Nous souhaitons la bienvenue à tous les membres de l'équipe du commerce international qui revient au Canada.
Nous avons quelques affaires à régler, mais nous pouvons tenter de le faire à la fin de la séance d'aujourd'hui. Ce n'est rien d'urgent. Nous nous en occuperons mercredi si nous n'avons pas le temps. Il s'agit seulement de quelques questions techniques à éclaircir.
Il y a aussi le rapport de la visite faite au Parlement européen et à l'Union européenne. J'aimerais que le comité se réserve cinq ou dix minutes pour donner des directives plus précises aux analystes et au greffier au sujet de la préparation du rapport. Nous allons le faire s'il nous reste du temps à la fin de la réunion. Sur ce, je vais arrêter d'empiéter sur le temps de nos témoins, qui ont fait preuve de beaucoup de patience jusqu'à maintenant. Pardonnez-moi le lent départ aujourd'hui.
Nous accueillons Jamie Kneen, coordonnateur des communications de Mines Alerte Canada.
De Panama, nous accueillons par vidéoconférence Donald-Fraser Clarke, directeur général de Clarke Educational Services.
Nous allons procéder comme nous avons l'habitude de le faire. Je vais demander à chaque témoin de présenter une déclaration préliminaire pour exposer son point de vue. Les témoins nous rendent un fier service lorsqu'ils le font en moins de 10 minutes. Ensuite, nous ouvrirons le dialogue en amorçant une série de questions de nos membres après cette brève introduction.
Je vais demander au représentant de Mines Alerte Canada de commencer. Nous poursuivrons immédiatement avec M. Clarke. Ensuite, nous passerons aux questions.
Maintenant que j'ai terminé cette brève introduction, je vais demander à M. Kneen de commencer. Vous pouvez vous présenter plus en détail si vous le voulez.
Bonjour, mesdames et messieurs. J'aimerais vous remercier de m'avoir donné la possibilité de vous transmettre nos observations relatives à l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama. Comme j'ai reçu l'invitation très récemment, je suis désolé de vous annoncer que nous n'avons pas eu l'occasion de préparer un mémoire plus étoffé ou de le soumettre à l'avance pour le faire traduire. J'ai déposé une quantité imposante de documents à l'appui auxquels je renvoie dans mon mémoire et que les membres ou les attachés de recherche pourraient trouver utiles dans leurs travaux.
Mines Alerte Canada est une coalition pancanadienne d'organismes environnementaux et autochtones, d'organismes de promotion de la justice sociale, d'agences de développement et de syndicats qui mène des travaux de recherche et milite en faveur de l'application des pratiques et de politiques d'exploitation minière responsables au Canada et par les sociétés canadiennes à l'étranger. Nous travaillons avec des collectivités touchées par les activités canadiennes d'exploitation minière partout dans le monde, avec des experts et des organismes qui tentent de s'assurer que les investisseurs du secteur minier sont comptables aux collectivités touchées et respectent les normes internationales visant la protection de l'environnement ainsi que la protection des travailleurs et la reconnaissance des droits des peuples autochtones. L'investissement canadien dans le secteur minier du Panama suscite la controverse depuis les années 1990, et Mines Alerte surveille la situation depuis sa création, en 1999.
De toute évidence, notre propos ne se rattache pas au commerce des noix et des bananes, des services financiers ou d'un autre secteur visé par cet accord de libre-échange. Nombre de dispositions de l'accord peuvent sembler positives au néophyte. Toutefois, les dispositions de l'accord relatives à l'investissement peuvent donner lieu à de graves difficultés, surtout sur le plan de la planification et de la protection environnementales. Peu de choses donnent à penser que l'accord parallèle sur l'environnement aura une quelconque incidence positive sur ces enjeux.
En outre, il est impossible de jauger l'incidence environnementale de l'accord en soi, puisque l'évaluation environnementale finale n'a toujours pas été publiée et n'a peut-être même jamais été terminée. On était censé la publier à la conclusion des négociations relatives à l'ALE.
Le rapport accessible au grand public, qui traite de l'évaluation environnementale initiale, est presque dénué de tout contenu significatif. Les auteurs du rapport reconnaissent que le principal effet de l'ALE sera probablement la protection accrue des investissements canadiens existants au Panama, mais ils font complètement fi des répercussions environnementales de cette protection. Malgré une transformation des marchés des produits de base et des tendances en matière d'investissement qui étaient évidentes à l'époque, selon le rapport, « on ne prévoit pas de changements considérables dans les mouvements des investissements par suite de la conclusion de l'ALE. En conclusion, les effets environnementaux découlant de l'ALE entre le Canada et le Panama seront donc minimes, voire nuls. »
Ces affirmations n'ont d'autre fondement que la déclaration selon laquelle il y a eu peu de changements depuis que l'Accord sur la promotion et la protection des investissements étrangers a été conclu en 1998 par le Canada et le Panama.
Toutefois, compte tenu de la croissance du prix des produits de base — surtout dans le secteur des métaux — de l'intérêt croissant et des engagements d'investissement existants, il serait plus raisonnable de prévoir que l'ALE donnera lieu à une augmentation de l'investissement canadien dans le secteur minier au Panama, ce qui entraînera d'importantes conséquences environnementales qui auraient dû être prises en compte dans le cadre de l'évaluation environnementale.
L'une des propositions actuelles, le projet d'extraction de cuivre à ciel ouvert Cobre Panamá de la société Inmet Mining, dans la concession de Petaquilla, à l'ouest de Panama, doit donner lieu à la déforestation de quelque 5 900 hectares, principalement dans la forêt tropicale humide primaire, au milieu du corridor biologique méso-américain. Ce projet, d'une valeur de 4,3 milliards de dollars, était connu avant les négociations de l'ALE et la fin de l'évaluation environnementale.
Sur la même concession, la mine d'or Molejón de Petaquilla Minerals, société appartenant à des intérêts canadiens, a suscité une vive controverse en provoquant des divisions dans les collectivités avoisinantes; on l'a accusée à maintes reprises de déforestation et de contamination de rivières locales et, de fait, on lui a infligé une amende de presque deux millions de dollars pour des infractions environnementales. La concession de Petaquilla elle-même a aussi suscité une controverse, car elle accorde à ses propriétaires une série d'exemptions prévues dans la loi et le règlement.
En même temps, une autre société canadienne, Corriente Resources, exerce illégalement ses activités sur le territoire autochtone de Ngöbe-Buglé et essaie de surmonter l'opposition communautaire à l'égard d'un énorme projet de mine de cuivre à ciel ouvert afin d'acquérir la propriété et de la vendre à une grande société minière à des fins d'exploitation.
