Membres du comité, nous allons poursuivre ce que nous espérons être le débat de clôture sur le plan de relance économique.
Nous avons devant nous le sous-ministre adjoint principal du ministère des Finances, M. Paul Rochon; M. Benoît Robidoux, directeur général; et Mme Yaprak Baltacioglu et M. John Forster d'Infrastructure Canada; encore une fois, nous vous souhaitons la bienvenue.
Je crois avoir compris que vous avez préparé des présentations à notre intention. Après elles, nous aurons des questions à vous poser.
J'aimerais demander au comité si nous pouvons terminer vers 17 h 05 pour pouvoir consacrer les dix dernières minutes de la réunion à une discussion sur ce que nous voulons faire jeudi — nous avons trois possibilités pour jeudi — parce qu'à 17 h 15, la sonnerie va retentir et nous devrons partir.
Donc à 17 h 05, si tout le monde veut bien surveiller l'heure...
À 17 heures? C'est parfait, oui.
Là-dessus, qui fait la présentation?
Est-ce vous, monsieur Rochon?
Vous avez la parole.
:
Merci beaucoup. Il me fait plaisir d'être ici avec mon collègue Benoit Robidoux et d'autres collègues.
[Traduction]
J'ai pensé que je pourrais très brièvement, histoire d'ouvrir la séance et de situer un contexte pour notre discussion, faire pour vous un survol rapide de la manière dont le ministère des Finances a obtenu le chiffre de 220 000 emplois maintenus ou créés par le plan d'action que nous avons publié dans le budget et les rapports subséquents. Nous avons préparé une courte présentation, que nous pouvons faire rapidement.
D'entrée de jeu, il et important de reconnaître que nous disons « maintenus ou créés » parce qu'en période de récession, il est surtout question de maintenir ou de protéger des emplois plutôt que d'en créer des nouveaux.
La première chose importante, c'est que la démarche que nous avons adoptée est fondée sur un modèle. Bien qu'on puisse dire, je pense, qu'il n'y a pas de consensus sur la marche à suivre pour faire une estimation de l'incidence de ce type de mesures stratégiques sur les emplois et la production, de façon générale, quand on regarde ce qui se passe dans le monde, le consensus semble être que la démarche fondée sur un modèle est la bonne, et pour deux grandes raisons. Tout d'abord, les modèles permettent d'isoler l'incidence des mesures stratégiques particulière de tout le reste de ce qui se passe dans l'économie—par exemple, dans le contexte actuel, des changements à la politique monétaire, des changements dans l'état de la demande extérieure dans d'autre pays. Deuxièmement, les modèles nous permettent de cerner les divers moyens par lesquels la politique fiscale peut influencer l'économie, ce qui comprend non seulement les influences directes—c'est-à-dire, par exemple, les mesures liées aux investissements dans le logement, qui ont une incidence égale sur la production—mais aussi les répercussions indirectes sur d'autres industries et les effets induits que ces types de politiques engendrent, particulièrement en période de récession, de par leurs répercussions sur le revenu.
Les diverses voies d'influence sont résumées, à la page 2 du document qui a été distribué, en ce que nous appelons des multiplicateurs de production. Vous les avez certainement déjà vus non seulement dans notre travail, mais aussi dans les documents qu'ont produit le Congressional Budget Office et le Council of Economic Advisers des États-Unis.
En gros, ce que nous essayons de faire, c'est de vous donner une idée de ce en quoi se traduit un dollar dépensé dans un secteur particulier en termes de production, puis d'emplois. Par exemple, un dollar investi dans l'infrastructure la première année engendre environ un dollar de production et, la deuxième année, quand s'amplifient les impacts indirects et induits, environ 1,05 $.
Au bas du tableau, vous voyez l'impôt des particuliers. De façon générale, un dollar de réduction de l'impôt des particuliers se traduit en environ 0,40 $ d'activité économique la première année, et atteint 90 cents la deuxième année puis l'effet s'amplifie les années subséquentes. Bien entendu, la raison de la différence entre, dans ce cas, l'impôt sur le revenu des particuliers et l'infrastructure, c'est qu'une portion de cette réduction de l'impôt, à priori, est épargnée et non dépensée. Avec le temps, tandis que les effets prennent de l'ampleur dans l'économie, il en est de même de l'incidence globale.
