Tout le monde n'est pas encore arrivé, mais nous allons tout de même commencer. Quelques membres du comité et certains témoins sont pressés par le temps aujourd'hui, alors nous allons commencer, sans plus tarder.
Nous allons entamer une discussion et une étude sur le libre-échange entre le Canada et l'Union européenne. Des pourparlers, et même des négociations, sont en cours. Nous sommes donc ravis de bénéficier aujourd'hui d'un aperçu qui nous sera donné par certains participants canadiens à ces négociations, y compris le négociateur commercial en chef responsable du dossier Canada-Union européenne, soit Steve Verheul, qui est à Vancouver aujourd'hui.
Merci d'avoir pris le temps de nous rencontrer. Je sais que vous avez un horaire chargé de rencontres à Vancouver, donc je suis reconnaissant du temps que vous nous accordez.
Nous avons également avec nous David Plunkett, aussi du ministère des Affaires étrangères et du Commerce international, qui est négociateur commercial en chef et responsable des Relations bilatérales et régionales. Se joint également à nous M. Gilles Gauthier, directeur général et négociateur en chef agricole, du ministère de l'Agriculture et de l'Agroalimentaire. Nous sommes donc en bonne compagnie aujourd'hui.
Nos députés ont déjà des questions, mais j'aimerais qu'on commence par des déclarations préliminaires. Étant donné que nous n'avons que peu de temps, et puisque nous avons commencé légèrement en retard, je demanderais à M. Verheul de procéder. M. Plunkett voudra peut-être également présenter un exposé par la suite. Ensuite, nous passerons directement aux questions.
Monsieur Verheul, de combien de temps disposez-vous? Pouvez-vous nous accorder une heure?
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Merci beaucoup. Je vous remercie de m'avoir invité à comparaître devant vous aujourd'hui.
Je vais commencer par replacer ces négociations en contexte. Ensuite, j'expliquerai quelques-unes des étapes clés dans les négociations et les échéanciers, et enfin, je vous donnerai un bref aperçu de certains enjeux clés qui sont présentement négociés.
Tout d'abord, la négociation d'un accord économique et commercial global ambitieux et de qualité avec l'Union européenne est une des grandes priorités du gouvernement du Canada. Ces négociations ouvrent des perspectives importantes. Un AECG nous donnerait un accès préférentiel au plus grand marché du monde. Forte de ses quelque 27 États membres, d'une population totale de près de 500 millions d'habitants et d'un PIB global de plus de 19 billions de dollars canadiens, l'UE est déjà notre deuxième partenaire commercial. Nos nombreux liens historiques, économiques et culturels font de l'UE un partenaire commercial évident pour le Canada.
Il y a très longtemps que le Canada souhaite négocier un accord de libre-échange avec l'UE. En effet, il a fallu beaucoup de temps pour convaincre l'UE de négocier un accord commercial et le processus a nécessité de nombreuses interventions de la part de dirigeants politiques, de représentants du gouvernement canadien ainsi que de représentants du secteur privé. En bout de ligne, nous avons réussi à convaincre l'UE que le Canada était prêt à négocier un accord ambitieux et les négociations en vue d'un AECG ont été lancées officiellement à Prague au Sommet Canada-UE de mai 2009. À ce sommet, les dirigeants ont convenu de viser un résultat ambitieux et de boucler les négociations en très peu de temps, à savoir en moins de deux ans.
Pour le Canada, il s'agit de loin de négociations en vue d'un accord de libre-échange les plus importantes depuis la négociation de l'Accord de libre-échange entre le Canada et les États-Unis, en place depuis plus de 20 ans, puis de l'ALENA qui a suivi. Dans les négociations en vue d'un AECG, nous cherchons à aller plus loin que dans celles de l'ALENA, tant pour ce qui est de l'éventail des sujets traités que du résultat ambitieux visé. L'UE entend elle aussi aller plus loin que dans tout autre accord de libre-échange qu'elle a négocié par le passé.
Nous nous attendons à ce qu'un accord avec l'UE ait des retombées pour beaucoup de secteurs, y compris les produits industriels, comme le bois, les produits chimiques, les plastiques, l'aluminium, l'automobile et les pièces d'automobile, ainsi que le poisson et les produits de la mer et les produits agricoles. Nous nous attendons également à des retombées dans des secteurs de services et dans des domaines d'investissement, comme l'énergie, la construction, l'ingénierie, les technologies de l'information et des communications, la recherche et le développement, l'environnement et beaucoup d'autres.
