Je vous souhaite la bienvenue. Nous avons été retardés par un vote à la Chambre; je tiens à présenter mes excuses à nos témoins, qui se sont montrés très patients, et en particulier à Mme Healy, qui a été plus que patiente, puisque dans son cas, c'est la deuxième fois que cela arrive.
Nous allons poursuivre notre discussion sur le , Loi portant mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et la République du Panama, de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et la République du Panama et de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République du Panama.
Aujourd'hui, nous entendrons trois témoins. Nous accueillons — de retour après que la dernière réunion a dû être annulée en raison des votes — Mme Teresa Healy, chercheuse principale, Développement des politiques économiques et sociales, Congrès du travail du Canada.
Soyez de nouveau la bienvenue. Vous disposerez de tout le temps dont vous aurez besoin aujourd'hui.
Nous procéderons un peu différemment aujourd'hui. Nous aurons une vidéoconférence, comme vous pouvez tous le voir ici, mais aussi une téléconférence.
D'abord, nous accueillons M. Félix Wing Solís, directeur exécutif, Environmental Advocacy Center, Panama.
Monsieur Solís, m'entendez-vous?
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Bonjour, monsieur le président, mesdames et messieurs les députés, représentants du gouvernement du Canada et invités.
Je vous remercie de me donner l'occasion de livrer mon témoignage par téléconférence de la ville de Panama, au Panama.
Depuis sa création, en 2007, le Centre d'intervention en environnement — Centro de Incidencia Ambiental, ou CIAM — le principal centre du droit de l'environnement de notre pays, a fourni bénévolement une représentation juridique devant des organismes gouvernementaux, des tribunaux nationaux et des organismes de défense des droits de la personne à des personnes et des collectivités autochtones touchées ou susceptibles d'être touchées par la présence de sociétés minières canadiennes. Parallèlement, le CIAM préconise un cadre législatif et stratégique plus strict en matière d'environnement, qui permettrait d'éviter les conflits grâce à la participation active des citoyens, à la consultation publique et à l'accès à l'information. Le centre offre également aux citoyens des solutions appropriées en cas de conflits.
Dans le cadre de notre mission, nous avons estimé qu'il était important que le comité permanent entende les points de vue des collectivités panaméennes que nous représentons. Nous espérons que cela permettra au Parlement canadien de décider de façon plus éclairée si l'accord de libre-échange entre le Panama et le Canada devrait être ratifié, comme on le propose.
Durant mon témoignage, je vais vous parler de deux sections précises de l'accord de libre-échange qui soulèvent de nombreuses questions au Panama. Il s'agit des prétendus accord sur l'environnement et accord sur l'investissement. L'accord sur l'environnement, comme on l'appelle au chapitre 17 de l'accord de libre-échange, est composé de trois articles qui constituent un énoncé non contraignant de principes ou de bonnes intentions. Par conséquent, il s'agit d'un traité non exécutoire, dont la mise en oeuvre dépend de la volonté politique.
En fait, en raison de l'absence de volonté politique dont font preuve le gouvernement panaméen et les sociétés minières canadiennes, nous avons beaucoup de mal à croire que l'accord sur l'environnement va permettre au Panama de viser des normes de protection de l'environnement élevées et de continuer à améliorer ses lois et politiques en matière d'environnement, pour les raisons suivantes:
Premièrement, le Panama n'applique pas ses lois environnementales de façon appropriée. En fait, durant la première année où le gouvernement actuel était au pouvoir, le nombre de collectivités ou de personnes qui ont demandé un avis juridique du CIAM en raison d'une non-conformité environnementale ou d'un manque de rigueur dans l'application des lois a doublé comparativement aux deux années précédentes.
Deuxièmement, le Panama a tendance à affaiblir la réglementation actuelle tout en passant outre aux normes internationales et à la protection de l'environnement afin de favoriser les échanges commerciaux ou les investissements. En fait, notre gouvernement s'est engagé publiquement à modifier toutes les lois nécessaires pour permettre aux sociétés étrangères d'investir dans le secteur minier du Panama, même si cela nécessiterait une réforme constitutionnelle. Inmet Mining Corporation, une compagnie canadienne, a conclu avec une entreprise appartenant au gouvernement de Singapour un accord financier qui passe par cette réforme juridique.