Avec ces multiplicateurs, donc, nous pouvons faire une estimation de l'incidence générale sur la production, puis ensuite, d'après les relations historiques entre les changements dans la production et l'emploi, nous sommes parvenus à la conclusion qu'il est raisonnablement prudent de faire l'hypothèse que pour chaque point de pourcentage d'augmentation de la production, on a une hausse de 0,6 p. 100 de l'emploi. Cette combinaison nous porte à conclure que le plan créera ou maintiendra grosso modo 220 000 emplois.
Je voudrais souligner en passant que le chiffre de 220 000 emplois ne tient pas vraiment compte de l'incidence du programme de travail partagé, qui a connu un grand succès.
[Français]
Grosso modo, c'est l'approche que nous avons utilisée.
Il y a un autre aspect. Quand nous regardons les développements économiques récents, nous arrivons à la conclusion que, de façon générale, les développements récents correspondent plus ou moins à ce que nous attendions du plan. Cela correspond, essentiellement, à une augmentation d'environ 220 000 emplois.
On peut voir, à la page 3, la confiance des consommateurs et des entreprises. Un des grands objectifs de ce plan était de renforcer cette confiance dans une période où l'économie mondiale et canadienne chutaient beaucoup. On peut voir que la confiance des consommateurs et des entreprises a été rehaussée.
À la page 4, on voit que l'investissement gouvernemental lors des deux derniers trimestres de 2009 a connu des augmentations énormes, c'est-à-dire des augmentations de 16 p. 100 et de 25 p. 100.
À la page 5, on peut voir que l'investissement résidentiel, qui constituait une des cibles du plan, a été très élevé récemment, surtout en ce qui a trait à l'activité liée à la rénovation.
À la page 6, on peut lire que, de façon globale, l'économie intérieure, qui était l'objectif central de ce plan, demeure plus forte au Canada qu'ailleurs.
Finalement, à la page 7, il est indiqué que l'emploi, depuis le mois de mars, semble s'être stabilisé au Canada, surtout si on compare notre situation à celle des États-Unis. En effet, le taux de chômage au Canada est environ 1,6 p. 100 plus bas qu'aux États-Unis.
Ce sont donc le travail et le suivi que nous avons faits depuis notre analyse du budget.
Merci beaucoup.
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Je tiens à exprimer toute ma reconnaissance à nos invités à répétition pour le temps qu'ils nous consacrent encore.
Merci pour la présentation. J'espère pouvoir aborder cela avec les questions subséquentes—tout dépendra du temps que j'aurai—mais je voudrais seulement dire que nous nous inquiétons toujours du fait que l'on se fie sur des modèle plutôt que sur les faits. Nous vivons une période peu ordinaire, et nous nous sommes concentrés sur la recherche de chiffres réels. Nous savons que dans certains ministères, notre comité et d'autres ont pu extraire des chiffres réels sur l'emploi par projet. Nous ne semblons toujours pas pouvoir en faire autant. Donc je comprends que la démarche présentée ici soit fondée sur un modèle, mais je ne suis pas sûre que nous soyons tout à fait convaincus que ce soit l'unique façon de faire.
J'aimerais aborder deux ou trois questions qui ont été soulevées lors de la dernière réunion du comité.
Je tiens à vous remercier, madame Baltacioglu, d'avoir fourni le document d'entente entre le gouvernement fédéral et, dans ce cas-ci, l'Ontario.
Nous parlions de la nécessité de données sur la création d'emploi et de rapports d'étape. À la dernière réunion du comité, on a tenté avec beaucoup d'insistance de nous faire accepter que, d'une manière ou d'une autre, le gouvernement fédéral n'a pas à recevoir les renseignements que la province, en l'occurence ici l'Ontario, a demandés aux municipalités relativement au programme de stimulation de l'infrastructure.
J'aimerais citer un petit extrait de l'entente entre le gouvernement fédéral et celui de l'Ontario.
a) surveiller la progression des projets;
C'est donc clairement une obligation de la province de surveiller la progression.
L'article 9 traite spécifiquement des rapports d'étape:
L'Ontario doit fournir au Canada des rapports d’étape trimestriels (conformément à la Loi d’exécution du budget de 2009 et aux exigences subséquentes) décrivant en détail les progrès réalisés en vue de mettre en œuvre les projets:
Il y est question, noir sur blanc, des montants attribués; des sommes reçues du Canada; de montants dépensés sur les projets qui ont été décrits en détail. De plus, des renseignements sont exigés sur les projets commencés et quasi achevés.
