Désolé pour le retard. Certains membres du comité ont été quelque peu retardés par les travaux de la Chambre. Nous avons le quorum. Tout le monde est présent et nous commençons cette dernière séance de cette session du Comité permanent du commerce international, et nous poursuivons nos discussions sur le libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.
Nous allons entendre aujourd'hui des témoins ici à Ottawa. Nous accueillons ici Jacques Pomerleau de Canada Porc International. Carl Grenier va comparaître directement de Laval.
Monsieur Grenier, c'est un plaisir de vous avoir avec nous. Nous avons eu quelques difficultés la dernière fois et je suis donc heureux que vous soyez là. Je suis désolé pour le léger retard à commencer la séance.
Nous allons suivre la formule traditionnelle. Nous n'avons que ces deux témoins aujourd'hui; je pense que nous allons donc entendre les déclarations d'ouverture de chacun d'entre eux et nous passerons ensuite aux questions. Je crois que nous devrions avoir terminé d'ici 17 heures, sinon avant. Je voudrais vous parler de certains aspects de nos travaux et nous allons donc commencer en nous donnant une heure, si cela convient à tout le monde.
Je sais que le temps de nos témoins est précieux et nous allons procéder de cette façon.
J'aimerais simplement aborder nos travaux futurs et demander à notre greffier de planifier les questions qui vont se poser à l'automne, en particulier pour ce qui est de nos déplacements. Nous avons deux possibilités. Nous en parlerons à la fin de la séance, peut-être vers 16 h 45.
Je vais maintenant demander à M. Grenier, qui nous parle du Québec, de présenter sa déclaration préliminaire.
:
Merci beaucoup, monsieur le président.
Bonjour à tous.
Je veux remercier le comité de me donner l'occasion de parler de l'accord potentiel de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.
Je vais limiter mes remarques à quatre ou cinq points. L'ambition de l'accord est très grande et on ne peut pas couvrir tout ça aujourd'hui.
Premièrement, je ferai une brève remarque sur la dérive bilatéraliste, c'est-à-dire la multiplication des accords bilatéraux de commerce international.
Deuxièmement, je parlerai de la relation entre le Canada et l'Union européenne.
Troisièmement, je parlerai du potentiel d'un accord comme celui qui est envisagé.
Quatrièmement, il sera question de l'évolution plausible de la fin des négociations, c'est-à-dire les différents sous-accords qui pourront être conclus.
Cinquièmement, j'aborderai quelques autres sujets d'intérêt.
En ce qui a trait à la dérive bilatéraliste des négociations, selon l'Organisation mondiale du commerce, il y a plus de 200 accords bilatéraux maintenant en vigueur et plusieurs dizaines d'autres sont en cours de négociation. Depuis plusieurs années, déjà, les États-Unis ont donné le ton et ont été imités, évidemment, par les grands pays commerçants, les grandes unités commerçantes, comme l'Union européenne.
Le Canada a emboîté le pas relativement tardivement. Essentiellement, il s'est donné un programme de négociation d'accords bilatéraux qui est un peu calqué sur celui des États-Unis. Nous avons déjà conclu une demi-douzaine de ces accords avec des pays comme le Panama, la Jordanie, la Colombie, le Pérou et le Costa Rica. Évidemment, il y en avait déjà un avec le Chili, qui date de 1997. Une douzaine d'autres accords sont en voie d'élaboration ou de négociation, dont, bien sûr, celui avec l'Union européenne.
Pour quelqu'un comme moi, qui a commencé à s'occuper de ces questions durant les années 1970, il est un peu déplorable que l'on développe l'approche bilatérale alors que, depuis deux ans, les négociations commerciales multilatérales, le cycle de Doha, sont bloquées. Dans mon esprit, il n'y a aucun doute que la multiplication de ces accords bilatéraux nuit à la conclusion des négociations multilatérales. Toutefois, je pense que le Canada n'a pas d'autre choix que d'emboîter le pas, pour éviter que les concurrents étrangers de nos exportateurs n'obtiennent un avantage commercial sur eux.
