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Nous avons à l'ordre du jour, conformément à l'ordre de priorités du lundi 19 avril 2010, l'étude article par article du projet de loi .
Une voix: J'invoque le Règlement.
Le président: En vertu du paragraphe 75(1) du Règlement, l'étude de l'article 1 est reportée à plus tard.
Une voix: J'invoque le Règlement.
Le président: Vous pourrez faire un rappel au Règlement dès que...
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
Le président: Allez-vous s'il vous plaît cesser de m'interrompre? Je vais finir cette phrase, et ensuite vous pourrez invoquer le Règlement.
Le président: M. Laforest n'a jamais eu officiellement la parole, monsieur Julian. Ce genre d'impolitesse ne sera plus toléré.
M. Peter Julian: Vous ne pouvez pas...
Le président: Article 2 — nous passons à l'article 2...
M. Peter Julian: Il y a des rappels au Règlement...
(Article 2 — Définitions)
Le président: Nous sommes à l'article 2. Je suis heureux de savoir qu'il y a des rappels au Règlement, mais je tenais à ce que ce soit très clair: le comité poursuit ses travaux même si vous faites de l'obstruction.
M. Peter Julian: Vous devez entendre les rappels au Règlement...
Le président: Nous faisons une étude article par article.
M. Peter Julian: J'invoque le Règlement.
Le président: Nous discutons de l'article 2. Invoquez-vous le Règlement au sujet de l'article 2?
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En fait, j'aimerais maintenant soulever une question de privilège qui, comme vous le savez, porte un peu sur toutes les autres questions qui sont apportées devant le comité.
Comme vous le savez, monsieur le président, vous êtes obligé d'entendre ces questions de privilège. Alors, je vais commencer en parlant justement de ce que cela comporte, surtout après tout ce qui vient d'arriver dans ce comité, aujourd'hui. Mes droits en tant que député ont été lourdement brimés par vos actions, monsieur le président. Je n'entretiens pas de rancune personnelle, c'est sûr. Je ne saurais mettre en doute toutes vos contributions à ce pays et à la Chambre des communes, mais aujourd'hui, vous avez clairement brimé mes privilèges en tant que député de la Chambre des communes.
Nous sommes gouvernés par ces statuts, par la procédure à la Chambre et en comité, de même que nous sommes encadrés par des règlements qui s'appliquent à tous les gens qui se trouvent devant le comité. Dans le cas qui nous occupe, au début de cette réunion, on a refusé de reconnaître les rappels au Règlement, qui font justement partie des règlements de procédure auxquels nous devons obéir. Tous les membres de ce comité doivent répondre aux rappels au Règlement et les comprendre. Or, au début de cette séance, les rappels au Règlement n'ont pas été reconnus.
Ensuite, M. Laforest est intervenu. Je ne doute aucunement qu'il soulève probablement une question de privilège à son tour, tout à l'heure, car ses droits ont été fortement brimés. Ensuite, toutes les questions à propos de ce qui est arrivé font en sorte que des privilèges ont été brimés.
Ensuite, il y a eu ce refus de reconnaître les rappels au Règlement qui ont été soulevés de façon normale et régulière devant le comité. On a eu une motion qui, subitement, a « sauté » devant les autres motions, en dépit du fait qu'elle avait été déposée à 17 h 39, heure de l'Est, vendredi dernier, après les trois autres motions qui sont devant nous. Alors, reconnaître un député plutôt que les autres, quand il n'y a pas unanimité, brime les privilèges que nous avons devant la Chambre et devant les comités. Nous avons le privilège d'être traités à égalité, en tenant compte des précédents. Effectivement, les motions doivent être débattues à tour de rôle, une après l'autre, suivant l'heure où elles ont été déposées...
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Monsieur le président, je vais continuer à parler de l'atteinte au privilège. Même si vous avez beaucoup participé au débat, aujourd'hui, vous avez tort. Je continue.
Je sais que M. Laforest soulèvera la question de l'atteinte au privilège en ce qui concerne le droit de consulter le greffier, ce qui est encore l'un de nos droits fondamentaux, comme députés. On a le droit de dire qu'on va consulter le greffier. C'est pourquoi il est là. Je laisserai la chance à M. Laforest de parler de ce sujet.
Monsieur le président, nous avons une motion que vous croyez recevable. Vous avez statué que la motion de M. Keddy est recevable. Au moins trois membres du comité ont dit vouloir s'exprimer à propos de cette motion. Nous avons fait plusieurs fois des rappels au Règlement, sans succès. Monsieur le président, le mot « bafouer » n'est pas assez fort. Vous avez même refusé d'entendre ces rappels au Règlement. On parle de règlements qui ont été mis en avant et qui ont été complètement bafoués.
C'est la quatrième fois que l'on invoque l'atteinte au privilège. On ne parle pas seulement d'une fois. On parle d'une série de privilèges violés. Quand on considère la longue histoire de cette législature et des législatures précédentes, on peut dire que ces règlements et procédures n'ont pas été élaborés hier sur le coin d'une napkin. Ces règlements de procédure ont été développés depuis 1 000 ans. Monsieur le président, comme vous savez, ces règlements ont été adaptés, changés et améliorés à tour de rôle, de façon à préserver ces principes de privilège selon lesquels les députés, qu'ils appartiennent à la majorité ou à la minorité, ont les mêmes droits et responsabilités.
Parfois, comme vous le savez, cela voudra dire que le gouvernement ne peut pas faire ce qu'il aimerait en claquant des doigts. Cela veut dire que le gouvernement ne peut pas écraser ses députés minoritaires, la démocratie fait en sorte qu'on a des privilèges en tant que députés. Monsieur le président, ces choses existent depuis belle lurette. Dans cette situation, c'est justement cette question de privilèges et de droits des membres qui fait toutes sortes de choses.
Maintenant, quand on cite, c'est à propos de quoi? Est-ce que ce sont des études en comité? Que pourrait-il arriver pour que cela soit considéré comme une violation des privilèges d'un député? Il faut revenir en 1996, justement, monsieur le président.
Je vais vous parler, monsieur le président, de quelqu'un que vous connaissez bien, je crois. C'est l'ancien député de Crowfoot, monsieur Ramsay, qui a justement soulevé une question de privilège, devant le Comité permanent de la justice. À cette époque, on avait ce même problème d'écrasement des députés minoritaires. J'ai dit, au début de mon intervention, que cet écrasement, ce bafouage et le retrait du droit de parole, un droit prévu par les règlements et aussi par le texte O'Brien et Bosc ont commencé dès le début de cette réunion et se sont poursuivis jusqu'à présent.
C'est une incapacité de reconnaître notre désir d'invoquer le Règlement et les quatre atteintes au privilège dont j'ai parlé. À l'époque, M. Ramsay n'était pas seul, parce que le député John Nunziata, qui représentait York-Sud—Weston, avait aussi soulevé le sujet. C'est un ancien député libéral qui, par la suite, est devenu indépendant. Il disait que, dans le cadre des examens qui se font en comité, il faut s'assurer que lorsqu'un président agit, il recherche l'équilibre. Je sais que ce n'est pas facile, que c'est parfois controversé, que c'est vraiment un défi, monsieur le président. On est tous des députés forts, qui savent parler. Je ne serai peut-être pas d'accord avec M. Trost ou M. Holder sur une question, mais on s'exprime, chacun autour de nous s'exprime et très fortement parfois. L'échange qu'on a eu plus tôt démontre jusqu'à quel point on est prêts à s'exprimer, mais le fait que chaque député a son point de vue, qu'il représente un parti politique, que les points de vue diffèrent l'un de l'autre, peut provoquer des problèmes. Quel est alors le rôle du président? Comme cela a été dit à l'époque par le Président de la Chambre, M. Parent, il doit toujours prendre très au sérieux toutes les questions touchant les privilèges des députés, surtout toute question qui pourrait constituer un outrage à la Chambre. Il a dit que même si la préférence du Président est toujours de ne pas s'immiscer dans les affaires du comité, il y a quand même des règlements qui s'appliquent, qui font en sorte que vous, en tant que président, et tous les membres du comité, êtes obligés de suivre les règles et procédures.
Qu'est-ce que M. Ramsay a dit à cette époque? Il a cité la sixième édition de Beauchesne disant que: « Les privilèges du Parlement sont ceux qui sont “absolument indispensables à l'exercice régulier de ses pouvoirs”. » Il a ajouté que: « Les députés le savent, ces privilèges sont précieux. Ils existent dans le but d'assurer que les députés, individuellement, et la Chambre dans son ensemble, puissent remplir convenablement le rôle de représentants élus des Canadiens ». Justement, les mêmes privilèges existent pour tous les députés de la Chambre afin de maintenir l'autorité et la dignité de la Chambre et de ses comités. Bien que les questions qui nous sont soumises soient graves, je suis porté à considérer que c'est un grief grave pour justifier d'autres considérations. C'est cette réponse qui a été donnée à l'époque, monsieur le président, soit que le comité a le pouvoir d'étudier, de modifier des projets de loi et, s'il y a lieu de le faire, de faire rapport à la Chambre avec ou sans proposition d'amendement. Ce sont les privilèges du comité qui ont été mentionnés à l'époque, le président l'a bien dit, par plusieurs députés, en réponse à ces questions de privilège qui ont été soulevées. Bien qu'il soit souvent dit que les comités sont maîtres de leurs propres délibérations, ils restent tout de même subordonnés à la Chambre et ne peuvent se substituer eux-mêmes à celle-ci.
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Monsieur le président, c'est à mon tour de soulever une question de privilège. Je crois que ce qui m'inquiète, c'est le fait que l'information, puisque nous ne siégeons plus à huis clos...
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
Le président: Ça pourrait vous intéresser, monsieur Julian.
M. Dean Allison: Nous ne sommes plus à huis clos, et l'information dont parle M. Julian a été transmise à huis clos, alors j'aimerais que nous nous prononcions là-dessus, parce qu'il porte maintenant atteinte à mes privilèges... Cette information doit rester entre nous, et comme nous ne sommes plus à huis clos...
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Monsieur le président, c'est une question de privilège. On avait demandé que cette réunion se tienne en public et vous avez refusé qu'on discute de cette motion.
Ma question de privilège concerne la liberté de parole. Je considère que ma liberté de parole a été brimée lorsque vous avez mis aux voix la motion de M. Keddy sans nous donner, à moi et à M. Guimond, l'occasion de nous exprimer. Nous avions des choses à dire là-dessus.
À la page 89 de La procédure et les usages de la Chambre des communes, on parle de la liberté de parole:
Les droits, privilèges et immunités des députés peuvent être regroupés sous les rubriques suivantes: [dont] la liberté de parole;
Le droit de loin le plus important [le droit de parole] qui soit accordé aux députés est celui de l'exercice de la parole dans le cadre des délibérations parlementaires. On l'a décrit comme:
[...] un droit fondamental, sans lequel ils [les députés] ne pourraient remplir convenablement leurs fonctions. Cette liberté leur permet d'intervenir sans crainte dans les débats de la Chambre, de traiter des sujets qu'ils jugent pertinents et de dire tout ce qui, à leur avis, doit être dit pour sauvegarder l'intérêt du pays et combler les aspirations de leurs électeurs. [...]
Le dernier paragraphe est tiré du premier rapport du Comité spécial sur les droits et immunités des députés, présenté à la Chambre le 29 avril 1977. Ce droit est aussi accordé aux personnes qui témoignent devant les comités parlementaires. Ce n'est quand même pas d'aujourd'hui.
C'est ce dont il a été question aujourd'hui, c'est du droit de parole en comité.
Vous avez mis aux voix une motion de M. Keddy, et tous les députés conservateurs et libéraux ont voté. Vous n'avez même pas accepté qu'on discute de ma motion demandant que la réunion soit publique. Nous sommes maintenant en séance publique, et c'est très bien ainsi. Il est clair et net que ce n'est pas nous qui avons changé la situation.
Dans La procédure et les usages de la Chambre des communes, il est écrit:
Il s'est écrit beaucoup de choses sur ce sujet au cours des siècles en Grande-Bretagne, au Canada et dans tout le Commonwealth.
Dans Odgers’ Australian Senate Practice, ce privilège [on parle toujours du droit de parole] est décrit en des termes plus larges comme étant l’immunité de mise en accusation ou d’interrogatoire devant les tribunaux pour tout ce qui a trait aux délibérations du Parlement. On y affirme également que c’est la seule immunité que possèdent les deux chambres du Parlement et leurs membres ainsi que les comités [et ses membres, évidemment] en ce qui touche la teneur des propos tenus dans le cours des délibérations. Selon Odgers, il y a deux types d’immunité:
Il y a, premièrement, l’immunité de poursuite civile ou criminelle et l’immunité d’examen judiciaire dont bénéficient les parlementaires, les témoins et les autres personnes qui participent aux travaux du Parlement […] et, deuxièmement, l’immunité de contestation et de mise en cause judiciaires, qui protège les délibérations parlementaires proprement dites.
La même position a été adoptée au Canada dans une décision de la Commission d'enquête sur le programme de commandites et les activités publicitaires, selon laquelle l’utilisation des transcriptions d’un comité pour le contre-interrogatoire des témoins dans une enquête publique pourrait faire en sorte que les délibérations du comité soient contestées ou mises en doute. La Cour fédérale a confirmé cette décision.
C'est tiré de la Commission d'enquête sur le programme de commandites et les activités publicitaires, « Qui est responsable?: Rapport factuel » (ci-après cité Gomery), vol. 1...
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Mon point de vue, monsieur le président, fait que j'ai invoqué une question de privilège sur la liberté de parole — je vous ai dit pourquoi tout à l'heure.
Je vous cite actuellement l'ensemble des propos qui sont tenus dans le Règlement, et c'est mon droit de vous citer exactement tout ce qui concerne et encadre la liberté de parole à la Chambre des communes et dans les comités.
Le droit à la liberté de parole est protégé par la Loi constitutionnelle de 1867 et la Loi sur le Parlement du Canada. L'existence légale du privilège parlementaire relatif à la liberté de parole remonte à l'adoption du Bill of Rights anglais en 1689. Même s'il visait à contrecarrer les attaques de la part de la Couronne, il interdisait également toute poursuite de la part d'une personne de l'extérieur de la Chambre contre un député pour ce qu'il pouvait avoir dit ou fait au Parlement. L'article 9 de ce texte de loi établit que: « l'exercice de la liberté de parole et d'intervention dans les débats et délibérations du Parlement ne peut être contesté ou mis en cause devant un tribunal quelconque ni ailleurs qu'au Parlement. »
Les tribunaux ont confirmé que la liberté de parole généralement considérée comme un privilège individuel est aussi un privilège collectif de la Chambre.
C'est donc aussi un privilège collectif du comité.
Les motions adoptées par la Chambre expriment l'opinion collective de ses membres et ne peuvent donc pas être contestées en justice.
La partie sur les délibérations du Parlement dit:
En général, on considère que le privilège de la liberté de parole se limite aux « délibérations du Parlement ». Le Bill of Rights anglais ne contient aucune définition de l'expression « délibérations du Parlement », et la loi canadienne ne définit pas non plus cette notion. Voici la définition qu'en donne May:
Le mot « délibérations » dans le sens premier qu'on lui donne dans le langage parlementaire depuis au moins le XVIIe siècle désigne une activité officielle, généralement en vue de prendre une décision, accomplie par la Chambre dans l'exercice de sa compétence collective. Cette définition englobe, naturellement, les autres formes que peuvent prendre les travaux de la Chambre ainsi que l'ensemble du processus parlementaire, au coeur duquel se situent les débats et par lequel la Chambre en arrive à prendre des décisions. C'est généralement en s'exprimant verbalement qu'un député prend part à ces délibérations, mais également en posant divers actes officiellement reconnus, comme voter, donner avis d'une motion ou encore présenter une pétition ou un rapport de comité, la plupart de ces actes permettant de faire l'économie du temps de parole au cours des délibérations. Les fonctionnaires de la Chambre participent à ces délibérations, principalement en donnant suite aux ordres de la Chambre, qu'ils soient généraux ou particuliers. Des étrangers peuvent également participer aux délibérations de la Chambre, [...]
