendances générales pour un examen plus détaillé du plan de relance. Si le comité aimerait que ces chiffres soient déposés officiellement d'une façon plus conviviale, laissez-le moi savoir plus tard et je m'en occuperai.
L'International Union of Operating Engineers est le groupe qui s'occupe de déblayer les chantiers avec de l'équipement lourd. Ce sont eux qui contrôlent les grues que vous voyez dans les centre-ville, partout au pays, et ils s'occupent de tous les égouts et réservoirs d'aqueduc du Canada. En octobre 2009, il y avait un taux de chômage de 13 p. 100 au sein de ce groupe qui compte 30 000 membres dans le secteur de la construction. C'est plus que le double du taux de chômage de 2007 et de 2008. Ceux qui travaillent en 2009 font moins d'heures.
Les charpentiers — j'ai un collègue charpentier avec moi au comité aujourd'hui — sont parmi les premiers à se présenter sur un chantier de construction. Ils sont les premiers sur le lieu de travail. Ils construisent les moules dans lesquels le béton est versé et dans lesquels l'armature placée par les monteurs de charpentes métalliques est maintenue en place. Ils bâtissent aussi tous les échafaudages qui soutiennent les membres des autres métiers de la construction. Leur travail est donc un bon indicateur du rendement des autres corps de métier à l'avenir. À l'échelle nationale, les charpentiers s'attendent à ce que les volumes de travail augmentent en 2009, demeurent stables en 2010 et 2011 et chutent brusquement en 2012. Il y a peu de projets de construction privée en vue. Ils comptent sur l'argent du plan de relance pour 2010 et 2011.
Le bureau des charpentiers à Toronto, par exemple, a fourni des chiffres au comité au sujet des tendances. Les voici. En 2007, 15 millions d'heures de travail. Cela équivaut à un emploi à temps plein pour environ 7 500 membres. En 2008, 16 millions d'heures de travail. Cela équivaut à un emploi à temps plein pour environ 8 000 membres. En 2009, à ce jour, 9,3 millions d'heures de travail. Cela équivaut à un emploi à temps plein pour 4 500 membres.
Les manoeuvres de la Laborers' International sont aussi parmi les premiers à se présenter sur un chantier. Ils font une bonne partie des travaux de voirie que vous voyez en rentrant chez vous le soir. Ils font aussi une bonne partie du travail d'entretien des égouts et des canalisations principales pour les municipalités et des travaux d'ordre général sur tous les chantiers de construction.
À la fin de l'année, l'UIJAN, l'Union internationale des journaliers d'Amérique du Nord, en Ontario, prévoit une réduction d'environ 35 p. 100 du nombre total d'heures de travail. En 2007, l'UIJAN de l'Ontario a eu 32 millions d'heures de travail et, en 2008, à peu près le même nombre d'heures. Jusqu'à ce jour, en 2009, ils ont fait environ 19 millions d'heures de travail. Comme la fin de la saison de la construction approche, on est loin de se rapprocher des niveaux normaux.
Maintenant, si vous me le permettez, j'aimerais citer quelques chiffres que j'ai trouvés dans deux des métiers industriels. Il s'agit des métiers qui s'occupent surtout de la prestation de services pour des applications institutionnelles, commerciales et industrielles. La Fraternité internationale des ouvriers en électricité a son siège social à Toronto et représente les électriciens de l'Ontario. Ils participent aux travaux d'électricité dans les immeubles de grande hauteur, aux travaux industriels, à l'entretien des lignes d'énergie électrique et à certains travaux d'électricité résidentiels.
Les travailleurs de l'électricité connaissent une baisse des heures de travail d'une année à l'autre. D'après les chiffres qu'ils m'ont fournis, il semble qu'il y ait une baisse de 19 p. 100 du volume. Plus précisément, en 2008, leur bureau a relevé 14 millions d'heures de travail et est en voie de terminer 2009 avec environ 11 millions d'heures.
Le dernier exemple que j'aimerais vous donner est celui de l'UA, soit des plombiers et des tuyauteurs. Les membres de l'UA s'occupent des travaux de plomberie, de tuyauterie et de fumisterie ainsi que de la soudure dans les applications commerciales et industrielles lourdes. Une petite partie de leur travail est effectuée dans le secteur résidentiel, soit dans la région du Grand Toronto. Le bureau de l'UA à Toronto est en voie de terminer l'année avec environ 28 p. 100 de moins d'heures de travail pour 2009. L'an dernier, ses membres ont fait environ 8 millions d'heures de travail et cette année, ils en feront environ 6 millions.