Je souligne que nous avons aussi passé beaucoup de temps à demander des renseignements sur les montants réellement dépensés.
Ma première question est la suivante: est-ce que l'Ontario a reçu un rapport d'étape—le 30 août me semble-t-il—et dans l'affirmative, pouvons-nous en obtenir copie?
:
Tous nos accords de contribution comportent une exigence stipulant que chaque province et territoire doit présenter des rapports d'étape trimestriels au gouvernement fédéral sur la progression des projets, les sommes dépensées et les demandes qu'ils présentent relativement au fonds—ce que le gouvernement fédéral exige.
Le comité a déjà reçu, de même que le directeur parlementaire du budget, tous les relevés des demandes soumises dans le cadre de la première ronde, en août et septembre. Ce document a été remis au comité à votre demande. Il a aussi été remis au directeur parlementaire du budget.
Le deuxième rapport était censé être soumis en novembre, et nous avons déjà fait environ 90 p. 100 du travail de vérification, d'élagage, de correction des erreurs et omissions, et de recensement des données incomplètes. Nous n'avons pas encore fini de vérifier la deuxième série de données sur les demandes. Vous avez la première série, mais pas encore la seconde.
Pour ce qui est de ce que l'Ontario obtient de ses municipalités, après la réunion de la semaine dernière, l'entente que nous avons conclue avec l'Ontario exige que l'Ontario nous remette un rapport provincial. Elle n'exige pas que l'Ontario nous communique les données qu'elle recueille auprès des municipalités et d'autres bénéficiaires. Nous avons, comme vous l'avez demandé lors de la dernière réunion, sollicité un avis juridique de nos avocats à savoir si notre contribution à l'Ontario oblige la province à nous fournir ces données.
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Merci, madame la présidente.
Madame, messieurs, bonjour. Je m'adresserai tout d'abord à M. Rochon.
Monsieur Rochon, j'ai toujours eu beaucoup de réserves face aux approches modélisées, face aux estimés. Bien que vous teniez compte de certaines contingences, cela reste quand même un estimé.
Vous dites que le gouvernement, grâce à son Plan d'action économique, a créé 220 000 emplois. J'ai beaucoup de difficulté à évaluer la véracité d'une telle affirmation. Ce n'est pas parce que je mets en doute votre travail. Par contre, au Québec, on a perdu des milliers d'emplois, notamment au sein de l'industrie manufacturière et de l'industrie forestière. Quand vous essayez de me vendre le Plan d'action économique du Canada ou de ce gouvernement qui dit avoir créé 220 000 emplois, j'ai beaucoup de misère à digérer cela.
D'autre part, cela concerne les mesures liées aux investissements au chapitre du logement. La semaine dernière, encore, certains groupes canadiens et québécois disaient ne pas avoir vu la couleur de l'argent qui devait être investi, notamment dans le logement social. Vous comprendrez pourquoi je mets en doute votre énoncé d'ouverture.
De plus, on parle du programme Travail partagé. On peut avouer que cela ne crée pas d'emplois, on fait simplement déplacer le problème. Dans un travail à quart partagé, les gens se partagent l'emploi, et un certain groupe reçoit de l'assurance-emploi une semaine et travaille l'autre semaine, et vice versa. Ceux qui ont travaillé reçoivent de l'assurance-emploi.
J'ai donc de la difficulté à accepter vos chiffres. J'aimerais que vous preniez simplement quelques secondes pour m'expliquer comment je pourrais accepter les chiffres que vous avez énoncés.
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Merci, madame la présidente.
Nous ne faisons que tourner en rond avec les témoins, et je ne suis pas sûr que nous obtenions encore ce qui nous importe. Je suis assis ici depuis un moment à essayer de déterminer si le problème est simplement que nous ne posons pas les bonnes questions—en partie parce que nous sommes des profanes et non des économistes—ou que nous posons des questions qui n'ont pas de réponse.
C'est ce que j'essayais de trouver—un genre de questions qui pourraient se révéler utiles. Très franchement, je ne suis pas sûr d'y arriver.
Si nous ne posons pas les questions pertinentes, il nous faut un guide. Nous avons besoin d'aide pour les poser. C'est comme Rumpelstiltskin ou quelque chose du genre: il faut employer exactement le bon terme pour que commence la magie. Mais peut-être—peut-être seulement—n'existe-t-il simplement pas de réponses pour les questions que nous posons, ou du moins pas encore.