On l'a vu cette semaine — ou la semaine passée — avec la présence du président du Mexique. J'imagine que c'en est un exemple.
[...] par exemple en comparaissant devant elle ou devant l'un de ses comités, [...]
C'est comme lorsqu'on a des témoins.
[...] ou encore en veillant à la présentation de pétitions.
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Le parlement en Australie a adopté le Parliamentary privilege Act 1987 qui définit les « délibérations du parlement » en ces termes:
[...] tout ce qui se dit ou se fait dans le cadre des travaux d'une chambre ou d'un comité ou en relation avec ses travaux, notamment et sans limiter la généralité de ce qui précède:
a) le fait de témoigner devant une Chambre ou un comité de témoignage lui-même;
b) la présentation d'un document à une Chambre ou à un de ses comités;
c) la préparation d'un document à ces mêmes fins ou à des fins connexes;
d) la rédaction, la production ou la publication d'un document, y compris un rapport, par suite d'un ordre d'une Chambre ou d'un comité et le document lui-même.
En se fondant sur les nombreux jugements rendus par les tribunaux canadiens qui ont eu à appliquer le droit relatif aux privilèges parlementaires, il ressort clairement qu'ils ont eu une bonne compréhension du sens de cette expression et la considèrent comme faisant partie intégrante du droit canadien. Ils se sont toutefois montrés réticents à étendre en dehors du cadre des délibérations parlementaires la portée de l'immunité découlant de la règle de la liberté de parole. Autrement dit, bien que le rôle du député ait considérablement évolué depuis le XVIIe siècle, à l'époque où cette règle a été énoncée dans le Bill of Rights, les tribunaux ont, à quelques exceptions près, restreint l'application de cette immunité au rôle traditionnel des députés comme législateurs et participants aux débats parlementaires.
J'en viens à l'importance de la liberté de parole, monsieur le président, et c'est là l'élément fondamental:
La liberté de parole permet aux députés de formuler librement toute observation à la Chambre ou en comité en jouissant d’une complète immunité de poursuite [criminelle ou civile].
La liberté de parole permet aux députés de formuler librement toute observation à la Chambre ou en comité en jouissant d'une complète immunité de poursuite criminelle ou civile. Cette liberté est essentielle à la conduite efficace des travaux de la Chambre. Elle permet aux députés de faire, à propos d'organismes ou de personnes de l'extérieur, des déclarations ou des allégations qu'ils hésiteraient peut-être à faire sans la protection du privilège. Bien qu’elle soit souvent critiquée, la liberté dont jouit le député de formuler des allégations qu’il croit sincèrement fondées, ou qui, selon lui, mériteraient à tout le moins de faire l’objet d’une enquête, est fondamentale.
Ce qui suit est extrêmement important:
La Chambre des communes ne saurait mener efficacement ses travaux si les députés ne pouvaient pas s’y exprimer en toute liberté [...]
Face aux événements auxquels on a assisté aujourd'hui, alors que les députés libéraux et conservateurs, de concert avec vous, monsieur le président, ont fait en sorte de passer au vote avant même que les autres députés n'aient pu s'exprimer sur cette motion, il me semble très clair que nous avons été restreints dans notre liberté de parole.
Je poursuis la citation:
Il n’y aurait pas de liberté de parole si tout devait être prouvé avant même d’être exprimé. En 1984, dans une décision sur une question de privilège, le Président Bosley a affirmé: « Les députés ont le privilège absolu d’intervenir à la Chambre ou aux comités et il serait très difficile de juger qu’une déclaration faite sous le couvert de l’immunité parlementaire constitue une violation des privilèges. »
La Chambre accorde également ce droit aux personnes qui comparaissent devant elle ou l'un de ses comités pour les encourager à communiquer toute l'information avec franchise sans crainte de représailles ou d'autres actions défavorables. En 2005, la Cour d'appel fédérale a statué que les témoignages faits devant un comité parlementaire tombent sous la protection du privilège parlementaire, celui-ci étant nécessaire au fonctionnement du Parlement pour trois raisons: « pour encourager les témoins à parler ouvertement devant le comité parlementaire, permettre au comité d'exercer sa fonction d'enquête et, de façon plus secondaire, pour éviter des conclusions de faits contradictoires ».
En 2004, on s'est demandé si les avocats d'une commission d'enquête pouvaient contre-interroger des témoins en utilisant des déclarations faites antérieurement devant un comité permanent. Une commission d'enquête a alors demandé à la Chambre des communes si elle était disposée à renoncer au privilège parlementaire pour autoriser l'utilisation de témoignages devant la commission. Après que deux comités permanents ont étudié la question, la Chambre a réaffirmé l'importance du privilège de la liberté de parole en déclarant que toutes les délibérations du Comité permanent des comptes publics ainsi que les témoignages, observations et dépositions de toutes les personnes qui y participent continuent d'être protégés par ces privilèges et immunités. Une fois informé de la résolution de la Chambre, le commissaire chargé de l'enquête a décidé que le privilège parlementaire empêchait les avocats d'utiliser les témoignages dans les contre-interrogatoires. La Cour fédérale a par la suite maintenu cette décision.
En 2007, la Cour fédérale a confirmé à nouveau que le privilège parlementaire protège les déclarations des témoins devant les comités de la Chambre:
[...] même si les témoins qui comparaissent devant un comité parlementaire ne sont pas des membres du Parlement, ils ne sont pas non plus des étrangers à la Chambre. Ils sont plutôt des invités à qui est conféré le privilège parlementaire parce que, comme pour les membres, le privilège est nécessaire pour faire en sorte qu'ils soient en mesure de parler ouvertement, sans craindre que leurs propos soient utilisés par la suite pour les discréditer dans une autre instance [...]
La Cour a confirmé que le privilège parlementaire « empêche plutôt d'autres instances d'obliger des membres du Parlement ou des témoins ayant comparu devant des comités à répondre de déclarations faites dans l'accomplissement de leurs fonctions à la Chambre. »
La Cour fédérale a également statué qu'elle n'avait pas compétence pour décider si le privilège parlementaire s'appliquait aux enquêtes policières, puisque ces enquêtes sont du ressort des cours supérieures provinciales. Elle ne voulait pas intervenir dans la décision de la GRC d'intenter une action criminelle: « Il est clair que toute question se rapportant au privilège parlementaire reste posée et que la recevabilité des preuves qui émanent directement du témoignage de la demanderesse devant le Comité des comptes publics devra être examinée à mesure que se déroulera l'enquête criminelle ».
Bien que le privilège parlementaire protège les témoignages faits devant les comités parlementaires, ceux-ci prennent au sérieux les allégations de mensonge ou de tromperie et peuvent y donner suite.
En 2006, le Comité permanent des comptes publics a produit une analyse comparative des divergences dans les témoignages de certaines personnes qui avaient comparu devant lui au cours de la 37e législature (2001-2004) et aussi devant la Commission d'enquête sur le programme de commandites et les activités publicitaires [...] Par la suite, le comité permanent a adopté une motion pour faire comparaître à nouveau certains témoins et leur demander de s'expliquer sur les divergences. Le 6 juin 2007, deux des témoins ont comparu devant le comité, ont présenté leurs exposés préliminaires et ont répondu aux questions.
Si un rapport détermine qu'un témoin a présenté un témoignage mensonger, il peut en être fait rapport à la Chambre. En 2003, le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires a conclu que George Radwanski, ex-commissaire à la protection de la vie privée, l'avait délibérément induit en erreur dans son témoignage et devrait donc être reconnu coupable d'outrage à la Chambre.
Ceci est tiré du quatrième rapport du comité présenté à la Chambre en 2003.
Seule la Chambre peut décider si le témoin a délibérément induit en erreur le comité et a commis un outrage à la Chambre. Il peut choisir la mesure punitive pertinente.
La Chambre a constaté que l'ex-commissaire à la protection de la vie privée, Georges Radwanski, avait commis un outrage à son endroit en 2003 pour avoir fait un témoignage trompeur devant le Comité permanent des opérations gouvernementales et des prévisions budgétaires. Toutefois, comme M. Radwanski a présenté à la Chambre une lettre d'excuses, aucune sanction n'a été imposée. En 2008, la Chambre a reconnu que la sous-commissaire aux ressources humaines de la GRC, Barbara George, avait commis un outrage en présentant un faux témoignage au Comité permanent des comptes publics et en induisant celui-ci en erreur, mais n'a pas ordonné d'autres mesures: « ce verdict d'outrage constituant à lui seul une très lourde sanction ».
Si la Chambre établit qu'un témoin a menti dans son témoignage sous serment, et si elle le juge bon, elle peut renoncer à son privilège à l'égard du témoignage et renvoyer l'affaire à la Couronne, qui déterminera si elle a suffisamment d'éléments de preuve pour accuser le témoin de parjure en raison de déclarations mensongères faites délibérément devant un comité parlementaire.
Il s'agit des « Propos tenus en dehors des délibérations - Les limites de la liberté de parole ».
Le privilège de la liberté de parole n'est pas sans bornes, et il subsiste à cet égard des zones grises. Les députés peuvent avoir la certitude que les propos qu'ils tiennent à la Chambre et à l'occasion d'autres délibérations officielles bénéficient de l'immunité, mais ils ne peuvent savoir avec assurance jusqu'où va par ailleurs leur liberté de parole et d'action en tant que parlementaires.
À titre d'exemple, je poursuis la citation:
En 2008, la commissaire aux conflits d'intérêts et à l'éthique a été appelée à déterminer si Robert Thibault (Nova-Ouest) avait manqué à ses obligations aux termes du Code régissant des conflits d'intérêts des députés en participant à l'étude menée par le Comité permanent de l'accès à l'information et de la protection des renseignements personnels et de l'éthique, sur l'entente Mulroney Airbus à la lumière de la poursuite intentée contre lui par l'ancien premier ministre pour des propos diffamatoires tenus au cours d'une émission télévisée de CTV.
(En vertu du Code, les députés doivent divulguer les intérêts personnels qu'ils détiennent dans une question dont la Chambre ou un comité est saisi et ne peuvent participer à un débat ou à un vote sur cette question.) Dans son rapport à la Chambre, la commissaire aux conflits d'intérêts a conclu qu'une poursuite constituait un passif et, par conséquent, un intérêt personnel aux fins du Code. Elle a établi que M. Thibault avait donc enfreint les articles 8, 12 et 13 du code, mais que ce manquement résultait d'une erreur de jugement commise de bonne foi. [...] Par la suite, Derek Lee (Scarborough–Rouge River) a soulevé une question de privilège pour mettre en doute la validité d'une interprétation du Code ayant pour effet de limiter à la Chambre et en comité la liberté de parole et le droit de vote des députés. M. Lee contestait tout particulièrement l'opinion de la commissaire, selon laquelle la qualité de partie défenderesse dans une action pour libelle diffamatoire équivalait à mettre en jeu des intérêts personnels. Après avoir déclaré qu'il y avait de prime abord matière à question de privilège, le Président Milliken a rendu sa décision. Lorsque la simple introduction d'une action en libelle diffamatoire contre un député sans égard à l'issue de la poursuite empêche ce député de s'exprimer et de voter à la Chambre et en comité [ce n'est pas loin de ce qu'on vit aujourd'hui], il semble raisonnable de conclure que les privilèges de tous les députés sont immédiatement menacés. La Chambre a adopté une motion voulant que l'objet de la décision soit renvoyé au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre pour examen. La 39e législature (2006-2008) a été dissoute avant que le comité puisse présenter un rapport à la Chambre sur cette question. La Chambre a modifié le paragraphe 3.3 du Code régissant des conflits d'intérêts des députés de façon à préciser que ne sont pas considérés comme des intérêts personnels d'un député ceux qui ont trait au fait d'être partie à une action en justice relative à des actes posés par le député dans l'exercice de ses fonctions.
Je reviens au texte principal. On dit:
Le privilège parlementaire de la liberté de parole s'applique à ce qu'ils exprime à la Chambre et dans le cadre des autres travaux de la Chambre, mais pas nécessairement en entier, aux comptes rendus qu'en donnent les journaux ou autres sources extérieurs au Parlement. Par exemple, un député qui rediffuse ses propos autrement que par la voie du compte rendu officiel ne bénéficie pas forcément de son privilège parlementaire. Les députés devraient savoir que leurs déclarations, qui sont absolument protégées par le privilège quand elles sont faites à l'occasion de délibération parlementaires, ne le sont pas nécessairement quand elles sont reprises dans un autre contexte, comme dans un communiqué de presse, dans un envoi postal collectif, sur un site Internet, dans une entrevue télévisée ou radiodiffusée, dans une assemblée publique ou à leur bureau de circonscription. Les députés agissent également à leurs risques quand ils communiquent, autrement que dans le cadre de délibérations parlementaires, des documents susceptibles d'être considérés comme diffamatoires. Cet ainsi que les observations que formulent un député lors d'une assemblée à laquelle il participe en sa qualité de représentant élu — mais ailleurs que dans l'enceinte du Parlement — ne seraient probablement pas protégées par le privilège, même s'il ne s'agit que de citations de ses propres propos exprimés dans des délibérations parlementaires.
C'était un des principaux points de litige dans une célèbre affaire tirée du hansard, qui mentionne que: « Les députés ne peuvent pas invoquer le privilège parlementaire pour le contenu d'un envoi collectif, car il ne s'agit pas d'une publication dont la Chambre a ordonné l'impression. »
Voir aussi la décision du président Parent, rendue le 16 novembre 1999.
Dans ce cas, un député qui avait fait un envoi collectif contenant des propos critiques sur le Sénat, s'est vu intenter une action civile par une sénatrice. Il faisait valoir que cette action en justice constituait une atteinte à son privilège de liberté de parole. Le Président avait alors statué que, comme l'information en question se trouvait dans un document qui ne faisait pas partie des délibérations du Parlement, il n'y avait pas eu atteinte au privilège du député.
Je poursuis:
Il ne devrait donc pas se servir des moyens de télécommunication, [on parle toujours du député], y compris des nouvelles technologies comme le courrier électronique, le télécopieur et l'Internet, pour transmettre des textes qui pourraient être considérés comme diffamatoires.
La publication des textes diffamatoires a été considérée par la plupart des tribunaux comme n'étant pas protégée par le privilège parlementaire dès lors qu'elle ne s'inscrit pas dans le processus parlementaire. Même la correspondance en deux députés, sur une politique donnée, peut ne pas être considérée comme protégée. Les tribunaux optent systématiquement pour une interprétation dite « fonctionnelle » du privilège parlementaire, en ce sens que lorsqu'il sont appelés à examiner toute nouvelle situation dans laquelle un député peut s'être placé, ils le font selon la fonction et le but pour lequel le privilège parlementaire avait été institué au départ, à savoir permettre aux députés de débattre sans crainte au Parlement des politiques gouvernementales.