Il existe une poignée d'autres joueurs canadiens d'envergure dans le secteur minier au Panama, beaucoup plus importants que ceux de n'importe quel autre pays, quoique seule la mine Molejón soit en production. L'investissement canadien ne pose pas problème en soi; les problèmes découlent des conditions d'investissement et des conséquences probables de l'ALE sur ces conditions. La protection environnementale et les mesures d'exécution de la loi et de conformité en général au Panama sont notoirement faibles, même dans le cadre législatif et réglementaire actuel. La situation de la mine Molejón et de Corriente Resources en sont des exemples éloquents.
Le danger tient au fait que les dispositions de protection de l'investissement de l'ALE permettront de protéger des investissements miniers qui abusent du laxisme gouvernemental et profitent du cadre d'exploitation à faible coût qui en découle et donneront lieu à des projets qui ne seraient probablement jamais approuvés au Canada ni dans tout autre pays où des mesures de contrôle plus strictes sont en place, tandis que l'accord sur l'environnement n'offre ni protection améliorée ni recours aux collectivités touchées ou aux organismes de défense de l'intérêt public.
L'ALE actuel est source de préoccupations importantes sur les deux fronts. Au chapitre de la protection et de la planification environnementales, l'accord sur l'environnement prévoit quelques modestes mesures en faveur de l'environnement, et l'ALE contient une clause non dérogatoire visant à faire appliquer les lois environnementales. Une clause non dérogatoire est un élément positif, mais ce n'est pas du tout suffisant dans une situation qui exige d'importantes améliorations.
Par ailleurs, l'accord sur l'environnement suit le modèle récent des ALE conclus avec la Colombie et le Pérou en négligeant de prévoir un mécanisme de résolution de conflits environnementaux à l'intention des citoyens et en limitant les comités consultatifs conjoints et les mécanismes de plaintes prévus dans des accords antérieurs, comme l'ALENA ou l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Chili, à un seul coordinateur ne disposant pas de pouvoirs indépendants et à un comité d'examen auquel seuls les États — et non les citoyens — peuvent faire appel.
Cela a une grande incidence sur un pays comme le Panama, où on éprouve de sérieuses difficultés à établir la capacité institutionnelle et technique voulue pour administrer, contrôler et réglementer des activités comme l'exploitation minière à grande échelle, relativement nouvelle dans le pays — des activités qui ont mis au grand jour les limites politiques et techniques de la surveillance de l'État dans les pays avoisinants comme le Costa Rica, le Honduras et le Guatemala.
Il existe aussi des précédents troublants au chapitre du recours abusif aux mesures de protection de l'investissement prévues dans des accords de libre-échange ailleurs dans la région. Il s'agit parfois simplement d'une menace, comme dans le cas de Glencairn Gold, aujourd'hui Central Sun Mining, qui a menacé le gouvernement costaricain de poursuites judiciaires aux termes de l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Costa Rica si son projet Bellavista n'était pas exempté d'un moratoire sur l'exploitation minière à ciel ouvert. Le remblai de lixiviation s'est écroulé à peine trois ans après l'inauguration de la mine, qui n'a pas repris ses activités depuis.
Il peut aussi s'agir de véritables poursuites judiciaires, comme c'est actuellement le cas de Pacific Rim Mining, société canadienne qui, par l'intermédiaire de sa filiale américaine, intente une action contre le gouvernement du Salvador aux termes de l'accord de libre-échange entre les États-Unis, la République dominicaine et l'Amérique centrale pour ne pas avoir délivré de permis, malgré la négligence de la société à déposer tous les documents exigés pour obtenir ces permis et les renseignements contradictoires qu'ils ont soumis.
Les exemples de poursuites judiciaires aux termes de l'ALENA — toujours coûteuses, quelle qu'en soit l'issue — sont nombreux.
Les dispositions relatives à l'investissement de l'ALE en question prévoient des mesures semblables quant à l'expropriation réglementaire à l'article 9.11 du chapitre 9, mais elles sont limitées par les exemptions prévues à l'annexe correspondante 9.11, qui tiennent à la réglementation raisonnable en vue de protéger l'environnement. Nous voyons ces exemptions d'un bon oeil, mais elles n'ont pas été mises à l'épreuve par le Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements ni par un autre tribunal de commerce international. Vu la force de la protection contre l'expropriation, il y a lieu de douter que les exemptions donneront au Panama la marge de manoeuvre nécessaire pour instituer une réglementation efficace dans l'intérêt du public.
Cet enjeu ne s'applique pas seulement à la protection de l'environnement; il revêt un poids crucial dans le cadre de tout effort visant à modifier le cadre réglementaire de façon à permettre la prise de nouvelles mesures en faveur de la responsabilisation et de la transparence ou à générer de nouvelles recettes à l'aide de redevances ou de contributions perçues par l'État dans un effort légitime pour financer ses obligations en matière de développement social.
Cela a pour effet final d'imposer des obstacles au renforcement de ces normes nationales. Les analystes et les universitaires commencent à s'inquiéter du « [...] préjudice causé au bien-être des populations par le régime d'investissement international tel qu'il est actuellement structuré, en particulier en raison de sa capacité de limiter le pouvoir des gouvernements de réagir, au profit de leur population, aux défis liés au développement humain et au développement durable ».
Pour conclure, bien que l'accroissement de la stabilité des investissements et l'amélioration de la protection environnementale soient des objectifs louables, le texte actuel ne contribue pas convenablement à leur réalisation — quoiqu'il soit difficile de déterminer les conséquences probables de l'accord en l'absence d'une évaluation environnementale sérieuse —, et il n'y a aucune volonté de formuler certaines dispositions de l'accord en tenant compte du développement durable. L'accord tel que négocié présente un risque très réel d'instituer un régime réglementaire inefficace et peut-être irresponsable en protégeant les investissements contre des mesures environnementales ou fiscales plus rigides.
Merci du temps que vous m'avez accordé. Je répondrai aux questions au moment convenu.
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Bonjour, monsieur le président. Merci beaucoup.
Pour commencer, j'aimerais donner une brève explication des activités de la société que je représente. Clarke Educational Services est un cabinet de services professionnels des Premières nations qui travaille avec les collectivités, les gouvernements et les sociétés autochtones au Canada et en Amérique latine en vue de créer des entreprises inclusives en faveur d'une exploitation des ressources naturelles adaptée à la culture et responsable sur le plan de la société et de l'environnement.
Notre société travaille au Panama depuis environ deux ans et demi et est composée d'une équipe de professionnels spécialisés qui travaillent avec le peuple ngöbe, groupe autochtone local, afin de promouvoir l'exploitation socialement inclusive et économiquement viable du projet d'extraction du cuivre Cerro Colorado.
Notre société est axée sur les droits des Autochtones. En vertu de l'article 48 de la loi 10 du Panama, le peuple ngöbe doit être informé de toute forme d'exploitation des ressources naturelles sur le territoire de la comarque et pouvoir y participer. Cerro Colorado est un projet d'extraction du cuivre de classe internationale établi sur le territoire ancestral du peuple ngöbe.