Est-il tout simplement trop tôt pour dire combien d'emplois le plan de relance créera vraiment? Devrions-nous vous demander de revenir dans six mois ou un an pour faire une rétrospective, et alors vous pourriez nous parler des emplois créés?
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Il est clair qu'en rétrospective, nous en aurions une meilleure idée. Je pense qu'il y a certaines choses que l'on peut dire au sujet de la création d'emplois. Le suivi de la mise en oeuvre du plan est une première étape.
Comme nous l'avons dit dans le troisième rapport, dans le secteur automobile en particulier, il y a 52 000 emplois en jeu. Nous savons donc cela. Nous avons des chiffres estimatifs, et ce ne seront toujours que des estimations portant sur divers aspects du plan, comme l'impôt et l'assurance-emploi. Nous pourrons vous dire combien de prestataires de l'assurance-emploi nous avions à un certain moment de l'année. Il est toujours difficile de dire combien nous en aurions eu s'il n'y avait pas eu sans les programmes, mais nous pourrons au moins vous dire combien il y en a eu.
Ce qui est difficile, c'est le secteur de l'infrastructure où l'argent est injecté dans l'économie. Nous n'avons pas encore reçu les factures, mais nous savons qu'il y a de l'activité. Alors à la lumière d'une série d'hypothèses en ce moment, nous pouvons vous dire où nous pensons être, et plus ou moins ce que nous pensons constater.
Pour ce qui est de répondre à votre question sur des aspects comme le crédit d'impôt pour la rénovation domiciliaire, nous ne saurons qu'après l'échéance des déclarations de revenus à quel point cette mesure a été populaire. Nous pensons qu'elle l'est beaucoup, mais nous ne pouvons pas vous dire jusqu'à quel point.
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En fait, j'aimerais continuer dans la même veine que M. Martin—pas la toute dernière partie, mais pour essayer de comprendre le concept de la création d'emplois.
J'ai leu les témoignages qu'a reçus le Comité permanent de l'industrie, des sciences et de la technologie le 30 novembre. Vous avez entendu des témoins du ministère de la Diversification de l'économie de l'Ouest, de l'Agence de promotion économique du Canada atlantique et de l'Agence de développement économique du Canada pour les régions du Québec. Ils ont été très spécifiques au sujet des emplois créés.
Je vais vous donner un petit exemple. C'était au sujet du financement des loisirs. Je lis:
La Ville de Mount Pearl, à Terre-Neuve-et-Labrador, a reçu 600 000 $ du PILC pour un projet de 1,8 million de dollars pour l'amélioration de sa principale installation de soccer. Ces travaux ont permis de créer 33 emplois de courte durée.
Nous parlons de mesures de relance économique et de leur justification, soit la création de 220 000 emplois et la nécessité de remettre en état l'infrastructure qui périclite partout au pays. Alors je suis portée à demander, madame Baltacioglu, quand vous dites ne pas avoir demandé les chiffres de l'emploi quand on prétend créer 220 000 emplois avec les mesures de relance, alors qu'il semble qu'au moins dans certains cas vous ayez les chiffres, pourquoi vous n'avez pas demandé ces chiffres?
Comment pouvez-vous expliquer qu'en effet, vous allez créer 220 000 emplois, mais vous n'exigez pas de chiffres, alors en fait vous ne savez pas combien d'emplois ont été créés?
:
Il y a plusieurs enjeux, je pense.
Tout d'abord, nos collègues de l'agence de développement régional, je crois, doivent comparaître devant le comité ou... Peut-être pourriez-vous leur demander quelles données ils recueillent exactement.
À ce que j'ai compris, ils recueillent des données sur l'emploi parce qu'ils travaillent directement avec les proposants, ce que nous ne faisons pas. Nous avons conclu des ententes principalement avec les provinces. Ils travaillent avec une municipalité particulière, un proposant particulier, et cetera.
Ils ont demandé les chiffres sur l'emploi et apparemment, comme ils sont dans le domaine du développement économique, ils demandent ce genre de données déjà depuis un certain temps.
Je ne veux pas parler de qui...
:
En ce qui concerne le financement de mesures de relance, le gouvernement a décidé de demander des données sur la progression des projets. Combien a été dépensé? Quelle est la date de début du projet? La date d'achèvement? Y a-t-il eu des demandes de propositions? Nous en avons déjà parlé.