Alors qu'est-ce que tout cela signifie? Il y a beaucoup de chiffres, et la compilation est importante. D'après ces données brutes, l'importance du plan de relance l'emporte sur un certain nombre d'autres priorités à court terme de l'industrie. La saison de la construction tire à sa fin pour les métiers civils de l'extérieur, de sorte que le printemps de 2010 sera la période décisive pour eux. S'il y a des projets de relance pour remplacer les projets de l'industrie privée, l'industrie canadienne de la construction s'en tirera mieux. S'il n'y a pas d'autres projets de relance auxquels travailler, ce sera autre chose et nous assisterons à des baisses importantes du nombre des emplois.
Le Conseil sectoriel de la construction, qui fait partie du programme du conseil sectoriel avec RHDCC, a formulé des prévisions qui reposent sur l'hypothèse selon laquelle 30 p. 100 de l'argent annoncé pour l'infrastructure s'est effectivement matérialisé et a été versé. Cela a mené à la création d'environ 34 000 emplois. On présume aussi que les consommateurs ont consacré environ 4 milliards de dollars à l'achat d'articles admissibles au crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire et que la contribution de 2010 a déjà été faite pour le secteur du logement sans but lucratif.
Donc, selon toutes ces hypothèses, le Conseil sectoriel de la construction nous dit que 34 000 emplois ont été créés. Comme nous l'avons appris de Statistique Canada dans l'enquête sur la population active de cette année, nous avons perdu 73 000 emplois, de sorte que même si 30 p. 100 de l'argent s'est matérialisé, il nous manque quand même 39 000 emplois dans les métiers à cause de la récession. Sans le plan de relance, qui sait quel serait le taux de chômage. Le nombre d'heures que je vous ai donné pour mon métier serait certainement moins élevé et les perspectives de travail, plus désastreuses.
J'ai parlé à un certain nombre de nos partenaires employeurs et ils m'ont indiqué que leurs services de conception et d'ingénierie poursuivent sur leur lancée. Ils n'utilisent cependant pas leur pleine capacité ou en sont même loin. Le délai entre l'augmentation des volumes pour l'ingénierie et le début du véritable travail sur le terrain est d'au moins 6 à 10 mois pour les projets non complexes. Lorsque les entrepreneurs présentent une soumission pour un travail, ils doivent être en mesure de montrer qu'ils disposent de la capacité nécessaire pour faire le travail, et l'ampleur des autres travaux qui les attendent est importante.
Selon des études publiées récemment grâce à la reconstruction des données, notre industrie connaîtra ce que les économistes appellent souvent une reprise en U. Le scénario décrit une reprise graduelle et lente, non pas la reprise en forme de V, rapide et robuste que nous souhaitons tous. On prévoit une baisse des mises en chantier résidentielles. Les mises en chantier commerciales ont diminué d'environ 50 p. 100 et, pour les projets industriels, on attend de voir comment se comportera le dollar canadien par rapport au dollar américain.
Je voudrais vous fournir quelques renseignements complémentaires venus des États-Unis. Recovery.gov est une excellente ressource pour l'industrie de la construction comme pour les citoyens. Ce site Web est une initiative de l'administration Obama et vise à montrer la transparence et les progrès accomplis dans la reddition de comptes au grand public. Tous les projets de relance sont codés, étiquetés et suivis pour que tout le monde puisse les consulter. Par exemple, si quelqu'un veut obtenir de l'information sur les subventions de relance à Cincinnati ou à Phoenix, il est en mesure de voir quels contrats sont des contrats de relance, qui est l'autorité responsable de l'État, qui a présenté des soumissions pour le travail, qui a obtenu le contrat et qui sont les sous-traitants qui travaillent sur le chantier et ainsi de suite. Chose plus importante, ce site indique le nombre d'emplois créés directement par le projet.
C'est là une réalisation tangible que le gouvernement peut offrir à ses citoyens. Cela aide l'industrie à planifier la réalisation des travaux.
Pour me préparer à faire ma déclaration aujourd'hui, j'ai lu le témoignage du directeur parlementaire du budget et de ses représentants, qui a été présenté au comité le 27 octobre. Il semble que lui et son personnel aient du mal à suivre le cheminement de l'argent fourni par le gouvernement du Canada. L'expérience de Recovery.gov est un exemple utile de la façon dont la transparence pourrait être un outil efficace pour faire connaître le bon travail accompli au ministère de l'Industrie et aux paliers municipal et provincial.
De plus, je me fais l'écho des préoccupations de Brock Carlton, de la Fédération canadienne des municipalités, qui a dit que ses membres craignent que le FSI ne comporte des exigences très restrictives et assujetties au temps. Dans le domaine de la construction, si un travail comporte un certain nombre de variables qui sont changées à l'étape de la planification — par exemple l'ajout d'une autre voie à l'autoroute ou des difficultés relatives à l'état du sol dans la construction d'un pont —, ces changements pourraient retarder l'achèvement d'un projet au-delà de l'échéance du FSI.