Le peuple ngöbe représente environ 10 p. 100 de la population panaméenne, et ils sont 160 000 à vivre à l'intérieur des frontières de la comarque. La comarque s'étend sur un territoire de 650 000 hectares, et les Ngöbes de la comarque, selon les données de la Banque mondiale et nos propres observations, sont parmi les citoyens les plus pauvres du Panama. Quelque 90 p. 100 d'entre eux n'ont pas accès aux produits de première nécessité et ont moins de 2 $ par jour pour subvenir à leurs besoins quotidiens.
Avant de travailler avec les collectivités ngöbes et de leur fournir une formation, notre société a mené une série de rencontres avec des collectivités situées près du territoire du projet Cerro Colorado pour déterminer si les gens étaient intéressés à en apprendre davantage au sujet des pratiques d'exploitation minière responsable et de l'expérience des peuples autochtones du Canada au chapitre de l'exploitation minière et de notre relation avec le Canada.
En outre, notre société a étudié le droit des comarques pour s'assurer que nos activités étaient conformes aux lois nationales du Panama et aux coutumes traditionnelles du peuple ngöbe.
Jusqu'à maintenant, nous avons travaillé avec environ 2 000 Ngöbes de la région de Cerro Colorado et leur avons offert une formation. Ces personnes sont des propriétaires de terrains et des gens de la collectivité qui vivent à des endroits directement ou indirectement touchés par l'éventuel projet d'extraction minière du cuivre.
Notre expérience du Panama nous a donné un aperçu de la façon dont on a mené les affaires par le passé dans la comarque. On a l'habitude d'imposer aux gens des initiatives commerciales ou de mise en valeur des mines sans leur plein consentement, sans qu'ils soient correctement renseignés ou informés et sans qu'ils soient intégrés à ces initiatives. Notre intention depuis toujours est de respecter les lois locales et nationales et de promouvoir des pratiques commerciales et le développement équitables dans la région au moyen de l'information et du consentement préalable.
Du côté gouvernemental, il y a longtemps que les gouvernements profitent des lacunes sur le plan de la capacité qui existent dans la comarque des Ngöbe-Buglé. À notre avis, la création de nouveaux échanges avec le Panama en vertu de l'ALE pourrait s'avérer très positive. J'ai une liste des choses qui, selon nous, aideraient beaucoup ici à définir la façon dont les affaires doivent être menées.
Dans le monde des affaires canadien, le concept de RSE est bien défini, et des normes élevées de RSE sont en vigueur; cette culture pourrait être exportée par les entreprises canadiennes qui font affaire ici au Panama, surtout dans les secteurs et les régions où le concept est ni mis en pratique ni bien défini. Bien sûr, notre expérience touche la comarque des Ngöbe-Buglé, et nous avons observé très peu de RSE dans le cadre des différentes activités qui se sont déroulées par le passé. La région de Cerra Colorado a une très longue histoire. Un certain nombre de sociétés canadiennes y ont travaillé par le passé, mais elles n'ont jamais invité la population locale à participer et ne l'a jamais tenue au courant.
Les entreprises canadiennes, surtout celles du secteur des ressources, ont une grande expérience de la collaboration avec les peuples des Premières nations pour le bien de toutes les parties concernées. Les sociétés canadiennes pourraient exploiter cet avantage concurrentiel au moment de travailler avec les peuples autochtones ici au Canada et partout dans la région. L'emplacement géographique du Panama est aussi stratégique, et, fort d'une infrastructure de pointe, le Panama est extrêmement propice au commerce comparativement à beaucoup de ses voisins. Le Panama pourrait être un choix logique pour les sociétés canadiennes souhaitant faire affaire dans la région.
Selon notre expérience, l'industrie canadienne est généralement bien accueillie par les Panaméens, particulièrement dans la comarque des Ngöbe-Buglé, et nous croyons que c'est là l'argument le plus lourd en faveur de l'ALE. Dans le cas de l'exploitation minière, il faut asseoir, établir et légitimer l'industrie au Panama. Pour ce faire, il est essentiel que nous ayons des exemples de bonnes pratiques commerciales, des institutions fortes et une culture de responsabilisation. À notre avis, il existe de nombreuses sociétés au Canada qui déploient constamment des efforts pour réaliser ces objectifs.
Mon collègue a parlé d'Inmet. Inmet a eu quelques bonnes expériences de collaboration avec les peuples des Premières nations de la province du Québec. Je n'ai pas une connaissance approfondie des activités d'Inmet, mais je suis ses activités de temps à autre. Elle met en oeuvre le principe de RSE dans une bonne mesure. Nous la voyons offrir un soutien aux collectivités. Nous la voyons informer la population locale de ses projets d'avenir. Nous croyons que nous faisons exactement la même chose. Peut-être que nous en faisons un peu plus, car nous sommes dans la comarque, mais, à notre avis, nous respectons les lois traditionnelles et nationales.
Merci.
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Merci, monsieur le président. Merci, monsieur Clarke et monsieur Kneen.
À vous deux, vous avez mis en lumière l'un des principaux enjeux de toute la discussion au sujet du libre-échange: soit on adopte la philosophie voulant que le libre-échange et l'engagement accru aient une incidence positive pour la population des deux pays concernés, soit on voit la chose d'un mauvais oeil.
Je dois dire, monsieur Kneen, que j'estime que la démarche de M. Clarke et le travail qu'accomplit son organisation au Panama contribuent grandement à l'investissement des sociétés minières canadiennes en vertu de l'ALE. D'emblée, je crois que c'est une très bonne chose et j'estime que ce genre d'investissement peut avoir des retombées encore plus positives pour les résidents du Panama.
J'aimerais vous poser une question au sujet de votre interprétation des préoccupations. Je ne veux pas minimiser les préoccupations légitimes que nous partageons tous au sujet de la responsabilité sociale des entreprises et de la dégradation de l'environnement. Par le passé, il y a eu beaucoup d'abus, et il y en a peut-être encore, mais, en général, l'investissement et l'engagement accrus peuvent contribuer au renforcement de la capacité locale et aider à mettre en lumière toute l'importance de la protection de l'environnement.
Nous essayons de décider si nous allons approuver l'accord de libre-échange. Croyez-vous que les conditions difficiles des Panaméens dont vous avez parlé s'amélioreront si le Canada refuse cet accord de libre-échange?
Une voix: Bonne question.
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Je suis désolé, mais notre connexion est rompue.
Cerro Colorado est un projet historique qui revêt une grande importance au Panama. Il remonte aux années 1970, sous le règne d'Omar Torrijos.