En 2006 la Cour fédérale a confirmé que le privilège parlementaire ne protège pas les communications avec les électeurs, parce que celles-ci ne font pas partie des délibérations parlementaires. Le privilège de la liberté de parole étant une immunité qui confère un redoutable pouvoir à ses bénéficiaires, la présidence a, à l'occasion, mis des députés en garde contre son utilisation abusive. Dans une décision concernant une question de privilège en 1987, le président Fraser a longuement insisté sur l'importance de la liberté de parole et sur la nécessité pour les députés d'être prudents dans leurs propos. Seulement deux sortes d'institutions de ce pays jouissent de ce privilège très impressionnant: le Parlement et les assemblées législatives et les tribunaux. Ces institutions sont protégées par le privilège absolu parce qu'il faut absolument pouvoir dire la vérité, poser n'importe quelle question et discuter en toute liberté.
Le privilège absolu permet à ceux qui assument leur fonction légitime, dans des institutions très importantes de l'État, de ne pas être exposés à d'éventuelles poursuites judiciaires. C'est nécessaire dans l'intérêt national: cette protection est d'ailleurs jugée nécessaire depuis des siècles dans notre régime démocratique. Il permet à notre système judiciaire et à notre système parlementaire de fonctionner en toute liberté.
Un tel privilège donne de lourdes responsabilités à ceux qui le protègent. Je songe en particulier aux députés. Les conséquences d'un abus risquent d'être terribles. Des innocents risquent d'être victimes de diffamation sans avoir aucun recours. Des réputations risquent d'être ruinées par de fausses rumeurs. Tous les députés se rendent compte qu'ils doivent exercer avec prudence le privilège absolu qui leur confère une liberté de parole totale. C'est pourquoi de vieilles traditions visent à prévenir de tels abus à la Chambre.
Pendant les débats, la période des questions et lors des autres délibérations de la Chambre, les députés doivent suivre le Règlement et les usages de la Chambre en ce qui a trait au contenu des discours et des observations. Par exemple, l'article 18 du Règlement interdit de tenir des propos irrévérencieux ou offensants au cours des débats. Ne sont pas non plus permises les attaques personnelles, les insultes, les paroles grossières ou les observations...
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Nous reprenons nos travaux.
Juste avant que nous suspendions nos travaux, M. Laforest avait la parole au sujet d'une question de privilège. Je pourrais dire que nous avons fait le tour de cette question.
Je crois que nous en avons saisi l'essentiel, monsieur Laforest. Je suis prêt à vous permettre de parler aussi longtemps que vous le voulez, mais puisque ça devient un peu redondant et que vous ne faites qu'ajouter d'autres précédents, je me demande vraiment si tout cela est pertinent. Je suis prêt à me prononcer sur la question de privilège à tout moment.
Petite mise à jour: nous avons adopté deux motions jusqu'à maintenant. La motion dont nous sommes saisis en ce moment est l'étude en comité du projet de loi . Nous sommes à l'article 2. Avant que nous entendions d'autres rappels au Règlement ou d'autres questions, je voulais simplement laisser savoir au comité où nous en étions.
En vertu de la motion que nous avons adoptée aujourd'hui à 16 h 01, qui limite la durée du débat à six heures, nous terminerons le débat à 22 h 01. À ce moment-là, nous mettrons les amendements aux voix dans l'ordre où ils auront été présentés, un à la fois. Ces amendements et les votes portant sur les articles ne seront pas sujets à débat, conformément à la motion adoptée par le comité.
Je crois maintenant que nous sommes prêts à poursuivre. Nous allons entendre la fin de la dernière question de privilège, et j'espère que nous pourrons éventuellement revenir aux travaux du comité.
J'aimerais ajouter que si nous pensons que les rappels au Règlement ou les questions de privilège ont déjà été entendus, sont redondants ou sont simplement inconciliables, je crois que, dans l'intérêt du comité et des membres du comité — et dans le respect des privilèges des autres membres —, nous devrons décider de poursuivre nos travaux.
Il ne semble pas y avoir de terrain d'entente proposé ici. Le nombre de témoins qui ont comparu devant ce comité est beaucoup plus important que dans le cas de toutes les autres questions présentées à la Chambre ou à un comité, et je crois que la plupart des membres du comité ont déjà une opinion à ce sujet. Je n'ai remarqué aucun changement à cet effet dans les interruptions faites jusqu'à maintenant, alors dans l'intérêt du comité et des représentants réunis ici pour répondre aux questions et aux fins des travaux du comité, nous reprendrons éventuellement nos travaux...
Mais nous ne voudrions certainement pas porter atteinte aux privilèges d'un membre de prendre la parole, alors si vous voulez utiliser le temps du comité pour exprimer vos points de vue personnels, vous êtes libres de le faire. Mais lorsque nous les aurons tous entendus, qu'ils deviendront redondants ou qu'il y aura des questions inconciliables, nous rendrons une décision en ce sens et nous poursuivrons la réunion.
J'aimerais aussi préciser que je vais maintenant demander à M. Miller de me remplacer. M. Cannis, notre vice-président, n'est pas encore ici, alors jusqu'à ce qu'il arrive, je vais demander...
Une voix: J'invoque le Règlement, monsieur le président.
Le président: Dans un instant.
Je demande au comité s'il est d'accord pour que mon remplaçant...
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Que ceux qui sont d'accord pour que M. Miller assume la présidence pendant deux ou trois heures lèvent la main.
M. Peter Julian: Monsieur le président, j'invoque le Règlement...
Le président: Ceux qui sont en désaccord?
M. Peter Julian: ... c'est absolument scandaleux, monsieur le président...
Le président: J'ai entendu votre rappel au Règlement, monsieur Julian.
M. Peter Julian: ... absolument scandaleux.
Le président: Vous votez en faveur de ma proposition?
Merci.
Des voix: Oh, oh!
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Je vais poursuivre sur la question d'atteinte aux privilèges, monsieur le président.
Je pense que M. le président vient de dire qu'avant de quitter son siège, il m'invite à continuer de m'exprimer à ce sujet; c'est ce que j'ai compris. Avant que nous soyons appelés à aller voter, j'en étais rendu à parler des décisions de l'ancien Président Parent. Par ailleurs, en ce qui concerne ce que vous disiez tout à l'heure, monsieur le président, soit que mes propos sont redondants et répétitifs, je vous inviterais à considérer le fait que je suis en train de faire référence au Règlement de la Chambre. Si je suis répétitif, c'est parce que le Règlement l'est, et je pense qu'il régit l'ensemble de nos délibérations. Alors, à mon sens, ce que vous avez dit est un peu cavalier.
Le Président Parent a lui aussi insisté sur la nécessité, pour les députés, de faire preuve d'une grande prudence en utilisant leur droit de s'exprimer librement à la Chambre.
[...] la liberté de parole est un élément fondamental de notre régime politique et parlementaire. Tout député a le droit de se lever à la Chambre et d'exprimer librement son opinion. Toutefois, lorsque le débat porte sur un sujet délicat, comme c'est souvent le cas, les députés doivent songer aux répercussions possibles de leurs déclarations et, par conséquent, être prudents dans le choix des mots et du ton employé.
La présidence a parfois fait valoir que même s'il est nécessaire que les députés puissent exprimer librement et directement leurs opinions, il est également important que la réputation de citoyens ne soit pas injustement attaquée. En se prononçant sur une question de privilège touchant à une personne qui n'était pas députée, le Président Fraser s'est dit préoccupé de ce que le nom de cette personne ait été mentionné. « Cependant, nous vivons à une époque où tout ce qui est dit dans cette enceinte est répété dans tout le pays, et c'est pourquoi j'ai signalé et je répète qu'il convient de se montrer prudent et de se rappeler qu'il ne faut pas abuser de ce grand privilège qui est le nôtre ».
Cela était aussi une citation du Président Parent.
Dans une décision ultérieure, le Président Fraser a signalé que l'utilisation d'expressions imagées ou d'insinuations à l'égard de personnes ou de leur association à d'autres personnes suscitent parfois de vives réactions qui, inévitablement, sèment la pagaille à la Chambre.
À propos des références à des personnes à l'extérieur de la Chambre, il s'est dit d'accord avec la suggestion que la Chambre fasse preuve de considérablement de retenue « [...] lorsqu'on fait, au sujet de quelqu'un qui n'est pas à la Chambre, des observations qui seraient considérées comme diffamatoires si elles étaient faites à l'extérieur de la Chambre, [comme l'a indiqué le président Milliken en 2003]. La présidence décourage les députés à désigner les personnes par leur nom dans leur discours s'ils disent du mal de ces dernières, car le privilège parlementaire s'appliquant à ce qu'ils disent, leurs propos portant atteinte à la réputation d'une personne ou à la personne elle-même pourraient être publiés et protégés par le privilège parlementaire, empêchant la personne visée d'intenter la moindre action à l'égard de ces déclarations.
Dans la convention du sub judice, [qui est un paragraphe dans la « Liberté de parole »], il existe d'autres restrictions à l'exercice du privilège de la liberté de parole, tout particulièrement à la convention du sub judice, c'est-à-dire sur les affaires qui sont devant un juge ou devant un tribunal d'archives.
Il est couramment admis que l'on devrait, dans l'intérêt de la justice et du « fair play », imposer certaines limites à la liberté qu'ont les députés de se référer dans le cours des délibérations à des affaires en instance devant les tribunaux. On s'entend également pour dire que ces affaires ne devraient faire l'objet ni de motions ni de questions à la Chambre. L'interprétation de cette convention, par ailleurs vaguement définie, est laissée au jugement du Président. Le terme « convention » est employé à dessein, car il n'existe aucune « règle » pour interdire aux parlementaires d'aborder une affaire qui est en instance devant les tribunaux. [...] La Chambre tient à s'imposer de telles limites pour empêcher que le fait de débattre publiquement de l'affaire ne cause préjudice à l'accusé ou à une partie au procès ou à l'enquête judiciaire. Bien qu'il existe une certaine jurisprudence pouvant servir de guide à la présidence, on n'a jamais pris soin de codifier cette pratique à la Chambre des communes.
La convention du sub judice est importante dans la conduite des travaux de la Chambre. Elle protège les droits des parties à un procès devant les tribunaux et préserve et maintient la séparation et le respect mutuel entre le pouvoir législatif et le pouvoir judiciaire. La convention concilie la liberté de parole avec la nécessité existante d'un pouvoir judiciaire indépendant et impartial.
De la façon dont l'usage a évolué, c'est maintenant la présidence elle-même qui établit quelle est sa compétence relativement aux affaires en instance devant les tribunaux. En 1977, le Comité spécial sur les droits et immunités des députés a recommandé dans son premier rapport que l'imposition de la convention soit discrétionnaire et que si la situation n'est pas claire, la présidence favorise la poursuite du débat plutôt que d'appliquer la convention. Depuis la présentation de ce rapport, la présidence a suivi ces lignes directrices dans l’exercice de son pouvoir discrétionnaire.
Passons à l’autorité de la présidence.
La liberté de parole des députés est également limitée du fait qu’aux termes du Règlement de la Chambre, la présidence a le pouvoir de maintenir l’ordre et le décorum et, au besoin, d’ordonner à un député de regagner son siège si, dans le cours d’un débat, il persiste à s’éloigner du sujet ou ne fait que se répéter, ou encore de désigner par son nom un député qui passe outre à l’autorité de la présidence et de lui ordonner de se retirer.
Penchons-nous maintenant sur la renonciation au privilège de la liberté de parole.
Il appartient à la Chambre de déterminer comment elle exerce ses privilèges et si elle veut les affirmer ou non. Il est arrivé qu’on la prie de renoncer à son privilège de la liberté de parole pour que ses délibérations et les transcriptions de ses séances puissent être examinées en cour ou ailleurs. À deux occasions, en 1892 et en 1978, à la demande d’une autorité judiciaire, la Chambre a choisi de ne pas insister sur son privilège de la liberté de parole.
À la fin des années 1880, Thomas McGreevy, député de Québec-Ouest, a été accusé d’abus de pouvoir pour avoir accepté des pots-de-vin et avoir offert d’user de son influence en vue d’aider la firme Larkin, Connolly & Co. à obtenir un contrat de dragage pour le port de Québec.
On se demande quel genre de député c'était! On a vu des choses semblables dernièrement, il me semble.
L’affaire a été renvoyée au Comité permanent des privilèges et des élections. Lors de sa comparution devant le comité, M. McGreevy a refusé de répondre aux questions qui lui étaient posées sur ses relations avec la firme. Il a finalement été expulsé de la Chambre, et des accusations de conspiration devaient être portées contre lui et M. Nicholas Connolly. Afin d’obtenir le mandat nécessaire à la mise en accusation des deux hommes, le procureur de la Couronne avait déposé auprès du juge les transcriptions des témoignages présentés au comité. Le juge a refusé de tenir compte de ces transcriptions parce que leur contenu était protégé par le privilège parlementaire. Par suite d’un contrôle judiciaire, la Haute Cour de justice de l’Ontario a confirmé la décision du juge de première instance et ajouté que la Chambre des communes pouvait décider de renoncer à son privilège. Le 12 avril 1892, la Chambre a résolu d’autoriser la production des transcriptions auprès du juge; elle a spécifié qu’en autorisant cet usage particulier, elle ne cédait toutefois aucun de ses privilèges.
En 1978, le Comité permanent de la justice et des questions juridiques a tenu des audiences sur de prétendus actes répréhensibles de la part de membres de la GRC. Certains témoins ont demandé et obtenu de témoigner à huis clos. Quelques mois plus tard, une commission d’enquête a été établie. Au cours de l’enquête, la commission a demandé d’avoir accès aux enregistrements et aux transcriptions des séances à huis clos. Le 14 décembre 1978, la Chambre des communes a ordonné que « le Comité soit autorisé à mettre tous les témoignages recueillis à huis clos à la disposition de la Commission d’enquête [...] aux conditions établies par le comité. Le Comité hésitait à divulguer ces témoignages, car il avait donné aux témoins l’assurance qu’ils témoigneraient à huis clos. Il a écrit à chacun des témoins pour leur demander la permission de faire examiner leurs témoignages par la commission. Ayant reçu les permissions demandées, le Comité a fait parvenir les transcriptions à la commission à la condition qu’elle en fasse l’examen à huis clos et les lui renvoie sans tarder.
En 2004, la Chambre des communes a été appelée encore une fois à renoncer à son privilège de la liberté de parole. Une commission d’enquête (appelée Commission Gomery, d’après le nom de son commissaire, le juge John Gomery) avait été créée pour enquêter et faire rapport sur les questions soulevées dans le rapport de novembre 2003 de la vérificatrice générale concernant le programme de commandites et les activités publicitaires du gouvernement du Canada. On avait voulu savoir si l’avocat de la commission pouvait contre-interroger des témoins en se servant des témoignages qu’ils avaient faits devant le Comité permanent des comptes publics au cours des audiences sur le rapport. Après avoir examiné la demande, le Comité permanent des comptes publics a présenté un rapport à la Chambre le 5 novembre 2004. Il recommandait que la Chambre réaffirme tous les privilèges, pouvoirs et immunités prévus à l’article 18 de la Loi constitutionnelle de 1867, à l’article 4 de la Loi sur le Parlement du Canada et à l’article 9 du Bill of Rights de 1689, ainsi que l’octroi de ces privilèges aux comités de la Chambre et à quiconque participe à leurs délibérations. De plus, le comité recommandait que la question de savoir dans quelles circonstances la Chambre peut renoncer aux privilèges, et si elle peut le faire pour la Commission Gomery, soit renvoyée au Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre. La Chambre a adopté le rapport le 15 novembre 2004. Dans son 14e rapport, présenté à la Chambre et adopté le 18 novembre 2004, le Comité permanent de la procédure et des affaires de la Chambre a recommandé que la Chambre réaffirme les privilèges et immunités mentionnés dans le troisième rapport du Comité permanent des comptes publics et continue de protéger les témoignages, observations et dépositions de toutes les personnes qui ont témoigné devant ce comité. Plus précisément, le comité a fait valoir ce qui suit:
Certains témoins qui ont comparu devant le Comité permanent des comptes publics avaient reçu une assurance orale ou écrite, et d’autres pouvaient supposer, que leur témoignage serait protégé par le privilège parlementaire. Leur retirer cette protection après coup serait injuste envers eux et, en principe, ce serait contraire à l’intérêt supérieur du Parlement et aux droits parlementaires. Les députés et autres personnes qui prennent part aux délibérations parlementaires doivent avoir l’assurance qu’ils jouissent d’une entière liberté d’expression afin de pouvoir être aussi transparents et francs que possible.