La raison pour laquelle nous n'avons pas demandé de données précises sur l'emploi, c'est qu'à l'époque on doutait de la fiabilité des données. Je n'étais pas là, mais ces personnes, ici, y étaient et ils peuvent vous expliquer cela plus en détail. Quand on recueille des données sur des milliers et des milliers de projets, par l'entremise des proposants... c'est le même problème qu'ont les États-Unis en ce moment, c'est-à-dire que 980 $ de bottes créent neuf emplois, et cetera. Les chiffres deviennent plus flous. Les proposants donnent parfois, je suppose, des chiffres gonflés ou incomplets. La comparaison entre le temps partiel, les emplois de courte et de longue durée devient un problème. Si un charpentier travaille, par exemple, sur un projet de pont et travaille sur quelque chose d'autre, comment rendre ces deux réalités?
Donc décision a été prise de ne pas recueillir ce genre de données, à cause de leur manque de fiabilité.
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Merci beaucoup, madame la présidente.
Madame, messieurs, bonjour.
J'aimerais revenir à la page 2, intitulée « Multiplicateurs de production ». On sait très bien que dans le milieu des affaires, quand les promoteurs ont des projets, le chiffre qu'ils nous font toujours miroiter est celui des retombées économiques des projets. On le voit souvent lors de grands événements. L'élastique s'allonge toujours et on nous dit que si on investit dans tel projet, il y aura des retombées économiques. Donc, il y a toujours une certaine relance.
Quant aux multiplicateurs de production, vous avez séparé les données par tranches de un dollar pour démontrer l'augmentation permanente de sa valeur, à toutes fins pratiques. Vous avez aussi fait référence à 220 000 emplois, de même qu'à 27 milliards de dollars d'investissements, dans le plan de relance.
Ces 27 milliards de dollars sont-ils vraiment investis dans leur totalité? Est-ce qu'ils ont été versés? Est-ce que ce sont tous des projets en cours?
:
Je vous remercie, madame la présidente.
Merci de vous être déplacés jusqu'ici cet après-midi. Nous apprécions votre témoignage.
Je suis d'accord avec M. Martin quand il pense que nous pourrions, en tant que comité, être en train d'essayer de porter un jugement un peu tôt sur quelque chose qui est encore en mouvement. Alors nous comprenons que notre intérêt pour certains aspect pourrait être quelque peu prématuré. Par contre, ce que nous recherchons, en tant que comité, c'est en quelque sorte de savoir où nous en sommes, si nous faisons ce qu'il faut, et s'il y a quelque chose que ce comité pourrait recommander de faire autrement.
Nous avons l'impression, d'après tout ce qu'on entend, que ce soit des médias ou des gens sur le terrain, que tout va comme sur des roulettes et qu'il y a partout au pays des collectivités à qui ces mesures profitent.
Madame Baltacioglu, je me demande si vous pouvez aider le comité à comprendre exactement la valeur des projets qui ont été annoncés, la valeur des projets qui ont reçu le feu vert au pays aujourd'hui, pour ce qui est de l'élément fédéral, mais aussi la valeur totale une fois que s'y ajoute le financement de contrepartie. J'aimerais que vous puissiez nous dire, rien de la perspective des transports, quelle serait la valeur des projets qui ont été annoncés et qui ont reçu le feu vert dans le cadre du plan de relance et des divers fonds qui ont été créés à la suite du budget le plus récent.
C'est le genre de chose qui est utile au comité. Ce que nous essayons de faire, en l'absence des emplois... et ce que nous essayons de saisir, c'est ce qui a été libéré au plan de l'économie aujourd'hui. Combien de personnes pourraient être au travail en conséquence du feu vert donné? Les chiffres que vous avez énoncés cet après-midi nous en donnent une bonne idée. Nous pouvons amorcer notre analyse à partir de là.
Le temps nous le dira mais j'ai l'impression, puisque je viens d'une circonscription dont les municipalités accordent une grande valeur à l'investissement dans l'infrastructure, qu'il n'y a pas une municipalité qui ne fera pas avancer son projet, parce qu'elles y voient une ouverture. Alors je pense que nous pouvons raisonnablement nous attendre à ce que 90 p. 100 des fonds qui ont été attribués à divers paliers de gouvernement soient dépensés en temps et lieu et que ces emplois seront créés. Je l'apprécie donc.
Pour ce qui est des avantages additionnels... Eh bien, permettez-moi de digresser. Je voudrais parler avec le ministère des Finances du sujet qu'a abordé M. Martin, à propos de certains types d'investissements et de leur effet dans l'économie. Nous voyons de l'investissement dans l'infrastructure, des mesures pour les ménages à faible revenu. Je soupçonne que celles-là sont au haut de...