Notre travail dans la comarque est très simple. Nous offrons de la formation en vertu d'une entente. Nous avons dispensé une formation relatives aux pratiques minières responsables. Mon estimé collègue, M. Kneen, a parlé des ERA. Nous offrons une formation au sujet des ERA. Nous parlons abondamment des exemples des hauts, des bas et des fiascos de l'exploitation minière avec le peuple parce que, au bout du compte, le projet Cerro Colorado durera 70 ans. Et n'oubliez pas que la population avoisinante est entièrement ngöbe — 160 000 âmes — et qu'une seule route permet d'y accéder. Alors, si les gens ont l'impression de s'être fait mentir ou cacher la vérité ou s'ils estiment qu'ils n'ont pas eu leur mot à dire ou n'ont pas pu participer aux activités dans le cadre de ce projet particulier, ils ont le pouvoir de bloquer le projet à tout moment. Ils vont s'asseoir sur la route, et c'est quelque chose dont nous leur avons parlé.
Nous voulons nous assurer que le promoteur qui arrive sur place — s'il s'agit d'une société canadienne — soit une société socialement responsable, et nous apprenons aux gens ce qu'ils doivent rechercher dans une société minière canadienne.
Nous ne sommes pas arrivés, comme ça, avec notre projet. Tout d'abord, nous avons dû enseigner aux gens ce que suppose l'extraction minière, pas seulement en espagnol, mais dans leur langue traditionnelle. Il y a là-bas une population énorme qui ne peut même pas lire ni écrire, alors nous devons faire des dessins et tracer des diagrammes. Nous offrons de la formation aux gens depuis deux ans et demi, semaine après semaine, et nous veillons à ce qu'ils possèdent les bons renseignements et nous leur expliquons à quoi ressemble un projet en déroute. Nous leur parlons, par exemple, du projet Greenstone et des raisons de son échec.
Nous avons invité nos intervenants à se rendre à la mine d'or de Petaquilla. Ils en sont revenus très enthousiasmés par ce qu'ils ont vu.
Alors, nous leur avons appris ce qu'ils devaient rechercher pour détecter les mauvais projets et pour savoir comment agir auprès des grandes sociétés minières, et nous croyons que la population est maintenant bien renseignée.
Nous espérons que, dans l'avenir, ils voudront que le projet évolue. Mais n'oubliez pas qu'ils sont protégés par une loi très puissante selon laquelle ils doivent être renseignés et informés et ils doivent participer. Ils exercent actuellement des pressions sur le gouvernement panaméen afin de pouvoir participer, et ils veulent toucher un pourcentage de la concession.
Quant à la deuxième partie de votre question, nous avons probablement investi presque un million de dollars en formation jusqu'à maintenant — seulement en formation.
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J'ai entendu le témoignage de quelques-uns de mes amis aussi, et ils m'ont dit le contraire.
Par ailleurs, vous avez parlé des dispositions. Vous avez abordé certaines dispositions, dont la structure actuelle. Vous avancerez qu'il n'y a aucune donnée probante, vous n'y voyez pas de problème; vous avez dit que c'était une question de croyances idéologiques ou philosophiques. Je vous cite. Par conséquent, à mon avis — et j'ajouterais du point de vue de n'importe quelle personne logique —, peu importe les dispositions, je conclus que, si vous n'y croyez pas sur le plan idéologique ou philosophique, c'est sans importance. Et je crois comprendre — si je ne m'abuse — que votre coalition n'y croit pas.
Alors, d'une part, vous dites que ces dispositions sont les bienvenues — et c'est ce que vous avez dit —, mais elles n'ont pas été mises à l'épreuve. Quel message devons-nous en tirer? Il y a deux choses, à mon avis: si elles n'ont pas été mises à l'épreuve, c'est peut-être que tout va bien; sinon, nous les condamnons sans même devoir les invoquer.
Est-ce que cela a du sens?
Et ma dernière question, monsieur le président, est la suivante: votre coalition a-t-elle déjà été en faveur d'un accord? Vous venez ici, dites que vous n'êtes pas en faveur de l'accord, mais vous n'avez jamais vraiment proposé de solutions ou de conditions qui vous permettraient d'être en faveur d'un accord grâce à l'ajout de certaines dispositions.
Alors, votre allocution était merveilleuse, mais vous ne nous avez rien proposé.
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Je vous remercie beaucoup, monsieur le président, mesdames et messieurs.
Je m'appelle Joy Nott, et je suis présidente d'I.E.Canada, l'Association canadienne des importateurs et exportateurs. Carol Osmond, notre vice-présidente, Politique, m'accompagne aujourd'hui. Nous aimerions vous remercier de nous avoir donné l'occasion de comparaître ici aujourd'hui pour manifester notre appui à l'égard du , l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Panama.
D'abord, quelques mots sur notre organisme. I.E.Canada est un porte-parole de premier plan du milieu commercial depuis 1932. Nous représentons de petites, moyennes et grandes entreprises de partout au Canada: des fabricants, des importateurs, des exportateurs, des grossistes, des distributeurs et des fournisseurs de service à l'intention du milieu commercial dans tout un éventail de secteurs industriels, dont les cabinets de services professionnels, comme les cabinets juridiques et comptables, les courtiers en douanes et les compagnies de transport.
I.E.Canada est née sous le nom d'Association canadienne des importateurs et exportateurs, en 1932, dans la foulée d'une recrudescence des obstacles tarifaires et des mesures protectionnistes. Un pourcentage important de nos membres se décrivent toujours comme étant principalement des importateurs, mais un pourcentage encore plus grand sont à la fois importateurs et exportateurs. Nos membres reflètent la réalité d'aujourd'hui.
Le commerce mondial est plus intégré que jamais, et les sociétés partout dans le monde s'efforcent de demeurer concurrentielles et productives. Les négociants chez nous et à l'étranger sont constamment à affût de nouvelles sources d'approvisionnement rentables, que ce soit aux fins de la vente de produits finis à des consommateurs ou de l'approvisionnement en pièces et en composantes pour leurs activités de fabrication.
Les consommateurs canadiens profitent d'un meilleur choix de produits à des prix moins élevés, tandis que nos fabricants sont capables de soutenir la concurrence en recherchant des marchés émergents pour leurs produits. En sa qualité d'association représentant à la fois les importateurs et les exportateurs, I.E.Canada milite en faveur de la libéralisation et de la facilitation du commerce. Nous avons aussi pour objectif de fournir aux entreprises l'information et les outils dont elles ont besoin pour demeurer concurrentielles à l'échelle internationale.
I.E.Canada et ses membres sont en faveur de l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama et de l'adoption rapide du . Le Panama est un marché relativement modeste, dans l'ensemble, pour les exportateurs canadiens, mais, comme l'ont fait valoir d'autres témoins devant le comité, pour des entreprises et des secteurs particuliers, le Panama offre un marché important qui prendra probablement de l'envergure une fois l'accord de libre-échange mis en oeuvre.