En 2007, la Chambre a été priée à nouveau de renoncer à son privilège de la liberté de parole pour que le témoignage d’une personne qui avait comparu devant le Comité permanent des comptes publics, à l’égard de son étude sur l’administration des régimes de retraite et d’assurance de la GRC, puisse être produit en preuve dans une poursuite criminelle. Après avoir examiné la demande, le Comité a recommandé que la Chambre réaffirme les privilèges et immunités parlementaires de la liberté de parole, y incluant l’interdiction d’utiliser des témoignages reçus par un comité parlementaire dans d’autres procédures judiciaires, y compris des enquêtes qui pourraient mener à des poursuites au criminel. Il a de plus recommandé que la Chambre ne renonce pas au privilège parlementaire dans ce cas particulier. La Chambre a adopté le rapport le jour même.
Les Parlements du Royaume-Uni, de l’Australie et de la Nouvelle-Zélande ont tous créé un comité pour déterminer si, et dans quelle mesure, l’assemblée pourrait renoncer à la protection de l’article 9 du Bill of Rights de 1689. Les trois comités ont conclu qu’à défaut d’y être clairement autorisée, l’assemblée ne peut pas ou ne devrait pas renoncer à son privilège:
Les dispositions de l’article 9 revêtent une importance d’intérêt public et ont été édictées pour la protection de l’intérêt public, de sorte qu’elles ne peuvent faire l’objet d’une renonciation sans modification législative préalable;
Si la renonciation pouvait être autorisée par un vote de la majorité simple, elle pourrait être utilisée de façon abusive par la majorité aux dépens d’une minorité ou d’un seul député;
Une renonciation pourrait faire obstacle à la liberté de parole puisqu’un intervenant ne saurait pas si la protection du privilège de la Chambre serait retirée à une date ultérieure;
Une renonciation pourrait entraîner d’autres demandes de renonciation et en accroître la fréquence;
Les dispositions de l’article 9 ne font pas que donner à la Chambre le droit constitutionnel à la liberté de parole;, elles restreignent également la compétence des tribunaux et d’autres organismes. Rien ne prouve qu’à elle seule la Chambre peut, en renonçant à son privilège, élargir la compétence des tribunaux circonscrite par la Constitution.
Monsieur le président, j'ai mentionné ces éléments en appui à ma question de privilège. En effet, je considère que ma liberté de parole a été brimée. Je l'ai mentionné au tout début de mon intervention. Après avoir pris connaissance de l'ensemble des éléments qui sont présentés dans ce document, qui est la bible relativement aux institutions parlementaires, au gouvernement fédéral, au Parlement fédéral et dans les comités et en Chambre, je considère que ma question de privilège est tout à fait pertinente et que mon droit de parole a été brimé. En effet, le président, un peu plus tôt a vraiment mis au voix une motion qui avait été présentée sans nous donner le privilège de nous exprimer. Il a coupé mon droit de parole ainsi que celui de M. Guimond. C'est pour cette raison, monsieur le président, que je considère que j'ai été brimé, et j'aimerais qu'une décision puisse être rendue à ce sujet parce que c'est complètement inadmissible d'assister à un tel détournement de démocratie aussi évident.
Je vous remercie.
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Merci, monsieur le président.
Ne vous inquiétez pas, ce ne sera pas très long.
Pendant plusieurs minutes, mon collègue a parlé de droits de parole des députés. Nous parlons de démocratie depuis quelques heures, dans le cadre des règles parlementaires, et je dois vous dire que je suis déçu de la manière dont nous avons été traités au cours de la première heure de réunion du comité.
J'avais levé ma main à quelques occasions. Le président m'avait entendu et il ne m'a jamais donné la parole. Je siège à ce comité depuis un an et demi. Je n'ai jamais abusé de mon droit de parole. J'ai toujours eu un très grand respect pour le président en place.
C'est pourquoi je profite de l'occasion pour vous dire que je suis très déçu de ce qui s'est déroulé. C'est à l'image du projet de loi que l'on traite aujourd'hui. C'est une entente de libre-échange entre la Colombie et le Canada qui ne fait pas l'unanimité, qui est très controversée. Ce que nous vivons aujourd'hui est à son image. C'est malheureux parce qu'à mon avis nous sommes dans une très grande démocratie et aujourd'hui, nous n'avons pas eu un très grand exemple de la démocratie canadienne.
Merci.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
J'ai une question de privilège, parce qu'on ne nous a pas donné le droit de consulter les greffiers des comités. Monsieur le président, comme vous le savez sûrement, étant donné le travail que vous avez déjà effectué dans d'autres comités, les greffiers des comités sont des professionnels. Je vais donc citer, monsieur le président, un extrait de l'O’Brien et Bosc:
Le greffier de comité est un professionnel des Services de la procédure de la Chambre des communes qui sert d’agent procédural et administratif de ce comité. Il est le conseiller principal du comité en ce qui concerne la procédure parlementaire, en particulier celle relative aux comités. [...] En sa qualité d’agent non partisan et indépendant, le greffier conseille également tous les membres du comité.
Monsieur le président, un peu plus tôt, on a eu droit à un cafouillage sur le plan de la procédure. On a vu nos droits de députés bafoués, on n'a pas eu le droit de consulter les greffiers, et on n'a pas pu faire de rappel au Règlement. On nous a enlevé tous ces droits qui sont fondamentaux, qui sont prévus par tous les règlements que nous, en tant que députés, sommes obligés de suivre.
Monsieur le président, étant donné aussi les normes parlementaires, il est très clair qu'on a vu nos droits, en tant que parlementaires, systématiquement bafoués. Comme vous le savez, il est certain qu'on a des points de vue différents, on a été élu dans différentes parties du pays et nous provenons souvent de partis politiques différents. D'autre part, nous avons la capacité de représenter nos électeurs et de faire valoir leur point de vue à la Chambre des communes, et aussi, bien sûr, au comité. Tous ces règlements devraient être observés. Dans le passé, ils ont été cités à plusieurs reprises. Dans certains cas, le Président de la Chambre des communes a refusé d'accepter des rapports qui ont été remis par les comités parce que le principe même du respect des parlementaires n'avait pas été observé.
Étant donné tous ces éléments, on peut dire que la procédure actuelle est, pour le moins, illégitime. Ce processus ne respecte pas les règlements, il ne respecte pas l'O'Brien et Bosc. L'ensemble des règlements qu'on doit observer, les codifications de ces règlements, tout cela existe depuis plusieurs années. Nous sommes tous tenus, vous comme nous, monsieur le président, d'observer et de respecter ces règlements.
Monsieur le président, je ne vois nulle part dans les règlements du comité une mesure qui donne le droit au président de refuser de laisser des membres du comité consulter un greffier. Je n'ai jamais vu cela. Je siège à ce comité depuis six ans et cela n'est jamais arrivé. Jamais on a interdit aux parlementaires de faire appel aux règlements de procédure, des rappels au Règlement. Jamais il n'est arrivé que toute cette réglementation soit mise de façon si boiteuse et que la réglementation n'ait pas été respectée.
Maintenant, le public nous demande de respecter les règlements, de suivre les procédures obligatoires.
Le moins qu'on puisse dire, monsieur le président, c'est qu'il y a un problème. Vous avez refusé le rappel au Règlement de M. Laforest. Vous avez également refusé d'accepter celui de M. Guimond. Je présume qu'en les acceptant, vous leur auriez donné raison en ce qui a trait à cette question de respect, cette question de privilège. C'est une chose de laisser parler quelqu'un quelques minutes, c'est une autre chose de soulever un problème et de dire qu'on n'a pas respecté ce qui est très clair dans la réglementation.
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Merci, monsieur le président. Vous étiez ici. Je l'ai vu, un peu plus tôt, quand on a demandé que le greffier soit consulté et que le président du comité a refusé. C'est justement l'élément que je soulève, une question de privilège. Étant donné que le greffier et le service du greffier appartiennent à tous les membres du comité, le président ne peut pas décider unilatéralement que les députés ne peuvent pas demander l'avis du greffier.
À plusieurs occasions, il y a eu des demandes, mais vous ne semblez pas prendre ces questions de privilège au sérieux. Normalement, comme vous savez, monsieur le président, vous êtes obligé de considérer cela, d'aller chercher les faits, d'aller plus loin. C'est votre responsabilité normalement, quand une question de privilège est soulevée.
Maintenant, si vous ne respectez pas la procédure pour ces questions de privilège, tout le processus perd de la légitimité. Ce processus permet de faire rapport si on veut que le projet de loi passe à l'étape du rapport. Il s'agit de la troisième étape d'un long processus que certains diraient pénible.
À mon avis, quand il s'agit d'un projet de loi controversé, il faut justement, monsieur le président, respecter les droits des minorités et laisser la possibilité à tous les députés autour de cette table de consulter le service du greffier, lequel est disponible très clairement selon l'O'Brien et Bosc. C'est aussi écrit, mais moins clairement, dans la réglementation.
Il faut que toutes ces choses se fassent dans l'ordre et selon le processus, comme vous le savez, monsieur le président.
On apporte tous ces éléments. Ça veut dire que ça rejoint tout ce qui suit pour le reste de la soirée. L'ancien président nous dit qu'on a quelques heures pour faire l'étude article par article, mais, monsieur le président, vous n'avez pas considéré les questions qui ont été évoquées par M. Laforest et M. Guimond. C'est sûr que ça ne peut pas s'arrêter là. Vous auriez pu dire, dans leur cas et dans mon cas, qu'on va aller regarder les faits, prendre un certain temps, peut-être demander au comité de suspendre et d'aller plus au fond des choses.
Si vous écartez systématiquement les questions de privilège qui ont été soulevées aujourd'hui, on sera obligé de rapporter ça au Président. Comme on a déjà dit, monsieur le président, et comme tous les précédents nous le démontrent, le Président de la Chambre a le droit de refuser un rapport qui n'est pas conçu conformément à la réglementation.
Normalement, monsieur le président, vous étiez en mesure de dire, quand M. Laforest a terminé, qu'on allait se pencher là-dessus, et non pas que vous n'étiez pas là et que vous n'acceptiez pas ces questions de privilège. Ce n'est pas ça, monsieur le président, votre rôle.
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Excusez-moi, monsieur le président.
Dans le cas de M. Guimond, c'est la même chose, c'est-à-dire qu'on va suspendre la séance parce qu'on a besoin d'aller plus au fond des choses. Les questions de privilège ne sont pas des questions souvent soulevées, monsieur le président. Dans mon cas, c'est la deuxième fois en six ans que j'amène une question de privilège. Dans le cas de M. Laforest ou M. Guimond, je ne sais pas s'ils ont soulevé une question de privilège auparavant ou non.
M. Laforest et M. Guimond me signalent que non. Ce n'est pas une mince question, ce n'est pas une question qui devrait être écartée de cette manière, c'est une question qui prend une énorme importance et si M. Allison et M. Keddy soulèvent des questions de privilège, il serait aussi important de les considérer car ce sont des questions de fond. Pour toutes ces raisons — et vous étiez dans la salle quand M. Laforest et moi-même avons demandé à obtenir l'avis du greffier —, après toutes ces questions, je crois que vous avez des choses à considérer. Il s'agit vraiment d'une question de privilège.
À présent, monsieur le président, je vous demande de statuer au sujet de ces trois questions de privilège. Si vous ne voulez pas, en plus du fait que vous arrivez en retard ici, on se retrouve dans une situation où tout ce qui s'ensuit n'est pas légitime. Cela étant dit, on va tenter de faire un peu de travail sur l'étude article par article, mais cela ne change pas le fait que ce qui s'est déroulé aujourd'hui n'est pas légitime et cela ne s'arrêtera pas là. C'est évident que cela ne peut pas s'arrêter là. À cause de cela, à cause de ces questions soulevées, l'ensemble du processus autour du projet de loi est entaché et, comme vous savez, monsieur le président, le public y prête un grand intérêt. Il y a eu beaucoup de réunions publiques à ce sujet, les salles étaient pleines à craquer, alors c'est sûr que le public aura aussi son mot à dire sur ces questions. On s'adresse à vous, monsieur le président, comme M. Laforest et M. Guimond viennent de le faire. C'est véritablement une question de privilège et j'espère que vous prendrez cela au sérieux.
Je vous remercie, monsieur le président.
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Monsieur Julian, je prends toujours très au sérieux les travaux du comité, et je vous rappelle qu'il reste moins de trois heures, alors utilisez votre temps à bon escient.
Vous dites que vos rappels au Règlement n'ont pas été pris en considération. Je ne peux pas me prononcer sur ce qui s'est produit en mon absence, mais pendant que j'étais ici, M. Richardson a fini par tenir compte de votre rappel au Règlement, donc c'est réglé.
Pour ce qui est du respect, vous avez suggéré, et M. Laforest également, de respecter la démocratie, et vous avez également affirmé que la démocratie est illégitime. C'est ainsi que fonctionne la démocratie. Je n'ai pas de dictionnaire, mais la définition de démocratie comporte sûrement l'aspect de la volonté du peuple. Que vous le vouliez ou non, 50 plus un c'est une majorité, et une majorité c'est la démocratie. Que vous ne soyez pas d'accord sur ce fait, monsieur Julian, c'est tant pis. C'est comme cela que ça fonctionne, du moins dans ce pays.
Au sujet de la consultation des greffiers... ils sont ici comme ressources. Dans mon rôle de président, j'ai régulièrement recours à leurs services en cas de besoin, et je suis certain que M. Richardson également, mais je ne parlerai pas en son nom.
Vous avez également mentionné que M. Laforest et M. Guimond avaient invoqué le Règlement — pas pendant que j'étais président. M. Laforest était déjà en train de parler lorsque j'ai commencé à présider, et après, M. Allison et M. Guimond ont invoqué le Règlement. J'ai alors écouté le rappel au Règlement de M. Guimond. Une fois encore, c'est réglé.
Ceci dit, vous avez jusqu'à dix heures. Je vous conseille d'utiliser ce temps du mieux que vous pouvez.
On m'a suggéré de faire l'étude article par article, et c'est ce que nous ferons maintenant.
L'article 2 est-il adopté?
Monsieur Julian.
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Monsieur le président, je ne crois pas avoir besoin de vous expliquer le processus; je sais que vous avez beaucoup d'expérience.
Ce que ce comité n'a pas fait, évidemment, parce que le n'a pas été examiné à fond par le comité... Une multitude d'organisations ont demandé de comparaître devant le comité et ne l'ont pas fait, et je suis sûr que ces organisations exprimeront leurs préoccupations dans les prochains jours maintenant que c'est rendu public. Les organisations comme le Congrès du travail du Canada, l'Alliance de la Fonction publique du Canada, et de nombreuses autres, ne viendront pas. On leur a refusé le droit de parler du projet de loi C-2.
Comme vous le savez, monsieur le président, le processus normal d'une saine démocratie, c'est que nous étudions l'article, vérifions s'il y a des questions pour les invités ici ce soir, en débattions... et nous passerions ensuite à l'article 2.