Quant au calendrier, nous avons entamé les négociations le 6 mai 2009, comme je l'ai indiqué, et nous avons tenu trois séries de négociations officielles depuis. La première s'est tenue en octobre dernier, et nous en avons tenu deux cette année, à savoir une en janvier et une en avril. Nous prévoyons deux autres séries de négociations au cours des prochains mois, soit l'une en juillet et l'autre en octobre, après quoi nous ferons un bilan afin d'évaluer les progrès et de planifier les prochaines étapes des négociations. Jusqu'ici, les deux parties, tant le Canada que l'Union européenne, considèrent qu'elles avancent bien dans les négociations. Nous visons à les conclure l'an prochain, soit en 2011.
La particularité de ces négociations, est due au fait que l'UE manifeste un vif intérêt à l'égard des domaines de compétences provinciale et territoriale, les provinces et les territoires sont très étroitement associés aux négociations, et sont même présents dans les salles de négociations pour les questions relevant de leurs compétences. De 40 à 60 représentants provinciaux-territoriaux étaient présents à chacune des séries de négociations, et nous les rencontrons souvent, comme par exemple cette semaine à Vancouver. Nous les rencontrons aussi à la veille de chaque série et à la fin de chaque journée de négociation. Le processus est compliqué et exigeant, mais il se déroule généralement bien.
Pour ce qui plus précisément des progrès dans les négociations, nous avançons rapidement. Nous avons depuis l'automne un texte unifié qui couvre les 22 domaines de négociation, et nous avons déjà terminé ou mis de côté un certain nombre de chapitres.
Nous avons également échangé des offres initiales sur les biens qui, pour 90 p. 100 environ, seraient exonérés de tout droit dès l'application de l'accord, ce qui représente une offre initiale très ambitieuse. Nous avons en outre échangé des demandes détaillées sur les marchés publics, les services et l'investissement.
Je vais maintenant parler plus précisément de quelques questions clés des négociations.
Les marchés publics sont une priorité importante pour l'UE, en particulier à l'échelle infranationale. Il sera important pour nous d'avoir un objectif ambitieux sur cette question, car elle donnera, dans une certaine mesure, le ton pour d'autres domaines. Nous travaillons en étroite collaboration avec les provinces et les territoires pour nous assurer qu'il en soit ainsi.
Côté services et investissement, nous incitons l'UE à adopter l'approche plus ambitieuse d'une liste négative, ce qui signifie que les engagements portent sur tout, sauf des exceptions précises.
Telle est l'approche que nous avons suivie dans tous nos accords, y compris l'ALENA, mais ce n'est pas le cas de l'UE, qui utilise normalement une liste positive, c'est-à-dire des engagements uniquement sur une liste de domaines précis.
Nous insistons aussi auprès de l'UE pour qu'elle aille plus loin en ce qui concerne la mobilité des travailleurs, l'assouplissement de l'admission temporaire des gens d'affaires et des professionnels et la question de la reconnaissance mutuelle des titres de compétence, afin de favoriser le déplacement de part et d'autre des professionnels.
Pour ce qui est des produits, les 10 p. 100 toujours assujettis à des droits pour lesquels nous n'avons pas présenté d'offre sont des points délicats à négocier, comme l'agriculture de part et d'autre ou le poisson dans le cas de l'UE.
Dans le cadre des pourparlers sur le commerce des marchandises, nous prêtons une attention particulière aux obstacles non tarifaires, notamment en ce qui concerne les normes d'application de la réglementation. Il sera essentiel pour la libre circulation des marchandises entre nos deux marchés de concilier les normes européennes et canadiennes, que ce soit sur une base nord-américaine, canadienne ou provinciale et territoriale. Nous avons déjà bien progressé dans la coopération en matière de réglementation et ce sera la première fois que nous aurons un chapitre sur cette question dans un accord de libre-échange.
La propriété intellectuelle est également un domaine important, car l'UE insiste sur la question de la protection du droit d'auteur, de l'application des lois et de la protection des indications géographiques pour certaines denrées alimentaires. Le projet de loi sur loi sur le droit d'auteur déposé par le gouvernement il y a quelques semaines devrait nous aider à progresser sur certains de ces points.
Tels sont les principaux domaines sur lesquels nous nous concentrons, mais nous cherchons à établir des normes élevées de manière générale, y compris en matière d'environnement, de travail, de règlement des différends, de coopération, etc. Nous continuerons d'accélérer le plus possible le processus de négociation sans perdre de vue l'objectif ambitieux recherché dans l'ensemble des domaines.
Je vous remercie de votre attention et je répondrai volontiers à toutes vos questions.
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Merci, monsieur le président.