Troisièmement, le Panama n'a pas proposé de solution aux collectivités touchées par la violation des droits environnementaux. Par exemple, trois poursuites déposées par le CIAM devant la Cour suprême du Panama contre la mine aurifère Molejón sont en cours d'instance. La construction de cette mine a commencé en 2005 sans qu'on ait effectué une évaluation des impacts environnementaux. Les propriétaires, à l'époque, étaient trois entreprises canadiennes: Inmet, Teck et Petaquilla Minerals. Dans l'une de ces causes, on attend depuis plus d'un an que le tribunal rende son jugement définitif.
Quatrièmement, le Panama refuse systématiquement d'accorder un droit d'accès à l'information en ce qui concerne les impacts environnementaux et sociaux. Au cours des trois dernières années, le CIAM a intenté 19 poursuites en vertu de la Loi sur l'accès à l'information relativement à des demandes d'accès à l'information pour lesquelles aucune réponse n'a été reçue ou qui ont été rejetées. Par exemple, le CIAM a demandé officiellement d'obtenir une copie numérique de l'EIE pour la mine de cuivre Cobre Panama de la société Inmet. Le gouvernement a rejeté cette demande, et la société n'a envoyé le document au CIAM qu'après que nous nous sommes plaints de la situation à la conférence des Nations Unies sur le développement durable et l'exploitation minière, tenue à New York en octobre dernier, et à laquelle Inmet n'a pas assisté, bien entendu.
L'audience publique sur l'EIE a eu lieu le 26 novembre, et les derniers commentaires devaient être présentés le 6 décembre, mais les collectivités et les ONG ont trouvé très difficile de parcourir une EIE de 14 500 pages, rédigée en langage très technique et entachée d'erreurs, en un laps de temps aussi court.
Cinquièmement, le Panama a cherché activement à se débarrasser de l'exigence de l'EIE en adoptant la Loi 30, en juin dernier. Il est vrai que cette loi a été annulée par la Loi 65 en octobre dernier, mais l'ébauche de règlement pour la nouvelle loi doit être soumise à la participation du public afin qu'on puisse déterminer quels projets ne nécessiteront plus une EIE. Ce fait montre que le niveau de protection environnement qu'apporte une EIE a diminué de façon frappante.
Sixièmement, le Panama a permis à des sociétés irresponsables sur le plan environnemental et social d'investir dans notre secteur minier. Par exemple, une filiale d'Inmet a tenté sans succès de se soustraire au règlement relatif aux EIE en s'adressant aux tribunaux et en alléguant que seul son contrat s'appliquait. Une compagnie remplaçante, Minera Panama, qui appartient également à Inmet, tente de faire invalider une résolution créant la zone protégée de Donoso en 2008, qui entoure la mine d'or Molejón et la mine de cuivre Cobre Panama.
Septièmement, le Panama a permis et continue de permettre à ces compagnies irresponsables de détruire une partie importante de notre incroyable biodiversité. En fait, la plus grande partie de la zone visée par l'accord de concession Petaquilla, y compris la mine de cuivre Cobre Panama d'Inmet, était une forêt vierge jusqu'à ce qu'on débute, en 2005, la construction de la mine aurifère Molejón, sans EIE, en violation de la loi panaméenne.
Selon le chapitre 5 de la proposition technique finale du gouvernement pour l'établissement de la zone protégée de Donoso, plus de 80 p. 100 de la zone est encore recouverte de forêt, et on y trouve la biodiversité suivante: pas moins de 18 espèces végétales protégées, 8 mammifères protégés, ainsi que 335 oiseaux, 67 amphibiens et 12 reptiles en voie de disparition. Par conséquent, il est pratiquement impossible de construire un établissement dont la production serait de 90 000 à 100 000 tonnes par jour, pour environ 200 000 tonnes de cuivre par année — tout cela à l'intérieur de la zone protégée de Donoso, dans le Gulf of Mosquitoes, une aire importante de nidification, et à l'intérieur du couloir biologique méso-américain —, sans nuire grandement à cette forêt vierge.
Huitièmement, le Panama ne respecte pas les pratiques traditionnelles des collectivités indigènes. Notre gouvernement a récemment modifié la loi relative aux recherches sur le territoire indigène Ngöbe-Buglé et a commandité pour la première fois les élections internes de cette communauté; elles ont été boycottées par plus de 70 p. 100 des électeurs. Tout cela s'est produit pendant que notre gouvernement annonçait son intention d'ouvrir Cerro Colorado, l'une des plus grandes mines de cuivre au monde, située dans la région de Ngöbe-Buglé.
Neuvièmement, contrairement à d'autres accords de libre-échange comme l'ALENA et le CAFTA, cet accord ne fournit aux collectivités locales aucune solution précise pour mettre fin à ces violations.