L'économie du Panama repose principalement sur le secteur des services. Il s'agit de l'une des économies qui enregistre la plus forte croissance en Amérique latine. Par conséquent, elle présente des débouchés pour les exportateurs canadiens. Par exemple, vu le boum actuel de la construction au Canada, la Société canadienne d'hypothèques et de logement et Exportation et Développement Canada voient d'un oeil optimiste les débouchés pour les fournisseurs de produits du bâtiment canadiens. Les grands projets d'infrastructure, comme le projet d'expansion du canal de Panama, les investissements dans la zone économique spéciale Panama-Pacifique à l'ancienne base aérienne de Howard et les projets touristiques ainsi que l'accroissement de la demande de logements résidentiels, alimentée par l'augmentation des revenus, créent une demande pour un large éventail de produits du bâtiment de qualité, dont la majeure partie sera importée.
Comme vous le savez, Minera Panama S.A., filiale à 100 p. 100 d'Inmet Mining Corp., société canadienne, a récemment attribué un grand contrat d'ingénierie à SNC Lavalin et à ses partenaires en vue de l'élaboration d'un projet d'extraction du cuivre au Panama. Le projet offrira aussi des débouchés aux exportateurs canadiens de matériaux du bâtiment et d'équipement d'exploitation minière.
Bien sûr, l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama s'inscrit dans une stratégie plus générale visant à promouvoir le commerce entre le Canada et l'Amérique latine et à diversifier les marchés d'exportation du Canada. Par exemple, nous étions heureux de voir l'adoption de projets de loi portant sur la mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange entre le Canada et le Pérou, au cours de la dernière session parlementaire, et de l'Accord de libre échange entre le Canada et la Colombie, durant la présente session. Vu son emplacement stratégique, le Panama peut servir de tremplin aux sociétés canadiennes qui souhaitent accéder à des marchés à l'échelle de l'Amérique latine.
De récents événements économiques aux États-Unis ont servi à nous rappeler, de façon éloquente, la nécessité de diversifier nos marchés d'exportation en Amérique latine et ailleurs et notre besoin de nous affranchir de notre dépendance à l'égard de notre voisin du Sud. En mettant en oeuvre un accord de libre-échange avec le Panama avant les États-Unis, nous permettons aux Canadiens de prendre de l'avance sur leurs concurrents américains et de s'approprier une part de marché. Toutefois, nous risquons peut-être de rater cette occasion. On a récemment signalé que les États-Unis et le Panama sont sur le point de conclure une entente d'échange de renseignements fiscaux qui pourrait ouvrir la voie à l'approbation de l'accord de libre-échange entre les États-Unis et le Panama par le Congrès américain.
La conclusion d'un accord de libre-échange n'a pas seulement pour objectif de réduire les droits et d'abattre les obstacles au commerce. Il accroît du coup la visibilité de chaque partie à l'entente dans le pays de l'autre. Il permet aussi de resserrer les liens entre les gouvernements et entre les milieux commerciaux et les citoyens respectifs des deux pays. Or, la signature de l'accord et l'adoption de la législation de mise en oeuvre nécessaire ne suffisent pas en soi. Pour s'assurer que les Canadiens profitent pleinement de l'accord et d'accords semblables, le gouvernement, en collaboration avec le secteur privé, doit faire la promotion des débouchés auprès des sociétés canadiennes au moyen de séances d'information et de liaison, de missions commerciales, et d'autres activités connexes. Nous considérons que l'ouverture récente, par Exportation et Développement, d'un bureau au Panama est un grand pas dans cette direction.
En somme, I.E.Canada et ses membres sont en faveur de l'accord de libre-échange entre le Canada et le Panama, et nous demandons instamment aux députés d'adopter rapidement le .
Au nom des membres d'I.E.Canada, nous aimerions aussi vous remercier de nous avoir donné l'occasion de comparaître ici aujourd'hui, et nous nous ferons un plaisir de répondre à vos questions au moment opportun.
Merci.
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Je dirais que, si on veut procéder rapidement, les graphiques contiennent les données les plus importantes, alors je vais souvent m'y reporter au cours de l'exposé. Le corps du texte peut être examiné plus tard.
Quant au contexte de l'accord, nous avons entrepris le processus de diversification des échanges au pays, initiative extrêmement importante pour le Canada. Les ententes que nous avons conclues nous ont permis de franchir une étape importante à cet égard.
En outre, à la FOCAL, nous venons d'entreprendre des travaux de recherche au sujet de la thèse de Jeff Rubin sur l'incidence de la flambée des prix du pétrole sur la compétitivité. De concert avec la Commission économique pour l'Amérique latine et les Caraïbes de l'ONU, nous nous sommes essentiellement penchés sur les conséquences de cette tendance à la hausse des prix du pétrole pour la compétitivité commerciale dans certains pays de l'Amérique latine comparativement aux pays asiatiques. Essentiellement, les travaux de recherche ont confirmé la thèse de M. Rubin, à savoir que la flambée des prix de pétrole réduira l'incidence de la mondialisation au profit du régionalisme. Nous allons importer moins de produits de l'Asie pour en importer plus dans les limites de notre hémisphère. Alors, il est d'une importance fondamentale et cruciale de conclure des traités comme celui avec le Panama, compte tenu de cette nouvelle ère du régionalisme.
Un autre aspect au sujet de l'accord tient au fait que le Panama, comme on l'a mentionné, devient rapidement une plaque tournante au chapitre des services et des finances, en plus du commerce. Essentiellement, le pays sera le Singapour ou le Hong Kong de notre hémisphère. C'est un endroit où l'on voudra exercer des activités. C'est un endroit où l'on voudra être profondément intégré si l'on veut faire affaire dans l'hémisphère. Ainsi, voilà une autre raison pour laquelle l'accord panaméen est important.
C'est intéressant. La semaine dernière ou la semaine d'avant, à Ottawa, nous avons accueilli Roger Noriega, ex-adjoint du secrétaire d'État des affaires de l'hémisphère occidental au Département d'État. Nous lui avons demandé, à la lumière de sa connaissance des transformations au Congrès, à quoi ressemblait le programme commercial et ce qu'il pensait du travail du Canada sur le plan des accords de libre-échange. Il a mentionné la crainte au sujet de l'accord panaméen, en raison de ce qui s'était passé avec l'accord colombien. Essentiellement, nous l'avons accueilli ici au Parlement, et, dans le cadre d'un discours prononcé en ville, il a déclaré que les États-Unis risquaient de voir des échanges d'une valeur de deux milliards de dollars leur glisser entre les doigts au profit du Canada. Et la situation avec le Panama sera la même.
J'éprouve un peu de plaisir à l'entendre dire cela, vu que Roger est celui qui a rédigé la loi Helms-Burton lorsqu'il était membre du personnel du comité sénatorial. Alors, de le revoir grimacer ici au sujet du commerce canadien était assez agréable.