Dans le budget de 2007, le Canada a adopté la Stratégie commerciale mondiale (SCM), laquelle a pour objet d'aider nos entreprises à devenir plus concurrentielles au sein de l'économie mondiale d'aujourd'hui. Elle a donc pour objectifs d'accroître notre présence commerciale à l'étranger, d'obtenir un accès concurrentiel aux marchés mondiaux et d'accroître l'investissement étranger direct au Canada et ailleurs.
La SCM comprend un programme dynamique axé sur une politique commerciale, notamment nos négociations avec l'Union européenne. Le fait est que nous nous heurtons encore à un certain nombre d'obstacles sur les marchés internationaux. C'est pourquoi notre stratégie met l'accent sur l'importance de promouvoir le libre-échange dans le cadre de l'Organisation mondiale du commerce (OMC) et notamment sur la tenue d'une série sans précédent de négociations commerciales, à l'échelle régionale et bilatérale également.
[Français]
Le commerce est essentiel à la prospérité, à la productivité et à la croissance du Canada.
L'OMC, l'Organisation mondiale du commerce, représente l'instance idéale pour mettre en place un système commercial mondial davantage ouvert, équitable et fondé sur des règles.
Les accords de libre-échange sont de bons moyens d'améliorer l'accès aux marchés étrangers et de mettre nos entreprises sur un pied d'égalité avec leurs concurrents.
[Traduction]
Les ALE constituent en outre des éléments clés des mesures que nous avons adoptées face à la crise économique mondiale. Ils nous permettent de soutenir la croissance économique tout en faisant clairement savoir que le Canada est contre le protectionnisme.
Nous avons accompli des progrès dignes de mention l'an dernier; en effet, nous avons mis en oeuvre des accords avec l'AELE et avec le Pérou. Récemment, des projets de loi concernant la Colombie et la Jordanie ont également été déposés. L'accord avec la Colombie a été présenté au Sénat cette semaine, et, à la mi-mai, nous avons signé et déposé devant la Chambre des communes, aux fins d'examen, l'ALE avec le Panama. Nous avons également fait des démarches auprès de l'Ukraine, et avons d'ailleurs tenu une première série de négociations à Kiev à la mi-mai.
L'Accord de libre-échange nord-américain demeure le pilier de notre compétitivité. Il permet aux entreprises des trois pays signataires de mieux réaliser leur potentiel en menant des activités au sein d'un marché plus grand et davantage intégré. De plus, nous continuons à collaborer avec nos partenaires nord-américains en vue d'améliorer la libre circulation des biens, des services et des capitaux au sein de l'Amérique du Nord.
En ce qui concerne l'investissement, le gouvernement a lancé, dans le cadre de la SCM, un programme de négociations vigoureux en vue d'accroître le nombre d'accords bilatéraux sur la promotion et la protection des investissements étrangers — des APIE — et de chapitres sur l'investissement dans les ALE. À ce jour, le Canada a accompli d'importants progrès à cet égard, 12 accords en matière d'investissement, soit des APIE ou des chapitres sur l'investissement dans les ALE, ayant été conclus depuis la mise en oeuvre de la SCM, même si certains doivent toujours être signés et ratifiés.
L'investissement étranger lie les entreprises canadiennes aux chaînes de valeurs mondiales et à de nouveaux débouchés, améliorant ainsi leur compétitivité et augmentant la circulation des biens et services entre le Canada et ses partenaires commerciaux. Vingt-trois APIE et trois chapitres sur l'investissement sont actuellement en vigueur et nous avons un programme actif de négociations d'APIE.
Finalement, au plan des négociations sur les services aériens, le gouvernement a annoncé en 2006 une nouvelle politique de portée internationale relative aux transports aériens intitulée La politique Ciel bleu, laquelle vise à permettre aux Canadiens d'établir des liens plus étroits entre eux et avec le reste du monde. Depuis janvier 2006, le gouvernement du Canada a négocié des accords sur les services aériens ouverts, nouveaux ou élargis avec 51 pays, y compris un accord global sur les transports aériens avec les 27 États membres de l'UE.
Sur ces mots, monsieur le président, je vous laisse la parole.
Pour répondre à la première partie de votre question j'aimerais signaler que nous nous sommes engagés à essayer de faire les choses le plus rapidement possible parce que nous avons vu par le passé qu'un bon nombre de négociations, même certaines des nôtres, ont duré pendant des années. Nous voulions tous deux aboutir rapidement à une conclusion, car, nous avons participé à un certain nombre de négociations et savons ce que ça représente et ce qui est en jeu.