Monsieur le président, pour le compte rendu, je demande un vote par appel nominal pour chaque amendement et chaque article.
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Eh bien, si je change d'avis, je vous le dirai, monsieur le président.
Monsieur le président, puisque nous étudions l'article 2, j'aimerais demander aux personnes ici ce soir — et je les remercie de leur présence, même si elles seraient normalement venues pendant la journée après les audiences du comité... Nous nous excusons de ne pas avoir tenu d'audiences complètes sur ce projet de loi.
Je suis intéressé par l'accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République de Colombie. J'aimerais savoir, dans le cas où des syndicalistes continuent d'être tués en Colombie, est-il vrai que le recours à ces syndicalistes et à ces organisations commerciales qui font l'objet de meurtres et qui continuent de soulever des préoccupations...
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J'ai une question, en tout cas, pour vous — je ne sais pas si les témoins peuvent y répondre ou les greffiers —, concernant l'article 2.
L'article 2 parle des définitions et de l'interprétation. On réfère notamment à l'Accord de libre-échange et à des accords connexes. On parle de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et la République de Colombie, de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République de Colombie, d'une commission mixte et du texte législatif fédéral.
Cependant, le 27 mai est intervenu un Accord concernant des rapports annuels sur les droits de l'homme et le libre-échange entre le Canada et la République de la Colombie, et il n'est pas mentionné dans le projet de loi.
Devrait-il être mentionné et pourquoi ne pas l'avoir inclus? Je me pose vraiment la question. On parle des accords connexes, mais est-ce que ce n'en est pas un aussi? À mon avis, c'est quand même important, et je ne comprends pas qu'on ne l'y retrouve pas.
C'est une question et non une proposition d'amendement.
La réponse se trouve à l'article 43 mais il nous est difficile de donner la réponse à ce moment-ci. Il en est spécifiquement question dans ce projet de loi, à l'article 43.
Je pense qu'on veut savoir si la compensation monétaire versée en guise de paiement de la pénalité financière par suite d'une plainte — disons qu'il s'agit d'une plainte contre le gouvernement de la Colombie — si elle serait versée dans un autre compte au gouvernement de la Colombie ou si elle sortirait du pays.
D'après le document que j'ai en main, si la plainte est portée contre le gouvernement de la Colombie, le montant serait versé dans un compte spécial qui serait ouvert auprès du Trésor du Canada. Donc ce compte serait constitué pour recevoir les compensations monétaires versées par d'autres pays ou être crédité de toute compensation monétaire due par le Canada s'il était visé par la plainte. La réponse est que l'argent sortirait de la Colombie dans un tel cas et serait versé dans un compte spécial ouvert auprès du Trésor.
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Non, c'est correct, je comprends tout à fait. De toute façon, quand un événement est précipité, ça suscite la distraction. Vous ne pouvez pas faire deux choses en même temps.
Je disais que l'article 2, dont on parle, traite et définit... On dit: « Les définitions qui suivent s'appliquent à la présente loi. » On parle de l'Accord sur l'environnement entre le Canada et la République de Colombie, de l'Accord de coopération dans le domaine du travail entre le Canada et la République de Colombie, on parle d'une commission mixte, etc. Cependant, le 27 mai, un accord a été conclu au sujet de rapports annuels sur les droits de l'homme et le libre-échange entre le Canada et la Colombie. Pourquoi ne mentionne-t-on pas cet accord? Pourquoi n'est-ce pas dans le projet de loi? Cela ne devrait-il pas y être, pour valider la loi? Si, dans la loi, on fait référence à des accords connexes et qu'on ne fait pas référence à un accord qui est intervenu par après, est-ce que ça pourrait causer un problème? Je pose la question. Cela ne devrait-il pas être inclus? Si ça doit l'être, je suppose qu'il faut étudier le projet plus attentivement qu'on le fait dans le moment.
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Quand on prépare un projet de loi, et qu'on inscrit les définitions et l'interprétation — qui sont, d'une certaine façon, la base du document —, c'est pour dire que le projet de loi touchera tel ou tel domaine qui sont définis et interprétés de manière spécifique. Des ententes ont été négociées, elles sont incluses dans le projet de loi préparé par le gouvernement et, entretemps, une autre entente est négociée et on ne pense pas à l'inclure.
Cela me semble particulier parce que cela veut dire, au fond, qu'on fait des ententes et qu'on fait un projet de loi de façon parallèle sans nécessairement établir le lien d'importance qu'il doit y avoir entre les deux. Ce sont, on le dit bien, des accords connexes, ce qui veut dire qu'il y a des liens de cause à effet importants entre le projet de loi et les accords. Cela veut dire que toute la loi — quand bien même il y aurait un amendement aujourd'hui pour dire qu'on va l'inclure, et ce serait simplement un amendement d'adjonction — n'a pas été préparée en fonction d'un tel accord. C'est ce que cela veut dire aussi. Cela veut dire que, quand bien même on adopterait des amendements, on a oublié un élément extrêmement important dans la préparation de ce projet de loi. Cela veut dire que le projet de loi — oui, on peut adopter un amendement, des gens peuvent le présenter et on s'attend à ce qu'il y en ait qui le fassent —, que la loi elle-même, les différents articles de loi ne réfèrent pas à cela. C'est un peu bizarre, un peu anachronique, qu'on vienne simplement mettre un ajout comme cela sans modifier aucun autre article dans la loi. Cela fait un peu « pic pic ».
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Monsieur le président, permettez-moi de ne pas partager cette opinion. Il existe une question à savoir s'il y a eu exportation d'eau en vrac jusqu'à maintenant, et, comme vous le savez, monsieur le président, il y a eu dans plusieurs provinces — notamment la mienne, Terre-Neuve, le Québec et l'Ontario —, des débats concernant les permis d'exportation d'eau en vrac.
Le problème, c'est que puisqu'il n'existe pas de définition stricte concernant les eaux qui sont assujetties à ces règles commerciales et aux dispositions qui s'appliquent aux relations entre les investisseurs et l'État établies dans l'accord commercial avec la Colombie, à l'instar d'autres accords commerciaux, dès qu'une province commencera à exporter de l'eau en vrac — quelle que soit la province concernée —, les règles commerciales devront s'appliquer et il en sera ainsi des dispositions concernant les relations entre les investisseurs et l'État.
Monsieur le président, si Sun Belt a été en mesure de poursuivre le gouvernement de ma province, c'est que cette ouverture existe. Heureusement, l'ancien gouvernement du NPD de la Colombie-Britannique a interdit les exportations d'eau en vrac, mais si le gouvernement actuel modifie cela, nous pourrions nous retrouver dans une situation où l'eau contenue dans une citerne serait assujettie aux règles commerciales ainsi qu'aux dispositions concernant les relations entre les investisseurs et l'État.
Cela soulève certaines préoccupations. Cette question n'est pas dépourvue d'intérêt pratique; je ne suis pas de votre avis. Elle revêt une très grande importance. Parler d'eaux de surface ou d'eaux souterraines, lorsque nous ne parlons pas d'un état naturel, protégerait davantage ces ressources. Si nous parlons d'état naturel et que nous entendons par là l'état de l'eau jusqu'au moment où elle est placée dans des citernes...
M. Gerald Keddy: J'invoque le Règlement.
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En ce qui concerne l'aspect dont vous parliez, monsieur Julian, ce gouvernement s'est montré très clair sur les exportations d'eau. On peut en attribuer le mérite au gouvernement précédent. Lorsqu'un permis a été approuvé dans ma province, c'est-à-dire en Ontario — je ne me rappelle pas en quelle année —, il a été annulé, ce dont je suis très heureux.
Récemment — je crois que c'était en 2005 ou au début de 2006 —, une demande pour prendre de l'eau a été présentée en Colombie-Britannique, et de nombreux députés de partout au Canada, moi compris, se sont réunis et cette proposition a été abandonnée.
Je pense que ces exemples parlent d'eux-mêmes, alors c'était une question superflue.
Avez-vous une autre question concernant l'article 4?
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Merci, monsieur le président.
J'aimerais avoir une explication au sujet de cet article. On dit que cela exclut — c'est ce que ça veut dire, je suppose — l'exportation de l'eau, que l'on retrouve en grande quantité au Canada, au Québec, qu'elle provienne des eaux de surface ou souterraines, à n'importe quel état, liquide, etc. Est-ce que c'est bien ce que cela définit? Est-ce que cela encadre l'exportation de l'eau, pour empêcher que l'accord prévoie une exportation à outrance?
J'ai une sous-question. On parle des eaux de surface, de l'eau naturelle. Tous les lacs, toutes les rivières, tous les grands lacs sont alimentés par l'eau de pluie. Pourquoi ne protège-t-on pas aussi l'eau de pluie qui tombe au Canada? Elle pourrait être exclue. Si on recueille l'eau de pluie avant qu'elle ne tombe au sol, ce n'est plus de l'eau de surface, c'est de l'eau du ciel. Après avoir recueilli l'eau de pluie, est-ce qu'on peut l'exporter si c'est défendu d'exporter l'eau de surface?
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Merci, monsieur le président.
C'est très sérieux, parce qu'il s'est produit en Bolivie une situation semblable à celle évoquée par M. Laforest. Il est déplorable que les accords commerciaux semblent s'éloigner toujours davantage du principe selon lequel l'eau fait partie des droits de la personne. Nous avons devant nous un cas où seules les eaux de surface et les eaux souterraines naturelles sont exclues de la loi, mais à partir du moment où l'on remplit des bouteilles d'eau de manière industrielle, où l'on passe à l'exportation d'eau en vrac, cette eau n'est plus dans son état naturel. Je crois donc que la formulation de cet article nous place dans une situation qui ne permet pas d'éviter le type de problèmes que vous et M. Laforest avez soulevés plus tôt.
Monsieur le président, vous nous avez dit très clairement que vous et d'autres députés fédéraux et provinciaux de partout au pays avez soulevé les problèmes associés à la possibilité d'émettre des permis d'exportation d'eau en vrac. Si des activistes de chaque province ont dû intervenir de manière aussi énergique, c'est que nos eaux ne font l'objet d'aucune protection formelle.
Je comprends que vous ayez voulu intervenir, monsieur le président, pour soulever ce problème. Il est très clair, lorsqu'on examine cette entente — qui exclut seulement les eaux de surface et souterraines naturelles —, que l'eau n'est pas protégée. Dès qu'un permis d'exportation d'eau en vrac ou d'embouteillage industriel sera émis, nous nous retrouvons hors de la portée de cette exclusion. C'est un véritable problème, monsieur le président, et ce problème touche l'ensemble des provinces.
Nous avons maintenant un accord commercial qui, évidemment, n'a pas fait l'objet d'une étude exagérée par le comité du commerce. Je sais qu'il y aura de nombreux débats dans les semaines et les mois à venir concernant ce que le comité pourrait décider de faire aller de l'avant, et bien entendu, le Président devra aussi encadrer tout ça. Mais nous avons là une preuve tangible, un article qui nous met clairement dans une situation où les permis d'exportation d'eau en vrac ou d'embouteillage industriel placent l'eau en dehors de cette exclusion, ce qui signifie qu'elle sera assujettie aux dispositions de l'accord qui encadrent les relations entre les investisseurs et l'État. Monsieur le président, il s'agit là d'un problème crucial que nous ne pouvons pas éviter.
Si nous analysons de manière approfondie cet accord — même si, en tant que comité, nous n'avons pas entendu tous les témoins qui ont demandé à comparaître —, nous ne pouvons nier que nous avons devant nous un article qui dénote clairement un problème, puisque la définition d' « état naturel » s'applique à l'eau qui n'est pas commercialisée, qu'il s'agisse d'eau embouteillée de manière industrielle ou d'eau en vrac. Ça pose problème. Cet article nous met un doigt dans l'engrenage qui pourrait mener à l'exportation d'eau en vrac ou à l'embouteillage industriel. De plus en plus d'organisations de partout au pays — dont le Conseil des Canadiens — se font entendre à ce sujet. Ainsi, monsieur le président, comme vous le savez bien, nous devons tenir compte du niveau de préoccupation du public à cet égard.
L'article 4 constitue un véritable problème, et ce, tant pour ma province que pour le Québec. Je suis certain que nous pourrions entendre d'autres intervenants à ce sujet. Nous ne pouvons tout simplement pas adopter cet article tel quel.
Que faire pour corriger la situation? Voilà une véritable énigme, monsieur le président.
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Eh bien, monsieur le président, je terminerai mon intervention plus tard. J'aimerais que le greffier inscrive mon nom en vue d'une deuxième intervention, parce que je poserai une question à la fin.
Comme vous le savez, monsieur le président, toute cette question...
Une voix: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Peter Julian: En dépit des interruptions dont je fais l'objet, monsieur le président, vous savez bien que la question précédente fait partie des motions qui ne peuvent être présentées en comité, puisqu'il incombe à ce dernier d'écouter tout ce que les députés ont à dire. C'est pourquoi j'informe officiellement notre greffier de mon intention de reprendre la parole, lorsque j'aurai fini de poser ma question.
En ce qui concerne le problème que j'ai soulevé — et j'ai signalé mon intention d'en reparler —, j'aimerais savoir si nos témoins ont des suggestions à faire sur la manière dont nous pourrions modifier la formulation pour éviter que la définition de « naturel » se termine au moment où l'embouteillage industriel ou l'exportation d'eau en vrac commence. J'aimerais beaucoup entendre leurs commentaires.
Je me remets sur la liste.
Merci, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Selon le libellé actuel, les autres dispositions de l'accord s'appliqueraient dès lors que l'eau serait embouteillée ou exportée en vrac.
M. Gerald Keddy: Les exportations d'eau en vrac ne sont pas autorisées dans ce pays.
Le président suppléant (M. Larry Miller): Vous avez raison, monsieur Keddy.
M. Peter Julian: M. Keddy est probablement au courant de tous les problèmes que les activistes ont dû invoquer et des combats qu'ils ont dû mener pour arrêter certaines entreprises qui voulaient exporter de l'eau. La seule raison qui explique l'interdiction des exportations d'eau en vrac, c'est que des gens se sont tenus debout et ont déclaré que des choses de ce genre ne devraient pas être permises. Dès lors que l'on commencera à exporter de l'eau en vrac, les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et État entreront en jeu. M. Keddy doit savoir cela. M. Keddy est un secrétaire parlementaire intelligent, alors je suis certain qu'il était au courant. Il doit savoir qu'il n'y a aucune disposition dans...
M. Gerald Keddy: [Note de la rédaction: inaudible]
M. Peter Julian: Monsieur Keddy, la notion de question précédente ne s'applique pas à l'étape de l'étude en comité.
L'enjeu est très clair. Nous devons examiner le libellé actuel, qui fait en sorte que les dispositions cessent de s'appliquer dès lors que les exportations d'eau en vrac commencent...
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Monsieur le président, il y a un certain nombre de cas où les exportations d'eau en vrac ont été autorisées en Amérique du Sud. Comme vous le savez très bien, monsieur le président, à Cochabamba, en Bolivie, l'eau a fait l'objet d'un contrat, qui a obligé les habitants à payer pour aller chercher l'eau qui venait d'en haut. La propriété de l'eau a fait l'objet d'un contrat. En Amérique du Sud, on s'est battu contre de telles pratiques.
La question des répercussions que pourraient avoir les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et État, dans les localités rurales de la Colombie, où les organisations paramilitaires exercent un certain contrôle sur l'eau... Certains témoins que nous avons entendus nous ont indiqué, monsieur le président... Vous n'avez pas assisté à ces séances, mais un grand nombre de personnes ont demandé à venir témoigner, mais elles n'en ont pas eu l'occasion. D'autres témoins ont comparu. Ils nous ont signalé que ce sont des problèmes de ce genre, en particulier des questions de droits de la personne dans les localités rurales colombiennes, chez les Autochtones et les Afro-Colombiens, qui sont systématiquement dépossédés de leurs terres... Cela inclut les ressources en eau, monsieur le président.