Je vais maintenant vous parler brièvement de l'accord d'investissement que l'on trouve au chapitre neuf de l'accord de libre-échange.
Afin de rendre le commerce international équitable, le CIAM croit fermement que les pays en développement comme le Panama doivent avoir de meilleures conditions commerciales, ce qui leur permettrait ensuite d'atteindre des objectifs importants comme la durabilité de l'environnement et la justice sociale.
Malheureusement, cela ne semble pas être le cas dans dans le cadre de l'accord sur l'investissement de 36 pages de l'Accord de libre-échange entre le Panama et le Canada. C'est un fait bien établi que la vaste majorité des investissements canadiens au Panama sont actuellement effectués dans le secteur minier. Par conséquent, nous pouvons en conclure que l'accord sur l'investissement a été conçu spécialement pour profiter aux sociétés minières canadiennes, qui versent, en vertu du code minier panaméen actuel,des redevances correspondant à seulement 3 à 4 p. 100 de leur bénéfice net. Ces sociétés bénéficient également de divers allégements fiscaux et diverses exemptions fiscales.
Par contre, les dommages environnementaux causés par la perte de la couverture forestière et des ressources hydriques associée à l'exploitation de la mine aurifère Molejón ont été estimés à 52,7 millions de dollars américains.
Pacific Rim, une autre société minière canadienne, vient tout juste de faire l'acquisition du projet minier El Remance, au Panama. Pacific Rim a intenté une poursuite contre la République du Salvador en vertu du mécanisme d'arbitrage investisseur-État de l'Accord de libre-échange de l'Amérique Centrale, le CAFTA, parce que le gouvernement salvadorien ne lui a pas accordé de permis d'exploitation en raison de la négligence de l'entreprise de se conformer aux exigences juridiques.
Compte tenu de tout ce qui précède, le CIAM demande au comité permanent de ne pas recommander la ratification de l'Accord de libre-échange entre le Panama et le Canada avant que cet aspect ait été renégocié par les deux parties avec le consentement éclairé préalable des collectivités touchées ou susceptibles d'être touchées, compte tenu du fait que les deux organes exécutifs ont inclus dans l'accord de libre-échange une disposition interdisant aux deux organes législatifs de formuler des réserves au moment de la ratification.
Je vous remercie de votre attention et je me ferai un plaisir de répondre à vos questions.
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Bonjour. Je vous remercie, mesdames et messieurs les députés, de cette invitation et de me permettre de m'exprimer sur cet accord, qui soulève, je dois le dire, certaines inquiétudes.
D'abord, j'aimerais présenter ATTAC-Québec. Il s'agit de la branche québécoise d'une organisation que l'on retrouve dans une vingtaine de pays sur quatre continents. ATTAC s'intéresse beaucoup aux questions de fiscalité et défend une taxe sur les transactions financières qui pourrait rapporter, selon les estimations, entre 400 milliards et 1 000 milliards de dollars par année, tout en ralentissant l’activité spéculative à court terme qui est très dommageable pour notre économie.
ATTAC s'intéresse aussi à la question des paradis fiscaux, qui n'ont pas d'autre utilité, selon nous, que de favoriser l’évasion et l’évitement fiscaux, de laver l'argent sale du crime organisé, donc de favoriser une mondialisation de la criminalité, et de permettre de contourner les lois de l'État de droit. Or le Canada s'apprête à conclure un accord de libre-échange avec un des pires paradis fiscaux, l'un des plus actifs et l'un des moins coopératifs, qui se retrouve d'ailleurs sur la liste grise de l'OCDE. Pour cette raison, nous ne pouvons pas approuver un tel accord, qui présente aussi l'inconvénient de donner une forme de légitimation à un important paradis fiscal dont la plus grande activité économique, comme l'a dit Todd Tucker avec qui nous partageons d'ailleurs les analyses et qui a été convoqué par ce comité, est d'offrir des services financiers et juridiques à des multinationales et à des trafiquants de drogue.
Certes, un accord de libre-échange peut intéresser beaucoup les gens d'affaires, mais ceux-ci ne forment pas la majorité de la population, et nous ne pensons pas, à ATTAC-Québec, qu'un tel accord sera profitable aux populations du Canada et du Panama. On considère que, pour les Canadiens, les pertes fiscales provoquées par l'activité des compagnies qui ouvriront des succursales au Panama vont être plus grandes que les avantages que peuvent en retirer certaines entreprises. Dans une période d'austérité financière comme la nôtre, l'une des pires choses consiste à favoriser l'évitement fiscal, alors qu'on a besoin, plus que jamais, de tout notre argent pour préserver des services publics de qualité.