Le plan de relance économique est probablement l'exemple le plus important de participation du gouvernement au soutien de notre industrie des 20 dernières années. Notre industrie a beaucoup en jeu, tout comme le Canada. Nous avons 1,6 millions de Canadiens dans notre industrie et, d'après le Conseil sectoriel de la construction, nous représentons 12 p. 100 du PIB. Il y a 10 ans, il y avait un peu moins d'un million de personnes dans cette industrie. Cela signifie que, si le volume de travail n'est pas suffisant pour soutenir la capacité actuelle, le système subira un ajustement.
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Je répondrais d'abord à votre dernière question.
Au sujet du programme sur les travailleurs âgés, je vous dirais que des responsables de plusieurs métiers ont travaillé auprès des travailleurs de l'automobile déplacés — comme les membres du TCA, etc., qui ont été déplacés dans le Sud de l'Ontario. Ils travaillent avec ces organisations pour les aider à conserver leurs travailleurs.
Au Canada, il faut trois ou quatre ans pour former un travailleur de la construction. Certains des métiers exigent un permis, et il faut du temps pour l'obtenir. Cependant, nous travaillons avec d'autres secteurs de l'économie pour trouver des gens qui sont prêts à travailler dans notre domaine et pour les rendre opérationnels.
Est-ce qu'il existe un programme pour les travailleurs âgés? Pas à ma connaissance, même si l'on essaie d'aider les travailleurs déplacés à se joindre à notre secteur.
Votre première question portait sur les programmes, plus précisément les programmes de l'assurance-emploi. Beaucoup de nos centres de formation donnent les programmes de formation provinciaux. Ils sont autorisés à donner les programmes de l'Ontario, du Québec ou de la Colombie-Britannique. Ce sont des programmes autorisés par le régime d'assurance-emploi.
Donne-t-on des programmes de recyclage? Oui. La Loi sur l'assurance-emploi est très compliquée, mais l'argent que l'on utilise pour donner les programmes de formation, aider les travailleurs déplacés, etc., est généralement de l'argent qui relève de la partie 2 de la Loi.
En fait, nos travailleurs profitent de l'assurance-emploi de deux façons, en vertu des deux parties de la Loi. En vertu de la partie 1 de la Loi, si nos membres sont sans emploi et qu'ils présentent une demande d'assurance-emploi, ils reçoivent leurs prestations. En vertu de la partie 2, les ingénieurs des opérations, par exemple, à Oakville, — et je ne veux pas parler au nom de M. Schumann —donnent le programme de l'Ontario aux grutiers, donc il existe aussi un lien avec l'assurance-emploi de cette façon.
Je crois que j'ai fait de mon mieux pour répondre à votre question.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
D'abord, je souhaite remercier nos invités. Je crois que c'est très important que vous soyez parmi nous. Je crois que le dialogue que nous avons avec vous sert à tous les membres du comité. J'ai beaucoup de respect pour les métiers de la construction. Je veux reconnaître votre rôle, parce que sans vous, le financement en infrastructure ne servirait à rien, honnêtement. C'est vous qui faites le travail. Encore une fois, je vous remercie.
J'aimerais vous assurer d'une chose, pour mettre les pendules à l'heure. Le ministre Flaherty a pris des engagements concrets relativement à l'argent destiné aux projets d'infrastructure, qui sont assujettis aux règles mises en place. Ce sont des engagements. On ne peut pas faire marche arrière. Je veux vous assurer, et je vous demande de le dire à vos collègues, que nous n'avons pas l'intention de revenir sur nos promesses.
C'est important de le dire. Je compatis avec vous, et je vous le dis en toute sincérité. Dans ma famille, il y a des gens qui ont perdu leur emploi, et ça a été le cas pour mon père, un jour. Beaucoup de gens dans ces métiers ont perdu leur emploi, et c'est très difficile. Je pense que nous éprouvons tous de la compassion pour ceux qui ont vécu cette situation.
Je suis plutôt encouragé par vos observations, monsieur Smillie, lorsque vous dites que près de 34 000 emplois ont été créés.
Nous en avons déjà parlé, je crois, mais je voulais aussi aborder la question des délais dont nous disposons. Je veux toujours tenir compte de la classe politique. Je dis cela, même si je suis député depuis seulement 14 mois et trois jours.
Au sujet de la question des délais, le fait est que si vous nous laissez le temps, nous allons prendre tout notre temps. J'imagine que s'il n'y a pas de priorité... Encore une fois, l'objectif de cet exercice était de relancer l'économie. En d'autres mots, le Plan de relance doit permettre un environnement dans lequel on crée des emplois. Si nous n'avions pas fixé de délai et si nous avions simplement dit aux municipalités: « Voilà, prenez cet argent et rentrez chez-vous. Faites ce que vous avez à faire et tenez-nous au courant. Revenez nous voir quand vous le pouvez », pensez-vous que nous aurions aidé à créer autant d'emplois et à lancer autant de projets? J'aimerais avoir votre avis là-dessus.