Dès lors que cette exemption sera appliquée, dans un contexte où les organisations paramilitaires liées au gouvernement Uribe expulsent les gens de leurs terres, ce qui est un scénario qui ne cesse de se répéter — et nous avons appris tout récemment que le frère du président Uribe entretenait des liens avec ces groupes paramilitaires meurtriers —, on se retrouve dans une situation où nous soumettons les paysans, les Autochtones et les Afro-Colombiens qui vivent en milieu rural, et qui sont menacés d'être violemment évincés de leurs terres, à un nouvel élément... Ce qui se passe, ce qui pourrait se passer, et ce que nous devons prévoir, en notre qualité de membres du comité, c'est qu'il y a de bonnes chances que les groupes paramilitaires décident de se lancer dans l'embouteillage industriel, ou qu'ils envisagent d'obtenir des permis d'exportation d'eau en vrac.
Dans l'état actuel des choses, dès lors que l'eau ne sera plus à son état naturel, parce qu'elle aura été retirée de la surface, elle sera visée par les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et État. La situation sera extrêmement préjudiciable à ces zones rurales. Ce n'est pas un problème anodin. Dans une situation comme celle-ci, monsieur le président, vous devriez normalement lever l'audience afin que l'on puisse formuler des modifications qui permettraient de remédier au problème, parce que nous sommes manifestement dans une situation...
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Ce n'est pas un recours au Règlement, monsieur le président alors, normalement, vous ne devriez pas autoriser cette intervention. M. Brison peut faire inscrire son nom sur la liste, puisqu'il s'agit d'un sujet de débat.
Comme vous le savez, monsieur le président, j'avais la parole, alors je vais poursuivre.
M. Brison a touché au noeud du problème en ce qui concerne les conséquences des accords de libre-échange sur les régions rurales. Nous avons entendu des dithyrambes semblables au sujet de l'ALENA, qui était censé transformer le Mexique rural. On affirmait que tous les bateaux étaient soulevés sous l'effet d'une marée montante, que le Mexique rural connaîtrait une prospérité sans précédent, monsieur le président...
Une voix: La Colombie.
M. Peter Julian: Eh bien! non; je réponds à la question très importante soulevée par M. Brison. Je ne voudrais pas que cette importante question demeure sans réponse.
Qu'avons-nous constaté? Nous avons constaté ces dernières années, monsieur le président, en particulier...
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Nous sommes dans une situation où de fervents propagandistes affirment que ça fonctionne toujours, que c'est simplement merveilleux. Or, non seulement le revenu réel a-t-il chuté au Canada et aux États-Unis mais, au Mexique, nous avons constaté les problèmes réels qui apparaissent lorsqu'il y a des dispositions comme celles qui figurent dans l'accord de libre-échange avec la Colombie.
Pour en revenir à la question de l'eau, monsieur le président, il ne s'agit pas d'une question anodine. Cette question aura une incidence immense sur les gens qui seront le plus touchés par cet accord. Monsieur le président, les personnes que les membres des autres partis ont invitées à comparaître devant notre comité ont toutes dit très clairement que ce n'est pas Bogotá qui court le plus grand risque; ce sont les régions rurales. Les risques seront plus grands pour les gens qui habitent ces régions et qui auront besoin d'une certaine supervision et d'être protégés.
Qu'est-ce que tout cela a à voir avec le libellé actuel? Le libellé fait en sorte que les exportations ou l'embouteillage industriel peuvent faire l'objet de litiges entre investisseurs et État. Que se passerait-il, monsieur le président, si une communauté autochtone rurale de la Colombie décidait de refuser que son eau soit embouteillée par une entreprise, que son eau soit exportée en vrac, mais que les membres d'une autre communauté se disaient qu'ils n'avaient pas le choix, qu'ils devraient se résoudre à permettre l'embouteillage industriel, parce que les paramilitaires seraient là et qu'ils leur tiendraient un fusil sur la tempe? Monsieur le président, ce que ces dispositions impliquent, c'est que, d'un côté, on a l'embouteillage industriel; de l'autre, on a les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et État, qui font souvent office de mécanismes d'intimidation à l'usage des riches de ce monde. Les petites communautés autochtones de la Colombie risquent d'être forcées à payer un prix trop élevé pour elles, ou à permettre que...
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Vous m'avez également manqué, monsieur Miller.
Nous sommes donc aux prises avec ce problème, et M. Brison a malheureusement tort. Si les dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et État s'appliquaient comme il le prétend, Ethyl Corporation n'aurait jamais obtenu de dommages-intérêts. Et les dispositions sur le règlement des différends n'auraient pas pu être invoquées contre le gouvernement du Québec.
À l'évidence, il faut examiner les précédents. Il faut se pencher sur les cas réels. Ces cas contredisent malheureusement ce que M. Brison vient de dire. Je sais qu'il a parlé en toute bonne foi, mais la réalité est tout autre. Il y a eu un certain nombre de situations similaires, liées à l'application des dispositions sur le règlement des différends entre investisseurs et État.
En fait, notre comité lui-même s'est penché sur ce problème. Notre comité a fait état de ses préoccupations concernant le recours à ces dispositions ainsi que leurs implications à l'égard de l'autonomie des administrations régionales et des gouvernements provinciaux.
Nous avons donc une disposition qui pose problème. Maintenant que nous avons entendu les témoins, monsieur le président, si nous adoptions une approche civilisée, nous devrions normalement nous asseoir ensemble pour reformuler cette disposition. Selon son libellé actuel, elle est clairement problématique. Elle occasionnera des problèmes.
Les membre du comité ont soulevé ce problème, et nous devons manifestement apporter les changements nécessaires.
Monsieur le président, vous pourriez faire partie...
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Merci, monsieur le président.
Il est dit, à l'article 5, « [...] qu'aucune disposition ne s'interprète, ni par ses mentions expresses ni par ses omissions, de sorte à porter atteinte au pouvoir du Parlement d'adopter les lois nécessaires à la mise en oeuvre de toute disposition de l'Accord ou d'un accord connexe [...] »
Est-ce que ça veut dire que le Parlement peut adopter, conclure, des accords connexes qui ne sont pas inclus dans la loi? On l'a vu plus tôt, dans les définitions et l'interprétation. On parle des accords connexes que le Canada a négociés, mais on ne parle pas de l'accord connexe qu'il vient de signer avec la Colombie sur le respect des droits humains.
Est-ce que cet article signifie que le Parlement peut adopter des accords connexes qui contiendraient des dispositions contraires à certains articles du projet de loi actuel? D'une certaine façon, cet article dit qu'en aucun temps, les articles de loi ne peuvent porter atteinte au pouvoir du Parlement qui sera toujours souverain dans ses choix, dans ses décisions, pour ce qui est de conclure des ententes connexes qui viendraient en contradiction, par exemple, avec l'article 4 dont on parlait tout à l'heure et qui dit que « la présente loi ne s'applique pas aux eaux de surface ou souterraines ».
Supposons que le Canada conclue un accord connexe qui n'est pas inclus actuellement dans la loi, qui viendrait en contradiction avec l'article 4, dont on parlait tout à l'heure. Au bout du compte, le Canada pourrait faire ça, le Parlement pourrait conclure un accord connexe. C'est le Parlement qui décide, et cela contreviendrait à un ou à deux articles de la loi. À ce moment-là, à quoi sert-il d'avoir une loi si on donne ensuite au Parlement le pouvoir de se contredire par un autre accord, notamment un accord connexe?
On a présenté l'exemple parfait plus tôt. J'ai posé la question de savoir pourquoi on n'a pas pensé à inclure tout de suite dans le projet de loi l'accord connexe sur le respect des droits de l'homme. Cela veut dire que tout le projet de loi a été rédigé en fonction des accords connexes qui sont mentionnés, notamment ceux sur la coopération dans le domaine du travail et sur l'environnement, alors que beaucoup de témoins nous ont dit, l'automne dernier également, que le respect des droits humains pose un problème considérable en Colombie. Cela veut dire qu'on a préparé le projet de loi sans tenir aucunement compte de tout cet aspect et que, après coup, on pourrait conclure un accord connexe qui en tienne compte. C'est comme si tous les articles de la loi n'y référaient pas, qu'on n'y pensait pas. Ça vient diminuer complètement toute l'importance que ça a.
Est-ce que c'est ce que cet article veut dire?
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Sans vouloir me répéter, on dit ceci à l'article 7: « La présente loi a pour objet la mise en oeuvre de l'Accord et des accords connexes, dont les objectifs — définis de façon plus précise dans leurs dispositions — sont les suivants: [...] »
Il y a une série d'alinéas dans lesquels on parle d'établir une zone de libre-échange; de l'accroissement des échanges commerciaux; de promouvoir l'activité économique; de prévoir les conditions équitables de concurrence; d'augmenter substantiellement les possibilités d'investissement — ça fait référence à un accord connexe —; de contribuer à l'élimination des obstacles aux échanges commerciaux; de renforcer et d'appliquer les lois et règlements en matière d'environnement — ça aussi, c'est un autre accord connexe —; de protéger, valoriser et faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs; de renforcer la coopération dans le domaine du travail et de promouvoir le développement durable.
En aucun temps, il n'est fait mention d'un autre accord connexe qui a été négocié, qui ne fait pas partie de l'entente, qui n'est pas mentionné dans la loi. Encore une fois, un article du projet de loi nous démontre que sa préparation a été bâclée puisqu'on négocie en même temps un autre accord connexe, et quand on définit l'ensemble des objets, entre autres ce que les accords connexes signifient, on ne parle pas du nouvel accord qui a été négocié.
À mon sens, c'est particulier. Encore une fois, c'est ce que je voulais souligner, et je demande pourquoi on n'a pas prévu d'inclure d'autres éléments en ce qui concerne la gestion des droits de l'homme.
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Oui, je le suis, monsieur le président. Merci beaucoup.
Le premier est, bien sûr, l'amendement NDP-1, qui modifierait l'alinéa h). À cet alinéa, qui se lit actuellement « promouvoir le développement durable », on ajouterait « y compris le développement humain durable ». Laissez-moi vous expliquer.
Les audiences partiellement avortées que nous avons entendues, desquelles ont été exclues certaines organisations qui auraient souhaité comparaître devant ce comité, laissent clairement entendre que ni l'accord tel qu'il est, ni n'importe lequel des prétendus amendements à y apporter, ne se penchent fondamentalement sur la question des droits de la personne. Les gens issus de divers milieux — des organisations des droits de la personne aux organisations du travail — sont préoccupés par le fait que cet accord ne respecte d'aucune façon les préoccupations générales manifestées par la société canadienne quant à la situation des droits de la personne en Colombie.
Le fait que la police secrète du gouvernement, les paramilitaires et les forces militaires tuent systématiquement avec impunité — ce sont les mots utilisés par ces activistes des droits de la personne — montre qu'il faut se pencher sur de tels problèmes.
Par conséquent, la question de la promotion du développement durable va au-delà du développement humain durable, qui permet de définir d'une manière adéquate le développement humain comme étant la qualité de vie. Il donne la possibilité aux Colombiens de vivre dans un État où les droits de la personne seront fondamentalement respectés. Demander au gouvernement colombien de produire un rapport sur ses propres activités n'est pas la manière de...
Une voix: C'est incorrect, monsieur le président.
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J'invoque le Règlement, monsieur le président.
J'aimerais attirer l'attention de monsieur sur l'accord signé par la Colombie et le Canada, et je peux lui en fournir une copie. En fait, cet accord oblige le gouvernement canadien à produire un rapport sur...
M. Peter Julian: Ce n'est pas un rappel au Règlement.
L'hon. Scott Brison: Non, mais c'est une bonne raison pour rétablir la vérité, ce que monsieur devrait s'habituer à faire périodiquement.
Des voix: Oh, oh!
Une voix: Nous devons faire preuve de rigueur.
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Merci beaucoup, monsieur le président.
En fait, comme le sait M. Brison, on commence à recevoir des lettres parce que finalement, après plusieurs semaines et des questions provenant de plusieurs personnes, de l'information est diffusée. Il sera intéressant de voir, comme le prouvent les courriels que j'ai reçus, même ce soir, que les gens ont lu l'accord et ont réalisé qu'il prévoit exactement ce que de nombreuses personnes craignent: il permet au gouvernement de la Colombie de produire un rapport sur ses propres activités. Les gens ne trouvent pas que c'est une idée particulièrement éclairée étant donné l'étendue et la portée des violations des droits de la personne qui ont cours en Colombie, monsieur le président.
Voilà toute l'idée. C'est pourquoi je propose cet amendement parmi les nombreux autres amendements qui, je l'espère, seront examinés au cours des prochaines heures, monsieur le président.
Dans une audience d'un comité responsable et qui fait preuve de diligence, il faudrait beaucoup, beaucoup d'heures pour examiner l'ensemble de cet accord et proposer les types d'amendements et d'ajustements qui calmeraient les très, très nombreuses préoccupations qui ont été soulevées dans l'ensemble du pays, monsieur le président.
J'ai assisté à de nombreuses assemblées publiques. Elles étaient toujours bondées. À très peu d'exception près, les gens ont soulevé des préoccupations au sujet de la Colombie. Environ 98 ou 99 p. 100 des gens présents à ces assemblées en ont parlé. Je n'ai pas vu d'assemblées publiques similaires où le public a dit qu'il croyait que le fait que le gouvernement de la Colombie produise un rapport sur ses propres activités constituait une manière appropriée de composer avec la question des violations des droits de la personne.
Quoi qu'il en soit, monsieur le président, prévoir le développement humain durable est...
Donc, nous retournons à la page 2, ligne 36, monsieur le président. On devrait lire « le développement harmonieux et durable » au lieu de « le développement harmonieux des relations économiques entre le Canada et la République de Colombie ».
Monsieur le président, je serai très bref sur ce point. Bien sûr, la question entourant la dévastation environnementale dans certaines régions de la Colombie a été soulevée lors des audiences avortées que ce comité a amorcées avant la clôture ainsi que dans ce que nous avons examiné aujourd'hui, ce qui, bien sûr, sera décidé ultérieurement.
La plupart des Canadiens croient au développement durable, et je crois que l'ajout de cette dimension au but de l'accord serait bénéfique d'une certaine façon pour régler les problèmes considérables qui ont été relevés dans le cadre de cet accord.
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Vous vous exprimez également très bien, monsieur le président, mais il serait plus simple que je le fasse parce que j'établis des liens avec celui-ci.
Il s'agit de la ligne 14 de la page 3 qui devrait être modifiée pour se lire ainsi:
droits fondamentaux des travailleurs, y compris le droit à la négociation collective, renforce la coopération et
La question du droit à la négociation collective, monsieur le président, est fondamentale. Même si bon nombre des plus importantes associations du travail canadiennes, y compris l'Alliance de la fonction publique du Canada, le Syndicat national des employés et employées généraux du secteur public, et le groupe qui chapeaute le tout, le Congrès du travail du Canada, se sont tous vu refuser la possibilité de comparaître devant ce comité, et bien que, monsieur le président, pas un seul syndicat non gouvernemental ou non associé à un régime n'ait pu témoigner au sujet du projet de loi devant ce comité, dont bon nombre, à mon avis, monsieur le président, suggérerait qu'il s'agit d'un outrage absolu...
En fait, ils ont plutôt raison à cet égard. Il est scandaleux de constater qu'aucun syndicat des travailleurs colombiens...