On a l'impression que cet accord peut avoir des conséquences négatives pour les Panaméens. Une baisse des droits de douane peut avoir des conséquences: d'abord, rendre les produits locaux moins compétitifs, ensuite, priver un État de précieux revenus. On sait qu'il y a un problème quand même important de pauvreté au Panama. Priver l'État de revenus peut donc avoir des conséquences pour une population pauvre.
L'ouverture des marchés publics priverait le gouvernement d'un des rares outils dont il peut se servir pour favoriser l'économie locale en privilégiant les entreprises nationales. Il faut se rappeler que les pays les plus pauvres ont refusé de signer l'Accord sur les marchés publics à l'OMC, justement parce qu'ils avaient l'impression de perdre un pouvoir important. Cet accord a été ratifié sans consultation réelle de la société civile. Certes, on a consulté le patronat, mais l'ensemble de la population n'a pas été consulté et il n'y a pas eu de réel débat public sur cet accord. C'est pourtant une première. En effet, que le Canada signe un accord avec un paradis fiscal est quand même quelque chose d'assez particulier, et cela aurait dû faire l'objet d'un large débat public.
Pour toutes ces raisons, ATTAC-Québec croit qu'il ne faudrait pas adopter la loi sur cet accord entre le Canada et le Panama.
Merci beaucoup.
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Merci, monsieur le président.
Je suis heureux de pouvoir poser des questions aux témoins qui nous ont présenté des exposés très intéressants sur les enjeux de l'environnement, de la taxation et du travail.
Nous sommes conscients que les accords de libre-échange ne sont pas toujours parfaits. Je ne suis pas certain que nous vivions dans un monde où les lois et les accords sont irréprochables; quoi qu'il en soit, ces étapes sont cruciales, au Canada, pour ce qui est de déterminer comment s'effectueront les échanges commerciaux réglementés avec ces partenaires et ces pays.
Le Canada participe déjà à des échanges commerciaux avec le Panama, comme avec plusieurs autres pays partout sur la planète. En raison de l'échec du cycle de Doha, qui a été infructueux, le Canada cherche à conclure des accords bilatéraux, ce qui n'est probablement pas la bonne solution. Toutefois, compte tenu de la situation, nous n'avons probablement pas d'autre option que de nous demander comment nous traiterons les échanges commerciaux.
Ce faisant, le Canada a réussi à mettre en place des règles régissant les échanges commerciaux tout en faisant face à des problèmes de droits du travail et de droits de la personne. De nombreux accords bilatéraux signés par d'autres pays ne tiennent pas compte de ces enjeux. Le Canada est allé plus loin et s'est montré très progressiste à cet égard.
Nous sommes conscients que tous ces pays ne voient pas les enjeux des droits du travail et de la personne du même oeil que le Canada. Nous savons toutefois que les droits de la personne sont mieux respectés au Panama qu'au Venezuela, par exemple. Les droits du travail aussi y sont mieux reconnus qu'au Venezuela, notamment en ce qui a trait aux personnes qui critiquent le gouvernement. Au Venezuela, nous savons que ceux qui n'appuient pas le gouvernement sont constamment arrêtés et torturés.
Il reste bien des sujets de préoccupation, mais dans l'ensemble, le gouvernement s'y attaque. Nous travaillons en collaboration avec nos fonctionnaires et le gouvernement. Nous n'allons pas régler tous les problèmes liés au travail qui nous préoccupent, mais nous progressons.
Je mets quiconque au défi de dire qu'aucun progrès n'a été accompli au Panama. Au cours des 10 dernières années, le pays a progressé remarquablement en matière de droits du travail et de la personne. C'est très positif, et ce devrait être encouragé. Tout n'est peut-être pas parfait et ne plaît peut-être pas à chacun, mais je défie quiconque de dire que le pays n'a pas progressé en matière de droits du travail, de droits de la personne et de droits environnementaux.
On peut toujours trouver des problèmes non résolus dans tous les pays. Parallèlement, on constate des progrès considérables compte tenu de ce que le pays a enduré historiquement depuis bien des années, qu'il s'agisse de troubles civils ou de dictature. De plus, l'économie du Panama va très bien. Le pays a tenté de s'associer à différents partenaires partout dans le monde.