Au début de la séance, j'ai précisé avoir quelques réserves à l'égard de l'approche reposant sur un modèle. Je saisis la valeur d'une telle approche, au même titre que je comprends l'importance de la participation du Conference Board du Canada, par exemple.
Cependant, j'aimerais souligner deux choses. Premièrement, les économistes se sont quelque peu étonnés de ce qui semble être, et de ce qu'on qualifie souvent de « reprise sans création d'emplois ». Ainsi, les précédents modèles fondés sur les plans d'investissement dans les infrastructures ou sur les plans de dépenses pour stimuler l'économie ont donné lieu à certaines projections, je crois, mais les économistes observent maintenant cette soi-disant reprise sans emploi. Je ne vous demande pas de vous prononcer là-dessus. Je ne fais que souligner qu'à cet égard, les modèles précédemment utilisés pourraient poser problème.
L'autre difficulté que posent pour moi les prévisions fondées sur un modèle, c'est qu'elles supposent que tout sera fait correctement. Or, sous ce gouvernement, nous avons déjà connu de réels problèmes relativement à un certain grand programme de dépenses, où un petit nombre de criminels ont tiré un net avantage de ces grandes dépenses dans un laps de temps relativement court, sans reddition de comptes. Je suis de ceux qui ont applaudi l'effort pour améliorer la responsabilisation, car nous voulons éviter qu'une telle chose se produise.
En l'occurrence, ce qui m'inquiète, c'est qu'en s'appuyant seulement sur des modèles sans s'enquérir des faits, sans demander aux programmes régionaux les chiffres précis rattachés à des projets particuliers, on a là une occasion... Parce qu'il est question de fortes sommes, et que celles-ci sont versées rapidement, et surtout, à différents paliers de compétence, il pourrait même être plus ardu de suivre la trace de cet argent. Je ne dis pas le contraire.
Mais je demeure fort préoccupée. N'avons-nous rien appris? Je vous le demande. La possibilité que certains puissent en profiter sans devoir rendre de comptes quant à la création d'emplois concrets m'inquiète beaucoup. Je voulais donc le souligner, mais j'ai aussi une question à poser en ce qui concerne l'entente entre le gouvernement fédéral et les provinces.
Je vous cite le paragraphe 12, où l'on traite des communications:
Les parties conviennent par la présente de respecter les modalités du protocole de communication établies dans l'entente-cadre en matière d'infrastructure conclue entre le Canada et l'Ontario en date du 24 juillet 2008.
Je présume qu'il s'agit d'un document accessible au public. Dans le cas contraire, je précise que nous voudrions en obtenir copie.
On poursuit en disant:
Le Canada fournira à l'Ontario les lignes directrices, les illustrations et les exigences relatives à la stratégie de marque qu'il faut utiliser dans le cadre de toutes les communications concernant la présente entente entre le Canada et l'Ontario relative au Fonds de stimulation de l'infrastructure.
Puis-je demander aux représentants ici présents si les documents relatifs à ces lignes directrices, à ces illustrations et à ces exigences liées à la stratégie de marque pourraient être déposés auprès du comité?
:
Merci, madame la présidente.
Je tiens à remercier nos témoins de leur présence aujourd'hui.
Madame Baltacioglu et monsieur Forster, je commence à avoir l'impression que vous êtes de vieux amis. Vous avez comparu ici à plusieurs reprises. Nous pourrions peut-être aller prendre un café chez vous, un de ces jours.
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Oh la la; ça devient intéressant.
M. Ed Holder: Je tiens à vous remercier parce que vous avez fait preuve d'un grand professionnalisme, et que votre témoignage a été fort utile.
Je suppose, messieurs Rochon et Robidoux, que vos témoignages sont tout aussi utiles. En fait, c'est le cas.
Je le dis en toute sincérité, car il y a de cela quelques séances, l'ombudsman a fait la remarque que parfois, on avait l'impression que les députés n'appréciaient pas le travail acharné de nos fonctionnaires. Je sais seulement que j'exprime l'opinion de tout le monde ici lorsque je vous dis que vous faites du bon travail.