Passons maintenant à la relation entre le Canada et l'Europe. Il y a déjà longtemps que le Canada cherche une relation privilégiée avec l'Europe. Rappelons-nous la troisième option, dans les années 1970, sous M. Sharp et M. Trudeau. On voulait justement contrebalancer le poids grandissant des États-Unis dans notre économie. On sait que cette tentative n'a pas réussi et que l'on a dû constater, au début des années 1980, qu'il fallait se tourner vers la deuxième option, c'est-à-dire un accord avec les États-Unis, qui a été conclu en 1987-1988.
En ce qui a trait à cette négociation, il faut retenir qu'il a été plutôt difficile pour le Canada de se décider à demander l'ouverture de ces négociations. Ensuite, il a été difficile de convaincre les Européens eux-mêmes, qui n'étaient pas du tout chauds à l'idée d'une telle négociation. D'ailleurs, on peut commencer à comprendre pourquoi. Il y a d'abord la question de l'importance relative du commerce pour les deux pays ou les deux entités.
L'Union européenne est notre deuxième partenaire, mais elle se situe très loin derrière les États-Unis. Elle est six fois moins importante que les États-Unis le sont pour nos exportateurs. En fait, nous sommes le 11e partenaire de l'Union européenne.
Il est aussi important de noter qu'à la suite des nombreuses rondes de négociations multilatérales, les tarifs sont très bas. Les exportateurs canadiens font face à un tarif moyen de 2,2 p. 100, lors de l'entrée dans l'Union européenne, tandis que les exportateurs européens font face à un tarif moyen pondéré de 3,5 p. 100 au Canada. Ce n'est donc pas très élevé. Évidemment, ces moyennes pondérées cachent des pics tarifaires qui peuvent être très importants.
Pour les deux entités, tant pour l'Union européenne que pour le Canada, il faut noter que le secteur qui fait face à des restrictions plus élevées est celui des aliments transformés.
Les données dont je me sers ici proviennent de l'étude conjointe effectuée par l'Union européenne et le Canada en 2008. Selon les calculs faits par les auteurs de cette étude, un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne pourrait représenter des gains de revenus, en ce qui a trait au produit intérieur brut, pour l'Union européenne de 0,08 p. 100 et des gains pour le Canada de l'ordre de 0,77 p. 100 du PIB. On voit tout de suite que ce sont des gains plutôt minces. En matière de commerce, on pourrait voir, par exemple, les exportations du Canada vers l'Europe augmenter d'environ 24 p. 100, tandis que les exportations de l'Union européenne vers le Canada pourrait augmenter de 20 p. 100 à peu près. C'est un facteur qui, je pense, explique un peu la réticence des autorités européennes à entreprendre ces négociations.
Les obstacles qui ont été identifiés par les exportateurs canadiens vis-à-vis de l'Europe et par les exportateurs européens vis-à-vis du Canada me portent à croire qu'à la fin de la journée, comme on dit dans le monde des négociations, les concessions canadiennes pourraient se concentrer dans trois ou quatre secteurs.
Le premier serait l'agriculture. On sait très bien que pendant les différentes rondes de négociations du GATT, puis de l'OMC, l'agriculture a toujours figuré en bonne première place en ce qui a trait aux irritants entre les deux pays. Le tarif canadien moyen sur les produits agricoles est de 22 p. 100. Cela cache des tarifs extrêmement élevés qui sont issus de la transformation des quotas liés au système de gestion de l'offre pour les produits laitiers, la volaille et les oeufs. On parle de tarifs qui vont au-delà de 300 p. 100. Ce sont des tarifs parfaitement prohibitifs et qui ne paraissent pas dans les tarifs moyens pondérés. L'exemple parfait est celui du fromage où l'Union européenne emplit les deux tiers du quota de 20 000 tonnes, mais au-delà du quota, le tarif est de 245 p. 100. C'est donc évident que pour l'Union européenne, qui est un grand producteur de très bons fromages, l'ouverture du marché canadien dans ce secteur est très certainement une priorité.
Bien évidemment, il n'y a pas que les produits laitiers. Il y a aussi certains tarifs, notamment dans le cas des céréales et des produits transformés des céréales. En effet, on peut y trouver des pics tarifaires de l'ordre de 95 p. 100. Parmi les autres sujets qui touchent aussi l'agriculture et qui sont très certainement des cibles pour les négociateurs européens, on trouve les questions sanitaires et phytosanitaires, les différences de normes, le marketing provincial des vins et alcools — ce qui a donné lieu à des disputes dans le passé —, des règlements concernant l'étiquetage et le bilinguisme des étiquettes.