Mais permettez-moi de vous présenter une autre citation, des U.S. Wheat Associates et de la National Association of Wheat Growers des États-Unis. Il s'agit d'une déclaration du président des U.S. Wheat Associates et du chef de la direction de la National Association of Wheat Growers:
Le Parlement canadien a ratifié un accord de libre-échange bilatéral... avec la Colombie qui, une fois mis en oeuvre, exemptera de droits de douane le blé canadien qui entre dans ce pays.
L'accord confère un avantage immédiat sur le plan du prix à un grand producteur de blé concurrent dans un marché où les exportateurs de blé américains s'étaient taillés une place dominante. Cela signifie que les producteurs de blé américains pourraient perdre des ventes d'une valeur de 70 millions de dollars aujourd'hui au profit du Canada, au moment où ils peuvent le moins se le permettre. De fait, les familles agricoles américaines risquent maintenant de perdre une part importante de leurs exportations agricoles vers la Colombie, de l'ordre de presque 1,7 milliard de dollars, dont 330 millions de dollars en exportations de blé.
Lorsqu'on parle du Panama, la situation est très semblable. Si vous regardez le mémoire, nous avons défini les secteurs où le Canada et les États-Unis se font concurrence. Et, quant aux exportations américaines, vous avez plusieurs exemples de secteurs où on s'en sort très bien dans la région, mais pas tant au Panama à l'heure actuelle. C'est une situation qui offre des débouchés, et ils sont extrêmement importants pour nous.
Je tiens aussi à mentionner que l'UE négocie actuellement un accord avec le Panama. Elle en a conclu un avec la Colombie.
Nous avons un avantage sur les États-Unis grâce aux tarifs douaniers. Nous avons un avantage sur l'UE qui tient à la distance et aux coûts d'expédition. L'avantage sur l'UE s'accroîtra et deviendra permanent. Celui sur les États-Unis est temporaire. Alors, il est essentiel de battre le faire pendant qu'il est chaud.
Autant que nous sachions, nous avons environ quatre ans avant que les États-Unis réussissent à mettre tout en place sur le plan du commerce.
Si vous vous souvenez bien, les accords avec le Costa Rica et le Chili ont été adoptés, malgré le fait que les présidents de l'époque étaient des canards boiteux après l'élection de mi-mandat. Nous nous dirigeons probablement vers un scénario semblable où les États-Unis parviendront à faire bouger les choses dans le cadre de leur programme de libre-échange.
Je terminerai en faisant deux commentaires.
Le premier porte sur le Panama. C'est un pays stable qui a bonne réputation et qui est considéré comme un État bien gouverné. Dans les rapports sur les risques politiques, les rapports sur les droits de la personne ou tout autre type de rapports fournissant des statistiques sur le pays, on dresse un portrait relativement favorable du Panama. C'est un bon partenaire. C'est le type de pays avec lequel on veut faire affaire, un pays qui est déterminé à faire des échanges commerciaux.
Les négociations ont avancé à une vitesse record. Je ne me rappelle pas avoir vu d'autres négociations être menées aussi rondement. Les Panaméens sont des partenaires sérieux, et ils demeureront des partenaires sérieux lorsqu'il y aura des choses à régler. Jusqu'à maintenant, ils ont fait preuve de sérieux dans les négociations. C'est un point important.
Deuxièmement, permettez-moi de faire un commentaire plus général au sujet du programme commercial. Nous pouvons exploiter un créneau où nous sommes dans une position avantageuse par rapport aux États-Unis, au Panama, à la Colombie et au Pérou. Nous avons conclu des accords tout le long de la côte du Pacifique. Il s'agit d'un programme qui nous occupera à court terme. Mais il s'agit aussi d'une belle occasion de penser à plus long terme. Que faire ensuite au chapitre du libre-échange?
Le Canada est avantagé par rapport aux États-Unis parce que cela prendra environ quatre ans avant que les Américains replongent dans ce dossier. Nous avons la chance unique de profiter de la prochaine grande étape dans le domaine des échanges commerciaux. Je parle ici des négociations transpacifiques qui visent à établir des accords de libre-échange entre les pays qui ceinturent le Pacifique.
Trois accords semblables étaient censés être conclus. Chacun d'eux est actuellement au point mort. Les Asiatiques sont visés par l'un de ces accords, les Latinos-Américains négocient l'Arco del Pacifico, et les Américains travaillent à la création du Partenariat transpacifique. Du côté des Américains, les négociations sont au point mort pour des raisons évidentes, c'est-à-dire l'opposition du Congrès. Les négociations relatives à l'accord des Latinos-Américains ont été temporairement interrompues en raison de l'intransigeance dont font preuve le Nicaragua et l'Équateur. Mais, croyez-moi, les Latinos-Américains entendent se regrouper et réorienter les négociations. Les Américains vont un jour ou l'autre se ressaisir et s'entendre sur cet important traité.
Toutefois, nous sommes exclus et laissés en marge de chacune des initiatives en cours. Lorsque les négociations relatives à ces accords reprendront, nous ne pourrons pas nous permettre d'être encore mis de côté. Nos démarches en Colombie, au Pérou et au Panama nous ont placés dans une meilleure position que les Américains pour mener la barque et nous imposer sur le terrain.
Lorsqu'on pense aux possibilités de cet accord, on doit savoir qu'il s'agit du bloc commercial le plus imposant du globe. On parle ici d'entreprises qui cherchent à s'établir dans le Nouveau Monde, d'entreprises asiatiques qui cherchent à s'implanter de ce côté-ci de l'océan. Où vont-elles s'établir? C'est le genre d'emplois que nous voulons attirer au pays.
Le cabinet McKinsey a produit un rapport et mené des travaux sur le commerce avec l'Asie et sur l'importance pour le Canada de conclure ce genre d'accords. Si on regarde le transbordement, si on regarde le transport aérien, ce sont tous des domaines où nous devrions vraiment jouir d'un avantage particulier. Ce qui fait notre force, c'est que nous ne sommes ni l'Asie ni l'Amérique latine. Mais cela fait aussi notre faiblesse. Ce n'est qu'en tirant avantage de ces accords, en envisageant un programme commercial à long terme et en faisant les types d'investissements dont a besoin l'architecture institutionnelle de notre pays que nous pourrons être bien préparés pour l'avenir.
Dans le cas du Panama, c'est une très bonne affaire. Ce ne devrait pas être bien sorcier pour le comité. Mais la question qu'il faut vraiment se poser est la suivante: que devons-nous faire ensuite? Comment continuer à miser sur cette réussite?
Merci.