Le Canada veut à juste titre compter parmi les partenaires du Panama. Le pays, qui est localisé stratégiquement dans cette région du globe, peut jouer un rôle majeur. Le Canada aussi veut assumer un plus grand rôle dans les Amériques, et le Panama serait d'un grand secours à cet égard.
Je concède qu'il y a lieu d'améliorer le projet de loi. Si les témoins veulent proposer des modifications, j'aimerais les entendre. Aussi, pour être juste, il faut rappeler aux témoins que le pays a beaucoup avancé. Nous devrions appuyer le Panama et être fiers qu'il ait tant progressé au cours des dernières années. J'invite quiconque à dire qu'il n'a pas évolué durant la dernière décennie. J'aimerais le savoir si c'est le cas. Selon mes contacts là-bas, le progrès a été phénoménal. Les gens savent ce qu'ils ont lu dans les journaux.
On a aussi eu l'occasion de discuter avec les parlementaires, les ONG et les gens sur place. De plus, un nombre croissant de Canadiens vont au Panama. L'investissement des Canadiens là-bas est phénoménal, tout comme le nombre de Canadiens qui veulent s'y installer lorsqu'ils prendront leur retraite. Je ne sais pas si vous saviez que ce nombre a connu une augmentation de plus de 200 p. 100.
Je pense qu'il faudra régler certains problèmes. Je ne dis pas que tout est parfait, mais je ne crois pas non plus qu'un rapport sur le Canada indiquerait qu'il est en tout point parfait. Je pense toutefois que nos démocraties sont parvenues à maturité. Le Panama a instauré la démocratie, et je crois que nous devrions tous être fiers de lui; bon nombre de pays semblables ont connu des guerres civiles et des dictatures pendant des années, et ils commencent tout juste à devenir lentement des démocraties à part entière. Je crois que nous devrions être fiers d'eux et appuyer ces gouvernements qui font des pas de géants.
Monsieur le président, vous avez été témoin du nombre phénoménal de pays qui se sont améliorés dans les Amériques. Le Panama n'est pas le seul; il y a aussi le Brésil, dont j'aimerais certainement parler. Nous devons assumer notre rôle.
Le commerce de la drogue est l'un des principaux problèmes qui sévissent dans ces pays — y compris au Panama. La drogue est un problème majeur, et je pense que nous devons travailler ensemble...
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Merci, monsieur le président.
Je souhaite la bienvenue aux témoins.
Je vais partager mon temps avec M. Trost, mais avant, je vais essayer de poser deux ou trois petites questions.
Quelqu'un a parlé plus tôt — je crois qu'il s'agissait de M. Solís — d'une mine de cuivre canadienne exploitée au Panama. Vous avez dit que la société allait abattre une grande partie des arbres qui se trouvent sur le terrain, un projet qui, d'après vous, n'est pas respectueux de l'environnement.
Toutefois, il y a deux semaines, nous avons reçu des représentants des Clarke Educational Services, une entreprise canadienne des Premières nations. Donald-Fraser Clarke, un des représentants, travaille auprès de la communauté autochtone du Panama pour mettre en place des pratiques exemplaires en matière de consentement éclairé. J'ai oublié combien de gens l'entreprise représente, mais je crois que c'est environ 40 000 personnes. Veuillez m'excuser de ne pas me souvenir du chiffre exact.
Finalement, M. Clarke dit dans ses propres mots tout le contraire de ce que vous dites. Il affirme que les pratiques exemplaires sont affinées, que le milieu des affaires est bien développé et propice au commerce, que les sociétés canadiennes sont bien positionnées et qu'une culture de responsabilité est implantée; je suis d'accord avec lui. Je ne comprends donc pas pourquoi vous êtes contre l'exploitation minière — étant donné que les gens peuvent donner leur consentement en toute connaissance de cause et qu'un groupe de gens formés est sur place, des spécialistes du domaine minier au Canada et de la politique qui travaillent à la mise en place de pratiques exemplaires sur le terrain.
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Merci, monsieur le président.
Je tiens à remercier les témoins d'être venus nous rencontrer aujourd'hui.
Il me semble évident que nous ne partageons pas la même conception du libre-échange. Peu importe les questions que je pourrais vous poser ou les réponses que vous pourriez me fournir, notre position respective resterait probablement essentiellement la même. C'est malheureux dans un sens, car, franchement, quand je songe à ce que nous essayons d'accomplir avec cet accord au Panama, je dresse le constat suivant: l'accord de libre-échange conclu avec le Panama va entraîner, mesdames et messieurs, l'élimination immédiate des tarifs pour l'essentiel des échanges commerciaux entre les deux pays. Je ne vois pas comment cela peut nuire aux gens.