Vous comprendrez que je me concentre maintenant surtout sur les demandes que l'on va faire au Canada.
Un autre secteur très certainement susceptible de faire l'objet de concessions de la part du Canada est celui des marchés publics. C'est essentiellement parce que, lors de la dernière négociation multilatérale, le Canada n'avait pas inclus les achats des provinces dans l'Accord sur les marchés publics de l'OMC.
Récemment, comme vous le savez, le Canada a conclu un accord sur les marchés publics avec les États-Unis, notamment à cause de la clause Buy American. J'ai eu l'occasion de vous parler de cet accord. Je crois maintenant qu'avec les concessions que l'on a faites aux États-Unis, il est assez évident que l'on ne pourra pas éviter d'étendre ces concessions à l'Union européenne.
Il y a un autre secteur où l'on est susceptible de faire une concession, celui des services, notamment des services financiers. Évidemment, je fais référence à la question des valeurs mobilières, où les services européens ont toujours perçu l'existence de 13 organismes de réglementation des valeurs mobilières au Canada comme un obstacle à leur pénétration de notre marché. Évidemment, les efforts actuels du gouvernement fédéral, pour créer une agence unique de valeurs mobilières, sont probablement comme de la musique aux oreilles des négociateurs européens.
Enfin, il y a quelques autres sujets qui sont aussi susceptibles de faire l'objet d'accords, dont la reconnaissance mutuelle des qualifications professionnelles et la mobilité de la main-d'oeuvre qualifiée. Il s'agit là d'un sujet important, notamment en termes d'investissements. Évidemment, ce sont aussi des questions qui touchent les compétences des provinces. Je dois souligner une innovation en matière de négociations. En effet, il s'agit de la présence des provinces à la table des négociations, ce qui est une première, pour les sujets liés à leurs compétences ou pour les sujets de compétence partagée avec le fédéral.
Monsieur le président, je m'arrête ici. Je suis tout à fait disposé à répondre aux questions.
:
Très bien. Cela devrait suffire.
Monsieur le président et honorables membres du Parlement, je vous remercie de me donner la possibilité de vous parler aujourd'hui.
Premièrement, j'aimerais présenter notre organisation, Canada Porc International; c'est l'agence de développement des marchés extérieurs de l'industrie porcine canadienne. C'est une initiative conjointe du Conseil canadien du porc et du Conseil des viandes du Canada. Parmi ses membres, on retrouve les associations nationale et provinciales d'éleveurs de porc, les établissements d'abattage et de découpe du porc sous inspection fédérale ainsi que des maisons de commerce.
Il nous faut souligner que plus de 50 p. 100 de la viande porcine produite au Canada est exportée. Le Canada est le troisième exportateur mondial de porc avec 20 p. 100 du commerce mondial de ce produit. En 2009, les exportations canadiennes de porc, vendues dans plus de 100 pays, ont dépassé un million de tonnes, pour une valeur de 2,6 milliards de dollars. Notre industrie s'enorgueillit d'avoir réussi à bien diversifier ses marchés. Alors qu'il y a plus de 10 ans, le marché américain accaparait plus de 75 p. 100 de nos exportations, il ne représente plus aujourd'hui que 32 p. 100 et il se situe même au deuxième rang, derrière le Japon, en ce qui a trait à la valeur des produits qui y sont exportés.
Un facteur essentiel pour expliquer ce succès s'est avéré être l'ouverture de nouvelles occasions de marché, soit suite à la conclusion de l'Uruguay Round, qui nous a permis d'avoir accès à certains marchés nouveaux, comme la Corée du Sud et les Philippines, soit par l'entremise d'accords commerciaux régionaux, comme celui conclu avec le Mexique.
Nous vous sommes reconnaissants de nous fournir aujourd'hui l'occasion de venir exprimer nos vues sur le projet d'entente entre le Canada et l'Union européenne. Comme je l'ai mentionné auparavant, le Canada détient environ 20 p. 100 du commerce mondial du porc, et ce, en dépit du fait qu'en pratique, nos produits n'ont toujours pas un accès significatif au marché de l'Union européenne, le deuxième plus important au monde. C'est pour cette raison que Canada Porc International et ses membres appuient fortement la conclusion d'un accord de libre-échange entre le Canada et l'Union européenne.