Monsieur Rochon, dans vos remarques liminaires, vous avez mentionné les 220 000 emplois créés ou maintenus grâce au Plan d'action économique du Canada. Ensuite, lors d'une intervention subséquente, je vous ai entendu faire allusion au Conference Board et à l'Université de Toronto. Vous vous êtes adressés à eux pour étayer vos chiffres, en quelque sorte. Au terme de cet exercice, vous avez déterminé que les chiffres que vous aviez indiqués étaient des estimations conservatrices -- c'est un terme approprié.
Voici ma question, qui est davantage d'ordre pratique. Vous avez indiqué qu'ils ont utilisé des multiplicateurs plus élevés. En tenant compte de vos estimations quant à la création de 220 000 emplois, pourriez-vous me dire à combien ces deux autres centres de référence ont estimé le nombre d'emplois qui seront créés?
:
Je puis répondre à cette question.
D'abord, nous avons obtenu leurs multiplicateurs de production, notamment ceux se traduisant par des emplois. Je crois que nous aurons d'abord à vérifier auprès d'eux qu'ils ont... Ils nous ont communiqué leurs multiplicateurs dans le cadre de l'établissement du budget. Ils n'ont jamais vu les résultats finaux, ni l'effet de stimulation.
Nous aimerions, je crois, leur demander s'ils approuvent toujours leurs multiplicateurs, ce qui sera le cas, d'après moi.
En ce qui a trait aux chiffres que nous obtenons en appliquant les multiplicateurs, je pense que nous pourrions les obtenir. Je peux seulement vous dire que du côté du Conference Board, le chiffre sera légèrement supérieur à 220 000. Et avec le modèle de l'Université de Toronto, il sera bien plus élevé.
Je vous dirais qu'entre les deux sources, c'est le Conference Board du Canada qui se situait à l'échelon le plus bas pour la plupart des multiplicateurs... Mais les résultats étaient assez élevés. Ainsi que Paul le disait, pour ce qui est de traduire l'impact de la production par un impact sur les emplois, leurs multiplicateurs étaient très grands. Par exemple, pour... Et en ce qui concerne l'infrastructure, l'élément que j'ai examiné avant de venir ici, dans un cas comme dans l'autre, les multiplicateurs de production débouchant sur des emplois étaient plus élevés que ce que nous avions supposé.
Mais nous devrons examiner ces chiffres. Dans l'un des cas, je dirais que les chiffres seraient bien plus élevés. Dans l'autre, du côté du Conference Board, ils le seraient légèrement plus.
:
Monsieur Robidoux, je ne suis pas du genre à revenir en arrière pour vous demander un projet de création d'emplois, mais je serais heureux d'obtenir ces chiffres. Laissez-moi vous dire pourquoi.
Il me semble que ce gouvernement a été malmené, justement ou injustement — plutôt injustement, je vous dirais — pour ce qui est des emplois créés. Ce n'est peut-être pas une science exacte, mais lorsque des sources crédibles comme vous et les deux autres groupes que vous avez cités, et qui ont établi des prévisions, proposent une fourchette pour le nombre d'emplois, il peut être assez intéressant d'avancer que moins de 220 000 emplois seront créés, au minimum, en fonction de certains facteurs. Il ne s'agit pas d'un sondage d'opinions. Il s'agit d'utiliser des points de référence pour tenter d'en arriver à des chiffres crédibles.
Je voudrais connaître cette fourchette de prévisions. J'estime qu'il serait utile, pour le comité, de la connaître. Je précise qu'à l'échelon inférieur de cette fourchette, nous parlons de 220 000 emplois, et possiblement davantage.
Mais j'y reviendrai pour faire valoir un autre point.
:
Merci, madame la présidente.
Ma question s'adressera à M. Forster ou à Mme Baltacioglu. Vous savez qu'il y a eu des élections dans tout le Québec, ce qui a entraîné un délai d'environ trois mois dans le dépôt de projets d'infrastructure et dans le Fonds de stimulation. On sait qu'il y a une date butoir, qui est le 29 janvier prochain, pour financer ces fameux projets.
Dernièrement, la Fédération des municipalités du Québec et l'Union des municipalités du Québec demandaient au gouvernement et aux hauts fonctionnaires, dont vous, de démontrer de la flexibilité.
En avez-vous discuté entre vous? Peut-on s'attendre à une annonce, éventuellement, de sorte qu'on puisse permettre au Québec de déposer des projets après la date butoir, compte tenu du fait qu'une période de trois mois n'a pas été utilisée par beaucoup de municipalités au Québec?