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Monsieur le président, je...
[Français]
estomaqué. C'est le seul mot qu'on peut utiliser dans un cas comme ça. Dire qu'il est, de quelque manière que ce soit, acceptable que quelqu'un soit tué en raison d'un lien syndical est quelque chose auquel on est absolument opposés. Ce sont les droits humains de tout le monde qui doivent être respectés.
Je ne suis pas au courant du cas que M. Trost mentionne, mais ce sera aussi mauvais dans n'importe quel autre cas. C'est sûr qu'on va faire un suivi à ce sujet, mais la réalité est qu'à ce comité, on n'a pas reçu de gens qui représentent le mouvement syndical canadien, surtout les plus grands syndicats canadiens, ni le groupe parapluie des syndicats canadiens. Et, on n'a reçu aucun syndicat colombien qui ne soit pas lié au régime.
En ce qui me concerne, j'appuie le fait que cette centrale syndicale liée au régime ait témoigné, parce qu'il faut entendre tous les groupes syndicaux. Mais, dire qu'on va biffer, qu'on va complètement rayer de la carte tous ceux qui sont contre l'objectif du régime est entièrement une autre chose.
Je vais laisser le mouvement syndical s'exprimer dans les prochains jours. C'est sûr que tout le monde va être bouleversé par les décisions qui ont été prises aujourd'hui.
[Traduction]
Juste avant de céder la parole à M. Guimond, j'aimerais rappeler que le droit à la négociation collective est un droit fondamental et que nous devrions l'inclure dans l'objet de la convention si nous croyons aux droits du travail.
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Merci, monsieur le président.
Je suis, moi aussi, estomaqué d'entendre des propos comme ceux-là. Si j'ai bien compris, si on ne veut plus qu'il y ait des syndicalistes qui se fassent tuer, on n'a qu'à ne pas se syndicaliser en Colombie. Ça me « coupe les deux jambes », monsieur le président, d'entendre des commentaires comme ceux-là.
Je crois que l'amendement de M. Julian, qui s'imbriquerait à la ligne 19 de l'article que nous étudions, serait justement un beau cadeau à donner aux Colombiens. Si à ce libellé qui parle de « protéger, valoriser et faire respecter les droits fondamentaux des travailleurs », on ajoutait le droit à la négociation collective, qu'est-ce que ça peut bien nous faire, à nous? Ce serait un beau cadeau à leur donner.
Pour ma part, au Québec, je suis agriculteur, je suis syndicaliste depuis toujours, et je suis content d'avoir eu ce droit-là. On a bâti de grandes choses, au Québec et au Canada, grâce à la syndicalisation.
Pourquoi ne pas l'offrir à un peuple comme celui de la Colombie? De tels commentaires me dépassent, monsieur le président. Pourquoi ne pas vouloir accepter cet amendement? Je ne comprends pas.
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Monsieur le président, nous sommes si loin de l'amendement et du sujet. J'aimerais souligner deux éléments rapidement.
Le premier est pour défendre la déclaration de M. Trost. Il voulait illustrer le climat de violence qui est inhérent à la société colombienne, et suggérait que la façon de changer cette violence est de permettre aux gens de trouver un emploi et de leur offrir la chance de se prendre en main.
Le deuxième point, monsieur le président, concerne la question de l'accord dans le domaine du travail. J'aurais pensé que surtout le parti socialiste l'aurait lu, je ne suis pas certain qu'il l'ait fait, et j'aurais cru également que le Bloc aurait pris le temps de lire l'accord. Manifestement, les négociations collectives sont une composante clé.
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Monsieur le président, je voudrais simplement exprimer tout mon appui à M. Julian pour l'amendement qu'il a proposé en ce qui concerne le droit à la négociation collective pour les travailleurs.
Quand une société où les travailleurs et ses composantes sont brimés comme c'est le cas en Colombie... Quand on constate toute l'évolution sociale qui a pu être accomplie au Canada, au Québec, à partir du moment où il y a eu une plus grande syndicalisation, à partir du moment où on a conféré, par des lois, un meilleur accès à la négociation collective et que des lois ont encadré cela au Canada, on peut dire qu'il y a eu une amélioration sociale. Et c'est la même chose...
Le président suppléant (M. Larry Miller):Mr. Laforest...
M. Jean-Yves Laforest: Je ne comprends pas que vous vouliez me couper la parole.
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Oui, je parle de l'amendement. Je fais la comparaison, monsieur le président. J'essaie de démontrer pourquoi un amendement comme celui-là est important. Quand je parle des syndicats canadiens, c'est bien sûr en raison de l'expérience que nous avons ici. Je ne suis pas allé en Colombie, je ne faisais pas partie du comité.
On devrait se servir de notre expérience, au Canada, au Québec, et en faire profiter d'autres personnes, se servir d'une entente de libre-échange pour faire en sorte que cette société puisse, elle aussi, avancer. On n'a même pas le courage de faire ça, mais par contre on dit: « renforcer, protéger, valoriser, faire respecter les droits fondamentaux ». Il y a un moyen essentiel, important, de le faire qui est de dire qu'ils ont droit à la négociation collective. On ne veut pas l'utiliser. On veut le passer sous le silence, alors que c'est extrêmement important.
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Merci, monsieur le président.
Pour la première question, oui, le droit à la négociation collective est clairement défini dans les lois colombiennes et en plus de ça, la Colombie a ratifié les conventions de l'OIT pertinentes.
Est-ce que les droits du travail sont respectés en Colombie? La Colombie est un pays en voie de développement. Ce pays fait tout ce qu'il peut pour respecter les droits du travail. Nous croyons que le gouvernement met tous les efforts nécessaires. Nous les appuyons et, en signant l'accord, ils ont accepté d'être évalués selon des normes très élevées.
Pour ce qui est de la troisième question, à savoir si cet accord est du même ordre que les dispositions sur la main-d'oeuvre qui ont déjà été négociées dans le cadre des ententes de libre-échange avec le Canada, ainsi que des ententes entre la Colombie et d'autres pays, on peut dire sans conteste, qu'il s'agit là de l'accord dans le domaine du travail le plus complet qui ait jamais été négocié au monde en ce moment.
J'aimerais faire une distinction et je crois que les témoins qui sont venus devant le comité seraient d'accord. Lorsque je dis complet, je parle du niveau d'engagement. Personne ne peut contester le fait qu'au niveau de l'engagement et des responsabilités de la Colombie, nous sommes allés au-delà des exigences des autres pays.
Nous sommes en ce moment à étudier de façon informelle le texte de ce qui a été négocié entre l'Union européenne et la Colombie. L'accord canadien va bien au-delà de cela. Il surpasse même les négociations avec les États-Unis.
Il y a un certain débat entourant la question de la solidité de l'accord. Nous croyons qu'il est très solide, mais la question se pose au sein de la société civile à savoir si des sanctions commerciales sont prévues pour assurer le respect de l'accord. Nous avons des mécanismes qui veillent au respect en forçant le gouvernement à payer des pénalités et à résoudre les problèmes, ce qui, d'après nous, fortifie l'accord, mais nous sommes conscients du débat qui subsiste sur ce point.
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Pas du tout, monsieur le président. Cela ne rectifie absolument rien. Je vais même plus loin, monsieur le président. Maintenant que vous avez été très compréhensif, je vous ai permis de faire votre petit manège...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Scott, vous avez la parole...
L'hon. Scott Brison: Monsieur le président, le...
M. Peter Julian: Monsieur le président, tous les syndicalistes...
L'hon. Scott Brison: Monsieur le président, l'honorable député ne devrait pas...
M. Peter Julian: ... qui se sont présentés devant le comité et qui sont du Canada ont déclaré d'une façon très claire que c'est une question de...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Silence.
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Non, monsieur Julian, écoutez-moi.
M. Peter Julian: C'est que chacun...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Vous avez dit ce que vous aviez à dire sur le sujet.
M. Peter Julian: Laissez-moi parler, monsieur le président...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Si vous avez un autre point à soulever, monsieur Julian, alors je vais vous laisser parler parce que vous avez la parole. Si vous comptez nous rebattre les oreilles avec la même chose, je vais passer à M. Guimond, point final.
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Merci. Ce rappel au Règlement n'est pas fondé.
Une voix: Ce n'est pas un rappel au Règlement.
Le président suppléant (M. Larry Miller): Cela me semble très clair. Ce que je veux dire, c'est que je ne veux pas ou que je n'aime pas mettre fin au débat, surtout si je crois qu'il est utile, mais, compte tenu des gens qui sont ici, le résultat est très clair. Nous allons procéder au vote. Tous ceux qui sont pour l'amendement?
M. Peter Julian: J'invoque le Règlement, monsieur le président.
Le président suppléant (M. Larry Miller): Demandez-vous un vote par appel nominal?
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Ce n'est pas ce que vous demandez? D'accord. Tous ceux qui sont pour l'amendement?
M. Peter Julian: Monsieur le président, vous ne pouvez pas mettre l'amendement précédent aux voix. J'invoque le Règlement: à la page 1 055...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Tous ceux qui sont pour la motion?
M. Peter Julian: J'invoque le Règlement, monsieur le président...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Tous ceux qui sont contre la motion... l'amendement? Tous ceux qui s'y opposent?
M. Peter Julian: J'invoque le Règlement...
(L'amendement est rejeté.)
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Si vous voulez demander quelque chose aux greffiers, ils sont ici, vous savez. Ils sont juste à côté, monsieur Julian.
M. Peter Julian: Monsieur le président, vous avez déjà le... [Note de la rédaction: inaudible].
Le président suppléant (M. Larry Miller): Amendement numéro trois, monsieur Julian, si vous voulez bien...
M. Peter Julian: C'est pour cette raison...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Vous contrevenez au Règlement, monsieur Julian. C'est assez...
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Oui, j'invoque le Règlement. Je veux simplement vous citer les règles et la procédure qui régissent nos activités de parlementaires. Je fais ici référence au chapitre 20, page 1 030, où on précise la responsabilité procédurale du président. Essentiellement, le président préside les réunions et surveille les travaux du comité ainsi qu'il est précisé: « En général, la présidence est responsable du respect de l'ordre et du décorum durant les délibérations du comité. Le président décide aussi de toute question de procédure susceptible de surgir, sous réserve d'un appel au comité. »
Vous avez pris une décision. Le comité peut en appeler de cette décision. Je vous réfère donc aux privilèges et immunités des membres décrits au chapitre 3, pages 150 et 151, où on signale « Le rôle d'un président de comité, dans ces circonstances, consiste à déterminer si la question soulevée touche bel et bien au privilège parlementaire ou s'il s'agit plutôt d'un rappel au Règlement, d'un grief ou d'une question devant faire l'objet d'un débat. »
C'est ce que vous avez fait. Vous êtes allé de l'avant. Et la citation se poursuit ainsi:
S'il est d'avis que l'intervention du député a trait à un rappel au Règlement, à un grief ou à une question devant faire l'objet d'un débat, ou que l'incident relève de la compétence du comité, il peut prendre une décision en conséquence, en la motivant. Le comité ne peut plus traiter l'affaire comme s'il s'agissait d'une question de privilège. Un député qui serait en désaccord avec la décision du président pourrait en appeler au comité (c.-à-d. en proposant la motion « La décision de la présidence est-elle maintenue? »). Le comité peut ainsi décider de maintenir ou de renverser la décision du président.
Donc, vous n'êtes pas d'accord avec la décision du président. Nous sommes déjà passés à autre chose. Le président a pris une décision. Passons maintenant au prochain amendement.
En fait, monsieur Julian, à cet égard, le greffier venait tout juste de me dire la même chose avant que M. Bezan ne prenne la parole.
Nous passons maintenant à l'amendement NDP-3. L'amendement précédent a été rejeté par 4 voix contre 0, et nous sommes passés à l'autre amendement.
M. Peter Julian: Monsieur le président, comme vous l'avez dit...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Ce que M. Bezan a dit a été confirmé, alors nous...
Êtes-vous intéressé à examiner l'amendement 3?
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Monsieur Julian, si vous ne voulez pas mettre cet amendement aux voix...
M. Peter Julian: Je demande un vote par appel nominal sur cet amendement NDP-2.
Le président suppléant (M. Larry Miller): Je vais maintenant demander aux membres de voter sur l'article 7.
(L'article 7 — Objet)
Y a-t-il discussion au sujet de l'article 7?
M. Peter Julian: Monsieur le président...
Le président suppléant (M. Larry Miller): Comme aucun amendement n'est proposé, nous adoptons l'article 7 tel quel.
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Merci monsieur le président.
Actuellement, l'alinéa h) se lit comme suit: « promouvoir le développement durable ». L'amendement proposé modifierait l'alinéa h) — et j'espère bien que nous aurons l'occasion de voter cette fois-ci, monsieur le président — pour se lire ainsi: « promouvoir le développement durable afin de protéger l'environnement et les ressources naturelles du Canada et de la République de Colombie ».
Monsieur le président, cet amendement modifierait le libellé de l'article. En fait, formulé ainsi, cet article engloberait la protection de l'environnement; une très petite mesure permettant de corriger un très mauvais accord qui préoccupe énormément la population partout au pays. Cet amendement est un petit pas menant à la modification d'un mauvais accord plutôt controversé.
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Merci, monsieur le président.
Nous examinons maintenant l'article 7, et ce qui a été proposé puis rejeté, sans même qu'il y ait un vote sur le sujet; on parle ici du droit à la négociation collective.
Monsieur le président, comme vous le savez, compte tenu des témoignages des personnes qui se sont présentées devant le comité et de celles qui voulaient s'y présenter et n'ont pu le faire en raison d'une interruption du processus, essentiellement, c'est la question de la négociation collective et des droits des travailleurs qui a été le plus souvent évoquée.
Pourquoi? Principalement en raison des nombreux meurtres, des menaces répétées d'intimidation au travail et du fait qu'en Colombie, certaines personnes mettent leur vie en danger pour mener des activités qui seraient considérées légales au Canada.
Monsieur le président, comment pouvons-nous dire, après ce procédé ignoble concernant la négociation collective et excluant même un vote libre sur le sujet à l'article 7, que nous adoptons cet article alors que nous savons très précisément que ceux qui luttent pour les droits des travailleurs et pour une amélioration des conditions de travail des femmes et des hommes au Canada et dans le monde s'inquiètent beaucoup de l'absence d'appui à cet égard... Ils ne considèrent pas crédible la partie de l'accord portant sur le droit des travailleurs. Pour eux, les amendements mis de l'avant ne sont certainement pas très crédibles. Encore une fois, monsieur le président, nous nous trouvons dans une situation où même un article mineur portant sur l'objet d'un projet de loi est supprimé sans autre forme de discussion; on a même refusé aux membres l'autorisation de voter par appel nominal sur cette question.
Pour toutes ces raisons, j'y suis opposé et je voterai contre l'article 7.
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C'est avec plaisir que je vais le faire. Donc, il y a un vote par appel nominal.
(L'article 7 est adopté par 6 voix contre 3)
Le président: L'article 7 est adopté.
Je demande l'indulgence du comité pour une minute afin de préciser le déroulement de la procédure d'adoption. Je veux simplement revoir l'heure à laquelle la motion suivante a été formulée « ... et que six (6) heures après le début de l'étude article par article... ». Il y a une certaine divergence de points de vue. Nous avons adopté la motion à 16 h 01, il y a six heures de cela, mais le Règlement a été invoqué au sujet d'un point mineur, ce qui a retardé le début de l'étude article par article. Je crois que nous avons commencé l'étude article par article aux environs de 16 h 30.