Lors de l'élaboration de son tout récent plan stratégique, notre agence a identifié l'Union européenne comme une de ses priorités. Notre intérêt à pénétrer ce marché s'est grandement accru au cours des dernières années. Ceci est dû en grande partie à l'intérêt manifesté par des importateurs en Italie, au Royaume-Uni et dans plusieurs autres États membres de l'Union européenne.
Même s'il est difficile à ce moment-ci de quantifier exactement le potentiel de ce marché, nous estimons que, si les conditions s'y prêtent, l'Union européenne pourrait facilement devenir un de nos 10 principaux marchés, et même un de nos cinq premiers.
Il y a trois sujets précis que notre industrie souhaite voir inclure dans les négociations: premièrement, le régime d'importation du porc de l'Union européenne; deuxièmement, les normes de l'Union européenne pour l'importation du porc et enfin, les subventions à l'exportation de l'Union européenne. Je vais les examiner en détail maintenant.
Une de nos principales préoccupations s'avère être le régime d'importation du porc de l'Union européenne. Suite à la conclusion de l'Uruguay Round, l'Union européenne s'est avérée fort créative dans les efforts qu'elle a déployés pour minimiser l'accès au porc étranger en combinant toutes les viandes, au lieu d'accorder un accès minimum à chacune d'entre elles. Il en résulte donc que les contingents tarifaires de l'Union européenne pour le porc ne représentent qu'un tiers de 1 p. 100 de la consommation totale de porc de l'Union européenne. En comparaison, les importations de porc représentent plus de 20 p. 100 de la consommation totale de porc au Canada et elles sont trois fois plus importantes que celles de l'Union européenne, dont la population est de 500 millions de personnes. Et malgré cela, les contingents tarifaires actuels de l'UE et leur gestion sont très compliqués et ne favorisent pas du tout les échanges soutenus. Les taux de droit applicables dans la limite du contingent sont également très élevés. Le Canada devrait donc être en bonne position pour négocier un important contingent tarifaire à tarif nul, qui lui soit réservé, avec des procédures d'allocation simplifiées.
Au cours des ans, et à différentes époques, plusieurs pays d'Europe de l'Ouest représentaient d'importants marchés pour le porc canadien, jusqu'à ce que la CEE adopte une série de mesures techniques, dont en particulier la directive concernant les viandes en provenance de pays tiers, qui nous ont finalement exclus d'abord de la CEE et ensuite, de l'UE. Il ne faut pas oublier que les exportations de porc canadien ont débuté avec le Royaume-Uni il y a plus de 100 ans. C'était notre tout premier marché d'exportation et c'est la raison pour laquelle nous aimerions pouvoir y retourner. À l'époque, nos principaux marchés étaient le Royaume-Uni, la France et les Pays-Bas. Les mêmes mesures ont été appliquées à nos produits, avec les mêmes résultats, lorsque certains de nos importants marchés d'Europe Centrale, comme la Pologne, la Hongrie et la Roumanie, sont entrés dans l'Union européenne. C'est ainsi que nous avons perdu ces marchés en 2004.
Même si l'Entente d'équivalence vétérinaire Canada-UE a grandement facilité la possibilité pour les usines canadiennes d'obtenir l'agrément européen, il reste encore beaucoup de points à négocier pour qu'elle devienne un vrai accord d'équivalence. Les usines qui souhaitent se conformer aux exigences de l'Union européenne doivent encourir d'importantes dépenses et mettre en oeuvre des protocoles très rigides. À l'heure actuelle, il n'y a que deux usines canadiennes de transformation de la viande de porc qui soient agréées pour l'Union européenne et quelques autres l'envisagent. En fait, je pourrais nommer ici ces entreprises: Viandes du Breton et aussi Aliments Lucyporc, toutes deux situées au Québec; d'autres usines dans d'autres provinces envisagent de le faire. Mais un meilleur accès et des normes d'agrément plus simples convaincraient la plupart des usines canadiennes à chercher à l'obtenir, parce que cela pourrait également avoir des répercussions sur d'autres marchés voisins.
L'Union européenne a réinstauré ses subventions à l'exportation du porc qui peuvent s'appliquer à tous les marchés. Le Canada devra insister pour qu'à tout le moins elles ne puissent être utilisées pour les expéditions vers le Canada, même si les Européens n'y ont pas recours actuellement pour leurs expéditions vers le Canada, mais il faudrait simplement être sûr qu'il n'y en aura pas à l'avenir.