Mme Healy a laissé entendre que l'accord de libre-échange va permettre aux multinationales de se soustraire à leurs responsabilités. C'est ce qu'elle a dit plus tôt. Or, qu'y a-t-il de mal à avoir un système d'échanges fondé sur des règles? Nous entretenons déjà des relations commerciales avec ce pays. En fait, les statistiques sur les échanges entre le Canada et le Panama font état d'une balance commerciale de 50 millions de dollars en faveur du Panama. Nos échanges bilatéraux totalisent environ 132 millions de dollars. Ils se composent essentiellement de produits panaméens qui sont exportés au Canada.
Par ailleurs, je ne vois pas comment l'élimination de tarifs dans le but de favoriser la prospérité de nos deux économies, alors que nous traversons la pire récession que nous ayons jamais connue, peut entraîner des conséquences négatives, notre objectif étant de faire en sorte que les gens bénéficient de la dignité d'un emploi. Je sais ce qu'implique le concept de justice sociale. En tout cas, je crois le savoir. Je sais ce que veut dire de traiter les gens avec respect. Ce que nous essayons de faire, ici, c'est d'améliorer la qualité de vie des habitants de nos deux pays. J'ajouterais que nous avons conclu un accord de coopération dans le domaine du travail qui s'appuie sur la Déclaration de l'Organisation internationale du travail relative aux principes des droits fondamentaux au travail, et un accord sur l'environnement qui met l'accent sur la nécessité de protéger celui-ci.
Pouvez-vous s'il vous plaît m'expliquer — et je m'adresse à vous, madame Healy, car je ne sais pas vraiment à qui poser la question — comment la non-conclusion d'un tel accord nuit aux habitants de Panama et aide les Canadiens? J'au du mal à suivre ce raisonnement, car je trouve très difficile d'être confronté à une position arbitraire qui, franchement, ne prévoit aucune latitude. Vous pouvez peut-être m'aider à comprendre dans les quelques minutes que vous avez.
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Bonjour. Monsieur Richardson, nous sommes allés au Panama ensemble. Vous vous souvenez, à l'époque, je siégeais au comité et on avait commencé à étudier la préparation de cet accord.
Bonjour, monsieur Vaillancourt. Bonjour, madame Healy. J'ai la parole pendant cinq minutes et j'aimerais poser une question à chacun d'entre vous.
Monsieur Vaillancourt, j'aimerais que vous disiez au comité à qui profite cet accord entre le Canada et le Panama, selon vous. À qui profitera réellement cet accord?
D'autre part, avez-vous des données au sujet des sommes d'argent appartenant à des Canadiens et qui sont actuellement dans des abri fiscaux du Panama?
J'aimerais également poser une question à Mme Healy. Vous êtes sûrement au courant qu'un projet de loi a été adopté au Panama, la loi 30. Cette loi pénalise un peu les syndicats et va même jusqu'à criminaliser certains syndiqués qui pourraient s'opposer à leurs conditions de travail. Je sais que cet accord touche beaucoup le secteur minier.
Avez-vous des données? Pouvez-vous nous dire quels sont les impacts de ce projet de loi sur les conditions de travail des gens qui oeuvrent dans le secteur minier et sur les exploitants? Souvent, dans le secteur minier, il y a un problème en ce qui concerne le respect des normes environnementales. J'aimerais vous entendre à ce sujet.
Monsieur Félix Wing Solís, vous avez parlé de commerce équitable. Vous avez dit ne pas être contre les accords de libre-échange. Le Bloc québécois appuie, bien sûr, l'accord de libre-échange entre le Canada et l'Europe, mais on était contre l'accord entre le Canada et la Colombie, qui a certaines similitudes avec l'accord entre le Canada et le Panama. Ce n'est pas tout à fait la même chose, mais certains éléments se ressemblent en ce qui touche le secteur minier et le non-respect des conditions de travail.
Dans quelle perspective voyez-vous ce commerce équitable? Le voyez-vous plus dans un contexte d'accord multilatéral? À mon avis, un accord multilatéral peut souvent mieux assurer une meilleure base de négociation et de respect de certaines normes internationales que ne peut le faire un accord bilatéral. J'aimerais entendre vos commentaires à ce sujet. Comment percevez-vous un accord avec le Panama, qui serait équitable?