Nous voulions également déterminer si nous avions beaucoup de points en commun lors des négociations. Nous avons pu créer un climat de négociation fort positif, ce qui nous a permis de faire des progrès dès le début. Les Européens ont dit que nous avions déjà pratiquement un an d'avance sur le programme prévu. Donc nous avons une bonne longueur d'avance. C'est attribuable en partie aux négociations qui à ce jour se sont bien déroulées, beaucoup mieux que nous l'aurions cru, et de plus nous essayons de faire les choses le plus rapidement possible afin de maintenir cette vitesse de croisière. Je devrais cependant avouer que des questions un peu plus compliquées s'annoncent ce qui pourrait en fait nous ralentir.
Pour répondre à votre deuxième question, il s'agit de négociations complexes touchant quelque 22 secteurs. Nous avons des exigences importantes dans pratiquement tous ces secteurs, et il en va de même pour l'UE. Les objectifs offensifs les plus importants de l'UE sont certainement dans le secteur des marchés publics et de la propriété intellectuelle, pour n'en mentionner que deux. Nos objectifs offensifs les plus importants portent plutôt sur le secteur des marchandises. Nous voulons nous assurer que nos produits — qu'il s'agisse de produits agricoles, de la mer ou industriels — aient un libre accès au marché européen.
Clairement les deux parties ont certains points sensibles. Par exemple, il y a la question de la culture. Nous ne voulons pas avoir de longues négociations sur la culture. L'Union européenne a également des secteurs plus sensibles pour lesquels elle a pris des mesures de protection, par exemple les organismes génétiquement modifiés et la biotechnologie. Il s'agit de secteurs où les Européens jugent ne pas avoir beaucoup de marge de manoeuvre. Le Canada et l'UE ont leurs points sensibles dans le secteur de l'accès aux marchés pour les produits agricoles ou tout au moins certains de ces produits. Cela fera l'objet de discussion un peu plus tard lors des négociations.
:
C'est une excellente question, parce que c'est une chose à laquelle je dois faire face tous les jours.
De façon générale, la SCM établissait d'entrée de jeu notre plan d'attaque. Nous avions — et cela a commencé avant que j'occupe le poste actuel — passé en revue et identifié les principaux marchés qui intéressaient le Canada pour diverses raisons, qu'il s'agisse des intérêts du monde des affaires ou simplement d'objectifs offensifs. Il y avait d'autres secteurs dans lesquels nos concurrents allaient de l'avant, et nous devions assurer des règles du jeu uniformes et évidemment certaines étaient évidentes, par exemple comment nous y prendre avec des pays comme la Chine, l'Inde et certains pays importants de l'Union européenne.
Nous avions élaboré un plan qui avait des objectifs à court à moyen et à plus long termes, certains visaient des négociations déjà amorcées. Nous avons eu des résultats variables. Nous avons pu conclure quelques ententes par exemple l'AELE. D'autres ententes ne sont toujours pas conclues, par exemple avec Singapour qui est un projet de longue date.
Entre-temps, le monde évolue et certains débouchés se présentent. Nous écoutons les provinces, nos intervenants. Nous consacrons beaucoup de temps, comme Steve, à consulter nos collègues provinciaux et nos collègues du monde des affaires, qui nous disent que nous devrions faire ceci ou cela. Nous devons évidemment être prudents et nous assurer que ce que nous faisons n'est pas incompatible avec ce que font les autres représentants du Canada. Nous nous inspirons dans une certaine mesure du modèle de l'ALENA, mais il y a bien longtemps que nous nous sommes éloignés de l'approche pure de l'ALENA. Je crois que les négociations de Steve nous permettront d'aller à certains égards encore plus de l'avant. C'est un processus en constante évolution.
Nous faisons appel à un grand nombre d'avocats qui assurent notre honnêteté en s'assurant que tout ce que nous faisons est compatible avec ce qui a été fait et ce qui sera fait à l'avenir. C'est tout un défi de s'assurer que tout se fait comme il faut, par exemple ce que nous essayons d'accomplir dans le contexte de Genève, avec l'Organisation mondiale du commerce.
:
Merci, monsieur le président.
[Traduction]
C'est impossible à décrire. Passons à autre chose.
J'aimerais remercier nos invités d'être venus aujourd'hui.
Je siège au comité depuis 18 ou 19 mois, et je trouve cela intéressant, parce que c'est la première fois que nos discussions ont lieu avant que l'entente soit signée et non après. Je crois que c'est très utile. Je vous remercie d'être ici.
J'ai quelques questions brèves, parce que notre temps est limité. Une des questions à laquelle je m'intéresse se rapporte à la mobilité de la main-d'oeuvre, mais de deux perspectives différentes.