Il est bon de souligner que le gouvernement canadien a bien documenté tous les problèmes avec l'Union européenne, auxquels nous avons eu à faire face au cours des ans. Nous souhaitons continuer à être aussi impliqués dans ces négociations que nous l'avons été lors dernières négociations qui nous intéressent.
Est-ce qu'il me reste encore une minute pour aborder un autre sujet? Merci.
J'aimerais prendre une toute petite minute de votre temps pour attirer votre attention sur le fait que l'Union européenne et la Corée du Sud viennent de conclure une entente de libre-échange. Nous nous attendons à ce que l'intérêt des États-Unis à ratifier l'entente conclue avec la Corée du Sud il y a deux ans en soit ravivé. Nous ne pouvons pas toutefois courir la chance qu'il le fasse.
La Corée du Sud est le quatrième plus important marché pour le porc canadien et nos ventes cette année sont parties pour dépasser les 125 millions de dollars. Tous les agents sud-coréens de nos exportateurs canadiens sont unanimes à dire qu'il existe encore de très bonnes occasions de marché pour un large éventail de produits, mais surtout pour les produits à valeur ajoutée dont le porc frais de longue conservation.
Il s'avère que nos deux principaux concurrents en Corée du Sud sont l'Union européenne et les États-Unis, et le Canada a tout intérêt à ne pas se laisser distancer. Notre troisième concurrent sur le marché du porc en Corée du Sud est le Chili, pays qui a également conclu une entente avec la Corée du Sud.
Nos contacts sud-coréens nous ont clairement fait savoir que sans une entente de libre-échange avec la Corée, le porc canadien sera pratiquement exclu de ce marché d'ici deux ans. Par conséquent, nous prions le comité d'appuyer tous les efforts pour relancer rapidement les négociations afin de conclure le plus rapidement possible une entente de libre-échange avec la Corée du Sud. Il ne fait aucun doute dans notre esprit que, si nous ne concluons pas une entente avec la Corée du Sud, les gains que nous pourrions faire en concluant une entente avec l'Union européenne seraient complètement annulés. Les deux sont importantes.
Je vous remercie pour votre attention et je suis à votre disposition pour répondre à vos questions.
:
Je vous remercie de votre présence aujourd'hui.
Vous avez déjà comparu devant le comité à plusieurs reprises, notamment sur la question du bois d'oeuvre et sur celle du Buy America. Si le gouvernement avait compris, par suite de votre présentation sur le bois d'oeuvre, on aurait évité la perte de beaucoup d'emplois.
Vous avez dit, lors de votre présentation, que les Européens étaient réticents à entreprendre les négociations. J'aurai quatre questions.
Premièrement, y a-t-il un danger, lors de cette négociation, qu'on fasse une autre entente de type « vente de feu », un peu comme dans le cas du Buy America ou comme pour l'entente sur le bois d'oeuvre, avec trop de concessions, étant donné cette réticence des Européens?
Deuxièmement, qu'est-ce qui pourrait caractériser une bonne et une mauvaise entente avec l'Union européenne, selon vous?
Troisièmement, quelles devraient être les priorités multilatérales? Vous avez bien dit que ça pourrait être la priorité du gouvernement.
Quatrièmement, vous avez parlé du bilinguisme de l'étiquetage. Cette question n'a pas été soulevée jusqu'à maintenant. On n'a eu que trois séances d'information sur cette entente. Pourriez-vous nous donner plus de détails sur ce point? S'agit-il d'ajouter d'autres langues ou trouvez-vous que notre principe canadien d'avoir un étiquetage dans les deux langues officielles pourrait être menacé lors des négociations?
:
Je vous remercie beaucoup.
En ce qui a trait à la première question sur la réticence des Européens à entreprendre ces négociations et sur l'insistance du Canada à le faire, je répondrai que cela a eu pour conséquence qu'on s'est placé dans une position de demandeur vis-à-vis de l'Europe. J'ai expliqué, avec quelques statistiques, que l'attitude européenne était assez justifiée étant donné l'exiguïté du marché canadien par rapport au marché européen et étant donné que les barrières qui avaient été négociées au GATT et à l'OMC étaient relativement peu importantes. Il y a donc un risque, en effet. Ayant nous-mêmes poussé pour que l'Europe s'engage dans ces négociations avec nous, nous risquons de payer un peu plus cher que si cela avait été fait dans le cadre d'une négociation multilatérale. Je crois que c'est un risque réel.