Au cours d'une précédente intervention, on a dit qu'en tant que ministère des Finances, vous établissiez des prévisions, et que c'était votre tâche; vous devez prévoir l'avenir. Au cours de l'élaboration du budget, vous devez prévoir la quantité d'investissements dont nous avons besoin, comment nous tirer d'une récession, quel est le niveau d'urgence et quel sera le montant du déficit. Néanmoins, en tant que comité, étant donné que nous sommes le comité chargé des opérations gouvernementales, nous devons veiller à assurer un examen objectif. C'est pourquoi nous avons répété cette question: ces estimations que vous avez faites sont-elles justes?
Aidez-nous à y voir clair dans vos estimations, de même qu'à comprendre si vous créerez réellement des emplois et si, de ce fait, vous nous sortirez du déficit de 56 milliards, car lorsqu'ils examinent la situation, les Canadiens se disent qu'ils sont prêts à s'attaquer au déficit s'ils entrevoient une voie de sortie. D'après vos prévisions, considérez-vous cette création d'emplois comme une solution pour nous sortir du déficit?
Enfin, entre votre troisième et votre quatrième rapport, les fonds alloués à l'infrastructure ont diminué de un milliard de dollars. Quelle incidence cela aura-t-il sur votre modèle de simulation?
La présidente a été si impressionnée par ma série de questions que j'ai le droit d'en poser quelques autres.
Mais avant, j'aimerais vous lire une citation que le comité trouvera probablement très éloquente, et dont l'auteur est M. Michael Atkinson, président de l'Association canadienne de la construction. Elle pourrait se traduire ainsi: « Alors que, bien souvent, le nombre de permis de bâtir fluctue brusquement de mois en mois, il ne fait aucun doute... que la croissance témoigne des mesures de relance des gouvernements, lesquelles ont débouché sur des projets et des activités de construction, particulièrement dans le secteur de l'éducation. » Il poursuit en disant que dans certaines régions du pays, où les travaux dans le secteur privé sont au point mort, « n'eût été des [fonds gouvernementaux], il n'y aurait aucune construction en cours. »
À mes yeux, ces remarques ajoutent foi à vos commentaires.
Je trouve que notre discussion d'aujourd'hui sur les emplois et les impacts tombe à point nommé, car Statistique Canada a signalé que près de 80 000 emplois avaient été créés en novembre.
Soit dit en passant, je ne crois toujours pas que nous nous en sommes sortis. Nous avons tous affirmé qu'il nous fallait agir avec précaution. Nous sommes en présence d'une reprise fragile et d'une récession mondiale, mais le taux de chômage a chuté d'un point supplémentaire, passant de 8,6 p. 100 à 8,5 p. 100. Même dans ma ville de London, en Ontario, où la région s'est classée deuxième parmi les régions ayant les taux de chômage les plus élevés au Canada, au cours du mois dernier, nous avons connu une baisse d'un point de pourcentage. C'est de bon augure, et j'espère que c'est un bon indicateur de ce qui nous attend dans l'avenir.
Monsieur Rochon, je ne crois pas que vous ayez pu vous exprimer; voici donc ma question concernant...
:
On parle d'emplois maintenus ou créés; nous ne voulons pas fendre les cheveux en quatre sur cette question.
J'aimerais interrompre la séance pour 30 secondes. La sonnerie retentira à 17 h 15.
Merci beaucoup de votre présence. Nous espérons vous revoir. Nous sommes devenus de si bons amis; nous vous verrons avec plaisir.
Chers membres du comité, veuillez demeurer assis; je dois terminer cela. J'ai une question à vous soumettre.
En ce qui concerne la séance de jeudi, trois options ont été proposées. Premièrement, on suggère que nous nous servions de cette séance pour discuter de nos travaux futurs et pour déterminer ceux-ci. Deuxièmement, comme Mme Baltacioglu l'a mentionné, il y a des organismes de développement régional qui recueillent des données sur l'emploi. Si nous voulons les faire revenir, nous le pouvons. Troisièmement — et je suis certaine que c'est ce que vous choisirez —, on est las de discuter du plan de relance économique, et l'analyste doit finaliser le rapport. Nous avons tout simplement besoin des données de novembre et du cinquième rapport dont il a été question, alors il est proposé d'accorder un répit aux membres du comité.
Des voix: Bravo!
La présidente: Nous partirons, et vous allez promettre de nous envoyer par courriel les sujets que vous voudriez que nous abordions dans le cadre de nos futurs travaux.
Que préférez-vous?
Oui, monsieur Warkentin.