Le Canada a connu des problèmes dans le passé avec ses exigences de visa pour certains pays du monde — le Mexique et la Slovaquie, par exemple, Dans la mesure où nous avons certains différends avec certains États membres de l'UE, est-ce que l'entente y fait référence, ou pas du tout? Allons-nous conserver notre droit souverain de refuser l'autorisation de séjour automatique?
Je ne sais pas qui veut répondre. J'essaie simplement de comprendre...
Monsieur Plunkett.
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Oui, mais j'aimerais vous répondre.
Il est clair que tout ce dossier a été soulevé. Il est évident que l'on aimerait améliorer la situation actuelle entre les provinces grâce à ce type de négociation. Je pense qu'il existe un potentiel pour résoudre certains problèmes.
En ce qui concerne l'accréditation professionnelle, l'année dernière seulement nous avons réussi à adopter, dans le cadre de l'accord sur le commerce intérieur, une disposition en vertu de laquelle si l'accréditation professionnelle est accordée dans une province, elle s'applique automatiquement au reste des provinces, avec certaines exceptions limitées.
Nous vivons une sorte de dilemme, dans nos négociations avec l'UE, parce qu'une fois qu'on accepte qu'un architecte diplômé et formé en Europe puisse travailler au Canada, si cela a été négocié à l'origine par l'Alberta, cela s'appliquera à tout le Canada. De cette façon, l'architecte en question pourra travailler dans toutes les provinces canadiennes. Malheureusement, du point de vue de la négociation, ça ne fonctionnera pas de la même façon à l'inverse, pour nous. Si nous négocions une entente sur l'accréditation entre le Canada et la France, elle s'appliquera en France, mais pas forcément en Allemagne, au Royaume-Uni, ou dans d'autres pays. Il faudra des négociations au cas par cas avec presque tous les États membres.
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Merci de votre question.
En ce qui a trait aux indications géographiques, ça fait partie d'un ensemble lié aux propositions européennes en matière de propriété intellectuelle. Les Européens, comme vous l'avez mentionné, ont un système assez élaboré en matière de protection des indications géographiques. Au Canada, on n'a pas ce système. On l'a en partie pour les vins et les spiritueux, dans le cadre d'une entente bilatérale conclue avec les Européens il y a quelques années, mais seulement pour les vins et spiritueux.
Ce qu'on a, au Canada, c'est un système de certification de marques de commerce. Alors, l'enjeu des discussions, présentement, est de comparer les deux systèmes de protection des propriétés intellectuelles et de voir s'il y a des zones où l'on pourrait s'entendre sur une meilleure protection des propriétés intellectuelles. Le système européen est passablement différent du nôtre. C'est vrai qu'il y a un certain nombre de termes, en ce qui concerne les fromages, qui sont protégés en Europe par les indications géographiques, alors que chez nous, on utilise plutôt ces termes sur une base d'appellations communes ou génériques, en vertu desquelles s'appliquent des normes en matière de fabrication de fromage.
La discussion porte sur la manière dont une approche européenne de protection des indications géographiques pourrait s'appliquer dans le contexte canadien, étant donné l'utilisation de termes comme ceux mentionnés sur une base générique au Canada, et étant donné aussi notre système de protection des marques de commerce. Alors, tout le débat tourne autour de la façon de trouver les points communs entre nos deux régimes.
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Je dirais que M. Plunkett est trop optimiste par rapport à la bureaucratie européenne et son efficacité.
M. Trost a déjà soulevé une partie de ma question plus tôt, et je pense qu'on y a répondu, mais je veux quand même parler un peu du mécanisme de règlement des différends — comment il fonctionnera et si un nouveau cadre sera mis en place qui sera différent de ceux que nous avons déjà avec, entre autres, l'ALENA.
Je dis cela car j'ai l'impression que le système européen est très protectionniste et fermé. Ils ont tendance à inclure des exigences et certaines dispositions et processus dans les procédures d'approvisionnement qui, au bout du compte, ne servent que les intérêts de leurs différents pays. En fait, j'ai entendu parler de cas où certains gouvernements collaboraient avec des entreprises privées afin que le marché soit comme ils le veulent et excluent tout fournisseur étranger. Voilà comment ils mettent en oeuvre leurs pratiques d'exclusion. Au bout du compte, les exigences sont ajustées à leurs intérêts nationaux.
Que faire face à ce type de situation? Y avez-vous réfléchi, et quels types de mécanismes seront en place? Comme je l'ai dit, y aura-t-il un cadre complètement différent pour s'occuper de ces problèmes?
N'importe qui peut répondre à la question.