Le fait que le premier ministre du Québec, M. Charest, ait joué un rôle très important dans la décision canadienne de se présenter à Bruxelles pour les convaincre d'entamer ces négociations a été un point important, je pense. Par ailleurs, je n'ai jamais vraiment bien compris pourquoi le Québec insistait tant auprès des autorités canadiennes pour obtenir ces négociations.
Que serait une bonne entente et que serait une mauvaise entente? J'ai l'impression que, comme dans toute négociation, il s'agira d'évaluer l'équilibre des concessions mutuellement consenties. Là, vous voyez très bien le lien avec votre première question. Si le Canada, parce qu'il veut absolument obtenir un accord, décide de faire des concessions un peu plus larges, plus profondes, alors cet équilibre sera difficile à atteindre.
Votre troisième question portait sur les priorités d'un accord multilatéral. Les négociations sont bloquées depuis presque deux ans maintenant. Cela fera deux ans au mois de juillet que ces négociations n'ont pas bougé. Le programme est très ambitieux et il est complété à 80 p. 100 ou 85 p. 100 selon le directeur général de l'OMC, M. Lamy. Toutefois, il n'y a actuellement pas de leadership, notamment des États-Unis, pour relancer ces négociations qui ont achoppé sur les questions agricoles entre les États-Unis et l'Europe, mais aussi avec les grands pays émergents comme l'Inde, la Chine et le Brésil. Il faudrait vraiment que ce leadership provienne des États-Unis, comme cela a été le cas depuis la fondation du système dans les années 1940.
:
En général, les ententes de libre-échange ont été positives pour l'industrie porcine. Ça nous a donné accès au Mexique, où nous n'étions pas présents auparavant, et au Chili, où on partait de zéro. On a plus que doublé nos exportations aux États-Unis. Par contre, dans le cas du Costa Rica et d'autres pays, c'est moins évident. Je pourrais vous donner les autres chiffres si vous en avez besoin.
En ce qui a trait à la promotion internationale, les chiffres n'ont pas vraiment changé. Vu ce que font les Australiens, les Américains et les Européens, en matière de promotion, on est vraiment en retard. Par contre, on a obtenu un financement spécial cette année. Il s'agit du Fonds de commercialisation du porc à l'échelle internationale. Comme vous le savez, on parle d'une enveloppe de 17 millions de dollars pour quatre ans. Ça nous a donné l'occasion de développer une stratégie à long terme. Ce sera très bénéfique, non pas à cause du montant proprement dit, mais parce qu'on peut développer une stratégie sans devoir revenir, chaque année, demander des fonds.
À partir du 1er juillet, nous aurons un bureau à Tokyo pour faire la promotion au Japon. Nous insistons de plus en plus sur les démonstrations dans les magasins pour montrer au consommateur lui-même l'excellence de notre produit. On devrait faire cette année plus de 2 500 démonstrations dans les magasins du Japon, ce qui est énorme.
De plus, on travaille beaucoup avec nos exportateurs pour qu'ils adoptent les spécifications japonaises et qu'ils puissent apporter les modifications correspondantes à leurs produits. Ça fonctionne à merveille de ce côté. À notre grande surprise, ça va très bien.
Le gros problème européen, à l'heure actuelle, n'est pas une question de subvention. C'est plutôt le fait que le plus gros exportateur européen soit maintenant l'Allemagne et non le Danemark. L'Allemagne est devenue plus importante que les États-Unis sur les marchés mondiaux. Toutefois, elle n'a pas accès aux mêmes marchés à cause de son statut sanitaire qui est très limité par rapport à celui du Danemark. Dans un certain sens, le fait que l'industrie se déplace du Danemark vers l'Allemagne n'est pas une mauvaise chose pour nous parce que ça restreint l'accès de l'Union européenne à plusieurs autres marchés, dont ceux du Japon, de la Chine et de quelques autres pays.
:
Très bien et je suis heureux de constater que vous admettez qu'elles ne sont pas négligeables. J'apprécie votre franchise à ce sujet.