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Vous avez parlé des entreprises asiatiques, des entreprises européennes et des entreprises américaines. Elles cherchent toutes à avoir leur part du gâteau, comme je le dis souvent. Permettez-moi de vous citer; vous avez dit: « Nous sommes exclus. » Je crois que c'est quelque chose que de nombreux membres du comité — tant ceux de l'opposition que du parti au pouvoir — ne cessent de répéter. Nous ne voulons pas être exclus. Nous voulons notre part du gâteau, dans les limites fixées par des lignes directrices adéquates, comme vous l'avez probablement entendu si vous étiez ici plus tôt.
Monsieur Dade, j'étais très heureux lorsque vous avez dit que nous avons signé l'Accord de libre-échange Canada-Colombie. Même s'il subsiste des obstacles à surmonter et des préoccupations à prendre en compte, on a prévu des dispositions pour corriger la situation. Notre collègue, Scott Brison, ancien critique en la matière, a proposé une modification qui semble avoir été bien reçue.
Malgré toutes les difficultés, vous avez dit que le Panama est un pays avec lequel on veut faire affaire. Vous avez utilisé l'expression « pays stable ». Je ne me suis jamais rendu dans ce pays — contrairement au premier témoin, qui n'a toutefois pas visité la mine —, mais certains de mes amis canadiens m'ont dit qu'ils avaient été très impressionnés par la qualité de ses infrastructures. Ils ont aussi fait remarquer que le Panama n'est pas parfait, mais trouvez-moi un pays aujourd'hui qui est parfait.
Je veux seulement faire un commentaire avant de poser ma question à Mme Nott. Mme Nott a mentionné que les États-Unis étaient sur le point de signer un accord. Je reviens sur son affirmation parce que l'un des obstacles qu'on a évoqués devant le comité est l'instabilité financière du pays — j'essaie de trouver les termes justes ici.
Je me demande, madame Nott, si vous pourriez fournir plus de détails à ce sujet, car, à la lumière de ce que vous avez affirmé, je présume que, une fois que les Américains auront signé cet accord — et il semble bien qu'ils sont en voie de le signer —, ils iront ensuite de l'avant avec la conclusion d'un accord de libre-échange. Ai-je raison de présumer que c'est ce qui se passera? À moins que nous ne bougions aussi rapidement que possible, nous pourrions nous retrouver dans la situation dont parlait M. Dade et manquer encore le bateau. Nous avons été un peu laissés pour compte dans le cas de l'Accord de libre-échange de l'Amérique centrale, et j'espère bien que nous nous reprendrons à ce chapitre.
Pourriez-vous s'il vous plaît nous fournir d'autres détails à cet égard?
En ce qui a trait aux Américains et à la situation au Panama, j'ai récemment assisté — aux États-Unis — à une réunion de conseil de district qui se tenait à Détroit, en présence de représentants d'environ 500 sociétés américaines.
Le secrétaire Locke était là, et il a fait des déclarations concernant divers accords de libre-échange et diverses questions liées au commerce que les États-Unis examinent actuellement. Dans l'une de ses déclarations, il a fait mention des négociations entourant un éventuel accord de libre-échange avec le Panama, et les gens dans la salle se sont mis à applaudir à tout rompre pour montrer qu'ils appuyaient sans réserve une telle idée, ce qui m'a franchement prise par surprise. Je ne m'attendais pas à une telle réaction de la part de l'auditoire.
Cette journée-là, j'étais une conférencière invitée. Mon exposé portait sur les négociations entre le Canada et l'Europe. C'est le thème qu'on m'avait demandé d'aborder. Les membres de l'auditoire ont posé des questions, et ils ont interrogé l'un des conférenciers qui m'accompagnaient sur l'état actuel de nos négociations avec le Panama, et c'est ce qui a amené le secrétaire Locke à faire son commentaire au sujet du Panama.
Je crois que, cette journée-là, la tension dans la salle était palpable, en ce sens que les États-Unis — du moins les Américains qui étaient présents à la réunion — avaient certainement l'impression qu'ils devaient se dépêcher parce que le Canada est en train de négocier ces accords et qu'il va les devancer.
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Merci, monsieur le président.
D'entrée de jeu, je tiens seulement à dire que c'est la quatrième fois qu'on annonce le début des négociations avec les États-Unis concernant l'entente d'échange de renseignements fiscaux, et, comme vous le savez tous, cela fait maintenant huit ans. Chaque fois qu'il y a un peu de pression pour faire adopter cette entente par le Congrès des États-Unis, le gouvernement du Panama annonce qu'il est en train de négocier une autre entente d'échange de renseignements fiscaux. Mais, depuis huit ans, les négociations n'ont abouti à rien. Alors, je crois que nous devrions cesser de faire valoir cela comme un point valable au sujet des négociations sur l'échange de renseignements fiscaux.
J'aimerais d'abord m'adresser à Mme Nott et à Mme Osmond. À l'instar de M. Cannis, cela fait maintenant six ans que je siège au comité du commerce international, et nous accueillons souvent des gens — par ailleurs bien intentionnés — qui nous disent que la signature de ces accords de libre-échange entraînerait une hausse des exportations.
Le problème, c'est que, lorsqu'on regarde la valeur en dollars constants de nos exportations vers ces marchés depuis la signature des accords de libre-échange, on constate qu'il y a eu une baisse des exportations, et ce, dans chacun des cas.
Prenons juste un exemple, le Costa Rica. Avant la signature de l'accord de libre-échange, les exportations canadiennes vers le Costa Rica atteignaient 77 millions de dollars. L'an dernier, elles ont chuté à 73 millions de dollars. Elles sont donc passées de 77 millions à 73 millions de dollars, en dollars constants, et c'est pour cette raison que le ministre du Commerce international calcule souvent en dollars constants: il essaie de cacher le fait qu'il y a eu, en chiffres absolus, une baisse des exportations vers ces marchés.
Je me demande si l'une d'entre vous souhaitait faire des commentaires, car la politique commerciale du Canada est assez dysfonctionnelle à cet égard. Qu'aimeriez-vous que fasse notre gouvernement pour accroître les ressources destinées à appuyer nos exportateurs?
Je vais juste vous donner un autre exemple. J'ai rencontré le délégué commercial en Amérique du Sud, et il m'a dit qu'il n'avait même pas assez d'argent pour acheter une tasse de café à des clients éventuels. Le gouvernement actuel ne consacre tout simplement pas d'argent au commerce. Nous dépensons environ 13 millions de dollars à l'échelle mondiale pour promouvoir les produits et les services canadiens. À titre de comparaison, l'Australie dépense 500 millions de dollars à cette fin. Il y a donc un gros problème ici. Aimeriez-vous que le gouvernement du Canada joigne le geste à la parole et fournisse plus de soutien sur le terrain aux exportateurs canadiens?
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Pour ce qui est de l'échange de renseignements fiscaux, je voudrais simplement mentionner que la Suisse vient tout juste de signer une entente. C'est quelque chose qui était en préparation depuis probablement aussi longtemps que l'entente avec le Panama, alors je crois que, sur le plan international, nous commençons à voir une évolution dans ce domaine. Les pays qui faisaient preuve d'intransigeance par le passé commencent à changer leur fusil d'épaule.