Est-ce que quelqu'un a pris note de l'heure? On me dit que c'était bien à 16 h 30. Il y a eu des discussions sur la motion, mais en ce qui a trait à cette différence de 29 minutes — je suis persuadé que nous l'aurions probablement appuyée de toute façon — je crois que nous allons déterminer que le vote a commencé à 22 h 30.
Il nous reste donc une autre demi-heure de plaisir à entendre nos témoins des ministères répondre aux questions. Je vous remercie de votre patience. M. Julian a gentiment offert de payer les gardiennes d'enfants ce soir. Donc, passons à l'article 8.
(Article 8 — Droit de poursuite, Partie 1)
Le président: Le NPD a présenté un amendement à l'article 8.
C'est bien l'amendement NDP-4, n'est-ce pas?
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Je reprends la question de M. Guimond, monsieur le président, et je la poserai à nos témoins.
Dans la version anglaise, on mentionne que personne, no person, ne peut obtenir un droit de poursuite, si je comprends bien, sans le consentement du procureur général du Canada. C'est ce que cela veut dire.
Dans la version anglaise, on dit que personne ne peut le faire alors que, dans la version française, on ne fait pas référence à la personne; on fait référence seulement à ce droit. On ne réfère pas à quelqu'un, on dit simplement « le droit de poursuite » alors qu'on aurait pu, j'imagine, dire la même chose en anglais et vice versa.
Pourquoi? En tout cas, à mon avis, c'est mal traduit. Remarquez bien que je ne suis pas un expert. Il n'y a peut-être pas une grosse différence, mais il y en a une.
D'entrée de jeu, je dirai que ce n'est pas une question de traduction. Le projet de loi, comme tous les projets de loi émanant du gouvernement, est rédigé parallèlement dans les deux langues officielles, avec la participation de rédacteurs spécialisés.
Il s'agit donc d'une question de convention de rédaction. C'est ainsi que les idées sont exprimées dans chacune des langues officielles. La même formulation ou expression a été utilisée parce qu'il s'agit d'une disposition courante qu'on trouve dans des textes de loi antérieurs, comme la Loi de mise en oeuvre de l'Accord de libre-échange Canada-Pérou.
À mon avis, sans être moi-même un spécialiste des nuances subtiles entre le français et l'anglais, c'est quelque chose qu'on a examiné soigneusement et ce n'est qu'une question de convention de rédaction dans les deux langues.
Comme vous le savez, on a soulevé une question concernant la capacité des juges de la Cour suprême de s'exprimer tantôt en anglais, tantôt en français; autrement dit, de comprendre le français aussi bien qu'ils comprennent l'anglais, et la personne...
Et oui, de comprendre l'anglais aussi bien qu'ils comprennent le français; M. Keddy a parfaitement raison.
Donc, le problème se rapporte à la personne qui a retravaillé ou révisé le texte. Était-ce quelqu'un qui était en mesure de retravailler le texte et quelqu'un de parfaitement bilingue qui pouvait lire légalement les deux articles et comprendre que le... d'éliminer les différences qui existent, même si elles sont minimes?
Je propose un amendement, monsieur le président, qui aurait une incidence sur l'article 10: « Le ministre est le principal représentant du Canada auprès de la Commission mixte. » J'ajoute: « Dans l'exercice de ce rôle, il consulte de façon régulière les représentants des syndicats canadiens. »
Monsieur le président, les organisations syndicales du Canada sont intervenues à plusieurs reprises. Elles ont toutes exprimé des préoccupations à propos de cet accord, de l'accord parallèle sur le travail et du soi-disant amendement qui a été présenté il y a à peine quelques jours. À chaque fois, des représentants syndicaux canadiens ont exprimé leurs préoccupations.
Monsieur le président, il n'est pas uniquement question des syndicats canadiens qui se sont exprimés devant notre comité; il est aussi question du fait qu'un si grand nombre de syndicats se sont vu refuser l'occasion de témoigner devant notre comité. Nous avons fait référence à certains d'entre eux.
Il y a le Congrès du travail du Canada, le large groupe de coordination qui représente la grande majorité des travailleurs et des travailleuses organisés du pays. Il y a le SNEGSP, qui est le plus grand syndicat, le syndicat national des employés du secteur public, et il y a aussi l'Alliance de la Fonction publique du Canada, qui représente nos fonctionnaires qui travaillent dur. Ils ont tous dit qu'ils voulaient s'exprimer devant le comité et ils se sont tous vu refuser l'occasion de le faire.
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Si je peux poursuivre, monsieur le président, nous avons assurément été en mesure d'entendre beaucoup de personnes, tant à l'automne qu'au printemps, qui ont dit la même chose. Même si nous avons tenu des audiences qui ont révélé que cet amendement, comme l'ont d'abord cru certaines personnes, pourrait avoir un certain bien-fondé, des syndicats ont voulu témoigner devant notre comité, et nous avons également constaté que les représentants des travailleuses et des travailleurs de partout au pays ont exprimé de profondes préoccupations concernant cet accord dans l'ensemble.
Comment pouvons-nous faire face à la situation, monsieur le président? Comment allons-nous régler le fait que des millions de gens, des Canadiens, qui sont encadrés par des syndicats, qui sont organisés et qui ont l'avantage, heureusement, de bénéficier de mesures collectives pour résoudre des problèmes de santé et de sécurité, des questions salariales et tous ces autres problèmes, n'ont pas été en mesure de témoigner à propos du projet de loi ?
Monsieur le président, il me semble que le moins que nous puissions faire pour régler cette inégalité est de pousser le ministre — et nous utilisons les mots « il consulte » — à consulter régulièrement les représentants syndicaux canadiens. Cela signifie que le point de vue de ces millions de travailleuses et de travailleurs qui participent au mouvement syndical serait en mesure de progresser et, je l'espère, d'être entendu par le gouvernement.
Je crois qu'il est juste de dire, monsieur le président, que la grande majorité des travailleurs syndiqués au pays n'ont pas l'impression d'avoir été entendus au cours du processus. Ils n'ont pas eu l'occasion de témoigner à propos du projet de loi . Compte tenu du fait que nous n'incluons même pas la négociation collective et la capacité d'accorder des droits libres et justes en matière de négociation collective en Colombie comme finalité dans cet amendement...
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Merci, monsieur le président. Oui, j'achève, dans quelques instants.
Mais M. Brison oublie évidemment que cette séance est publique et que la transcription sera diffusée dans tout le pays. Les gens pourront savoir exactement ce qui s'est passé dans cette séance.
Donc, que signifie « de façon régulière »? Ça ne veut certainement pas dire une fois tous les trois ou quatre ans. Ça veut dire régulièrement et fréquemment. Normalement, ce serait tous les trimestres. Quant au terme « représentants des syndicats canadiens », il désigne certainement les représentants du CTC et de certains des plus importants syndicats du pays, qui ont été exclus des séances de ce comité, et ça veut dire que non seulement le ministre, mais l'ensemble des syndicalistes canadiens et des militants du milieu du travail auraient leur mot à dire, monsieur le président.
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Merci, monsieur le président.
Monsieur le président, en ce qui concerne son amendement, M. Julian nous a parlé beaucoup des représentants des grands syndicats canadiens, mais ça ne couvre pas l'ensemble des syndicats. Il n'y a pas seulement les grands syndicats, il y a aussi plusieurs groupes syndicaux qui ne sont pas nécessairement considérés comme de grands syndicats. Je pense notamment à l'UPA au Québec.
Dans sa façon de voir ou de définir les grands syndicats, est-ce qu'un groupe comme l'Union des producteurs agricoles est un grand syndicat? Je pense, par exemple, à un petit syndicat qui ne représenterait pas la majorité des travailleurs de la construction. Est-ce que c'est un grand syndicat? C'est important, je crois, dans le cadre de ce débat. S'il faut faire des consultations, que le ministre fasse des consultations auprès des syndicats canadiens, qu'il inclue, à un certain moment, les autres syndicats.
J'aimerais comprendre un peu plus ce qu'est la Commission mixte dont il est question à l'article 10. Je pose la question à M. Kronby.
Quelle est cette commission? Quel est son rôle? A-t-elle un devoir de représentation, de rapport devant un groupe? Est-ce que le ministre, qui en est le principal représentant, selon cet article, a un devoir de reddition de comptes aussi et à qui est-il redevable?
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On dit pour commencer que la commission mixte est composée de représentants des parties ayant rang ministériel ou de leurs délégataires; le paragraphe 10 désigne donc le ministre du Commerce international « représentant principal » du Canada dans la commission. Le paragraphe 2 mentionne ensuite que la commission dirige la mise en oeuvre de l'accord, examine le fonctionnement général de l'accord, évalue les résultats de son application, supervise son développement, surveille les travaux de tous les comités, groupes de travail et coordonnateurs nationaux institués en vertu de l'accord, approuve les règles de procédure types — pour le règlement des différends —, et étudie toute autre question pouvant influer sur le fonctionnement de l'accord.
Le paragraphe 3 indique ensuite que la commission peut assumer d'autres fonctions, notamment adopter des décisions en matière d'interprétation de l'accord qui lient les groupes spéciaux de règlement des différends. Cette fonction est la même que celle énoncée au chapitre 11 de l'ALENA.
De plus, vous serez peut-être intéressés de savoir que la commission peut recourir aux avis de personnes ou de groupes du secteur privé. Elle a le pouvoir de le faire. Elle peut également, dans l'exercice de ses fonctions, prendre toute autre disposition dont les parties peuvent convenir.
Les pouvoirs de la commission sont assez étendus.
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Le vote porte sur l'amendement 6, article 10, du NPD.
(L'amendement est rejeté par 6 voix contre 3)
Le président: Passons maintenant à l'article en tant que tel, l'article 10.
Je suis désolé de vous informer que l'amendement est rejeté, monsieur Julian. Je sais que vous devez en être ébranlé.
Je dois simplement aviser le comité que nous en sommes rendus au moment tant attendu de la fin des débats sur ces articles. Je suis donc heureux d'adresser mes remerciements aux représentants des ministères qui sont venus nous prêter main-forte. Je vous remercie de votre présence jusqu'à cette heure tardive. Vous êtes maintenant libres de partir. Je suis certain que vous aimeriez rester et prendre part aux festivités, mais je vous remercie de votre temps.
Des voix: Bravo!
Le président: Merci de votre présence.
Nous prenons une pause de deux minutes pour dire au revoir à nos témoins.
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Je suis d'accord, c'est un grand Canadien. Je crois que tous ceux qui sont assis à cette table sont de grands Canadiens, monsieur le président.
Il a suggéré que nous demandions un vote par appel nominal pour chacun des votes...
Le président: Vraiment?
M. Peter Julian: Bon, je peux certainement le faire. Je peux demander un vote par appel nominal. Ce que j'aimerais vous suggérer, monsieur le président, c'est que tous les votes se fassent par appel nominal, pour les amendements et les articles.
Si vous voulez ralentir les choses, je peux évidemment faire la proposition pour chacun des votes, mais je...
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... et vous êtes un vrai gentleman ce soir, mais nous procéderons de cette façon.
Je vais revenir à l'article 10. Je suis désolé d'avoir omis de mettre aux voix l'article 10 avant notre courte pause à l'heure tant attendue.
Reprenons l'article 10. Encore une fois, je rappelle au comité que, par suite d'un vote précédent, ces articles seront mis aux voix sans aucun débat. Cependant, dans chaque cas, nous allons voter par appel nominal, simplement à cause des heures supplémentaires à payer aux employés.
(Les articles 10 et 11 sont adoptés par 6 voix contre 3)
(Article 12 — Pouvoirs du ministre)
Le président: Très bien. Je passe maintenant à l'article 12, mais avant de mettre aux voix l'article 12, nous allons mettre aux voix l'amendement du NPD.
Je suppose que nous procéderons au vote par appel nominal pour l'amendement proposé également, monsieur Julian? Est-ce ce que vous...
:
Eh bien, faites ce que vous voulez, mais le comité, pour sa part, mettra le nouvel article 15.1 aux voix — ou appelez-le comme vous le voudrez. Cet article n'a pas été soumis au vote; c'est un nouvel article. Il a été déposé en même temps que vos amendements. La motion que nous avons adoptée au début de la réunion disait que tous les amendements présentés doivent être mis aux voix six heures après l'étude, et c'est ce que nous faisons en ce moment.
Merci de vos remarques. Nous procédons donc au vote par appel nominal pour l'article 15.1 proposé.
Une voix: Il y a un autre amendement, monsieur.
Le président: Je ne crois pas que nous pouvons accepter de nouveaux amendements à ce stade-ci.
Nous nous penchons maintenant sur l'amendement 1 des libéraux, qui se rapporte à l'article 15.1. C'est un nouvel article.
(L'amendement est adopté par 6 voix contre 3)
:
Pouvons-nous tenir un vote par appel nominal pour cette demande?
Des voix: Oh, oh!
Le président: D'accord.
(L'article 17 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 18 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 19 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 20 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 21 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 22 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 23 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 24 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 25 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 26 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 27 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 28 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 29 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 30 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 31 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 32 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 33 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 34 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 35 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 36 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 37 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 38 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 39 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 40 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 41 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 42 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 43 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 44 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 45 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 46 est adopté par 6 voix contre 3)
(L'article 47 est adopté par 6 voix contre 3)
:
J'invoque le Règlement.
Le président: Je n'en doute pas.
M. Peter Julian: Je vais vous expliquer pourquoi j'invoque le Règlement, mais j'aimerais beaucoup ne pas être interrompu.
Je peux toutefois vous dire que je crois qu'une fois que je vous aurai donné mes explications, si je ne suis pas interrompu, les membres du comité seront contents. Alors voici pourquoi j'ai invoqué le Règlement, monsieur le président.
Le moins qu'on puisse dire, c'est que la séance de ce soir a tourné au cirque. Il ne fait aucun doute que nos droits en tant que membres du Parlement ont été bafoués à maintes reprises. M. Laforest et M. Guimond ont eux aussi abordé ce point.
Mais ça ne s'arrêtera certainement pas là, et je l'ai déjà dit. J'ai l'intention — et je crois que je ne suis pas le seul — de porter cette affaire à la connaissance du Président. Cet accord très controversé fera l'objet de débats mouvementés à la Chambre des communes pendant encore des semaines, sinon des mois.
Il ne fait donc aucun doute que les problèmes...
:
D'accord. Les amendements NDP-11 à NDP-96 sont-ils adoptés?
(Les amendements sont rejetés par 7 voix contre 3. [Voir le Procès-verbal])
Le président: Les amendements NDP-11 à NDP-96 sont rejetés.
L'annexe 2 est-elle adoptée?
(L'annexe est adoptée par 7 voix contre 3)
Le président: L'annexe 2 est adoptée.
Le titre abrégé est-il adopté?
(L'article 1 est adopté par 7 voix contre 3)
Le président: Le titre abrégé est adopté.
Le titre est-il adopté?
(Le titre est adopté par 7 voix contre 3)
Le président: Le titre est adopté.
Le projet de loi modifié est-il adopté?
(Le projet de loi C-2 modifié est adopté par 7 voix contre 3)
:
Le projet de loi modifié est adopté.
Le comité ordonne-t-il le président de faire rapport à la Chambre du projet de loi modifié?
(Adoptée par 7 voix contre 3)
Le président: Le comité ordonne donc le président de faire rapport à la Chambre du projet de loi modifié.
Le comité ordonne-t-il la réimpression du projet de loi modifié pour l'usage de la Chambre à l'étape du rapport?
(Adoptée par 7 voix contre 3)
Le président: Mesdames et messieurs, je vous remercie de la courtoisie et de l'éloquence dont vous avez fait preuve ce soir.
Je cède la parole à M. Cannis avant de conclure la séance.