J'aimerais toutefois savoir si vous avez la référence de cette étude. Pourriez-vous nous envoyer cette information, cette référence?
C'est la dernière minute qui me reste, et j'aimerais poser une question à M. Pomerleau.
Vous avez mentionné dans votre témoignage qu'à l'heure actuelle, le Canada représente environ 20 p. 100 du commerce mondial du porc, et ce, même s'il n'a pas vraiment accès au marché de l'Union européenne. J'aimerais vous poser deux questions, si vous le permettez.
Êtes-vous sûr que, lorsque cette entente sera conclue, vous pourrez vraiment faire la promotion de vos produits porcins — ce que vous faites, je crois, dans le reste du monde, étant donné que le Canada arrive au troisième rang des exportateurs de porc au monde — sans subvention? Autrement dit, estimez-vous que c'est là une responsabilité que doit assumer votre organisation et serez-vous en mesure de le faire efficacement?
La deuxième question est une simple précision. Vous avez mentionné que vous aviez perdu des marchés en Pologne, en Hongrie et en Roumanie, lorsque ces pays ont adhéré à l'UE. Vous avez déclaré que nous avions perdu ces marchés. Pouvez-vous nous expliquer cela? Cela veut-il dire que vous avez complètement perdu ces marchés ou que vous avez dû respecter des règles différentes ou un système dans lequel il n'y avait pas de règles? Comment exactement...? Vos exportations sont-elles tombées à zéro ou c'est simplement une nouvelle série de règles? Pourriez-vous éclaircir ces points?
:
Merci. Merci, monsieur Guimond.
Voilà qui termine notre tour de questions pour aujourd'hui. Je remercie encore une fois nos témoins, M. Grenier de Laval et Jacques Pomerleau de Canada Porc International. Merci.
Nous allons dire adieu à nos témoins, mais je vais demander aux membres du comité de rester quelques minutes de plus pour vous donner quelques nouvelles sur ce que nous allons faire, du moins nous l'espérons, cet automne.
Messieurs, merci encore une fois.
Je ne pense pas qu'il soit nécessaire de siéger à huis clos.
Nous pensons que, lorsque nous allons reprendre nos travaux cet automne, nous allons poursuivre la discussion sur ce sujet et probablement reprendre notre étude à l'étape où nous en sommes. Comme nous l'avons entendu, cela va probablement prendre quelques années. C'est pourquoi j'ai pensé que nous pourrions consacrer notre automne à cette question, si cela vous convient. Je vous laisse y réfléchir et nous pourrons ensuite confirmer cela plus tard.
L'idée pour le moment est de continuer cette discussion pendant la session d'automne. À ce moment-là, peut-être en octobre, le comité pourrait se rendre en Union européenne pour assister à quelques journées d'information présentées par des représentants de l'UE et par des collègues du Parlement européen à Bruxelles. Nous pourrions alors scinder le comité et assister à des réunions dans plusieurs États membres. Ce ne serait pas des réunions officielles; il s'agirait plutôt d'établir un réseau et de parler à nos collègues des divers États membres. Je pense que cela pourrait se faire en octobre, si le comité en convient. Nous sommes raisonnablement sûrs que cela serait acceptable à toutes les parties concernées.
Cela nous amènerait à l'année prochaine et nous pourrions alors étudier toute autre question qui surgirait — des projets de loi renvoyés au comité, par exemple. Nous pensons que nous allons peut-être entendre des choses au sujet de la Jordanie et du Panama pendant cette période, mais nous n'en sommes pas certains. Au début de l'année prochaine, je crois que nous pourrions probablement mettre de côté la question de l'UE et commencer une autre étude sur ce qui risque d'être probablement notre prochain grand projet en matière d'accord de libre-échange, c'est-à-dire l'Inde. J'aimerais que les membres du comité réfléchissent à la possibilité d'étudier l'Inde au cours de la deuxième session de la prochaine législature. Cela pourrait nous amener à nous rendre en Inde au printemps, probablement en mars. Nous en reparlerons.
Ce n'est qu'un plan général. Je pense qu'en septembre, nous allons continuer à parler de l'UE et des questions qui se poseront à ce moment.
Pour le moment, c'est tout ce que j'ai. À moins que quelqu'un ait d'autres commentaires à faire, je vous souhaite à tous un bon été.
Allez-y, monsieur Cannis.