Les choses évoluent à cause des nombreux problèmes qui existent, particulièrement dans l'hémisphère ouest. Vous avez parlé du trafic de drogues. C'est un problème endémique dans l'hémisphère ouest, de la Terre de Feu jusqu'en haut. Le Canada est en train de devenir un lieu de prédilection pour la production de drogues douces, et on a constaté que, dans le pays, il y a eu une hausse de la production de méthamphétamines et d'autres drogues synthétiques.
Le trafic de la drogue et le blanchiment de l'argent tiré de cette activité s'étendent à l'échelle de l'hémisphère. Ces problèmes touchent pratiquement tous les pays de l'hémisphère ouest, certainement les États-Unis, le Mexique, les Antilles, l'Amérique centrale et l'Amérique du Sud. Ces problèmes ne touchent pas uniquement le Panama.
Ensuite, pour ce qui est du commerce et de l'état de nos échanges commerciaux — je reviendrai sur cette question —, la situation est très intéressante. Si on regarde les secteurs visés par des accords de libre-échange, on regarde seulement le commerce des biens. Si on regarde le commerce des services et l'investissement direct à l'étranger — les chiffres pour le stock d'IED —, le Canada obtient de très bons résultats. Bien que nous puissions constater une baisse dans le secteur des biens, celle-ci a tendance à être compensée par la hausse enregistrée dans le secteur des services et certainement par la hausse des investissements. Les services et les investissements sont plus difficiles à quantifier et à suivre, mais, à l'évidence, les données relatives au stock d'IED indiquent que nous obtenons de très bons résultats et que nous nous rattrapons grâce aux investissements.
Je vous suggère fortement d'inviter le professeur Paul Haslam de l'Université d'Ottawa et d'autres spécialistes du domaine qui se sont penchés sur cette question et qui pourront vous en dire plus à ce sujet.
Par ailleurs, nous nous en tirons très bien pour ce qui est de la promotion des exportations vers ces pays. Le Bureau de promotion du commerce du Canada... C'est quelque chose que les Américains ne feraient jamais: aider de petits et moyens exportateurs évoluant dans des secteurs non traditionnels, des coopératives de femmes et d'autres organisations à tirer avantage des accords et à exporter vers le Canada.
Si on croit sincèrement à la libéralisation des échanges commerciaux, on croit à l'équivalence ricardienne et à la réalisation d'économies qui sont avantageuses pour les deux pays. Nous poussons cette logique un peu plus loin au Canada et nous prenons des mesures pour encourager le commerce plutôt que l'aide. Le commerce vient suppléer l'aide.
Je crois que nous devrions être très fiers de cela. La question est de savoir si on croit ou non au commerce. Je crois que nous avons fait du très bon travail pour que tout cela fonctionne.
J'ai une foule de questions à poser, mais très peu de temps. Cela dit, je vais peut-être me contenter de poser une brève question à Mme Nott et une brève question à M. Dade, et je vais simplement les laisser répondre.
D'abord, monsieur Dade, vous avez parlé des accords multilatéraux. Vous avez mentionné le partenariat transpacifique, les préoccupations qui en découlent... Je pense plutôt à Mercosur, aux accords latino-américains. Je crois que nous voudrions voir plus d'accords multilatéraux. Nous venons tout juste de revenir d'Europe — où nous avons rencontré des représentants de l'Union européenne — et, bien que nous ayons techniquement conclu un accord bilatéral, en réalité, puisqu'il y a la participation de 27 pays membres, c'est tout autant un accord multilatéral comme, j'ose l'imaginer, nous en verrons probablement dans un avenir proche, car nous pourrions avoir des vues différentes. Mais, à mon avis, le Cycle de Doha est plus mort qu'Elvis pour l'instant. Je crois que les accords bilatéraux sont la voie à suivre.
Ma question est donc la suivante. Comme nous avons conclu cinq accords en Amérique latine, quelle est l'occasion qui s'offre à nous? Pensez-vous qu'un accord comparable à celui de Mercosur pourrait se concrétiser? Oui serait-il mieux de conclure ces accords individuellement, comme nous l'avons fait par le passé?
C'est une méthode que j'ai apprise de M. Julian: posons beaucoup de questions et voyons ensuite comment les choses se passent.
Madame Nott, très brièvement, vous avez dit très clairement à M. Julian que, en fait, il ne s'agissait pas de déterminer combien d'argent de plus il faudrait consacrer aux activités de promotion... Il s'agit de conclure cet accord et d'en tirer avantage. Qu'arriverait-il si nous décidions de ne pas signer cet accord? C'est la question que je vous pose.
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Vu les prix des minerais, les activités minières se poursuivront. Si vous regardez autour de la pièce, tout ce que nous utilisons ici, nos téléphones cellulaires, nos montres... Les besoins sont là, et il faudra continuer de répondre à ces besoins. Ces activités peuvent être réalisées de façon positive pour mener à la croissance économique ou pour tenter de favoriser la croissance économique, ou elles peuvent être réalisées selon une approche plus mercantile qui fait fi de l'intérêt des personnes concernées.
On peut croire que les entreprises canadiennes — vos voisins, vos amis — de l'industrie minière débarquent dans des pays comme le Panama et essaient de rouler la population, ou on peut croire que, si elles disposent des ressources nécessaires et qu'elles ont la possibilité de s'inspirer des pratiques exemplaires en matière de responsabilité sociale et d'engagement, elles feront les choses comme il faut. Je crois que le travail accompli par M. Clarke témoigne des aspects positifs de l'industrie minière canadienne.
Il faut miser sur les aspects positifs. Oui, nous devons punir ceux qui font du tort aux gens, et nous serons parmi les premiers à faire front commun avec Mines Alerte lorsque de graves violations seront perpétrées. Mais les entreprises qui essaient de bien faire les choses, qui essaient d'améliorer la situation...
Encore une fois, dans cette affaire, nous sommes en concurrence avec les Chinois. Si vous croyez que vous avez vu une entreprise ayant réellement roulé la population, ayant perpétré de graves violations, eh bien, regardez du côté de nos concurrents. Vous nous affaiblissez. Vous affaiblissez des entreprises qui travaillent avec des groupes comme Clarke Educational Services. Vous les empêchez de pénétrer le marché. Vous donnez un avantage concurrentiel aux entreprises qui ne font pas de tels efforts.
C'est la meilleure façon d'encourager les mauvaises initiatives et de freiner les bonnes. Ou on peut faire le contraire et encourager les bonnes initiatives et freiner les mauvaises. C'est ce qu'on pourra faire avec cet accord, et c'est ce que feront les entreprises comme Clarke Educational Services.